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  • « La géopolitique ne peut être abordée uniquement à travers les intérêts économiques » – François-Xavier Gicquel , SOS Chrétiens d'Orient

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    D' sur The European Conservative :

    « La géopolitique ne peut être abordée uniquement à travers les intérêts économiques » – François-Xavier Gicquel , SOS Chrétiens d'Orient

    « À long terme, la défense des valeurs et du patrimoine est bien plus importante que l’obtention de quelques contrats commerciaux. »

    François-Xavier Gicquel est le directeur des opérations de SOS Chrétiens d'Orient, une ONG fondée en 2013 qui opère actuellement dans huit pays (Irak, Syrie, Liban, Jordanie, Pakistan, Éthiopie et Arménie) et dont la mission est d'aider les communautés chrétiennes à continuer de vivre dans leur pays d'origine.

    Vous avez dirigé pendant plusieurs années SOS Chrétiens d'Orient en Irak, un pays qui ne bénéficie plus de la même couverture médiatique qu'auparavant. Quelle est la situation actuelle ?

    J'ai dirigé la mission en Irak de 2014 à 2017, une période sombre pour le pays, marquée notamment par l'occupation d'une grande partie de son territoire par l'organisation État islamique. Depuis, le pays peine à se reconstruire, mais on observe néanmoins des évolutions encourageantes.

    Sur le plan sécuritaire, dans le sud, le gouvernement tente, non sans mal, de reprendre le contrôle des milices qui occupent d'importantes portions du territoire. Ces groupes, qui ont participé à la lutte contre l'État islamique, sont puissants, bien armés et souvent soutenus par l'Iran. Des poches de présence de l'État islamique subsistent, mais elles sont sporadiques. Au Kurdistan irakien, l'instabilité politique et le déclin de l'influence du parti dominant, le PDK, ont entraîné des affrontements interclaniques de plus en plus fréquents.

    Sur le plan politique, des élections ont récemment eu lieu dans le sud, et la situation reste inchangée. Cela témoigne à la fois d'une certaine stabilité et, simultanément, d'une absence inquiétante de changements pourtant indispensables. Sur le plan économique, les tensions demeurent vives entre Bagdad et Erbil, ce qui affecte directement le quotidien des habitants du Kurdistan irakien, notamment les fonctionnaires qui ne perçoivent plus leur salaire. Dans le sud, cependant, les autorités s'efforcent de réduire la dépendance au pétrole et, avec l'aide de puissances étrangères – en particulier la Turquie –, investissent massivement dans le développement économique, notamment dans l'agriculture et l'énergie.

    L'arrivée au pouvoir d'al-Jolani [Ahmed al-Assad] a suscité des craintes chez les chrétiens de Syrie, mais son gouvernement bénéficie désormais d'une reconnaissance internationale. Que se passe-t-il en Syrie aujourd'hui ?

    Au départ, Bachar el-Assad parvint à résister seul à des opposants financés par de nombreuses nations étrangères, notamment des États du Golfe et des pays occidentaux. Cependant, il demeurait très faible sur le terrain et perdait même du terrain dans les grandes villes et plusieurs régions. L'intervention iranienne et russe devint indispensable pour qu'il puisse reconquérir du territoire et rétablir la stabilité. Néanmoins, l'embargo aggrava la crise économique du pays et le mécontentement populaire grandit, en particulier au sein de l'armée, sous-payée et mal équipée. Mais ce qui changea surtout la situation, ce fut l'affaiblissement de l'Iran – dû aux fronts ouverts par Israël en Palestine, au Liban et même à l'intérieur même du pays – et l'affaiblissement de la Russie causé par la guerre en Ukraine. Ces facteurs cumulatifs permirent aux rebelles, qui attendaient patiemment dans la poche d'Idlib, de lancer une offensive de grande envergure, soutenue par la Turquie, en direction d'Alep, puis, presque à leur propre insu, vers le sud, en direction de Homs et de Damas.

    Depuis lors, le chef du principal groupe HTS, connu sous le nom d'al-Jolani, puis sous celui d'Ahmed al-Charia, a pris le pouvoir, fait adopter une loi constitutionnelle et se présente désormais officiellement comme le président de transition de la Syrie. L'une de ses priorités est la création d'une commission de justice chargée de juger tous les crimes commis sous l'ancien régime. En revanche, juger les crimes commis sous son propre régime s'avère bien plus complexe. Dès janvier, des atrocités ont été perpétrées contre les populations alaouites sur la côte syrienne – plus de mille morts – suivies au printemps par des exactions massives contre les Druzes. Depuis, des chrétiens isolés sont régulièrement pris pour cible dans ce qui est officiellement qualifié de criminalité isolée, alors que des attaques sont recensées presque quotidiennement. Sans parler de l'attentat terroriste contre une église en plein cœur de Damas, qui a fait près de quarante victimes. Aujourd'hui, les questions essentielles sont de savoir si ces groupes armés – autrefois alliés d'al-Charia – agissent sous son contrôle ou non ; et s'ils ont l'intention, comme ils s'y étaient engagés, d'identifier et de juger les auteurs de ces crimes. et comment cette nouvelle direction parviendra à contrôler toutes les factions djihadistes à l'avenir.

    Parallèlement, sur la scène internationale, des États, guidés par leurs propres intérêts, lèvent les sanctions d'une part et reconnaissent al-Sharaa comme président d'autre part, certains – à l'instar du président français – allant jusqu'à saluer publiquement, à l'ONU, un ancien djihadiste. Les principaux risques résident dans la poursuite, voire l'aggravation, des persécutions, ou dans un effondrement total du pouvoir d'al-Sharaa, pouvant mener à une nouvelle révolution, voire à une guerre civile. Seul l'avenir nous le dira – et malheureusement, il est actuellement écrit par les grandes puissances, guidées avant tout par des intérêts économiques.

    Gaza est une autre source de préoccupation. Pensez-vous que le plan de paix puisse fonctionner ? Comment la guerre a-t-elle affecté les chrétiens palestiniens ?

    À Gaza, le plan de cessez-le-feu, censé être permanent, a été établi il y a près de deux mois. Depuis, certains éléments ont progressé tandis que d'autres sont restés au point mort, nous plongeant dans une profonde incertitude. Le lendemain de l'accord, le Hamas a respecté les délais négociés pour la libération des otages vivants, mais peine toujours à restituer les corps des victimes. Israël accuse le Hamas de faire traîner les choses ; le Hamas invoque l'immensité des destructions à Gaza, qui rendent les recherches extrêmement difficiles. Un désarmement complet du mouvement islamiste était également envisagé, ce que le Hamas juge absolument inacceptable.

    Un autre point crucial est le déploiement d'une force de maintien de la paix. Bien que plusieurs pays aient initialement proposé leur participation, rien de concret ne s'est concrétisé, aucun État ne souhaitant s'enliser dans un conflit qui risque de s'éterniser. L'Indonésie en est un exemple frappant : après avoir proposé 20 000 soldats, elle n'envisage plus que 1 200, et encore, seulement si une pacification totale était obtenue, ce qui est loin d'être le cas, les affrontements se poursuivant et chaque camp rejetant la faute sur l'autre. Nous demeurons dans une dynamique théoriquement positive, mais tout pourrait basculer du jour au lendemain ; la situation est extrêmement fragile.

    Quant à la population chrétienne, sa situation reflète fidèlement celle des Palestiniens en général. Il convient de distinguer les chrétiens de Gaza – touchés sans distinction par le conflit, vivant désormais au milieu des ruines et confrontés à une incertitude profonde quant à leur avenir, à moins d'avoir déjà émigré – et les chrétiens de Cisjordanie, où la pression s'accroît chaque jour. L'armée israélienne établit de nouveaux points de contrôle en plein territoire palestinien, et les attaques de colons – encouragées par les éléments les plus radicaux du gouvernement Netanyahu – sont de plus en plus fréquentes. Le quotidien est extrêmement difficile et l'avenir est profondément incertain.

    Les chrétiens du Moyen-Orient ont fait preuve d'une résilience remarquable face à la persécution. D'où leur vient cette résilience ?

    Deux forces majeures poussent certains chrétiens à émigrer. La première est la crainte de l'avenir, pour eux-mêmes et surtout pour leurs enfants. Après des années de conflit et de crises économiques, il leur est difficile d'envisager un avenir. Le second facteur est que, dans certaines communautés, comme en Syrie ou en Irak, la majorité des chrétiens ont déjà quitté le pays. Pour ceux qui restent, demeurer fidèles est complexe lorsque la plupart de leurs proches vivent désormais en Occident.

    Pourtant, comme vous le soulignez, de nombreux chrétiens continuent de lutter pour rester sur leurs terres. D'abord, par profonde fidélité au Christ et aux devoirs qu'il a confiés à tous les chrétiens : témoigner et être les pierres vivantes de son Église. Ils sont souvent la seule expression visible de la charité chrétienne dans des sociétés qui l'ignorent. Ensuite, ces personnes ne sont pas des invités sur ces terres. Ce sont les habitants originels, ceux qui ont bâti ces civilisations et qui en sont les héritiers légitimes. Ils s'attachent à la terre que leurs ancêtres ont construite, où reposent leurs aïeux, où sont nés leurs enfants, où leurs églises se dressent encore et où résonnent encore des siècles de prière et de fidélité.

    SOS Chrétiens d'Orient est une organisation humanitaire unique. Comment la décririez-vous ?

    SOS Chrétiens d'Orient a été fondée en 2013, inspirée par des organisations établies de longue date qui soutiennent les Églises d'Orient et qui accomplissent un travail exceptionnel depuis des décennies, voire des siècles. Mais notre organisation a également été créée pour offrir une perspective nouvelle. Nous avons compris que, pour que les chrétiens du Moyen-Orient comprennent pleinement le soutien qu'ils reçoivent de leurs frères occidentaux, ce soutien doit être concret . Il ne peut se limiter à une série de virements bancaires ; il doit s'agir d'un témoignage vivant d'attachement filial aux communautés qui nous ont transmis la vraie foi.

    C’est pourquoi SOS Chrétiens d’Orient s’est construit sur l’envoi de nombreux volontaires et l’établissement de missions de terrain au cœur même des communautés que nous soutenons – à la fois pour leur montrer que leurs frères occidentaux ne les ont pas oubliés et pour partager concrètement leurs joies et leurs peines. Cela nous permet aussi de rentrer chez nous et de témoigner du quotidien des chrétiens du Moyen-Orient, de leurs espoirs et du message qu’ils souhaitent nous transmettre. De par notre action, nous sommes clairement identifiés comme une ONG, mais nous nous considérons comme bien plus : une organisation caritative, certes, mais aussi la voix des souffrances et des espoirs des chrétiens du Moyen-Orient.

    SOS Chrétiens d'Orient est également actif en Arménie. Qu'est-il advenu des chrétiens du Haut-Karabakh contraints de fuir leur patrie ? Les autorités azerbaïdjanaises ont-elles respecté les églises et le patrimoine arméniens ?

    Au Haut-Karabakh, terre arménienne depuis 5 000 ans, comme en témoignent ses églises et ses khatchkars séculaires, la situation est tragique. En 2020, la terrible guerre de quarante-quatre jours a décimé une partie de la jeunesse arménienne et s’est soldée par une défaite, une grande partie du territoire étant annexée par l’Azerbaïdjan. Les années suivantes, l’enclave a été complètement coupée du reste du monde en 2022, avant d’être entièrement occupée par les forces azerbaïdjanaises en 2023, poussant près de 120 000 personnes à l’exil vers l’Arménie. Aujourd’hui, ces personnes sont dispersées à travers le pays afin d’éviter toute contestation politique significative du Premier ministre, qui a choisi de les abandonner aux envahisseurs. On ne peut que se demander si elles pourront un jour envisager un avenir au-delà de ce traumatisme.

    Quant au territoire conquis, de nombreux rapports font déjà état de la destruction du patrimoine culturel et religieux. Il ne faut pas oublier le blocus total imposé aux prisonniers : depuis l’annexion par l’Azerbaïdjan, soldats, fonctionnaires et même les dirigeants du Haut-Karabakh demeurent détenus, soit sans procès, soit à l’issue de simulacres de procès en totale violation du droit international. Il apparaît également que les autorités d’Erevan n’ont déployé aucun effort réel pour défendre les droits de ces Arméniens et semblent prêtes à tout sacrifier pour une paix rapide avec Bakou. SOS Chrétiens d’Orient est donc extrêmement préoccupé par l’évolution de la situation, notamment si l’Azerbaïdjan parvient à mener à bien son projet d’annexion de toute la région de Syunik, dans le sud de l’Arménie, afin de la rattacher à son enclave occidentale du Nakhitchevan.

    À quoi ressemble concrètement le travail de SOS Chrétiens d'Orient dans ces zones de conflit ?

    Nous ne cherchons pas à être des héros. Nous sommes des humanitaires professionnels, travaillant selon des procédures rigoureuses, en collaboration avec nos partenaires et prestataires de services, afin d'opérer dans les meilleures conditions possibles. Il est néanmoins primordial pour SOS Chrétiens d'Orient d'être présents auprès des populations touchées par ces conflits, là où les besoins sont les plus urgents et les plus essentiels. C'est pourquoi nous avons toujours réussi à atteindre toutes les communautés les plus exposées à la violence, au dénuement et à la persécution, en agissant avec prudence et conviction.

    Que devraient faire les pays occidentaux pour soutenir les minorités chrétiennes ?

    Premièrement, les sociétés occidentales doivent comprendre que la géopolitique ne peut être abordée uniquement sous l'angle des intérêts économiques. La défense des valeurs et du patrimoine est bien plus importante à long terme que la conclusion de quelques contrats commerciaux. Aujourd'hui, nous constatons que de vieilles nations – d'anciens empires – de la Turquie à la Chine en passant par la Russie, l'ont parfaitement compris. Chacune d'elles a une stratégie à 20, 30, 40, voire 50 ans. Nous, en revanche, sommes incapables d'une telle vision à long terme.

    Là où les États échouent, la société civile prend souvent le relais. Il est donc primordial que les gouvernements occidentaux – et notamment la France, mon pays – soutiennent ces organisations et renforcent leur action dans les régions complexes, plutôt que de gaspiller des milliards d’euros dans des parties du monde avec lesquelles nous n’avons que peu de liens historiques. Enfin, il est essentiel que les populations de nos pays comprennent les raisons de leur identité actuelle et les fondements spirituels de leur civilisation. C’est pourquoi nous leur demandons non seulement un soutien financier, mais aussi une présence concrète à nos côtés et des prières pour notre mission.

    Pour soutenir le travail de SOS Chrétiens d'Orient, veuillez vous rendre sur leur site de dons sécurisé.

    Álvaro Peñas est rédacteur pour europeanconservative.com. Il est également rédacteur en chef de deliberatio.eu et collabore à Disidentia , El American et d'autres médias européens. Analyste international spécialisé dans l'Europe de l'Est, il intervient sur la chaîne de télévision 7NN et est auteur aux Éditions SND.

  • Les évêques indiens dénoncent une « augmentation alarmante » des attaques contre les chrétiens à l'approche de Noël

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    De Luke Coppen sur le Pillar :

    Les évêques indiens déplorent une « augmentation alarmante » des attaques

    Les évêques ont mis en lumière un incident impliquant un responsable local du BJP.

    Les évêques indiens ont condamné mardi une « augmentation alarmante » des attaques contre les chrétiens à l'approche de Noël.

    La Conférence des évêques catholiques d'Inde a exprimé sa « profonde angoisse » face à ces incidents dans une déclaration ferme publiée le 23 décembre.

    La CBCI, qui réunit les évêques latins, syro-malabars et syro-malankaras du pays, a mis en lumière une vidéo du 20 décembre dans laquelle un responsable local appartenant au parti au pouvoir Bharatiya Janata Party a harcelé physiquement une femme malvoyante assistant à un événement de Noël dans la ville de Jabalpur, dans l'État du Madhya Pradesh, au centre de l'Inde.

    Dans la vidéo, largement diffusée sur les réseaux sociaux, on voit Anju Bhargava, vice-présidente du BJP de la ville, debout au-dessus d'une femme assise, identifiée comme Safalta Kartik, lui crier dessus et lui serrer la mâchoire. Une jeune fille est assise à côté de Kartik, tandis qu'un policier se tient derrière, semblant appeler au calme.

    Les médias indiens ont rapporté que l'incident s'est produit dans une église du district de Hawa Bagh, à Jabalpur, lors d'un déjeuner de Noël pour les enfants. Bhargava aurait accusé Kartik de chercher à tirer profit des conversions religieuses et aurait déclaré qu'elle serait « aveugle dans cette vie et dans l'autre ».

    Les évêques ont déclaré : « Face à une conduite aussi odieuse et déshumanisante, la CBCI exige l'exclusion immédiate d'Anju Bhargava du Bharatiya Janata Party. »

    Ratnesh Sonkar, le président du BJP de la ville de Jabalpur, aurait demandé à Bhargava de s'expliquer sur ses actions sous peine de sanctions disciplinaires.

    Le BJP, parti nationaliste hindou fondé en 1980, est le principal partenaire de l'actuelle coalition au pouvoir en Inde, dirigée par le Premier ministre Narendra Modi.

    Supriya Shrinate, porte-parole nationale du Congrès national indien, l'autre grand parti politique du pays, a partagé la vidéo de Bhargava en ligne avec le commentaire suivant : « Cette cruauté est le moyen le plus facile de progresser au sein du BJP. Ces gens sont une honte pour la société. »

    La Conférence des évêques catholiques d'Inde (CBCI) a également condamné la diffusion d'affiches numériques haineuses au Chhattisgarh, un autre État du centre de l'Inde. Ces affiches appelaient à une manifestation contre les chrétiens le 24 décembre. Les évêques ont déclaré que cette manifestation, sous forme de bandh (grève générale), risquait d'exacerber les tensions et d'inciter à de nouvelles violences.

    La CBCI a également mis en lumière les récentes attaques contre « des chanteurs de chants de Noël pacifiques et des fidèles réunis dans des églises pour prier », affirmant qu'elles portaient atteinte aux « garanties constitutionnelles de l'Inde en matière de liberté de religion et de droit de vivre et de pratiquer sa religion sans crainte ».

    Les évêques n'ont pas précisé le lieu de ces incidents. Cependant, les médias indiens ont rapporté qu'un homme avait été arrêté le 21 décembre pour avoir prétendument agressé un groupe de jeunes chanteurs de Noël dans le district de Palakkad, dans l'État du Kerala, au sud de l'Inde. Selon ces mêmes médias, l'accusé serait lié au Rashtriya Swayamsevak Sangh, une organisation influente regroupant des nationalistes hindous.

    La CBCI a condamné les récents incidents « avec la plus grande fermeté », exhortant les gouvernements des États et les autorités nationales à prendre « des mesures urgentes et visibles contre tous les individus et organisations qui répandent la haine et la violence ».

    Les évêques ont appelé Amit Shah, ministre indien de l'Intérieur, à veiller à ce que les chrétiens du pays bénéficient d'une « protection proactive » pendant les célébrations de Noël.

    Environ 2 % des quelque 1,4 milliard d'habitants de l'Inde sont chrétiens, tandis que 80 % sont hindouistes. L' idéologie politique dominante en Inde est l'Hindutva, ou « hindouisme ». Elle affirme que l'Inde est une nation hindoue et présente les minorités religieuses, comme les musulmans et les chrétiens, comme des menaces potentielles pour l'identité du pays.

    Les militants des droits de l'homme accusent le BJP de tolérer tacitement les violations des droits des minorités religieuses depuis son arrivée au pouvoir en 2014. Mais ces dernières années, le Premier ministre Narendra Modi a tissé des liens avec les dirigeants catholiques et le BJP a cherché à rallier les chrétiens du Kerala, où ils constituent un électorat influent.

    La fondation pontificale Aide à l'Église en Détresse a déclaré dans son rapport « La liberté religieuse dans le monde 2025 » que la persécution antichrétienne s'intensifie en Inde, le pays le plus peuplé du monde.

    Le rapport conclut que « le niveau croissant de restrictions imposées aux chrétiens et aux autres minorités religieuses non hindoues, accompagné de violences à motivation religieuse, d'impunité, d'intimidations et de restrictions croissantes à la liberté des individus de pratiquer la religion de leur choix, est profondément inquiétant ».

     
  • Comment fut ce premier Noël du point de vue de saint Joseph et que peut nous apprendre son attitude ?

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    De Luke Coppen sur le Pillar :

    L'évêque Varden : « Saint Joseph est le saint patron de l'altruisme »

    Comment fut ce premier Noël du point de vue de saint Joseph et que peut nous apprendre son attitude ?

    Regardez les cartes de Noël que vous avez reçues jusqu'à présent en décembre. Pouvez-vous voir la figure de saint Joseph ?

    Détail de « Saint Joseph avec un plan et une équerre », par Jusepe de Ribera (1591-1652). Crédit : Domaine public.

    Il est fort probable qu'il soit présent quelque part, mais sans doute pas au premier plan. Malgré son rôle essentiel dans la Nativité du Christ, saint Joseph est généralement un personnage secondaire, une présence douce et attentive en marge.

    Mais comment saint Joseph a-t-il vécu ce premier Noël ? Comment a-t-il réagi face à l’Incarnation ? Que peuvent nous apprendre son attitude et ses actions ?

    Le magazine The Pillar a posé ces questions à Mgr Erik Varden, moine trappiste et auteur spirituel qui dirige la prélature territoriale de Trondheim (Norvège) depuis 2020.

    Peu après avoir reçu les questions, l'évêque s'est rendu à la prélature territoriale voisine de Tromsø, où il exerce les fonctions d'administrateur apostolique depuis 2023. La ville insulaire de Tromsø est en pleine nuit polaire, période durant laquelle le soleil reste sous l'horizon toute la journée. Cependant, la ville n'est pas plongée dans une obscurité perpétuelle. En début d'après-midi, la lumière est suffisante pour baigner les fjords et les montagnes environnants d'un bleu profond .

    Coïncidence ou non, le dernier livre de l'évêque Varden, un recueil d'essais sur l'espoir, s'intitule « Vers l'aube ». Son prochain ouvrage, dont la publication est prévue en 2026, sera basé sur sa série « Pères du désert en un an » .

    Serait-il juste de dire que le premier Noël — la naissance du Sauveur — survint à une période de profonds bouleversements dans la vie de saint Joseph ?

    C’est ce que nous disent les Écritures. Dans l’Évangile selon Matthieu, nous lisons que Joseph, apprenant la grossesse de Marie, résolut de la répudier. Il le ferait « discrètement », par bonté, mais romprait tout de même les liens du mariage. Cette grossesse lui faisait penser que celle qui devait être son épouse l’avait soit trahi, soit était compromise au point de ne pouvoir en parler ; dans les deux cas, la perspective d’un avenir commun lui paraissait impossible.

    C’est alors que l’ange intervient et révèle à Joseph la situation : la vie conçue en Marie vient du Saint-Esprit ; le Fils qu’elle portera est l’accomplissement d’une prophétie ; il sauvera son peuple de ses péchés ; c’est pourquoi Joseph ne doit pas avoir peur. Cette exhortation à l’absence de crainte, qui traverse tout le Nouveau Testament, est présente dès le début : dans l’Annonciation à Marie, puis dans les paroles rassurantes de l’ange à Joseph.

    Face à l'intervention divine dans l'histoire, les êtres humains, même les plus vertueux, réagissent avec trouble et angoisse. Il est déstabilisant de voir sa vie bouleversée par la grâce ; il faut du temps pour adopter une perspective divine sur les affaires humaines.

    En iconographie, certaines représentations de la Nativité du Christ intègrent un détail facile à négliger : la tentation de saint Joseph. Assis légèrement à l’écart de la grotte où se trouvent la Vierge et l’Enfant, et ressemblant étrangement au Penseur de Rodin , Joseph est approché par un démon (rappelons que le mot grec diabolos signifie « celui qui déchire ») déguisé en berger inoffensif.

    On peut imaginer le genre de choses que cet homme aurait chuchotées à l'oreille de Joseph : « Tu ne crois pas sérieusement à ce rêve absurde ? Tu penses que Dieu intervient comme ça ? Fuis tant que tu le peux ! »

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  • « Le plus grand défi de l’homme contemporain est de croire vraiment qu’il est aimé » (Mgr Varden)

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    De didoc.be :

    Erik Varden : « Le plus grand défi de l’homme contemporain est de croire vraiment qu’il est aimé »

    24 décembre 2025

    Erik Varden est l’évêque de Trondheim (Norvège) depuis 2019. Il est moine cistercien et s’est converti dans son adolescence. Il est un observateur attentif de la culture contemporaine. Mgr Varden est l’auteur de plusieurs livres, dont « Chasteté. Une réconciliation des sens ».

    — Vivons-nous déjà dans une ère post-séculière ?

    Je pense que oui. Je l’ai dit à plusieurs reprises au cours de l’année dernière. Et je pense que cela est assez évident en Europe du Nord.

    Nous vivons manifestement à une époque où les tendances culturelles changent extrêmement rapidement. Et les catholiques aiment être rassurés. Nous sommes donc tous très intéressés à pouvoir dire : « Oh, tout ce que nous avons vécu ces dernières années n’était qu’un accident de parcours ». Eh bien, espérons que ce soit le cas. Mais je pense que tout dépend de la façon dont nous accueillons maintenant ce moment providentiel, du type de témoignage que nous donnons, du type d’enseignement que nous proclamons.

    — À quoi attribuez-vous le regain d’intérêt pour le catholicisme ?

    Eh bien, je pense que les gens sont attirés par le catholicisme parce qu’il est vrai. C’est une raison fondamentale. Et je pense que de plus en plus de gens sont déçus par beaucoup d’autres options. Avec tant d’effondrements, en termes d’anciennes certitudes et d’anciennes institutions, avec la grande fragilité de notre vie politique, culturelle, écologique et financière, les gens recherchent des repères qui promettent de résister au déluge.

    — On pourrait donc penser que cette nouvelle curiosité pour la religion n’est qu’une bouée de sauvetage à laquelle s’accrocher, mais qu’elle ne produit pas de véritables conversions.

    Non, non. Je veux dire, je rencontre ces conversions presque quotidiennement. Je dois donc simplement dire qu’une telle affirmation ne correspond pas à la réalité empirique.

    — Nous assistons également au sein de l’Église catholique à un certain essor de ce qu’on appelle le mouvement traditionaliste, très lié à la liturgie et aux jeunes, et qui provoque certaines tensions générationnelles. Qu’en pensez-vous ?

    Eh bien, ce phénomène se produit dans certains endroits, mais pas partout. Je pense à la Pologne, par exemple. Je pense à notre propre pays. Je ne dirais pas que cela provoque beaucoup de tensions. Je pense plutôt que cela est lié à une recherche de repères, d’une certaine beauté. Et l’Église offre cela.

    Tant que nous célébrons bien les mystères… Il existe un principe très simple qui dit que, lorsque vous célébrez la liturgie, « faites ce qui est écrit en rouge et dites ce qui est écrit en noir » [dans le missel catholique, les instructions que le prêtre doit suivre sont écrites en rouge, et les prières qu’il doit prononcer, en noir]. En d’autres termes, faites simplement ce que disent les rubriques et laissez résonner les paroles de l’Église, pas seulement vos propres petites paroles. Je pense que tant que nous nous en tenons à cela, c’est convaincant.

    — On interprète parfois cela comme un phénomène rétrograde, un rejet du Concile Vatican II…

    Je pense qu’il est temps d’être un peu plus souples par rapport à ces paramètres, qui la plupart du temps ne correspondent pas à la réalité.

    Écoutez, on a beaucoup écrit sur le pèlerinage de Chartres. C’est un grand pèlerinage à pied qui se fait chaque Pentecôte, de Paris à Chartres. Et cela a un aspect traditionnel, voire traditionaliste. L’année dernière, il y a eu plus de participants que jamais et les jeunes qui y ont participé étaient tout simplement impossibles à catégoriser, car ils n’étaient pas tous des traditionalistes acharnés portant des cravates ou des jupes longues. Certains d’entre eux, vous savez, pourraient aller à un service charismatique le samedi, assister à la messe en latin le dimanche, et aller travailler avec Caritas et nourrir les pauvres le lundi.

    Ce que je veux dire, c’est que tant que nous continuerons à vouloir classer les gens dans ces catégories étroites, nous ne comprendrons tout simplement pas ce qui se passe.

    — Pensez-vous que le discours progressistes contre conservateurs s’infiltre dans l’Église ?

    Il s’y est infiltré depuis longtemps. Mais je pense que nous devons le renverser doucement, gentiment et peut-être même avec humour.

    Je pense à un érudit bénédictin allemand. C’est un moine de Gerlew qui s’appelle Elmar Salman. Il a enseigné à Saint-Anselme pendant de nombreuses années, et j’ai assisté à sa conférence d’adieu à Rome. Il y a déclaré, avec sa lucidité caractéristique : « Depuis des décennies, les gens essaient de me classer comme conservatore ou liberale ». Puis il a ajouté en italien : « Io preferisco pensarmi classico e liberante » (Je préfère me considérer comme classique et libérateur). Je pense que c’est un excellent exemple de la manière dont nous pouvons approfondir cette conversation et la rendre beaucoup plus fructueuse.

    — Mais ne pensez-vous pas que le christianisme est en train d’émerger comme une identité politique ?

    Il y a certainement des acteurs qui veulent le revendiquer comme tel.

    Nous devons être très prudents face à l’instrumentalisation des symboles et du vocabulaire chrétiens, et face à toute cette rhétorique de choc des civilisations.

    Je pense que nous devons continuer à insister sur le fait qu’il n’est pas légitime d’instrumentaliser la foi à des fins séculières. La foi est censée éclairer, enrichir et approfondir la sphère séculière, mais elle ne peut être prise en otage par celle-ci.

    — Alors, quelle est selon vous la responsabilité d’un chrétien aujourd’hui ?

    Je voudrais citer ce conseil de saint Antoine : « Laisse le Christ être l’air que tu respires ». Il faut essayer de mener une vie chrétienne cohérente et crédible pour témoigner de l’espérance, pratiquer l’hospitalité, témoigner de ce que signifie être un être humain, être attentif à la fois à la douleur et à la joie de la condition humaine, et cultiver une fascination humble pour le mystère de Dieu.

    — Dans votre récente conférence pour First Things, vous parlez de la découverte « linguistique » que l’être humain peut faire lorsqu’il se rend compte qu’« il y a plus à dire et d’autres façons de le dire ». Comment l’Église catholique, qui a déçu beaucoup de gens à cause des cas d’abus, peut-elle convaincre qu’elle est dépositaire de vérités éternelles ?

    Tout d’abord, en étant sincères et en poursuivant ce travail de réparation dans la justice et les larmes. Et peut-être que cette expérience peut aussi nous apprendre à être plus humbles, et donc plus accueillants.

    Pour poursuivre la métaphore du langage, il y a quelque chose qui représente un défi important, mais aussi joyeux, pour l’Église : comment retrouver et renouer avec son langage spécifique. Au cours des dernières décennies, l’Église catholique a eu le sentiment que le monde lui échappait. Et elle n’a cessé de courir pour le rattraper, en apprenant à parler comme lui, à utiliser les signes qu’il utilise et à se mettre sur TikTok et Instagram. Tant que nous continuerons ainsi, nous nous condamnerons simplement à l’insignifiance, car nous aurons toujours au moins dix longueurs de retard sur tous les autres. Mais si nous parlons notre propre langage, si nous parlons le langage des Écritures, le langage de la liturgie, le langage de notre rituel, le langage des sacrements, nous pouvons dire des choses étonnamment fraîches, originales et belles. Et les gens les écoutent.

    — Vous avez écrit, entre autres, sur la chasteté et la souffrance rédemptrice. Ce ne sont pas exactement les thèmes qui viennent immédiatement à l’esprit quand on pense à ce que les gens veulent entendre aujourd’hui… Est-ce que c’est vraiment ce qu’ils veulent ?

    Je suis toujours étonné de l’accueil réservé au livre sur la chasteté. Cela fait trois ans qu’il a été publié et pendant longtemps, il ne s’est pas passé un jour sans que je reçoive des lettres et des courriels, ou même que des gens viennent me voir.

    J’ai été profondément ému de me retrouver devant des publics de jeunes à Oslo, aux États-Unis, au Portugal, en Espagne… Et je constate une grande ouverture d’esprit et un réel désir d’aborder ces questions.

    — Quel est selon vous le rapport avec la recherche du sens du corps aujourd’hui ?

    Je pense que cela a tout à voir. Au Portugal, Quand craque la solitude et Chasteté ont été publiés dans un seul livre, ce qui est tout à fait logique car ils traitent en réalité du même sujet, à savoir ce qu’est un être humain. Le premier parle de la mémoire et des aspirations de l’esprit. Le second, de la manière de gérer la faim, les désirs et les espoirs du corps.

    — Dans votre dernier livre, vous parlez du poème de Gilgamesh et dites que le protagoniste pourrait être un de nos contemporains. Vous le décrivez ainsi : « Un mégalomane amoureux de son habileté mais incertain de son but, obsédé par la mort, perplexe face au désir de son cœur, courageux face à l’absurde mais accablé par la tristesse ». Ces afflictions sont-elles propres à notre époque ? Les hommes et les femmes contemporains sont-ils ainsi ?

    Oui. J’utilise délibérément l’épopée de Gilgamesh car c’est l’une des premières manifestations littéraires que nous connaissons.

    Il y a aussi une petite note d’ironie dans mon choix, car un autre thème que j’essaie d’exprimer de temps en temps est que je ne suis pas du tout convaincu par la doctrine de l’exceptionnalisme culturel qui présuppose que nous sommes très différents aujourd’hui, que personne ne peut nous comprendre, que nous fonctionnons de manière très différente et que nous n’avons rien à apprendre de ce que quelqu’un a dit ou vécu auparavant.

    C’est tout simplement merveilleux de pouvoir pointer du doigt ce texte, vieux de près de 3 000 ans, et de dire : « Eh bien, regarde ce type. Il est exactement comme toi. »

    — Est-ce ce que vous voulez dire quand vous dites que la littérature peut sauver des vies ?

    En partie, oui. Cette capacité tient principalement au simple fait que la littérature (quand elle mérite ce nom, car tous les livres ne sont pas de la littérature) est une tentative d’exprimer ce qu’est réellement la vie.

    Je pense qu’elle peut sauver des vies dans le sens où elle peut m’aider à comprendre que je ne suis pas seul, que quelqu’un d’autre a déjà vécu cela avant moi, que même si dans mon entourage immédiat personne ne peut me comprendre, ou si je pense que personne ne comprend ce qui se passe en moi, je peux tomber sur un roman contemporain, ou un poème du XVIIIe siècle, ou une page des Métamorphoses d’Ovide, et me dire : « Ah ! Mais c’est moi ! ».

    — Et qu’en est-il de la musique ?

    Je pense que la musique nous rapproche autant que possible de l’éternité dans cette vie. Elle a une capacité merveilleuse, celle d’exprimer l’inexprimable. Ce qui dépasse le pouvoir des mots peut, d’une certaine manière, être transmis par la musique.

    — En parlant de culture, vous avez choisi de faire une série sur la sagesse des Pères du désert. Et là encore, je dirais que ce n’est pas la première chose qui vient à l’esprit quand on pense à la culture contemporaine. Que peuvent-ils nous offrir aujourd’hui ?

    Oh, tant de choses. Du réalisme, de la sagesse, un esprit de foi inébranlable, très souvent une délicieuse autodérision, et le sens des proportions.

    — Quel est le plus grand défi qui empêche l’homme contemporain de rencontrer Dieu ?

    Je pense que le plus grand défi est de croire vraiment que nous sommes aimés.

    — Que souhaitez-vous que l’être humain comprenne davantage sur lui-même en ce moment ?

    Son potentiel pour la vie éternelle.

    Source : https://www.aceprensa.com/religion/erik-varden-el-mayor-desafio-del-hombre-contemporaneo-es-creerse-de-verdad-que-es-amado/. Ce texte a été traduit de l’espagnol par Stéphane Seminckx.

  • L'Apôtre saint Jean est saint Jean l'Evangéliste

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    Du Forum Catholique (Jean-Paul Parfu) :

    L'Apôtre saint Jean est saint Jean l'Evangéliste

    St Jean l'Apôtre était originaire de Galilée. Il était, avec St Jacques le Majeur, l'un des Fils de Zébédée et de Marie Salomé. Comme St Paul un peu plus tard, qui était originaire de Tarse dans l'actuelle Turquie, le futur St Jean devait faire des études à Jérusalem et avait dû être repéré par le Grand-Prêtre, en raison de son intelligence et de sa spiritualité.

    Jean Ferrand a écrit un magnifique post sur le sujet, que je reproduis intégralement ci-dessous, et auquel je renvoie en bas de page. St Jean l'Apôtre et St Jean l'Evangéliste sont une seule et même personne, conformément à la Tradition. (...)

    "Le roman du prêtre Jean", par Jean Ferrand

    "Plus qu’une nouvelle biographie de Jésus, le livre de Petitfils est un roman, je n’ose pas dire un roman-feuilleton, qui entend montrer qu’en réalité l’apôtre Jean n’était pas l’apôtre Jean mais un disciple secret, un prêtre du Temple de Jérusalem, portant le même nom de Jean (puisque les écrits qu’il nous a laissés sont placés sous ce vocable).

    Ce prêtre se serait trouvé par hasard au Jourdain, au moment du baptême de Jésus. Ou plutôt, il aurait fait partie de la délégation « des prêtres et des lévites » (Jn 1,19), descendue de Jérusalem pour interroger Jean-Baptiste, et il se serait secrètement rallié à sa cause ainsi que, subséquemment, à celle de Jésus.

    Il devient disciple de Jésus dès le Jourdain et le suit à Cana, où il rencontre pour la première fois Marie. Il assiste au miracle, descend à Capharnaüm, puis remonte presque aussitôt à Jérusalem pour la première Pâque du ministère public. Il approuve l’action de Jésus qui purifie le Temple de ses marchands. Naturellement, il est sur place pour l’entretien de Jésus avec Nicodème. Mais il ne le suit plus dans le reste du ministère judéen puis galiléen. Il aura en permanence ses antennes auprès de lui pour le renseigner sur les faits et sur son enseignement. Quels furent ses informateurs, toujours placés aux premières loges ? Les apôtres sans doute.

    Quand Jésus monte à Jérusalem pour les fêtes juives, naturellement Jean, le prêtre de Jérusalem, redevient un témoin visuel.

    La dernière Cène se déroulera dans sa maison, à Jérusalem. Car, sans aucune preuve, l’auteur admet que le jeune homme portant une cruche, le soir de Pâque, et suivi par les apôtres Pierre et Jean, fut Jean, le futur évangéliste, et la maison où il les conduisit celle de son père. En tant qu’hôte, et disciple préféré, ce Jean aurait assisté au dernier repas à la droite de Jésus. Treizième apôtre, si l’on peut dire, au milieu des apôtres. Mais curieusement, le même évangéliste Jean ne reproduira pas le récit de l’institution de l’eucharistie.

    Enfin, il sera un témoin direct de la Passion, bénéficiant par son état d’entrées chez les grands prêtres. Avec les saintes femmes, il soutiendra Marie au pied de la croix, alors qu’aucun des Douze ne sera présent. Et de la bouche même de Jésus, il la recevra en héritage. Alors que Jean, fils de Zébédée, mourra peu après la persécution d’Agrippa, comme le veulent certaines traditions, Jean l’évangéliste, lui, s’expatriera à Ephèse, Eglise fondée par Paul, et y mourra très âgé du temps de Trajan, non sans nous avoir donné l’Apocalypse, l’Evangile et trois épîtres.

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  • Saint Jean, apôtre et évangéliste (27 décembre)

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    Saint-Jean-lévangéliste-300x246.jpgNous publions ci-dessous le texte intégral de la catéchèse que le pape Benoît XVI a prononcée au cours de l’audience générale du mercredi 5 juillet 2006. (source)

    Chers frères et sœurs,

    Nous consacrons notre rencontre d’aujourd’hui au souvenir d’un autre membre très important du collège apostolique: Jean, fils de Zébédée et frère de Jacques. Son nom, typiquement juif, signifie «le Seigneur a fait grâce ». Il était en train de réparer les filets sur la rive du lac de Tibériade, quand Jésus l’appela avec son frère (cf. Mt 4, 21; Mc 1, 19). Jean appartient lui aussi au petit groupe que Jésus emmène avec lui en des occasions particulières. Il se trouve avec Pierre et Jacques quand Jésus, à Capharnaüm, entre dans la maison de Pierre pour guérir sa belle-mère (cf. Mc 1, 29); avec les deux autres, il suit le Maître dans la maison du chef de la synagogue Jaïre, dont la fille sera rendue à la vie (cf. Mc 5, 37); il le suit lorsqu’il gravit la montagne pour être transfiguré (cf. Mc 9, 2); il est à ses côtés sur le Mont des Oliviers lorsque, devant l’aspect imposant du Temple de Jérusalem, Jésus prononce le discours sur la fin de la ville et du monde (cf. Mc 13, 3); et, enfin, il est proche de lui quand, dans le jardin de Gethsémani, il s’isole pour prier le Père avant la Passion (cf. Mc 14, 33). Peu avant Pâques, lorsque Jésus choisit deux disciples pour les envoyer préparer la salle pour la Cène, c’est à lui et à Pierre qu’il confie cette tâche (cf. 22, 8).

    Cette position importante dans le groupe des Douze rend d’une certaine façon compréhensible l’initiative prise un jour par sa mère: elle s’approcha de Jésus pour lui demander que ses deux fils, Jean précisément et Jacques, puissent s’asseoir l’un à sa droite et l’autre à sa gauche dans le Royaume (cf. Mt 20, 20-21). Comme nous le savons, Jésus répondit en posant à son tour une question: il demanda s’ils étaient disposés à boire la coupe qu’il allait lui-même boire (cf. Mt 20, 22). L’intention qui se trouvait derrière ces paroles était d’ouvrir les yeux des deux disciples, les introduire à la connaissance du mystère de sa personne et leur laisser entrevoir l’appel futur à être ses témoins jusqu’à l’épreuve suprême du sang. Peu après, en effet, Jésus précisa qu’il n’était pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa propre vie en rançon pour une multitude (cf. Mt 20, 28). Les jours qui suivent la résurrection, nous retrouvons « les fils de Zébédée » travaillant avec Pierre et plusieurs autres disciples au cours d’une nuit infructueuse, qui sera suivie, grâce à l’intervention du Ressuscité, de la pêche miraculeuse: c’est « le disciple que Jésus aimait » qui reconnaîtra en premier « le Seigneur » et l’indiquera à Pierre (cf. Jn 21, 1-13).

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