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  • Chantal Delsol sur la fin de la chrétienté et l'effondrement du catholicisme

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    Des propos recueillis par Laurent Ottavi sur Aleteia.org :

    « La fin de la chrétienté correspond à un effondrement du catholicisme »

    7/02/22

    Dans "La Fin de la chrétienté" (Cerf), Chantal Delsol s’interroge sur l’agonie d’une civilisation, née avec le christianisme, puis le catholicisme. Les chrétiens, plutôt que de tomber dans le piège de l’impatience, devraient, selon la philosophe, recourir à l’exemple et au témoignage.

    Chantal Delsol est philosophe, membre de l’Académie des sciences morales et politiques. Dans ses derniers essais, Le Crépuscule de l’universel (Cerf, 2020) et La Haine du monde, Totalitarismes et postmodernité (Cerf, 2016), elle décryptait la discorde entre les modernes et les antimodernes, entre ceux qui veulent remplacer le monde existant et ceux qui veulent le cultiver comme des héritiers. Poussant plus loin l’analyse, la philosophe s’attaque dans La Fin de la chrétienté aux conséquences du déclin du catholicisme en Occident avec le retour du paganisme. Pour elle, le christianisme doit inventer un autre mode d’existence. Elle explique son point de vue à Aleteia.

    Aleteia : la chrétienté, expliquez-vous dans votre livre, est une civilisation contrairement au christianisme. Si la première est finie, le second peut perdurer. Qu’entendez-vous par chrétienté et civilisation ?

    Chantal Delsol : la chrétienté est cette civilisation, autrement dit ce système du monde, qui a été constitué autour et sous la houlette du christianisme, puis du catholicisme. Il s’agit d’un mode d’être à la fois total et cohérent : il sous-entend en même temps la croyance religieuse, les mœurs, la morale, les lois, les types de pouvoir, les types de famille et la sociologie, etc. Et dans ce cadre, tout est cohérent : par exemple le pouvoir politique correspond avec la définition de Dieu (la démocratie est inventée en Occident parce que nous avons un Dieu qui confère la liberté à l’homme, sa créature). Chaque civilisation est à cet égard un ensemble cohérent. Ainsi le christianisme a-t-il construit le monde qui lui convenait, comme l’islam-religion a construit l’islam-civilisation. Dans la chrétienté-civilisation, c’est le christianisme, puis le catholicisme, qui impose ses lois et ses mœurs, qui conseille les puissants, qui apporte ses modèles de pouvoir et de vie. C’est cette influence-pouvoir qui est aujourd’hui effacée.

  • France : bénédiction abbatiale à Notre-Dame de Triors

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    Triors  8 septembre2018_abbaye_Triors_Humanae_Vitae_3-min.jpg

    La page facebook du diocèse de Versailles relaye des photos de la bénédiction abbatiale de Dom Louis Blanc, nouvel abbé de l’abbaye Notre-Dame de Triors (Drôme) ce 2 février, fête de la Présentation de Jésus au temple. La messe était concélébrée par différents évêques et pères abbés et présidée par Mgr Michel, évêque de Valence.

    Triors-Benediction-Abbatiale-2.jpgAgé de 35 ans, Dom Louis Blanc est originaire de Saint Germain du Chesnay (diocèse de Versailles) et a été scout du Chesnay. L’abbaye Notre-Dame de Triors a été fondé en 1984 par des moines de Fontgombault. Elle a été érigée en abbaye en 1994 avec Dom Hervé Coureau comme premier Père Abbé. Dom Hervé Coureau avait remis sa charge en novembre dernier. L’abbaye compte une quarantaine de moines.

     

    Appartenant à la congrégation de Solesmes, l'abbaye a gardé les traditions liturgiques grégoriennes et dès 1984 a profité de l'indult envers le rite de Saint Pie V.  

  • Un résumé du magistère de François à l'intention des téléspectateurs de la RAI

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    De Gian Guido Vecchi sur le site du Corriere della Sera :

    Le pape François chez Fabio Fazio : l'interview sur "Che tempo che fa", en direct

    Le pape François s'est entretenu en liaison vidéo depuis la Casa Santa Marta avec Fabio Fazio

    Dimanche soir, le pape François a été interviewé par Fabio Fazio sur Che tempo che fa (RaiTre). François s'est exprimé par liaison vidéo depuis la Casa Santa Marta, au Vatican, où il réside.

    La guerre, "un non-sens de la création". Les migrants, les pauvres et le besoin de "toucher" la douleur des autres, "il ne suffit pas de voir, il faut sentir". La "mondanité spirituelle" qui est "le plus grand mal de l'Église" et "engendre une chose hideuse, le cléricalisme, une perversion de l'Église". Mais il y a aussi eu des observations plus personnelles, comme lorsque Fabio Fazio lui a demandé : "Vous sentez-vous parfois seul, avez-vous des amis ? Et François de répondre : "Oui, je suis un homme ordinaire, j'aime être avec mes amis, j'en ai besoin. J'ai peu d'amis mais de vrais amis".

    Le Pape a été interviewé par "Che tempo che fa", sur Rai Tre, en relation avec Santa Marta, presque un résumé du magistère de François à l'intention des téléspectateurs.

    Tout d'abord, la migration, les camps en Libye et le traitement "criminel" des migrants, l'UE qui doit "se mettre d'accord" sur la répartition et ne pas tout laisser à des pays comme "l'Italie ou l'Espagne", la Méditerranée qui est devenue un "cimetière", et des tragédies comme les 12 migrants retrouvés morts de froid à la frontière entre la Grèce et la Turquie : "C'est un signe de la culture de l'indifférence. Les catégories qui occupent la première place en ce moment sont les guerres. Les gens sont en deuxième position. Il y a des catégories qui comptent et d'autres qui sont en bas de l'échelle : les enfants, les migrants, les pauvres, ceux qui n'ont pas de quoi manger. En un an sans fabriquer d'armes, vous pourriez donner de la nourriture et une éducation au monde entier. Nous voyons comment les économies sont mobilisées et ce qui est le plus important aujourd'hui, la guerre : guerre idéologique, guerre de pouvoir, guerre commerciale et nombreuses usines d'armement".

    Il y a des signes d'espoir, comme l'histoire de John, un jeune Ghanéen de 25 ans, qu'il a évoqué à l'Angélus : "Pour arriver ici, il a souffert tout ce que souffrent tant de migrants, et à la fin il s'est installé dans le Monferrato, il a commencé à travailler, à faire son avenir, dans une entreprise vinicole. Et puis il est tombé malade d'un terrible cancer, il est en train de mourir. Et quand ils lui ont dit la vérité, ce qu'il aurait aimé faire, il a répondu : "Rentrer à la maison pour embrasser mon père avant qu'il ne meure". En mourant, il a pensé à son père. Et dans ce village du Monferrato, on a immédiatement fait une collecte et, après l'avoir bourré de morphine, on l'a mis avec un compagnon dans un avion et on l'a envoyé pour qu'il meure dans les bras de son père. Il nous montre qu'aujourd'hui, au milieu de tant de mauvaises nouvelles, il y a de bonnes choses, des saints à côté".

    M. Fazio l'a également interrogé sur les tensions entre la Russie et l'Ukraine, et sur le risque de guerre. Un "non-sens" présent dès le début, dès l'histoire biblique de Caïn : "Il y a comme un contre-sens de la création, c'est pourquoi la guerre est toujours une destruction. Faire la guerre est une mécanique de destruction". Au sujet du "toucher la douleur", François cite en exemple "les médecins, les infirmières et les infirmiers qui ont donné leur vie dans cette pandémie : ils ont touché le mal et ont choisi de rester là avec les malades". François a parlé de ses goûts musicaux, "des classiques mais aussi du tango" qu'il a dansé dans sa jeunesse, comme il se doit à Buenos Aires : "Un porteño qui ne danse pas le tango n'est pas un porteño !".

    Il se souvient qu'enfant, il rêvait d'être "boucher", car "quand j'allais avec ma grand-mère, je voyais qu'il mettait beaucoup d'argent de côté...".

    Il a également parlé du pardon, "c'est un droit de l'homme". De la prière, "c'est ce que fait un enfant qui se sent impuissant et qui dit : papa, maman". Et encore le soin de la création, le besoin d'être proche des enfants. Douleur innocente : "Pourquoi les enfants souffrent-ils ? Il n'y a pas de réponse. Dieu est fort, oui, omnipotent dans l'amour. Au contraire, la haine, la destruction, sont entre les mains d'un autre qui a semé le Mal dans le monde par envie".

    À la fin, il a demandé aux gens de prier pour lui et a cité le "Miracle à Milan" de De Sica : "Dans ce film, une diseuse de bonne aventure lit dans les mains et dit "merci cent lires", je vous dis : cent prières".

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  • Le Burkina a été consacré au Cœur Immaculé de Marie

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    De Flora Toelo Karambiri sur Burkina 24 :

    A Yagma, les chrétiens catholiques consacrent le Burkina au Cœur Immaculé de Marie

    Une adoration et une procession accompagnant le pain et le vin ont également été faites, une marche qui est le symbole de la ferme volonté des chrétiens à rechercher la paix et la santé. La prière s’est terminée sur une note d’espoir pour un Burkina rayonnant à l’avenir.

  • L'Église allemande à toute voile vers le schisme

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    De Luisella Scrosati sur le site de la Nuova Bussola Quotidiana :

    L'Église allemande fait parvenir ses documents controversés à Rome

    7-02-2022

    Révision du célibat des prêtres et du diaconat féminin : voilà les deux exigences de rupture flagrante consignées noir sur blanc dans deux documents du synode allemand et adressés au pape. On peut maintenant comprendre pourquoi la boue a été déversée sur les vrais adversaires : de Voderholzer à Woelki, jusqu'à Benoît XVI...

    A 180 Km/h tout droit vers le schisme. Telles sont la vitesse et la direction que le Synode allemand, qui en est à sa troisième assemblée générale, a prises lors de sa réunion du 3 au 5 février dernier. 174 voix pour (avec 6 abstentions) et seulement 30 contre ont fait passer le plus grand document voté ces derniers jours (8 documents en 9 heures), consacré aux "femmes dans les services et les ministères de l'Église". Parmi les partisans, on trouve également environ 2/3 des évêques allemands présents à l'assemblée.

    Un ramassis de clichés, des reconstitutions historiques qui sont tout sauf exactes, des slogans sur l'égalité des sexes qui visent à dénoncer l'oppression des femmes par le prêtre masculin, l'adoration de la nouvelle source de la Révélation, c'est-à-dire la Modernité, et des interprétations soi-disant " joyeuses " du Concile Vatican II.

    C'est ce qu'on peut voir, par exemple, dans la demande d'envisager l'ordination des femmes, en s'appuyant sur le fait que Vatican II aurait fait de l'apport de l'Évangile au monde entier une priorité pour l'Église. En bref, puisque les vocations masculines s'effondrent, il faut s'ouvrir à l'ordination des femmes comme diacres et prêtres, sinon, adieu l'évangélisation. Cela semble plus cléricaliste que le cléricalisme auquel la guerre avait été déclarée. Ou comme lorsqu'on évoque le même Concile œcuménique, avec la décision malheureuse d'instituer le diaconat marié (en vérité, après la conclusion du Concile), avec le Motu Proprio Sacrum Diaconatus Ordinem de Paul VI, pour affirmer que l'admission du diaconat permanent marié était une promesse pour l'ouverture ultérieure au diaconat féminin. Où est-il écrit que le diaconat permanent masculin devait s'ouvrir au diaconat féminin ? Manifestement nulle part, mais tout est en place pour tenter d'acculer la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, désormais très faible.

    Il est vraiment difficile d'expliquer comment il est possible que plus de 80 % des participants au Synode aient pu approuver des déclarations telles que la suivante : "Dieu se fait homme pour que l'homme puisse participer à la vie divine. Celui qui, dans ce contexte théologique, considère comme important le sexe biologique incontesté de Jésus en tant qu'homme court le danger de mettre en doute le salut de la femme par Dieu, car seule la nature humaine que Dieu a assumée est sauvée". (...)

    En Allemagne, ils ne semblent pas comprendre qu'en s'incarnant, Dieu a assumé la nature humaine - qui, en tant que "nature", n'est ni masculine ni féminine - et qu'en ce sens, il l'a objectivement sauvée. C'est pourquoi saint Paul peut affirmer qu'"il n'y a plus ni homme ni femme, car vous êtes tous un dans le Christ Jésus" (Ga 3,28). Le sacerdoce ministériel (in persona Christi capitis), par contre, est différent, puisqu'il se situe dans la relation sponsale entre Dieu et son peuple, accomplie dans le mariage entre le Christ et l'Église, comme l'a clairement expliqué la Congrégation pour la doctrine de la foi en 1976 : " il faut admettre que, dans les actes qui requièrent le caractère d'ordination et dans lesquels est représenté le Christ lui-même, auteur de l'Alliance, époux et chef de l'Église, dans l'exercice de son ministère de salut [...]. ...], son rôle doit être soutenu (c'est le sens premier du mot personne) par un homme : ce qui ne découle d'aucune supériorité personnelle dans l'ordre des valeurs, mais seulement d'une diversité de fait au niveau des fonctions et du service". Ce qui revient à dire que dans le mariage, être un homme ou une femme n'est pas la même chose...

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  • Comment les enfants sont les premières victimes de la superexposition aux écrans

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    Du Figaro via le site "Pour une école libre au Québec" :

    « Les enfants sont les premières victimes de la surexposition aux écrans »

    5 février 2022

    Auteurs de La guerre de l’attention (L’Échappée) et cofondateurs de l’association Lève les yeux !, Florent Souillot et Yves Marry alertent contre la surexposition aux écrans et expliquent les ressorts de la guerre que mènent les grandes entreprises du numérique pour capter l’or du XXIe siècle : notre attention. Yves Marry est cofondateur de l’association Lève les yeux !, collectif pour la reconquête de l’attention, avec Florent Souillot, responsable du numérique aux Éditions Gallimard-Flammarion.

    LE FIGARO. — La « guerre de l’attention », c’est celle que mènent les grandes entreprises du numérique pour capter le temps de cerveau disponible des usagers, expliquez-vous. Où en est-on aujourd’hui ?

    Florent SOUILLOT et Yves MARRY. — La situation est très inquiétante, mais pas désespérée. Nous considérons que l’attention humaine est la nouvelle ressource rare, au cœur de la croissance économique. Et comme avec le charbon, le pétrole ou l’eau, l’extraction ne va pas sans quelques effets indésirables pour l’humanité. Comme tout le monde peut le constater autour de soi, nous passons désormais l’essentiel de notre temps éveillé devant un écran, soit dix heures par jour en moyenne pour les adultes en 2019, et entre trois et quatre heures par jour pour les enfants de moins de 12 ans. Ces chiffres datent d’avant la crise du Covid qui a encore aggravé cette tendance. Toute la société subit des impacts cognitifs et psychologiques, et constate une dégradation du débat public. Oui, la guerre de l’attention nous coûte cher !

    — Vous décrivez « la mutation sociale la plus déterminante de ces dix dernières années ». En quoi le smartphone change-t-il radicalement la donne par rapport à la télévision ?

    — En dix ans, le téléphone intelligent a fait doubler le temps passé devant un écran, qui était déjà massif auparavant ! Il s’est glissé dans nos poches, s’est invité dans tous les instants de notre vie, constamment connecté, vibrant, omniprésent du réveil au coucher. Nous sommes désormais collés à son écran bleu et à ses applications, véritables armes de captation massive de notre attention et portes ouvertes sur des contenus de plus en plus violents et addictifs. Il s’agit bien là d’une rupture anthropologique et nous parlons de la naissance d’un nouvel homo numericus. Ce n’est pas qu’une image : le cortex préfrontal de nos enfants, assailli à coups de shoots de dopamines, s’atrophie au contact des écrans.

    Plus largement, nos capacités attentionnelles, constamment manipulées, se déséquilibrent vers toujours plus de saillance, d’émotion, de vitesse, de récompenses à court terme et d’oppositions stériles. Grâce à ces « outils » surpuissants, nous sommes pris dans une illusion de puissance et de confort de plus en plus difficile à assumer : nous avons beau avoir le monde à portée de clics ou de commentaires, croire que nous pouvons tout maîtriser, nous avons de plus en plus de mal à agir, débattre, nous situer, « entrer en résonance » comme dirait Hartmut Rosa. Du malaise au mal-être, de l’isolement à l’aliénation, jamais un objet technique ne nous avait donné cette impression funeste.

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  • Des fissures dans l’orthodoxie LGBT+

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    D'IFN Italie :

    Des fissures apparaissent dans l’orthodoxie LGBT+.

    La résistance par rapport aux diktats de l'idéologie du genre voit le jour au Royaume-Uni.

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  • De la haine de soi à l'Empire Céleste à venir

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    De Paolo Piro sur le site de l'Observatoire International Cardinal Van Thuan sur la Doctrine Sociale de l'Eglise :

    DE LA HAINE DE SOI À L'EMPIRE CÉLESTE À VENIR

    Alors que l'Occident s'auto-flagelle pour ses crimes historiques contre l'humanité, la puissance chinoise envahit le monde. L'empire céleste est engagé dans l'auto-dissémination. En Chine, ce dont Lénine a rêvé et qu'il a essayé d'établir est en train de se produire. Un état de surveillance totale, omniprésente et capillaire, un modèle socio-politique que la Chine propose au monde entier, démontrant l'efficacité décisive de la puissance publique, dans la circonstance du covid19. En 1989, Francis Fukuyama prophétisait l'imminence de la "fin de l'histoire". Après l'effondrement du communisme soviétique et la fin de la guerre froide, la démocratie libérale et le capitalisme seraient destinés à prévaloir dans toutes les nations de la planète. Aujourd'hui, nous constatons que cette prédiction était erronée. Après 30 ans, la Chine se présente comme une alternative aux démocraties libérales occidentales avec sa société disciplinée, parfaite et super high-tech. Le premier État numérique de l'histoire, un marché libre mais non libéral en plein développement, bref, un prototype du "Nouveau Monde" dans le style d'Aldous Huxley. Une réalité étatique de style impérial, dans laquelle on peut être prospère sans être libre, "un marché libre pour des personnes non libres".  Les élites occidentales pensaient que le libéralisme et le mondialisme chinois iraient nécessairement de pair. Mais, tout comme 500 hommes ne font pas un mille-pattes, une Chine prospère et capitaliste ne se transformera pas spontanément en démocratie.

    Le meilleur de la production occidentale, les joyaux de l'Ouest, notre technologie, ont été délocalisés en Chine. Le résultat a été une augmentation de 90 % du PIB de la Chine. Au contraire, le pouvoir du Parti communiste a été renforcé, structuré et technologisé, et il dispose aujourd'hui d'un leader absolu, Xi Jinping, qui, pour la première fois depuis l'époque de Mao, a rassemblé en sa seule personne tout le pouvoir du parti, politique et militaire. Un empereur calme et rassurant qui a l'habitude de répéter : " Le développement de la Chine ne se fera pas au détriment des autres pays et Pékin ne cherchera pas l'hégémonie mondiale " (discours du 18/12/2018).

    Dans ce contexte, la volonté d'expansion géopolitique de la Chine a reçu une impulsion majeure, la route de la soie fascine et conquiert. L'Europe est faible, elle s'autodémolit, se dénationalise, se divise entre peuples et élites, avec une complication majeure, la multiplication des enclaves musulmanes. L'Islam ne peut être intégré pour la simple raison qu'il est lui-même une nation, l'Umma, la nation juste. Dans un cadre d'autodémolition des réalités nationales, le remplacement est déjà là, prêt, l'Umma n'est pas optionnelle, elle est inhérente à l'Islam, non réductible à la pluralité des manières dont les musulmans vivent leur Islam. Une fresque dans laquelle la Chine est de plus en plus sûre d'elle, l'Europe moins.  

    Alors que l'idéologie progressiste érode l'Europe et que l'Église catholique est en proie à une crise d'époque, le mariage de Lénine avec Confucius donne aux Chinois un supplément d'âme, l'âme nationaliste que le colonialisme occidental avait humiliée dans la première moitié du XXe siècle. En même temps, la Chine est, pour les États-Unis, un problème militaro-économique que l'UE ne veut pas reconnaître parce que son progressisme, son multiculturalisme suicidaire aveugle, nie la possibilité d'avoir des ennemis, au point de nier la réalité même des faits et de rechercher des formes de compromis et de coexistence.

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