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BELGICATHO - Page 5

  • Vous avez dit : "décadence de l'Occident" ?

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    Du site de La Nef : ces propos recueillis par Christophe et Élisabeth Geffroy et traduits de l’anglais par Élisabeth Geffroy (mis en ligne le 19 juillet 2024) :

    Quelle décadence de l’Occident ?

    Chroniqueur au New York Times, Ross Douthat est un intellectuel catholique conservateur reconnu aux États-Unis. La traduction en français d’un essai important, offrant un vaste tour d’horizon pour comprendre le devenir de l’Occident, a été l’occasion de l’interroger.

    La Nef – Quels sont pour vous les éléments de définition de la décadence permettant de l’objectiver, et de ne pas en faire un simple jugement subjectif face à une époque qu’on aimerait moins ?

    Ross Douthat – J’utilise le terme de décadence pour décrire un état de stagnation, de déclin et de répétition, survenant à un degré élevé de développement économique, technologique et culturel. Cette définition est empruntée à Jacques Barzun, qui écrit que ce terme « n’est pas insultant, il est technique ». Mon livre tente d’expliquer ce que cela signifie : il affirme que nous pouvons observer la stagnation, le déclin et la répétition par une analyse statistique et pas seulement culturelle. Cela inclut évidemment les indicateurs économiques, comme la faible croissance de la productivité, le ralentissement des taux de mobilité et d’entreprenariat, et le ralentissement de la croissance du PIB (ou même la stagnation ou le déclin pur et simple qui menace l’Italie, la Grande-Bretagne et le Japon). Cela comprend également des indicateurs démographiques : une société riche qui n’a pas assez d’enfants pour se reproduire est objectivement et pas seulement subjectivement décadente. Cela prend aussi en compte des indicateurs de blocage politique et de sclérose, comme ceux que l’on observe à Washington et à Bruxelles.

    Même dans le paysage culturel, où l’on pourrait dire que la répétition est en partie dans l’œil du spectateur, certains aspects de la décadence sont mesurables. On peut voir la façon dont Hollywood a été dominé par les superproductions qui ne sont que des suites de films plus anciens ou des adaptations de BD, ou la façon dont les films plus sérieux ont disparu. En musique, on peut observer la façon dont l’ère de l’algorithme dans la musique pousse les gens vers les mêmes stars, les mêmes groupes et les mêmes chanteurs, rendant plus difficile la percée de nouveaux artistes. Dans l’édition enfin, il n’y a qu’à juger la façon dont la culture Internet décourage la lecture sérieuse et le travail intellectuel novateur, créant un marché littéraire dominé par des cycles sans fin de fictions pour jeunes adultes.

    Contre l’idée reçue d’une accélération du progrès technologique, vous défendez l’idée d’une stagnation relative y compris dans ce domaine-là : pourriez-vous nous l’expliquer ?

    Il est évident qu’il y a eu des progrès technologiques au cours des soixante dernières années ; le problème est qu’ils se sont concentrés de plus en plus dans un seul domaine – la technologie numérique, Internet, le smartphone, maintenant l’I.A. –, sans qu’adviennent à côté les percées annoncées dans l’énergie, les transports, la médecine, les vols spatiaux. Même l’automatisation et la robotique, dont tout le monde craint qu’elles ne menacent les emplois humains, sont restées bien en-deçà des attentes. Nous sommes devenus des génies de la création de divertissements virtuels et des cancres dans toutes les autres formes de progrès technologique. Nous simulons plus que nous ne créons. Cette situation ne durera peut-être pas éternellement : il se peut que l’innovation numérique permette des percées technologiques en-dehors de nos écrans, dans de nouvelles formes d’automatisation engendrées par l’intelligence artificielle, par exemple, ou même dans le traitement du cancer. Peut-être que des personnages comme Elon Musk parviendront à nous offrir des voitures autonomes et des colonies martiennes. Mais en attendant, l’histoire récente est celle d’un progrès constant dans le domaine numérique et d’une déception constante partout ailleurs.

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  • Benoît XVI et François : deux lectures du Maître de la Terre de Benson, deux pontificats, deux églises ?

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    C'est à lire sur le site de l'Homme Nouveau :

    Benoît XVI et François : deux lectures du Maître de la Terre de Benson, deux pontificats, deux églises ?

    1 – Un roman qui ne laisse pas indifférent
    2 – Une volonté farouche de changer de paradigme
    3 – La démarche synodale comme processus du changement
  • Décollation de saint Jean-Baptiste (29 août)

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    Décollation de saint Jean-Baptiste par le Caravage (Malte - La Valette - Musée de Saint-Jean)

    "Saint Jean-Baptiste, inspiré par l'Esprit de Dieu, se retira au désert pour mieux conserver son innocence et cultiver les dons extraordinaires dont il avait été favorisé. Il y vécut, depuis son enfance jusqu'à trente ans, dans la pénitence, la prière et la contemplation. Sa trentième année, il parut dans le monde pour y prêcher la pénitence et donner le baptême, qui en était le signe, d'où lui est venu le nom de Baptiste ou Baptiseur. Déjà le Sauveur Lui-même avait reçu le baptême des mains de Jean-Baptiste, et celui-ci avait rendu à l'Agneau de Dieu les plus glorieux témoignages.

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  • 29 août : mémoire du martyre de saint Jean Baptiste

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    De_collation_De_Saint_Jean_Baptiste.jpgLe 29 août 2012, le pape Benoît XVI consacrait sa catéchèse au Précurseur :

    Chers frères et sœurs,

    En ce dernier mercredi du mois d’août, nous fêtons la mémoire liturgique du martyre de saint Jean-Baptiste, le précurseur de Jésus. Dans le calendrier romain, il est l’unique saint dont on célèbre et la naissance, le 24 juin, et la mort venue par le martyre. La fête de ce jour est une mémoire qui remonte à la dédicace d’une crypte de Sébaste, en Samarie, où l’on vénère la tête du saint depuis la moitié du IVème siècle. Ce culte s’est ensuite étendu jusqu’à Jérusalem, dans les Eglises d’orient et à Rome, sous le titre de « Décollation de saint Jean-Baptiste ». Dans le martyrologe romain, on fait allusion à une seconde découverte de la précieuse relique transportée, pour l’occasion, dans l’église de Saint-Silvestre à Campo Marzio, à Rome.

    Ces quelques repères historiques nous aident à comprendre à quel point la vénération de saint Jean-Baptiste est ancienne et profonde. Dans les évangiles, son rôle par rapport à Jésus apparaît très nettement. Saint Luc, en particulier, raconte sa naissance, sa vie dans le désert, sa prédication, et saint Marc nous parle de sa mort dramatique dans l’Evangile d’aujourd’hui. Jean-Baptiste initie sa prédication sous l’empereur Tibère, en 27-28 après Jésus-Christ, et l’invitation très claire qu’il adresse à la foule accourue pour l’écouter est de préparer le chemin pour accueillir le Seigneur, de rendre droits les sentiers tordus de sa propre vie à travers une conversion du cœur radicale (cf. Luc 3, 4). Pourtant le Baptiste ne se limite pas à prêcher la pénitence et la conversion mais, en reconnaissant que Jésus est « l’Agneau de Dieu » venu pour enlever le péché du monde (Jean 1, 29), il a la profonde humilité de montrer en Jésus le véritable Envoyé de Dieu, en se mettant de côté pour que le Christ puisse grandir, être écouté et suivi. Dans un acte ultime, le Baptiste témoigne par son sang de sa fidélité aux commandements de Dieu, sans céder ni reculer, en accomplissant jusqu’au bout sa mission. Dans ses homélies, saint Bède, moine du IXème siècle, dit ceci : Saint Jean a donné sa vie pour [le Christ], même si on ne lui a pas ordonné de renier Jésus Christ, on lui a ordonné de taire la vérité (cf. Homélies 23 : CCL 122, 354). Et il n’a pas tu la vérité et c’est ainsi qu’il est mort pour le Christ qui est la Vérité. C’est justement par amour de la vérité qu’il ne s’est pas abaissé en se compromettant et qu’il n’a pas eu peur d’adresser des paroles fortes à celui qui s’était éloigné des voies de Dieu.

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  • Europe : Les crimes de haine antichrétienne ont augmenté de 44 %

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    Du Nuovo Sismografo :

    Europe. Les crimes haineux antichrétiens ont augmenté de 44 %.


    Les actes de violence et de discrimination contre les chrétiens se multiplient en Europe. Des églises et des cimetières mais aussi des chrétiens ont été visés. Le groupe le plus persécuté est celui des chrétiens convertis à l’islam et considérés comme apostats. 

    Agence SiR - Les crimes haineux anti-chrétiens en Europe ont augmenté de 44 %. C'est ce que rapporte l'Observatoire sur l'intolérance et les discriminations à l'égard des chrétiens en Europe (Oidac Europe) dans son dernier rapport annuel. Les données ont été relancées dans un communiqué publié aujourd'hui en vue de la Journée internationale de commémoration des victimes d'actes de violence fondés sur la religion ou la conviction qui, instituée par les Nations Unies en 2019, est célébrée le 22 août. Oidac Europe met en garde contre la violence antichrétienne malheureusement également présente en Europe, "comme le démontrent des exemples récents".

    « En Occident, nous avons tendance à considérer la violence contre les croyants religieux comme un problème qui touche principalement les pays d’Afrique et d’Asie. S'il est important de mettre en lumière ces exemples dramatiques de persécution, nous devons également prêter une attention particulière à ce qui se passe en Europe », déclare Anja Hoffmann, directrice exécutive d'Oidac Europe. L'Observatoire, basé à Vienne, surveille la liberté religieuse en Europe et a constaté une augmentation alarmante des crimes de haine antichrétiens dans son dernier rapport annuel.

    « La plupart des attaques antichrétiennes en Europe sont dirigées contre des églises et des cimetières, mais malheureusement, nous continuons également à assister à des attaques violentes contre des chrétiens », explique Hoffmann. L'Observatoire cite en exemple le ministère français de l'Intérieur qui a recensé près de 1 000 crimes de haine anti-chrétiens en 2023. Si 90 % de ces incidents étaient dirigés contre des églises et des cimetières, les services statistiques du ministère ont également documenté 84 agressions personnelles avec un anti-chrétien. motif religieux contre les chrétiens. Selon Oidac Europe, les attaques violentes n'ont pas cessé en 2024. Depuis le début de l'année, l'Observatoire a documenté 25 cas de violences physiques, menaces et tentatives d'assassinat contre des chrétiens au Royaume-Uni, en France, en Espagne, en Italie, en Allemagne, en Autriche. , Pologne et Serbie. Dans certains cas, des communautés entières ont été ciblées. En juin, par exemple, une église adventiste du septième jour à Dijon a été attaquée avec des gaz lacrymogènes lors d'un service religieux, provoquant la panique et blessant neuf personnes.

    « Les chrétiens convertis d’origine musulmane constituent un groupe particulièrement vulnérable à la violence », note Hoffmann.

    En mai, un tribunal britannique a condamné à la prison un homme pour avoir tenté de tuer Javed Nouri, un chrétien converti d’origine musulmane, parce qu’il considérait Nouri comme un apostat « qui méritait de mourir ». En avril, un tribunal italien s’est prononcé sur une affaire similaire impliquant un chrétien tunisien converti qui avait été battu par ses compatriotes pour avoir « fréquenté une église chrétienne ». Selon Oidac Europe, les deux cas n’ont reçu que peu de couverture médiatique. « Le droit à la conversion – conclut Hoffmann – est un élément essentiel de la liberté religieuse. Les gouvernements européens doivent donc faire tout leur possible pour protéger, en particulier, les chrétiens convertis d'origine musulmane qui courent un risque élevé de violence. »

  • Augustin, le plus grand des Pères de l'Eglise latine (28 août)

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    Lors de l'audience générale du mercredi 9 janvier 2008, Benoît XVI consacrait sa catéchèse à l'évocation du plus grand Père de l'Eglise latine :

    Chers frères et sœurs,

    Après les grandes festivités de Noël, je voudrais revenir aux méditations sur les Pères de l'Eglise et parler aujourd'hui du plus grand Père de l'Eglise latine, saint Augustin:  homme de passion et de foi, d'une très grande intelligence et d'une sollicitude pastorale inlassable, ce grand saint et docteur de l'Eglise est souvent connu, tout au moins de réputation, par ceux qui ignorent le christianisme ou qui ne le connaissent pas bien, car il a laissé une empreinte très profonde dans la vie culturelle de l'Occident et du monde entier. En raison de son importance particulière, saint Augustin a eu une influence considérable et l'on pourrait affirmer, d'une part, que toutes les routes de la littérature chrétienne latine mènent à Hippone (aujourd'hui Annaba, sur la côte algérienne), le lieu où il était Evêque et, de l'autre, que de cette ville de l'Afrique romaine, dont Augustin fut l'Evêque de 395 jusqu'à sa mort en 430, partent de nombreuses autres routes du christianisme successif et de la culture occidentale elle-même.

    Rarement une civilisation ne rencontra un aussi grand esprit, qui sache en accueillir les valeurs et en exalter la richesse intrinsèque, en inventant des idées et des formes dont la postérité se nourrirait, comme le souligna également Paul VI:  "On peut dire que toute la pensée de l'Antiquité conflue dans son œuvre et que de celle-ci dérivent des courants de pensée qui parcourent toute la tradition doctrinale des siècles suivants" (AAS, 62, 1970, p. 426). Augustin est également le Père de l'Eglise qui a laissé le plus grand nombre d'œuvres. Son biographe Possidius dit qu'il semblait impossible qu'un homme puisse écrire autant de choses dans sa vie. Nous parlerons de ces diverses œuvres lors d'une prochaine rencontre. Aujourd'hui, nous réserverons notre attention à sa vie, que l'on reconstruit bien à partir de ses écrits, et en particulier des Confessiones, son extraordinaire autobiographie spirituelle, écrite en louange à Dieu, qui est son œuvre la plus célèbre. Et à juste titre, car ce sont précisément les Confessiones d'Augustin, avec leur attention à la vie intérieure et à la psychologie, qui constituent un modèle unique dans la littérature occidentale, et pas seulement occidentale, même non religieuse, jusqu'à la modernité. Cette attention à la vie spirituelle, au mystère du "moi", au mystère de Dieu qui se cache derrière le "moi", est une chose extraordinaire sans précédent et restera pour toujours, pour ainsi dire, un "sommet" spirituel.

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  • Saint Augustin, un homme pleinement accompli (28 août)

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    0828 (1).jpgZenit.org a publié (en 2012) un entretien avec le cardinal Angelo Scola, archevêque de Milan (Traduction d'Hélène Ginabat)

    (ZENIT.org) – Pour le cardinal Angelo Scola, saint Augustin est « un génie de l’humanité et un grand saint, c’est-à-dire un homme pleinement accompli ». Il fut aussi, comme saint Ambroise, un courageux avocat « de la dimension publique de la foi et d’un sain concept de laïcité ». Le cardinal Scola, archevêque de Milan, célèbrera l’eucharistie dans la basilique Saint-Pierre-au-Ciel-d’Or (San Pietro in Ciel d’Oro) à Pavie, en Italie, sur la tombe de saint Augustin, le 28 août 2012, en la mémoire liturgique du saint (cf. Zenit du 24 août 2012).

    A cette occasion, le cardinal Angelo Scola livre une réflexion sur la figure du grand docteur de l’Eglise, dans un entretien avec l’Ordre de saint Augustin.

    Eminence, qui est saint Augustin pour vous ?

    Un génie de l’humanité et un grand saint, c’est-à-dire un homme pleinement accompli. J’ai été impressionné, à ce sujet, par une affirmation de Jacques Maritain que je cite régulièrement aux jeunes, qui sont si souvent obsédés par le problème du succès et de la réalisation de soi : « Il n’existe de personnalité vraiment parfaite que chez les saints. Mais comment cela ? Les saints se sont-ils préoccupés de développer leur personnalité ? Non. Ils l’ont trouvée sans la chercher, parce qu’ils ne la cherchaient pas, mais Dieu seulement » (J. Maritain).

    L’archevêque de Milan se rend sur la tombe de saint Augustin pour y célébrer l’Eucharistie : cette démarche renouvelle le lien particulier entre Ambroise et Augustin. Que peuvent-ils nous dire encore aujourd’hui ?

    Card. Angelo Scola – Ambroise et Augustin ont traversé des décennies troublées entre « l’antique », représenté par l’empire romain désormais exténué et en marche vers un déclin inexorable, et le « nouveau » qui s’annonçait à l’horizon, mais dont on ne voyait pas encore nettement les contours. Ils furent immergés dans une société à bien des égards semblable à la nôtre, secouée par des changements continuels et radicaux, sous la pression de peuples étrangers et serrée dans l’étau de la dépression économique due aux guerres et aux famines.Dans de telles conditions, malgré la diversité profonde de leur histoire et de leur tempérament, Ambroise et Augustin furent des annonciateurs indomptables de l’avènement du Christ pour tout homme, dans l’humble certitude que la proposition chrétienne, lorsqu’elle est librement assumée, est une ressource précieuse pour la construction du bien commun.Ils furent de vaillants défenseurs de la vérité, sans se préoccuper des risques et des difficultés que cela comporte, en ayant conscience que la foi ne mortifie pas la raison, mais l’achève ; et que la morale chrétienne perfectionne la morale naturelle, sans la contredire, en en favorisant la pratique. Si nous empruntons des expressions du débat contemporain, nous pourrions les définir comme deux paladins de la dimension publique de la foi et d’un sain concept de laïcité.

    Quel enseignement peut-on tirer de l’expérience humaine et spirituelle de saint Augustin pour l’Année de la foi ?

    Dans une de ses audiences générales consacrées à saint Augustin, Benoît XVI le cite : « Mais si le monde vieillit, le Christ est éternellement jeune. D'où l'invitation: "Ne refuse pas de rajeunir uni au Christ, qui te dit : Ne crains rien, ta jeunesse se renouvellera comme celle de l'aigle" (Serm. 81, 8) » (Benoît XVI, audience générale du 16 janvier 2008). Augustin est un témoin formidable du Christ qui est contemporain à tout homme, et d’un profond accord entre la foi et la vie.

    En quoi la pensée et l’aventure humaine de saint Augustin sont-elles d’une actualité toujours nouvelle ?

    C’est l’inquietum cor dont il nous parle au début des Confessions. Sa recherche inlassable, qui a fasciné les hommes de tous les temps, est particulièrement précieuse aujourd’hui pour nous qui sommes immergés – et souvent submergés – dans les tourments de ce début de troisième millénaire. Une recherche qui ne s’arrête pas à la dimension horizontale, même si celle-ci est infinie ; mais qui pénètre dans la dimension verticale. C’est le même Augustin qui en décrit la portée quand il affirme, dans un passage des Soliloques : « Je viens de prier Dieu. — Que veux-tu donc savoir? — Tout ce que j'ai demandé.  Résume-le en peu de mots. — Je désire connaître Dieu et l'âme. — Ne désires-tu rien de plus ? — Rien absolument. » (Augustin, Soliloques I, 2, 7).

  • Saint Augustin d'Hippone (28 août) : "Bien tard, je t'ai aimée, ô beauté si ancienne et si nouvelle..."

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    Du site Pères de l'Eglise.free.fr :

    On connaît bien la vie d'Augustin d'Hippone : très nombreuses sont les biographies qui ont été écrites de lui, facilitées - il faut bien le dire - par ce que lui-même nous a dit de lui à travers Les Confessions, rédigées vraisemblablement entre 397 et 400, oeuvre universellement connue :

    Bien tard, je t'ai aimée, ô beauté si ancienne et si nouvelle, bien tard, je t'ai aimée ! Et voici que tu étais au-dedans, et moi au-dehors, et c'est là que je te cherchais, et sur la grâce de ces choses que tu as faites, pauvre disgracié, je me ruais !
    Tu étais avec moi et je n'étais pas avec toi ;
    elles me retenaient loin de toi, ces choses qui pourtant,
    si elles n'existaient pas en toi, n'existeraient pas ! Tu as appelé, tu as crié et tu as brisé ma surdité ;
    tu as brillé, tu as resplendi et tu as dissipé ma cécité ;
    tu as embaumé, j'ai respiré et haletant j'aspire à toi ;
    j'ai goûté, et j'ai faim et j'ai soif ;
    tu m'as touché et je me suis enflammé pour ta paix.[...]
    (Conf. X, xxvii, 38)

    Effectivement, Augustin connaît d'abord une jeunesse dissipée, dispersée entre toutes sortes de plaisirs (Augustin rappellera à maintes reprises son attrait pour les femmes, les honneurs...). Toutefois, il est animé par une grande inquiétude intellectuelle et psychologique, a de nombreuses curiosités philosophiques et linguistiques (il a embrassé la profession de "rhéteur"). Augustin verra dans toute cette période de sa vie en germe déjà une recherche de Dieu qui va d'ailleurs se préciser à travers la lecture des philosophes et son grand intérêt pour les philosophies (Augustin est un grand lecteur de Cicéron, puis il découvre Plotin et les néo-platoniciens...), son souci et son attrait pour la religion et les croyances (comme par exemple le manichéisme qui le tenta un certain temps). Finalement, après avoir rejoint l'Italie, Rome en 383 puis surtout Milan où il va s'installer plus durablement pour des raisons professionnelles (découragement face aux étudiants de Carthage qu'il juge peu intéressants), Augustin découvre la prédication de l'évêque du lieu, Ambroise, qui accepte de répondre à toutes les interrogations d'Augustin au cours de longs entretiens. Bien des événements personnels sont relatés également par Augustin dans les Confessions qui ont certainement contribué à son "retournement". Augustin, catéchumène depuis son enfance (1) va finalement se convertir radicalement et demander le baptême en 387(2).

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  • Le pro-natalisme ne suffit pas

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    D' sur First Things (traduction automatique !) :

    Le pro-natalisme ne suffit pas

    Mon mari et moi avons une petite fille et nous attendons notre deuxième enfant à la fin de cette année, six semaines avant notre troisième anniversaire de mariage. Nous représentons une minorité croissante au sein de la génération Z. En 1965, cinq adultes sur six âgés de dix-huit à trente-quatre ans étaient, ou avaient été, mariés. Depuis 1970, cependant, le taux de mariage a chuté de soixante pour cent. Aujourd’hui, environ un tiers de la génération Z est sur le point de ne jamais se marier, beaucoup préférant rester dans des conditions de cohabitation instables. 

    Ce qui a commencé comme une récession du mariage s’est transformé en une pénurie de naissances à grande échelle. En 2023, le taux de natalité est tombé à son point le plus bas de 1,62 naissance par femme, bien en dessous du taux de remplacement de 2,1. L’avenir des États-Unis, ainsi que celui de tous les pays développés à l’exception d’Israël, est menacé par le déclin démographique. Notre économie, la sécurité sociale, la préparation militaire, les soins aux personnes âgées, l’éducation et bien d’autres choses encore dépendent des nouvelles générations d’enfants. Au niveau individuel, ce déclin reflète une réalité bien plus sombre. Des gens heureux et pleins d’espoir ont des enfants. Si nous n’avons pas d’enfants, qu’est-ce que cela dit de la santé de notre nation ? 

    Les causes de cette pénurie de naissances sont diverses : l’augmentation de la stérilité chez les hommes et les femmes, la puissance de la technologie, le coût élevé de la vie et de l’éducation des enfants, et la baisse du nombre de mariages et de la fréquentation des églises. Les avortements ont augmenté depuis l’ arrêt Dobbs – peut-être en raison de la disponibilité accrue de l’avortement médical – tout comme les stérilisations volontaires, en particulier chez les jeunes hommes et les jeunes femmes. Chacun de ces facteurs, pris individuellement ou ensemble, a donné naissance à ce que Tim Carney appelle une culture « hostile à la famille » où les enfants sont considérés comme des contraintes ou, au mieux, comme des produits de luxe. 

    Le natalisme, un mouvement contre la baisse des naissances, fait la une des journaux car il attire des défenseurs de premier plan comme Elon Musk. Si nous devons nous réjouir de cette évolution, nous devons faire la distinction entre les « simples pro-natalistes », qui veulent simplement voir naître plus de bébés, et ceux qui donnent la priorité à la formation de la famille comme base de l’augmentation des taux de natalité. Les simples pro-natalistes peuvent être d’excellents alliés contre notre culture anti-enfant, mais le manque d’intérêt pour la formation de la famille risque de perpétuer les pathologies sociales mêmes qui ont donné naissance à la pénurie de naissances en premier lieu. 

    En ignorant le déclin antérieur du taux de mariage mère-père, la crise de la fécondité est réduite à un problème d’action collective nationale que quelqu’un d’autre doit résoudre. Le simple natalisme tend également à considérer les enfants, et leurs mères, comme des moyens pour parvenir à un but plus grand : sauver le monde, la nation, l’économie ou donner un sens à sa vie. Comme le montre l’ échec des efforts de la Chine pour augmenter les naissances, instrumentaliser la maternité de cette manière peut en fait décourager les femmes d’avoir des enfants. Une telle instrumentalisation renforce même les arguments antinatalistes selon lesquels la procréation traite les enfants comme des produits destinés à ses propres projets et ne permet pas d’obtenir le consentement pour les faire naître. 

    Les technocrates pronatalistes souhaitent souvent créer un certain type d’enfant : un enfant en bonne santé, un enfant intelligent ou un enfant « désiré ». En effet, avec l’expansion de la technologie de sélection génétique embryonnaire et le potentiel des utérus artificiels ou de la gamétogenèse in vitro – une procédure expérimentale qui modifie génétiquement l’ADN de n’importe qui en gamètes viables – les parents peuvent utiliser la technologie pour personnaliser leurs futurs enfants. Ce style de pronatalisme « à la Silicon Valley » exploite le désir des parents d’élever des enfants en bonne santé et heureux en leur offrant une fausse promesse de contrôle. Comme l’éthicien anglican Oliver O’Donovan le prévient dans Begotten or Made ? , « un être qui est le « créateur » de tout autre être est aliéné de ce qu’il a créé, le transcendant par sa volonté et agissant comme la loi de son être ». Les enfants « créés » ne sont plus considérés par leur « créateur » comme des cadeaux, des fins en soi, mais comme des produits de luxe.  

    Le fait de réduire les bébés à un bien parmi d’autres – un enfant, un yacht ou une maison – renforce la réticence de notre société à les considérer comme des fins. En matière de biens de consommation, les enfants sont risqués, difficiles et chronophages. Des études montrent que la principale raison pour laquelle les femmes retardent ou renoncent à avoir des enfants est leur désir de loisirs, comme les voyages, ou leur préférence pour l’indépendance personnelle, comme la liberté de se concentrer sur leurs loisirs ou leur carrière. Lorsque les Américains considèrent la maternité comme un simple projet de plus, il n’est pas surprenant que de moins en moins d’adultes décident que les enfants ne valent pas la peine d’être mis au point. 

    Ma fille a elle-même quinze mois. Alors que je me réjouis de la voir grandir, de nouveau-née à petite fille heureuse et capable de marcher, je suis frappée de constater à quel point cet état d’esprit peut facilement influencer ma propre façon d’être parent. Je suis tentée de la considérer comme un accessoire précieux qui devrait s’intégrer parfaitement à ma vie, à mon emploi du temps et à mes objectifs. Je suis alors surprise ou frustrée lorsque ses besoins entrent en conflit avec mes préférences. 

    La civilisation dépend de la capacité des individus à reconnaître que fonder une famille et élever des enfants est une partie essentielle du parcours humain. Promouvoir le mariage, qui est systématiquement le meilleur indicateur des taux de natalité, est la stratégie à long terme la plus sûre pour inverser la baisse de la fécondité. La récession du mariage – survenue alors que le divorce, la cohabitation, la monoparentalité et la culture du sexe à deux sont devenus la norme – a précédé la crise de la fécondité aux États-Unis. Comme moins de familles formaient des relations stables et durables, le nombre d’enfants nés dans les classes moyennes et supérieures a commencé à diminuer. Aujourd’hui, le taux de natalité des hommes et des femmes mariés est resté stable depuis les années 1990, à l’exception d’une légère baisse de 2016 à 2020. La diminution globale du nombre d’enfants est le résultat d’un nombre croissant d’adultes qui retardent ou renoncent complètement au mariage. Pour résoudre la crise de la fécondité, nous ne devons pas simplement nous concentrer sur la création de plus d’enfants, nous devons nous concentrer sur la création de mariages plus sains entre hommes et femmes. 

    De plus, les enfants s’épanouissent mieux dans des familles où le père et la mère sont mariés et où ils sont liés biologiquement aux deux parents. Ces enfants sont beaucoup moins susceptibles d’être pauvres, de commettre des délits, d’abandonner l’école et de souffrir de dépression et d’autres problèmes psychologiques. En protégeant le « package » que sont le mariage, les relations sexuelles et la procréation, les enfants bénéficient de plus d’opportunités de s’épanouir en tant que prolongements naturels et célébrés du mariage. 

    Il est vrai que la multiplication des naissances contribue à résoudre de nombreux problèmes liés à l’économie, à la sécurité sociale, à la préparation militaire, à l’éducation et au bonheur. Néanmoins, ces résultats ne doivent pas être la principale raison pour laquelle nous encourageons les gens à avoir des enfants. Comme l’a dit C.S. Lewis : « Mettez les premières choses en premier et les secondes sont ajoutées. Mettez les secondes en premier et vous perdez les premières et les secondes. » 

    Pour considérer et encourager la procréation de manière juste, nous devons honorer et accueillir les enfants comme des cadeaux, quelles que soient leurs capacités ou leur état de santé. Cela permet non seulement d’adopter une attitude d’humilité dans la procréation, mais aussi de se protéger contre une mentalité culturelle dans laquelle les adultes peuvent agir sur les enfants comme des objets ou des solutions à un autre problème. 

    Emma Waters est chercheuse associée au Centre Richard et Helen DeVos pour la vie, la religion et la famille à la Heritage Foundation.

  • Sainte Monique ou l'obstination d'une mère (27 août)

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    Le 27 août 2008, (ZENIT.org) Benoît XVI a évoqué le grand saint Augustin et sa mère, Monique, dont l'Eglise célèbre aujourd'hui la fête liturgique : son fils est fêté demain, 28 août.

    A la fin de l'audience, comme c'est la tradition, Benoît XVI a salué les jeunes, les malades et les jeunes mariés, leur présentant l'exemple de sainte Monique.

    « Que l'exemple de sainte Monique dont nous célébrons aujourd'hui la mémoire, disait Benoît XVI, et celui de son fils saint Augustin, que nous célébrerons demain, vous aident à regarder, avec une confiance indéfectible, vers le Christ, lumière dans les difficultés, soutien dans les épreuves, guide à tout moment de l'existence humaine ».

    Sainte Monique est connue pour sa persévérante intercession pendant plus de quinze ans pour la conversion de son fils Augustin.

    Voici un beau témoignage de piété filiale que cette prière composée par saint Augustin pour le repos de l'âme de sa mère, Monique, décédée à Ostie en  387, après une expérience spirituelle intense:

    « O mon Dieu, je ne laisse pas de pleurer en votre présence pour celle qui vous a si fidèlement servi, pour celle qui, après m'avoir porté dans son sein pour me faire naître à la lumière passagère de ce monde, me porta depuis dans son coeur, afin de me faire renaître à votre lumière éternelle.

    « O Dieu de mon coeur, Dieu de miséricorde, quelque sujet que j'aie de me réjouir en vous et de vous rendre grâces de tout le bien que fit ma mère pendant sa vie, je veux laisser à part, quant à présent, toutes ses bonnes oeuvres, et je viens implorer auprès de vous le pardon de ses péchés.

    « Exaucez-moi, je vous en conjure, par les mérites de celui qui fut attaché pour nous à une croix, et qui, maintenant assis à votre droite, ne cesse d'intercéder pour nous.

    « Je sais que votre servante a pratiqué les oeuvres de miséricorde, et qu'elle a pardonné du fond de son coeur à ceux qui l'avait offensée : pardonnez-lui donc aussi, mon Dieu, les fautes qu'elle a pu commettre envers vous pendant tout le temps qui s'est passé depuis son baptême jusqu'à sa mort. Pardonnez-lui, Seigneur, je vous en supplie ; que votre miséricorde l'emporte sur votre justice, parce que vous êtes fidèle dans vos promesses, et que vous avez promis la miséricorde à ceux qui auront été miséricordieux.

    « Je crois que vous avez déjà fait pour mère ce que je vous demande ; et cependant, Seigneur, puissent les prières que je vous offre être agréables à vos yeux. Elle-même nous recommanda de vous les adresser, et de nous souvenir d'elle à l'autel du Seigneur.

    « N'oubliez pas, mon Dieu, que celle pour qui je vous prie avait fortement attaché son âme, par les liens d'une foi inébranlable, à cet admirable mystère de notre rédemption. Que rien ne puisse donc l'arracher à la protection de son Dieu ! Que l'ennemi ne réussisse, ni par la ruse, ni par la force, à la séparer de vous ; que son âme repose dans la paix éternelle. Amen. »

  • Monique : la sainteté d'une mère

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    On célèbre aujourd'hui la fête de sainte Monique, mère de saint Augustin. Elle occupe une large place dans les Confessions. Nous reproduisons ci-dessous un entretien entre cette mère et son fils sur le bonheur de la vie éternelle (chapitre X):

    A l’approche du jour où elle devait sortir de cette vie, jour que nous ignorions, et connu de vous, il arriva, je crois, par votre disposition secrète, que nous nous trouvions seuls, elle et moi, appuyés contre une fenêtre, d’où la vue s’étendait sur le jardin de la maison où nous étions descendus, au port d’Ostie. C’est là que, loin de la foule, après les fatigues d’une longue route, nous attendions le moment de la traversée.

    Nous étions seuls, conversant avec une ineffable douceur, et dans l’oubli du passé, dévorant l’horizon de l’avenir ( Philip. III, 13), nous cherchions entre nous, en présence de la Vérité que vous êtes, quelle sera pour les saints cette vie éternelle « que l’oeil n’a pas vue, que l’oreille n’a pas entendue, et où n’atteint pas le cœur de l’homme (I Cor. II, 9). » Et nous aspirions des lèvres de l’âme aux sublimes courants de votre fontaine, fontaine de vie qui réside en vous (Ps. XXXV, 10), afin que, pénétrée selon sa mesure de la rosée céleste, notre pensée pût planer dans les hauteurs.

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  • Sainte Monique (27 août)

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    Vie de Sainte Monique, mère de saint Augustin (source)

    Monique fut la mère de Saint Augustin à double titre, puisqu’elle l’enfanta sur la terre et pour le ciel. Sainte Monique naquit en 332, d’une famille où régnaient la piété et la crainte de Dieu. Lorsqu’elle fut en âge d’être mariée ses parents lui firent épouser Patrice, bourgeois de Tagaste, homme d’honneur, mais païen de religion. Elle eut toujours pour lui une soumission parfaite et travaillait de toutes ses forces à le gagner à Jésus-Christ. Le principal moyen qu’elle employait pour le retirer de ses vices était une conduite irréprochable, qu’elle soutenait constamment. Elle supportait ses infidélités avec patience, sans jamais les lui reprocher avec amertume, espérant toujours que Dieu aurait pitié de lui. En général, Patrice était d’un excellent caractère, mais en même temps, il était violent et emporté. Lorsque Monique le voyait en colère, elle observait de ne le contredire, ni par ses actions, ni par ses discours. La fougue étant passée, elle lui parlait avec douceur. Quand des femmes maltraitées par des maris violents ou débauchés venaient lui faire part de leurs peines, elle avait coutume de leur répondre : « Vous ne devez vous en prendre qu’à vous-mêmes et à vos propres paroles. » 

    Son mari embrassa le christianisme un an avant de mourir (371). Il renonça à ses débauches et passa le reste de sa vie dans la pratique de la vertu. Elle gagna aussi sa belle-mère à Jésus-Christ, après l’avoir fait revenir des préventions qu’elle avait conçues contre elle. Elle mettait au nombre de ses principaux devoirs le soin de soulager les pauvres ; elle assistait tous les jours à la Divine Liturgie ; elle allait à l’église le matin et le soir, afin de se trouver à la prière publique et d’entendre la Parole de Dieu. Mais son exactitude à remplir les devoirs de la religion était réglée sur les vrais principes; elle ne l’empêchait point de veiller au soin de sa maison, et surtout à l’éducation de ses enfants. La Sainte avait deux fils, Augustin et Navigius, et une fille dont on ignore le nom.

    Après la mort de son époux, elle passa son veuvage dans la chasteté et l’exercice des œuvres de miséricorde. Elle ne cessait de répandre d’abondantes larmes dans ses prières à Dieu pour son fils, qui avait été séduit par la secte des Manichéens. Elle le suivit pourtant à Milan, où elle l’exhortait souvent à fréquenter saint Ambroise, qui en était évêque. Cédant à ses désirs, il reconnut la vérité de la foi catholique par suite des discours publics et des entretiens particuliers de ce saint docteur, et reçut le baptême de ses mains (387).

    Elle, lui ménagea alors un bon parti, dans l’espérance que le mariage le fixerait et le préserverait du malheur de la rechute. Mais Augustin lui apprit qu’il était résolu de vivre le reste de ses jours dans la continence. Elle le suivit dans une maison de campagne où il alla passer les vacances avec quelques-uns de ses amis. Elle eut part aux entretiens les plus relevés qu’ils eurent ensemble, et y montra un jugement et une pénétration extraordinaires. Saint Augustin nous a conservé plusieurs de ses réflexions, qui décèlent beaucoup d’esprit et de piété.

    Peu après, la mère et le fils, revenant en Afrique, s’arrêtèrent au port d’Ostie, Monique fut prise de la fièvre. Un jour qu’elle perdit connaissance, elle revint à elle en disant : « Où étais-je ?... » Et regardant ceux qui l’entouraient, elle ajouta : « Vous enterrerez ici votre mère. Je vous demande seulement de vous souvenir de moi à l’autel du Seigneur. »

    Cette sainte femme rendit son âme à Dieu en 387, à la cinquante-sixième année de son âge, après neuf jours de maladie, et fut inhumée dans l’église d’Ostie. Plus tard, sous le pontificat de Martin V, ses restes furent transportés à Rome et placés avec honneur dans l’église qui porte le nom de Saint Augustin.

    Au Livre V de ses Confessions, chapitre 12, Saint Augustin, parlant de la mort de sa mère, s’exprime ainsi : 

    « Nous ne pensâmes pas qu’il fût convenable de célébrer ses funérailles par des plaintes, des pleurs et des gémissements, parce que ce n’était point dans la peine qu’elle mourait, et qu’elle ne mourait pas non plus tout entière. C’était en conséquence de sa vie innocente et de sa foi sincère que nous avions raisonnablement cette pensée. Ensuite, j’étais ramené insensiblement à ma première douleur au sujet de cette servante du Seigneur ; je me rappelais sa dévotion envers Dieu, envers nous sa piété, sa tendresse, ses bons avis, dont je me trouvais tout à coup privé; et ce fut pour moi un amer plaisir de pleurer sur elle et pour elle. Si quelqu’un venait à trouver blâmable que, durant quelques instants, j’eusse pleuré ma mère..., ma mère que j’avais vue morte devant mes yeux !… elle qui pendant tant d’années, m’avait tant pleuré pour que je fusse vivant devant les siens !... qu’il ne se rie pas de moi ; mais que plutôt, s’il a quelque charité, il pleure aussi pour mes péchés devant Toi, Seigneur, Qui es le Père de tous les frères de Ton Christ Jésus! »

    Sainte Monique, prie Dieu pour nous et pour les enfants de la terre d'Algérie!