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Débats - Page 466

  • Le pape et les affaires : la perplexité de Jean-Pierre Denis

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    De Jean-Pierre Denis, en éditorial sur le site de l'hebdomadaire La Vie dont il est le directeur de la rédaction :

    Le pape et les affaires

    Le cardinal Pell, 76 ans, est rentré en ­Australie. Chez nous, le nom de cette forte personnalité choisie par François pour faire partie des huit cardinaux censés le conseiller ne dit pas grand-chose. Le départ de celui qui dirigeait encore les finances du Vatican après avoir été l’une des figures emblématiques des années Jean Paul II ne doit pourtant pas passer inaperçu. Attaqué naguère quant à sa gestion des cas d’abus sexuels, George Pell est désormais personnellement soupçonné, pour une affaire qui remonte aux années 1970. Sa présomption d’innocence doit être respectée : accusation ne signifie pas culpabilité. Le cardinal a d’ailleurs déclaré vouloir retourner en ­Australie pour « laver son honneur ».

    Au même moment, la justice française classe sans suite l’enquête sur Mgr Gaschignard, l’évêque d’Aire et Dax démissionné l’été dernier en raison de « comportements inappropriés ». L’affaire avait fait beaucoup de bruit, ce type de sanctions étant rare, et la mesure prise particulièrement nette, voire brutale. Les médias qui s’en étaient emparés se sont faits plus discrets pour en relater l’épilogue, comme souvent pour un scandale impliquant une personnalité. Quant au classement sans suite, il n’est pas une surprise. À l’époque déjà, on pouvait penser que le sort de Mgr Gaschignard ne relevait pas du judiciaire, mais du pastoral ou du politique, l’exemplarité conditionnant désormais l’exercice de toute autorité. Mais comme le montre une enquête publiée par La Vie, le statut de ce jeune évêque émérite, autrement dit retraité, est loin d’être clair. Va-t-il retrouver une mission ? Si oui, laquelle ? Sinon, pourquoi ? (Quel avenir pour Mgr Gaschignard ?)

    Enlisé dans une affaire autrement plus grave si elle est confirmée, le cardinal Pell est simplement « rentré dans son pays ». Officiellement, il n’a pas quitté ses fonctions. Il s’agit sans doute de dissimuler le lâchage sous l’apparence des égards. Mais pourquoi, justement, cette différence ? Les princes de l’Église seraient-ils « protégés » plus que les évêques de campagne, au moins formellement ? Il y a quelques mois, la seule victime membre de la commission du Vatican consacrée aux abus décidait de démissionner. Sans avoir pu rencontrer le pape et en butte, disait-elle, à la mauvaise volonté de la Congrégation pour la doctrine de la foi, instance de contrôle essentielle au fonctionnement de l’Église catholique. Or le responsable de cette institution, le cardinal Müller, vient d’être mis à l’écart. Pour sa réticence à avancer sur ces dossiers ? Pour son opposition de fond à la ligne François, comme c’était le cas de Pell ? Là encore, c’est le flou. Pour tout arranger, le successeur désigné de Müller, le jésuite Ladaria, est lui-même rattrapé par une polémique sur sa gestion récente de la mise à l’écart d’un curé italien.

    L’impression générale est que l’on progresse encore sous la contrainte médiatique, policière et judiciaire, sans vision d’ensemble – au cas par cas, selon le contexte. On voit que le pape veut agir. Mais on ne saisit pas bien selon quels critères, avec quelles méthodes, jusqu’à quel point. Et faute de clarté et de cohérence suffisante, plus les fusibles sautent, plus la question remonte et s’élargit. Élu pour réformer l’Église, François est-il enlisé ? Mais alors, la faute à qui ou à quoi ? A-t-il à la fois trop parlé et trop tardé à sanctionner ? Ou, au contraire, avance-t-il, bien à sa manière, avec pragmatisme, saisissant une par une les opportunités qui se présentent et n’hésitant pas à lâcher des personnalités qui autrefois auraient été indéboulonnables ? Il y a vraiment de quoi être perplexe.

  • Un moment catholique se profile-t-il à l'horizon ? Un entretien avec l'académicien Jean-Luc Marion

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    De RCF :

    Apologie pour un moment catholique - L'académicien Jean-Luc Marion

    Présentée par Laurent Verpoorten 

    Apologie pour un moment catholique - L'académicien Jean-Luc Marion

    © jean-Luc Marion Lacroix.com

    Les chrétiens disposent de tout ce dont nos sociétés manquent pour surmonter les crises qu'elles traversent. Cela signifie-t-il qu'un moment catholique se profile à l'horizon ?

    La réponse ce mardi 04 et mercredi 05 à 12H30. Au cours d'un entretien exceptionnel, le philosophe et académicien Jean-Luc Marion, auteur de Brève apologie pour un moment catholique (Grasset), s'explique au micro de Laurent Verpoorten dans Dieu dans l'Histoire.

  • Quand un journaliste de cathobel s'étonne du maintien de l'avortement dans le code pénal belge

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    A Alain Gerlache, journaliste à la RTBF, qui s'émeut de la mort de Simone Veil, Philippe Baldelli, journaliste de Cathobel (site officiel de l'Eglise de Belgique), répond...

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  • Les Etats doivent agir pour prévenir et réduire le recours à l'avortement

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    L’OBLIGATION DES ETATS DE PRÉVENIR LE RECOURS À L’AVORTEMENT

     

    A l’occasion du séminaire européen, qui s’est tenu à Bruxelles à la COMECE[1] le 22 juin dernier sur « La prévention de l’avortement en Europe », Grégor Puppinck, docteur en droit et Directeur du Centre Européen pour le Droit et la Justice (ECLJ-Strasbourg), a rappelé qu’il était du devoir des Etats de prévenir l’avortement et d’en réduire le recours.

    À ce jour, on estime à plus d’un milliard le nombre d’avortements réalisés dans les pays qui disposent de données statistiques. Chaque année, l’avortement met un terme à un tiers des grossesses européennes, avec 4,5 millions d’avortements contre 8,5 millions de naissances dans les pays du Conseil de l’Europe. Au regard de l’ampleur du phénomène, de ses causes et de ses conséquences, notamment démographiques, l’avortement est un problème social de santé publique majeur auquel la société peut et doit répondre par une politique de prévention.

    Il faut d’emblée souligner que la cause première de l’avortement n’est pas la grossesse, mais le contexte dans lequel elle survient. Une femme avorte non pas à cause de la grossesse – qui n’est qu’un facteur déclencheur, mais en raison des circonstances particulières, et la même femme, placée dans d’autres circonstances, n’aurait pas nécessairement recours à l’avortement. L’avortement est donc largement le résultat d’un ensemble de circonstances dont la société est en partie responsable.

    En effet, 75 % des femmes qui ont avorté indiquent y avoir été poussées par des contraintessociales ou économiques[2]. Ce constat met en doute l’existence et l’efficacité des politiques de prévention de l’avortement, qui devraient en principe chercher à répondre de manière adéquate aux causes de ce phénomène.

    La prévention de l’avortement, un engagement des Etats

    Les gouvernements ont l’obligation juridique de prévenir le recours à l’avortement, sur la base notamment de leurs obligations générales de protéger la famille, la maternité et la vie humaine.

    S’agissant de la protection de la famille, les Etats ont pris l’engagement international de garantir le « droit de se marier et de fonder une famille », lequel implique « la possibilité de procréer ». Ils se sont engagés à accorder une « protection et une assistance aussi larges que possible à la famille », « aussi longtemps qu’elle a la responsabilité de l’entretien et de l’éducation d’enfants à charge ». L’Etat a donc l’obligation de porter assistance aux femmes et aux couples qui ne se sentent pas capables d’accueillir un enfant.

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  • La Cour Européenne des Droits de l'Homme autorise l'arrêt des soins du petit Charlie Gard

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    Lu sur le site d'Alliance Vita :

    Grande-Bretagne : La CEDH autorise l’arrêt des soins du petit Charlie Gard 

    SoinsIntensifs

    La Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) donne raison aux tribunaux britanniques, dans sa décision du 28 juin 2017, et autorise l’arrêt des soins de Charlie Gard, un enfant de 10 mois atteint d’une maladie mitochondriale.

    A sa naissance, le 4 août 2016, le petit Charlie est diagnostiqué MMDR (sous la forme RRM2B), une maladie génétique rare, et les espoirs d’amélioration de sa situation sont quasiment nuls. L’hôpital a demandé un jugement déclaratoire aux tribunaux britanniques pour savoir s’il était légal de retirer la respiration artificielle de l’enfant et de lui dispenser des soins palliatifs. Les parents, de leur côté, ont plaidé pour savoir « s’il serait dans l’intérêt supérieur de leur fils de lui administrer un traitement expérimental aux États-Unis ». Les tribunaux ont tranché en accordant à l’hôpital de pouvoir arrêter la respiration artificielle considérant que l’enfant souffrait de douleurs impossibles à soulager.  Selon les tribunaux,  ces soins expérimentaux ne lui procureraient aucun avantage.

    Les parents, Chris Gard et Connie Yates, ont saisi la CEDH sur le fondement des articles 2, 5, 6 et 8. Pour ces derniers, la décision de l’hôpital constitue une ingérence dans leur vie familiale, et également une violation du droit à la vie. La Cour a accordé, le 9 juin,  une mesure provisoire pour que l’enfant soit  maintenu en vie jusqu’à ce qu’une décision soit prise.

    Dans sa décision, la Cour a rappelé que les Etats disposent d’une certaine marge d’appréciation, et qu’ils ont compétence pour développer un cadre légal régissant « aussi bien l’accès aux soins expérimentaux que la cessation des soins de soutien aux fonctions vitales », si ce dernier est compatible avec la Convention. La Cour a également pris en compte les jugements des tribunaux internes, considérant la motivation « claire et détaillée permettant d’étayer de manière pertinente et suffisante leurs conclusions ».

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  • Monseigneur Vincenzo Paglia, un prélat controversé

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    Lu sur le site "Benoît-et-moi" :

    Sandro Magister consacre son billet du 9 juin à Mgr Paglia, ou plus exactement à la restructuration et à la conduite de l'Académie pontificale pour la vie et de l'Institut JP II pour les études sur le mariage et la famille, dont François lui a confié la direction.

    resurrection-pglia_lbs.jpgOn lira l'article (au titre très éloquent: "Avant même renaître, elle chancelle déjà") ICI.
    «La pensée de Paglia sur les questions liées à la vie est plutôt vacillante», 

    dit Sandro Magister, citant à ce propos un article d'Edward Pentin, que je traduis ci-dessous. C'est du moins l'opinion de plusieurs ex-membres, aujourd'hui évincés, de l'Académie que le vaticaniste américain a rencontrés, et qui témoignent leur inquiètude. Il a également interpelé le prélat lui-même, qui se défend (avec beaucoup de mauvaise foi et une faible capacité de convaincre) des critiques avancées contre lui. Il y est même question de la fresque géante ornant un mur de la cathédrale de Terni, son ex-diocèse. A l'accusation d'avoir commandé une peinture "homoérotique" où lui-même est représenté nu, il répond avec un aplomb incroyable «que l'humanité est montrée nue pour exprimer sa pauvreté radicale et qu'il est inclus dans la peinture parce qu'il a besoin de la rédemption autant que quiconque»!!! 

    D'EX-MEMBRES DE L'ACADÉMIE PONTIFICALE POUR LA VIE PRÉOCCUPÉS PAR SON COURS ACTUEL

    Un certain nombre de questions ont été soulevées à propos des actions de l'archevêque Vincenzo Paglia, que le pape François a nommé président de l'académie en août dernier.

    Edward Pentin, 
    www.ncregister.com (6 juin 2017)
    Traduction de "Benoît-et-moi" :

    * * *

    Dans les neuf mois écoulés depuis que le pape François l'a nommé président de l'Académie pontificale pour la vie, l'archevêque Vincenzo Paglia a apporté des changements importants mais controversés à l'institution.
    En novembre, le prélat italien a mis en place de nouveaux statuts qui non seulement ont mis un terme sommaire au mandat de 172 membres de l'académie (dont certains susceptibles de renouvellement), mais a également supprimé l'obligation pour les nouveaux membres de signer une déclaration promettant de défendre la vie en conformité avec le magistère de l'Église.

    L'académie pontificale, fondée par le pape saint Jean-Paul II et le professeur Jérôme Lejeune en 1994, est consacrée à la promotion de l'éthique constante de la vie de l'Église et mène des recherches sur la bioéthique et la théologie morale catholique. Au fil des années, elle a promu et développé l'enseignement de l'Église dans divers domaines de l'éthique médicale, y compris la procréation, la fécondation in vitro, la thérapie génique, l'euthanasie et l'avortement.

    Dans une interview du 19 mai à NCR, l'archevêque Paglia a vigoureusement défendu ses actions, exhortant ses détracteurs à lire ce qu'il a dit et écrit en défense de la vie, du mariage et de la famille, en particulier ses récentes conférences données aux États-Unis.

    Il a également souligné que sa nomination a eu lieu «dans le cadre de la réorganisation générale de la Curie romaine par le Saint Père» et qu'il a dû faire des ajustements logistiques à l'académie pour coopérer étroitement avec les organismes Curiaux, en particulier le nouveau Dicastère pour les Laïcs, la Famille et la vie.

    Mais ses actes à la tête de l'Académie pontificale pour la vie, et avant sa nomination de l'année dernière, ont suscité de vives inquiétudes parmi plusieurs de ses anciens membres.

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  • Le prochain pape pourra-t-il se démarquer de la ligne du pontificat actuel ?

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    De Sandro Magister sur son blog "Settimo Cielo" :

    Comment François prépare la place pour son successeur

    François n'a aucun désir de passer dans l'histoire comme un pape "de transition". Ce qu'il fait, il veut que cela dure après son départ. Et pour en être certain, il institutionnalise les choses qui lui sont les plus chères, il les rend stables, en faisant seul d'avance le tirage de tous les nombres. 

    La Journée Mondiale des Pauvres est une de ses créations, officiellement institutionnalisée il y a quelques semaines.

    L'idée de Jorge Mario Bergoglio selon laquelle l'Église est comme un «hôpital de campagne» se traduira chaque année dès maintenant, en novembre, par une célébration des œuvres de miséricorde pour les affamés, ceux qui sont nus, sans-abris, étrangers, ou en prison.

    Avec le pape, ce pape qui, à Rome, mangera avec des centaines de pauvres, il sera difficile pour un de ses successeurs de ne pas faire de même. Le pape François conduira la répétition générale à Bologne le 1er octobre prochain, où le programme de la visite prévoit déjà qu'à midi, le pape sera "à déjeuner avec les pauvres à la basilique de San Petronio".

    Ensuite, il y a les «Scholas Occurrentes», un réseau d'écoles qui, né à Buenos Aires lorsque Bergoglio était archevêque de cette ville, relie plus de 400 000 instituts dans le monde entier, peu importe qu'ils soient catholiques ou laïcs.

    Il n'y a rien de religieux dans les réunions de ces écoles; les mots et les concepts qui président sont le «dialogue», l'«écoute», la «rencontre», les «ponts», la «paix», l'«intégration». Et en parcourant même les nombreuses communications que François a adressées aux «Scholas», le silence sur le Dieu chrétien, sur Jésus et l'Evangile, est pratiquement sépulcral.

    Mais en dépit de cela, le pape a érigé les «Scholas Occurrentes» en tant que «pieuse fondation» de droit pontifical, accueille leurs conférences mondiales au Vatican et, il y a trois semaines, le 9 juin, a inauguré un bureau pour eux au sein du Palais pontifical, ce qui rendra la tâche plus compliquée pour les déloger dans le futur.

    Le tournant n'est pas de peu d'importance. Pendant des siècles, les écoles de la Société de Jésus ont été le phare de l'éducation catholique. Alors que ces «Scholas» si chères au pape jésuite innovent davantage par de fréquents matchs de football «pour la paix» qu'il parraine avec, à ses côtés, Maradona, Messi ou Ronaldinho, ainsi que par la rencontre bizarre qui s'est déroulée il y a un an sur le ring à Las Vegas - également convoquée par le pape sous la bannière du dialogue - entre un boxeur catholique et un boxeur musulman, et qui ont tous deux été reçus à Sainte Marthe après que le musulman, qui a perdu au classement au sixième round, a pu quitter l'hôpital .

    Dans le domaine politique, la même chose se passe. Il ne se passe pas un an sans que François ne convoque autour de lui une réunion mondiale de ce qu'il appelle les «mouvements populaires».

    Ce réseau de mouvements n'existait pas avant lui, loin de là. C'est une autre de ses inventions. Il en a confié la sélection à un ami syndicaliste argentin, Juan Grabois, qui va les pêcher chaque fois parmi les irréductibles lors de rassemblements historiques anticapitalistes et anti-mondialistes de Seattle et de Porto Alegre, avec l'accompagnement de groupes indigènistes et environnementalistes, avec des invités éminents comme le président bolivien Evo Morales, en qualité de cultivateur de coca, ou l'ancien président de l'Uruguay José "Pepe" Mujica, au passé de guérillero, qui s'est maintenant retiré pour mener une vie frugale dans une ferme.

    Lors de ces rassemblements, José Bergoglio prononce à chaque fois des discours ardents de trente pages et plus, qui constituent la quintessence de sa vision politique générale, qui prend appui sur le peuple vu comme une «catégorie mystique» appelée à racheter le monde.

    Il y a eu quatre convocations jusqu'à présent: la première à Rome en 2014, la seconde en Bolivie en 2015, la troisième à Rome en 2016, la quatrième - à l'échelle régionale - à Modesto aux États-Unis en février dernier, avec le pape les rejoignant cette fois par vidéoconférence. D'autres suivront.

    Mais ce n'est pas tout. A l'intention de son successeur, François a pris encore plus les devants. Ainsi a-t-il congédié tous les membres de l'Académie Pontificale pour la Vie et en a-t-il nommé de nouveaux. Avec la différence qu'auparavant ils étaient totalement unis contre l'avortement, la procréation artificielle et l'euthanasie, mais qu'aujourd'hui il n'en va plus de même, chaque membre de l'Académie pensant à sa manière. Tout cela parce que c'est le dialogue qui doit être placé en premier lieu.

    __________

    Ce commentaire a été publié dans "L'Espresso" no. 26 de 2017, sur les kiosques le 2 juillet, sur la page d'opinion intitulée "Settimo Cielo" confiée à Sandro Magister.

  • La popularité du pape, un écran de fumée qui dissimulerait des réalités moins reluisantes ?

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    D'Olivier Bonnel sur le site de rfi.fr ("Les voix du monde") :

    L’inculpation du cardinal Pell, un mauvais coup pour le pape François

    L’inculpation du cardinal Pell, secrétaire à l’économie du Vatican dans des affaires d’abus sexuels en Australie est une véritable bombe pour le pape François. Le souverain pontife a accordé un congé au cardinal australien pour qu’il puisse se défendre devant la justice de son pays. Cet épisode inédit montre que le pape François entre dans une véritable zone de turbulences et joue une partie de la crédibilité de ses réformes au Vatican.

    Jamais un cardinal aussi haut placé n’avait directement été inculpé dans des affaires de crime sexuel. C’est un véritable coup dur pour le pape François qui avait mis toute sa confiance dans l’Australien, un homme réputé pour sa poigne et qu’il avait fait venir au Vatican en 2014. Pell est le véritable architecte des réformes économiques lancées par le pontife argentin. Il a accéléré notamment les efforts de transparence du IOR, la banque du Vatican, en assainissant les comptes. Le cardinal Pell est rappelons-le aussi un des membres du C9, ce conseil des cardinaux chargé d’aider le pape dans sa réforme de la Curie et qu’il consulte très régulièrement. Avec la mise en congé du cardinal Pell, c’est tout l’édifice de la réforme financière du Vatican qui tremble.

    L’archevêque de Bamako, Jean Zerbo, accusé de fraude fiscale

    La polémique qui concerne l’Eglise malienne avec à sa tête l’archevêque de Bamako, accusé de posséder des comptes en Suisse et d’y avoir déposé 12 millions d’euros, n’améliore pas la situation. Un temps annoncé absent à Rome, Mgr Zerbo a pourtant bien reçu la barrette cardinalice des mains du pape, mais on a senti le Vatican gêné : au dernier moment, Jean Zerbo, qui devait remercier le pape au nom des nouveaux cardinaux a été remplacé par son homologue de Barcelone, comme si on ne souhaitait pas trop le mettre en avant. Le pape a fermé les yeux malgré tout sur ces accusations, préférant honorer un homme reconnu pour son dialogue avec les autres religions.

    Un pape prisonnier de ses réformes

    Beaucoup commencent à se demander si le pape ne serait pas prisonnier de ses propres réformes. Comment ce pape argentin, élu pour réformer l’Eglise et la Curie met-il sa confiance dans des hommes dont la réputation est parfois sulfureuse ? Lui, le pape jésuite, censé savoir discerner, serait-il mal conseillé ? Le pape aurait pu laisser Georges Pell prendre sa retraite à 75 ans, l’an dernier, mais lui a toujours maintenu sa confiance, malgré les accusations déjà anciennes qui pesaient sur lui.

    Une chose étonne : François est populaire à l’extérieur et l’est de moins en moins à l’intérieur, derrière les hauts murs du Vatican. Il prône la tolérance zéro envers les comportements inadmissibles de certains ecclésiastiques et appelle sans cesse à l’exemplarité, mais peine à faire le ménage chez lui.

    Il y a quelques jours, la gendarmerie vaticane a arrêté un haut prélat lors d’une soirée gay où circulait de la drogue, soirée organisée dans un appartement du Vatican à un jet de pierre de la résidence du pape ! Le pape semble impuissant à endiguer ce qui a pourtant poussé son successeur à démissionner. On a parlé du cardinal Pell, on pourrait citer aussi le cardinal Muller, à la tête de la doctrine de la foi, accusé de ne pas coopérer avec la commission de protection des mineurs, ce qui a conduit à la démission de plusieurs de ses membres.

    Quant à Vini Ganimara, il n'hésite pas à évoquer "une stratégie du chaos sur fond de scandales"...

  • Pour le cardinal Turkson, il faut fermer le robinet de l'immigration

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    Lu sur le site de la Libre :

    Vatican: un cardinal souhaite que l'on "ferme le robinet" de l'immigration

    Le cardinal ghanéen Peter Turkson, qui préside un vaste ministère du Vatican, juge souhaitable de "fermer le robinet" de l'immigration en provenance d'Afrique et de se concentrer sur les pays d'origine des migrants, a-t-il expliqué vendredi à des journalistes. Interrogé sur la menace de l'Italie de bloquer l'entrée de ses ports aux bateaux transportant des migrants secourus en Méditerranée faute de solidarité européenne, il a estimé que "le reste de l'Europe ne joue pas son rôle".

    Mais selon le cardinal, "la décision des Italiens est interne à l'Europe" et "on ne peut pas s'occuper de ces questions seulement en Europe".

    "Le grand problème est de traiter cette question à la source par l'angle du développement, faire en sorte que les gens n'arrivent plus ainsi en Europe", souligne le cardinal ghanéen.

    "C'est comme un robinet avec l'eau qui s'écoule: il ne faut pas juste sécher, mais fermer le robinet", tranche-t-il, en jugeant que la grande majorité des pays africains ne sont pas des zones de guerre d'où les populations doivent absolument fuir. "A mon avis, on peut changer les choses, maintenir les jeunes sur place".

    Cette prise de position n'est pas contradictoire avec la notion chrétienne d'agir en "bon samaritain" avec les personnes en difficulté et en souffrance, nuance cependant le cardinal, très favorable à l'initiative de "couloirs humanitaires" pour accueillir des réfugiés, menée par l'organisation catholique Sant'Egidio.

    Le "dicastère" (ministère) du développement humain intégral, présidé par le cardinal Turkson, est né le 1er janvier. Fruit de la fusion de quatre anciens services, il est chargé notamment des questions de justice, de paix, d'environnement, de santé, d'aide humanitaire, mais aussi de migrations. Ce dernier dossier est toutefois sous l'autorité directe du pape François.

     
  • Allemagne, rien de vraiment étonnant : le mariage pour tous voté avec la complicité de députés "conservateurs"

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    La déglingue va bon train sur le vieux continent; l'Allemagne s'apprête à son tour à institutionnaliser le mariage entre personnes du même sexe avec, à la clef, le droit à l'adoption. Qui s'en étonnera vraiment ?

    Lu sur le site du Vif :

    L'Allemagne légalise le mariage pour tous contre l'avis de Merkel

    Le texte, qui établit désormais que "le mariage est conclu à vie par deux personnes de sexe différent ou de même sexe", a été approuvé par une majorité de 393 élus constituée des députés des trois partis de gauche représentés à la chambre basse du Parlement - les sociaux-démocrates, les écologistes et la gauche radicale - rejoints par une partie des députés de la famille conservatrice d'Angela Merkel.

    Parmi les conservateurs, 226 des 310 députés se sont prononcés contre. Angela Merkel a annoncé avoir voté personnellement contre la légalisation du mariage homosexuel. "Pour moi, le mariage est, au vu de notre Constitution, une union entre un homme et une femme, c'est la raison pour laquelle j'ai voté contre la proposition de loi", a indiqué la chancelière à la presse.

    L'Allemagne va ainsi rejoindre les vingt pays occidentaux, dont 13 en Europe, qui ont déjà légalisé le mariage pour tous. Berlin avait adopté en 2001 une union civile offrant des droits équivalents au mariage, sauf pour certains avantages fiscaux et en matière d'adoption.

    Le paradoxe Merkel

    La nouvelle loi, qui doit encore être validée par la chambre haute du Parlement pour entrer en vigueur, sans doute d'ici la fin de l'année, va concrètement octroyer aux couples homosexuels le droit d'adoption. Paradoxalement, c'est la chancelière qui avait ouvert la voie en début de semaine au mariage pour tous, en se disant pour la première fois prête à autoriser ses députés à voter librement sur ce sujet à l'avenir. Mais elle planifiait un vote seulement après les prochaines élections législatives de fin septembre, le temps de mener un débat au sein de son parti, divisé sur la question.

    Elle a été en fin de compte prise de vitesse par son partenaire minoritaire au sein de la coalition gouvernementale, le parti social-démocrate. Ce dernier a imposé un vote quelques jours plus tard en s'alliant avec les deux autres partis de gauche à la chambre des députés, membres eux de l'opposition.

    Cette décision du SPD, qui y a vu un moyen de se relancer dans la campagne électorale contre Angela Merkel alors qu'il est à la traîne dans les sondages, a provoqué une crise gouvernementale. L'opinion allemande est largement favorable au mariage gay (près de 75% des Allemands sont pour, et plus de 73% des électeurs de Mme Merkel, selon un sondage récent), mais la volte-face de la chancelière en début de semaine a des raisons surtout politiques.

    "Valeurs conservatrices"

    Ses partenaires de coalition potentiels après les législatives, à gauche comme à droite, ont fait de l'autorisation un préalable à toute alliance. Et pour la chancelière, même si elle s'y oppose personnellement, une adoption à trois mois des élections lui permet de couper l'herbe sous le pied de ses rivaux sociaux-démocrates en les privant dans la dernière ligne droite d'un argument de campagne.

    Il reste que le calendrier accéléré imposé par le SPD la place en position délicate vis-à-vis de l'aile la plus traditionaliste de sa famille politique, qui se sent brusquée. Une nette majorité de son camp a voté contre le mariage homosexuel. Pour le quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung, la CDU, la formation de Mme Merkel, "semble vouloir jeter par dessus bord toutes les valeurs conservatrices afin de coller à l'époque" et n'a plus rien d'un "parti conservateur".

    Quant à l'épiscopat allemand, il déplore que "le concept de mariage soit dissous et que la conception chrétienne du mariage s’éloigne encore un peu plus de celle de l’État..." (lire ICI)

  • Pour Simone Veil, il n'y avait aucun "droit à l'avortement"

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    Comme le rappelait Pascal Bories sur le Huffingtonpost.fr du 1er décembre 2014 :

    Pour Simone Veil, il n'y a "aucun droit à l'avortement" 

    Le 26 novembre (2014), l'Assemblée Nationale votait une "résolution réaffirmant le droit fondamental à l'interruption volontaire de grossesse en France et en Europe". Adopté à l'unanimité moins sept voix, ce texte symbolique prétendait célébrer solennellement les 40 ans de l'adoption de la loi Veil de 1974. Le Monde titrait "Le droit à l'avortement a 40 ans", Libération "La bataille de Simone Veil pour le droit à l'avortement" et Madame Figaro "Le droit à l'avortement menacé en Europe"...

    Problème: la malheureuse Simone Veil n'étant plus en âge de le faire, personne ou presque n'a fait remarquer qu'il s'agissait au contraire d'enterrer définitivement sa loi, et que tous ces titres relevaient d'un révisionnisme éhonté. A l'occasion de son propre discours devant l'Assemblée le 26 novembre 1974, celle qui était à l'époque ministre de la Santé avait exposé on ne peut plus clairement l'esprit de sa loi: "Si elle n'interdit plus, elle ne crée aucun droit à l'avortement."

    Le Monde, Libération ou Madame Figaro ont donc tout faux: Aucun droit à l'avortement n'a jamais été proclamé en France. Pas plus qu'en Europe, puisque la Commission de Strasbourg réaffirmait à l'inverse le 10 décembre dernier que l'IVG ne saurait être un "droit". En 1974 déjà, Simone Veil affirmait la nécessité de ne pas confondre l'avortement, "que la société tolère mais qu'elle ne saurait ni prendre en charge ni encourager", avec la contraception.

    Son discours était limpide: "L'avortement doit rester l'exception, l'ultime recours pour des situations sans issue." Et sa loi ne devait s'appliquer que pour une durée limitée à cinq ans, le temps de trouver de meilleures solutions. Concernant la génération politique de ses successeurs, la ministre de la Santé déclarait: "Sachons lui faire confiance pour conserver à la vie sa valeur suprême." Elle ne doutait pas qu'ils agiraient de façon responsable.

    En attendant, la loi Veil "interdit l'incitation à l'avortement par quelque moyen que ce soit car cette incitation reste inadmissible". Et ce, pour une raison évidente: "C'est toujours un drame et cela restera toujours un drame. C'est pourquoi, si le projet qui vous est présenté tient compte de la situation de fait existante, s'il admet la possibilité d'une interruption de grossesse, c'est pour la contrôler et, autant que possible, en dissuader la femme." Ainsi parlait madame Veil il y a 40 ans.

    "Qui est pour l'avortement? Personne. Il faudrait être fou pour être favorable à l'avortement", écrivait quant à lui Pier Paolo Pasolini dans ses Lettres luthériennes. "Eh bien moi, ajoutait-il, je me suis prononcé contre l'avortement et pour sa légalisation". Exactement comme Simone Veil, lorsqu'elle confiait: "Personne ne peut éprouver une satisfaction profonde à défendre un tel texte." Car enfin: "Personne n'a jamais contesté, et le ministre de la Santé moins que quiconque, que l'avortement soit un échec quand il n'est pas un drame."

    Alors qu'elle jugeait inconcevable d'en tirer une quelconque fierté, c'est lui faire la pire injure aujourd'hui que de falsifier ainsi le sens de la loi qui porte son nom, pour la travestir en un "droit fondamental" aberrant: celui de recourir encore et encore à ce qu'elle a toujours considéré comme une tragédie, et de prolonger indéfiniment ce qu'elle espérait n'être qu'une solution d'exception, faute de mieux. Non seulement madame Veil n'a pas mérité ça, mais elle aurait mérité qu'un peu plus de sept voix défendent son réel combat.

  • Le Saint-Siège reproche au Dispositif Médical d'Urgence de l'ONU de faciliter l'avortement

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