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  • Le "camp du Bien" de la gauche de la gauche : une arnaque

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    De l'essayiste Claude Demelenne en "opinion" sur le site du Vif :

    La gauche contestataire n'est pas le camp du Bien (carte blanche)

    24/08/21

    Parce que je critique la gauche contestataire, je trahirais le camp du Bien. Brève réplique à ceux qui prétendent avoir le monopole du coeur.

    Dans les pages 'Opinions' du "Vif", j 'épingle fréquemment les errements de la gauche contestataire (le PTB de Raoul Hedebouw, La France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon...). Les militants de la gauche rouge vif apprécient peu et s'en offusquent : puisque je continue à me revendiquer de la gauche (social-démocrate, réformiste), je devrais en toute logique concentrer mes critiques contre la droite, le camp du Mal. Je pense, au contraire, qu'il est plus important de balayer devant sa porte.

    L'obsession militante

    "Critiquer parfois 'les nôtres' constitue une attitude nécessaire, qui risque toujours de nous faire passer pour un traître, affirme le philosophe Guy Haarscher (ULB). Mais être capable de faire cela, c'est le commencement de toute sagesse" (1). Sans pour autant nier les erreurs de la gauche de la gauche, d'aucuns notent que ceux qui s'en sentent proches défendent des valeurs généreuses, la justice sociale, la lutte contre les inégalités, l'antiracisme... "Il faut aussi être vigilant face aux 'bonnes causes', réplique Guy Haarsher, qui met en garde contre ce qu'il appelle "la monomanie des militants". Elle est dangereuse, explique le philosophe, car " l'obsession militante peut aveugler".

    Le monopole du coeur

    J'ai toujours été stupéfait par l'incapacité d'une certaine gauche dite' radicale' à faire son autocritique. Elle croit avoir toujours raison. Elle ne doute jamais. Pétrie de certitudes, elle revendique le monopole du coeur. Raison pour laquelle le mot 'compromis' ne fait pas partie de son vocabulaire. Quand on cultive le mythe de l'infaillibilité de la gauche (au choix) marxiste, trotskyste authentique, contestataire, on ne perd pas son temps à négocier des compromis avec les sociaux-démocrates, les écologistes, les libéraux, les chrétiens-démocrates, tous défenseurs, à des degrés divers, du capitalisme abject.

    " Détruire le capitalisme"

    L'anticapitalisme, parlons-en. "Le capitalisme nous détruit, il faut détruire le capitalisme, écrit l'économiste et philosophe français, Frédéric Lordon (2). Il n'a pas de mots assez durs pour dénoncer " la tyrannie capitaliste". Son "abolition" s'impose, comme d'ailleurs celle de la " démocratie bourgeoise ". Pour la gauche contestataire, le doute n'est pas permis, ceux qui agitent le drapeau anticapitaliste font partie du camp du Bien.

    La lutte des classes est une réalité. Le capitalisme est souvent doux pour les riches, rugueux pour les pauvres. Faut-il pour autant le diaboliser, partout et toujours ? Le capitalisme occidental est-il une horreur absolue, qu'il faut combattre par tous les moyens ? C'est loin d'être une évidence. " L'Occident est imparfait, il n'est pas à détruire, analyse l'écrivain et journaliste algérien, Kamel Daoud. L'Occident est aussi le lieu où l'on fuit quand on veut échapper à l'injustice de son pays d'origine, à la dictature, à la guerre, à la faim, ou simplement à l'ennui" (3).

    Indignation sélective

    De tels propos font hurler à la gauche de la gauche. Celle-ci n'a pourtant pas de leçons à donner, tant elle s'est souvent tragiquement trompée, tout au long du siècle dernier. Elle a pratiqué une peu glorieuse indignation sélective, dénonçant sans relâche - et avec raison - le fascisme et l'extrême droite (ainsi que les ravages de l'ultra-capitalisme), mais fermant longtemps les yeux face aux abominations du communisme.

    La gauche de la gauche a le culot de se revendiquer du camp du Bien, alors que bon nombre de ses figures de proue ont ménagé, voire soutenu, les pires tyrans, Staline, Mao, Pol Pot, Khomeini... La gauche de la gauche peut certes parfois se montrer généreuse, dans ses revendications et propositions 'sociales'. Mais globalement, le bilan de cette gauche-là est négatif, pour ne pas dire famélique. Son prétendu "camp du Bien" est une arnaque, que je continuerai à dénoncer.

    (1) Interview de Guy Haarscher dans La Libre-Belgique", 30-31 janvier 2021

    (2) "Figure du communisme", Frédéric Lordon, La fabrique éditions, 2021

    (3) Carte blanche dans 'Le Monde' du 23 juin 2020

  • Une analyse posée du Motu proprio "Traditionis custodes"

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    De Christophe Geffroy et de l'Abbé Christian Gouyaud sur le site de La Nef :

    Traditionis custodes : après le choc, l’analyse

    La sévérité du motu proprio Traditionis custodes du pape François, visant la messe tridentine, a surpris tout le monde. Après la stupéfaction, le moment d’une analyse plus posée est venu.

    La publication du motu proprio Traditionis custodes, le 16 juillet, au cœur de l’été, fut pour beaucoup un choc (1). La surprise et l’émotion passées, il convient maintenant de prendre du recul et de réfléchir à ce que demande le pape. En effet, il s’agit d’un acte de gouvernement de l’autorité suprême que l’on ne peut rejeter, l’obéissance filiale étant la règle pour tout catholique. Mais pour obéir, ainsi que le rappelait Dom Jean Pateau, Père Abbé de Fontgombault, « il faut vouloir écouter, entendre et comprendre » (2). Dans l’Église, en effet, l’obéissance ne doit pas être aveugle, mais recevoir l’assentiment de l’intelligence éclairée par la réflexion et les conseils. Elle peut donc laisser la place à de légitimes interrogations et à des demandes formulées dans le respect de l’autorité.

    Constatons d’abord que ce motu proprio n’interdit pas la célébration de la messe selon le missel de saint Jean XXIII. On revient à une situation antérieure au motu proprio Ecclesia Dei de 1988 bien que plus favorable que l’indult de 1984. C’est un retour au régime de la concession. Les évêques reprennent la main, ce qui est logique, mais avec une marge de manœuvre limitée, puisque la création de tout nouveau groupe est interdite, ainsi que la célébration dans les paroisses, et qu’ils devront consulter le Siège apostolique pour accorder quelque autorisation à un prêtre ordonné postérieurement à Traditionis custodes et qui aurait l’intention de célébrer avec le missel de 1962. Il y a là une volonté affirmée de faire disparaître à terme cette liturgie, ce qu’explique clairement François dans sa lettre aux évêques accompagnant le motu proprio qui est là pour « ceux qui sont enracinés dans la forme précédente de la célébration et qui ont besoin de temps pour revenir au rite romain promulgué par les saints Paul VI et Jean-Paul II ».

    Ces mesures, exprimées avec dureté, sans compassion, sont d’une rare sévérité et paraissent injustes à ceux qui suivaient paisiblement la liturgie tridentine sans aucun esprit de contestation du nouvel Ordo et du concile Vatican II. Elles créent une profonde blessure chez nombre de fidèles qui ne comprennent pas pourquoi le Père commun s’acharne ainsi contre eux, au risque de briser une mouvance qui, dans l’Église, affiche un véritable dynamisme avec beaucoup de familles nombreuses et tout autant de jeunes, suscitant en proportion plus de vocations que partout ailleurs. Qui, désormais, voudra intégrer un séminaire « tradi » en sachant qu’aucun ministère ne lui sera offert à sa sortie ? François, habituellement si soucieux de construire des ponts, érige ici un mur pour isoler les « tradis » et les faire disparaître progressivement.

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  • Biden : l'insuffisance d'un Président

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    De Ludovic Lavaucelle sur la Sélection du Jour :

    Joe Biden est-il en état de présider ?

    « Je vous présente mon fils Beau Biden que vous avez soutenu lors de son élection au Sénat du Delaware… ». Le 4 novembre dernier, le jour de l’élection présidentielle, Joe Biden présentait à une foule de supporters sa petite fille qu’il prenait donc pour son fils, décédé en 2015. Il s’est repris mais s’est trompé ensuite sur le prénom… Déjà, des inquiétudes s’exprimaient sur l’état physique et cognitif du président le plus âgé de l’histoire américaine. Les médias « mainstream » ont largement occulté ces craintes jusqu’à la crise afghane. L’absence, puis la confusion visible du président Biden quand il a dû répondre aux questions d’un journaliste phare de la chaîne ABC News (pourtant pro-Démocrate), ont ravivé l’inquiétude le concernant, y compris chez ses électeurs. 52% des Américains interrogés par le sondeur Rasmussen considèrent que le Président n’est plus en mesure de remplir sa mission.

    Jim Geraghty pour National Review (voir lien ci-dessous) revient sur les incohérences du Président et sur son irritation visible, lors de son interview avec George Stephanopoulos d’ABC News. Après 4 jours d’absence médiatique, puis un court discours de 20 minutes le lundi 16 août lu sur téléprompteur, sans répondre à aucune question alors que le monde assistait au désastre afghan, l’interview du 18 août a eu un effet catastrophique sur l’opinion. Voici un résumé des questions de George Stephanopoulos (GS) et des réponses de Joe Biden (JB) qui inquiètent ses concitoyens comme ses alliés.

    GS : « Mr. Le Président, le 8 juillet dernier, vous avez déclaré qu’une prise du pouvoir des Talibans était hautement improbable. Le Renseignement avait-il tort ou bien avez-vous négligé leurs rapports ? »

    JB : « Je pense qu’il n’y avait pas de consensus. Si vous regardez les rapports, ils disent plutôt que cela n’était pas un risque d’ici la fin de l’année. »

    Cette réponse contredit sa déclaration du 8 juillet ! Voici, en quelques lignes ce qu’il avait dit alors :

    Journaliste : « Mr le Président, vos propres Services de Renseignement estiment que le gouvernement afghan va probablement tomber. »

    JB : « Ce n’est pas vrai ! »

    Journaliste : « Vraiment ? Pourriez-vous préciser ce qu’ils vous ont dit ? »

    JB : « Ce n’est pas vrai. Ils n’ont pas, ils n’ont pas… pas tiré une telle conclusion. »

    Journaliste : « Considérez-vous la victoire des Talibans comme inévitable ? »

    JB : « Non. »

    Journaliste : « Pourquoi ? »

    JB : « Parce que les troupes afghanes sont fortes de 300 000 hommes et bien équipées contre 75 000 Talibans. »

    Le lendemain de l’interview chez ABC News, Douglas London, ancien responsable du contre-espionnage à la CIA a écrit que le Président avait menti : « Nous avons clairement prévenu les équipes de l’ancien Président Trump comme celles du Président Biden que les forces afghanes allaient probablement capituler. »

    Encore plus inquiétant, Joe Biden a assuré face à ABC News, qu’aucune erreur n'avait été commise et que ce qui s’était passé était inévitable.

    George Stephanopoulos a insisté : « Vos conseillers militaires ont fait part de leur opposition à ce plan de sortie. Ils recommandaient de garder 2 500 soldats U.S. sur place. »

    JB : « Non, ils n’ont pas dit ça… Les opinions étaient partagées. »

    GS : « Ils n’ont pas dit qu’il fallait laisser les troupes sur place pour l’instant ? »

    JB : « Non. Pas que je me rappelle… »

    Des notes de ces réunions pourraient être déclassifiées. Selon le Wall Street Journal, le Chef d’État-Major, le Général Mark Milley tout comme le Secrétaire à la Défense, Lloyd Austin, auraient expressément recommandé de garder 2 500 hommes sur place pour maintenir la pression et conclure un accord de paix entre les factions afghanes. Ils auraient ajouté qu’un retrait total n’offrait aucune garantie stable.

    On assiste donc à une situation inédite : des hauts responsables n’hésitent plus à contredire leur « patron ». Ou bien ils ont été incompétents et cherchent à se couvrir après coup, ou alors le Président Biden a oublié ce qu’on lui a dit il y a quelques semaines…

    Tout indique que le Président Biden a ignoré les avertissements de ses conseillers et pris une décision précipitée et désastreuse. S’il y avait consensus pour sortir d’Afghanistan, un engagement de près de 20 ans méritait un plan détaillé et prudent. Le résultat est un fiasco qui montre au monde la faiblesse de la première puissance mondiale, dirigée par un homme qui ne semble plus en mesure de remplir sa mission. Un signe ne trompe pas : les grands médias qui l’avaient largement soutenu lors de la campagne électorale sont devenus très offensifs à son égard et ses alliés internationaux ne cachent plus leurs inquiétudes. Un prochain bilan de santé pour Joe Biden est prévu en fin d’année alors que les doutes existaient déjà avant son arrivée à la Maison Blanche… Mais la perspective de voir la Vice-Présidente Kamala Harris, peu expérimentée et très à gauche sur l’échiquier politique américain, ne rassure ni les Américains, ni leurs alliés.

    Ludovic Lavaucelle

    Pour aller plus loin : Something is wrong with the President

    >>> Lire l'article sur : National Review

  • Les chrétiens d'Afghanistan : une situation alarmante

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    De Timothée Dufour sur le site du Figaro Vox :

    «Il y a aussi des chrétiens en Afghanistan et ils risquent tous la mort !»


    La situation des chrétiens afghans, qui était déjà très préoccupante alors que les Occidentaux étaient présents dans le pays, devient alarmante avec le retour des talibans au pouvoir. Le risque de mort auquel ils sont confrontés réclame de la communauté internationale une vigilance permanente quant aux gestes des nouvelles autorités afghanes à leur égard.

    «Les attaques contre les chrétiens sont susceptibles d'augmenter dans la région alors que l'avancée rapide des talibans enhardit les extrémistes», soulignait l'organisation de défense des chrétiens persécutés Release International dans un article du 16 août dernier, qui prévient que «toute personne identifiée comme chrétienne pourrait être tuée».

    À ce jour, le porte-parole du mouvement taliban Zabihullah Mujahid a affirmé, sans convaincre la communauté internationale, que «les femmes auront des droits, dans le cadre de la charia», lors de cette première conférence de presse après leur arrivée au pouvoir. Aucun de ses propos ne donnait la moindre assurance quand aux minorités religieuses en Afghanistan, notamment la communauté chrétienne afghane.

    La situation des chrétiens estimés à quelques milliers de personnes était déjà inquiétante en Afghanistan où le christianisme, comme le rapporte Eusèbe de Césarée, serait arrivé avec les apôtres Thomas et Bartholomée au IIe siècle après J.-C. , soit six siècles avant la naissance de l'islam.

    Même pendant la présence occidentale, le blasphème, l'apostasie et le prosélytisme des non-musulmans étaient déjà considérés comme des crimes.

    Timothée Dufour

    La constitution afghane adoptée en 2004, rédigée avec l'aide d'un «éminent juriste français», comme l'avait relevé non sans fierté le gouvernement français dans une réponse à une question parlementaire publiée le 8 juillet 2004, se voulait certes rassurante. «La sainte religion islamique est la religion de la République Islamique d'Afghanistan. Les adeptes des autres religions sont libres, dans les limites de la loi, d'exercer et de célébrer leurs rites religieux», précisait le texte constitutionnel. Tel n'était hélas pas le cas dans la réalité : le blasphème, l'apostasie et le prosélytisme des non-musulmans étaient déjà considérés comme des crimes.

    Les organisations internationales avaient très vite pointé du doigt la situation difficile des chrétiens afghans, dont l'organisation Portes Ouvertes, une ONG qui œuvre dans plus de 60 pays pour soutenir les chrétiens privés de liberté religieuse et souffrant de persécution. Elle soulignait combien il était «impossible de vivre ouvertement en tant que chrétien en Afghanistan». Les prises de position d'élus afghans avaient confirmé le durcissement de leur situation, comme en témoigne un parlementaire afghan qui, le 9 septembre 2013, avait demandé que les musulmans qui se convertissent au christianisme soient mis à mort, en vertu de la charia, le droit islamique.

    La Cour européenne des droits de l'homme avait relevé la situation dramatique de la communauté chrétienne dans un arrêt du 5 novembre 2019. Les juges européens s'étaient opposés à une mesure d'expulsion décidée par la Suisse au motif que les personnes converties au christianisme, ou même simplement soupçonnées de l'être, «sont exposées à un risque de persécution qui peut prendre une forme étatique et conduire à la peine de mort».

    Dans ce contexte, quels changements la communauté chrétienne peut-elle espérer avec l'arrivée des talibans au pouvoir, vingt ans après avoir été chassés de Kaboul ?

    Les chrétiens afghans qui devront plus que jamais vivre leur foi dans l'ombre ne s'attendent pas à un simple durcissement de leurs conditions de vie, mais à une mort certaine, annoncée par avance.

    Les talibans revendiquent une application rigoriste de la charia dans la vie quotidienne, dont l'objet est de réislamiser les mœurs, la justice et l'ensemble des droits et des devoirs tant individuels que collectifs des individus.

    Leur sort est déjà connu au regard des années où les talibans étaient au pouvoir, entre 1996 et 2001, période pendant laquelle la loi islamique la plus stricte a été promulguée, interdisant jeux, musique, photographies, télévision. Les femmes n'avaient plus le droit de travailler, les écoles pour filles étaient fermées, les mains des voleurs étaient coupées, les chrétiens exécutés en public, les homosexuels écrasés sous un mur de briques, les femmes adultères lapidées à mort.

    Les témoignages récents confirment l'horreur réservée à la communauté chrétienne.

    Timothée Dufour

    Les témoignages récents confirment l'horreur réservée à la communauté chrétienne. «Les chrétiens risquent la trahison, même de la part des membres de leur propre famille», souligne l'article de Release International évoqué plus haut. Parmi les témoignages que l'on peut lire sur Twitter, l'auteur américaine Mindy Belz relaie les propos alarmants d'un responsable d'églises de maison en Afghanistan : «Une personne qui travaille avec les réseaux d'églises de maison en Afghanistan rapporte que ses dirigeants ont reçu hier soir des lettres des talibans les avertissant qu'ils savent où ils sont et ce qu'ils font».

    Les anciens maîtres du pays n'ont donc pas changé d'état d'esprit depuis la période 1996-2001, en tout cas dans leur interprétation de la charia à l'égard des chrétiens.

    Avant l'arrivée des talibans, l'Afghanistan était déjà le deuxième pays où les chrétiens sont le plus persécutés, selon l'Index mondial de persécution 2020, publié par Portes ouvertes. Demain, l'Afghanistan sera très certainement au coude-à-coude avec la Corée du Nord pour la première place de ce classement.

    «Non, les talibans n'ont pas changé de visage. Ils sont encore plus féroces. L'un de leur moteur, c'est la fracture sociale qui scinde la société afghane en deux», comme l'a rappelé Victoria Fontan, rectrice de l'Université américaine d'Afghanistan et spécialisée dans l'éducation, dans des pays en crise.

    Dans l'immédiat, nous ne pouvons que répondre présent au cri du cœur du Père Giovanni Scalese au micro de Radio Vatican, missionnaire barnabite d'origine italienne : « Priez, priez, priez pour l'Afghanistan ».

  • "Un homme qui ne sait pas mentir!"

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    images.jpgLors de l'audience générale du 4 octobre 2006, le pape Benoît XVI commentait en ces termes la confession de foi de Barthélemy (Nathanaël) que nous fêtons aujourd'hui :

    L'évangéliste Jean nous rapporte que, lorsque Jésus voit Nathanaël s'approcher, il s'exclame : « Voici un véritable fils d'Israël, un homme qui ne sait pas mentir ». Il s'agit d'un éloge qui rappelle le texte d'un psaume : « Heureux l'homme...dont l'esprit est sans fraude » (Ps 31,2), mais qui suscite la curiosité de Nathanaël ; il réplique avec étonnement : « Comment me connais-tu ? » La réponse de Jésus n'est pas immédiatement compréhensible. Il dit : « Avant que Philippe te parle, quand tu étais sous le figuier, je t'ai vu ». Nous ne savons pas ce qui s'est passé sous ce figuier. Il est évident qu'il s'agit d'un moment décisif dans la vie de Nathanaël. Il se sent touché au plus profond du cœur par ces paroles de Jésus, il se sent compris et il comprend : cet homme sait tout sur moi, il sait et connaît le chemin de la vie, je peux réellement faire confiance à cet homme. Et ainsi, il répond par une profession de foi limpide et belle en disant : « Rabbi, tu es le Fils de Dieu, tu es le roi d'Israël ! »

          Dans cette confession apparaît un premier pas important dans l'itinéraire d'adhésion à Jésus. Les paroles de Nathanaël mettent en lumière un double aspect complémentaire de l'identité de Jésus : il est reconnu aussi bien dans sa relation spéciale avec Dieu le Père, dont il est le Fils unique, que dans son rapport au peuple d'Israël, dont il est déclaré le roi, un qualificatif propre au Messie attendu. Nous ne devons jamais perdre de vue ni l'une ni l'autre de ces deux composantes, car si nous proclamons seulement la dimension céleste de Jésus, nous risquons d'en faire un être éthéré et évanescent, et si au contraire nous ne reconnaissons que sa situation concrète dans l'histoire, nous finissons par négliger la dimension divine qui précisément le qualifie.

    (© Libreria Editrice Vaticana) repris aujourd'hui sur EAQ (Evangelizo.org)

  • Demain, des prêtres majoritairement classiques et des diocèses désertifiés

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    Lu sur Pro Liturgia :

    En 1970, il y avait encore 50 000 prêtres en France. C’est à cette époque qu’a fleuri le slogan « il y a trop de prêtres ; c’est aux fidèles de prendre l’avenir de l’Église en mains. »

    En 2020, il n’y a plus que 6 000 prêtres dont moins de 3 000 ont une charge pastorale (les autres offrant leurs services tant que leur santé le leur permet).

    Quant aux fidèles qui devaient prendre l’Église en mains en formant ce fameux « peuple de Dieu qui marche joyeux », ils sont les grands absents et ceux qui s’obstinent à vouloir « jouer au curé » dans les paroisses désormais privées de prêtre ne sont de loin pas les plus appréciés des simples pratiquants.

    Certaines estimations donnent entre 2 000 et 3 500 prêtres actifs d’ici trois ans pour une pratique dominicale ne touchant plus que 2 à 3% des fidèles se disant catholiques. Des chiffres qui devraient alerter nos pasteurs diocésains et les pousser à changer de « logiciel pastoral ». Ce qu’ils refusent de faire depuis de trop nombreuses années.

    Une chose demeure certaine : parmi les prêtres de demain, les plus « classiques » auront une place croissante mais souvent difficile à tenir. On les reconnaîtra à ce qu’ils porteront la soutane (au moins à l’église), respecteront la liturgie du mieux qu’ils pourront, défendront ouvertement les valeurs du catholicisme, lutteront courageusement contre la « dictature du relativisme », fuiront les compromissions avec la bien-pensance au goût du jour, s’opposeront enfin à toute pastorale s’employant à détruire le peu qui reste de l’Église catholique dans les paroisses.

    Bref, les diocèses et les paroisses, après des années de divagations, pourront lentement se libérer de la domination des vieux progressistes responsables du déclin de la foi - progressistes qui n’auront guère pu se renouveler - et ce sera « printemps » annoncé dès les lendemains de Vatican II et si longtemps attendu.

    Mais ne nous y trompons pas : d’ici là, de nombreux diocèses seront devenus de véritables déserts religieux. Déjà les séminaires diocésains sont vides et certaines églises ne sont plus ouvertes qu’à l’occasion de funérailles transformées en « hommage au défunt », ce qui, sous couvert de pastorale, est un premier pas vers l’athéisme.

    Dans les années à venir, donc, les prêtres « classiques » seront majoritaires.

  • L’Afghanistan : un réservoir de djihadistes en puissance

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    De Sébastien Lignier sur le site de Valeurs Actuelles :

    Alexandre del Valle : « L’Afghanistan est un réservoir de djihadistes en devenir »

    Le géopolitologue Alexandre del Valle revient sur l’idéologie complexe qui anime les talibans, redevenus maîtres de l'Afghanistan depuis le départ des troupes américaines. L’essayiste critique la politique occidentale et rappelle l’importance de contrôler rigoureusement la future vague migratoire. Entretien.

    Alexandre Del Valle. Cela fait déjà plusieurs mois que les talibans contrôlent la quasi-totalité du pays, mais ils n’avaient pas encore repris Kaboul. Ils attendaient le départ définitif des Américains, qui avait été repoussé à fin août. Tout le monde savait que cela allait arriver. Personne parmi les experts et les décideurs ne peut affirmer que la conclusion de cette guerre est surprenante. Évidemment, il y a encore eu beaucoup de mensonges. Notamment des déclarations de dirigeants occidentaux qui insinuaient que les Talibans n’oseraient pas reprendre la capitale. En vérité, on sait très bien que ce départ qui, comme en Irak, a été effectué sans “service après-vente”, était en somme un feu vert adressé aux talibans. Un signal envoyé pour dire qu’on avait collectivement accepté, sans le dire, qu’ils redeviennent les maîtres du pays. Et d’ailleurs, les négociations de Doha ont été plus ou moins dans ce sens. Il y a eu des négociations russes avec les talibans qui ont été dénoncées, hypocritement, par les Occidentaux. Alors qu’au même moment, depuis 2017, les Américains eux-mêmes avaient entamé des discussions dans cette perspective. Notamment avec le Qatar, qui a servi d’intermédiaire pour trouver un accord permettant de replacer les talibans au pouvoir. Tout cela était écrit. Et tout cela était connu, prévisible et absolument pas surprenant.

    De nombreuses personnalités politiques s’inquiètent d’un nouvel essor du djihadisme, alors qu’Al-Qaïda a soutenu officiellement cette semaine le retour des talibans au pouvoir. Quels sont les liens entre les deux organisations ?

    Il y a plusieurs tendances au sein des talibans. Il y a une tendance que j’appellerais islamistes-nationalistes qui n’est pas internationaliste-califaliste. Et puis il y a une autre tendance, plus liée à la branche pakistanaise d’Al-Qaïda cette fois, qui adhère elle à un projet califal mondial. C’est ce genre de division à l’intérieur du mouvement qui en fait toute sa complexité. Au départ, les talibans étaient exclusivement intéressés par la zone afghane, en se greffant sur l’ethnie des Pachtounes, majoritaire dans le pays. Mais depuis l’alliance avec Oussama ben Laden, et parallèlement à l’expansion de la branche pachtoune pakistanaise des Talibans, ils ont pris le pouvoir en 1996 en cohabitant avec Al-Qaïda. A l’époque, il y avait eu des alliances voire même des mariages mixtes entre clans Arabes et clans talibans dans toute la zone Af-pak ! Il y a eu une sorte d’hybridation d’une partie des talibans, la branche internationaliste pro-Al-Qaïda et haqqani, mais pas de tous, car d’autres sont restés méfiants vis-à-vis du jihadisme internationaliste. Ce n’est pas cette partie non-négligeable pro-Al-Qaïda du mouvement qui a négocié avec les Américains et les Qataris. Ils ont négocié avec la branche plus traditionnelle des talibans, qui veut reprendre le pouvoir en Afghanistan mais qui n’a pas envie de participer au djihad mondial, afin de ne pas le payer par une intervention militaire américaine comme à l’époque du Mollah Omar en 2001.

    Depuis la prise de Kaboul, les talibans multiplient les messages “positifs” sur le respect des droits des femmes, sur la liberté de la presse ou encore sur l’accès à l’école pour les jeunes filles. Tout cela est-il vraiment compatible avec la charia que le mouvement veut instaurer ?

    C’est possible. Tout est une question d’interprétation de la charia elle-même. Cette dernière est une jurisprudence qui reprend des dispositions du Coran, temporelles et spirituelles, et qui ajoute à cela la tradition des hadiths, qui sont également des sortes de jurisprudences, puisque ce sont les commentaires des propos qu’aurait tenus Mahomet. La charia ne veut donc rien dire seule. Elle peut être interprétée de mille manières. Même une charia très radicale-wahhabite, comme en Arabie Saoudite par exemple, peut être appliquée à la lettre. Cela donne alors Daesh, avec des décapitations, des crucifixions… Si elle est appliquée de manière un peu plus “douce”, vous vous retrouvez avec le Qatar, qui a le même islam que les wahhabites de l’Arabie Saoudite, mais qui l’applique de manière rigoriste mais moins fanatique. Et encore une fois, la tendance idéologique qui a négocié avec les Américains à Doha est celle qui prétend appliquer une version dite classique de la charia, qui se rapprocherait de ce que l’Arabie Saoudite pratiquait sur son sol avant l’arrivée de Mohammed Ben Salmane (MBS) au pouvoir.

    Ça peut paraître surprenant pour nous, mais pour un Afghan moyen de 50 ou 60 ans, qui a une vision clanique de la société et des mœurs des plus rigoristes, les talibans sont redevenus ce qu’il y a de moins mal.

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  • Quand la foi déserte la catholique Irlande

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    De Patsy McGarry sur The Irish Times :

    L'archevêque catholique de Dublin affirme que la foi a "disparu" en Irlande.

    La réduction du nombre de fidèles peut être l'occasion de "réimaginer l'Église institutionnelle".

    16 Août 2021

    Les manifestations de la foi chrétienne en Irlande aujourd'hui "ont, pour ainsi dire, disparu", a déclaré l'archevêque catholique de Dublin, Dermot Farrell. Cette "crise sous-jacente de la foi" est "particulièrement aiguë parmi les jeunes générations", a-t-il déclaré.

    "Le commentaire public dans les médias en Irlande n'a pas été positif dans sa compréhension de l'Église et de son besoin de vocations, et de soutien public à ceux qui tentent de prêcher l'Évangile", a-t-il ajouté.

    Mgr Farrell a fait ces commentaires dans une interview accordée à l'édition 2021 de "Síolta", le journal annuel du séminaire national du St Patrick's College de Maynooth.

    "Les défis auxquels je suis confronté sont assez clairs. Nous avons un clergé vieillissant et très peu de vocations au sacerdoce diocésain ou à la vie religieuse. Il y a un déclin important du nombre de personnes qui pratiquent et vivent activement leur foi.

    "La foi a besoin de rituels, d'incarnation. Il faut voir chez les gens comment la foi est vécue. Aujourd'hui, la visibilité de la foi a, pour ainsi dire, disparu. Je suis également confronté à l'héritage des scandales d'abus sexuels qui ont porté atteinte à la crédibilité de l'Église. Les finances étant une fonction des chiffres, des problèmes financiers vont se poser, qui seront accélérés par la pandémie mondiale et ses conséquences", a-t-il déclaré.

    "Le modèle actuel de l'Église n'est pas viable", a-t-il ajouté. À Dublin, il faut "un programme efficace de catéchèse dans tout le diocèse pour compléter et, éventuellement, remplacer l'enseignement actuel de la foi aux jeunes. Avec le déclin progressif de la socialisation familiale en matière de religion, le rôle du catéchiste qualifié sera essentiel. À mon avis, la transmission de la foi aux jeunes est l'un des défis les plus sérieux auxquels notre Église est confrontée aujourd'hui."

    Pas de pessimisme

    Les évêques et les prêtres doivent "encourager un modèle institutionnel participatif d'Église avec un leadership de service", au centre duquel "se trouve le peuple de Dieu, qui représente 99,99 % des membres de l'Église. Lorsque cela est compris, tout le reste change", a-t-il déclaré.

    De manière générale, il n'est "pas pessimiste quant à l'avenir de l'Église de Dublin". Il a déclaré que "lorsque des jeunes se portent volontaires pour s'occuper des malades, des personnes âgées ou des pauvres, lorsqu'ils sont accompagnés, cela peut faciliter une dynamique où le Seigneur commence à parler et à émouvoir le cœur du jeune. Nous devons commencer par là plutôt que de dire aux gens d'aller à la messe".

    "Cette période de réduction des effectifs pourrait bien nous donner l'occasion d'être créatifs et de réimaginer l'Église institutionnelle. Nous n'avons pas été abandonnés par Dieu. C'est dans cette situation que l'on peut trouver Dieu", a-t-il ajouté.