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Justice - Page 90

  • Déchaînements de violence : la presse et les politiciens en défaut

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    Les violences et les outrances que l'on a pu constater lors de la libération de Michelle Martin, et auxquelles on a encore assisté hier lors d'une manifestation à Malonne, mettent en évidence un climat malsain dans lequel la presse et les polticiens ont une large part de responsabilité. C'est un sentiment - que nous partageons - avec Marcel Sel : 

    "Marcel Sel a observé la manière dont les médias ont traité la libération de Michelle Martin. Selon lui, la classe politique qui n'a pas pris la distance nécessaire avec ce sujet de société ou les médias qui ont parfois endossé le rôle de catalyseur de l'émotion, ont, lors du traitement de cette affaire, surtout tiré la couverture médiatique vers eux.

    « Au niveau politique, on a été oblitéré par des discours de réponse à l'émotion. Les hommes politiques ont fait mine de répondre à une question mais en fait ils n'ont fait que brouiller les cartes, » estime Marcel Sel. Alors que les communales se profilent à l'horizon, les partis n'ont pas pris la peine de se mouiller en expliquant les choses calmement. « Il y a eu une sorte de pensée unique par peur de perdre des voix. » (...)

    Les médias ont parfois perdu leur rôle d'observateur intelligent pour rentrer de plain-pied dans l'émotion laissant la raison sur le bas-côté. «Les éditos, très importants selon moi, devraient être la morale de l'info du jour. Un commentaire intelligent qui permet d'expliquer les choses de façon sincère, honnête et précise. »"

    Lire ici : "l'émotion a malmené la raison"

  • Rimsha Masih, victime de la mafia ?

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    PAKISTAN : une organisation mafieuse exploite le cas de Rimsha (source Fides (en italien)

    « Les accusations portées contre Rimsha Masih sont complètement fausses et astucieusement construites;  derrière son cas, il y a une mafia de la terre. Des criminels sans scrupules ont l'intention d'enlever la terre aux chrétiens et de les chasser de Mehrabadi, une banlieue d'Islamabad où vit la famille de Rimsha. Pour cette raison, ils ont fabriqué de toutes pièces cette histoire, en prenant pour cible un enfant innocent ». C'est ce que déclare à Fides le Frère Francis Nadeem, frère capucin de Lahore, coordonnateur du « Conseil National pour le dialogue interreligieux ». Grâce à son travail dans le domaine du dialogue, le frère franciscain, entretient de bonnes amitiés dans le monde musulman, ce qui lui donne accès à de telles informations délicates. Par conséquent, le cas de Rimsha, serait exemplaire de la façon dont la loi sur le blasphème est manipulée et utilisée en ciblant des innocents.
    Selon le religieux, « les policiers n'avaient pas à enregistrer une plainte contre Rimsha, étant donné qu'elle est mineure et que l'islam établit une procédure différente dans le cas des enfants, comme l'ont expliqué les dirigeants musulmans » (voir Fides 30/08/2012). 

  • "Le droit à un enfant sain"

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    Gènéthique.org recense une analyse relative à un récent arrêt de la Cour Européenne des Droits de l'Homme à propos du diagnostic préimplantatoire (DPI) :

    CEDH : "Le droit à un enfant sain" via le diagnostic préimplantatoire suscite des incertitudes

    Dans La Revue des Droits de l’Homme, Nicolas Hervieu, Juriste en droit public et droit européen des droits de l’homme, analyse l’arrêt rendu par la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), le 28 août dernier (Cf Synthèse de presse Gènéthique du 30 août 2012).

    Pour rappel, la CEDH "a jugé contraire au droit au respect de la vie privée et familiale l’impossibilité pour un couple de réaliser un diagnostic génétique préimplantatoire afin d’éviter la naissance d’un enfant atteint de la mucoviscidose". Par cet arrêt, une véritable question de bioéthique est soulevée : "l’accès à un diagnostic génétique préimplantatoire".

    Examinant l’affaire au fond, "la Cour décide de concentrer son analyse sur le seul terrain du droit au respect de la vie privée et familiale " (article 8 de la Convention européenne des droits de l’homme), déterminant ainsi que "les prétentions des requérants entraient bien dans le champ de compétence européen", la Cour ayant toujours apprécié de manière large la notion de "vie privée" telle que visée par cet article 8.

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  • Eric de Beukelaer sur RCF à propos de Michelle Martin

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    Le curé de l'Unité pastorale "St Lambert au coeur de Liège" et Doyen de Liège Rive-gauche s'exprime (le 29 août 2012) sur la question de Michelle Martin.

  • Du « Point » sur l’affaire Martin

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    Pour à la fois défendre les clarisses et dire leur soutien aux familles de victimes les évêques de Belgique se sont exprimés par la voix de leur porte-parole, le père jésuite Tommy Scholtès, dans les termes prophétiques que voici : les évêques assurent "comprendre la douleur des parents des victimes et des victimes elles-mêmes". Le communiqué ajoute:  "Ils ont pris connaissance de l’arrêt de la Cour de Cassation et ils respectent cette décision. Suite à une demande de la Justice, les Clarisses ont accepté l’accueil d’une personne remise en libération conditionnelle qui souhaite se reconstruire".

    Quand un athée proclamé vole au secours des Clarisses dans l’hebdomadaire « Le Point »,  cela donne ceci (extraits) :

    Charité chrétienne

    (…) Entre les déplorables carences de la justice belge et la grandeur morale des parents des petites martyres, il reste encore à comprendre - et je peux dire là, en âme et conscience, justifier - ce qui motive, en toute logique, les soeurs du couvent des Clarisses de Malonne, paisible bourgade située non loin de la ville de Namur, à accueillir aussi généreusement, peut-être à leurs risques et périls, une Michelle Martin, la femme la plus honnie du royaume, qui, sans leur providentiel secours, ne saurait où aller ni à quel saint (c'est le cas de le dire) se vouer, risquant même de se faire lyncher par une foule assoiffée de vengeance, à partir du moment où, soudain livrée ainsi à la rue, cette libération met sa vie, paradoxalement, en danger.

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  • Affaire Martin: “je suis leur chef, donc je les suis”

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    pict_441948.gifLe 28 août, la justice belge a confirmé la décision de libérer l'ex-femme et complice de Marc Dutroux. Le soir même, elle est arrivée, sous les injures du public, au couvent des clarisses à Malonne près de Namur, où elle fera sa réinsertion sociale.

    Selon l’agence Belga, relayée par « La Libre » , tous les éditorialistes des journaux flamands  « expriment leur compassion pour le combat difficile qu'ont mené les proches des victimes de Marc Dutroux..

    Ils ont par contre la dent dure contre le "populisme" qui a prévalu ces derniers jours dans la sphère politique. "Il est amer de voir à quel point le monde politique ne se comporte pas de manière adulte par rapport aux décisions de son propre appareil judiciaire", juge De Morgen, qui qualifie le populisme de "dangereux".

    "Au lieu d'aller affronter la tempête et expliquer l'affaire Martin à la population, les hommes politiques n'en ont que pour 'l'adaptation de la loi', de sorte que 'ce type de monstres' ne puisse plus être libéré."

    Le Standaard qualifie également d'"indigne" ce "surf sur les vagues de l'émotion populaire". "Le cas de Michelle Martin montre que seul l'instrument imparfait qu'est la Justice nous sépare de l'arbitraire et de la vengeance pure et simple. Pour maintenir ce mince mur de séparation, nous devons accepter des jours comme ceux-ci. Aussi dur que ce soit."

    La Gazet van Antwerpen fustige aussi la tendance à suivre l'opinion publique de nombreux hommes politiques, même si le journal appelle à l'action. "Ils (les hommes politiques) feraient mieux de prendre collectivement leurs responsabilités et d'adapter la loi Lejeune, de telle sorte qu'aucun cas Martin-bis ne soit possible."

    Het Nieuwsblad n'est pas tendre avec la Justice. "Il y a seize ans, la Justice a montré un visage inhumain et une imperméabilité au monde qui frisait l'incompétence. Il faut se demander si cela s'est amélioré en profondeur." Le journal pointe surtout le manque de préparation et d'accompagnement des victimes. Mais il insiste aussi sur l'importance de l'Etat de droit et s'en prend à l'attitude inconséquente de certains hommes politiques.

    Enfin, De Standaard et Het Laatste Nieuws prennent encore la défense des Clarisses. "Les soeurs suivent le cheminement chrétien qu'elles ont choisi. Elles offrent une porte de sortie à quelqu'un qui n'avait nulle part ailleurs où aller, à une femme avec un passé mais pas d'avenir", juge Het Laatste Nieuws. "Elles méritent pour cela compréhension et respect, pas des menaces. Si des nonnes sont menacées dans un lieu de paix, où va le monde ?"

    Ici : Michelle Martin: les journaux flamands critiquent le "populisme" des politiques  

  • Un évêque face à la meute

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    Monseigneur Jousten, évêque de Liège, a expliqué que les clarisses transmettaient un “vrai témoignage chrétien” par leur bonne volonté à accueillir Michelle Martin dans leur couvent. "Un être humain reste un être humain", a ajouté Mgr. Jousten." C'était sur les ondes de la BRF. (source)

    Si la justice belge, qui ne fait qu'appliquer la loi mise en place par les élus de la nation, permet à Michelle Martin de retrouver la liberté, ni vous, ni nous, ni l'Eglise, ni qui que ce soit, n'y pouvons rien. On peut discuter de l'existence et du bien-fondé de telles lois mais le fait est qu'elles existent et que les juges doivent bien s'y conformer. A partir du moment où cette personne, coupable de faits extrêmement graves - que personne ne cherche à nier -, se retrouve en liberté, peut-on reprocher aux soeurs clarisses de lui offrir un gîte? Que voudrait-on? Qu'elle aille loger sous un pont? Il faut rester sérieux. Que ce soient des femmes consacrées à Dieu, dans la prière et le silence, qui s'en chargent ne nous paraît nullement scandaleux. N'est-ce pas aux chrétiens qu'il incombe de témoigner de la miséricorde et de la foi en la Rédemption? N'est-il pas conforme au message de la Bible de croire que le pécheur ne doit pas être identifié à sa faute? Mais il ne s'agit pas d'une logique accessible à des gens qui préféreraient se livrer à un lynchage pour assouvir leur appétit de vengeance et leur désir de faire justice eux-mêmes.

    Il faut donc être courageux pour oser s'exprimer publiquement à ce sujet comme l'a fait Mgr Jousten. Cela nous paraît plus judicieux que de se retrancher dans un discours frileux tenu récemment par un autre prélat belge qui semblait plutôt ouvrir son parapluie en se démarquant de la décision prise par les soeurs de Malonne.

    Si l'on se rend sur le site de Sud Info.be qui publie l'information, et si on a le courage d'y lire les commentaires déposés par les lecteurs en dessous de l'article, on pourra se faire une idée des sentiments qui animent une part importante de la population. L'appétit de vengeance, la haine, la calomnie, l'incitation à la violence, s'y étalent sans aucune pudeur. Les soeurs, l'Eglise, y sont désignées à la vindicte populaire et accusées de collusion avec les crimes commis par la complice de Dutroux. Les faiseurs d'opinion qui ont  si généreusement semé le vent en exploitant à l'envi les abus sexuels commis par des ecclésiatiques peuvent se féliciter à présent de récolter la tempête qui se déchaîne contre les religieuses, contre l'évêque qui leur apporte son soutien, et contre l'Eglise toute entière. Ces pauvres soeurs clarisses deviennent le bouc émissaire idéal permettant à une foule déchainée de se décerner à bon marché des brevets d'innocence en poussant des cris de haine que l'on confond hypocritement avec de l'indignation altruiste.

    C'est ainsi que, il y a deux mille ans, fut conduit au Golgotha un homme qui avait déçu les espoirs d'un peuple rêvant d'un messie conforme à ses attentes. Et quel scandale de voir ce condamné mettre à profit son dernier souffle de vie pour accueillir un criminel crucifié à ses côtés!

  • Retour sur l'incarcération d'une gamine accusée de blasphème au Pakistan

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    C'est l'excellente chroniqueuse des Matinales chrétiennes de La Vie qui revient sur ces évènements pathétiques qui mettent en évidence la situation critique des chrétiens pakistanais victimes du fanatisme de leurs concitoyens islamistes :

    PAKISTAN: L'ACCUSATEUR DE RIMSHA PERSISTE ET SIGNE
    "C'est une fille normale, elle n'a pas de problème de santé mentale. Elle savait ce qu'elle faisait, c'est un geste délibéré pas une erreur... elle n'est pas innocente". C'est ce qu'affirme l'imam de la mosquée voisine de la jeune fille arrêtée pour avoir prétendument brûlé des pages d'un manuel coranique et qui reste la peine de mort ou la prison à vie. Hafiz Mohamed Khalid Chishti confirme par ailleurs que cette affaire s'inscrit dans un contexte de tensions avec les chrétiens à cause des cantiques que l'on entendrait trop fort dans le quartier: "Ces chrétiens nous ont provoqués au cours des derniers mois. Ils n'ont pas cessé leur musique malgré nos nombreux avertissement. Ils ont commis ce crime (le supposé autodafé du livre) afin de nous provoquer encore davantage. Tout ça est arrivé parce que nous n'avons pas mis fin plus tôt à leurs activités anti-musulmanes".
    > Il est très difficile d'en savoir plus sur cette affaire. L'imam dément que la fillette soit atteinte du syndrome de Dawn, ce que certains de ses défenseurs assurent. Le cardinal Jean-Louis Tauran, responsable au Vatican du dialogue interreligieux, insiste sur le seul fait que la jeune fille ne sait "ni lire ni écrire, recueillait les immondices pour vivre, et a ramassé des fragments de ce livre qui se trouvait au milieu des immondices"; que donc elle ne peut être tenue pour responsable d'un acte dont elle ne pouvait imaginer les conséquences. Mais rien sur son état mental. Les avocats de la jeune fille, eux, ont réclamé une expertise médicale pour déterminer son âge: en effet, le procès-verbal policier établit que la jeune fille a 16 ans, ce que la famille et la communauté chrétienne récusent. Mais la chose est extrêmement importante: les conséquences pénales que l'on ait 11 ou 16 ans ne sont pas du tout les mêmes, ni la perception qu'elle a de son propre acte.
    > Comme très souvent au Pakistan dans ces affaires ultrasensibles entre chrétiens et muslmans, l'opacité règne du côté des pouvoirs publics. Les avocats se plaignent de ne pas avoir accès aux procès verbaux, malgré la loi qui les y autorise; de même, selon le porte-parole du All Pakistan Minorities Alliance, ils éprouveraient de grandes difficultés à pouvoir rencontrer leur cliente, et ont fait appel aux autorités du Penjab pour qu'elles interviennent - sans succès pour l'instant. Quant à l'expertise médico-légale qui sera pratiquée, il ne faut guère en attendre des miracles: on se souvient qu'en 2010, Shaziah Shaheen, une jeune chrétienne violée et torturée à mort par son employeur musulman, avait fait l'objet d'une autopsie ayant conclu à une mort accidentelle, alors que son corps était atrocement marqué.
    La presse pakistanaise anglophone rapporte que Rimsha a pu être visitée par un militant chrétien des droits des minorités, Xavier William. Ce dernier décrit la jeune fille comme "traumatisée", et évoque dans les termes suivants la façon dont il a établi un contact avec elle: "Elle a été agressée (par la foule en colère avant son arrestation, NDLR) et est en très mauvais état. Elle a des ecchymoses sur le visage et sur les mains. Elle est à l'isolement à la prison Adiala pour sa sécurité. Elle ne voulait pas établir de contact visuel avec moi. Elle n'a rien dit. Elle n'a pas répondu à mes questions".

    Ici : MATINALE; Pakistan: Rimsha, le symbole sans visage

  • Pussy Riot : retour sur un procès exemplaire

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    Excellente analyse de Michel Segal découverte (via Benoît-et-moi) sur un blog à recommander :

    Le procès des Pussy Riott soulève de vraies questions de civilisation et il est extrêmement décevant que cette histoire russe n’ait pas été l’occasion d’en débattre. Tout d’abord, il faut rappeler que c’est l’église et non l’état qui portait plainte contre les Pussy Riott car, contrairement à ce que semblent suggérer les commentaires, le délit commis par le trio est à l’encontre de l’église et non de Poutine. On ne leur reproche pas de chanter contre Poutine mais d’avoir profané une cathédrale. Il faut dire également que le mot russe hooligan signifie voyou, et hooliganisme peut être traduit par "trouble à l’ordre public" ou encore par « vandalisme », mais certainement pas par son homonyme français qui n’a, en l’espèce, aucun sens. Pourtant, c’est ce qu’ont fait sans honte tous les journaux. Il faut donc croire que pas un seul des journalistes n’a fait un travail minimum : traduire le chef d’accusation. Beaucoup de commentateurs se sont enthousiasmés de l’aubaine et se sont précipités pour tout mélanger et crier à la répression, trouvant là une nouvelle occasion d’exprimer leur haine de Poutine. Et les mêmes moralistes demanderont bientôt les punitions les plus sévères contre ceux qui, en France, déposent des têtes de porc dans les mosquées. Or, il s’agit des mêmes questions : celle de l’existence du sacré dans nos sociétés occidentales d’une part, et de sa protection par l’état d’autre part.

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  • La conscience personnelle: dernier juge en matière de morale ?

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    Dans le récent numéro (juin 2012) des Pastoralia de l’archidiocèse de Malines-Bruxelles, Mgr Léonard rappelle sous quelles conditions la conscience personnelle est la norme du comportement moral des personnes. Son propos est reproduit sur le site didoc.be le samedi 18 août : 

    La loi morale, fondée ultimement en Dieu et reconnue activement par notre raison, doit toujours être mise en œuvre par notre engagement libre. Nous ne sommes pas que raison pure. Nous sommes aussi une liberté unique. Entre la voix de la raison en moi et ma conscience individuelle il y a donc une distance que doit combler mon jugement « pratique » (orienté vers l’action), guidé par la vertu de prudence ou de discernement : « Moi, concrètement, je dois, en telle situation, faire ceci et éviter cela ». Ainsi comprise, la conscience personnelle est la norme subjective de la moralité de nos actes, c’est-à-dire la norme morale telle qu’elle retentit dans la conscience unique de chacun. En effet, aussi objective soit-elle, la valeur morale ne peut s’adresser à moi et m’obliger qu’en passant à travers les évidences et les opacités de ma conscience personnelle. C’est forcément tel que je le perçois que le bien objectif m’interpelle. En ce sens, la norme subjective de la moralité est la règle ultime de la vie morale. À tel point que si, de bonne foi et sans faute de ma part, je me trompe dans mon jugement moral, j’agis moralement bien alors même que je pose un acte objectivement répréhensible.

    Dire que j’agis bien quand j’agis conformément à ma perception du bien ou, en d’autres termes, reconnaître que la raison pratique ne m’oblige qu’à travers le prisme de ma conscience personnelle pourrait sembler conduire au subjectivisme et nous conduire aux impasses d’une pure morale de la sincérité. Il n’en est rien. Ma conscience est, certes, la norme subjective ultime de ma vie morale, mais à la condition expresse que je cherche honnêtement à rejoindre les exigences objectives de la loi naturelle. Agir autrement reviendrait à considérer que le sujet est l’auteur même de la valeur morale. Or ma conscience est bien le juge qui apprécie en dernière instance la valeur, mais elle n’est pas pour autant son fondement ! Un peu comme en droit un juge apprécie, en dernière analyse, le comportement d’un prévenu, mais sans être la source du code qui inspire son jugement.

    Pour être dans la vérité (et pas seulement dans la sincérité) et faire effectivement le bien, je dois donc éclairer ma conscience et l’éduquer afin que mon jugement personnel se rapproche autant que possible du jugement idéal de la raison droite, se soumette ainsi à la loi morale et, de la sorte, se conforme à la volonté de Dieu. Comme chrétiens, nous aurons donc à nous laisser éclairer non seulement par notre réflexion, mais encore par l’enseignement de Jésus, du Nouveau Testament et de l’Église. À cette condition seulement, je puis dire que j’agis bien si je me décide à l’action selon ma conscience.

    Pour le dire autrement, le sujet ne mesure la valeur morale à mettre en œuvre par sa liberté qu’en se laissant d’abord mesurer par elle. Il est son ultime juge, mais non son auteur. De ce point de vue, j’ai toujours trouvé légère l’attitude des Conférences épiscopales qui, après la parution de l’encyclique Humanae Vitae, ont laissé entendre que chacun pouvait agir selon sa conscience (y compris contre l’appel lancé par Paul VI) à la condition d’être bien informé sur la question et, sur base de cette compétence, de s’être forgé une opinion contraire. Mais, en morale, il ne s’agit jamais seulement d’être bien « informé », mais de se laisser « former » par la Parole de Dieu et par le Magistère de l’Église.

     Voir ici :    La conscience personnelle: dernier juge en matière morale?

  • Scènes de chasse en Wallonie

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    belgique-dutroux-nonnes.jpgLu sur le site du « Nouvel Observateur »

    « En Wallonie profonde, une petite communauté de religieuses a offert une deuxième chance à la complice de Marc Dutroux (le tueur en série pédophile), condamnée à trente ans de prison pour complicité d’enlèvement d’enfants et promise à une libération sous conditions à la fin du mois. Depuis, leur vie est un enfer.

    La scène dure sept secondes très exactement. Sept secondes au milieu d’un déluge de vociférations. Le 31 juillet, à 19h30, le JT de la RTBF consacre son édition spéciale à la libération conditionnelle de Michelle Martin, qui vient d’être rendue publique.

    L’émoi est énorme. Sur le plateau, un ancien président de tribunal de première Iistance, Christian Panier, tient le rôle du pédagogue venu expliquer la décision du tribunal d’application des peines aux téléspectateurs. Entre deux questions, il glisse :

    « Pour ma part, je trouve extrêmement touchant, dans les circonstances actuelles, de voir ces vieilles religieuses prêtes à accueillir madame Martin. »

    Sept secondes. Ce fut une des rares, sinon la seule, marque de sympathie à l’égard des onze sœurs clarisses, qui ont plongé la tête la première dans une tourmente médiatico-judiciaire sans fin. Ce dimanche après-midi, une manifestation organisée à Bruxelles par le père d’une victime de Marc Dutroux a encore rassemblé quelque 5000 personnes.

    La une de Sud presse du 1er août 2012 

    La petite communauté des clarisses de Malonne, qui vit retirée dans la campagne namuroise selon les vœux de contemplation et de pauvreté propres à la congrégation, a été brutalement tirée de son existence discrète : dès le lendemain de l’annonce, Sudpresse, le quotidien le plus lu en Belgique francophone, publie à la une la photo des sœurs, extraite d’un site catholique. Le titre :

    « Voici les nouvelles amies de Michelle Martin. »

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  • Justice américaine: non, les clercs pédophiles ne sont pas les employés du Vatican

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    Lu ce jour sur le site de “La Vie”:

    “Soulagement au Vatican: dans l'Oregon, un juge fédéral a estimé que les prêtres catholiques ne pouvaient être considérés comme des employés du Vatican. Ce qui ferme la porte pour l'instant aux poursuites visant le Saint-Siège dans les affaires de pédophilie impliquant des clercs.

    Le père Andrew Ronan, prêtre irlandais de l'ordre des Servites de Marie, est accusé d'avoir abusé d'un jeune garçon en 1965 aux Etats-Unis. L'enquête aura mis en évidence que les supérieurs du prêtre étaient au courant des premiers abuscommis en Irlande, et qu'ils se sont contentés de le déplacer, à Chicago, puis à Benburg (Irlande) et enfin à Portland, sans que les responsables américains de l'ordre ni les évêques des diocèses concernés ne soient mis au courant des agissements du clerc. Résultat: une quinzaine de victimes. Le Vatican, lui, ne sera au courant que lorsque le père Ronan demandera à être relevé de l'état sacerdotal, en février 1966.

    Pour la victime qui a lancé l'affaire, la mort de son agresseur - et l'absence de procès qui s'ensuit - est inacceptable. Cet anonyme de l'Oregon engage donc l'avocat Jeff Anderson, l'avocat-star des victimes de pédophilie par le clergé aux Etats-Unis, et porte plainte contre le Vatican, en tant qu'employeur - et donc responsable - du père Ronan en 2002. Pour lui, Rome est responsable de l'inaction des supérieurs directs du prêtre.

    Le verdict est donc tombé lundi. Le Juge Michael Osman, de la Cour fédérale de district de Portland, a donc dû répondre à trois questions: le Vatican était-il l'employeur, au sens du droit du travail, du père Ronan? A-t-il eu un rôle dans les transferts successifs du prêtre? Et était-il au courant que le père Ronan abusait de jeunes garçons? A toutes ces questions, le juge a répondu non. Le Vatican ne payait pas le salaire du prêtre, et n'était donc pas son employeur. Il s'est basé pour le reste sur le dossier concernant le prêtre conservé à l'archidiocèse de Portland et consultable ici, qui démontre que l'archidiocèse, mis au courant en 1966, a engagé immédiatement une procédure auprès de l'ordre des Servites de Marie et auprès de la Congrégation pour la doctrine de la Foi afin que le père Ronan soit relevé de l'état clérical: en tout, cinq semaines entre la demande de l'archevêque et le départ du prêtre de sa congrégation.

    Ce verdict est une victoire judiciaire non-négligeable pour le Vatican. D'abord parce que c'est une jugement fédéral, c'est-à-dire qu'il est valable non seulement dans l'Oregon, mais pour tout le territoire des Etats-Unis. Ensuite, parce qu'un verdict accréditant l'idée que le Vatican est bien l'employeur de tous les prêtres et religieux du monde aurait ouvert la voie à des demandes d'indemnisation à Rome non seulement dans les cas d'abus sexuels, mais dans une foule d'autres circonstances. L'avocat du plaignant, Jeff Anderson, a annoncé son intention de faire appel, tout en reconnaissant que l'affaire serait très difficile à gagner.

    Voir ici  Pédophilie: la justice américaine épargne le Vatican

    Rappelons qu’en Belgique, il est de jurisprudence constante qu’un membre du clergé n’est pas, vis à vis de son évêque ou du supérieur de sa congrégation, dans un lien de subordination tel que, de ce simple fait, puisse s’appliquer à ceux-ci la présomption irréfragable de défaut de surveillance et de précaution que le code civil impute aux “maîtres et commettants”. A fortiori s’il s’agit des autorités romaines…