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  • Aux funérailles étonnamment chrétiennes de la reine Elizabeth II : le Vatican a raté le coche

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    Lu sur le site « National Catholic Register » :

    « COMMENTAIRE : Incorporant des contributions remarquables de la part des catholiques, l'Église d'Angleterre a fourni un modèle à tous les chrétiens sur la façon dont les funérailles doivent être conduites.

    Le roi Charles III suit derrière le cercueil de la reine Elizabeth II, drapé de l'étendard royal avec la couronne d'État impériale et l'orbe et le sceptre du souverain, tel qu'il est réalisé depuis l'abbaye de Westminster. après les funérailles nationales de la reine Elizabeth II le 19 septembre à Londres, en Angleterre.

    Il s'agissait des funérailles d'État les plus grandioses de l'histoire pour le monarque le plus ancien de l'histoire. 

    Avant et après , c'était un enterrement chrétien. 

    L'Église d'Angleterre a rendu un service signalé à tous les chrétiens en fournissant un modèle sur la manière dont les funérailles doivent être conduites, à une époque où les liturgies funéraires tant sacrées que civiques sont devenues plutôt émaciées. 

    La priorité de la prière 

    La reine a été à juste titre et bien louée lors de diverses cérémonies au cours de la semaine dernière. Le jour de ses funérailles était un jour de prière. 

    A partir du moment où le cortège funèbre pénétra dans l'abbaye de Westminster jusqu'au chant de Je suis la Résurrection et la Vie , le mystère de la mort et de la vie éternelle prit le pas sur tous les autres. 

    "Nous ferons tous face au jugement miséricordieux de Dieu", a prêché l'archevêque de Cantorbéry, Justin Welby.  

    L'archevêque a prononcé une magnifique homélie funéraire, modèle pour toute la prédication funéraire chrétienne. Il a prêché des vérités sur le "leadership serviteur" de la reine, mais l'a présentée comme une disciple chrétienne d'abord et comme une monarque ensuite. La journée comprenait l'apogée de la pompe et de l'apparat britanniques, mais l'archevêque Welby a noté que "la mort est la porte de la gloire". 

    La durée de la vie et du règne de la reine a été soulignée lorsque ses restes terrestres sont passés sous les statues des martyrs du XXe siècle installées au-dessus de la grande porte ouest de l'abbaye pour le millénaire. La reine est née trois ans avant la naissance de Martin Luther King Jr., et lorsqu'elle est venue à l'abbaye pour son mariage en 1947, saint Maximilien Kolbe n'était même pas mort depuis une décennie. 

    Complètement absents étaient les discours des officiers laïcs de l'État. Et à ce silence bienvenu s'ajoutait le silence profond, voire palpable, des foules immenses autour de l'abbaye et le long du mail jusqu'au palais de Buckingham. C'était une manifestation de révérence, une vertu publique très requise pour une vie commune saine.  

    La richesse du rituel 

    Le rituel d'un monarque décédé est plus riche que pour tout autre, et les funérailles ont magistralement permis au rituel de parler. La congrégation de la chapelle Saint-Georges à Windsor s'est tenue en silence pendant que les instruments du pouvoir terrestre de la reine - l'orbe, le sceptre et la couronne d'État impériale - étaient retirés du cercueil et placés sur le maître-autel. Puis ils ont chanté Christ Is Made the Sure Foundation . Que dire de plus sur le fondement de toute autorité ? 

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  • Mgr Rey et le motu proprio « Traditionis custodes »…en attente des nouvelles de Rome.

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    Lu dans l’hebdomadaire « Famille chrétienne » sous le titre "Affaire de Fréjus-Toulon : Mgr Rey annonce des mesures radicales"

    Près de trois mois après la suspension des ordinations, Mgr Dominique Rey a rencontré 150 prêtres le 15 septembre pour échanger avec eux et déployer plusieurs grandes mesures pour le diocèse de Fréjus-Toulon. Parmi elles, la suspension de l’accueil de nouvelles communautés.

    Mgr Rey a proposé aux prêtres du diocèse de les rencontrer pour « échanger » sur le sujet de la suspension des ordinations et de l'avenir du diocèse. 

    Comme les séminaristes, de nombreux prêtres peinent à voir clair pour l’avenir de leur diocèse, après avoir été totalement pris de court début juin par l’annonce brutale de la suspension des ordinations. Pour apaiser ce « climat d’incertitude », Monseigneur Rey a organisé une rencontre de 150 prêtres du diocèse, le 15 septembre dernier, indique le diocèse dans un communiqué du 20 septembre. Ils se sont retrouvés dans un lieu très symbolique : le séminaire de la Castille, où les futurs prêtres et diacres commencent tout juste leur année.

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    Visites et suspension de l’accueil de nouvelles communautés

    « Aucune nouvelle information n’est parvenue de Rome et le Diocèse ne sait toujours pas quand pourront de nouveau être ordonnés prêtres et diacres », informe d’abord le texte. Avant d’expliquer que la démarche proposée par Mgr Rey aux prêtres était surtout d’« échanger sur le sujet » avec eux. Lors de cette rencontre, il a d’abord « repris en détail le déroulé des événements », puis « exposé les décisions transmises à la Congrégation des évêques. »

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    Quatre grandes mesures ont été prises. D’une part, la suspension de l’accueil de nouvelles communautés, alors que la « politique d’accueil du diocèse » était l’un des points de vigilance évoqué par Rome pour justifier la suspension des ordinations. D’autre part, « l’accueil de nouveaux prêtres sera désormais soumis à la décision du Conseil presbytéral », indique le communiqué. Le diocèse prévoit aussi l’ « établissement d’un état des lieux des communautés présentes dans le Diocèse avec des visiteurs pouvant porter différents regards (canonique, pastoral, spirituel) ».

    Dernière mesure annoncée : « La mise en application de la charte Saint-Léonce dans le respect du Motu Proprio Traditionis Custodes, avec une visite systématique des groupes concernés sous la responsabilité du référent nommé. » Cette charte de Saint Léonce avait été élaborée par le diocèse dans l’année précédant le motu proprio Traditionis Custodes, pour permettre de « bien articuler l’accueil et l’intégration de ces prêtres et communautés » attachés au rite ancien, indiquait Mgr Rey dans un communiqué après le fameux Motu proprio.

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    « J’ai reconnu des erreurs d’appréciation et de discernement dans l’accueil et le suivi de certaines communautés, mais j’ai aussi mis en valeur les fruits missionnaires et la fécondité des différents charismes et initiatives pastorales du Diocèse. J’ai tenu compte des remarques, des erreurs commises, sans remettre en cause le travail de communion missionnaire à bâtir ensemble », a expliqué l’évêque aux 150 prêtres présents.

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  • « L’euthanasie de papa a réveillé une belle colère en moi. »

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    De Pierre Jova sur le site de l'hebdomadaire La Vie :

    « L’euthanasie de mon père a réveillé une belle colère en moi »

    [Témoignage] Claire Dierckx, Belge de 29 ans, demeure bouleversée par la mort de son père en 2020, atteint de la même maladie neurodégénérative qu’elle.

    22/09/2022

    Lorsque Claire Dierckx sort dans la rue avec son déambulateur, Bruxelles est illuminée par sa joie. La jeune femme de 29 ans partage son quotidien avec les résidents de son habitat solidaire, et avec une maladie qui lui fait perdre progressivement l’équilibre, la parole, la vue. Ce qui ne l’empêche ni d’être juriste pour une agence immobilière, ni de s’engager dans la réinsertion des sans-abri.

    Un enthousiasme contagieux, qui a été forgé au creuset de la désolation. Elle n’a que 10 ans quand son père sent ses muscles le trahir. C’est génétique, aucun espoir de guérison. Le quotidien de cette famille catholique de cinq enfants en est profondément perturbé.

    « C’était lourd pour maman, et pour nous tous. Le plus dur n’était pas que papa soit malade, mais qu’il soit désespéré. » À 17 ans, Claire et sa sœur jumelle ressentent à leur tour les premiers symptômes dans leur corps. « J’ai été plusieurs années dans le déni. Je me disais : “Tout peut disparaître : mon père, ma santé, ma relation amoureuse, mes amis…” Rien ne paraissait stable. »

    « Il avait besoin d’être accompagné »

    Après ses études, Claire ressort transformée d’une retraite spirituelle. « Un prêtre m’a dit : “Il n’y a pas de réponse à la souffrance, mais il peut y avoir beaucoup d’amour”. Depuis, je suis convaincue que le mystère de la vie est de se donner aux autres. » Cet élan l’a conduite pour deux ans de mission humanitaire à Cuba, parmi les handicapés et les enfants des bidonvilles, puis à Bruxelles, auprès des gens de la rue.

    À l’automne 2020, son père, en chaise roulante, annonce à ses enfants réunis dans le salon familial qu’il a demandé l’euthanasie. Ce mot, qui, pour Claire, évoquait vaguement ses cours de droit, la percute de plein fouet. « Papa avait besoin d’être accompagné et écouté, assure-t-elle. Une psychologue a fait deux ou trois “visios” avec lui avant qu’il soit “piqué”. On parle d’une vie humaine ou d’un animal ? Que l’on soit chrétien ou pas, c’est le respect de quelqu’un ! Le grand argument est qu’il faut abréger les souffrances. Mais lui, c’est le désespoir qui le guidait. » Elle tente de le convaincre de rejoindre une institution spécialisée, en vain. Les autres enfants acceptent la décision paternelle.

    « J’ai pensé : “Seigneur, pardonne-leur…” »

    Un mois après, Claire voit arriver Corinne Van Oost, venue seconder le médecin traitant pour l’acte. « Elle se comparait à Marie au pied de la Croix, et justifiait l’euthanasie avec la Bible. J’ai pensé : “Seigneur, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font.” »

    Le jour venu, la fille serre son père une dernière fois dans ses bras, avant de le laisser dans sa chambre avec les deux médecins, la psychologue et un prêtre. C’est Corinne Van Oost qui injecte le produit létal. « Je me suis dit : tout le monde est aveugle, et moi aussi. C’était général. »

    Un terrible signal de renoncement

    Deux ans plus tard, Claire se bat contre le terrible signal de renoncement envoyé. « Il y a une part de moi qui le comprend d’avoir jeté l’éponge, confie-t-elle. Je vois bien que cela va aller de pire en pire. Souvent, je me demande : “Pourquoi continuer ?” Alors, je me rappelle l’audace d’espérer ! Ce n’est pas parce que je perds mes capacités qu’il n’y a pas encore à vivre, à donner et à recevoir. La maladie me rend encore plus dépendante des autres, mais Jésus dit bien qu’il sera difficile pour les riches d’entrer au royaume des Cieux… »

    Elle se bat aussi contre la tentation du ressentiment. « L’euthanasie de papa a réveillé une belle colère en moi. Elle est moins destructrice aujourd’hui, et plus féconde. » D’un air malicieux, Claire nous annonce avoir donné un nom à son déambulateur : « Victor, pour Victoire ! »

  • Union homosexuelle dans l’Eglise en Flandre : qu’en penser ?

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    D'Arnaud Dumouch :

    21 sept 2022 : Union homosexuelle dans l’église en Flandre : qu’en penser ? (28 mn) 

    https://youtu.be/9iihBDOzIbQ  

    Une tribune ferme d’Arnaud Dumouch 

    Certes le pape Benoît XVI nous demandait en 2011 de recevoir avec un premier regard ouvert les initiatives pastorales dans l’Eglise. Mais il faut aussi regarder le rapport à la vérité. Les quatre évêques de Flandre en Belgique ont publié ce mardi 21 septembre un document sur la « proximité pastorale avec les personnes homosexuelles », qui comprend une cérémonie pour la bénédiction publique à l’église des couples de même sexe. Devant la gêne des fidèles, ces évêques ont ensuite protesté pour bien distinguer cela du mariage. Il n’empêche que le texte de la bénédiction qui parle « d’amour béni, de fidélité et de foyer » est en contradiction directe avec l’interdiction de ce type de liturgie ambigüe par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi en 2021. 

    Au même moment, en Allemagne, le chemin synodal a fait voter à main levée, pour éviter, comme dans la période Trotskiste, la dissidence du vote secret, l’acceptation de « l’homosexualité comme un mode de sexualité à l’égal de la sexualité dans le mariage, l’ordination sacerdotale des femmes, la théorie du changement de sexe ». 

    Il va falloir que la prochaine génération d’évêques en revienne fermement à la fidélité de la foi. 

  • Le "drame intérieur du chrétien" évoqué par Benoît XVI

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    D'Andrea Gagliarducci sur Catholic News Agency :

    Benoît XVI évoque dans une nouvelle lettre le "drame intérieur du chrétien".

    23 sept. 2022

    Dans une nouvelle lettre, Benoît XVI a fait l'éloge de l'histoire d'une femme qui a vécu "le drame intérieur d'être chrétien" et a consacré sa vie à la rencontre spirituelle avec le Christ dans l'adoration eucharistique et d'autres pratiques. 

    Dans une lettre adressée à l'auteur d'une nouvelle biographie, le pape émérite a écrit que son expérience personnelle était similaire à ce que Mère Julia Verhaeghe a vécu. 

    L'écrivain, le père Hermann Geissler, est un ancien fonctionnaire de la Congrégation pour la doctrine de la foi et un membre de la famille spirituelle "L'Œuvre" que Mère Julia a fondée et que le pape Jean-Paul II a désignée comme famille de vie consacrée en 2001.

    Dans sa lettre à Geissler, mise à la disposition de CNA, Benoît XVI n'a pas caché qu'il avait "la crainte que sa vie puisse être de peu d'intérêt dans son ensemble parce qu'elle manque de tout drame extérieur." Benoît XVI a félicité l'auteur pour avoir rendu "visible le drame intérieur de l'être chrétien, en écrivant une biographie véritablement fascinante. Le chemin extérieur de cette vie, qui mène de la Belgique à Rome en passant par l'Autriche et la Hongrie, avec un point focal en Autriche, devient le reflet du chemin intérieur par lequel cette femme a été conduite." "De cette manière, devient visible le véritable drame de la vie, qui se trouve avant tout dans la rencontre avec Paul et, à travers lui, avec le Christ lui-même, permettant aux autres de le retracer", a ajouté Benoît XVI.  "Tout le drame extérieur et intérieur de la foi est présent dans sa vie. La tension décrite ici est particulièrement captivante parce qu'elle est similaire à ce que j'ai vécu depuis les années 1940."

    La biographie, intitulée "Elle a servi l'Église : Mère Julia Verhaeghe et le développement de La Famille Spirituelle L'Œuvre", explore la période allant de 1950 à 2001, du second après-guerre à la reconnaissance de la Famille, quatre ans après la mort de la fondatrice en 1997. Le livre est divisé en quatre parties et comprend des témoignages, des extraits de lettres de Mère Julia et d'autres documents d'archives. En outre, le livre contextualise la vie et les choix de Mère Julia, en les reliant aux situations de l'époque, dont Mère Julia était une observatrice attentive.

    Dans l'introduction, le Père Thomas Felder et Sœur Margarete Binder ont écrit que "les pages qui suivent racontent l'histoire d'une femme qui n'avait ni une culture particulière, ni une bonne santé, ni aucun moyen économique". Pourtant, ont-ils ajouté, "un feu brûlait dans son cœur". Ce feu est à la base des rencontres qui ont formé sa vie : tout d'abord, celle avec saint Paul ; puis celle avec le pape Pie XII, qui lui est apparu en rêve et qui a prédit le concile Vatican II ; enfin, la rencontre avec le cardinal John Henry Newman, auquel "L'Œuvre" est particulièrement liée. Ces rencontres et ces relations font partie d'un chemin spirituel vers la rencontre avec le Christ. Le livre de Geissler raconte ces rencontres avec délicatesse, sans sensationnalisme, démontrant que la prophétie ne vient que lorsqu'on est ouvert à l'écoute. De la rencontre avec Pie XII naît une grande intuition : l'élément humain et humanisant du Concile Vatican II va tenter de prendre le dessus, en dépassant ce qui doit être le centre de l'Église, à savoir le sacré.

    Face à la sécularisation croissante, la Famille Spirituelle "L'Œuvre", guidée par Mère Julia, met l'accent sur l'adoration eucharistique. C'est une habitude quotidienne dans chaque maison de "l'Œuvre".

    Le livre décrit également comment Mère Julia a ressenti le même enthousiasme et le même souci d'une Europe unifiée, au moment où Bruxelles se préparait à accueillir l'Expo 1958. Sa vision était toujours celle d'un renouveau spirituel, d'un retour au Christ. Il n'y avait peut-être pas de drame extérieur, mais l'agitation de l'âme de Mère Julia à laquelle Benoît fait référence est bonne, ouverte à la réflexion sur les questions de l'époque. 

    Dans le livre de Geissler, on perçoit l'émerveillement constant devant le mystère du Christ, qui la conduit, déjà âgée, à visiter la Terre Sainte et à faire l'expérience du désert. La vie de Mère Julia, racontée dans ce livre, est celle d'une femme qui a su regarder son époque avec le caractère concret qui ne vient que du contact avec Dieu. Benoît XVI, qui a eu 95 ans en avril, a souvent parlé de la nécessité du contact avec Dieu et a affirmé que la rencontre avec Jésus était la réponse aux défis du monde.

    Andrea Gagliarducci est un journaliste italien de la Catholic News Agency et analyste du Vatican pour ACI Stampa. Il est collaborateur du National Catholic Register.

  • Regarder mon frère et changer (26e dimanche du T.O.)

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    L'homélie de l'abbé Christophe Cossement pour le 26ème dimanche du temps ordinaire (C) (archive du 29 septembre 2013) :

    Regarder mon frère et changer

    Des lectures d’aujourd’hui nous redécouvrons que l’homme est capable d’accumuler des richesses et vivre dans le luxe tandis que son semblable est dans la misère et n’a pas de quoi vivre. Nous le savions déjà, nous le voyons dans l’actualité et aussi dans notre cœur, mais la Parole de Dieu nous le rappelle, pour nous dire que cela ne va pas.

    Dieu n’est pas indifférent à ce qui se passe. Car ce n’est pas seulement mon semblable qui est en jeu, mais mon frère. Et je ne peux pas me contenter de me dire que ce qui lui arrive n’est pas de ma faute. Qu’est-ce qui motive Jésus à inventer cette histoire pour nous la raconter ? Il veut nous faire remarquer que nous sommes confiés les uns aux autres. Et que la façon dont nous traitons les gens qui vivent près de nous, qui sont nos frères, a un impact plus large: un impact sur la vie de toute la société, et un impact pour la vie future.

    Tout homme est mon frère, non d’abord parce que j’en ai envie mais parce que c’est ainsi, parce que Dieu est le père de tous, parce qu’il nous a confié à tous la création pour que nous y vivions ensemble et que soyons le gardien de notre frère (Gn 4,9 et Mt 23,8). Le christianisme est venu apporter un élément très neuf à la culture des hommes : une sorte de fraternité universelle. Il n’y a plus ni juif ni grec, disait saint Paul. Il y a un lien qui doit dépasser tous les particularismes. Ce dépassement n’a jamais été totalement accompli, et maintenant il est encore plus urgent à réaliser, à l’heure de toutes sortes de replis identitaires. Tandis que les pays pauvres sont regardés de bien loin dans nos écrans de télévision, que les quartiers pauvres se distinguent de plus en plus dans nos villes, il y a l’urgence de retrouver un cœur attentif à chacun.

    La façon dont je traite mon frère a un impact sur la vie de toute la société : c’est le prophète Amos qui nous le rappelle : la ruine du peuple d’Israël, la déportation sont accélérées par l’insouciance des possédants, qui jouissent tranquillement des richesses accumulées. L’individualisme conduit la société à la ruine. Il nous faut tisser de nouveau des liens entre les gens, surmontant le découragement que la complexité des questions économiques pourraient faire naître en nous. Il ne faut pas que nos voisins soient obligés de déménager sans que nous nous soyons souciés de ce qui leur arrive. Il ne faut pas que nous placions notre argent sans nous soucier de savoir dans quoi il sera investi. Il ne faut pas que nous cherchions les produits les moins chers sans nous intéresser à la façon dont ils sont produits. Il ne faut pas que nous achetions des produits de luxe sans savoir ce que nous aurions pu faire de mieux avec cet argent.

    La façon dont je traite mon frère a également un impact sur la vie future, sur la vie éternelle. Car comment pourrai-je vivre dans le Royaume de Dieu si j’ai habitué mon cœur à être indifférent à ce que vit mon frère ? Ce n’est pas que Dieu me donnera une punition extérieure à mon action, comme une sorte de représaille arbitraire. Mais je me serai rendu moi-même incapable de la vie éternelle parce que mon cœur sera endurci, rétréci, incapable de jouir de la présence de mes frères, de tous mes frères. Car au ciel il n’y a pas de quartiers riches et de quartiers pauvres !

    Parfois nous ne voyons pas très bien quoi faire. Ce n’est pas grave, mais il faut laisser la question ouverte dans notre cœur. Si nous n’avons pas de solution maintenant, gardons cet appel de notre frère pauvre très présent à nos oreilles, à nos yeux, à notre cœur, et demandons à l’Esprit Saint de faire jaillir quelque chose, une nouvelle attitude, un nouvel élan d’amour et de justice. Afin que nous ne devions pas attendre que quelqu’un revienne de chez les morts pour que nous changions…

  • La mort d'Elizabeth II ou quand la monarchie fait rêver la France et l'Occident

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    De sur le site "l'Incorrect" :

    MORT D’ELIZABETH II : QUAND LA MONARCHIE FAIT RÊVER LA FRANCE ET L’OCCIDENT

    La mort d’Elizabeth II a fait l'objet d'une étonnante fascination dans tout l'Occident, à commencer par la France. C'est que la monarchie, et c'est son grand avantage, est le régime de la légitimité, de l'unité et du sacré. De quoi nous donner des idées ?

    Quelle étonnante cérémonie que celle que dont nous furent témoins jeudi dernier. Saisi d’effroi, un pays tout entier se trouvait suspendu aux fragiles respirations de sa monarque. Toutes les activités étaient arrêtées net, les journalistes déjà se paraient de noir, la BBC ouvrait son canal à l’international pour partager les derniers instants de la femme la plus célèbre au monde. Et avec la Grande-Bretagne, c’est l’Occident tout entier qui retenait son souffle, transi d’émotions et tout en prière pour la royale mourante, qui s’interrogeait sur ce que serait le monde demain, car, non qu’Elizabeth soit indispensable, mais personne ou presque n’a jamais vu ce monde sans elle. Tous avions conscience d’assister à la fin de l’un de ces miracles de perpétuité et de majesté que seule la monarchie peut offrir. Tous comprenions qu’une page de l’histoire vieille de 96 ans était sur le point d’être tournée, page qui débuta quand Vincent Auriol et Edgar Faure gouvernaient la France, page qui dura près du tiers de l’histoire américaine et qui fut parcourue par les plus illustres noms de l’histoire contemporaine, page essentiellement marquée par l’ère de paix et d’abondance issue de la Seconde Guerre mondiale dont on sait qu’elle est en train de s’éteindre. Tous assistions au fond à la rupture du dernier grand lien qui nous arrimait au siècle précédent.

    Émotion et gravité universelles donc, pour la royale défunte. Pluie d’hommages en tout genre et issus de tout rang. Inédit à pareille échelle, le phénomène est merveilleux, au pied de la lettre, tant il échappe comme nul autre phénomène à la politique légale-rationnelle que la modernité croyait imposer à la terre entière alors même qu’elle n’épouse pas le quart du phénomène politique en son entièreté. Car cette séquence nous rappelle – par-delà la caducité politique du roi de Grande-Bretagne – que la tradition et le sentiment, l’invisible et l’imaginaire sont des données essentielles de la vraie et grande politique. Et la cérémonie funéraire qui s’annonce exceptionnelle – deux semaines de deuil national, quatre jours de veillée funèbre qui devraient voir défiler près de 500 000 sujets, processions réunissant le million de personnes, funérailles en grande pompe qui plongeront le pays dans un silence total – et qui sera suivi sur tout le globe, ne fera que le confirmer : il est décidément dans le politique quelque chose qui dépasse de très loin le constructivisme rationnel, et que la monarchie incarne mieux qu’aucun autre régime.

    Petite leçon de légitimité

    Car n’ayant jamais versé dans le contractualisme républicain à la française, et c’est heureux pour elle, la monarchie britannique peut se prémunir d’une légitimité toute traditionnelle, selon les catégories de Max Weber. Et l’on a pu en admirer les fruits : tirant sa légitimité de l’hérédité et de la prescription, et fort de la juste place accordée à l’étiquette, à la pompe et au mystère, le monarque est doté d’une espèce de majesté qu’on peine à définir mais qui n’a pas besoin de l’être car personne ne peut la méconnaître. Et de fait, le plus fieffé des progressistes s’est ému devant ce morceau d’histoire qui s’éteignait.

    Et ce sont bien les institutions, plus que la personnalité de la reine en question, qui sont en jeu. Marquées du sceau de l’immémorial et de l’éternel, parées des mille mérites de la famille à leur tête, les institutions monarchiques produisent en propre de la légitimité, et ce d’autant qu’elles s’imposent sans que personne n’ait prise sur elles. Ainsi Novalis expliquait dans l’opuscule Foi et Amour (1798) : « C’est la distinction caractéristique de la monarchie de reposer sur la foi en un homme de naissance supérieure, sur la libre adhésion à un personnage idéal. Parmi mes égaux, je ne puis me choisir un supérieur ; je ne puis en rien m’en remettre à quelqu’un qui en est au même point que moi. Le système monarchique a ceci d’authentique, de vrai, qu’il s’attache à un centre absolu, qu’il est lié à un être n’appartenant pas à l’État, mais à l’humanité. Le roi est un être humain élevé au rang de fatum terrestre ». Au fond, la politique est une affaire de pure autorité, et c’est alors seulement qu’elle se pétrit de sacré – qui n’est pas le résultat du décorum, comme certains ont pu le répéter, car si la République s’y connaît en faste, elle n’a versé que dans le mauvais pastiche dès qu’elle s’est essayée à la transcendance.

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