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Nativité de Notre-Seigneur – 25 décembre – Messe de Minuit – Le Barroux (1992) et varii auctores
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Nativité de Notre-Seigneur – 25 décembre – Messe de Minuit – Le Barroux (1992) et varii auctores
De sur le site du Figaro Vox :
Plongée au XXIIIe siècle, quand la paille de la crèche de Noël sera interdite pour non-respect des exigences NF X 08-070
Les miracles existent-ils encore ? Si vous lisez ces mots, tracés à la main avec un stylo-plume et de l’encre, sur une véritable feuille de papier, la réponse est oui, un miracle se déroule sous vos yeux. Dans un monde où tout s’efface, votre ancêtre du XXIe siècle est parvenu à vous transmettre une trace tangible, une empreinte presque oubliée du passé.
Ce matin, alors que j’achetais quelques derniers cadeaux de Noël dans un vrai magasin, au milieu d’une foule vivante et bigarrée, pour vos arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-grands-parents, Raphaël et Ambre, une question m’a traversé l’esprit : «Au XXIIIe siècle, vous demanderez-vous encore ce qu’était Noël ?» Je n’ai pas la réponse. Elle me semble incertaine, floue, sans écho… évidemment lointaine. Mais, Noël, voyez-vous, c’était l’hiver. Oui, l’hiver… une saison où il faisait froid, où la neige recouvrait les montagnes d’un silence blanc et feutré. J’imagine bien que ce concept climatique doit vous paraître presque irréel… mais, Noël, depuis des siècles, était une soirée de magie, une parenthèse enchantée où l’on se retrouvait en famille, même recomposée.
Commençons par la crèche, ce cœur battant de la nuit où l’on célébrait la naissance de l’enfant Jésus. Elle sera, sans surprise, la première victime. À mesure que les années passeront, la petite cabane en bois deviendra le point de mire des régulations. Ses matériaux seront jugés non conformes aux normes environnementales Bâtiment & Environnement. Quant à la paille, elle sera bientôt interdite pour non-respect des exigences NF X 08-070.
Menuisier de son état, Joseph incarne depuis la nuit des temps, selon la CLIC, « l’exploitation invisible des ouvriers modestes »
Mais le véritable tournant arrivera à la fin du XXIe siècle, lorsqu’un organisme gouvernemental, la Mission pour l’Éradication des Usages Historiques (MEUH), décrétera que la simple présence de l’âne et du bœuf dans la crèche «relève d’une perpétuation symbolique de conditions d’élevage à la limite de l’esclavagisme.» La M.E.U.H proclamera que ces pauvres figurines en bois ou en résine «perpétuent une vision archaïque où les animaux sont réduits à des rôles de travailleurs forcés ou de décorations passives, sans consentement, bien sûr». Ainsi, sacrifiés bêtement, l’âne et le bœuf disparaîtront, laissant la crèche orpheline de leur présence silencieuse.
Mais j’ai bien peur que tout ne s’arrête pas là. Ces renoncements, accordés sans résistance, ouvriront la voie à des bouleversements plus vastes. Marie, par essence, deviendra LA cible. Sous prétexte qu’elle représente un modèle figé, la Commission Libre d’Agir pour la Quête de l’Égalité (CLAQUE) criera haut et fort que «célébrer une femme uniquement pour son rôle de mère est une vision archaïque et réductrice, incompatible avec les valeurs d’une société inclusive». La CLAQUE soutiendra que «cette représentation inflige un préjudice considérable aux multiples facettes possibles de la féminité » et manifestera pour que Marie soit retirée de la crèche… Son vœu sera exaucé. Simultanément, la Confrérie pour la Liberté et l’Inclusivité Collective (CLIC) exigera le retrait immédiat de Joseph de la crèche pour éviter qu’il ne devienne «le symbole d’une injustice sociale criante». Menuisier de son état, Joseph incarne depuis la nuit des temps, selon la CLIC, «l’exploitation invisible des ouvriers modestes, particulièrement les jours fériés, où leur labeur reste dans l’ombre». Et, les réseaux feront courir ce slogan jusqu’à vous, né de cette époque : «Quand le patronat trinque, les ouvriers triment.»
Et les rois mages ? Ils feront à leur tour les frais d’un combat idéologique sans précédent. Melchior, Balthazar et Gaspard seront pris dans un tourbillon vertigineux. La Défense des Étrangers contre L’Injustice des Représentations Européennes (DELIRE) multipliera les arguments, affirmant que cette «imagerie dépassée véhicule une vision biaisée et une occidentalisation forcée des figures orientales » et qu’en incarnant «des étrangers riches et bienveillants, les rois mages participent à une vision naïve et faussée des migrations modernes.» Face au DELIRE, chacun prendra ses clic(s) et ses claque(s) et… dans un silence assourdissant préférera se taire, de peur d’être stigmatisés ou, pire encore, d’être catalogués comme conservateurs réactionnaires.
Mais quid de l’enfant Jésus ? Là, tout se compliquera. Sous l’œil vigilant de la Haute Autorité pour la Révision des Modèles et des Options Non Inclusives Excluantes (HARMONIE), la question de son identité sera posée avec une gravité presque scientifique. Les débats seront houleux et longs et inversement.
Face à ceux qui pensent que c’est un garçon, s’érigera un NON catégorique. Trop patriarcal, trop classique. On dénoncera la perpétuation des rôles dominants dans une société historiquement inégalitaire. Une fille ? Là encore, ce sera NON. Même si quelques audacieux de la commission citée plus haut voteront oui, célébrer une fille rappellerait des stéréotypes liés à la maternité, déjà effacés avec la disparition de Marie.
Un enfant non-binaire fera presque l’unanimité, mais le concept sera jugé encore trop restrictif : certains exigeant une approche encore plus inclusive, capable de représenter la diversité infinie des identités. Ils batailleront même à n’en plus finir sur un enfant au genre fluide. Cette option jugée moderne et séduisante affrontera rapidement, un problème. Garantir cette fluidité en temps réel nécessiterait un panneau lumineux interactif indiquant : «Aujourd’hui, l’enfant Jésus se sent…» Cette idée complexe et trop coûteuse sera vite abandonnée.
Je ne résiste pas à l’envie d’imaginer la Ligue pour la Fin des Invisibilités (LFI) qui aura une proposition radicale : remplacer l’enfant Jésus par un rayon de lumière éco-responsable, censé incarner une essence pure, débarrassée de toute notion de genre ou d’identité. Ce rayon, certifié neutre en carbone, sera présenté comme l’avenir de Noël. Une idée qui ne fera pas long feu…
Devant l’impasse, les 27 sages de cette haute Autorité proposeront une solution neutre : l’utilisation du pronom universel « iel », censé satisfaire tout le monde. Mais là encore, une nouvelle polémique éclatera : les puristes du langage dénonceront une offense grammaticale, tandis que d’autres exigeront la création d’un pronom inédit, qui ne verra jamais le jour.
Au bout du bout, l’organisme reconnu d’utilité publique expliquera que «la question reste impérativement ouverte et qu’il ne faut surtout pas imposer une identité normative qui risquerait de froisser la sensibilité collective». Dès lors, la décision officielle et irrévocable sera annoncée : ceux qui souhaitent célébrer pourront déposer un carré de tissu blanc en coton bio (33 cm x 33 cm), sur lequel sera inscrit, avec une encre végétale : « Identité en cours de réflexion. »
Quant au dîner de Noël, lui aussi il aura disparu. Foie gras, escargots, huîtres, dinde, saumon fumé… Même la bûche de Noël aura été éliminée
Et c’est ainsi que peu à peu, les symboles disparaîtront, effacés par la lame de fond d’un progressisme trop zélé, laissant la crèche vidée de ses figures historiques et de sa mémoire.
De la crèche au sapin, il n’y a qu’un pas. Coupable lui aussi d’empreinte carbone excessive et de déforestation, il laissera, j’en suis persuadé, au BioSapin HoloV2, un sapin holographique habillé des guirlandes luminescentes biodynamiques et les éco-orbites nano-plasmatiques, alimentées par micro-fusion énergétique neutre en carbone. Quant au dîner de Noël, lui aussi aura disparu. Foie gras, escargots, huîtres, dinde, saumon fumé… Même la bûche de Noël aura été éliminée. Tout aura disparu sous les coups des directives du Groupe de Réflexion sur l’Obésité et le Sucre (GROS). À la place, le GROS aura imposé un repas 100 % végan, bio et locavore, sous réserve de remplir le Formulaire MIAM pour prouver son faible impact carbone.
Mais pour pouvoir organiser cette unique soirée de Noël, il aura fallu s’y prendre de longs mois à l’avance. L’administration toujours plus nombreuse ayant inventé des formulaires. Encore et toujours.
Le Recueil d’Informations Dues pour l’Inscription Cérémonielle à Usage Limité et Encadré (RIDICULE) sera le plus complexe à remplir. Ceci étant le sésame pour évaluer votre impact environnemental et culturel. Il faudra scrupuleusement expliquer qui vient, d’où, pourquoi, jusqu’à quand ? Quel sera le menu… Seule son acceptation vous donnera accès à la Notification Officielle pour la Neutralité et la Surveillance des Événements Non Standardisés (NON-SENS). En signant le NON-SENS, vous vous engagerez à ne rien faire d’original, de spontané ou symbolique lors de votre soirée.
Cette notification devra être transmise en triple exemplaire au Service de Traitement Unifié des Protocoles d’Inscriptions et de Déclarations Exceptionnelles (STUPIDE) avant le 16 décembre. Le STUPIDE, après examen, sera l’ultime service autorisé à valider votre soirée.
Au fil des ans, les soirées de Noël deviendront Kafkaïennes. Et voilà, mes petits, comment Noël, nuit autrefois magique, sera devenue neutre, aseptisée et tellement réglementée qu’elle en aura fini par s’évanouir...
Mais j’ai un espoir. Oui, j’ose espérer qu’à l’heure où vous lisez ces lignes, je me suis trompé et qu’il existe chez vous, un sapin qui sent bon la forêt, une crèche pleine de symboles et une table où l’on se retrouve dans la joie et les rires. Qu’il y a, encore, un peu de magie pour illuminer les yeux et réchauffer les cœurs.
Et ça ce n’est pas un miracle… mais la volonté de vos aïeux d’avoir fait perdurer notre histoire.
Avec tout mon amour.
(*) Le nom de toutes les associations, mouvements et autres organisations mentionnés dans ce texte est totalement imaginaire. Toute ressemblance avec des organismes existants serait pure coïncidence... ou alors le fruit d’une imagination un peu trop inspirée.
O EMMANUEL, rex et legifer noster,
expectatio gentium et salvator earum:
veni ad salvandum nos, Dominus Deus noster.
Ô Emmanuel (Isaïe 7, 14), notre roi et notre législateur (Isaïe 33, 22), espérance et salut des nations (Genèse 49, 10; Jean 4, 42): viens nous sauver, Seigneur notre Dieu (Isaïe 37, 20).
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Quatrième dimanche de l’Avent
Les moniales bénédictines de l’abbaye Notre-Dame d’Argentan dirigées par notre amie Denise Lebon chantaient les cinq pièces de cette messe, isolées pour les choristes. Le disque “Dominus veniet” a paru en 1998.
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Les antiennes O de l'Avent (voir ICI)
22 décembre
O Rex gentium, et desideratus earum, lapisque angularis, qui facis utraque unum : veni, et salva hominem, quem de limo formasti.
O Roi de l’univers, ô Désiré des nations, pierre angulaire qui joint ensemble l’un et l’autre mur : Force de l’homme pétri de limon, viens, Seigneur, viens nous sauver
Les antiennes O de l'Avent (voir ICI)
21 décembre
O Oriens, splendor lucis aeternae, et sol iusticiae : veni, et illumina sedentes in tenebris et umbra mortis.
O Orient, splendeur de la lumière éternelle et soleil de justice : Viens, Seigneur, illuminer ceux qui habitent les ténèbres et l’ombre de la mort
De Marie-Christine Lafon sur le site de Famille Chrétienne :
Saint Dominique de Silos - Père parmi ses frères
"Señor ! Dom Domingo est ici. - Un saint vient à nous, quelle aubaine !" Ferdinand le Grand, roi de Castille et d'Aragon, s'empresse d'accueillir dans son palais celui qu'il considère comme un envoyé de Dieu. Mais ce dernier demande au monarque de se retirer dans un ermitage hors de Burgos, loin des fastes et des honneurs de la Cour. Permission accordée.
En cette fin 1040, qu'est-ce qui amène Domingo chez le roi de Castille où, semble-t-il, sa réputation de sainteté l'a précédé ? L'exil. Parce que l'abbé bénédictin de San Millan (près de Nájera, en Navarre) osa refuser humblement une somme exorbitante au gouverneur pris par les nécessités de la guerre.
Après quelques semaines de vie solitaire, le moine fugitif se voit offrir un abbatiat par son protecteur.
Silos. Au coeur de la Vieille-Castille, entre Burgos et Osma, un site montagneux et austère à plus de 980 mètres d'altitude, où l'air est pur et l'hiver sévère. Le monastère Saint-Sébastien, probablement fondé au VIe siècle et ruiné par les guerres arabes, est quasi abandonné. Lorsque Domingo, la quarantaine, y arrive en janvier 1041, une poignée de moines y végètent tristement. Lorsqu'il y meurt, parmi ses nombreux fils, en décembre 1073, l'abbaye - qui portera désormais son nom - est fervente.
Tout d'abord, l'abbé y rétablit la louange divine jour et nuit. Puis il y ouvre un atelier d'écriture - bientôt très réputé - où les moines copient de magnifiques manuscrits. En outre, le bon père fait libérer quantité d'esclaves détenus chez les Maures : il devient l'un des hommes les plus populaires d'Espagne.
Domingo entrera dans l'Histoire de l'art en faisant ciseler à Silos le joyau le plus original dans son style : un cloître à deux étages dont les colonnes sont surmontées de merveilleux chapiteaux et accompagnées de lumineux bas-reliefs. Dans ce cloître, les pèlerins d'Emmaüs côtoient Jessé, le Déposement de Croix fait écho à la Cène, les rois de l'Ancien Testament tutoient Joseph, le Cénacle voisine avec l'arche de Noé, et l'on met sa main dans le côté du Ressuscité avec l'apôtre Thomas, etc. Un ensemble magnifiquement et évangéliquement orchestré, qui donne une joyeuse catéchèse à Ciel ouvert.
Les antiennes O de l'Avent (voir ICI)
20 décembre
O Clavis David, et sceptrum domus Israël ; qui aperis et nemo claudit ; claudis et nemo aperit : veni et educ vinctum de domo carceris, sedentem in tenebris et umbra mortis.
O Clé de David, ô Sceptre d’Israël, tu ouvres et nul ne fermera, tu fermes et nul n’ouvrira : Viens, Seigneur, et arrache les captifs établis dans les ténèbres et la nuit de la mort.
Les antiennes O de l’Avent (source)
Par Monique Brulin, théologienne, Professeur honoraire à l’ICP
Avec les antiennes des Vêpres qui se chantent au Magnificat dans les sept jours qui précèdent Noël, du 17 au 23 décembre, la liturgie de l’Avent atteint sa plénitude. Ces antiennes, que l’Eglise romaine chantait déjà avec une grande solennité au temps de Charlemagne, commencent toutes par l’interjection O : O Sagesse, O Adonaï et Chef de la maison d’Israël, O Rameau de Jessé, O Clé de David, O Soleil de justice, O Roi des nations, O Emmanuel.
Elles donnent lieu à une forme originale d’énoncé des noms divins inspirés des Saintes Ecritures dans l’admirable articulation du Premier et du Nouveau Testament. Vers l’an 830, Amalaire de Metz faisait remarquer à propos de ces grandes antiennes que les ô marquent l’admiration et introduisent dans l’ordre de la vision et du regard, plus que dans celui de la narration et de l’exhortation (De Ordine Antiphonarii, ch. 13). L’horizon qu’elles laissent apercevoir ouvre sur une dimension eschatologique, celle de la nouvelle venue du Seigneur. Leur Veni est porteur de toute l’espérance actuelle de l’Eglise.
Les fidèles de l’époque baroque seront très sensibles à cette attente vibrante si proche de leur ethos. Comme l’observait un commentateur du XVIIe siècle, ce sont « des exclamations en forme de désir » auxquelles l’âme fidèle doit se disposer et qui prendront tout leur effet à partir « des actes de vertu, de foi, d’espérance, du double amour de Dieu et du prochain ».
« Il n’y a guère de chrétien qui ne se sente touché d’une piété plus particulière dans ces saints jours, et lorsqu’il voit cette union de toute l’Eglise, les ministres de Dieu dans le chœur, les âmes religieuses dans leur solitude ; les laïcs de toute condition et de tout sexe dans les églises ; enfin tous les fidèles occupés d’un même désir, faire retentir les mêmes voix, réitérer si souvent les mêmes prières ; il éprouve en lui-même que son cœur s’attendrit et que les désirs si ardents des âmes saintes, attirent la grâce de Dieu sur les autres, qui les fait aussi désirer comme elles. Le zèle des parfaits en donne aux imparfaits et ces derniers se trouvant heureusement mêlés avec les premiers, ils se sentent échauffés par le feu des autres. » (Les ô de l’Avent selon l’usage de Paris et de Rome avec l’office de Noël, Paris, 2e édition, 1690).
Ces antiennes inspireront bien des musiciens – notamment, Marc-Antoine Charpentier. Elles ont été l’objet, dans l’ancienne France, d’un investissement de piété populaire en des cérémonies où, dans certains villages, on pouvait faire participer les enfants.
Comme le faisait observer Dom Guéranger, « l’instant choisi pour faire entendre cet appel à la charité du Fils de Dieu est l’heure des Vêpres, parce que c’est sur le Soir du monde (vergente mundi vespere) que le Messie et venu. » On chante ces antiennes à Magnificat pour marquer que le Sauveur que nous attendons nous vient par Marie.
O Radix Jesse, qui stas in signum populorum, super quem continebunt reges os suum, quem gentes deprecabuntur : veni ad liberandum nos, jam noli tardare.
O Rameau de Jessé, étendard dressé à la face des nations, les rois sont muets devant toi tandis que les peuples t’appellent : Viens, Seigneur, délivre-nous, ne tarde plus.
Commentaires sur les grandes Antiennes « Ô »
par Dom Guéranger dans « l’Année Liturgique »
18 décembre : « Ô Adonaï » (source)
« Ô Adonaï, guide du peuple d'Israël, qui êtes apparu à Moïse dans le feu du buisson ardent, et lui avez donné vos commandements sur le mont Sinaï, armez votre bras, et venez nous sauver. »
Ô Seigneur suprême ! Adonaï ! venez nous racheter, non plus dans votre puissance, mais dans votre humilité. Autrefois vous vous manifestâtes à Moïse, votre serviteur, au milieu d'une flamme divine ; vous donnâtes la Loi à votre peuple du sein des foudres et des éclairs : maintenant il ne s'agit plus d'effrayer, mais de sauver. C'est pourquoi votre très pure Mère Marie ayant connu, ainsi que son époux Joseph, l'Edit de l'Empereur qui va les obliger d'entreprendre le voyage de Bethléhem, s'occupe des préparatifs de votre heureuse naissance. Elle apprête pour vous, divin Soleil, les humbles langes qui couvriront votre nudité, et vous garantiront de la froidure dans ce monde que vous avez fait, à l'heure où vous paraîtrez, au sein de la nuit et du silence. C'est ainsi que vous nous délivrerez de la servitude de notre orgueil, et que votre bras se fera sentir plus puissant, alors qu'il semblera plus faible et plus immobile aux yeux des hommes. Tout est prêt, ô Jésus ! vos langes vous attendent : partez donc bientôt et venez en Bethléhem, nous racheter des mains de notre ennemi.
Du père Thomas Petri, OP sur le CWR :
La beauté et la puissance des Antiennes O
« Viens, viens, Emmanuel, et rachète Israël, captif, qui est ici en deuil et en exil solitaire, jusqu’à ce que le Fils de Dieu apparaisse. Réjouis-toi ! Réjouis-toi ! Emmanuel viendra à toi, ô Israël ! »
Ce chant de Noël n'est pas un chant de Noël. C'est un hymne pour la période de l'Avent, une période liturgique qui va bien au-delà de la simple préparation de Noël.
Durant ces quatre courtes semaines, l’Église s’est historiquement concentrée sur Notre Seigneur Jésus-Christ comme l’accomplissement de toutes les prophéties et de tous les désirs humains, alors qu’elle anticipe non seulement la célébration de son incarnation à Noël, mais aussi alors qu’elle attend avec espoir son retour glorieux à la fin des temps.
Les versets de « O viens, ô viens, Emmanuel » sont tirés de sept antiennes anciennes que l'Église utilisait dans sa liturgie de prière du soir depuis bien avant le IXe siècle. Chaque année, du 17 au 23 décembre, la liturgie de l'Église entre dans une préparation plus intense et plus proche de la venue du Christ à Noël. Ce changement est perceptible dans les lectures de la messe ces jours-là, mais aussi dans la liturgie des heures de l'Église, en particulier lors de la prière du soir. Chaque soir pendant cette semaine, l'Église prie l'une de ce que l'on appelle les grandes « antiennes O » avant de réciter le cantique « Magnificat » de Notre-Dame.
Les Antiennes O invoquent Notre Seigneur en utilisant des images tirées de l'Ancien Testament : « Ô Sagesse d'en haut » ; « Ô Seigneur de la maison d'Israël » ; « Ô Racine du tronc de Jessé » ; « Ô Clé de David » ; « Ô Aurore radieuse » ; « Ô Roi des Nations » ; « Ô Emmanuel ». À ces images bibliques s'ajoutent diverses supplications telles que : « Viens nous enseigner le chemin de la connaissance ! » ; « Viens nous sauver sans tarder ! » ; « Viens libérer les prisonniers des ténèbres ! »
Chacune de ces antiennes est une belle prière en elle-même, mais chacune démontre aussi exactement comment l'Église en est venue à comprendre la relation du Christ avec les promesses et les images de Dieu si répandues dans l'Ancien Testament.
« Ô Sagesse d’en haut ! »
Isaïe a prophétisé qu’un rameau sortirait de la souche de Jessé. L’un des héritiers de Jessé serait une figure messianique et un rédempteur pour Israël.
« L’Esprit du Seigneur reposera sur lui : esprit de sagesse et d’intelligence » (Is 11, 1-2). Parce que les prophéties d’Isaïe attendent avec tant d’espoir la rédemption d’Israël et du monde entier dans les grandes promesses de Dieu, il est particulièrement le prophète du temps de l’Avent.
Mais le Christ est plus que l’Oint. Saint Paul a dit à l’Église de Corinthe que « le Christ est la puissance de Dieu et la sagesse de Dieu » (1 Co 1, 24). Le Christ est la Sagesse dont parle le livre des Proverbes comme étant l’artisan et le plaisir de Dieu (Proverbes 8). Le Fils éternel est toujours le plaisir du Père et l’Artisan par lequel toutes choses ont été faites.
L’antienne du 18 décembre : « Seigneur de la maison d’Israël, qui a donné la Loi à Moïse sur le Sinaï » est peut-être un exemple plus poignant d’une puissante image du divin dans l’Ancien Testament. Les événements relatés dans le livre de l’Exode sont d’une grandeur magnifique, du buisson ardent à la séparation de la mer Rouge, en passant par la remise de la Loi à Moïse sur un mont Sinaï couvert de tonnerre et d’éclairs.
Les Pères de l’Église ont régulièrement noté la présence du Christ dans les diverses manifestations de Dieu aux Israélites. Saint Justin le martyr rappelait : « Celui-là même qui est à la fois ange et Dieu, Seigneur et homme, et qui apparut sous forme humaine à Abraham et à Isaac, apparut aussi dans une flamme de feu sortant du buisson et conversa avec Moïse. »
Saint Grégoire de Nysse commente les événements du désert — les nuages, le tonnerre et le tabernacle de la présence de Dieu — : « Prenant comme exemple ce que dit Paul, qui a partiellement dévoilé le mystère de ces choses, nous disons que Moïse fut auparavant instruit par un type du mystère du tabernacle qui entoure l'univers. » Ce tabernacle, le Christ, le Fils de Dieu, poursuit-il, « est en quelque sorte à la fois informe et façonné, incréé dans la préexistence mais créé en ayant reçu cette composition matérielle. »
Le Fils Éternel de Dieu préexistant qui est l’image parfaite de Dieu est aussi la présence de Dieu dans le buisson ardent, sur le mont Sinaï et parfaitement dans son incarnation.
Il n’est donc pas surprenant que la version latine de cette antienne commence par « O Adonaï », empruntant le mot hébreu que les Juifs craignant Dieu utilisent lorsqu’ils lisent la Torah pour éviter de prononcer le nom propre de Dieu lui-même – c’est le nom Seigneur, le nom que saint Paul dit aux Philippiens a donné au Christ parce qu’il n’a pas considéré l’égalité avec Dieu comme quelque chose à saisir, mais s’est plutôt vidé lui-même jusqu’à la mort (cf. Philippiens 2:6-11). Jésus-Christ est Adonaï. Il est Kyrios. Il est le Seigneur.
Enfin, d'autres antiennes O identifient le Christ comme l'accomplissement de la grandeur d'Israël et du désir humain. Il est l'Oriens, l'aurore dont Isaïe a promis qu'elle se lèverait sur le peuple élu de Dieu (Isaïe 60, 1-2). Il est aussi la Racine de Jessé. Il n'est donc pas seulement l'accomplissement mais le début de la lignée israélite.
Il est le Créateur et celui par qui la lignée de David est née. Le Christ est donc à la fois le début et la fin de la promesse faite à David. Il est l'Alpha et l'Oméga. Il est celui dont l'Ancien Testament prédit qu'il régnera comme roi sur toutes les nations.
Les Antiennes O sont bien plus que de simples refrains à chanter avant le Magnificat de Notre-Dame ou à servir de versets dans un hymne de l'Avent. Elles révèlent les mystères du Christ déjà révélés dans la puissance et la gloire de Dieu dans l'Ancien Testament.
Saint Thomas d’Aquin avait raison d’insister sur le fait que de nombreux grands prophètes d’Israël avaient une connaissance prophétique réelle et explicite de Jésus et de ses mystères, même s’ils vivaient des centaines d’années avant l’Incarnation. « Abraham se réjouit de ce qu’il verrait mon jour », a prêché Jésus lui-même un jour. « Il l’a vu et il s’est réjoui » (Jn 8, 56). Le Christ est actif en Israël. Il est présent dans l’Ancien Testament.
Ces grandes antiennes nous rappellent que l’Avent ne se résume pas à la préparation de Noël. Elles nous rappellent que le Christ est le point central de l’histoire du salut et, en fait, de toute l’histoire du monde, parce qu’il est Emmanuel – « Dieu avec nous ».
La sagesse de Dieu est telle que le Seigneur nous a créés pour être en relation avec lui afin d’apporter la lumière non seulement à notre vie mais au monde. Chaque année, l’Église nous offre ces quatre semaines pour que nous nous souvenions intensément de ce que nous devons vivre chaque jour : dans la préparation, l’anticipation et la joyeuse espérance que le Seigneur viendra à nous et nous sauvera.
Ô Emmanuel, notre Roi et Donateur de la Loi : Viens nous sauver, Seigneur notre Dieu !