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℟. Christus factus est pro nobis obédiens usque ad mortem, mortem autem crucis. ℣. Propter quod et Deus exaltávit illum: et dedit illi nomen, quod est super omne nomen.
℟. Le Christ S'est fait pour nous obéissant jusqu'à la mort, et la mort de la croix. ℣. C'est pourquoi Dieu L'a élevé, et Lui a donné le nom qui est au dessus de tout nom.
Passio Domini nostri J.C. sec. Johannes (Evangelium Passionis et Mortis Domini)
Le Vexilla Regis est l’hymne du temps de la Passion et des fêtes de la Sainte Croix. Son texte (comme celui du Pange lingua du Vendredi Saint) fut composé par l’hymnographe saint Venance Fortunant au VIème siècle, à l’occasion de la réception solennelle des reliques de la vraie Croix à Poitiers par la reine de France sainte Radegonde.
Vexilla regis prodeunt
fulget crucis mysterium quo carne carnis conditor suspensus est patibulo.
Quo, vulneratus insuper mucrone diro lanceae ut nos lavaret crimine manavit unda et sanguine.
Arbor docora et fulgida, ornata regis purpura, electa digno stipite tam sancta membra tangere !
Beata, cuius brachiis saecli pependit pretium ; statera facta est corporis praedam tulitque tartari.
Salve, ara, salve victima, de passionis gloria, qua vita mortem pertulit et morte vitam reddidit !
O crux, ave, spes unica ! hoc passionis tempore piis adauge gratiam reisque dele crimina.
Te, fons salutis, Trinitas, collaudet omnis spiritus ; quos per crucis mysterium salvas, fove per saecula.
Les étendards du roi s'avancent mystère éclatant de la croix au gibet fut pendue la chair du créateur de toute chair.
C'est là qu'il reçut la blessure d'un coup de lance très cruel et fit jaillir le sang et l'eau pour nous laver de nos péchès.
Arbre dont la beauté rayonne, paré de la pourpre du roi, d'un bois si beau qu'il fut choisi pour toucher ses membres très saints !
Arbre bienheureux ! À tes branches la rançon du monde a pendu !
Tu devins balance d'un corps et ravis leur proie aux enfers !
Salut, autel ! Salut, victime de la glorieuse passion ! La vie qui supporta la mort, par la mort a rendu la vie.
O croix, salut, espoir unique ! En ces heures de la passion augmente les grâces des saints, remets les fautes des pécheurs.
Trinité, source salutaire, que te célèbre tout esprit ; ceux que tu sauves par la croix, protège-les à tout jamais.
Le crucifix de Limpias donne à voir l’agonie de Jésus
À Limpias, dans la province de Cantabrie (Espagne), se trouve depuis 1756 un admirable crucifix, très réaliste, trésor des collections de l’église Saint-Pierre. En 1919, alors que débute le carême, tout le monde ou presque est indifférent à ce crucifix et à son histoire. Ce carême à Limpias va s’avérer prodigieux, au sens propre du terme, le crucifix donnant véritablement à voir les dernières minutes de l’agonie du Christ avec un luxe de détails véridiques.
Cinq ans auparavant, en août 1914, alors que l’on installe l’électricité dans le sanctuaire, un fait curieux se produit. Un religieux de l’ordre des Pauliniens, frère Antonio Lopez, monté sur une échelle pour régler l’éclairage du crucifix, se trouve à hauteur du visage du Christ et se rend compte, stupéfait, que les yeux de l’image familière, d’ordinaire ouverts et levés vers le Ciel avec une expression de supplication douloureuse, se sont fermés, comme le feraient les yeux d’une personne vivante éblouie par une lueur trop vive. La surprise du religieux est telle qu’il en tombe de l’échelle et reste un moment à terre, sonné. D’en bas, il constate que les paupières du Christ sont toujours baissées ; elles le restent environ cinq minutes.
Frère Antonio imagine si peu un phénomène miraculeux que sa première réaction, en reprenant ses esprits, est de prévenir ses supérieurs de son accident et d’aller consulter un médecin. Mais là, à l’étonnement général, bien que le religieux soit tombé d’une bonne hauteur sur le coin de l’autel, le praticien ne constate aucune blessure, ni externe ni interne. Frère Antonio se sort de cette chute, qui aurait pu le tuer, avec seulement de « petits hématomes ».
Toujours à la recherche d’une explication rationnelle, frère Antonio remonte sur l’échelle voir de plus près de quoi il retourne. Il pense à l’existence d’un mécanisme caché dans la statue, qui permettrait aux yeux de s’ouvrir et se fermer, mais ses investigations obstinées et répétées restent vaines ; il ne trouve aucun ressort, ni quoi que ce soit d’autre, et ce n’est pas faute d’avoir appuyé sur les paupières et les globes oculaires ! Ses supérieurs lui demandent un récit écrit des événements, puis lui imposent le silence sur son aventure, de sorte que l’affaire n’est plus évoquée.
Personne n’est donc au courant de cette histoire lorsque, le 30 mars 1919, à l’issue de la messe, le père Jalon, présent dans le confessionnal, est dérangé par une fillette qui prétend avoir vu le crucifié fermer les yeux. Il renvoie gentiment l’enfant mais, dans les minutes qui suivent, d’autres enfants viennent lui dire la même chose. Le capucin croirait à une farce collective orchestrée par les garnements si un adulte, puis plusieurs, ne lui signalaient aussi la chose.
Le religieux et son confrère, père Agatangelo, décident d’aller voir ce qu’il en est et constatent que les yeux du Christ sont ouverts, dans leur attitude habituelle, mais le père Jalon, en y regardant mieux, a l’impression de voir de la sueur ruisseler le long du corps du Christ. Troublé, il monte voir et constate que, du corps torturé, coule en effet ce qui ressemble à une sueur d’agonie… Il en a les mains trempées. Devant ce signe tangible, les ecclésiastiques ne savent que dire ni que faire. Déconcerté, le père Jalon décide de passer la nuit dans l’église. Alors qu’il est en prière, il constate à son tour le phénomène : le Crucifié ouvre et ferme les yeux. Eu égard à la méfiance des deux capucins et à leur incrédulité, il est impossible de les imaginer cédant à une illusion collective.
Le phénomène se poursuit tout le mois d’avril, avec un redoublement lors des Rameaux et de Pâques. Un signalement est fait à l’évêque, qui diligente une enquête.
Le 11 avril, deux incroyants venus se moquer de ce qu’ils jugent un délire collectif sont à leur tour témoins de la chose et en sont tellement frappés qu’ils tombent à genoux et croient.
En cette fin de carême et durant le temps pascal, des dizaines de milliers de personnes accourent de toute l’Espagne à Limpias. On estime ces foules à plus de 120 000 personnes ; parmi elles, ecclésiastiques, prêtres, religieux, évêques (dont l’archevêque de Cuba, sur le point de rembarquer pour son île), universitaires, scientifiques, politiques, médecins, aristocrates, gens du peuple, croyants et athées. Tous ne voient pas, mais ils sont plusieurs milliers à être témoins non seulement du mouvement des paupières, mais aussi de bien d’autres étrangetés : après la sueur, qui continue de couler, ce sont des larmes, de la salive et du sang que le Christ répand. Ces phénomènes sont observés par des milliers de personnes, dont 8 000 témoigneront par écrit, attestant de leur bonne foi sur le salut de leur âme.
Un visiteur décrit ainsi la scène à laquelle il assiste : « Je voyais que sa bouche était pleine de sang qu’il tentait de vomir car il l’étouffait. Sa poitrine se souleva, puis s’affaissa dans une suprême tentative pour respirer ; les narines se dilatèrent comme s’il cherchait l’air qui lui manquait. Dans l’effort qu’il fit, une épine de la couronne s’enfonça dans sa tempe gauche et du sang en coula… » Les symptômes qu’il décrit sont ceux de la lente asphyxie des crucifiés, et l’épanchement de sang par la bouche, visible sur le linceul de Turin, correspond aux effets de la péricardite provoquée par la flagellation qui précipita la mort de Jésus. Or, ce témoin ne possède pas ces informations et ne peut donc pas les inventer dans une hallucination ou une mise en scène, plus ou moins consciente.
De nombreuses vérifications seront opérées très sérieusement à la demande des autorités religieuses. Aucune fraude ne sera jamais décelée. Les manifestations miraculeuses se poursuivent par périodes, pendant plusieurs années, en se raréfiant.
L’Église ne s’est jamais prononcée sur le caractère surnaturel des événements, mais elle a célébré en 2019 leur centenaire, ce qui est une façon de les cautionner.
Devenu célèbre dans le monde entier, Limpias est toujours un lieu de pèlerinage. Miracles de guérisons et de conversions n’y ont jamais cessé.
℟. Ubi cáritas et amor, Deus ibi est. ℣. Congregávit nos in unum Christi amor. ℣. Exultémus, et in ipso iucundémur. ℣. Timeámus, et amémus Deum vivum. ℣. Et ex corde diligámus nos sincéro.
℟. Ubi cáritas et amor, Deus ibi est. ℣. Simul ergo cum in unum congregámur: ℣. Ne nos mente dividámur, caveámus. ℣. Cessent iúrgia malígna, cessent lites. ℣. Et in médio nostri sit Christus Deus.
℟. Ubi cáritas et amor, Deus ibi est. ℣. Simul quoque cum beátis videámus, ℣. Gloriánter vultum tuum, Christe Deus: ℣. Gáudium quod est imménsum, atque probum, Saécula per infiníta saeculórum. Amen.
℟. Là où sont la charité et l'amour, Dieu est présent. ℣. L'amour du Christ nous a rassemblés et nous sommes un. ℣. Exultons et réjouissons-nous en lui. ℣. Craignons et aimons le Dieu vivant ℣. et aimons-nous les uns les autres d'un cœur sincère.
℟. Là où sont la charité et l'amour, Dieu est présent. ℣.Ne formons donc tous qu'un seul corps : ℣.Ne soyons pas divisés de cœur, prenons garde. ℣. Cessent les querelles méchantes, cessent les disputes. ℣. Et que le Christ soit au milieu de nous.
℟. Là où sont la charité et l'amour, Dieu est présent. ℣. Qu'avec les bienheureux, nous voyions ℣. Votre glorieux visage, ô Christ Dieu, ℣. Joie immense et divine; ℣. Pendant la durée infinie des siècles.
Pange lingua - Tantum ergo sacramentum : hymne au Très Saint-Sacrement
Cete prière écrite par Saint Thomas d'Aquin, est par excellence le chant du Jeudi saint, jour de l'Institution de la Cène. Centrée sur la contemplation du corps et du sang du Christ, sous les espèces du pain et du vin, l'hymne s'achève par le "Tantum ergo sacramentum", qui vient en action de grâce et insiste sur la nouveauté radicale de ce sacrement.
Nos autem gloriari oportet in cruce Domini nostri Jesu Christi: in quo est salus, vita et resurrectio nostra: per quem salvati et liberati sumus.
Deus misereatur nostri, et benedicat nobis:
illuminet vultum suum super nos, et misereatur nostri.
Pour nous il faut nous glorifier dans la Croix de Notre Seigneur Jésus-Christ, en qui est notre salut, notre vie et notre résurrection, et par qui nous avons été sauvés et délivrés.
Que Dieu aie pitié de nous et nous bénisse:
que rayonne son visage sur nous, et qu'Il aie pitié de nous.
Publié le 06 Avr 2023 Sur le site web du bimensuel « L’Homme Nouveau » :
« Si les trois cérémonies majeures du Triduum sacré – Messe vespérale du Jeudi Saint, Office de la Croix le Vendredi Saint et Vigile Pascale – sont familières à nombre de fidèles, les offices des Ténèbres sont plus méconnus. Est-ce dû à l’horaire auquel ils sont chantés, peu familial, ou à l’absence d’action liturgique qui les rend peu perméables au néophyte ? Coup de projecteur sur un office éminemment singulier.
Communauté Saint-Martin, Office des Ténèbres du Samedi-Saint
Héritage très ancien des temps où les Matines étaient chantées au cœur de la nuit, ce qui se pratique encore en certains monastères, les Ténèbres rassemblent les deux offices de Matines et Laudes pour chacun des trois jours saints. Cet office nous plonge dans la contemplation de l’abaissement inouï du Fils de Dieu, « qui se fit pour nous obéissant jusqu’à la mort » (Ph 2, 8).
Alors que d’ordinaire l’office des Laudes s’achève au lever du soleil, symbole triomphant de la gloire de Dieu chantée par l’Église, le principe même des Ténèbres consiste à terminer l’office dans une obscurité profonde. Les rideaux d’un vaste drame en trois actes s’ouvrent sous les yeux de notre âme : les funérailles du Fils de Dieu.
« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’avez-vous abandonné ? » : laisser la liturgie nous plonger dans l’obscurité
Afin de baigner les cœurs dans la compassion aux souffrances du Sauveur, la liturgie se dépouille entièrement de ce qui pouvait rappeler la joie du Ciel ou même la Gloire de Dieu. Les traditionnelles formules telles que « Domine, labia mea aperies / Seigneur ouvrez mes lèvres », « Deus in adjutorium meum intende / Dieu venez à mon aide », « Tu autem Domine, miserere nobis /Vous aussi Seigneur ayez pitié de nous », et même le Gloria Patri ont disparu. Les hymnes de même.
Ne restent que les psaumes encadrés de sobres antiennes, les leçons des nocturnes et les répons qui donnent à eux seuls l’atmosphère spirituelle de ces Offices. Ils ne conservent plus que ce qui leur est essentiel dans la forme, et ils ont perdu toutes ces aspirations vives que les siècles y avaient ajoutées.
Au maître autel, les six cierges sont de cire jaune, comme les quinze cierges du chandelier mystérieux qui trône dans le chœur. C’est l’extinction progressive de ce chandelier qui marque la seule action liturgique de ces offices. Ces flammes soufflées au rythme des psaumes qui s’achèvent nous représentent ce mystère de la Gloire de Dieu qui peu à peu abandonne Notre-Seigneur…
Un seul, celui qui est placé à l’extrémité supérieure du chandelier à quinze branches, reste allumé. Pendant le Cantique du Benedictus, en conclusion de l’office de Laudes, les six cierges qui brûlaient sur l’autel sont pareillement éteints. Alors le cierge restant, solitaire, est posé quelques instants sur l’autel, luttant seul contre les ombres qui remplissent l’église : le Christ, abandonné de tous, est cloué à la Croix, mourant pour les hommes, alors que les ténèbres s’amoncellent dans le ciel. Puis le cierge est caché, figure de la sépulture du Christ.
Alors les clercs présents au chœur, ainsi que les fidèles à genoux dans les travées de la nef, sont invités « taper sur leur banc ». Ce bruit, volontairement confus, se fait entendre tandis que le dernier flambeau a plongé dans l’obscurité. Ce tumulte joint aux ténèbres, explique dom Guéranger, exprime les convulsions de la nature, au moment de la mort du Rédempteur. Mais tout à coup le cierge reparaît ; le bruit cesse. Pourquoi donc ? Car le Rédempteur a triomphé de la mort.
Les trois jours, ce sont exactement les mêmes cérémonies qui se répètent ; le seul changement est à l’autel : mercredi soir, les nappes sont encore présentes : Jésus n’est pas encore aux mains de ses bourreaux, nous assistons à son agonie au Mont des Oliviers (comme le chante le premier répons) ; jeudi soir, l’autel a été dépouillé : Jésus est entré pleinement dans sa passion, et nous assistons aux profondeurs de ses souffrances ; vendredi soir, la croix est dévoilée, montrant à tous le corps sans vie du Rédempteur : les Ténèbres sont alors le chant de deuil de l’Église qui pleure son Epoux.
Jérémie, prophète de la déréliction
La structure des Ténèbres est parfaitement symétrique sur les trois jours. Aux premiers nocturnes, les lamentations du prophète Jérémie, témoin impuissant du malheur et de la ruine de Jérusalem infidèle, font retentir chaque soir leurs accents déchirants sur une mélodie que l’on ne retrouve en aucune autre circonstance, culminant avec la déchirante Oraison de Jérémie du Samedi Saint ; à chaque fois, revient ce lancinant appel à la conversion, seule moyen de sauver la Cité Sainte, qui s’adresse à chacun de nos cœurs : « Jérusalem, Jérusalem, convertis-toi au Seigneur ton Dieu. »
Les répons, reconstitution de la Passion
Les répons séparant les leçons sont les seules pièces grégoriennes véritablement développées de ces offices. Ils fondent, par les textes qui les composent, la progression des trois jours en reconstituant les trois étapes du drame de la Passion : trahison, crucifixion, sépulture. Les âmes n’ont qu’à se laisser porter par les différents sentiments que provoquent en elles ces mélodies tour à tour plaintives, graves, tristes ou violentes.
Le Jeudi Saint met en scène la trahison : nous assistons d’abord à l’agonie du Christ, nous invitant à regretter nos fautes qui font de lui l’Homme de douleur prophétisé par Isaïe. Puis advient la trahison de Judas : nous sommes alors confrontés à nos propres trahisons.
Les trois derniers répons représentent les douloureux reproches de Jésus : d’abord à tous ceux qui fomentent des complots contre Lui, figures des âmes tièdes qui ne se détournent pas assez du péché ; ensuite aux apôtres (et à nous à travers eux) qui n’ont pas pu veiller une heure avec Lui, malgré l’infinie abondance des grâces reçues ; enfin aux anciens du Peuple, tous ces hommes à l’âme flétrie, qui se sont détournés, de cet esprit d’enfance sans lequel nul n’entrera au Royaume des cieux…
Le Vendredi Saint nous fait assister à la Crucifixion : commençant par nous dévoiler les sentiments d’abandon et de trahison qui remplissent l’âme de Jésus, ils nous montrent le voile du Temple qui se déchire en même temps que Jésus promet le Paradis au bon larron.
Au deuxième nocturne, c’est le cœur de la détresse du Christ qui est illustré, avec les ténèbres qui couvrent la terre lorsqu’Il s’écrie vers son Père : « Pourquoi m’avez-Vous abandonné ? », rejoignant ainsi toutes les âmes qui font l’expérience de la nuit spirituelle, cet état où l’on se sent abandonné de Dieu. Le dernier nocturne n’est qu’une longue suite de plaintes exprimant toute la douleur de l’Homme-Dieu : douleur physique bien sûr, mais surtout douleur de nous voir si infidèles à l’amour qu’Il nous porte…
Le Samedi Saint est en quelque sorte une veillée funèbre autour du Tombeau du Christ. Les répons du premier nocturne se contentent de rappeler les évènements de la veille, suscitant dans les âmes le deuil et l’angoisse bien sûr, mais également une grande tendresse envers Jésus : c’est toute la fécondité surnaturelle de la componction, par laquelle le pécheur revient au Père, sauvé par les mérites que lui a acquis la mort du Fils. Les répons des deux derniers nocturnes invitent l’âme à contempler les effets de la Passion. On entre plus profondément dans le mystère de la Rédemption, source de grande paix.
Obéissant jusqu’à la mort…
À la fin de l’Office, du chœur plongé dans l’obscurité la plus complète monte une dernière mélodie qui chaque jour se prolonge un peu : « Le Christ s’est fait pour nous obéissant jusqu’à la mort / la mort de la Croix / et c’est pourquoi Dieu l’a exalté en lui donnant un Nom au-dessus de tout nom. » Très grave Jeudi et Vendredi, le verset du Samedi, dernier chant de ces Offices, revêt une grande légèreté, comme une clarté céleste : à l’image d’une Église voulant sécher les larmes de ses enfants en leur donnant enfin l’explications de toutes ces souffrances endurées par son Époux.
En définitive, c’est en se laissant porter par les impressions conjuguées de l’obscurité grandissante et de la profondeur des chants que nous pourrons réellement entrer dans l’esprit de ces Ténèbres. Ils nous porteront par une longue méditation de la Passion aux portes du Sépulcre, où nous pourrons attendre avec toute l’Eglise la lumière de la Résurrection. »
In nomine Domini omne genu flectatur, caelestium, terrestrium et infernorum : quia Dominus factus oboediens usque ad mortem, mortem autem crucis : ideo Dominus Iesus Christus in gloria est Dei Patris.
Au nom du Seigneur, que tout genou fléchisse, aux cieux, sur terre et aux enfers : car le Seigneur s'est fait obéissant jusqu'à la mort, et la mort de la croix : voilà pourquoi le Seigneur Jésus-Christ est en la gloire de Dieu le Père.
Ps. 1
Domine exaudi orationem meam et clamor meus ad te (per)veniat.
Seigneur, exaucez ma prière, et que mon cri (par)vienne jusqu’à vous.
Charpentier: Leçons de Ténèbres du Mercredy Sainct ℗ harmonia mundi Released on: 1986-09-20 Conductor: René Jacobs Musical Ensemble: Concerto Vocale Composer: Marc-Antoine Charpentier
Un rapport révèle une escalade de la violence contre les chrétiens en Terre Sainte
Chrétiens défilant dans la Vieille Ville de Jérusalem. | Crédit : Adi Marer/Rossing Center
14 avril 2025
Le rapport annuel du Rossing Center , une organisation basée à Jérusalem dédiée à la coexistence interreligieuse, a documenté 111 cas de harcèlement et de violence contre la communauté chrétienne en Israël et à Jérusalem-Est en 2024.
Le rapport révèle un climat d’hostilité qui, selon l’une des auteurs de l’étude, Federica Sasso, ne représente que « la pointe de l’iceberg d’un phénomène beaucoup plus vaste ».
« Il y a beaucoup plus d'attaques, mais elles sont très difficiles à surveiller », a-t-elle déclaré à ACI Prensa, le partenaire d'information en langue espagnole de CNA.
Elle a également noté que la Terre Sainte « est actuellement dépourvue de pèlerins chrétiens » en raison de la guerre déclenchée après les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, ce qui atténue quelque peu la situation.
« Si nous étions dans une période normale de flux de pèlerins, le nombre d’attaques serait probablement beaucoup plus élevé », a-t-elle expliqué.
Ces dernières années, la Vieille Ville de Jérusalem a connu une grave pénurie de pèlerins chrétiens. Crédit : Adi Marer/Rossing Center
Sasso, qui a attribué la situation en partie à la « polarisation et à la radicalisation croissantes au sein de la société israélienne », a souligné que, bien qu’il existe un certain scepticisme généralisé quant à l’efficacité d’un signalement, le centre observe une tendance positive puisque les religieux « sont de plus en plus disposés à signaler les incidents ».
En partie en raison d'un « historique avéré de licenciements ou de libérations de suspects sans conséquences appropriées », ils ont préféré ne pas le rendre public, a-t-elle déclaré.
47 agressions physiques, principalement des crachats
Sur les 111 cas d'agression signalés, 47 étaient des agressions physiques, principalement par crachats, un comportement qui a évolué d'actes subtils à des démonstrations d'agressivité ouverte. Dans plusieurs quartiers, notamment dans la Vieille Ville de Jérusalem, prêtres, religieuses, frères et moines, « facilement identifiables, sont quotidiennement exposés à ces agressions », a expliqué Sasso.
TikTok : foi, jeûne et prières... Comment le Carême cartonne sur le réseau social
Le Carême devient viral sur les réseaux sociaux, porté par une génération de jeunes catholiques qui réinventent leur foi en ligne.
14/04/2025
À l’approche de Pâques, l’Église catholique observe un phénomène inattendu : un nombre record de jeunes se tournent vers la religion. Baptêmes, Carême, messes… la foi catholique séduit une nouvelle génération. C’est un chiffre qui étonne : plus de 18.000 baptêmes sont prévus en France pour Pâques 2025, selon un rapport de la Conférence des évêques de France. Une hausse de 45% chez les adultes, et +33% chez les adolescents par rapport à l’an dernier. Un phénomène qui s’inscrit dans un regain d’intérêt pour la religion catholique chez les jeunes, notamment les 15-25 ans.
Cette année, la période du Carême, souvent perçue comme désuète, fait son retour… sur TikTok et Instagram. De nombreux jeunes catholiques partagent leur quotidien spirituel en ligne : jeûne, prière, aumône… Leur routine s’affiche sous le hashtag #CaremeRoutine. Des vidéos virales proposent des conseils pour vivre cette période comme un vrai cheminement spirituel.
Les prêtres deviennent influenceurs
Cette montée en popularité est aussi portée par des figures religieuses très actives sur les réseaux. Frère Paul-Adrien, Sœur Albertine ou Père Gaspard Crapelet cumulent des centaines de milliers d’abonnés sur YouTube, Instagram ou TikTok. Leur ton moderne, leurs messages positifs et leurs explications accessibles séduisent une nouvelle génération
Selon Yann Raison du Cleuziou, historien spécialiste des religions interrogé par Le Parisien, ce retour vers le catholicisme pourrait aussi s’expliquer par un effet de mimétisme avec le ramadan. Très visible sur les réseaux depuis des années, le mois sacré des musulmans inspire certains jeunes catholiques à s’impliquer dans leur propre tradition.
Si certains y voient une mode religieuse passagère, d’autres espèrent un véritable renouveau pour l’Église catholique en France. Reste à savoir si cet élan spirituel s’inscrira dans la durée ou s’éteindra avec la prochaine tendance virale.
§ 1. Les Saintes Ecritures donnent au Christ le nom prophétique de « racine ».
Depuis des siècles nombreux, frères bien-aimés, il a été prédit de notre Seigneur et Sauveur qu’« Il S’élèvera comme un arbrisseau et comme une racine d’une terre aride ». Pourquoi comme une racine ? Parce qu’« Il n’a ni éclat ni beauté ». Il a souffert, Il a été humilié, conspué : Il était alors sans beauté ; Il était Dieu et on ne voyait en Lui que l’homme. Mais si la racine n’est pas belle en elle-même, elle a une vigueur intérieure qui fait son mérite. Écoutez, mes frères, et considérez la miséricorde de Dieu. Voici un arbre magnifique, délicieux, son feuillage est vert, il est chargé de fruits. On admire cet arbre, on se plaît à en cueillir quelques fruits, à s’asseoir sous son ombre, à s’y abriter contre la chaleur. Tout cela est beau. Qu’on t’en montre la racine, tu n’y vois rien à admirer. Ne la méprise pas néanmoins ; cette partie abjecte est le principe de ce qui te ravit. C’est pourquoi le Christ est comparé à la racine qui sort d’une terre aride. Contemplez maintenant cet arbre dans sa gloire.
§ 2. De la racine méprisée du Christ s’est élevée l’Eglise qui est glorieuse.
L’Église a grandi, les gentils ont reçu la foi, les princes de la terre ont été vaincus au nom du Christ afin d’être vainqueurs dans l’univers. Ils ont courbé la tête sous le joug du Sauveur. Autrefois ils persécutaient les Chrétiens à cause de leurs idoles, ils renversent maintenant les idoles à cause du Christ. Dans toutes les calamités et toutes les angoisses tous ont recours à l’Eglise. C’est le grain de sénevé qui a grandi et qui s’est élevé au dessus de toutes les plantes ; les oiseaux du ciel, c’est-à-dire les orgueilleux du siècle accourent et reposent sous ses rameaux (Matth. XIII, 31-32). D’où lui vient tant de beauté ? Cette beauté si honorée vient de je ne sais quelle racine. Cherchons Celui qui est cette racine. Il a été conspué, humilié, flagellé, crucifié, blessé, méprisé. Ici donc, Il est sans beauté : mais quelle gloire Il a dans l’Eglise ! C’est ici la description de l’Epoux, de l’Epoux dédaigné, déshonoré, rejeté. Mais vous pouvez voir à l’instant même l’arbre sorti de cette racine : il couvre l’univers. « Racine d’une terre aride » !
§ 3. La beauté du Christ n’est pas révélée à tous ; les superficiels et les incrédules ne la peuvent percevoir. Les rachetés au cœur plein d’amour la perçoivent derrière le voile de Ses souffrances.
« Il est sans éclat et sans gloire ; et nous L’avons vu : Il n’avait ni éclat ni beauté » :« N’est-ce pas le fils du charpentier ? » (Marc VI, 3). Ne fallait-il pas qu’Il fut étrangement privé de cette beauté mystérieuse quand on disait : « N’avons-nous pas droit de soutenir que tu es livré au démon ? » (Jean VIII, 48). A Son nom seulement les démons prenaient la fuite, et on Lui reproche d’être livré au démon ! Pourquoi ? « Nous L’avons vu, et Il n’avait ni éclat ni beauté ». De quel éclat ne brille-t-Il pas dans ce sanctuaire intérieur où ne pénètre point l’œil ! « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu » (Jean I, 1). Quelle est encore Sa beauté ? Il avait la nature de Dieu, et Il n’a point regardé « comme une usurpation de S’égaler à Dieu » (Philip. II, 6). Mais où a-t-Il paru sans éclat et sans beauté ? « Et Il était sans éclat, Il avait la face abjecte et l’attitude difforme aux yeux de tous les hommes. Homme de plaies ». Couvert de plaies, Il est homme, auparavant Il est Dieu, après Il est homme-Dieu. «Homme de plaies et qui sait supporter les infirmités » : Les infirmités de qui ? De ceux mêmes qui Le torturent. C’est le médecin qui souffre des infirmités du phrénétique. Aussi quand on Le crucifiait, Il priait en disant : « Père, pardonnez-leur car ils ne savent ce qu’ils font » (Luc, XXIII, 34). Ah ! n’oubliez point, mais aimez l’Epoux. Plus Il nous semble difforme, plus Il nous doit être cher, plus Il est aimable pour Son épouse. « C’est pourquoi Il S’est détourné » : Il S’est détourné pour n’être pas reconnu de ceux qui Le crucifiaient : « Sa face a été couverte d’outrages et méprisée ».
§ 4. La prophétie est si claire et ne correspond qu’à Jésus seul : comment les Juifs peuvent-ils rester incrédules ? Saint Augustin compare l’incrédulité des Juifs concernant le Christ à l’incrédulité des hérétiques concernant l’Eglise.
« Il supporte nos infirmités, pour nous Il est livré à la douleur ; et nous L’avons contemplé en proie aux souffrances, chargé de plaies et de châtiments. Mais c’est à cause de nos péchés qu’Il a été blessé, à cause de nos iniquités qu’Il a été meurtri. Le supplice qui devait nous assurer la paix est tombé sur Lui et nous avons été guéri par Ses meurtrissures. Nous nous sommes tous égarés comme des brebis errantes, et le Seigneur L’a sacrifié pour nos crimes ». Est-ce ici l’Evangile ou une prophétie ? Qu’objectent les Juifs ? N’est-il pas étrange qu’ils entendent cela, qu’ils l’aient entre les mains, qu’ils le lisent, qu’ils ne puissent appliquer ces traits qu’à Celui dont la gloire se publie avec l’Evangile dans tout l’univers, et que cependant ils ne soient pas encore chrétiens et demeurent plongés dans l’aveuglement en face de prophéties aussi claires ? Mais pourquoi s’étonner de l’aveuglement des Juifs en ce qui concerne le Christ ? Ce qui s’applique à Lui passe et le prophète commence à parler aussi de Son Eglise. Si donc tu ne t’expliques point l’aveuglement des Juifs en face de l’Epoux ; comment t’expliquer l’aveuglement des hérétiques en face de l’Epouse ?