Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

BELGICATHO - Page 5

  • Méditation pour le Jeudi Saint

    IMPRIMER

    Du site de l'Opus Dei :

    Méditation : Jeudi Saint

    Les thèmes proposés pour la méditation du jour sont : Jésus lave les pieds de ses apôtres ; Dieu se donne à nous dans l’Eucharistie ; reconnaissance pour l’Eucharistie et le sacerdoce.

    - Jésus lave les pieds de ses apôtres

    - Dieu se donne à nous dans l'Eucharistie

    - Reconnaissance pour l'Eucharistie et le sacerdoce


    « AVANT la fête de la Pâque, sachant que l’heure était venue pour lui de passer de ce monde à son Père, Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout » (Jn13, 1). Ce verset de saint Jean annonce au lecteur de son Évangile que quelque chose de grand arrivera ce jour-là. C’est un préambule tendrement affectueux. […] Nous commençons par demander dès maintenant au Saint-Esprit de nous préparer à comprendre chaque geste et chaque expression de Jésus-Christ » [1]. Grâce à notre attention personnelle, nous pouvons penser aujourd’hui au geste que Jésus a fait en lavant les pieds des apôtres.

    Lors de la Dernière Cène, la Passion étant imminente, l’atmosphère était toute d’amour, d’intimité, de recueillement. « Jésus, sachant que le Père a tout remis entre ses mains, qu’il est sorti de Dieu et qu’il s’en va vers Dieu, se lève de table, dépose son vêtement, et prend un linge qu’il se noue à la ceinture ; puis il verse de l’eau dans un bassin. Alors il se mit à laver les pieds des disciples et à les essuyer avec le linge qu’il avait à la ceinture » (Jn 13, 3-5). Ce geste a assurément eu un fort impact sur les apôtres, puisqu’il était réservé aux serviteurs. Vraisemblablement ils n’en ont compris la portée que plus tard. Nous-mêmes, nous pouvons avoir du mal à imaginer Dieu dans une telle attitude, nettoyant de ses mains la poussière du chemin.

    Se laisser laver les pieds par le Christ implique de reconnaître que ce n’est pas nous qui nous rendons purs, propres ou saints. « Et cela est difficile à comprendre. Si je ne permets pas que le Seigneur soit mon serviteur, que le Seigneur me lave, me fasse grandir, me pardonne, je n’entrerai pas dans le Royaume des Cieux » [2]. « Dieu nous a sauvés en nous servant. En général nous pensons que c’est à nous de servir Dieu. Non, c’est lui qui nous a servi gratuitement, parce qu’il nous a aimé en premier. Il est difficile d’aimer sans être aimés. Et il est encore plus difficile de servir si nous ne nous laissons pas servir par Dieu » [3]. Tel est le paradoxe chrétien : Dieu prend les devants, c’est lui qui prend l’initiative. D’où l’importance, avant d’entreprendre toute démarche apostolique, d’apprendre à accueillir ce que Dieu veut bien nous donner, à nous laisser purifier et purifier encore par sa main.


    SI LE GESTE de Jésus lavant les pieds de ses apôtres nous surprendra toujours, son amour et son humilité atteignent des sommets lorsque, au cours de la Cène, il « prit du pain puis, ayant rendu grâce, il le rompit, et dit : “Ceci est mon corps, qui est pour vous. Faites cela en mémoire de moi”. Après le repas, il fit de même avec la coupe, en disant : “Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang. Chaque fois que vous en boirez, faites cela en mémoire de moi” » (1 Cor 11, 23-25).

    Le Seigneur « a institué ce sacrement comme mémorial perpétuel de sa passion, comme accomplissement des anciennes figures, comme le plus grand miracle qu’il ait accompli et la plus grande consolation pour ceux qu’il laissera attristés par son absence » [4]. Il se donne Lui-même à nous : le pain et le vin se transforment en son corps et en son sang : une marque de son amour surabondant et la plus grande expression possible d’humilité. Le Sacrement eucharistique nous permet de nous identifier à notre bien-aimé, de ne faire qu’un avec lui, dans une fusion, de plonger en Dieu. Saint Josémaria signalait que « notre Seigneur Jésus-Christ, comme si toutes les autres preuves de la miséricorde n’avaient pas été suffisantes, institue l’Eucharistie pour que nous puissions l’avoir toujours près de nous et parce que — dans la mesure où nous pouvons comprendre — celui qui n’a besoin de rien, ne veut pas se passer de nous. La Trinité s’est éprise de l’homme » [5].

    Nous en serons toujours étonnés. Nous avons beau penser à tous les dons de Dieu le Père, nous n’arriverons jamais à le comprendre. « C’est le médicament de l’immortalité, l’antidote pour ne pas mourir, le remède pour vivre en Jésus-Christ pour toujours » [6]. Nous ne méritons pas une telle sollicitude, tant d’affection et d’attention. Nous cherchons à le payer de retour, mais, même pour cela, nous avons besoin de son aide. « Le christianisme n’est pas une sorte de moralisme, un simple système éthique. Ni notre action ni notre capacité morale n’en sont à l’origine. Le christianisme est avant tout un don : Dieu se donne à nous, il ne donne pas quelque chose, mais il se donne lui-même. […] De ce fait l’acte central de l’être chrétien est l’Eucharistie : la gratitude d’avoir été gratifié, la joie pour la vie nouvelle qu’il nous donne » [7].


    DANS LES MOTS que le prêtre récite avant la consécration, « en te rendant grâce il le bénit, il le rompit et le donna à ses disciples, en disant », nous retrouvons la disposition reconnaissante du cœur de Jésus face à Dieu le Père. Nous, nous voulons avoir la même attitude que Jésus. Il est facile que de la reconnaissance jaillisse la générosité pour répandre la vie nouvelle que nous avons reçue. Nous chercherons à aimer ceux qu’il aime et comme il les aime : « Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres » (Jn 13, 34). Par le Christ, avec lui et en lui, nous sommes capables d’aimer jusqu’au bout. Comme Jésus, nous nous mettons à genoux devant les hommes pour leur laver les pieds. Nous comprendrons leurs misères et nous les porterons sur nos épaules.

    Ainsi, point de jugement, de jalousie ou de comparaison, mais plutôt l’intercession, la joie et la gratitude envers Dieu pour les merveilles qu’il accomplit chez les autres. « La sainte Eucharistie contient tout le trésor spirituel de l’Église, c’est à dire le Christ lui-même, lui notre Pâque, lui le pain vivant, lui dont la chair, vivifiée par l’Esprit-Saint et vivifiante, donne la vie aux hommes » [8]. Nous en tirons force et vie pour les apporter jusqu’au dernier recoin de la terre, jusqu’au cœur de tous ceux qui nous entourent.

    Ce jour, où Dieu a fait don à l’Église de ce sacrement, nous fournit aussi l’occasion de prier pour la sainteté des prêtres, afin qu’ils servent chaque jour l’Église avec le même amour que le Seigneur. Par notre prière, nous pouvons les aider à accomplir le désir qui les anime en tant que prêtres : « Nous ne choisissons pas ce que nous devons faire, mais nous sommes des serviteurs du Christ dans l’Église et nous travaillons comme l’Église nous le dit, là où l’Église nous appelle, et nous essayons d’être exactement cela : des serviteurs qui ne font pas leur propre volonté, mais la volonté du Seigneur. Dans l’Église, nous sommes véritablement des ambassadeurs du Christ et des serviteurs de l’Évangile » [9].

    Parmi tant de dons que Jésus nous a offerts aujourd’hui, nous pensons aussi à sa Mère. Nous pouvons avoir recours à elle, témoin principal du sacrifice du Christ, afin que, avec son aide, nous ayons une vie animée par la reconnaissance humble devant tous les dons reçus.


    [1]. Saint Josémaria, Quand le Christ passe, n° 83.

    [2]. Pape François, Homélie, 9 avril 2020.

    [3]. Pape François, Homélie, 5 avril 2020.

    [4]. Saint Thomas d’Aquin, Opuscule 57, en la fête du Corps du Christ, lect. 1-4.

    [5]Quand le Christ passe, n° 84.

    [6]. Saint Ignace d’Antioche, Épître aux Éphésiens, 90.

    [7]. Benoît XVI, Homélie, 20 mars 2008.

    [8]. Concile Vatican II, Décr. Presbyterorum ordinis, n° 5.

    [9]. Benoît XVI, Lectio divina, 10 mars 2011.

  • Ubi Caritas et Amor

    IMPRIMER

    Pro offertorio Comme offertoire (Jeudi Saint)
    ℟. Ubi cáritas et amor, Deus ibi est.
    ℣. Congregávit nos in unum Christi amor.
    ℣. Exultémus, et in ipso iucundémur.
    ℣. Timeámus, et amémus Deum vivum.
    ℣. Et ex corde diligámus nos sincéro.

    ℟. Ubi cáritas et amor, Deus ibi est.
    ℣. Simul ergo cum in unum congregámur:
    ℣. Ne nos mente dividámur, caveámus.
    ℣. Cessent iúrgia malígna, cessent lites.
    ℣. Et in médio nostri sit Christus Deus.

    ℟. Ubi cáritas et amor, Deus ibi est.
    ℣. Simul quoque cum beátis videámus,
    ℣. Gloriánter vultum tuum, Christe Deus:
    ℣. Gáudium quod est imménsum, atque probum, Saécula per infiníta saeculórum. Amen.
    ℟. Là où sont la charité et l'amour, Dieu est présent.
    ℣. L'amour du Christ nous a rassemblés et nous sommes un.
    ℣. Exultons et réjouissons-nous en lui.
    ℣. Craignons et aimons le Dieu vivant
    ℣. et aimons-nous les uns les autres d'un cœur sincère.

    ℟. Là où sont la charité et l'amour, Dieu est présent.
    ℣.Ne formons donc tous qu'un seul corps :
    ℣.Ne soyons pas divisés de cœur, prenons garde.
    ℣. Cessent les querelles méchantes, cessent les disputes.
    ℣. Et que le Christ soit au milieu de nous.

    ℟. Là où sont la charité et l'amour, Dieu est présent.
    ℣. Qu'avec les bienheureux, nous voyions
    ℣. Votre glorieux visage, ô Christ Dieu,
    ℣. Joie immense et divine;
    ℣. Pendant la durée infinie des siècles.
  • Jeudi Saint : Pange Lingua

    IMPRIMER

    Pange lingua - Tantum ergo sacramentum : hymne au Très Saint-Sacrement

    Cete prière écrite par Saint Thomas d'Aquin, est par excellence le chant du Jeudi saint, jour de l'Institution de la Cène. Centrée sur la contemplation du corps et du sang du Christ, sous les espèces du pain et du vin, l'hymne s'achève par le "Tantum ergo sacramentum", qui vient en action de grâce et insiste sur la nouveauté radicale de ce sacrement.

    Pange lingua gloriosi

    Corporis mysterium,

    Sanguinisque pretiosi,

    Quem in mundi pretium

    Fructus ventris generosi,

    Rex effudit gentium.

    Nobis datus, nobis natus

    Ex intacta Virgine

    Et in mundo conversatus,                       

    Sparso verbi semine,

    Sui moras incolatus

    Miro clausit ordine.

    In supremae nocte cenae

    Recum bens cum fratribus,

    Observata lege plene

    Cibis in legalibus,

    Cibum turbae duodenae

    Se dat suis manibus

    Verbum caro, panem verum

    Verbo carnem efficit:

    Fitque sanguis Christi merum,

    Et si sensus deficit,

    Ad firmandum cor sincerum

    Sola fides sufficit.

    Tantum ergo Sacramentum

    Veneremur cernui:

    Et antiquum documentum

    Novo cedat ritui:

    Praestet fides supplementum

    Sensuum defectui.

    Genitori, Genitoque

    Laus et iubilatio,

    Salus, honor, virtus quoque

    Sit et benedictio:

    Procedenti ab utroque

    Compar sit laudatio. Amen.

    Chante, ô ma langue, le mystère

    De ce corps très glorieux

    Et de ce sang si précieux

    Que le Roi de nations

    Issu d'une noble lignée

    Versa pour le prix de ce monde

    Fils d'une mère toujours vierge

    Né pour nous, à nous donné,

    Et dans ce monde ayant vécu,

    Verbe en semence semé,

    Il conclut son temps d'ici-bas

    Par une action incomparable :

    La nuit de la dernière Cène,

    A table avec ses amis,

    Ayant pleinement observé

    La Pâque selon la loi,

    De ses propres mains il s'offrit

    En nourriture aux douze Apôtres.

    Le Verbe fait chair, par son verbe,

    Fait de sa chair le vrai pain;

    Le sang du Christ devient boisson;

    Nos sens étant limités,

    C'est la foi seule qui suffit

    pour affermir les coeurs sincères.

    Il est si grand, ce sacrement !

    Adorons-le, prosternés.

    Que s’effacent les anciens rites

    Devant le culte nouveau !

    Que la foi vienne suppléer

    Aux faiblesses de nos sens !

    Au Père et au Fils qu’il engendre

    Louange et joie débordante,

    Salut, honneur, toute-puissance

    Et toujours bénédiction !

    A l’Esprit qui des deux procède

    soit rendue même louange. Amen.

  • Nos autem gloriari oportet in cruce Domini nostri Jesu Christi (Palestrina)

    IMPRIMER

    Introit de la messe du soir du Jeudi Saint

    Nos autem gloriari oportet in cruce Domini nostri Jesu Christi: in quo est salus, vita et resurrectio nostra: per quem salvati et liberati sumus.

    Deus misereatur nostri, et benedicat nobis:

    illuminet vultum suum super nos, et misereatur nostri.

    Pour nous il faut nous glorifier dans la Croix de Notre Seigneur Jésus-Christ, en qui est notre salut, notre vie et notre résurrection, et par qui nous avons été sauvés et délivrés.

    Que Dieu aie pitié de nous et nous bénisse:

    que rayonne son visage sur nous, et qu'Il aie pitié de nous.

  • L’office des ténèbres du Samedi saint : voyage au bout de la nuit

    IMPRIMER

    Publié le 06 Avr 2023 Sur le site web du bimensuel « L’Homme Nouveau » :

    « Si les trois cérémonies majeures du Triduum sacré – Messe vespérale du Jeudi Saint, Office de la Croix le Vendredi Saint et Vigile Pascale – sont familières à nombre de fidèles, les offices des Ténèbres sont plus méconnus. Est-ce dû à l’horaire auquel ils sont chantés, peu familial, ou à l’absence d’action liturgique qui les rend peu perméables au néophyte ?  Coup de projecteur sur un office éminemment singulier.

    Communauté Saint-Martin, Office des Ténèbres du Samedi-Saint

    Héritage très ancien des temps où les Matines étaient chantées au cœur de la nuit, ce qui se pratique encore en certains monastères, les Ténèbres rassemblent les deux offices de Matines et Laudes pour chacun des trois jours saints. Cet office nous plonge dans la contemplation de l’abaissement inouï du Fils de Dieu, « qui se fit pour nous obéissant jusqu’à la mort » (Ph 2, 8).

    Alors que d’ordinaire l’office des Laudes s’achève au lever du soleil, symbole triomphant de la gloire de Dieu chantée par l’Église, le principe même des Ténèbres consiste à terminer l’office dans une obscurité profonde. Les rideaux d’un vaste drame en trois actes s’ouvrent sous les yeux de notre âme : les funérailles du Fils de Dieu.

    « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’avez-vous abandonné ? » : laisser la liturgie nous plonger dans l’obscurité

    Afin de baigner les cœurs dans la compassion aux souffrances du Sauveur, la liturgie se dépouille entièrement de ce qui pouvait rappeler la joie du Ciel ou même la Gloire de Dieu. Les traditionnelles formules telles que « Domine, labia mea aperies / Seigneur ouvrez mes lèvres », « Deus in adjutorium meum intende / Dieu venez à mon aide », « Tu autem Domine, miserere nobis / Vous aussi Seigneur ayez pitié de nous », et même le Gloria Patri ont disparu. Les hymnes de même.

    Ne restent que les psaumes encadrés de sobres antiennes, les leçons des nocturnes et les répons qui donnent à eux seuls l’atmosphère spirituelle de ces Offices. Ils ne conservent plus que ce qui leur est essentiel dans la forme, et ils ont perdu toutes ces aspirations vives que les siècles y avaient ajoutées.

    Au maître autel, les six cierges sont de cire jaune, comme les quinze cierges du chandelier mystérieux qui trône dans le chœur. C’est l’extinction progressive de ce chandelier qui marque la seule action liturgique de ces offices. Ces flammes soufflées au rythme des psaumes qui s’achèvent nous représentent ce mystère de la Gloire de Dieu qui peu à peu abandonne Notre-Seigneur…

    Un seul, celui qui est placé à l’extrémité supérieure du chandelier à quinze branches, reste allumé. Pendant le Cantique du Benedictus, en conclusion de l’office de Laudes, les six cierges qui brûlaient sur l’autel sont pareillement éteints. Alors le cierge restant, solitaire, est posé quelques instants sur l’autel, luttant seul contre les ombres qui remplissent l’église : le Christ, abandonné de tous, est cloué à la Croix, mourant pour les hommes, alors que les ténèbres s’amoncellent dans le ciel. Puis le cierge est caché, figure de la sépulture du Christ.

    Alors les clercs présents au chœur, ainsi que les fidèles à genoux dans les travées de la nef, sont invités « taper sur leur banc ». Ce bruit, volontairement confus, se fait entendre tandis que le dernier flambeau a plongé dans l’obscurité. Ce tumulte joint aux ténèbres, explique dom Guéranger, exprime les convulsions de la nature, au moment de la mort du Rédempteur. Mais tout à coup le cierge reparaît ; le bruit cesse. Pourquoi donc ? Car le Rédempteur a triomphé de la mort.

    Les trois jours, ce sont exactement les mêmes cérémonies qui se répètent ; le seul changement est à l’autel : mercredi soir, les nappes sont encore présentes : Jésus n’est pas encore aux mains de ses bourreaux, nous assistons à son agonie au Mont des Oliviers (comme le chante le premier répons) ; jeudi soir, l’autel a été dépouillé : Jésus est entré pleinement dans sa passion, et nous assistons aux profondeurs de ses souffrances ; vendredi soir, la croix est dévoilée, montrant à tous le corps sans vie du Rédempteur : les Ténèbres sont alors le chant de deuil de l’Église qui pleure son Epoux.

    Jérémie, prophète de la déréliction

    La structure des Ténèbres est parfaitement symétrique sur les trois jours. Aux premiers nocturnes, les lamentations du prophète Jérémie, témoin impuissant du malheur et de la ruine de Jérusalem infidèle, font retentir chaque soir leurs accents déchirants sur une mélodie que l’on ne retrouve en aucune autre circonstance, culminant avec la déchirante Oraison de Jérémie du Samedi Saint ; à chaque fois, revient ce lancinant appel à la conversion, seule moyen de sauver la Cité Sainte, qui s’adresse à chacun de nos cœurs : « Jérusalem, Jérusalem, convertis-toi au Seigneur ton Dieu. »

    Les répons, reconstitution de la Passion

    Les répons séparant les leçons sont les seules pièces grégoriennes véritablement développées de ces offices. Ils fondent, par les textes qui les composent, la progression des trois jours en reconstituant les trois étapes du drame de la Passion : trahison, crucifixion, sépulture. Les âmes n’ont qu’à se laisser porter par les différents sentiments que provoquent en elles ces mélodies tour à tour plaintives, graves, tristes ou violentes.

    Le Jeudi Saint met en scène la trahison : nous assistons d’abord à l’agonie du Christ, nous invitant à regretter nos fautes qui font de lui l’Homme de douleur prophétisé par Isaïe. Puis advient la trahison de Judas : nous sommes alors confrontés à nos propres trahisons.

    Les trois derniers répons représentent les douloureux reproches de Jésus : d’abord à tous ceux qui fomentent des complots contre Lui, figures des âmes tièdes qui ne se détournent pas assez du péché ; ensuite aux apôtres (et à nous à travers eux) qui n’ont pas pu veiller une heure avec Lui, malgré l’infinie abondance des grâces reçues ; enfin aux anciens du Peuple, tous ces hommes à l’âme flétrie, qui se sont détournés, de cet esprit d’enfance sans lequel nul n’entrera au Royaume des cieux…

    Le Vendredi Saint nous fait assister à la Crucifixion : commençant par nous dévoiler les sentiments d’abandon et de trahison qui remplissent l’âme de Jésus, ils nous montrent le voile du Temple qui se déchire en même temps que Jésus promet le Paradis au bon larron.

    Au deuxième nocturne, c’est le cœur de la détresse du Christ qui est illustré, avec les ténèbres qui couvrent la terre lorsqu’Il s’écrie vers son Père : « Pourquoi m’avez-Vous abandonné ? », rejoignant ainsi toutes les âmes qui font l’expérience de la nuit spirituelle, cet état où l’on se sent abandonné de Dieu. Le dernier nocturne n’est qu’une longue suite de plaintes exprimant toute la douleur de l’Homme-Dieu : douleur physique bien sûr, mais surtout douleur de nous voir si infidèles à l’amour qu’Il nous porte…

    Le Samedi Saint est en quelque sorte une veillée funèbre autour du Tombeau du Christ. Les répons du premier nocturne se contentent de rappeler les évènements de la veille, suscitant dans les âmes le deuil et l’angoisse bien sûr, mais également une grande tendresse envers Jésus : c’est toute la fécondité surnaturelle de la componction, par laquelle le pécheur revient au Père, sauvé par les mérites que lui a acquis la mort du Fils. Les répons des deux derniers nocturnes invitent l’âme à contempler les effets de la Passion. On entre plus profondément dans le mystère de la Rédemption, source de grande paix.

    Obéissant jusqu’à la mort…

    À la fin de l’Office, du chœur plongé dans l’obscurité la plus complète monte une dernière mélodie qui chaque jour se prolonge un peu : « Le Christ s’est fait pour nous obéissant jusqu’à la mort / la mort de la Croix / et c’est pourquoi Dieu l’a exalté en lui donnant un Nom au-dessus de tout nom. » Très grave Jeudi et Vendredi, le verset du Samedi, dernier chant de ces Offices, revêt une grande légèreté, comme une clarté céleste : à l’image d’une Église voulant sécher les larmes de ses enfants en leur donnant enfin l’explications de toutes ces souffrances endurées par son Époux.

    En définitive, c’est en se laissant porter par les impressions conjuguées de l’obscurité grandissante et de la profondeur des chants que nous pourrons réellement entrer dans l’esprit de ces Ténèbres. Ils nous porteront par une longue méditation de la Passion aux portes du Sépulcre, où nous pourrons attendre avec toute l’Eglise la lumière de la Résurrection. »

    Chanoine Baudouin Chaptal +

  • Le torchon brûle-t-il entre les évêques belges et le Nonce apostolique ?

    IMPRIMER

    C'est du moins ce que l'on peut penser en écoutant le sermon de l'évêque de Tournai lors de la messe chrismale du 15 avril (écouter à partir de la 13e minute) :

    Bravo à Monseigneur Coppola qui peut-être, comme le pape François lors de sa visite à l'université de Louvain la Neuve, a dit simplement des vérités que l'Eglise qui est en Belgique se devait d'entendre.

    Lire sur Cathobel : Lors de la messe chrismale, Mgr Harpigny répond sans détour aux propos du nonce apostolique en Belgique…

  • Toujours à contretemps, et pour cause…

    IMPRIMER

    Paul Vaute rend compte pour Belgicatho du nouveau livre de Mutien-Omer Houziaux, "Ces temps crépusculaires ou Le passé décomposé".

       Au regard des générations du futur, si futur il y a, notre Occident présent ne pourra manquer d'apparaître comme un monde marqué massivement par une rupture sans précédent avec ses propres fondements. Les courants négateurs qui, en d'autres temps, étaient cantonnés à des cercles philosophiques et intellectuels minoritaires, ont gagné par imprégnation progressive toutes les strates de la société. Ainsi s'impose la connotation immanquablement positive de tout ce qui "libère des carcans", "affranchit des contraintes", "fait bouger les lignes", "enterre le vieux monde", "désaliène", "déconstruit"…, ce qui signifie de plus en plus clairement pour le tout-venant: rejeter toute transcendance, proclamer le règne de l'homme et célébrer la victoire de la culture en mouvement sur les héritages antique et chrétien.

       C'est le même refus des limites et des normes d'antan au nom de la liberté chérie qui a permis que la nature soit impunément dévastée, mais c'est là un des rares effets qu'on consent à déplorer. Il n'y a pas de Greta Thunberg pour défendre les prérogatives du vrai dans la pensée, du beau dans l'art, du sens commun dans la vie sociale. Promouvoir la famille monogame stable et unie, dénoncer l'emprise de la pornographie dans tous les domaines de la création, réclamer une protection légale de la vie humaine à naître et finissante…: autant de gageures dans le contexte où nous vivons. Des vents contraires se sont certes levés, notamment en Hongrie et aux Etats-Unis,  mais sont-ils durables ? Des courants néoconservateurs ou populistes ont le vent en poupe dans quelques pays, mais ils apparaissent souvent divisés ou timorés sur les questions éthiques. En Belgique, ils peinent à se structurer et les "grands" médias se garderont bien de leur ouvrir la porte.

       Il est d'autant plus heureux que quelques sages, même s'ils n'auront pas droit aux feux de la rampe, prennent la plume pour intervenir "à temps et à contretemps", fustiger le mal, exhorter, instruire (2e Epître à Timothée, 4:2). Mutien-Omer Houziaux est l'un d'eux.  A contretemps était justement le titre d'un de ses précédents ouvrages. Il en prolonge aujourd’hui la démarche avec Ces temps crépusculaires.

    Lire la suite

  • 18 avril 2025 • Vendredi Saint : Chemin de croix pour la paix dans le monde à travers les rues de Liège

    IMPRIMER

    2025_04_16_13_18_53_Greenshot.png

     

    COMMUNIQUÉ DE PRESSE

    18 avril 2025 • Vendredi Saint

    Chemin de croix pour la paix dans le monde à travers les rues de Liège

    12e édition

    Vendredi 18 avril, c’est la date du Vendredi Saint : mémoire pour les chrétiens de la mort de Jésus sur la croix, deux jours avant sa résurrection à Pâques.

    La Pastorale Urbaine organise, pour la douzième fois, un chemin de croix dans les rues de la ville. Chapeauté par Jean Pierre Pire, doyen de Liège, il sera présidé par Mgr Jean-Pierre DELVILLE, évêque de Liège. Le chemin de croix partira à 17h30 de l’église Saint-Nicolas (Outremeuse) pour arriver à 19h30 à la Cathédrale. En portant des cierges et en chantant, les marcheurs suivront symboliquement la Croix de Jésus jusqu’à la Cathédrale Saint-Paul.

    En arrivant à la Cathédrale, les participants au chemin de croix seront invités à l’office du Vendredi Saint présidé par notre évêque à 19h30 à la Cathédrale.

    Comme le Vendredi Saint est le jour par excellence pour reconnaître notre imperfection humaine, au terme de l’office, celles et ceux qui le souhaitent pourront recevoir le sacrement du pardon (la confession).

    Concrètement : RDV à Saint-Nicolas (Outremeuse) le vendredi 18 avril à partir de 17h20. Chemin de croix dans les rues de Liège de 17h30 à 19h30. Pour ceux qui le souhaitent : office à la Cathédrale de 19h30 à 20h45, suivi d’un temps libre pour les confessions jusque 21h15.

    Contact
    Doyen Jean Pierre Pire • notredamedesponts.outremeuse@gmail.com
    04 343 26 35 (ext. 1) • 0495 21 64 34

  • Comment les catholiques du Soudan survivent à la guerre

    IMPRIMER

    De Luke Coppen sur le Pillar :

    Comment les catholiques du Soudan survivent à la guerre

    Lorsque la guerre civile a éclaté il y a deux ans, il y avait plus de 1,2 million de catholiques dans le pays.

    Lorsque la guerre civile a éclaté au Soudan il y a deux ans aujourd’hui, il y avait plus de 1,2 million de catholiques dans le pays.

    Cathédrale Saint-Matthieu de Khartoum, Soudan. David Stanley via Wikipédia (CC BY 2.0).

    Bien que 90 % des quelque 50 millions d'habitants du pays soient musulmans, le Soudan compte une importante présence catholique depuis près de 200 ans. Le troisième plus grand pays d'Afrique est lié à des saintes comme Joséphine Bakhita et Daniel Comboni , ainsi qu'à d'autres figures saintes comme Zeinab Alif , une esclave devenue abbesse.

    Avant que les combats ne bouleversent la vie quotidienne, les catholiques se rendaient à leur culte dans des bâtiments importants tels que la cathédrale Saint-Matthieu dans la capitale, Khartoum, et la cathédrale Notre-Dame-Reine d'Afrique à El-Obeid.

    En 2023, année où la guerre a éclaté, l’archidiocèse de Khartoum, qui couvre la moitié nord-est du pays, comptait 79 prêtres, 123 religieux et 4 diacres permanents, au service d’une communauté catholique en constante croissance dans 17 paroisses.

    Qu'est-il arrivé aux catholiques soudanais ces deux dernières années ? Il est difficile d'en dresser un tableau complet en raison du brouillard de la guerre. Les rapports sont inégaux, mais ils nous donnent un aperçu de l'impact du conflit sur la minorité catholique du pays.

    Voici ce que nous savons.

    Une carte montrant les parties du Soudan contrôlées par les forces armées soudanaises (rose) et les forces de soutien rapide (sarcelle), au 13 avril 2025. ElijahPepe via Wikimedia (CC BY-SA 4.0).

    Lire la suite

  • Qu'au nom du Seigneur tout genou fléchisse

    IMPRIMER

    In nomine Domini omne genu flectatur,
    caelestium, terrestrium et infernorum :
    quia Dominus factus oboediens usque ad mortem,
    mortem autem crucis :
    ideo Dominus Iesus Christus in gloria est Dei Patris.
     
    Au nom du Seigneur, que tout genou fléchisse,
    aux cieux, sur terre et aux enfers :
    car le Seigneur s'est fait obéissant jusqu'à la mort,
    et la mort de la croix :
    voilà pourquoi le Seigneur Jésus-Christ est en la gloire de Dieu le Père.
     
    Ps.  1
    Domine exaudi orationem meam
    et clamor meus ad te (per)veniat.
     
    Seigneur, exaucez ma prière,
    et que mon cri (par)vienne jusqu’à vous.
  • Les Philippines consacrées à la Divine Miséricorde

    IMPRIMER

    Une dépêche de l'Agence Fides :

    ASIE/PHILIPPINES - La nation se consacre à la Divine Miséricorde : une « réponse collective de foi et d'espérance »

    mardi 15 avril 2025 
     

    Archidiocese of Manila

    Manille (Agence Fides) – En cette période de polarisation, alors que la société philippine apparaît de plus en plus divisée sur le plan social et politique, la nation se consacre et se confie à la Divine Miséricorde pour retrouver son unité. C'est l'initiative des évêques des Philippines qui ont promu pour le 27 avril, le dimanche après Pâques, appelé « Dimanche de la Divine Miséricorde », un acte solennel de consécration qui sera prononcé pendant les messes dans toutes les églises du pays. Comme l'a écrit le cardinal Pablo Virgilio David, président de la Conférence épiscopale catholique des Philippines, dans la lettre annonçant l'initiative, la consécration représente « une réponse collective de foi et d'espoir » face aux « graves défis » auxquels le pays et la communauté mondiale sont confrontés : la corruption généralisée ; l'érosion de la vérité et l'opposition croissante aux enseignements de l'Église sur la vie et la famille ; les divisions et les hostilités généralisées dans la société ; la menace de conflits locaux comme d'une guerre à l'échelle mondiale. « La consécration nationale sera une expression profonde de notre confiance en la Divine Miséricorde, une confiance qui reste notre refuge ultime en ces temps d'incertitude et d'épreuve », a expliqué le cardinal. « Nous confions nous-mêmes, notre Église et notre nation à la miséricorde infinie de Dieu, confiants que dans Sa miséricorde nous trouverons la guérison, le renouveau et l'espoir dont nous avons si profondément besoin », a-t-il écrit.

    Il récite la prière de consécration : « Jésus, avec une foi et une confiance totales en ton océan infini d'amour, nous nous plaçons sous la protection de ta miséricorde. Nous nous unissons à ton offrande parfaite, avec le Saint-Esprit, au Père, afin que nous puissions être complètement transformés dans ta miséricorde. » Et il poursuit : « Aie pitié de nous pour les guerres entre les nations et les terreurs avec lesquelles nous nous tourmentons les uns les autres. Aie pitié de nous pour le péché répandu contre la vérité et les péchés horribles contre la justice et la fraternité humaine. Aie pitié de nous pour le blasphème auquel est soumise Ta Divine Miséricorde et la tromperie abominable des faibles et des pauvres. Aie pitié de nous pour les abus contre la dignité humaine, le péché contre la vie, l'amour et la famille ».

    L'acte fait écho aux conclusions du Ve Congrès apostolique mondial sur la miséricorde, qui s'est tenu à Cebu, aux Philippines, à l'automne 2024, au cours duquel les fidèles philippins se sont reconnus et se sont engagés à « être des véhicules de la compassion et de la miséricorde du Seigneur envers les autres », afin « exprimer la miséricorde du Seigneur dans toutes les communautés » et être « de véritables messagers de miséricorde ». La nation , a-t-on dit à la fin du Congrès, a besoin « d'œuvres qui traduisent en actes concrets l'esprit de miséricorde : les baptisés sont appelés à être la miséricorde vivante pour les autres ».

    Le dimanche de la Divine Miséricorde a été institué par le pape Jean-Paul II en 2000 à l'occasion de la canonisation de sainte Faustine Kowalska, religieuse et mystique polonaise dont les visions ont inspiré cette dévotion, et est célébré chaque année le deuxième dimanche de Pâques.
    (PA) (Agence Fides 15/4/2025)

  • Leçon des Ténèbres du Mercredi Saint (Charpentier)

    IMPRIMER

    Leçon de ténèbres du Mercredi saint, H. 96 :

    Première Leçon "Incipit lamentatio Jeremiae Prophetae" - Aleph · Concerto Vocale · René Jacobs

    Charpentier: Leçons de Ténèbres du Mercredy Sainct ℗ harmonia mundi Released on: 1986-09-20 Conductor: René Jacobs Musical Ensemble: Concerto Vocale Composer: Marc-Antoine Charpentier

    Auto-generated by YouTube.