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  • Aujourd'hui, l'Eglise fête sa dignité de "mère des saints, image de la cité céleste"

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    L'HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI (Basilique Vaticane)
    Mercredi 1er novembre 2006

    Chers frères et soeurs,

    Notre célébration eucharistique s'est ouverte par l'exhortation "Réjouissons-nous tous dans le Seigneur". La liturgie nous invite à partager l'exultation céleste des saints, à en goûter la joie. Les saints ne constituent pas une caste restreinte d'élus, mais une foule innombrable, vers laquelle la liturgie nous invite aujourd'hui à élever le regard. Dans cette multitude, il n'y a pas seulement les saints officiellement reconnus, mais les baptisés de chaque époque et nation, qui se sont efforcés d'accomplir avec amour et fidélité la volonté divine. Nous ne connaissons pas le visage ni même le nom de la plupart d'entre eux, mais avec les yeux de la foi, nous les voyons resplendir, tels des astres emplis de gloire, dans le firmament de Dieu.

    Aujourd'hui, l'Eglise fête sa dignité de "mère des saints, image de la cité céleste" (A. Manzoni), et manifeste sa beauté d'épouse immaculée du Christ, source et modèle de toute sainteté. Elle ne manque certes pas de fils contestataires et rebelles, mais c'est dans les saints qu'elle reconnaît ses traits caractéristiques,  et  c'est  précisément en eux qu'elle goûte sa joie la plus profonde. Dans la première Lecture, l'auteur du Livre de l'Apocalypse les décrit comme "une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, de toute nation, race, peuple et langue" (Ap 7, 9). Ce peuple comprend les saints de l'Ancien Testament, à partir d'Abel le juste et du fidèle Patriarche Abraham, ceux du Nouveau Testament, les nombreux martyrs du début du christianisme, les bienheureux et saints des siècles successifs, jusqu'aux témoins du Christ de notre époque. Il sont tous unis par la volonté d'incarner l'Evangile dans leur existence, sous l'impulsion de l'éternel animateur du Peuple de Dieu qu'est l'Esprit Saint.

    Mais "à quoi sert notre louange aux saints, à quoi sert notre tribut de gloire,  à  quoi  sert  cette  solennité elle-même?". C'est par cette question que commence une célèbre homélie de saint Bernard pour le jour de la Toussaint. C'est une question que nous pourrions nous poser également aujourd'hui. Et la réponse que le saint nous donne est tout aussi actuelle:  "Nos saints - dit-il - n'ont pas besoin de nos honneurs et et ils ne reçoivent rien de notre culte. Pour ma part, je dois confesser que, lorsque je pense aux saints, je sens brûler en moi de grands désirs" (Disc. 2; Opera Omnia Cisterc. 5, 364sqq). Telle est donc la signification de la solennité d'aujourd'hui:  en regardant l'exemple lumineux des saints, réveiller en nous le grand désir d'être comme les saints:  heureux de vivre proches de Dieu, dans sa lumière, dans la grande famille des amis de Dieu. Etre saint signifie:  vivre dans la proximité de Dieu, vivre dans sa famille. Et telle est notre vocation à tous, répétée avec vigueur par le Concile Vatican II, et reproposée aujourd'hui de façon solennelle à notre attention.

    Mais comment pouvons-nous devenir saints, amis de Dieu? On peut répondre à cette interrogation tout d'abord par une négation:  pour être saint, il n'est pas nécessaire d'accomplir des actions et des oeuvres extraordinaires, ni de posséder des charismes exceptionnels. On peut ensuite répondre par une affirmation:  il est nécessaire avant tout d'écouter Jésus, et de le suivre sans se décourager face aux difficultés. "Si quelqu'un me sert - nous avertit-Il - qu'il me suive, et là où je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu'un me sert, mon Père l'honorera" (Jn 12, 26). Celui qui a confiance en Lui et l'aime d'un amour sincère, comme le grain de blé tombé en terre, accepte de mourir à lui-même. En effet, il sait que celui qui veut garder sa vie pour lui-même la perd, et que celui qui se donne, se perd, et trouve précisément ainsi la vie. (cf. Jn 12, 24-25). L'expérience de l'Eglise démontre que toute forme de sainteté, tout en suivant des parcours différents, passe toujours par le chemin de la croix, le chemin du renoncement à soi-même. Les biographies des saints décrivent des hommes et des femmes qui, dociles aux desseins divins, ont parfois affronté des épreuves et des souffrances indescriptibles, des persécutions et le martyre. Ils ont persévéré dans leur engagement, "ce sont ceux qui viennent de la grande épreuve - lit-on dans l'Apocalypse - ils ont lavé leurs robes et les ont blanchies dans le sang de l'Agneau" (v. 14). Leurs noms sont inscrits dans le livre de la vie (cf. Ap 20, 12); leur demeure éternelle est le Paradis. L'exemple des saints est pour nous un encouragement à suivre les mêmes pas, à ressentir la joie de celui qui a confiance en Dieu, car l'unique cause véritable de tristesse et de malheur pour l'être humain est de vivre loin de Lui.

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  • Synode : "la voie empruntée est celle de la protestantisation" (Cardinal Müller)

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    De Riccardo Cascioli sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    Müller : « Le Synode, un pas vers la protestantisation »

    Avec l’entrée des laïcs au Synode des Évêques, la structure hiérarchique de l’Église fut attaquée et le sacerdoce ministériel détruit sous prétexte de cléricalisme. Et pendant ce temps, l'agenda LGBT avance... Le cardinal Müller, préfet émérite de la Congrégation pour la doctrine de la foi, s'adresse à la Bussola.

    «Les critères de l'ecclésiologie catholique ont été perdus, (...) cela n'est pas dit ouvertement mais la voie empruntée est celle de la protestantisation». Le bilan que le cardinal Gerard L. Müller fait du synode sur la synodalité récemment conclu est décidément inquiétant. Nous rencontrons le préfet émérite de la Congrégation pour la doctrine de la foi en marge du Rome Life Forum, un événement de deux jours organisé par LifeSiteNews, dont il était conférencier. Et même depuis la scène, le cardinal Müller a prévenu que c'est une pure illusion de penser « moderniser la vérité de l'Évangile à l'aide de philosophies relativistes ou d'anthropologies idéologiquement corrompues ». Il suffit de regarder les réalités locales où prévaut cette théologie progressiste : séminaires vides, disparition de la vie monastique, abandon des fidèles. Par exemple, en Allemagne, 13 millions de catholiques ont disparu en 50 ans, passant de 33 millions en 1968 à 20 millions en 2023. »

    Et à la Bussola il réitère: «Avec ce Synode, le but était de changer la structure hiérarchique de l'Église, l'Église anglicane ou protestante est prise comme modèle, mais ce que nous voyons c'est que la synodalité détruit la collégialité».

    Votre Éminence, qu’entendez-vous par changement dans la structure de l’Église ?

    Simplement que lorsque le Pape a appelé les laïcs, il a changé la nature du Synode, qui est né comme une expression de la collégialité de tous les évêques avec le Pape. Ce n'est pas seulement le Pape qui gouverne l'Église, comme certains flatteurs du Pape. François le voudrait aujourd'hui, mais les évêques locaux ont aussi des responsabilités envers toute l'Église. C’est pour cette raison que Paul VI, mettant en œuvre le Concile Vatican II, a institué le Synode.

    Cela peut sembler une simple réforme visant à renforcer le rôle des laïcs...

    ... En réalité, on ignore le sacrement de l'ordre, qui n'est pas seulement une fonction de service, mais une institution directe et particulière de Jésus-Christ. Il a établi l'Église avec sa hiérarchie. Faire appel au sacerdoce universel, de tous les croyants, est dans ce cas une manière de nier cette structure voulue par le Christ. Tous les fidèles reçurent le Saint-Esprit, mais les évêques reçurent la consécration pour gouverner et sanctifier l'Église. Si vous voulez parler à des laïcs, très bien, il existe d'autres outils, par exemple la Commission théologique internationale. Ou d'autres institutions ad hoc peuvent être créées, pas de problème, mais le Synode a une nature différente et le Pape ne peut pas changer la structure sacramentelle de l'Église. L'autorité épiscopale ne peut être donnée à quelqu'un qui n'est pas évêque.

    Est-ce pour cela que vous avez également critiqué la disposition interdisant aux évêques de porter la soutane filetée pendant les travaux du Synode ?

    La question de la tenue vestimentaire peut paraître un détail insignifiant, mais elle indique la position que je disais auparavant. Le confort n'est pas un critère : quand je vais à un mariage je ne vais pas habillé comme à la plage, ce serait plus confortable mais pas adapté à l'occasion. Un synode, comme un concile, est une liturgie, une vénération de Dieu, pas n'importe quelle assemblée. Ainsi, même la robe dit ce que le synode est devenu, un déluge de bavardages.

    Au fait, étant donné que le sujet était la synodalité, de quoi a-t-on réellement parlé ?

    En réalité, après de nombreuses discussions, personne ne sait ce qu’est la synodalité. On parlait de beaucoup de choses, les « animateurs » étaient aux tables qui donnaient les sujets au jour le jour en posant des questions, mais le débat était aussi très rigide, le temps d'intervention était limité (trois minutes) et tout était enregistré. Chacun des participants avait un moniteur devant lui et chaque intervention était enregistrée, même en vidéo. Puis ce "il faut s'écouter" continu, personne n'a voulu jouer le rôle du "perturbateur", bref il y a eu une domestication. Et même en plénière, de nombreux évêques ont été déçus, ils se sont plaints du faible niveau d'interventions ; et puis vous ne pouvez pas aborder les questions théologiques avec des émotions.

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  • Déclaration du Conseil permanent de la Conférence des évêques de France au sujet de l’inscription du droit à l’avortement dans la constitution

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    Déclaration du Conseil permanent de la Conférence des évêques au sujet de l’inscription du droit à l’avortement dans la constitution

    La déclaration qui suit date de décembre 2022. Fin octobre 2023, le président de la République a annoncé vouloir présenter un projet de loi d’ici la fin de l’année 2023 pour inscrire la liberté de recourir à l’avortement dans la Constitution.

    Mgr Pierre d’Ornellas, archevêque de Rennes et Responsable du groupe de travail sur la bioéthique au sein de la Conférence des évêques de Francea réagi à cette annonce dans un entretien à Vatican News. 

    « Toute vie est un don pour ce monde », déclaration du Conseil permanent de la Conférence des évêques de France du 9 décembre 2022 au sujet de l’inscription du droit à l’avortement dans la constitution.

    Jeudi 24 novembre 2022, l’assemblée nationale a voté à une large majorité l’inscription du droit à l’avortement dans la constitution. Au nom des évêques de France, nous voulons dire notre inquiétude devant ce que signifierait cette inscription. Nous souhaitons redire ce qui nous semble au contraire fondamental : toute vie est un don pour ce monde, un don fragile et précieux, infiniment digne, à accueillir et à servir depuis son commencement jusqu’à sa fin naturelle.

    Il y a aujourd’hui près de 220.000 avortements par an en France. Chiffre record dans la Communauté européenne, chiffre qui ne diminue pas et tend même à augmenter. Comment pourrions-nous voir cette réalité dramatique comme le seul exercice d’un droit pour les femmes ou encore comme un progrès ? N’est-ce pas surtout le signe de l’échec de toute une société pour éduquer et accompagner, soutenir socialement, économiquement et humainement celles et ceux qui en ont besoin ?

    Le commandement biblique « Tu ne tueras pas » inscrit dans toutes les consciences au-delà de celles des seuls croyants confie tout être humain à la responsabilité de tous les autres. Ces enfants à naître, nous en sommes d’une certaine façon tous responsables. Ainsi, le vrai progrès ne serait-il pas que nous puissions nous mobiliser tous ensemble, croyants et non-croyants, pour que l’accueil de la vie soit davantage aidé et soutenu ? La vraie urgence ne serait-elle pas d’aider au moins les couples ou les femmes qui, aujourd’hui, n’ont pas réellement le choix et ne peuvent garder leur enfant en raison des contraintes sociales, économiques, familiales qui pèsent sur eux ou sur elles, et trop souvent sur elles seules ?

    Nous reprenons les mots du pape François qui, toujours aux côtés des plus pauvres, écrivait en 2013 dans sa première exhortation apostolique Evangelii Gaudium : « cette défense de la vie à naître est intimement liée à la défense de tous les droits humains. Elle suppose la conviction qu’un être humain est toujours sacré (…) dans n’importe quelle situation et en toute phase de son développement. (…). Si cette conviction disparaît, il ne reste plus de fondements solides et permanents pour la défense des droits humains, qui seraient toujours sujets aux convenances contingentes des puissants du moment. » (n°213).

    Aux côtés de bien des hommes et des femmes de bonne volonté, les catholiques continueront à servir ces droits et cette dignité des plus faibles. Ils prient aussi pour les couples et les femmes confrontés à ce drame de l’avortement. Nous redisons notre reconnaissance à toutes celles et tous ceux qui se mobilisent pour aider, accompagner, écouter, soutenir, consoler sans jamais juger ainsi qu’à tous les élus qui auront le courage – par leur vote et leur engagement – de « faire avancer la culture de la vie » (pape François, audience du 5/02/2017).

    Mgr Éric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims et Président de la CEF,
    Mgr Vincent Jordy, archevêque de Tours et vice-président de la CEF,
    Mgr Dominique Blanchet, évêque de Créteil et vice-président de la CEF,
    Card. Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille,
    Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Paris,
    Mgr Dominique Lebrun, archevêque de Rouen,
    Mgr Sylvain Bataille, évêque de Saint-Etienne,
    Mgr Pierre-Antoine Bozo, évêque de Limoges,
    Mgr Alexandre Joly, évêque de Troyes,
    Mgr Matthieu Rougé, évêque de Nanterre

  • Après un mois de synode, voilà ce qui reste (Sandro Magister)

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    De Sandro Magister sur Diakonos.be :

    Après un mois de synode, voilà ce qui reste

    Il est difficile de déterminer ce qui reste d’un mois de synode en lisant les 42 pages du document final.

    On peut y lire (partie I, section 1, proposition j, k, q et r) que le nouveau « visage de l’Église synodale » reste encore entièrement à définir. Parce qu’il faut encore en « éclaircir la signification », tout comme son rapport avec la collégialité épiscopale et avec la synodalité très différente des Église orientales. Et on propose « l’institution d’une commission intercontinentale de théologiens et de canonistes à cet effet, en vue de la seconde session de l’assemblée » en octobre 2024, et de « lancer une étude préliminaire ».

    Les 270 proposition du document, plus l’introduction et la conclusion, ont toutes été approuvées une par une à plus de deux tiers de 365 votants, évêques, prêtres, laïcs, hommes et femmes. Çà et là, quelques dizaines de « non » témoignent cependant des divergences sur plusieurs questions rassemblées dans le texte parmi celles qui « restent à affronter » à l’avenir.

    Mais on trouve également des divergences sur des questions sur lesquelles le documents présente des « convergences ». Par exemple là où l’on affirme (partie I, section 3, proposition c) que « les processus synodaux permettent de vérifier l’existence de ce consensus des fidèles (« consensus fidelium’) qui constitue un critère sûr pour déterminer si une doctrine ou une pratique particulière appartient à la foi apostolique ». Ici on retrouve 26 « non », vraisemblablement dubitatifs sur cet abandon du magistère doctrinal à un vague « consensus des fidèles », vérifié on se sait comment.

    On retrouve également 32 « non » qui trouvent hors de propos la demande aux missionnaires d’assumer la responsabilité des erreurs commises par l’Église dans le passé, là où « l’annonce de l’Évangile a été associé à la colonisation et même au génocide » (partie I, section 5, proposition e).

    La proposition de « développer davantage les missions confiées au ministère institué de lecteur » (partie II, section 8, proposition n), qui « pourrait inclure également la prédication » récolte quant à elle 38 « non ».

    Mais le plus grand nombre de « non », 69, est allé à « l’accès des femmes au ministère diaconal », y compris parmi les « questions à affronter » (partie II, section 9, proposition j). Voici comment le document énumère les « positions diverses » qui ont émergé des débats :

    Pour certains, il s’agit d’un pas « inacceptable », « en discontinuité avec la Tradition ». Pour d’autres, en revanche, concéder aux femmes l’accès au diaconat rétablirait une pratique de l’Église primitive.  D’autres encore y voient « une réponse appropriée et nécessaire aux signes des temps, fidèle à la Tradition susceptible de trouver un écho dans le cœur de beaucoup de ceux qui cherchent une vitalité et une énergie renouvelées dans l’Église ». Enfin, il y a ceux qui expriment « la crainte que cette demande ne soit l’expression d’une dangereuse confusion anthropologique, en acceptant que l’Église s’aligne sur l’esprit du temps ».

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  • C'est de saints que l'Eglise a besoin et non de réformateurs

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    Une tribune du Père Jean-François Thomas S.J. publiée sur Aleteia.org :

    L’Église n’a pas besoin de réformateurs, mais de saints

    31/10/23

    L’Église n’a pas besoin de réformateurs, mais de saints, telle était la conviction de Georges Bernanos. Comme François d’Assise qui transforma l’Église en épousant l’exact opposé de ce qui attirait ses contemporains : la pauvreté, l’humilité, la charité.

    Alors que beaucoup dans l’Église ne rêvent que de réformes, sinon de révolutions, ceci de la base à la hiérarchie, que la mode contemporaine est toujours dans la fuite en avant et presque jamais dans une sage disposition à faire le guet du haut d’une tour qui embrasse les horizons et qui permet de ne pas se croire les maîtres du monde, il serait sage et judicieux de se souvenir que l’histoire de cette Église n’est pas riche grâce à ceux qui ont voulu la violenter, mais grâce à ceux qui se sont donnés à Elle, au prix parfois des sacrifices les plus absolus. La situation actuelle, préoccupante, invite à prendre distance par rapport à tous les enthousiasmes désordonnés et manipulateurs, à garder la tête froide face à ceux qui désirent déraciner, détruire, transformer pour correspondre aux critères mondains. Pour ce faire, il est bon de puiser dans le trésor de sainteté de cette Église mise à mal parfois même par ses pasteurs.

    La colère de Luther

    Georges Bernanos, vers 1943, alors au Brésil, projeta d’écrire un livre sur Luther, mais le début de la guerre mondiale l’empêcha de mener à bien ce projet qui ne nous lègue que quelques pages de feu. Déjà, dans le Journal d’un curé de campagne, il avait abordé le mystère de ce personnage, ceci dans une conversation entre le curé de Torcy et le simple prêtre d’Ambricourt. Le premier confie au second : 

    Enfin, j’ai eu mes embêtements, moi aussi… Tiens, à ce moment-là, j’ai compris Luther. Il avait du tempérament, lui aussi. Et dans sa fosse à moines d’Erfurt, sûrement que la faim et la soif de la justice le dévoraient. Mais le bon Dieu n’aime pas qu’on touche à sa justice, et sa colère est un peu trop forte pour nous, pauvres diables. Elle nous saoule, elle nous rend pires que des brutes. Alors, après avoir fait trembler les cardinaux, ce vieux Luther a fini par porter son foin à la mangeoire des princes allemands, une jolie bande… Regarde le portrait qu’on a fait de lui sur son lit de mort… Personne ne reconnaîtrait l’ancien moine dans ce bonhomme ventru, avec une grosse lippe. Même juste en principe, sa colère l’avait empoisonné petit à petit ; elle était tournée en mauvaise graisse, voilà tout. 

    Et il avoue prier pour le salut de l’âme de Luther. Beaucoup, au cours des siècles, ont pu être scandalisés par les dérives ecclésiastiques, par les imperfections de la justice et des règles imposées. Ils peuvent l’être encore et rêver d’une Église à leur mesure, mais, dans ce cas, leur sort sera également de faire de la mauvaise graisse et de mourir dans la colère et l’orgueil. L’ambition, le ressentiment, le désir d’imposer ses opinions ne produisent jamais de bons fruits. Quant à ceux qui imaginent un état de perfection et de pureté à l’abri de toute critique, ils vivent dans l’illusion et nient la réalité.

    Les vrais réformateurs n’ont jamais été les justiciers qui cassent et brûlent mais les saints qui pratiquent de façon héroïque les vertus.

    Les vrais réformateurs n’ont jamais été les justiciers qui cassent et brûlent mais les saints qui pratiquent de façon héroïque les vertus que ceux qui en sont les gardiens ne respectent pas forcément. Saint François d’Assise, tout aussi révolté au départ par les défauts des hommes de Dieu, ne sombra pas dans la revanche et la soif de faire table rase ou d’adapter les lois selon la mode du temps. Il choisit d’épouser pour lui-même l’exact opposé de ce qui attirait ses contemporains : la pauvreté, l’abaissement, l’humilité, la charité. Et, ainsi, il ne fit pas de mauvaise graisse mais fondit à vue d’œil sous l’éclat de la lumière retrouvée par ce renoncement. 

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  • En novembre, prions « pour le pape »

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    De Marina Droujinina sur zenit.org :

    La Vidéo du pape : En novembre, prions « pour le pape »

    « Demandez au Seigneur de me bénir » 

    Dans sa vidéo du mois de novembre, le pape François invite à prier « pour le pape, afin que, dans l’exercice de sa mission, il continue à accompagner dans la foi le troupeau qui lui est confié par Jésus et toujours avec l’aide de l’Esprit Saint ».

    La Vidéo du Pape est publiée ce mardi 31 octobre 2023 et est diffusée par le Réseau Mondial de Prière du Pape.

    « Demandez au Seigneur de me bénir » : c’est ainsi que le pape François commence sa vidéo. Il souligne : « Votre prière me donne de la force et m’aide à discerner et à accompagner l’Église à l’écoute de l’Esprit Saint. »

    Les images qui accompagnent les paroles du pape ont « un ton intime : une sorte de narration de son pontificat à travers les émotions », lit-on dans un communiqué de presse préparé par le Réseau Mondial de Prière du Pape. « Face aux moments les plus connus, comme les premiers instants qui ont suivi son élection, s’ajoutent d’autres qui sont presque inédits, faits d’étreintes et de prières dans différentes parties du monde. »

    Le pape François explique qu’« être pape ne signifie pas que l’on perd son humanité ». « Au contraire, mon humanité grandit chaque jour davantage avec le peuple saint et fidèle de Dieu ».

    « Être Pape, c’est aussi un processus », poursuit-il : « dans ce processus, on apprend à être plus charitable, plus miséricordieux et, surtout, plus patient ».

    Le pape François pense que « tous les papes, au début de leur pontificat, ont eu ce sentiment de peur, de vertige, de celui qui sait qu’il va être jugé sévèrement ».

    « Car le Seigneur va nous demander, à nous évêques, de rendre des comptes sérieusement », affirme le pape.

    Il s’adresse aux fidèles en demandant « de juger avec bienveillance » « et de prier afin que le Pape, quel qu’il soit, et aujourd’hui c’est mon tour, reçoive l’aide de l’Esprit Saint, et qu’il soit docile à cette aide ».

    « Priez pour moi, en ma faveur bien sûr ! », conclut le pape François.

    « Accueillir le discernement de l’évêque de Rome »

    P. Frédéric Fornos s.j., directeur international du Réseau Mondial de Prière du Pape« reconnaît que le message vidéo de François est significatif, car depuis le premier jour, au cours de ces dix années, son pontificat a été caractérisé par une demande ininterrompue de prière à son égard de la part de nous tous ».

    Le 13 mars 2013, le jour de son élection, le pape François a demandé au peuple de prier : « Demandez au Seigneur de me bénir », avait-il déclaré.

    C’est le pape François, rappelle p. Fornos, « qui a promu la recréation de l’Apostolat de la Prière en Réseau Mondial de Prière du Pape, en en faisant une Œuvre Pontificale, à savoir une Fondation du Vatican ». C’est également lui-même qui a réalisé, chaque mois, La Vidéo du Pape, depuis 2016. « Et c’est encore lui qui a fait de Click To Pray sa plateforme de prière, en intégrant son profil personnel en 2019. »

    P. Fornos souligne « que la vidéo du mois de novembre, consacrée cette année à la prière pour le pape, devient ‘un mois pour sentir avec l’Église’, comme disent les Exercices spirituels de saint Ignace ». « Se “sentir avec l’Église’’ nous invite à un a priori de bienveillance, à accueillir le discernement de l’évêque de Rome, qui préside à la charité de toutes les Églises et qui, dans son regard universel, nous aide à reconnaître l’action de l’Esprit du Seigneur », conclut-il.

  • Avec tous les saints, nous exulterons devant la face de Dieu

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    L'homélie du père Joseph-Marie Verlinde fsJ (homelies.fr - archive 2008)

    La Toussaint atteste qu’à la fin de notre existence terrestre la vie n’est pas détruite : elle est transformée. Tous nous sommes appelés à ressusciter un jour avec le Christ, à être associés à sa gloire éternelle, à son bonheur sans fin. « Ce que nous serons ne paraît pas encore clairement ; mais nous le savons : lorsque le Fils de Dieu paraîtra, nous serons semblables à lui parce que nous le verrons tel qu’il est » (2nd lect.). Avec tous les saints, c’est-à-dire tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, ont accepté de se laisser saisir et transformer par l’amour rédempteur, nous exulterons devant la face de Dieu : « Ils étaient cent quarante-quatre-mille, douze mille de chacune des douze tribus d’Israël, foule immense que nul ne pouvait dénombrer, de toutes nations, races, peuples et langues. Ils se tenaient debout devant le Trône et devant l’Agneau, en vêtements blancs, avec des palmes à la main. Et ils proclamaient d’une voix forte : “Le salut est donné par notre Dieu, lui qui siège sur le Trône, et par l’Agneau !” » (1ère lect.).

    Les saints sont des hommes et des femmes comme nous, qui ont « traversé la grande épreuve ; et qui ont lavé leurs vêtements, les ont purifiés dans le sang de l’Agneau » (Ibid.) ; ce sont des pécheurs qui se sont livrés à la miséricorde divine. L’Esprit a enfanté des saints à toutes les époques ; les uns sont plus connus, d’autres sont demeurés cachés : ce sont ces derniers que nous fêtons tout particulièrement aujourd’hui. Humbles mères de familles qui dans l’ombre se sont usées à la tâche, pères qui se sont tout donnés pour faire vivre leur foyer envers et malgré tous les revers de fortune, malades qui ont enduré en silence leurs souffrances du corps ou de l’âme, et bien plus largement : tous les pauvres de cœur, les doux, ceux qui pleurent, ceux qui ont faim et soif de la justice, les miséricordieux, les artisans de paix, les persécutés pour la justice, les témoins de l’Evangile insultés pour leur appartenance au Christ : « En eux tous, Dieu lui-même nous parle, il nous donne un signe de son Royaume et nous y attire puissamment, tant est grande la nuée de témoins qui nous enveloppent (cf. He 12, 1) et tant la vérité de l’Évangile se trouve attestée » (Vatican II, Constitution dogmatique sur l’Eglise : Lumen Gentium, 50).

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  • Toussaint : introit "Gaudeamus"

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    Gaudeámus omnes in Dómino, diem festum celebrántes sub honóre Sanctórum ómnium, de quorum solemnitáte gaudent Angeli et colláudant Fílium Dei. 

    Réjouissons-nous ensemble dans le Seigneur, car la fête que nous célébrons aujourd’hui est celle de tous les Saints. Cette solennité réjouit les Anges et tous en chœur louent le Fils de Dieu.

  • Fête de la Toussaint: les origines

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    Fête de la Toussaint

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    Une fête collective de tous les martyrs, en relation avec le triomphe pascal du Rédempteur, apparaît en Syrie dès le IVe siècle.

    Les Byzantins la célébraient au contraire le dimanche après la Pentecôte, usage qui fut jadis introduit également à Rome, comme en fait foi le plus ancien Comes publié par D. Morin d’après le célèbre manuscrit de Würzbourg : Dominica in natale Sanctorum.

    Cette fête transplantée de Byzance sur les rives du Tibre fut toutefois de courte durée. Dans la semaine après la Pentecôte, une ancienne tradition imposait aux Romains le jeûne solennel des Trois-Temps avec la grande veillée dominicale à Saint-Pierre. Il était impossible, après la fatigue de cette nuit, de célébrer encore, dans la matinée, la solennité de tous les Saints.

    On renonça donc à l’usage byzantin. Cependant la pensée d’une solennité collective de tous les saints, et non pas simplement des martyrs, gagnait de plus en plus de terrain. Au VIIIe siècle, tandis qu’en Orient les Iconoclastes détruisaient images et reliques, et qu’en Italie, en plein Latium, les cimetières des martyrs gisaient dans l’abandon à cause des continuelles incursions des Lombards dans la campagne romaine, Grégoire III érigea à Saint-Pierre un oratoire expiatoire en l’honneur de tous les Saints, Martyrs ou Confesseurs, morts dans le monde entier. Comment Rome en vint-elle à célébrer aux calendes de novembre la fête de tous les Saints, cela n’est rien moins que clair. Ce changement se fit sous Grégoire IV (827-844), et l’action de Louis le Pieux et de l’épiscopat franc n’y fut pas étrangère ; mais il n’est pas absolument prouvé que l’initiative vînt du Pape plutôt que de l’empereur. Plus tard, Sixte IV ajouta une octave à la fête.

    Le jour où l’Église fête ensemble tous les Saints, la lecture évangélique ne peut être autre que celle des Béatitudes (Matth., V, 1-12). Tous y sont compris, et chacun y reçoit une bénédiction particulière. Pour l’obtenir, point n’est besoin d’une naissance illustre, d’une grande fortune, d’une science ou d’une habileté spéciale ; au contraire, celui qui possède le moins en propre obtient davantage du don céleste, et c’est pourquoi la première bénédiction est pour les humbles et les pauvres d’esprit, c’est-à-dire pour ceux qui, en vue d’acquérir le Christ, se sont dépouillés d’eux-mêmes et se sont faits petits, comme l’enfant de l’Évangile donné par Jésus en modèle à ses Disciples. L’introït de la fête, Gaudeamus sub honore Sanctorum omnium , est le même qui fut primitivement assigné à la fête de sainte Agathe (5 février) : cette antienne appartient au fonds primitif du chant grégorien

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  • Toussaint : la victoire de Dieu dans la vie de chacun

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    L'homélie de l'abbé Christophe Cossement pour le jour de la Toussaint 2023 :

    Toussaint, la victoire de Dieu en nous

     

    Aujourd’hui nous fêtons tous ceux qui sont arrivés au Paradis, la foule immense de ces hommes, ces femmes, ces jeunes, ces vieux, ces chanceux, ces malchanceux qui ont le cœur comblé d’être unis à Dieu et de bondir de sommets d’amour en sommets d’amour. À Pâques nous célébrons la victoire de Dieu sur la mort dans la résurrection de son Fils. À la Toussaint, c’est Pâques multiplié pour la multitude : c’est la victoire de Dieu dans la vie de chacun. Voilà qu’il a triomphé sur le mal et sur la mort dans toutes ces vies humaines !

    Ceux que Jean aperçoit dans la vision de l’Apocalypse ont blanchi leur robes dans le sang de l’Agneau (Ap 7,14). Ce n’est pas par eux-mêmes qu’ils pouvaient paraître face à Dieu avec le vêtement de noces. C’est l’Agneau, le Christ, qui leur offre cette contenance, cette dignité devant le Père, c’est lui qui rend la joie possible. Et il la leur offre par son sang versé, par sa passion et par sa croix. La Toussaint est vraiment sa victoire en chacun de ceux qui acceptent d’être sauvés par lui. Rappelez-vous, il y a un mois, celui qui voulait entrer au banquet des noces du fils du roi sans le vêtement de noces, rappelez-vous comment il a été rabroué et jeté dehors. Ici, ceux qui paraissent devant le Trône de Dieu ont lavé leur robe dans le sang de l’Agneau, ils ont accepté d’être redevables du salut, d’en être tributaires. Ils ne se sont pas sauvés eux-mêmes, ils n’ont pas prétendu que leur justice suffirait. En comptant sur Dieu ils ont été capables d’un amour bien plus grand, bien plus fort que ce qu’ils pouvaient humainement réaliser. En comptant sur Dieu, en aimant comme le Christ, en vivant les sacrements, ils sont parvenus à un degré d’amour qui leur a rendu familier le style de vie du Paradis. Ils sont les saints du ciel.

    Je crois qu’on peut dire que Dieu jubile de pouvoir sanctifier ses enfants qui acceptent son action de salut en eux. Cette fête de Toussaint nous baigne dans la joie de Dieu qui devient vainqueur dans ses enfants au fur et à mesure qu’ils cèdent à son amour transformant. Et dès maintenant nous voulons laisser carte blanche au Seigneur pour qu’il nous sanctifie, pour qu’il saisisse tous nos désirs et les oriente dans le sens de l’amour le plus beau, l’amour qui se donne, l’amour qui aime la vérité, la justice, la bonté. Seigneur, nous voici ! Embrase-nous de ton amour ! Fais-nous désirer le ciel, le bonheur de te contempler, toi le sens de notre vie, toi la vérité de notre être, toi l’être le plus désirable qui soit !

    Notre bonheur, nous le trouvons dès maintenant en faisant de Dieu et de sa promesse le centre de notre vie. Cela nécessite de nous dépouiller de beaucoup de choses que nous estimons nécessaires à notre bonheur, des choses qui au final nous alourdissent, nous attristent, nous inquiètent, nous fatiguent. Les Béatitudes proclamées par Jésus nous surprennent toujours. Mais lorsque nous pensons qu’elles nous poussent à faire de Dieu et de sa promesse le centre de notre vie, nous commençons à comprendre comment on peut être heureux en étant ceux qui pleurent, ceux qui ont faim de justice, ceux qui sont persécutés à cause de leur amour du Christ. Jésus nous parle de beaucoup de dépouillements : dépouillement de nos prérogatives, dépouillement de la joie naturelle, de la force, de toutes sortes de contentements… et au fil de ces dépouillements nous nous trouvons comme ramenés toujours plus au centre, au cœur brûlant de Dieu qui veut nous consoler et nous combler. Plus la présence de Dieu grandit dans notre vie, dans le flot de nos heures, de nos soucis, plus notre bonheur s’établit fermement et nous sommes de plus en plus proches du bonheur du Ciel.

    Seigneur, réalise ta victoire dans nos vies et dans celle de ceux qui nous sont proches ! Sois vainqueur dans la vie de nos chers défunts ! Sois vainqueur dans la vie de tous ces gens qui meurent en ces jours tragiques .