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BELGICATHO

  • Homélie du Saint Père Léon XIV lors de sa visite à la Basilique de Saint Paul hors les Murs

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    Visite du Saint Père Léon XIV à la Basilique de Saint Paul hors les Murs, 20.05.2025 (source)

    Le passage biblique que nous avons entendu est le début d’une très belle lettre adressée par saint Paul aux chrétiens de Rome, dont le message s'articule autour de trois grands thèmes : la grâce, la foi et la justice. Alors que nous confions à l'intercession de l'Apôtre des nations le début de ce nouveau pontificat, réfléchissons ensemble à son message.

    Saint Paul dit tout d'abord qu'il a reçu de Dieu la grâce de l'appel (cf. Rm 1, 5). Il reconnaît, en effet, que sa rencontre avec le Christ et son ministère sont liés à l'amour par lequel Dieu l'a précédé, l'appelant à une nouvelle existence alors qu'il était encore loin de l'Évangile et qu'il persécutait l'Église. Saint Augustin, lui aussi converti, parle de la même expérience en disant : « Que pouvons-nous choisir, si nous n'avons pas d'abord été choisis ? En effet, si nous n'avons pas d'abord été aimés, nous ne pouvons même pas aimer » (Discours 34, 2). À la racine de toute vocation, il y a Dieu : sa miséricorde, sa bonté généreuse comme celle d'une mère (cf. Is 66, 12-14) qui, naturellement, nourrit son enfant à travers son propre corps lorsqu'il est encore incapable de se nourrir seul (cf. S. Augustin, Commentaire du Ps 130, 9).

    Paul, cependant, dans le même passage, parle aussi d'« obéissance de la foi » (Rm 1, 5), et là aussi, il partage ce qu'il a vécu. En effet, le Seigneur, en lui apparaissant sur le chemin de Damas (cf. Ac 9, 1-30), ne l'a pas privé de sa liberté, mais lui a laissé la possibilité d'un choix, d'une obéissance fruit d'efforts, de luttes intérieures et extérieures, qu'il a accepté d'affronter. Le salut ne vient pas par enchantement, mais par un mystère de grâce et de foi, d'amour prévenant de Dieu et d'adhésion confiante et libre de la part de l'homme (cf. 2 Tm 1, 12).

    Alors que nous rendons grâce au Seigneur pour l'appel qui a transformé la vie de Saul, nous lui demandons de nous rendre capables de répondre de la même manière à ses invitations, en devenant témoins de l'amour « répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné » (Rm 5, 5). Nous lui demandons de savoir cultiver et diffuser sa charité, en nous rendant proches les uns des autres (cf. François, Homélie des 2nd Vêpres de la solennité de la Conversion de saint Paul, 25 janvier 2024), dans la même course à l'amour qui, depuis sa rencontre avec le Christ, a poussé l'ancien persécuteur à se faire « tout à tous » (cf. 1 Co 9, 19-23) jusqu'au martyre. Ainsi, pour nous comme pour lui, dans la faiblesse de la chair se révélera la puissance de la foi en Dieu qui justifie (cf. Rm 5, 1-5).

    Depuis des siècles, cette basilique est confiée aux soins d'une communauté bénédictine. Comment ne pas rappeler, alors, en parlant de l'amour comme source et moteur de l'annonce de l'Évangile, les appels insistants de saint Benoît, dans sa Règle, à la charité fraternelle dans le monastère et à l'hospitalité envers tous (Règle, chap. LIII ; LXIII)?

    Mais je voudrais conclure en rappelant les paroles que, plus de mille ans après, un autre Benoît, le pape Benoît XVI, adressait aux jeunes : « Chers amis, disait-il, Dieu nous aime. C'est la grande vérité de notre vie et celle qui donne tout son sens au reste [...]. À l'origine de notre existence, il y a un projet d'amour de Dieu », et la foi nous conduit à «ouvrir notre cœur à ce mystère d'amour et à vivre comme des personnes qui se reconnaissent aimées de Dieu » (Homélie lors de la veillée de prière avec les jeunes, Madrid, 20 août 2011).

    C'est là que réside la racine, simple et unique, de toute mission, y compris la mienne, en tant que successeur de Pierre et héritier du zèle apostolique de Paul. Que le Seigneur me donne la grâce de répondre fidèlement à son appel.

  • Un rapport (qui n'est plus) secret révèle une France favorable à la charia

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    De Lorenza Formicola sur la NBQ :

    Un rapport (qui n'est plus) secret révèle une France favorable à la charia

    La capitulation de la France face à l'islamisation : ce n'était pas exactement le résultat attendu par le gouvernement Attal qui a commandé l'enquête sur l'infiltration du croissant dans le pays. Un réseau tentaculaire lié à la « Confrérie » qui menace toute l’Europe.

    21_05_2025

    Le rapport désarmant du gouvernement Attal, Les Frères musulmans et l'islamisme politique en France, a été qualifié de « secret ». Le Figaro a réussi à l'obtenir en avant-première, ainsi qu'en exclusivité. Réseaux tentaculaires, organisation secrète, quartiers islamisés : le tableau dressé est le schéma détaillé de la  tentative de recrutement  visant à établir un État islamique sous le joug de la charia. 
    La version déclassifiée mais allégée sera présentée aujourd'hui, 21 mai, par Macron au Conseil de défense. La question de l'infiltration islamiste et des Frères musulmans agite le 55 rue du Faubourg-Saint-Honoré. 

    Le document de défense hautement sensible, dont l'intégralité du contenu ne sera probablement jamais rendu public , et sur lequel un préfet et un ambassadeur ont travaillé avec l'aide d'un riche réseau diplomatique, n'était pas exactement ce que Macron espérait ajouter à la liste de ses déjà nombreuses contrariétés. Ce n'est que le 12 mai que l'Assemblée nationale, à l'initiative de la coalition de centre-droit, a présenté la  proposition de résolution  visant à créer une commission d'enquête sur les liens existant entre les représentants de mouvements, organisations et réseaux politiques qui soutiennent l'action terroriste ou propagent l'idéologie islamiste.

    Puis vint le rapport qui n'était plus « secret ». Il s'agissait d'une mission de plus d'un an , menée en France et dans plusieurs autres régions d'Europe, au cours de laquelle des dirigeants musulmans ont été rencontrés au niveau national et local, considérés comme une expression des Frères musulmans à Paris.
    Annoncée  il y a environ un an, l'enquête a révélé un contexte dans lequel la présence de l'islam lié aux Frères musulmans est enracinée dans au moins vingt départements. Le rapport confirme également que la toile de fond d’un phénomène qui semble s’amplifier est aussi l’impact de la guerre qui a éclaté après l’attentat terroriste perpétré par le Hamas le 7 octobre 2023. Le mécanisme d’influence des Frères musulmans apparaît avec force : à travers des stratégies de séparatisme et de subversion, les Frères ont pu mener un processus d’islamisation du territoire français, contribuant à la déstabilisation de la République .

    Le rapport gouvernemental parle d'un cercle interne du mouvement des Frères musulmans, c'est-à-dire du noyau dur, qui compterait entre 400 et 1000 personnes, avec un budget d'environ 500 000 euros, et qui, en raison des tentatives du gouvernement pour contenir le phénomène, a diminué d'au moins la moitié au cours des cinq dernières années. Jusqu’en 2019, les Frères musulmans ont pu bénéficier de  financements étrangers, notamment du Qatar, entre autres.

    Ce qui en ressort, c’est une France qui est une porte d’entrée, plus qu’ouverte, grande ouverte à l’islamisme. Les 73 pages reçues en exclusivité par Le Figaro montrent qu'il existe environ 139 lieux de culte dépendant directement de la Confrérie et représentant la principale émanation du mouvement. Ils ont désormais redéfini le bien et le mal, selon un critère qui mélange réalisme politique et utilitarisme économique.

    Au fil des années, ils ont réussi à occuper le  secteur de l’éducation , devenu une priorité pour la branche française des Frères musulmans. Selon le rapport, il existe 21 instituts liés à la Confrérie et ils accueillent plus de  4 200 étudiants. On compte, en revanche, 815 écoles coraniques à travers le pays qui accueillent au total 66 050 élèves mineurs. Alors que le voile reste l'étendard de la préservation de l'islam dans la France de Macron.

    Les services secrets, encore, ont recensé dans la région lyonnaise pas moins d'"une cinquantaine d'associations musulmanes (...) qui manifestent plus généralement une inclinaison vers les Frères musulmans" et ce sont deux grandes mosquées, dont probablement celle de Villeurbanne, qui font office de piliers du système. Les figures religieuses, omniprésentes, exercent une influence tous azimuts « dans les domaines de la charité et de l’engagement humanitaire, de l’éducation religieuse, de la famille, du mariage, de l’insertion professionnelle, de l’entrepreneuriat musulman, de la protection des consommateurs, des services à la personne, de l’éducation des adultes » et, bien sûr, dans la « lutte contre l’islamophobie ». Ce contrôle total se traduit par une « pratique religieuse rigoureuse avec un nombre très élevé de filles portant l’ abaya et une augmentation massive et visible du nombre de filles portant le voile ». Même à l'âge de cinq ans. 

    Le rapport retrace l'histoire du mouvement en Europe, qui a débuté il y a au moins 70 ans, « en suivant les mouvements migratoires et la répression dont ils font l'objet dans le monde musulman depuis les années 1950 ». 
    Il y a quelques semaines, Bruno Retailleau, le ministre de l'Intérieur,  déplorait  la possibilité, selon lui, que les Frères musulmans puissent se présenter à l'élection présidentielle de 2027 avec leur propre parti ou avec un réseau capable de soutenir un candidat choisi parmi les forces déjà existantes dans le pays : « si vous nous emmenez avec vous, nous vous apporterons beaucoup de voix. » "Le but ultime est de mettre  toute la société française à genoux devant la charia  " , affirme le ministre Retailleau. 
    Et, pendant ce temps, au moment même où nous écrivons, Fondapol, le groupe de réflexion dirigé par  Dominique Reynié, a publié le  rapport Combattre l'islamisme sur le terrain  rédigé par le préfet des Hauts-de-Seine, Alexandre Brugère, et avec une contribution du ministre de l'Intérieur Retailleau. Presque comme une confirmation du rapport choquant des services de renseignement sur les Frères musulmans.

    Concernant l'accélération de l'entrée de l'islam dans la société , selon le préfet Brugère, les islamistes progressent et ont infiltré « tous les domaines de notre vie collective ». Les prédicateurs sur les réseaux sociaux ; écoles islamiques privées n’ayant pas signé de contrat avec l’État ; des clubs sportifs qui mélangent effrontément sport et prière, séparent les femmes des hommes et promeuvent le voile dans les compétitions ; activités commerciales halal qui favorisent l’appartenance au groupe  – c’est-à-dire qu’elles sont nées pour renforcer le sentiment d’appartenance communautaire parmi les musulmans, pour transmettre des valeurs religieuses et alimenter une logique de séparation et d’isolement. 
    Quant aux lieux de culte, le préfet souligne la difficulté d'identifier les prêches liés au terrorisme car la stratégie de la dissimulation (la fameuse  taqîya ) est en place pour éviter d'être dénoncé.

    Pour contester tout ce qui est  occidental  en France, « les Frères musulmans misent sur le nombre, avec un puissant carburant : la victimisation face à la prétendue menace de  l'islamophobie. Chacun peut constater à quel point ce néologisme, utilisé à toutes les sauces, est devenu un argument marketing imparable pour inciter des millions de Français à se retirer de la communauté nationale », écrit le préfet  Brugère  dans son dossier.
    Les Frères musulmans partagent des éléments de certaines sectes, des méthodes d’entrée et d’infiltration comparables à une organisation mafieuse. Les Frères musulmans mènent une guerre de basse intensité que, malheureusement, nous percevons à travers le prisme déformant du  radicalisme.

    L’objectif est de réunir la oumma , la nation musulmane, la seule légitime à leurs yeux . Ils veulent établir une société islamique mondialisée conformément à une exigence divine. Dans les sociétés sans tradition musulmane, on veut rendre la société « conforme à la charia » jusqu’à ce qu’elle « se soumette » naturellement à l’islam. À l’heure où la France est rongée par un malaise existentiel, l’exécutif devra porter la réponse à un tout autre niveau. Ce n’est pas seulement la France qui est en danger, mais toute l’Europe. (et la Belgique en particulier, ndB)

  • Il y a 1700 ans : le premier concile œcuménique universel était convoqué à Nicée

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    Du site de l'Eglise catholique en France :

    Le concile de Nicée

    image du Concile de Nicée

    Du 20 mai au 25 juillet 325, le premier concile œcuménique universel a été convoqué à Nicée, ville de Bithynie par l’empereur Constantin (280-337), converti au christianisme. C’est un moment important dans l’histoire de la chrétienté. Ce concile a rassemblé environ 300 évêques venus de toutes les provinces de l’Empire romain. En 2025, l’Église catholique célébre le 1700ᵉ anniversaire du Concile de Nicée.

    Le premier Concile de Nicée est un concile général des évêques qui s’est tenu à Nicée (aujourd’hui Iznik, en Turquie), en Bythinie, du 20 mai au 20 juillet 325, dans l’Empire romain, sous l’égide de l’empereur Constantin le Grand. Il est considéré par les historiens comme le premier empereur chrétien. Quelques années après avoir été proclamé empereur (306), il se convertit au christianisme, et se fait baptiser la veille de sa mort en 337. Durant son règne, il favorise l’essor de la religion via l’édit de Milan en 313 qui permet aux chrétiens de pratiquer leur culte au grand jour.

    Le Concile de Nicée est le premier concile œcuménique de l’histoire qui rassemble environ 300 évêques venus de toutes les provinces de l’Empire.

    L’empereur Constantin qui souhaite unifier l’empire romain condamne l’arianisme, une doctrine professée par Arius, prêtre d’Alexandrie (250-336) et ses disciples, dans laquelle ils professaient que, dans la Trinité, le Fils n’est pas égal au Père.

    Lors de ce concile, les fondements du christianisme sont définis. Les pères de l’Église établissent le dogme de la consubstantialité du Christ au Père et fixent la date de la célébration de Pâques.

    Sous le règne de l’Empereur Théodose 1er (379-395), par l’édit de Thessalonique (380), le christianisme devient religion d’État (conformément aux doctrines du concile de Nicée de 325). Cet édit marque un tournant dans l’histoire religieuse de l’Empire romain.

    Importance et héritage

    Le Concile de Nicée a joué un rôle central dans la formation de l’orthodoxie chrétienne et a marqué le début des conciles œcuméniques. Il a établi des bases doctrinales toujours reconnues par de nombreuses confessions chrétiennes, notamment le catholicisme, l’orthodoxie et une grande partie du protestantisme.

    Cependant, bien que l’arianisme ait été condamné, il est resté influent pendant plusieurs décennies, notamment parmi certains peuples barbares comme les Goths.

    Le Concile de Nicée reste un jalon essentiel dans l’histoire du christianisme, tant pour ses implications théologiques que pour son rôle dans la structuration institutionnelle de l’Église.

    Les autres conciles

    Le concile de Nicée en 325 a été le premier concile œcuménique de l’histoire chrétienne. Plusieurs autres conciles importants ont suivi, s’appuyant sur les fondements établis à Nicée :

    1. Le concile de Constantinople (381) : Deuxième concile œcuménique qui a complété le symbole de Nicée, donnant naissance au Symbole de Nicée-Constantinople.
    2. Le concile d’Éphèse (431) : Troisième concile œcuménique qui a traité de la nature du Christ et de la Vierge Marie.
    3. Le concile de Chalcédoine (451) : Quatrième concile œcuménique qui a défini la doctrine des deux natures du Christ.
     
    du Concile de Nicée, on retient aussi le Symbole de Nicée

    Le Concile de Nicée, convoqué en 325 par l’empereur Constantin, a joué un rôle crucial dans la formulation du Credo, également connu sous le nom de Symbole de Nicée. Il a été promulgué lors du Concile de Nicée en 325, puis complété lors du Concile de Constantinople en 381, d’où l’appellation « Symbole de Nicée-Constantinople ».

     

    Credo : symbole de Nicée-Constantinople

    Le Symbole de Nicée est une profession de foi commune aux trois grandes confessions chrétiennes, le catholicisme, l'orthodoxie et le protestantisme. C'est une des formes usuelles du Credo.

  • Vingt-cinq martyrs de la furie anticatholique au Mexique

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    Fêtés aujourd'hui : le P. Christophe Magallanes (1869-1927) et ses 24 compagnons, prêtres et laïcs, martyrs du Mexique; le P. Christophe a été béatifié en 1992.

    Au Mexique, dès 1913, un décret ordonne la fermeture des églises et l'arrestation des prêtres. On interdit de dire "adios" ou "Si Dieu le veut" ("si Dios quiere"), de sonner les cloches, d'apprendre à prier aux enfants; on détruit les églises, expulse les congrégations religieuses, on met hors-la-loi les organisations professionnelles non gouvernementales, l'enregistrement des prêtres est rendu obligatoire. En 1924-1928, le général Plutarco Elias Calles, qui a juré de détruire la foi chrétienne, mène une politique anticléricale et provoque le soulèvement des "Cristeros" qui résistent (1926-1929). Ils affrontent les régiments du pouvoir, qui entrent à cheval dans les églises, profanent le Saint-Sacrement, et se déchaînent. Vingt-deux des martyrs dont on fait mémoire aujourd'hui étaient des prêtres diocésains, comme Christophe Magallanes, et trois d'entre eux étaient des jeunes de l'action catholique. L'un d'eux, Manuel Morales, âgé de 28 ans, était marié et père de trois petits enfants. Avant d'être fusillé, il s'exclama: "Je meurs, mais Dieu ne meurt pas, il aura soin de ma femme et de mes enfants". (source)

    Sur abbaye-saint-benoit.ch/hagiographie/, on approfondit le contexte historique :

    Après le régime autoritaire du général Porfirio Diaz (1876-1911) le Mexique entre dans une période d’instabilité politique, et même de guerre civile (1914-1917), marquée par un caractère anticlérical prononcé jusqu’à la veille de la 2e guerre mondiale. Ainsi dès 1913, un décret ordonne la fermeture des églises et l'arrestation des prêtres. On interdit de dire "adios" ou "Si Dieu le veut" ("si Dios quiere"), de sonner les cloches, d'apprendre à prier aux enfants; on détruit les églises, expulse les congrégations religieuses, on met hors-la-loi les organisations professionnelles non gouvernementales, l'enregistrement des prêtres est rendu obligatoire. En visite au Vatican en 1915, l’archevêque de Guadalajara dit à Benoît XV : « Nous payons les fautes de nos pères – Les cruautés des conquistadores ? demande le pape. Et l’évêque de répondre : Moins ces cruautés que l’erreur d’avoir écarté les indigènes du sacerdoce ». On sait que les ‘Indios’ étaient déconsidérés. Quant au clergé alors en place, il n’est pas toujours à la hauteur. On lui reproche souvent d’être intéressé et dissolu. (Graham Green, dans son roman “La Puissance et la gloire”, dresse le portrait saisissant d’un prêtre à la fois trop humain et plein de foi.) En 1917, une Constitution anticléricale est votée. Elle est d’abord appliquée avec un certain pragmatisme par le général ‘indios’ Obregon, un anticlérical qui agit cependant avec prudence dans les régions où la foi est plus vive.

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  • Curie romaine : qui partira bientôt à la retraite ?

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    De Luke Coppen sur The Pillar :

    Qui approche de la retraite dans la curie romaine ?

    Léon XIV a provisoirement reconfirmé les nominations importantes du Vatican après son élection, mais certaines nominations devront être faites prochainement

    Le pape Léon XIV a nommé lundi le cardinal Baldassare Reina grand chancelier de l'Institut théologique pontifical Jean-Paul II pour les sciences du mariage et de la famille, succédant ainsi à l'archevêque Vincenzo Paglia.

    L'archevêque italien controversé demeure président de l'Académie pontificale pour la vie. Mais il est peu probable qu'il reste longtemps à ce poste, étant donné son âge de 80 ans, généralement considéré comme la limite d'âge supérieure pour occuper un poste à la curie romaine.

    Selon la constitution apostolique Praedicate Evangelium de 2022 , les deux plus hauts fonctionnaires des dicastères du Vatican (préfets et secrétaires) doivent présenter leur démission au pape lorsqu'ils atteignent 75 ans, « l'âge prévu par le Règlement général de la Curie romaine ».

    Après avoir « examiné tous les facteurs », le pape devrait « prendre une décision » sur leur avenir.

    Le Praedicate Evangelium précise également que les préfets, les secrétaires, les sous-secrétaires et autres hauts fonctionnaires sont nommés pour un mandat de cinq ans, qui peut être prolongé par le pape.

    Alors que la plupart des fonctions de la Curie ont automatiquement cessé après la mort du pape François le 21 avril, Léon XIV a provisoirement reconfirmé les responsables du Vatican dans leurs fonctions le 9 mai, dans l'une de ses premières démarches après son élection.

    Cela donne au pape Léon XIV le temps de réfléchir aux changements qu'il souhaite apporter dans les mois à venir. L'un des facteurs à prendre en compte est probablement le facteur temps : les hauts fonctionnaires de plus de 75 ans doivent être remplacés rapidement. Et plus ils approchent de 80 ans, plus la nécessité de nommer leurs successeurs semble urgente.

    Alors, quels fonctionnaires de la Curie sont entrés dans la zone de retraite ?

    Les dirigeants de la Curie

    L'élection du cardinal Robert-François Prévost, préfet du Dicastère des évêques, sous le nom de Léon XIV a évidemment laissé une vacance majeure à la Curie. La nomination d'un successeur à ce poste figurera probablement en bonne place dans l'agenda du pape Léon XIV.

    Mais il y a plusieurs autres postes qui pourraient également être sur son radar.

    Le cardinal Seán O'Malley a eu 80 ans le 29 juin 2024 et fêtera son 81e anniversaire le mois prochain. Le pape François a accepté sa démission de son poste d'archevêque de Boston en août dernier. Mais O'Malley est resté président de la Commission pontificale pour la protection des mineurs, l'organisme du Vatican chargé d'élaborer les politiques de lutte contre les abus du clergé dans le monde.

    À 80 ans, O'Malley ne peut espérer rester longtemps dans ce rôle sensible. Le 14 mai, il a été l'une des premières personnes à être reçue en audience privée par le pape Léon XIV. Il est probable que les deux hommes aient discuté du successeur d'O'Malley lors de la commission pontificale, bien que le cardinal n'ait pas évoqué publiquement cette audience.

    Le choix du pape Léon XIV pour succéder à O'Malley sera scruté de près, notamment compte tenu des questions soulevées quant à sa propre gestion des cas d'abus en tant qu'évêque diocésain. Si le prochain président de la commission pontificale n'est pas un cardinal, cela pourrait être interprété comme une diminution de la position de l'organisme au sein de la curie romaine. Or, peu de cardinaux sont considérés comme des spécialistes en matière de protection, ce qui risque de réduire ce vivier de recrutement.

    Le pape pourrait également être invité à nommer une femme à ce poste, soulignant ainsi son engagement à élargir le leadership féminin au Vatican dans l’esprit du pape François.

    Le cardinal Arthur Roche a fêté son 75e anniversaire le 6 mars. L'Anglais est préfet du Dicastère pour le culte divin depuis 2021.

    Le mandat de cinq ans de Roche doit être renouvelé vers mai 2026. Les observateurs du Vatican observeront attentivement la décision que prendra le pape Léon XIV sur l'avenir de Roche, étant donné l'étroite association du cardinal avec la répression du pape François contre la messe traditionnelle en latin, un sujet qui divise vivement les cercles de l'Église.

    Le choix d'un successeur par Léon XIV, le moment venu, sera considéré comme une déclaration majeure, alignant le nouveau pape sur une vision liturgique particulière au sein de l'Église.

    Le cardinal Marcello Semeraro , préfet du Dicastère pour les causes des saints, a 77 ans, ce qui fait de lui l'un des hauts fonctionnaires du Vatican susceptibles d'être remplacés dans un avenir proche.

    Le cardinal italien a été nommé à ce poste en octobre 2020 (succédant au cardinal Angelo Becciu), ce qui signifie qu'il aura occupé ce poste pendant cinq ans cet automne. Contrairement à son prédécesseur, il a gardé un profil relativement discret, présidant consciencieusement des béatifications du Liban au Mexique .

    Le cardinal Kevin Farrell , préfet du Dicastère pour les laïcs, la famille et la vie, a également 77 ans. L'Irlando-Américain, qui a guidé l'Église pendant l'interrègne papal en sa qualité de camerlingue de la Sainte Église romaine, dirige le dicastère depuis 2016, ce qui signifie que son premier mandat de cinq ans a été renouvelé.

    Il fêtera ses 10 ans à ce poste en août 2026, ce qui pourrait offrir au pape Léon l'occasion de nommer un successeur, s'il le souhaite.

    Sous le pape François, Farrell s'est vu confier un large portefeuille curial, dont la présidence du Comité pontifical pour les investissements et de la Commission pontificale pour les questions confidentielles. Le pape Léon XIV devrait donc probablement également réfléchir à ces rôles avant de prendre une décision concernant l'avenir de Farrell.

    Le cardinal Kurt Koch, président du Dicastère pour la promotion de l'unité des chrétiens, a célébré son 75e anniversaire le 15 mars. Le cardinal suisse a été nommé par le pape Benoît XVI en 2010, ce qui fait de lui l'un des plus anciens chefs de dicastère du Vatican.

    Koch a présenté sa démission au pape François après avoir fêté ses 75 ans, mais il lui a été demandé de rester en poste pour le moment. Le 1er juillet, il aura 15 ans de service comme préfet.

    Le cardinal Michael Czerny, SJ , préfet du Dicastère pour le service du développement humain intégral, aura 79 ans le 18 juillet.

    Le Canadien d'origine tchèque a été nommé préfet en 2022 alors qu'il avait déjà 75 ans. Son mandat de cinq ans n'expirera qu'en avril 2027, lorsqu'il aura 80 ans.

    Les secrétaires des dicastères du Vatican ont tendance à être plus jeunes que les préfets, étant donné leur position subalterne.

    Par exemple, l'archevêque Ilson de Jesus Montanari, secrétaire du Dicastère pour les évêques, est un homme vif de 65 ans. Le pape Léon ne semble donc pas avoir de soucis immédiats liés à l'âge à ce niveau de la curie.

    Mais il pourrait garder un œil sur l'évêque Juan Ignacio Arrieta Ochoa de Chinchetru , secrétaire du Dicastère pour les textes législatifs, qui aura 75 ans en avril 2026.

    Au-delà de la curie

    L’ âge moyen des membres du Collège des cardinaux est de 78 ans. Il n’est pas surprenant que ceux qui occupent ses postes les plus élevés soient d’un âge vénérable.

    Le cardinal Giovanni Battista Re, doyen du Collège des cardinaux, est un énergique nonantenaire, tandis que le sous-doyen, le cardinal Leonardo Sandri, est âgé de 81. Le Vatican a annoncé en février que le pape François avait prolongé les mandats de cinq ans des deux hommes le mois précédent.

    La durée et la nécessité juridique de ces prolongations n'étaient pas claires, de sorte que le pape Léon XIV pourrait devoir considérer ces postes à un moment donné - ou il pourrait décider de revenir à la coutume antérieure selon laquelle le doyen du collège servait à vie.

    Bien qu'ils ne soient pas des fonctionnaires de la Curie, les ambassadeurs du pape dans le monde travaillent en étroite collaboration avec la Secrétairerie d'État du Vatican.

    Deux d'entre eux approchent de leur 80e anniversaire : le cardinal Christoph Pierre , nonce apostolique aux États-Unis, et le cardinal Mario Zenari , nonce apostolique en Syrie.

    Compte tenu de leur âge, le pape Léon XIV commencera probablement bientôt à réfléchir à leurs successeurs. Le premier pape né aux États-Unis aura besoin de quelqu'un capable de servir de pont fiable avec le gouvernement le plus puissant du monde dans les années à venir.

    Il devra également identifier quelqu'un qui pourra poursuivre la mission de Zenari, qui est de montrer la solidarité du Vatican avec la population de l'une des nations les plus durement touchées par la guerre au monde, alors qu'elle traverse une transition difficile après la chute du président Bachar al-Assad.

  • Journée de commémoration de l’Holocauste au Cambodge; comment Pol Pot a aboli la famille, tirant les leçons de la Révolution française

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    De Valter Lazzari sur la NBQ :

    Comment Pol Pot a aboli la famille, tirant les leçons de la Révolution française

    Le 20 mai est la Journée de commémoration de l’Holocauste chaque année au Cambodge. Car ce jour-là, l’Angkar a imposé l’obligation de la vie collective et a détruit la famille. D’où vient cette idéologie mortelle ? De France, à partir de la Révolution française.
     
    20_05_2025

    Génocide des Khmers rouges, ossuaire de Siem Reap (La Presse)

    Cela fait cinquante ans. Le 20 mai est la Journée de commémoration de l’Holocauste chaque année au Cambodge. Car ce jour-là, l’Angkar a imposé l’obligation de la vie collective et a détruit la famille.

    Les « libérateurs » avaient des idées claires : une société pure, une véritable égalité , non pas le socialisme mais le communisme. La République démocratique du Kampuchea est née . Il y avait avant tout l' Angkar , qui n'était pas une personne, il n'y avait pas de leader charismatique, pas de césarisme, pas de culte de la personnalité. L’Angkar était une entité collective, une Commission, on peut la traduire par « l’Organisation ». Oui, il y avait Kieu Sampam mais il n'était pas au sommet, c'était Pol Pot, qui n'apparaissait même pas en public. La dévotion était due à l'Angkar .

    Une palingénésie, repartant de l'An Zéro, pour une Société nouvelle. Dans lequel il n'y avait de la place que pour deux grandes classes : Les paysans (collectivisés) sont le Peuple ancien ou simple Peuple des campagnes ou plutôt des territoires "libérés" dans les années et les mois précédant le 17 avril 1975. Ils devaient haïr tous les habitants des villes. Et ils l’ont bien enseigné aux enfants qui composaient leur armée (les enfants soldats n’ont pas été inventés en Afrique).

    Il y avait ensuite le Nouveau Peuple ou Peuple du 17 avril, car ils avaient été « libérés » après le 17 avril. Et tous étaient des ennemis potentiels, car corrompus par les modes de vie occidentaux. Ils représentaient une menace : les personnes instruites, les professionnels, les enseignants, les médecins, les avocats, les locuteurs de langues étrangères, les personnes portant des lunettes, les personnes faibles et handicapées, les moines, les nonnes et, en bref, tous les habitants de la ville. « Les nouveaux venus sont une plante parasite : ils ont perdu la guerre et sont prisonniers de guerre . » « Il n'y a aucun avantage à vous garder ici, il n'y a aucun inconvénient à vous perdre . »

    Il fallait les rééduquer : c'est pour cela qu'ils furent tous expulsés des villes. À la campagne, dans les fermes collectives, tout vêtement coloré était interdit, il fallait donc les teindre en noir, tout le monde s'habillait en noir. La religion est interdite, les origines et les croyances religieuses sont répudiées. Commerce interdit, éducation interdite, argent et propriété privée abolis. Les familles ont été divisées et les gens ont été déportés dans différentes parties du pays : hommes avec hommes, femmes avec femmes ; avec des mères seules ayant des enfants de moins de 6 ans. Résultat? Plus de 3 millions de Cambodgiens tués par les Cambodgiens eux-mêmes, soit un quart de la population : comme si 15 millions d'Italiens avaient été tués par d'autres Italiens.

    Demandons-nous comment il a pu se faire que ce pays ait connu la terreur (même ceux qui cueillaient simplement des fruits sauvages étaient punis de mort) et soit tombé dans la famine, allant même jusqu’au cannibalisme ? Comment la tragédie de la soi-disant République démocratique du Kampuchea, 1975-79, a-t-elle pu se produire ?

    Suong Sikoeun était un cadre de ce régime : il publia ses puissants mémoires en France ( Itinéraire d'un intellectuel khmer rouge éd. Cerf). Son apprentissage, comme celui de tous les autres, s'est déroulé à Paris, sanctuaire des étudiants cambodgiens, où une série de professeurs d'université les ont initiés aux concepts de la Révolution de 1789 combinés à l'expérience communiste. Suong confesse : « Mon processus a été lent et remonte aux années 1950, lorsque j’étais au lycée : je suis devenu passionné par la Révolution française. J'ai fait miens les idéaux de liberté, d'égalité et de fraternité. Et encore plus quand je suis venu en France pour l'université. Au fil des années, je me suis lancé à corps perdu dans des activités et des débats politiques, en arrivant peu à peu à la conclusion que seule une révolution violente, menée par une poignée de militants dévoués et résolus, intimement liés aux masses, sous la direction du Parti marxiste-léniniste, pourrait mettre fin aux maux dont souffraient mon pays et mon peuple : la domination étrangère, l’oppression féodale et l’injustice sociale. (…) Je lisais avidement tout ce qui concernait la Révolution française, avec une préférence pour les Jacobins et leur chef, Robespierre, qui était mon héros, mon idole. Et je me suis décidé à l'idée d'une transformation de la société par la méthode révolutionnaire et à la nécessité d'une dictature prolétarienne."

    En bref, c'est ce que soutenait (bien que moqué) le cardinal archevêque de Paris Jean-Marie Lustiger, qui dans son livre-entretien (La Scelta di Dio, Longanesi) indiquait dans le mélange entre la Révolution de 1789 et le marxisme , dont était imprégnée une certaine culture française du XXe siècle, la responsabilité d'avoir « armé le canon » du génocide cambodgien.

    C'est une histoire qui commence il y a longtemps, la rédemption par Dieu est remplacée par l'idée d'auto-rédemption par l'homme. L'histoire antique et médiévale est marquée par la présence de sectes professant des hérésies manichéennes et gnostiques : les Cathares (XIe-XIIIe siècles), les Frères du Libre Esprit (XIIe-XIVe siècles) (Adamites, Béghards, Hussites, Taborites, ...), les Frères Apostoliques (XIIIe-XIVe siècles), Fra Dolcino : l'avènement d'un renouveau radical du genre humain et l'instauration d'un état définitif de perfection. Puis, au sein de la révolte protestante, des chefs se sont investis en prophètes : T. Műnzer : « que tous étaient égaux, que toutes choses étaient communes à tous les hommes, que chacun recevait selon ses besoins, mais... un impie n'a pas le droit de vivre s'il entrave les pieux... l'épée est nécessaire pour les exterminer ». La « Nouvelle Jérusalem » est Münster : là, pour la première fois, la terreur systématique est appliquée comme moyen de réaliser le rêve messianique de « refaire la création ». L’enthousiasme de F. Engels et de l’historiographie marxiste pour ce « prophète du communisme » est bien connu, car son esprit égalitaire se combinait avec l’action révolutionnaire. Les constantes de ces phénomènes révolutionnaires sont : la création d’un monde nouveau et parfait n’est possible qu’en faisant table rase de l’ancien monde ; toujours la pratique de la Terreur ; la subordination coercitive de tout et de tous au plan politique aujourd'hui pour parvenir demain à la liberté absolue .

    Démocratie totalitaire : son théoricien le plus éminent est Jean Jacques Rousseau . Il nie le péché originel, l'homme est intrinsèquement bon et a vécu heureux dans "l'état de nature" (le bon sauvage) mais l'évolution des rapports sociaux, la naissance de la propriété privée le corrompent. Il faut alors un contrat social : « Chacun de nous met en commun sa propre personne et toute sa propre puissance sous la direction suprême de la volonté générale . » Dans la douce contrainte de Rousseau, la guillotine et le Goulag apparaissent en filigrane . Car « Comment peut-on espérer qu'une multitude aveugle, souvent ignorante de ses propres désirs, exprime une volonté commune ? La sollicitude active d'un leader qui incarne la volonté générale jusqu'à ce que le peuple soit éduqué à la vouloir. »

    D'où vient l'homo ideologicus ? Dans les sociétés de pensée (salons philosophiques, groupements politiques, loges maçonniques et, plus tard, partis idéologiques). Ils parlent de tout, ils se basent sur des mots, pas sur la réalité ; c'est le domaine de l'opinion : il faut briser les obstacles à la liberté, qui sont l'expérience, la tradition, la foi. « Dans les révolutions, l’abstraction tente de s’élever contre le concret. C'est pour cela que l'échec est inhérent aux révolutions" (J. Ortega y Gasset, Masse e aristocrazia , Volpe). Selon A. Cochin ( Mechanics of Revolution , Rusconi) nous avons trois phases.

    Une première étape d'incubation idéologique (1750-1789) : où la Terreur domine déjà les lettres, une Terreur exsangue, dont l'Encyclopédie fut le Comité de Salut public et D'Alembert le Robespierre : avec l'instrument de la diffamation (infamie ) . Le réseau d'entreprises réparties sur toute la France adopte cette méthode.

    Ensuite, deuxième étape, la philosophie devient action politique pour la réalisation de la volonté générale. Cochin fournit la preuve des manipulations par lesquelles les « sociétés » parvenaient à faire adopter des résolutions avant le vote dans les assemblées et, par le biais du réseau corporatif, à les faire converger rapidement vers Paris. Les institutions représentant le peuple de Paris, la Commune et les Sections, finirent par être dominées par une petite minorité de révolutionnaires professionnels , eux-mêmes dirigés par des tireurs de ficelles, les chefs jacobins. Il fallait créer un produit maniable, le citoyen , c’est-à-dire un individu sans protections sociales. Et ainsi affaiblir les liens familiaux « Les enfants appartiennent à la République, avant leurs parents » (GJ Danton).

    Troisième phase (1793-94) : l'État révolutionnaire . Celui qui incarne la volonté générale a le devoir d'élargir le champ des ennemis du peuple et de « punir non seulement les traîtres mais aussi les indifférents » (Saint-Just, Terreur et liberté , Editori riuniti). Ennemis du peuple : le terme (sinistrement abondant dans le vocabulaire communiste) est né avec la Terreur jacobine. Elle est globale : par exemple, dans la loi du 22 prairial an II, la définition des « ennemis du peuple » est si vague que tout le monde peut y être inclus : puisqu'il suffit d'« inspirer le découragement », de chercher à « corrompre les mœurs » ou à « altérer la pureté et la puissance des principes révolutionnaires », rien n'étant défini sur ce que signifient ces termes très généraux. Le droit-devoir d’exercer la terreur : « La terreur n’est rien d’autre qu’une justice prompte, sévère, inflexible ; c'est donc une émanation de la vertu. » Et la machine de la Terreur se nourrit de dénonciation et se couvre de silence. Il faut alors trouver les « coupables » des échecs révolutionnaires (famine, effondrement de la production, défaites militaires, ...). Finalement, la Révolution dévore ses enfants.

    Voici les étapes de la démocratie totalitaire et voici le Kampuchea démocratique : contrairement à l'Occident, où ce trouble-fête de l'Église vous empêche de faire les choses exactement comme elles devraient être faites, à l'Est les étudiants étaient assidus et savaient appliquer les théories avec le plus grand zèle.

  • Paglia remplacé à l'Institut Jean-Paul II

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    Du Pillar :

    Paglia remplacé à l'institut JPII

    L'archevêque controversé reste à la tête de l'Académie pontificale pour la vie

    Archevêque Vincenzo Paglia. Photo d'archives du Pillar.

    Cette annonce marque l'un des changements de personnel les plus importants des premières semaines du pontificat du pape Léon XIV.

    Avant que le pape François ne désigne Paglia à ce poste en 2016, le grand chancelier de l'Institut était le cardinal vicaire de Rome, car le vicaire est également le grand chancelier de l'Université du Latran, où l'Institut a été fondé à l'origine.

    Bien que le pape Léon n'ait pas annulé la réforme juridique de 2019 qui donnait au pape l'autorité directe de nommer le grand chancelier de l'institut, son choix de Reina rétablit effectivement la structure antérieure.

    Le grand chancelier ne supervise pas le fonctionnement quotidien de l'institut, mais son rôle n'est pas purement cérémoniel. Il propose le président, le vice-président et les professeurs de l'institut au Dicastère pour l'Éducation catholique et accorde et révoque la mission canonique des professeurs, à savoir leur autorisation d'enseigner dans une faculté catholique.

    Paglia, 80 ans, reste à la tête de l'Académie pontificale pour la vie.


    Le mandat de Paglia à l’Institut JPII et à l’Académie pontificale pour la vie a été entaché de controverses.

    L'arrivée de l'archevêque à l'institut a conduit à sa restructuration, avec de nouveaux statuts promulgués en 2019, et de nombreux professeurs et administrateurs licenciés tandis que le programme était réorienté autour de ce que Paglia et ses alliés décrivaient comme une « nouvelle théologie pastorale » - un cadre qui, selon les critiques, s'appuyait davantage sur la sociologie et l'anthropologie laïque que sur la théologie morale.

    L’un des principaux changements apportés aux statuts a concentré l’embauche des professeurs au sein du bureau du chancelier, écartant ainsi les professeurs titulaires du processus.

    Ces changements ont profondément réorienté l'institution. Autrefois institution théologique catholique phare étudiant la théologie du corps de Jean-Paul II, elle s'est vue conférer une identité moins claire, hormis son orientation apparente vers la sociologie. Selon plusieurs sources, les inscriptions ont stagné après sa restructuration.

    Paglia a embauché des professeurs controversés à l'institut, dont le père Maurizio Chiodi, qui a déclaré en 2018 que le recours à la contraception artificielle pourrait, dans certains cas, « être reconnu comme un acte de responsabilité qui est accompli, non pas pour rejeter radicalement le don d'un enfant, mais parce que dans ces situations, la responsabilité appelle le couple et la famille à d'autres formes d'accueil et d'hospitalité ».

    En avril 2023, Paglia s'est adressé au Festival international du journalisme de Pérouse, prononçant un bref discours dans le cadre d'un débat sur le thème « Le dernier voyage — Vers la fin de la vie ».

    Paglia a expliqué que « personnellement, [il] ne pratiquerait pas le suicide assisté, mais [il pourrait] comprendre que la médiation juridique peut constituer le plus grand bien commun concrètement possible dans les conditions dans lesquelles nous nous trouvons. »

    En août 2022, Paglia a provoqué une tempête médiatique similaire lorsqu'il a déclaré à un journaliste italien qu'une loi de 1978 dépénalisant l'avortement est un « pilier » de la « vie sociale » italienne et n'est « absolument pas » sujette à discussion dans le pays.

    Paglia a fait l'objet d'une enquête en 2022 à la suite d'informations selon lesquelles il aurait détourné des centaines de milliers d'euros de dons reçus par le Conseil pontifical pour la famille sous sa direction .

    Des responsables du Vatican ont déclaré à The Pillar que, dans une note de mai 2015, Paglia affirmait avoir remplacé l'argent détourné de ses œuvres caritatives. Mais des sources ont indiqué que si 600 000 euros avaient été transférés sur le compte concerné, ils provenaient de nouveaux dons collectés par le Conseil pontifical, et non de Paglia.

    Après avoir initialement refusé de commenter, Paglia a ensuite nié avoir utilisé des fonds caritatifs pour des dépenses personnelles.

    Son assistant personnel a finalement déclaré à The Pillar par courriel que l'archevêque « a chargé un avocat basé aux États-Unis d'engager des poursuites contre votre journal pour la grave diffamation représentée par une partie de vos écrits ». Aucune plainte n'a été déposée.


    Alors que la controverse semble suivre Paglia — et ses déclarations sur des sujets brûlants pendant son mandat à l’Institut et à l’Académie pontificale pour la vie — le cardinal Reina est resté discret tout au long de son ascension rapide à Rome.

    Reina est passé du poste de recteur du séminaire de l'archidiocèse sicilien d'Agrigente à celui de cardinal vicaire de Rome en un peu moins de trois ans.

    Il a rejoint le personnel du Dicastère pour le clergé début 2022, pour être nommé évêque auxiliaire de Rome en mai 2022.

    Sa promotion suivante eut lieu en janvier 2023, lorsqu'il fut nommé vice-régent du diocèse de Rome. Après l'éviction du cardinal Angelo De Donatis en avril 2024, Reina assuma temporairement cette fonction ; il fut ensuite nommé vicaire général en octobre 2024 et créé cardinal en décembre 2024.

    Reina a rarement donné des interviews et s'est tenu à l'écart des projecteurs, à l'instar du pape Léon XIV à la curie et au Pérou, mais Reina est largement considéré comme un choix moins controversé sur le plan théologique que Paglia.

    Dans une interview accordée à The Pillar lors du consistoire de 2024, Reina a déclaré que l'antidote à la sécularisation était « une nouvelle évangélisation, comme Jean-Paul II l'avait déjà appelé il y a plus de deux décennies maintenant ».

    Interrogé sur la nécessité pour l'Église d'adapter son enseignement à son époque, Reina a répondu : « L'Église est toujours à l'écoute de la vie humaine. Pourtant, les enseignements moraux reposent sur un fondement solide : les enseignements de l'Écriture Sainte et ce que Dieu a toujours révélé. »

    « L’Église n’a donc pas besoin de s’adapter aux temps, mais doit agir de telle manière que les temps s’adaptent à la logique de l’Évangile », a-t-il ajouté.

  • Apprenons à chanter avec le pape !

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    De Clément LALOYAUX sur Cathobel :

    Une chouette initiative du Vatican : chantez avec Léon XIV lors des messes papales !

    Une chouette initiative du Vatican : chantez avec Léon XIV lors des messes papales !
    Léon XIV entonne le Regina Caeli face à 100 000 fidèles, le 11 mai 2025. © Vatican Media

    Vous l'aurez sûrement remarqué : le nouveau pape entonne lui-même les prières en latin. Une série de vidéos veut permettre aux fidèles de comprendre les bases de grégorien, afin d’accompagner Léon XIV lors de ses prochaines messes.

    Le pape Léon XIV est un chanteur. Dès son élection, une archive vidéo de celui qui était alors évêque au Pérou avait ressurgi sur les réseaux sociaux. On le voyait interpréter Feliz Nevidad ("Joyeux Noël") aux côtés d'un groupe péruvien. Un buzz qui avait ensuite suscité son lot de rumeurs et fake news.

    Le service de fact-checking de l'AFP a d'ailleurs consacré un article entier pour certifier, témoignage de son frère à l'appui, que, non, Robert Prevost n'a jamais été un musicien de jazz appelé "Bobby Prev". Une image générée par IA, montrant l'américain soufflant dans un trombone, étant à la source de cette intox.

     

    Apprenez le grégorien !

    Cet engouement musical n’a pas échappé au Vatican. L'Institut pontifical de musique sacrée lance une nouvelle initiative : « Chantons avec le pape ». Le concept ? Une série de vidéos de vulgarisation diffusée sur les réseaux sociaux afin de rendre le chant grégorien accessible au grand public. De cette façon, les fidèles pourront accompagner le pape Léon XIV lorsqu'il entonnera les prières en latin lors des prochaines célébrations liturgiques.

    Sur leur page Instagram, l'institut de musique, fondé par saint Pie X en 1910, explique que leur objectif est de rendre le riche héritage du chant grégorien - "ce langage musical et spirituel universel" - accessible à tous et de " promouvoir une participation active et consciente à la liturgie".

    Dans la première vidéo de la série, le père Robert Mehlhart o.p., recteur de l'institut pontifical, décortique le premier chant qu'on peut entendre lors d'une messe papale : le Signe de Croix. Le succès est au rendez-vous. Rien que sur Instagram, cette vidéo a déjà récolté pas moins de… 27.000 likes !

     

  • Saint Bernardin de Sienne (20 mai)

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    D'Evangile au Quotidien :

    Bernardino Albizeschi naît le 8 septembre 1380, jour de la Nativité de Marie, à Massa Maritima, près de Sienne (en Toscane, Italie). Tout jeune, il fut privé, de ses nobles et pieux parents ; mais il trouva dans une de ses tantes une véritable mère. Voyant un jour cette femme refuser de donner à un pauvre, il lui dit : « Pour l'amour de Dieu, donnez à ce pauvre ; autrement je ne prendrai rien aujourd'hui. »

    Sa pureté était si grande, que le moindre mot inconvenant l'affligeait profondément : « Silence, disaient les étudiants quand ils le voyaient apparaître au milieu de leurs conversations trop libres, silence, voici Bernardin ! »

    À dix-sept ans, il entra dans une confrérie de garde-malades, et soigna pendant quatre ans, dans un hôpital, avec un dévouement et une douceur rares, toutes les infirmités humaines. Se traitant lui-même avec la dernière dureté, il ne songeait qu'aux besoins des autres ; il parut surtout héroïque dans une peste affreuse, où il s'imposa mille fatigues et brava mille fois la mort.

    En 1402 l'inspiration du Ciel le conduisit dans l'Ordre des Frères Mineurs où il commença très tôt sa mission de prédicateur à travers toute l’Italie ; il la poursuivra jusqu'à la fin de sa vie malgré une santé fragile. Grâce à la bonté de sa Mère céleste, sa voix, faible et presque éteinte, devint inopinément claire et sonore ; Bernardin fut un apôtre aussi brillant par son éloquence que par sa science, et opéra en Italie de merveilleux fruits de salut.

    Le principal caractère de la vie de ce grand saint, c'est son amour extraordinaire pour la très Sainte Vierge. Faisant un jour l'éloge de la Sainte Vierge, il lui appliqua cette parole de l'Apocalypse : « Un grand signe est apparu au Ciel. » Au même instant, une étoile brillante parut au-dessus de sa tête. Une autre fois, parlant en italien, il fut parfaitement compris par des auditeurs grecs qui ne connaissaient que leur langue maternelle.

    Un jour, un pauvre lépreux lui demanda l'aumône ; Bernardin, qui ne portait jamais d'argent, lui donna ses souliers ; mais à peine le malheureux les eut-il chaussés, qu'il se senti soulagé et vit disparaître toute trace de lèpre.

    Bernardin, allant prêcher, devait traverser une rivière et ne pouvait obtenir le passage de la part d'un batelier cupide auquel il n'avait rien à donner. Confiant en Dieu il étendit son manteau sur les eaux, et, montant sur ce frêle esquif, passa la rivière.

    C'est à Bernardin de Sienne que remonte la dévotion au saint Nom de Jésus : il ne pouvait prononcer ce nom sans éprouver des transports extraordinaires.

    Il invitait les édiles à inscrire le nom de Jésus sur les murs des édifices, au moins les 3 lettres « IHS » (I : esus – H : umani – S : alvator » = Jésus sauveur des hommes). Il prêchait en montrant aux foules un panneau portant le monogramme du Christ « IHS » peint en lettres (gothiques) d’or dans un soleil symbolique. En effet sa prédication était centrée sur le nom de Jésus dont il recommandait la dévotion. (source : http://ecole-franciscaine-de-paris.fr)

    Il a été aussi un des apôtres les plus zélés du culte de saint Joseph.

    II est mort à Aquila au cours d'une dernière course apostolique le 20 mai 1444. Moins d'un an après sa mort, le procès de canonisation fut ouvert et aboutit en 1450.

    Bernardino (Albizeschi) de Sienne, en effet, fut canonisé le 24 mai 1450, par le pape Nicolas V (Tomaso Parentucelli, 1447-1455), soit à peine 6 ans après sa mort.

    Lire : Les prodigieux sermons de Bernardin de Sienne

  • Léon XIV, le retour de la thématique de la vérité

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    D' sur Monday Vatican :

    Léon XIV, le retour du thème de la vérité

    Paix, justice et vérité. C'est par ces trois mots que Léon XIV a indiqué les lignes directrices de l'activité diplomatique lors de la réunion des ambassadeurs accrédités près le Saint-Siège, vendredi dernier. Elles constitueront également les lignes directrices de la doctrine diplomatique de ce pontificat.

    Il est trop tôt pour porter un jugement sur Léon XIV, ses œuvres et l’orientation qu’il veut donner à l’Église.

    Il n'est cependant pas trop tôt pour observer un changement substantiel de direction, qui s'est produit depuis que le pape est apparu de la loggia de bénédiction en soutane blanche et mozette rouge, comme tous les papes avant lui, à l'exception du pape François.

    C'était un signe de discontinuité assez évident, qui fut suivi d'autres signes de discontinuité. De l'utilisation des croix pectorales – la simple en argent pour les événements privés et la plus précieuse, ornée des reliques des saints augustins, pour les événements publics – à celle de la férule ayant appartenu à Benoît XVI lors de la première messe avec les cardinaux à la chapelle Sixtine, tout chez Léon XIV indique qu'il cherche à reconnecter l'Église à son histoire.

    Jamais auparavant le pontificat de François n'avait autant ressemblé à une histoire interrompue, à une parenthèse (belle pour certains, moins pour d'autres) dans l'histoire de l'Église, qui ne rompait peut-être pas avec la doctrine, mais avec la manière d'être du Vatican. Celui du pape François ne fut pas une révolution. Il fut plutôt l'irruption d'un nouveau point de vue, aimé par certains, mal toléré par d'autres, en tout cas perturbateur au sein de l'Église catholique.

    Léon XIV est appelé à instaurer l'harmonie, et il y est parvenu jusqu'à présent en suivant deux axes. D'une part, il a tenté de préserver tout ce qu'il y avait de bon dans le pontificat de son prédécesseur. Il a relancé la synodalité, cité François sur le thème de la Troisième Guerre mondiale en morceaux et sur le changement d'ère, et n'a pas manqué de lancer ses appels à la paix dans le monde, en recentrant son attention sur l'Ukraine et la Terre Sainte.

    En même temps, il a montré sa direction. Il n'y a pas eu d'appels improvisés ni de sailles personnelles. Léon XIV prépare ses discours, étudie les dossiers, demande conseil et (jusqu'à présent) les écoute. Un exemple clair en a été l'appel à une paix juste et durable en Ukraine lors du Regina Coeli du 11 mai dernier.

    Léon se rendit également, à l'improviste, au sanctuaire de la Madonna del Buon Consiglio à Genazzano. Il alla ensuite déjeuner à la Curie des Augustins, comme il le faisait déjà en tant que cardinal. Cependant, il ne le fit pas de manière impromptue ; il le fit dans une voiture de représentation, sans trop d'hystérie ni de désir d'être vu.

    Tout le monde remarque que Léon XIV refuse de prendre des selfies – un seul a été publié lors de son premier retour au Palais Sant'Uffizio après les élections – et qu'il tient plutôt à maintenir une distance institutionnelle appropriée. Il plaisante et se fait connaître, mais il n'exagère pas et ne recherche pas les applaudissements faciles. Ce n'est pas un adepte du culte de la personnalité.

    Parmi tous les signes de discontinuité, le retour du thème de la vérité dans les discours est cependant particulièrement marquant. Benoît XVI avait centré sa doctrine diplomatique sur la vérité, à tel point que son premier message pour la Journée mondiale de la paix était « Dans la vérité, la paix ». Le pape François avait opéré un changement de perspective. François demandait de se concentrer sur des situations concrètes plutôt que sur de grands concepts. Il utilisait une méthode inductive plutôt que déductive, et il s'intéressait aux questions pratiques plutôt qu'aux questions théoriques.

    Laudato si', la première grande encyclique sociale du pape François, est consacrée à un thème spécifique, l'écologie, et regorge de données sur la pollution qui n'auraient jamais figuré dans une encyclique, car il s'agit de données variables. Le pape a ensuite dû actualiser cette encyclique, et il l'a fait avec une exhortation, Laudate Deum. Laudato si' a été rédigée pour la COP21 à Paris. Le Laudate Deum a été prononcé lors de la COP28 à Dubaï. Ces deux documents ont un objectif précis et ressemblent davantage à des documents de travail pour les institutions internationales, malgré leurs connotations claires de doctrine sociale catholique.

    Il est peu probable que cela se produise avec Léon XIV.

    Non seulement il a relancé le thème de la diplomatie de la vérité, mais il a aussi opéré un renversement copernicien par rapport à ce qui était jusqu'ici le précepte général. Le pape a affirmé que cette vérité est celle de la foi des chrétiens en l'homme et que l'Église ne se lassera jamais de dire la vérité sur Dieu et sur l'homme, même si cette franchise peut être mal interprétée.

    Il s’agit d’un changement de paradigme substantiel, qui fait suite à la tentative de changement de paradigme sous le pape François et sous sa direction, telle qu’elle a été.

    Le pape François a demandé de parler aux hommes de son temps, avec le langage de son temps. La réforme de l'Académie pontificale de théologie ou des programmes des universités catholiques s'appuyait également sur ce principe. Un langage transdisciplinaire était demandé, ce qui impliquait avant tout d'abandonner le langage de l'identité, mais de s'ouvrir au monde pour être compris par lui.

    Léon XIV demande de prêcher la vérité et d'accepter que le monde puisse ne pas la comprendre. En bref, il dessine un monde dans lequel la présence chrétienne doit se profiler à partir de l'annonce de la vérité. Il ne s'agit pas de trouver un langage pour parler à tous. Il s'agit de s'expliquer à tous afin que chacun puisse comprendre ce langage.

    Cela semble abstrait, mais ce n’est pas le cas.

    Ce changement de paradigme modifiera également la manière dont les discours sont rédigés au Vatican, qui est encore très liée au style du pape François et à sa philosophie du « voir, juger et agir » qui s’est matérialisée en Amérique latine.

    Léon XIV est le premier pape à ne pas s'être formé lors des débats du Concile Vatican II, mais après. Il est le pape d'une nouvelle génération. Le langage doit changer, et les anciennes catégories ne permettront plus de comprendre le pontificat. En bref, nous sommes confrontés à un changement d'époque qui reste à déchiffrer.

  • Léon XIV, dix jours plus tard. Les mots-clés du nouveau successeur de Pierre

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    De Sandro Magister sur Settimo Cielo (en français sur diakonos.be) :

    Léon XIV, dix jours plus tard. Les mots-clés du nouveau successeur de Pierre

    (s.m.) Au cours des dix jours entre son élection comme pape et la messe d’inauguration de son ministère pétrinien, Léon XIV a déjà exprimé avec clarté les lignes maîtresses du nouveau pontificat.

    « Disparaître pour que le Christ demeure, se faire petit pour que Lui soit connu et glorifié » : tel est en synthèse le service qu’il veut offrir à l’Église et à l’humanité entière. Et ceci depuis sa première salutation depuis la loggia de la basilique de Saint-Pierre, qu’il a prononcée non pas avec ses propres mots, mais avec ceux de Jésus ressuscité.

    Le pontificat de Léon s’annonce sous le signe du service de l’annonce de la foi au Christ dans un monde qui menace de s’éteindre, avec les drames qui s’en suivront, un monde dans lequel l’Église doit savoir se faire le phare du salut qui vient de Dieu.

    Mais laissons la parole au pape Léon, dans cette anthologie de ses premiers actes de services à l’Église et à l’humanité.

    *

    “Telle est la salutation du Christ ressuscité”

    De la première salutation « urbi et orbi » aux fidèles, le 8 mai 2025

    Que la paix soit avec vous tous ! Très chers frères et sœurs, telle est la première salutation du Christ ressuscité, le Bon Pasteur qui a donné sa vie pour le troupeau de Dieu. […] C’est la paix du Christ ressuscité, une paix désarmée et désarmante, humble et persévérante. Elle vient de Dieu, Dieu qui nous aime tous inconditionnellement. […]

    Je suis un fils de saint Augustin, augustinien, qui a dit : « Avec vous, je suis chrétien, et pour vous, je suis évêque ». En ce sens, nous pouvons tous marcher ensemble vers la patrie que Dieu nous a préparée.

    *

    “Disparaître pour que le Christ demeure”

    De l’homélie de la messe « pro Ecclesia » avec les cardinaux, le 9 mai 2025

    « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » (Mt 16, 16). Par ces paroles, Pierre, interrogé avec les autres disciples par le Maître sur la foi qu’il a en Lui, exprime en synthèse le patrimoine que l’Église, à travers la succession apostolique, garde, approfondit et transmet depuis deux mille ans. Jésus est le Christ, le Fils du Dieu vivant, c’est-à-dire l’unique Sauveur et le révélateur du visage du Père. […]

    Cependant, en amont de la conversation où Pierre fait sa profession de foi, il y a aussi une autre question : « Au dire des gens, qui est le Fils de l’homme ? » (Mt 16, 13). […]

    Il y a tout d’abord la réponse du monde, […] qui considère Jésus comme une personne totalement insignifiante, tout au plus un personnage curieux, qui peut susciter l’émerveillement par sa manière inhabituelle de parler et d’agir. Ainsi, lorsque sa présence deviendra gênante en raison de son exigence d’honnêteté et de moralité, ce « monde » n’hésitera pas à le rejeter et à l’éliminer.

    Il y a ensuite une autre réponse possible à la question de Jésus : celle du peuple. Pour lui, le Nazaréen n’est pas un « charlatan » : c’est un homme droit, courageux, qui parle bien et dit des choses justes, comme d’autres grands prophètes de l’histoire d’Israël. C’est pourquoi il le suit, du moins tant qu’il peut le faire sans trop de risques ni d’inconvénients. Mais ce n’est qu’un homme, et donc, au moment du danger, lors de la Passion, il l’abandonne et s’en va, déçu.

    Ce qui frappe dans ces deux attitudes, c’est leur actualité. Elles incarnent en effet des idées que l’on pourrait facilement retrouver – peut-être exprimées dans un langage différent, mais identiques dans leur substance – dans la bouche de nombreux hommes et femmes de notre temps. Aujourd’hui encore, nombreux sont les contextes où la foi chrétienne est considérée comme absurde, réservée aux personnes faibles et peu intelligentes ; des contextes où on lui préfère d’autres certitudes, comme la technologie, l’argent, le succès, le pouvoir, le plaisir.

    Il s’agit d’environnements où il n’est pas facile de témoigner et d’annoncer l’Évangile, et où ceux qui croient sont ridiculisés, persécutés, méprisés ou, au mieux, tolérés et pris en pitié. Et pourtant, c’est précisément pour cette raison que la mission est urgente en ces lieux, car le manque de foi entraîne souvent des drames tels que la perte du sens de la vie, l’oubli de la miséricorde, la violation de la dignité de la personne sous ses formes les plus dramatiques, la crise de la famille et tant d’autres blessures dont notre société souffre considérablement.

    Aujourd’hui encore, il existe des contextes où Jésus, bien qu’apprécié en tant qu’homme, est réduit à une sorte de leader charismatique ou de super-homme, et cela non seulement chez les non-croyants, mais aussi chez nombre de baptisés qui finissent ainsi par vivre, à ce niveau, dans un athéisme de fait.

    Tel est le monde qui nous est confié, dans lequel, comme nous l’a enseigné à maintes reprises le Pape François, nous sommes appelés à témoigner de la foi joyeuse en Christ Sauveur. C’est pourquoi, pour nous aussi, il est essentiel de répéter : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » (Mt 16, 16). […]

    Ignace d’Antioche, […] conduit enchaîné vers cette ville, lieu de son sacrifice imminent, écrivait aux chrétiens qui s’y trouvaient : « Alors je serai vraiment disciple de Jésus-Christ, quand le monde ne verra plus mon corps ». Il faisait référence au fait d’être dévoré par les bêtes sauvages dans le cirque – et c’est ce qui arriva –, mais ses paroles renvoient de manière plus générale à un engagement inconditionnel pour quiconque exerce un ministère d’autorité dans l’Église : disparaître pour que le Christ demeure, se faire petit pour qu’Il soit connu et glorifié (cf. Jn 3, 30), se dépenser jusqu’au bout pour que personne ne manque l’occasion de Le connaître et de L’aimer.

    *

    Pour une liturgie qui ouvre au mystère

    Du discours aux Églises d’Orient, le 14 mai 2025

    Le Christ est ressuscité. Il est vraiment ressuscité ! Je vous salue avec les paroles que, dans de nombreuses régions, l’Orient chrétien ne se lasse pas de répéter en ce temps pascal, professant ainsi le noyau central de la foi et de l’espérance.

    L’Église a besoin de vous. Quelle contribution importante peut nous apporter aujourd’hui l’Orient chrétien ! Combien nous avons besoin de retrouver le sens du mystère, si vivant dans vos liturgies qui impliquent la personne humaine dans sa totalité, chantent la beauté du salut et suscitent l’émerveillement devant la grandeur divine qui embrasse la petitesse humaine ! Et combien il est important de redécouvrir, même dans l’Occident chrétien, le sens de la primauté de Dieu, la valeur de la mystagogie, de l’intercession incessante, de la pénitence, du jeûne, des larmes pour ses propres péchés et pour ceux de toute l’humanité (penthos), si typiques des spiritualités orientales ! […]

    Qui donc, plus que vous, pourrait chanter des paroles d’espérance dans l’abîme de la violence ? Qui plus que vous, qui connaissez de près les horreurs de la guerre. […] Et sur toute cette horreur […] se détache un appel : non pas tant celui du Pape, mais celui du Christ, qui répète : « La paix soit avec vous ! » (Jn 20, 19.21.26). Et il précise : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne » (Jn 14, 27). La paix du Christ n’est pas le silence de mort après le conflit, elle n’est pas le résultat de l’oppression, mais un don qui concerne les personnes et réactive leur vie.

    *

    Pour une paix qui soit juste et durable

    Du discours au corps diplomatique, le 16 mai 2025

    Je considère que la contribution que les religions et le dialogue interreligieux peuvent apporter pour favoriser des contextes de paix est fondamentale. Cela exige naturellement le plein respect de la liberté religieuse dans chaque pays, car l’expérience religieuse est une dimension fondamentale de la personne humaine, sans laquelle il est difficile, voire impossible, d’accomplir cette purification du cœur nécessaire pour construire des relations de paix. […]

    Il incombe à ceux qui ont des responsabilités gouvernementales de s’efforcer à construire des sociétés civiles harmonieuses et pacifiées. Cela peut être accompli avant tout en misant sur la famille fondée sur l’union stable entre un homme et une femme, « une société très petite sans doute, mais réelle et antérieure à toute société civile » (Léon XIII, “Rerum novarum”, 9). En outre, personne ne peut se dispenser de promouvoir des contextes où la dignité de chaque personne soit protégée, en particulier celle des plus fragiles et des plus vulnérables, du nouveau-né à la personne âgée, du malade au chômeur, que celui-ci soit citoyen ou immigrant. […]

    On ne peut construire des relations véritablement pacifiques, même au sein de la Communauté internationale, sans vérité… Pour sa part, l’Église ne peut jamais se soustraire à son devoir de dire la vérité sur l’homme et sur le monde, en recourant si nécessaire à un langage franc qui peut au début susciter une certaine incompréhension. Mais la vérité n’est jamais séparée de la charité qui, à la racine, a toujours le souci de la vie et du bien de tout homme et de toute femme. D’ailleurs, dans la perspective chrétienne, la vérité n’est pas l’affirmation de principes abstraits et désincarnés, mais la rencontre avec la personne même du Christ qui vit dans la communauté des croyants.

    *

    “Dans l’unique Christ, nous sommes un: c’est la route à parcourir ensemble”

    De l’homélie de la messe d’inauguration du pontificat, le 18 mai 2025

    Amour et unité : ce sont les deux dimensions de la mission confiée à Pierre par Jésus.  […] Comment Pierre peut-il s’acquitter de cette tâche ? L’Évangile nous dit que cela n’est possible que parce qu’il a expérimenté dans sa propre vie l’amour infini et inconditionnel de Dieu, y compris à l’heure de l’échec et du reniement. C’est pourquoi, lorsque Jésus s’adresse à Pierre, l’Évangile utilise le verbe grec « agapao », qui se réfère à l’amour que Dieu a pour nous, à son offrande sans réserve et sans calcul, différent de celui utilisé pour la réponse de Pierre, qui décrit plutôt l’amour de l’amitié, que nous avons entre nous. […]

    À Pierre est donc confiée la tâche « d’aimer davantage » et de donner sa vie pour le troupeau. Le ministère de Pierre est précisément marqué par cet amour oblatif, car l’Église de Rome préside à la charité et sa véritable autorité est la charité du Christ. Il ne s’agit jamais d’emprisonner les autres par la domination, la propagande religieuse ou les moyens du pouvoir, mais il s’agit toujours et uniquement l’aimer comme Jésus l’a fait.

    Lui — affirme l’apôtre Pierre lui-même — « est la pierre méprisée de vous, les bâtisseurs, mais devenue la pierre d’angle » (Ac 4, 11). Et si la pierre est le Christ, Pierre doit paître le troupeau sans jamais céder à la tentation d’être un meneur solitaire ou un chef placé au-dessus des autres, se faisant maître des personnes qui lui sont confiées (cf. 1 P 5, 3). Au contraire, il lui est demandé de servir la foi de ses frères, en marchant avec eux : en effet, nous sommes tous constitués « pierres vivantes » (1 P 2, 5), appelés par notre baptême à construire l’édifice de Dieu dans la communion fraternelle, dans l’harmonie de l’Esprit, dans la coexistence des diversités. Comme l’affirme saint Augustin : « L’Église est constituée de tous ceux qui sont en accord avec leurs frères et qui aiment leur prochain » (Discours 359, 9).

    Cela frères et sœurs, je voudrais que ce soit notre premier grand désir : une Église unie, signe d’unité et de communion, qui devienne ferment pour un monde réconcilié.

    À notre époque, nous voyons encore trop de discorde, trop de blessures causées par la haine, la violence, les préjugés, la peur de l’autre, par un paradigme économique qui exploite les ressources de la Terre et marginalise les plus pauvres. Et nous voulons être, au cœur de cette pâte, un petit levain d’unité, de communion, de fraternité. Nous voulons dire au monde, avec humilité et joie : regardez le Christ ! Approchez-vous de Lui ! Accueillez sa Parole qui illumine et console ! Écoutez sa proposition d’amour pour devenir son unique famille : « dans l’unique Christ, nous sommes un ». Et c’est la route à parcourir ensemble, entre nous, mais aussi avec les Églises chrétiennes sœurs, avec ceux qui suivent d’autres chemins religieux, avec ceux qui cultivent l’inquiétude de la recherche de Dieu, avec toutes les femmes et tous les hommes de bonne volonté, pour construire un monde nouveau où règne la paix!

    ———

    Sandro Magister est le vaticaniste émérite de l’hebdomadaire L’Espresso.
    Tous les articles de son blog Settimo Cielo sont disponibles sur diakonos.be en langue française.
    Ainsi que l’index complet de tous les articles français de www.chiesa, son blog précédent.

  • France : les députés adoptent le « droit à l’aide à mourir » : une « trajectoire vertigineuse »

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    De gènéthique.org :

    Les députés adoptent le « droit à l’aide à mourir » : une « trajectoire vertigineuse »

    19 mai 2025

    Samedi, les députés ont continué l’examen de la proposition de loi « relative au droit à l’aide à mourir ». Des séances ajoutées afin de tenir les délais d’examen du texte : le vote solennel est prévu le 27 mai.

    « Aide à mourir » : un oxymore, un euphémisme

    Alors qu’ils examinent l’article 2, les deux premières heures du débat ont été intégralement consacrées à des débats sémantiques, dans le prolongement de ceux de la veille. Christophe Bentz (Rassemblement National) souligne que le terme « aide à mourir » est en fait un oxymore, mêlant une notion positive (aide) et une notion négative (mourir). Ce qui donne une idée faussement positive de l’acte d’administrer une substance létale.

    C’est aussi un euphémisme qui engendre une confusion pointe Philippe Juvin (Droite Républicaine) : l’« aide à mourir » existe déjà dans les soins palliatifs où l’on accompagne le patient jusqu’à la mort. C’est « une offense faite aux soignants lesquels, précisément, aident les malades à mourir », abonde Annie Vidal (Ensemble pour la République).

    La députée comme Dominique Potier (Socialistes et apparentés) tente au moins d’insérer l’adjectif « active » pour dissiper un peu la confusion mais tous les amendements relatifs à la terminologie sont rejetés.

    Un « droit » affiché comme un « soin »

    Charles Rodwell (Ensemble pour la République) prévient : le terme de « droit » ouvre la voie à des élargissements inévitables. La ministre Catherine Vautrin, contrairement au rapporteur général Olivier Falorni (Les Démocrates), est très réservée sur l’usage de cette notion de « droit ». « Je suis en désaccord avec le vote de la commission sur la notion de droit à l’aide à mourir plutôt que d’aide à mourir, indique la ministre. Pour le gouvernement, il s’agit non pas d’un droit, mais d’une liberté encadrée par des conditions médicales strictes qui définissent l’éligibilité ; c’est ce qui était prévu dans le texte présenté l’année dernière et c’est pourquoi nous sommes défavorables à ce terme. »

    L’amendement 834 de Charles Sitzenstuhl (Ensemble pour la République) demande que le sujet de l’« aide à mourir » ne soit pas placé dans la première partie du Code de la Santé publique consacrée à la « Protection générale de la santé », mais dans une septième partie, à créer, pour éviter la confusion de l’administration d’une substance létale avec un soin. Son amendement est rejeté mais le débat sur cette question reviendra plus tard.

    L’euthanasie rétablie comme une « exception »

    Le rejet des amendements s’enchaine jusqu’à la proposition de rétablir l’euthanasie comme une exception et non plus une décision du patient. Ainsi, l’amendement 2650 du gouvernement qui est adopté prévoit que l’euthanasie ne sera pratiquée sur une personne que « lorsqu’elle n’est pas en mesure physiquement d’y procéder ». « La loi affirme que le dernier acte doit appartenir à l’individu. » Olivier Falorni plébiscitait, lui, le « libre choix ». Le rapporteur général « redoute » qu’un patient ne soit finalement pas en mesure de s’administrer une substance létale pour « des raisons diverses », telles que l’« angoisse » ou le « stress ».

    De multiples amendements dans les rangs de la droite et du centre allaient dans le même sens. Les amendements visant à introduire le volontariat du médecin ou le fait qu’il doive être en activité seront, eux, rejetés.

    Plus tard, des députés, nombreux, tenteront de supprimer complètement l’alternative euthanasique, « même si l’acte n’est pas moins grave sur le fond » souligne Christophe Bentz. « La légalisation de la mort provoquée n’est pas qu’une question individuelle », insiste de son côté Thibault Bazin quand Vincent Trébuchet (UDR) dénonce : « L’ouverture de l’euthanasie, ce serait revenir sur 2 500 ans de serment d’Hippocrate ». « Continuons à renouveler ces interdits qui sont porteurs d’une véritable fraternité, et qui sont des garde-fous indispensables à notre vivre ensemble » plaide-t-il. Tous ces amendements seront rejetés ; l’euthanasie demeurera une possibilité.

    Danielle Simonnet (Ecologiste et social) veut, quant à elle, que l’administration du produit létal puisse être effectuée par « un proche » (amendement 1858). Un « geste humaniste » pour Sandrine Rousseau du même groupe. Son amendement est rejeté mais Karen Erodi (LFI-NFP) lui succède en défendant l’amendement 2232 visant à autoriser cette fois une personne désignée par le patient. Philippe Juvin alerte contre les potentiels conflits d’intérêts mais pointe aussi la « charge psychologique », et parfois la « grande fatigue des aidants ». Les amendements sont rejetés.

    Une pratique supprimée du Code pénal

    Patrick Hetzel, entre autres députés, veut supprimer l’alinéa 7 de l’article 2 qui dispose : « Le droit à l’aide à mourir est un acte autorisé par la loi au sens de l’article 122‑4 du code pénal ». De nombreuses difficultés juridiques sont soulevées : comment distinguer de la non-assistance à personne en danger ? ou encore de l’incitation au suicide ?

    « Je considère que l’alinéa 7 de l’article 2 est la clé de voûte de ce texte. » Pour défendre son amendement Charles Sitzenstuhl emploie le terme d’« homicide », ce qui provoque un rappel au règlement de Nicolas Turquois (Les Démocrates). Le député refuse d’être placé dans une situation de complicité d’homicide.

    Le Code pénal est d’interprétation stricte, souligne Philippe Juvin, aussi souhaite-t-il que les termes de suicide assisté et euthanasie soient utilisés dans cet alinéa.

    Tous ces amendements sont rejetés.

    « Je suis convaincu que si ce texte reste solide et équilibré, il aura une majorité »

    La question des directives anticipées revient dans les échanges avec de nombreux amendements, issus des propositions de la MGEN (cf. « Aide à mourir » : une mutuelle propose des amendements aux députés) ou travaillés avec l’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité (ADMD). L’objectif est d’introduire la possibilité de formuler une demande d’« aide à mourir », y compris indirectement.

    Le rapporteur Olivier Falorni remercie tous les députés ayant présenté ces amendements, mais invite toutefois ses collègues à les retirer… au moins pour le moment. « Je suis convaincu que si ce texte reste solide et équilibré, il aura une majorité », martèle t-il. « Si ces amendements étaient adoptés, ils rompraient l’équilibre de ce texte », craint le rapporteur général.

    Nicolas Sansu (Gauche Démocrate et Républicaine, amendement 1364) et Emeline K/Bidi (Gauche Démocrate et Républicaine, amendement 1384) obtempèrent pour permettre le vote de « l’aide à mourir ». Ceux de Danielle Simonnet, d’Océane Godard (Socialistes et apparentés) et de Marie-Noëlle Battistel (Socialistes et apparentés) ne le sont pas ; ils seront rejetés.

    A l’inverse, Christophe Bentz insiste pour que la demande soit « répétée » afin de sécuriser la procédure et de prévenir toute survenue d’un contentieux (amendement 1251). « Nous souhaitons graver dans le marbre un certain nombre de garde-fous, même si nous savons qu’ils sauteront malheureusement un à un dans le temps », explique le député. Son amendement est également rejeté, comme celui de Charles Rodwell (756) qui visait à préciser que la demande ne doit pas être faite « sous pressions extérieures ».

    L’article 2 est adopté, consacrant un « droit à l’aide à mourir », et les discussions se poursuivent sur l’article 3 qui veut introduire l’« aide à mourir » dans le Code de la santé publique.

    « Ce n’est pas de la médecine, c’est un choix de société »

    « Il ne s’agit en aucun cas d’un soin, affirme Sandrine Dogor-Such (Rassemblement National). Ce n’est pas de la médecine, c’est un choix de société. »

    « J’ai l’impression que l’introduction de cette loi vient bousculer l’éthique du soin, change le regard que les soignants auront sur eux-mêmes », appréhende Dominique Potier face à cette « trajectoire vertigineuse ».

    Quand Charles Sitzenstuhl interroge sur l’absence de données relatives au nombre de personnes qui seront concernées par le texte, Christophe Bentz insiste sur le fait que 180.000 Français meurent chaque année sans avoir eu accès à des soins palliatifs. « Y-a-t-il une liberté lorsque le choix c’est souffrir ou mourir ? »

    « Réussir sa vie c’est aussi réussir sa mort », défend de son côté Michel Lauzzana (Ensemble pour la République), invoquant la notion de dignité, une « notion personnelle » (cf. Fin de vie : « Députés de gauche, nous vous demandons de faire barrage à cette proposition de loi, par fidélité à ce que la gauche a de plus précieux : la défense indiscutable de la solidarité et de la dignité humaine »). « Parce quand on part dans une situation où on est très dégradé, où on ne veut pas se voir, je crois qu’on rate un petit peu de sa vie aussi ». Des vies vaudraient-elles moins que d’autres ?

    Dominique Potier interpelle : « Tout a été dit sur cet article L110-5 [NDLR : qu’il s’agit de modifier avec l’article 3 de la proposition de loi] qui a été façonné par des personnes qui, depuis les années 80, je pense à Bernard Kouchner et jusqu’à Claeys-Leonetti, ont progressivement créé un continuum législatif qui s’arrête à la limite que vous critiquez. » « Je vous demande simplement, pour le respect du monde des soins palliatifs et de ceux qui ont bâti ce continuum législatif : ne touchez pas à cet article. ». « Cela ne change rien au reste de la loi », appuie l’élu. « Ou alors vous montrerez que vous êtes dans une logique de bataille culturelle contre tout ce qui peut faire société et faire commun au nom des libertés individuelles. » Plus tard dans la soirée, l’article 3 sera adopté, modifiant le Code de la santé publique. CQFD.