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Actualité - Page 891

  • Johnny Hallyday, Dieu et sa « bonne étoile »

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    Lu sur le site du journal « La Croix » :

    Hallyday.jpg« Avec une seule poignée de terre, Il a créé le monde/Et quand il eut créé la terre Tout en faisant sa ronde/Le seigneur jugeant en somme Qu’il manquait le minimum/Il créa la femme Et l’amour qu’elle a donné aux hommes. »

    Sobrement intitulée Avec une poignée de terre, cette chanson peu connue figure sur le même album que le célèbre Retiens la nuit. Encore jeune premier, Johnny Hallyday y revisite la Genèse librement.

    Faut-il vraiment s’en étonner ? À plusieurs reprises, le rockeur a fait danser son public avec des mélodies puisant allègrement dans les références religieuses comme dans Si j’étais un charpentier ou le plus controversé Jésus-Christ où le Messie est présenté comme un « hippie ». Cette chanson, interdite sur les ondes de l’ORTF, a failli lui valoir une excommunication.

    Cité dans la biographie de Jean-Dominique Brierre et Mathieu Fantoni, Johnny réplique à l’époque : « On peut me faire ce qu’on voudra, je resterai chrétien. Je suis sûr que Jésus, lui, ne m’en veut pas. Il sait que je n’ai pas voulu l’insulter ni le tourner en dérision, et cela seul compte pour moi. »

    Une spiritualité difficile à définir

    Suffisant pour faire de Johnny l’épicurien, un sage paroissien ? « Définir sa spiritualité est un peu difficile, reconnaît Éric Le Bourhis, auteur d’une biographie de la rock star (2). Ce qui est certain, c’est qu’il a été élevé par sa tante paternelle Hélène Mar qui était croyante et pratiquante. On dit même qu’elle brûlait des cierges pour qu’il accomplisse le destin d’artiste qu’elle pressentait. »

    Le petit Jean-Philippe Smet, baptisé à 1 an, en septembre 1944 en l’église de la Sainte-Trinité à Paris, est resté marqué par l’éducation de sa tante.

    À LIRE : « Johnny Hallyday incarnait une rébellion qui ne prête pas à conséquences »

    Le chanteur arborait d’ailleurs autour du cou une croix assez imposante avec Jésus crucifié… portant une guitare électrique. Pas vraiment du genre à confesser sa foi publiquement, il confiait pourtant dans les colonnes de l’hebdomadaire Le Point en 2013 : « Je crois qu’il y a un Dieu, mais ce Dieu, je ne le connais pas. Par contre je pense que j’ai une très bonne étoile ! » Et, d’ajouter : « Cette étoile, c’est peut-être Dieu… »

    « Je crois en quelque chose »

    En 2014, dans le même hebdomadaire, Johnny Hallyday est plus indécis. « Je crois en quelque chose, explique-t-il. C’est-à-dire que je ne suis pas croyant, mais je crois – pour moi, c’est certain – qu’il y a sûrement un dieu qui me surveille. (…) Ça m’arrive de dire : “Merci mon Dieu”, mais je crois plutôt en ma bonne étoile. »

    Sur RTL, mercredi 6 décembre, son ami, le réalisateur Claude Lelouch a fait part de sa conviction : « Si le public s’est jeté sur lui, c’est qu’il y a, chez lui, du divin. »

    Arnaud Bevilacqua"

    Ref. Johnny Hallyday, Dieu et sa « bonne étoile »

    Les obsèques de Jean-Philippe Smet, alias Johnny Halliday, devraient sans doute avoir  lieu samedi en l’église de La Madeleine à Paris, en présence du Président de la République, Emmanuel Macron. En attendant, les fans du rockeur sont conviés ce jeudi soir à la première des deux veillées de prières organisées par le père Luc Reydel, aumônier du spectacle, «pour Johnny, pour Laeticia et ses proches», à l’église Saint-Roch, la paroisse parisienne des artistes. La seconde est prévue dimanche.

    JPSC

  • Tous les maîtres à penser de Bergoglio, qui pourtant n’en fait qu’à sa tête

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    Lu sur le site « diakonos.be »

    Bergogliolibro.jpgAprès les nombreuses biographies qui ont déjà été publiées sur le Pape François, en voici une qui pour la première fois se pare à bon escient du titre de « biographie intellectuelle ». Son auteur, Massimo Borghesi, est professeur de philosophie morale à l’Université de Pérouse et très proche de Jorge Mario Bergoglio depuis bien avant qu’il soit élu pape, à l’instar de ce cercle d’amis, dont le nom le plus connu est celui du vaticaniste Andrea Tornielli, qui appartiennent tous à la branche romaine de Communion et libération sous la houlette du Père Giacomo Tantardini.

    Derrière la plume de Borghesi, ce livre est donc issu de la parole vive du Pape François lui-même qui à quatre reprises – les deux dernières fois le 13 mars 2017 à l’occasion du quatrième anniversaire de son pontificat – a remis à l’auteur autant d’enregistrements audio, qui sont d’ailleurs cités à plusieurs reprises dans le texte, dans le but d’indiquer les sources de sa formation.

    Cette biographie est donc en partie également une autobiographie. Et elle part justement d’une révélation que Bergoglio fait ici pour la première fois en personne.  Selon lui, c’est le théologien jésuite Gaston Fessard – génial spécialiste de Hegel sans être lui-même hégélien – et son livre de 1956 sur la « dialectique » des « Exercices spirituels » de Saint Ignace qui se trouve à l’origine de sa pensée.

    C’est en fait surtout de Fessard – soutient et argumente Borghesi – que Bergoglio tiendrait cette pensée particulièrement antinomique affectionnant les contradictions. D’autres penseurs célèbres ont ensuite contribué à consolider sa pensée, Erich Przywara et Henri de Lubac, jésuites eux aussi.  Alberto Methol Ferré, philosophe uruguayen et puis surtout, mais plus tardivement, Romano Guardini, et son essai de jeunesse daté de 1925 intitulé « Der Gegensatz », en français « La Polarité », sur lequel Bergoglio avait voulu rédiger sa thèse de doctorat pendant les derniers mois qu’il avait passé en Allemagne en 1986, une thèse rapidement abandonnée et jamais rédigée.

    Borghesi illustre de façon remarquable la pensée de ces grands théologiens et philosophes. Il ajoute au nombre des inspirateurs dont Bergoglio lui-même se déclare redevable d’autres célébrités de premier ordre telles que Michel de Certeau et Hans Urs von Balthasar.  Et il fait tout pour montrer comment on retrouve dans les écrits de Bergoglio, les plus anciens comme les plus récents, aussi bien avant qu’après son élection comme pape, la vitalité du génie de ses maîtres illustres.

    Mais c’est précisément quand il passe des maîtres au disciple que la reconstruction de Borghesi devient plus discutable.

    On peinera par exemple à retrouver le fruit de la « dialectique » de Fessard ou de « l’opposition polaire » de Guardini dans les quatre « postulats » que le Pape François a mis au centre du texte contenant le programme de son pontificat, l’exhortation « Evangelii gaudium », réaffirmés dans l’encyclique « Laudato sii » ainsi qu’au début de son autre exhortation « Amoris laetitia ».

    Il est vrai que le même François avait révélé il y a trois ans aux auteurs argentins d’une autre biographie sur lui que le chapitre d’ « Evangelii gaudium » contenant les quatre postulats était la retranscription d’un fragment de sa thèse de doctorat inachevée sur Guardini.

    Mais à voir comment cet exercice datant de l’époque où il était étudiant – un exercice aujourd’hui élevé au rang de magistère pontifical – vole en éclats dès qu’il est soumis à une analyse élémentaire, on peut penser que l’écart entre Bergoglio et ses illustres maîtres soit vraiment profond.

    > Les quatre clous auxquels Bergoglio accroche sa pensée

    > Bergoglio a lui aussi ses principes non négociables

    Le premier des quatre postulats, celui selon lequel « le temps est supérieur à l’espace » signifie plus simplement que le Pape François souhaite que les « processus » d’évolution qui lui sont chers finissent par l’emporter contre l’appareil statique du pouvoir, ecclésiastique ou autre.

    Tandis que le troisième postulat, celui selon lequel « la réalité est supérieure à l’idée » n’est qu’une réédition du lieu commun pseudo-conciliaire du primat de l’orthopraxie sur l’orthodoxie, ou en d’autres mots de la priorité donnée à la « pastorale » sur la doctrine.

    Quant à la nature de l’Eglise comme « complexio oppositorum », c’est-à-dire comme à la fois institution et événement, de mystère sacramentel et de parole, de singularité et de communauté, d’intériorité et de culte public, le pontificat de François montre combien il n’apprécie que peu cet enrichissement réciproque entre les contraires et comment il veut au contraire abattre ou ignorer ce qu’il estime statique et dépassé dans l’une ou l’autre opposition. Sa froideur envers la liturgie est de notoriété publique, tout comme son insensibilité à la catégorie du beau et son mépris de la doctrine et de l’institution.

    Il faut dire – et Borghesi le reconnaît – que Bergoglio n’a jamais étudié ni assimilé l’œuvre entière de ses maîtres et qu’il n’en a lu que quelques passages isolés, recueillant à sa façon quelques extraits ici et là.

    Cela explique le manque d’homogénéité de ses écrits, notamment magistériels, dans lesquels il assemble les éléments les plus divers.

    Mais cela explique encore davantage le gouffre abyssal qui sépare ses maîtres à penser et les personnages concrets sur lesquels François s’appuie en tant que confidents de rédacteurs anonymes : du jésuite Antonio Spadaro, un beau parleur affabulateur, à l’argentin Víctor Manuel Fernández, un théologien de réputation moins que médiocre qui s’est surtout fait connaître grâce à une œuvre au titre éloquent : « Sáname con tu boca. El arte de besar », ce qui n’a pas empêché son ami devenu pape de l’encourager à transposer dans « Amoris laetitia » des passages entiers d’articles confus qu’il avait rédigés une douzaine d’années auparavant sur la morale familiale.

    La « prédilection » que François réserve à deux théologiens qu’il affectionne tout particulièrement, de Lubac et de Certeau, constitue un autre signe de confusion et montre qu’il ignore que de Lubac avait rompu avec son ancien élève de Certeau et qu’il lui avait adressé des critiques très dures : il l’avait accusé d’être un « joachimite » exalté, à l’instar du frère visionnaire du Moyen Âge à l‘âge d’or présumé du pur esprit, détaché de tout lien d’institution ecclésiastique.

    En outre, la « biographie intellectuelle » de Bergoglio rédigée par Borghesi comporte quelques omissions notables. Silence total sur Walter Kasper, malgré que François ait déclaré qu’il figurait parmi ses lecteurs et admirateurs dès le premier « Angelus » après son élection pontificale et qu’il ait été intarissable en éloges sur lui, louant sa capacité à faire de la « théologie à genoux », en plus de l’avoir nommé théologien-guide des réformes en matière de mariage et de divorce et de primat des Eglises locales sur l’Eglise universelle.

    Pas un mot non plus sur Rodofo Kusch, l’anthropologue argentin auquel François a récemment déclaré avoir emprunté son concept de peuple. Et cela malgré qu’on trouve dans le livre de Borghesi de nombreuses pages sur le « populisme » de Bergoglio.

    Et naturellement, on ne peut qu’être frappé par l’absence dans les lectures de Bergoglio du théologien Joseph Ratzinger, même en tant qu’auteur des livres sur Jésus. Mais il s’agit là d’un vide qui nous aide à mieux comprendre.

    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso.

    Ref. Tous les maîtres à penser de Bergoglio, qui pourtant n’en fait qu’à sa tête

    JPSC

  • « C’est officiel : les divorcés remariés peuvent communier »

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    Lu, sous cet intitulé, l'information sans ambages de kathnet publiée par notre confrère du site web  « diakonos.be » :

    Le Vatican a publié dans les “Acta Apostolicae Sedis” (AAS), l’organe officiel du Saint Siège, le document explicatif qui avait été adressé aux évêques de la région pastorale de Buenos Aires suite à l’exhortation post synodale “Amoris Laetitia”, ainsi qu’une lettre du pape François, dans laquelle il donne son approbation au dit document.

    La parution dans les AAS de cette lettre privée du pape aux évêques de la région pastorale de Buenos Aires élève cet écrit au rang de “Lettre Apostolique”.

    Elle contient en outre une contribution du cardinal Pietro Parolin dans laquelle il précise que la parution des deux documents a été faite sur la demande expresse du pape François qui désire que, aussi bien le document explicatif aux évêques de Buenos Aires que sa propre lettre soient désormais considérés comme des éléments de son “magistère authentique”.

    Le document explicatif à l’adresse des évêques de Buenos Aires, datant de septembre 2016, prévoit au n°6, d’autoriser, au cas par cas, que des personnes “divorcées et remariées civilement” puissent recevoir la communion eucharistique, même si celles-ci ne se déclarent pas prêtes à vivre dans l’abstinence. La réception de la communion pourrait être le résultat d’un processus de discernement accompagné de façon personnelle et pastorale par un prêtre. A l’issue d’un tel processus, il n’y aurait pas obligatoirement une admission aux sacrements : les personnes pourraient aussi librement choisir une autre façon de participer à la vie de l’Eglise.

    Dans sa lettre aux évêques, le pape a expressément approuvé la valeur de ce processus. Le document explicatif se veut exhaustif en ce qui concerne le huitième chapitre d’ “Amoris Laetitia”. Le pape l’affirme sans ambiguïté : « Il n’y a pas d’autre interprétation ».

    Source : Kathnet (Trad. MH/APL)

    Ref. C'EST OFFICIEL: LES DIVORCÉS REMARIÉS PEUVENT COMMUNIER

    Il convient assurément de rappeler les divers degrés d’engagement de l’enseignement suprême du pape seul ou du pape et des évêques unis à lui. Il importe spécialement de préciser que le magistère le plus élevé peut se placer à deux degrés d’autorité :

    1°/ Celui des doctrines irréformables du pape seul ou bien du collège des évêques (Lumen gentium n. 25 § 2 et 3). Ce magistère infaillible, auquel il faut « adhérer dans l’obéissance de la foi », peut lui-même être proposé sous deux formes :

    a) les jugements solennels du pape seul ou du pape et des évêques réunis en concile ;

    b) le magistère ordinaire et universel (Dz 3011).

    2°/ Et d’autre part, celui des enseignements du pape ou du collège des évêques avec le pape, sans intention de les proposer de manière définitive, auxquels est dû « un assentiment religieux de la volonté et de l’esprit » (Lumen gentium n. 25 § 1). On parle généralement de « magistère authentique », bien que le vocabulaire ne soit pas absolument fixé.

    C’est donc au dernier degré d’autorité de ce magistère qu’il faut situer celle des deux documents publiés au « Moniteur » du Saint-Siège : le même que celui de l’exhortation post-synodale « amoris laetitia ».

    JPSC

  • Il a suffi de quinze ans pour que l'euthanasie soit banalisée en Belgique

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    De Loup Besmond de Senneville sur le site du journal La Croix :

    En quinze ans, l’euthanasie s’est banalisée en Belgique

    Initialement conçue comme une loi d’exception, l’euthanasie, adoptée en 2002 par la Belgique, y est considérée comme un acte de plus en plus banal.

    Si l’opinion publique y est très favorable, des professionnels de santé émettent des doutes quant à l’extension continue de cette pratique.

    « Une pente glissante. » Quand on l’interroge sur l’évolution de la mise en pratique de l’euthanasie dans son pays, Marc Desmet, jésuite et chef d’un service de soins palliatifs dans l’un des plus gros hôpitaux de Belgique, à Hasselt, répond sans hésiter. Quinze ans après la dépénalisation de l’euthanasie, ce médecin flamand ne peut que constater l’évolution de la loi (1).

    Initialement conçue, en 2002, comme une possibilité ouverte aux personnes souffrant de manière insupportable et constante d’une maladie grave incurable, elle n’a cessé, depuis, de s’élargir : les personnes atteintes de troubles mentaux représentent ainsi 19 % des patients euthanasiés, et il est possible depuis 2014 d’euthanasier les mineurs, même s’ils ne sont pas en mesure de donner leur consentement. Quant aux chiffres – 15 000 personnes au total ont été euthanasiées –, ils n’ont cessé d’augmenter, passant de 235 euthanasies en 2003, à 2024 en 2016 (soit 2 % des décès dans le pays).

    Une pression sociétale forte

    Pour réfléchir à ces évolutions, plusieurs chercheurs se sont réunis en novembre 2017 à l’université d’Anvers, pour un colloque entendant établir un bilan – critique – de quinze années d’application de cette loi dans le pays. Cet état des lieux était organisé alors que les Belges débattent depuis plusieurs semaines à une nouvelle évolution de la loi, pour permettre « aux personnes âgées qui ont le sentiment d’une vie accomplie », aussi appelées « fatiguées de vivre », même si elles ne souffrent d’aucune pathologie, d’accéder à l’euthanasie.

    Sept Belges sur dix sont favorables à une telle évolution, selon un sondage RTL/Le Soir/Ipsos publié à la mi-septembre, ce dont se réjouit Jacqueline Herremans, avocate et présidente de la branche belge de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD). Elle se félicite aussi d’un « changement de mentalités » concernant la mort, ainsi que de la « plasticité » de la loi, qui a permis les évolutions des dernières années : « le législateur n’a pas figé les concepts, par exemple en ne définissant pas ce qu’est une infection grave et incurable. »

    BLOG Fin de vie : déjà, appliquons la loi

    C’est précisément cette plasticité qui ne cesse d’inquiéter les opposants, dont Carine Brochier, directrice de l’Institut européen de bioéthique. « Alors que la loi était conçue comme une exception, il est devenu normal de se faire euthanasier, déplore-t-elle. La pression sociétale est énorme, et la société belge ne débat pas. Ce n’est pas notre culture, y compris philosophique. » Il demeure néanmoins un cercle où les avis sur l’euthanasie ne sont pas aussi homogènes que dans le reste de la société belge : celui des professionnels de santé.

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  • Les dix fruits du Motu proprio "Summorum Pontificum"

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    Du site "Paix Liturgique" :

    10 FRUITS DU MOTU PROPRIO SUMMORUM PONTIFICUM

    Prieur du monastère de Silverstream, fondé en 2012 dans le Comté de Meath, en Irlande, le RP Mark Kirby tient un blog d'approfondissement spirituel sur lequel il a publié, à l'occasion des 10 ans de Summorum Pontificum, un bel article consacré aux fruits du motu proprio de Benoît XVI. Nous sommes heureux de vous proposer notre traduction de cet article, suivi des réflexions qu'il nous inspire.

    Les moines de Silverstream entourant le Père abbé de Flavigny venu leur rendre visite (2015).

    I – L'ARTICLE DU RP MARK KIRBY

    Summorum Pontificum est le plus grand don du pape Benoît XVI à l'Église. C'est un cadeau que certains ont reçu avec une joie immense et dont ils ont immédiatement commencé à tirer profit. D'autres, enracinés dans de vieux préjugés idéologiques, ont considéré ce cadeau avec suspicion et méfiance. D'autres encore, dix ans plus tard, ignorent encore tout de ce don. 

    Pour moi, Summorum Pontificum a ouvert une porte sur l'immensité et la lumière d'une tradition liturgique plus profonde, plus élevée et plus vaste que tout ce que les livres liturgiques réformés, utilisés depuis près d'un demi-siècle, offraient. Je dis cela comme un homme qui, pendant plus de trois décennies, s'est dévoué aux rites réformés et a participé de tout son cœur à la réforme de la réforme, tant au niveau académique que pastoral. Toutefois, bien avant le 7 juillet 2007, j'en étais arrivé au constat que même les efforts les plus nobles déployés dans la réforme de la réforme n'avaient que peu de succès. Au moment où, fatigué et épuisé, je m'étais résigné à devoir passer le reste de ma vie dans une sorte d'impasse liturgique postconciliaire, une porte s'est ouverte devant moi. Cette porte était Summorum Pontificum. J'en ai franchi le seuil et me suis mis à avancer tout droit sans jamais me retourner. J'ai découvert à mon niveau la puissante vérité des mots adressés par Benoît XVI aux évêques de l'Église :

    « Ce qui était sacré pour les générations précédentes reste grand et sacré pour nous, et ne peut à l'improviste se retrouver totalement interdit, voire considéré comme néfaste. Il est bon pour nous tous, de conserver les richesses qui ont grandi dans la foi et dans la prière de l'Église, et de leur donner leur juste place. » (Lettre aux évêques, 7 juillet 2007)

    En passant en revue les dix dernières années, je peux identifier au moins dix fruits de Summorum Pontificum. D'autres, en dressant le bilan de ces dix ans pourraient en indiquer d'autres. Ceux que je vois depuis mon propre jardin – qui demeure un hortus conclusus, compte tenu de son contexte monastique –, sont les suivants :

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  • Le cardinal Burke évoque la confusion et la division dans l’Eglise dans un nouvel entretien

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    De Jeanne Smits sur reinformation.tv :

    Le cardinal Burke parle de la confusion et de la division dans l’Eglise dans un nouvel entretien

    Dans un entretien accordé au Catholic Herald, le cardinal Raymond Burke, l’un des deux survivants parmi les quatre cardinaux qui ont présenté leurs Dubia au pape François à propos de l’Exhortation Amoris laetitia, s’est expliqué sur ce qu’il avait voulu dire en parlant récemment de notre temps comme « réalistement apocalyptique », affirmant que la « confusion, la division et l’erreur au sein de l’Eglise » pouvaient être un signe de la fin des temps. La gravité du ton est saisissante, et les propos – si on veut bien réfléchir à leur sens – sont explosifs. S’exprimant de manière particulièrement directe – de fait, lors de ses entretiens au cours de ces derniers mois, le cardinal Burke paraît de plus en plus disposé à dire clairement le fond de sa pensée – il a souligné dans cet entretien paru jeudi que la confusion et l’erreur touchent « aux enseignements les plus fondamentaux de l’Eglise, par exemple en ce qui concerne le mariage et la famille ».

    « Par exemple, l’idée que des personnes vivant au sein d’une union irrégulière puissent recevoir les sacrements constitue une violation de la vérité à la fois à l’égard de l’indissolubilité du mariage et de la sainteté de l’Eucharistie », a expliqué le cardinal, rappelant l’enseignement de saint Paul sur l’examen de conscience avant de recevoir le Corps du Christ.

    Un nouvel entretien explosif du cardinal Burke

    « Aujourd’hui la confusion dans l’Eglise va encore plus loin, car elle porte sur le fait de savoir s’il y a des actes intrinsèquement mauvais ce qui, évidemment, constitue le fondement même de la loi morale. Lorsque ce fondement commence à être remis en question au sein de l’Eglise, alors, l’ordre de la vie humaine dans son ensemble et l’ordre de l’Eglise elle-même sont en danger », a-t-il déclaré.

    Et d’expliquer : « Il y a donc le sentiment que, dans le monde d’aujourd’hui, fondé sur le sécularisme avec une approche complètement anthropocentrique qui nous fait penser que nous pouvons créer notre propre sens de la vie, de la famille, etc., l’Eglise elle-même semble être dans la confusion. En ce sens-là, on peut avoir le sentiment que l’Eglise donne l’apparence de ne pas vouloir obéir aux commandements de Notre Seigneur. Alors, peut-être, sommes-nous arrivés à la Fin des temps. »

    Après avoir souligné qu’un an après la soumission des Dubia, aucune réponse ni même d’accusé de réception n’était venu du Saint-Père malgré le sérieux des questions posées, le cardinal Burke a refusé d’en dire davantage sur une éventuelle « correction »… « pour le moment ». Quant à sa récente nomination à un poste subalterne à la Signature apostolique, dont il avait naguère la charge, il a souligné que celle-ci est « d’une certaine manière logique » vu ses compétences en droit canonique et spécialement en jurisprudence : « Au-delà, je ne voudrais pas spéculer sur ce que cela peut vouloir dire », a-t-il répondu à une question du journaliste Paolo Gambi.

    La confusion et la division sur le mariage, l’Euchariste, le protestantisme…

    Interrogé sur l’attitude du Vatican à l’égard du protestantisme, et notamment la phrase de Mgr Nunzio Galantino affirmant que la réforme avait été « un événement du Saint Esprit », et des rumeurs à propos d’une commission qui travaille sur une interprétation sacramentelle commune de l’Eucharistie – « Mourrons-nous tous protestants ? », a demandé Gambi –, le cardinal Burke a répondu :

    « Eh bien, je ne vois pas comment on peut dire que la division de l’Eglise a été un acte du Saint Esprit. Cela ne veut tout simplement rien dire. Et je ne sais pas quelle est la nature de cette commission, mais il n’est pas possible d’avoir une célébration eucharistique en commun avec les luthériens, parce qu’ils ne croient pas en l’Eucharistie comme l’Eglise catholique l’enseigne, et de manière très significative, ils ne croient pas en la doctrine de la transsubstantiation, le fait que la substance du pain et du vin, au moment de la consécration de la messe, est changée en la substance du Corps et du Sang du Christ. Que des catholiques s’engagent dans une sorte d’Eucharistie œcuménique reviendrait à abandonner la foi catholique. Il s’agit là d’un œcuménisme profondément faux qui causerait un grave tort à la foi et aux âmes. »

    On notera que le cardinal ne nie pas l’existence d’une commission…

    A propos des célébrations liturgiques plus ou moins expérimentales, interrogé sur le fait de savoir si cette « nouvelle façon de célébrer la messe est une conséquence nécessaire de Vatican II », le cardinal Burke a répondu :

    « La forme précise du rite révisé de la messe n’est pas une conséquence nécessaire du concile Vatican II. En fait, la réforme du rite de la messe telle qu’elle a été mise en œuvre n’a pas suivi de manière aussi fidèle qu’elle l’aurait dû ce que le concile Vatican II nous a enseigné et ce qu’il voulait. C’est pourquoi nous parlons aujourd’hui d’une “réforme de la réforme” : en d’autres termes, nous devons réexaminer de quelle manière le rite de la messe peut-être réformé de manière plus fidèle selon le Concile.

    « Certainement, le Concile a ordonné quelques réformes du rite de la messe. Cependant, certains ont condamné la réforme parce qu’elle a été mise en œuvre de manière trop violente, d’une certaine manière, de telle sorte que tant d’aspects en ont été enlevés qu’il était difficile de voir la continuité entre les rites d’avant et après le Concile. Evidemment, cette continuité est essentielle, parce que le rite de la messe nous est parvenu depuis les premiers siècles chrétiens comme une réalité organique vivante ; on ne peut pas avoir une “nouvelle” messe au sens d’un rite totalement nouveau de la messe. Il nous faut d’une certaine manière exprimer la tradition apostolique telle qu’elle nous est parvenue. »

    Le cardinal Burke rappelle que la célébration du rite selon la forme extraordinaire est « normale »

    Paolo Gambi pose alors la question : « Est-il possible aujourd’hui de demander la liturgie traditionnelle et de ne pas être considéré, pour cette raison, comme un “ennemi” du pape François, voire de l’Eglise tout entière ? »

    Le cardinal Burke répond : « Oui ; en réalité, la célébration des deux formes du rite romain – la forme la plus ancienne traditionnelle, et la forme ordinaire – doit être considérée comme normale dans l’Eglise. Depuis le Motu proprio Summorum Pontificum de Benoît XVI en 2007, les prêtres sont libres de célébrer la forme extraordinaire. Il ne doit donc y avoir aucune raison de croire que la célébration de la forme extraordinaire du rite romain est le signe de ce qu’une personne soit d’une façon ou d’une autre quelqu’un qui proteste contre le pape ou qui serait son ennemi. »

    Evoquant le cas de Mgr Fonlupt de Rodez qui avait intégré des éléments hindous dans une messe d’ordination sacerdotale – et ce à deux reprises, en juin dernier comme nous le rapportions en juin dernier, et déjà en décembre 2012 – Paolo Gambi demande ce qui peut encore nous garder dans l’unité.

    Mgr Fonlupt a-t-il rompu la communion avec l’Eglise ?

    Réponse du cardinal : « Mieux que “ce” qui peut nous garder dans l’unité il faut parler de “qui”. Celui qui nous maintient dans l’unité est Jésus-Christ, qui vient à nous par la tradition ininterrompue de l’Eglise, dans son enseignement, son culte sacré, sa discipline et son gouvernement. Je n’ai pas entendu parler de l’épisode auquel vous faites allusion, mais un évêque qui prétend ordonner un prêtre selon un rite étranger a rompu la communion avec l’Eglise. »

    A propos de la situation de l’Ordre de Malte le cardinal Burke a rappelé qu’il en a été de fait écarté : « Le pape a annoncé que son seul représentant auprès de l’Ordre est l’archevêque Mgr Becciu. Il m’a laissé le titre de “cardinal patron” mais je n’ai actuellement aucune fonction. Par conséquent je ne reçois aucune communication que ce soit de la part de l’Ordre de Malte ou du Pape. »

    Pour finir, Paolo Gambi s’est autorisé une frivolité : « Pardonnez-moi de poser une dernière question bête : quelle serait votre première action si vous étiez élu pape ? » La réponse a fusé : « Je ne crois pas qu’il existe une quelconque menace de cela. Je crois, sans me référer à moi-même, que la première chose que n’importe quel pape doit faire est simplement de faire une profession de foi avec l’Eglise tout entière, en tant que vicaire du Christ sur terre. La plupart des papes l’ont fait, la plupart du temps à travers une première lettre encyclique, comme celle de saint Pie X, l’encyclique E Supremi. De même, Redemptor hominis de saint Jean-Paul II est une sorte de profession de foi, qui rappelle une nouvelle fois que l’Eglise est le Corps du Christ, que l’Eglise appartient au Christ et que nous sommes tous obéissants à son service. »

    Traduction par Jeanne Smits

  • Le pape invite à conserver précieusement le très riche patrimoine de la tradition latine

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    D'Anne Kurian sur zenit.org :

    Pour éviter la scission entre les apparences et le cœur, le pape recommande la tradition latine

    « Sachez parler au cœur des jeunes, sachez conserver précieusement le très riche patrimoine de la tradition latine pour les éduquer au chemin de la vie » et pour qu’ils ne tombent pas « dans les labyrinthes de la superficialité et de la banalité, du succès extérieur qui cache un vide intérieur, de l’hypocrisie qui masque la scission entre les apparences et le cœur, entre un corps beau et soigné et une âme vide et aride ».

    C’est l’appel du pape François aux enseignants latinistes, dans un message aux participants à la XXIIème Séance publique des Académies pontificales sur le thème « In interiore homine. Parcours de recherche dans la tradition latine », qui s’est tenue ce mardi 5 décembre 2017.

    Les travaux ont été introduits par le cardinal Gianfranco Ravasi, président du Conseil pontifical de la Culture et du Conseil de coordination des Académies pontificales. Au cours de la séance, le cardinal secrétaire d’État Pietro Parolin a lu le message envoyé par le pape, encourageant à une réflexion sur « l’intériorité, du cœur, de la conscience et de la connaissance de soi », à une époque caractérisée « par l’apparence, la superficialité, la scission entre le cœur et l’esprit, l’intériorité et l’extériorité, la conscience et les comportements ».

    Parmi les lauréats du Prix des Académies pontificales cette année : un Français, Pierre Chambert-Protat, pour sa thèse de doctorat sur Florus de Lyon.

    Voici notre traduction du message du pape en italien.

    AK

    Message du pape François

    À mon vénéré frère le Cardinal Gianfranco Ravasi, président du Conseil pontifical de la culture et du Conseil de coordination des Académies pontificales.

    Je m’adresse à vous avec joie et gratitude, à l’occasion de la XXIIème Séance publique solennelle des Académies pontificales, cette manifestation qui se renouvelle d’année en année depuis 1995 et qui constitue un point de référence du chemin des sept Académies pontificales réunies dans le Conseil de coordination que vous présidez. À cette manifestation, est associée la remise du Prix des Académies pontificales, organisée à tour de rôle par l’une d’elles, selon le secteur de compétence, pour promouvoir et soutenir l’engagement de ceux qui, en particulier les jeunes ou les institutions qui travaillent avec les jeunes, se distinguent dans leur secteur respectif pour offrir des contributions importantes au projet que nous pourrions définir comme « humanisme chrétien ».

    Je voudrais donc vous adresser mes salutations cordiales, à vous tous, cardinaux, évêques, ambassadeurs, académiciens et amis qui participez à cette Séance publique solennelle, souhaitant vivement qu’une telle occasion représente pour tous, mais particulièrement pour les vainqueurs du Prix, un encouragement pour la recherche et l’approfondissement des thèmes fondamentaux pour la vision humaniste chrétienne.

    Cette édition voit pour la première fois comme protagoniste l’Académie pontificale Latinitatis, qui s’est insérée dans le Conseil de coordination des Académies pontificales à la suite de son institution voulue par mon vénéré prédécesseur Benoît XVI par le Motu proprio Latina Lingua du 10 novembre 2012, afin de « soutenir l’effort pour une plus grande connaissance et un usage plus compétent de la langue latine, dans le domaine ecclésiale comme dans le monde plus large de la culture » (N.4).

    J’adresse donc des salutations particulières au président de l’Académie, le prof. Ivano Dionigi, ainsi qu’à tous les académiciens, les remerciant pour leur engagement laborieux, dont témoigne surtout la revue Latinitas qui se propose comme point de référence qualifié et compétent pour les chercheurs et les connaisseurs de la langue et de la culture latine.

    En outre, je me félicite avec vous du choix du thème de cette séance publique : « In interiore homine. Parcours de recherche dans la tradition latine ». En effet, il entend conjuguer les itinéraires de recherche exprimés par les auteurs latins, classiques et chrétiens, avec une thématique d’une centralité absolue, non seulement dans l’expérience chrétienne mais aussi dans l’expérience simplement humaine. Le thème de l’intériorité, du cœur, de la conscience et de la connaissance de soi, en effet, se retrouve dans toutes les cultures ainsi d’ailleurs que dans les différentes traditions religieuses et, de manière significative, il se repropose avec beaucoup d’urgence et de force à notre temps, souvent caractérisé par l’apparence, la superficialité, la scission entre le cœur et l’esprit, l’intériorité et l’extériorité, la conscience et les comportements. Les moments de crise, de changement, de transformation non seulement des relations sociales, mais avant tout de la personne et de son identité la plus profonde, invitent inévitablement à une réflexion sur l’intériorité et sur l’essence intime de l’être humain.

    Une page de l’Évangile nous aide à réfléchir sur la question : il s’agit de la parabole du Père miséricordieux. Au centre, nous lisons l’affirmation qui se réfère au « fils prodigue » : « In se autem reversus dixit : […] “Surgam et ibo ad patrem meum”» ; « Alors il rentra en lui-même et se dit : […] “Je me lèverai, j’irai vers mon père” » (Lc 15,17-18). L’itinéraire de la vie chrétienne et de la vie humaine elle-même peut bien être résumé par ce dynamisme, d’abord intérieur, puis extérieur, qui fait initier le chemin de la conversion, du changement profond, cohérent et non hypocrite et, par conséquent, du développement intégral authentique de la personne.

    Combien de figures, appartenant au monde classique gréco-romain comme au monde chrétien – je pense surtout au Pères de l’Église et aux écrivains latins du premier millénaire chrétien -, ont réfléchi sur ce dynamisme, sur l’intériorité de l’homme, nous proposant de nombreux textes qui, aujourd’hui encore, sont d’une très grande profondeur et actualité et qui méritent de ne pas tomber dans l’oubli.

    Parmi tous ceux-ci, un rôle d’une prééminence absolue revient certainement à saint Augustin qui, partant de son expérience personnelle, témoignée dans les Confessions, nous offre des pages inoubliables et suggestives. Dans le « De vera religione », par exemple, il se demande en quoi consiste la vraie harmonie et, résumant à la fois la sagesse antique – à partir de la maxime « Connais-toi toi-même », gravée sur le temple à Apollon à Delphes, aux affirmations analogues de Sénèque – et les paroles évangéliques, affirme ceci : «Noli foras ire, in teipsum redi; in interiore homine habitat veritas; et si tuam naturam mutabilem inveneris, trascende et teipsum». « Ne sors pas de toi, rentre en toi-même ; la vérité habite l’homme intérieur et, si tu trouves que ta nature et changeante, dépasse-toi toi-même » (39,72).

    Sa réflexion devient ensuite un appel pressant dans le Commentaire de l’Évangile de Jean (18,10) : «Redite ad cor: quid itis a vobis, et peritis ex vobis? Quid itis solitudinis vias ?». « Entrez dans votre cœur ! Où voulez-vous aller loin de vous ? En allant loin, vous vous perdrez. Pourquoi vous mettez-vous sur des routes désertes ? ». Puis, renouvelant son invitation, il indique le but, la patrie de l’itinéraire humain : «Redi ad cor; vide ibi quid sentias forte de Deo, quia ibi est imago Dei. In interiore homine habitat Christus, in interiore homine renovaris ad imaginem Dei, in imagine sua cognosce auctorem eius». « Rentre dans ton cœur ; là, examine ce que tu perçois peut-être de Dieu parce que là se trouve l’image de Dieu ; le Christ habite dans l’intériorité de l’homme, dans ton intériorité tu es renouvelé selon à l’image de Dieu ; dans son image, reconnais ton Créateur » (ibid.).

    Ces affirmations suggestives sont d’un intérêt extraordinaire pour nos jours aussi et seraient à nous redire à nous-mêmes, à ceux avec qui nous partageons notre parcours humain, surtout aux plus jeunes qui commencent la grande aventure de la vie et qui, souvent, restent impliqués dans les labyrinthes de la superficialité et de la banalité, du succès extérieur qui cache un vide intérieur de l’hypocrisie qui masque la scission entre les apparences et le cœur, entre un corps beau et soigné et une âme vide et aride.

    Chers amis, comme saint Augustin, je voudrais moi aussi adresser un appel, à vous, les académiciens, aux participants à cette séance publique et surtout à ceux qui ont la tâche de l’enseignement, de la transmission de la sagesse des pères, renfermée dans les textes de la culture latine ; sachez parler au cœur des jeunes, sachez conserver précieusement le très riche patrimoine de la tradition latine pour les éduquer au chemin de la vie et les accompagner le long de sentiers riches d’espérance et de confiance, puisant dans l’expérience et la sagesse de ceux qui ont eu la joie et le courage de « rentrer en eux-mêmes » pour suivre leur propre identité et leur vocation humaine.

    Voulant maintenant encourager et soutenir ceux qui, dans le cadre de leurs études sur la langue et la culture latine, s’efforcent d’offrir une contribution sérieuse et valable à l’humanisme chrétien, je suis heureux d’attribuer le Prix des Académies pontificales, ex æquo, au Dr Pierre Chambert-Protat pour sa thèse de doctorat sur Florus de Lyon et au Dr Francesco Lubian pour sa publication critique des Disticha attribués à saint Ambroise.

    En outre, pour encourager l’étude du patrimoine de la culture latine, je suis heureux d’attribuer la Médaille du Pontificat au Dr Shari Boodts pour l’édition critique des Sermones de saint Augustin, et au groupe d’enseignants de latin de l’Université de Toulouse 2, pour la publication d’un précieux manuel de latin pour universitaires.

    Enfin, je souhaite aux académiciens et à tous les participants à cette rencontre un engagement toujours plus fécond dans vos domaines de recherche respectifs et je vous confie tous et chacun à la Vierge Marie modèle d’intériorité qui nous est proposée deux fois dans l’Évangile de Luc comme celle qui «conservabat omnia verba haec conferens in corde suo» (Lc 2,19). Qu’elle vous aide à toujours garder la Parole de Dieu dans votre cœur pour en faire la source lumineuse et inépuisable de tous vos engagements.

    De tout cœur je vous donne à tous, ainsi qu’à vos familles, une bénédiction apostolique particulière.

    © Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

  • L'Europe n'a jamais été aussi favorable à la vie

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    Lu sur "le coin des experts" sur le site genethique.org :

    « JAMAIS L’EUROPE N’A ÉTÉ AUSSI FAVORABLE À LA VIE »

    GRÉGOR PUPPINCK Interview 05 décembre 2017  IVG-IMG  

    Le Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, Nils Muiznieks, publie un rapport pour dénoncer « des menaces résurgentes pour la santé et les droits sexuels et reproductifs des femmes ». Gènéthique fait le point avec Grégor Puppinck[1], docteur en droit et Directeur du Centre Européen pour le Droit et la Justice (ECLJ-Strasbourg).

    Gènéthique : La publication à venir d’un rapport du Conseil de l’Europe sur les questions autour de l’IVG était connue. Il est présenté aujourd’hui, quel est son contenu ?

    Grégor Puppinck : Ce rapport, endossé par le Commissaire européen aux droits de l’homme, Nils Muiznieks, a été en grande partie rédigé, comme il est précisé dès l’introduction, par le principal lobby américain pour la promotion de l’avortement auprès des instances internationales, le Center for Reproductive Rights. Un lobby proche du Planning familialCe n’est donc pas un rapport d’experts mais un rapport de lobby. Aussi, comme tel et sans surprise, il reprend mot pour mot l’agenda des lobbys pro-IVG.  A savoir :

    1/ Omission complète de toute mention de l’enfant,

    2/ Droit à l’IVG jusqu’à la naissance,

    3/ Restriction de la liberté de conscience des professionnels de santé.

    En fait, le militantisme du Commissaire Muiznieks était déjà bien connu. Déjà, en 2014, il avait refusé de condamner l’infanticide néonatal, alors qu’il avait été saisi par plus de 200 000 citoyens, prétendant à l’époque que cette question ne faisait pas partie de son mandat…

    G : Quelle importance faut-il accorder à ce rapport ?

    GP : Il n’y a pas lieu d’accorder beaucoup d’importance à ce document car cette fonction de commissaire est purement politique. Il n’a aucun pouvoir, très peu d’autorité et encore moins de notoriété. C’est d’ailleurs pour cela qu’il peut se permettre de prendre des positions aussi peu responsables. En fait, c’est regrettable pour le Conseil de l’Europe car cela ne fait pas très sérieux.

    D'ailleurs, la Cour européenne des droits de l'homme ne prévoit aucun "droit' à l'avortement. Tout au plus, la Cour européenne tolère l'avortement : mais dire comme le fait le Commissaire, qu'il existerait un droit à l'avortement sur demande au titre des droits de l'homme est tout simplement faux. Il existe en revanche un droit à al vie, et la Cour européenne a admis que les Etats peuvent garantir ce droit depuis la conception de l'embryon.

    G : Le rapport suggère un certain nombre de recommandations aux Etats membres. Ne sont-elles pas le signe que les « acquis » en matière d’IVG sont bousculés et que la tendance face à cette question est en train de s’inverser ?

    GP : Ce rapport témoigne d’un durcissement des positions des promoteurs de l’avortement qui n’hésitent plus aujourd’hui à recommander de bafouer les libertés de conscience, d’opinion et d’expression des personnes critiques à l’égard de l’avortement. Ils sont aussi prêts à recommander l’avortement jusqu’à la naissance.

    Il me semble que ce durcissement est l’expression d’une crainte face à la (re)prise de conscience croissante dans la société des problèmes que posent l’avortement. Le rapport s’inquiète d’ailleurs de ce phénomène. Les mouvements provie ont une très forte capacité de mobilisation populaire qui fait totalement défaut aux promoteurs de l’avortement. Il semble que les tenants de l’avortement veuillent graver un droit à l’avortement dans le faux-marbre des droits de l’homme, tant qu’ils en ont encore le pouvoir. Ils se pressent car cela pourrait changer rapidement. Les Etats-Unis ont élu un président et une administration provie, et en Europe, plusieurs pays prennent la même direction. Ceux-ci estiment qu’un plus grand respect de la vie est un progrès pour les droits de l’homme. Jamais l’Europe n’a été aussi favorable à la vie.

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    [1] Grégor Puppinck a dirigé la rédaction de "Droit et prévention de l'avortement en Europe", LEH Editions, 2016.

  • Le Serment d'Hippocrate revu et corrigé ne protège plus la vie à naître

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    LE NOUVEAU SERMENT D'HIPPOCRATE MET LA VALEUR DE LA VIE HUMAINE EN BALANCE

     de genethique.org

    A l’occasion de son Assemblée générale en octobre 2017 à Chicago (USA), l’Association Médicale Mondiale (AMM) a adopté une version amendée du serment d’Hippocrate.  Initialement promu en 1948 suite à l’implication d’éminents médecins allemands dans des expérimentations sur des prisonniers non consentants, des euthanasies, etc., le serment, aussi connu comme la déclaration de Genève, est utilisé par les médecins du monde entier. Dans un certain nombre de pays, il fait même partie intégrante de la législation régissant l’exercice de la médecine.

    La version moderne adoptée cet automne reflète les changements du contexte dans lequel s’exerce l’éthique médicale. Ils manifestent une vision plus bureaucratique et plus légaliste de la médecine.

    La première modification consiste à transformer le "serment" en "engagement". Dans un monde toujours plus sécularisé, le terme de serment indiquerait une référence trop significative à une « divinité » qui « donnerait des lois ».

    La loi naturelle elle-même semble ne plus avoir cours et, dans la phrase : « même en cas de menace, je n’utiliserai pas mes connaissances médicales contredisant les lois de l’humanité », « les lois de l’humanité » ont été remplacées par « les droits humains et les libertés civiles ». Le bien et le mal sont placés sous l’égide de la loi positive, qui apparait désormais comme principale référence. Dans certaines circonstances, le bien et le mal pourraient même être définis par le gouvernement.

    Le changement le plus significatif concerne l’autorisation implicite de l’avortement : « Je maintiendrai le plus grand respect pour la vie humaine dès le moment de la conception » est remplacé par « je maintiendrai le plus grand respect envers la vie humaine ». L’interdiction universelle à l’avortement disparait. Ce passage soulève aussi la question de la fin de vie[1], même si la position de l’AMM reste à ce jour résolument hostile aux pratiques de suicide assisté ou d’euthanasie.

    Enfin, la question de l’autonomie du patient s’impose également dans la version 2017 du serment qui introduit une nouvelle clause : « Je respecterai l’autonomie et la dignité du patient ». Si le concept contient une certaine noblesse, « cela signifie-t-il que le médecin devra répondre à toutes les demandes du patient, quelles qu’elles soient ? ». 

    La version votée du nouvel "engagement d’Hippocrate" est disponible ici

    [1] Sujet récemment débattue par l’AMM réunie à Rome sur ce sujet (cf. Pape François : « L’euthanasie est toujours mauvaise »).

    Sources: Mercator, Michael Cook (30/11/2017)

  • Belgique : eugénisme et progrès de la médecine reproductive

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    Bulletin de l'IEB - 5 décembre 2017

    Sommaire


    Belgique : eugénisme et progrès de la médecine reproductive

    La Belgique est connue pour son expérience dans le domaine de la génétique reproductive, et en particulier dans le diagnostic pré-implantatoire (DPI) et le diagnostic génétique prénatal. Unissant leurs compétences, le pôle « Hôpital Erasme - UZ Brussel » dit vouloir se positionner comme le plus expérimenté au monde en la matière.

    On y compte 2.600 naissances de bébés qui, après avoir été sélectionnés par les généticien grâce au DPI, n’ont pas hérité de la maladie génétique portée par leur(s) parent(s). Il n’est pas fait mention du nombre d’embryons qui ont été « disqualifiés » et détruits suite à cette sélection.

    Pour ce seul pôle Bruxellois, durant ces vingt dernières années, ce sont près de 70.000 fœtus qui ont fait l’objet d’analyses et de tests chromosomiques en laboratoire avant la naissance dans leurs laboratoires. L’article publié dans le Journal du Médecin mentionne que cela a « permis de garantir que les fœtus concernés seraient exempts de l'affection recherchée. »

    Anne Delbaere, Chef de la Clinique de Fertilité à l'Hôpital Erasme, explique qu’il est aujourd’hui possible de « réaliser un diagnostic génétique des plus complet, permettant d'optimiser les chances de parents porteurs d'une maladie génétique de donner naissance à un enfant en bonne santé ».

    Le développement de nouvelles techniques de DPI, notamment de la génétique moléculaire et des techniques d'assistance à la procréation, comme la cryo-préservation embryonnaire, permet de tester toutes les maladies génétiques pour lesquelles la mutation des gènes est connue. « De nouvelles plates-formes génétiques ont pu être développées, afin de rendre possible le séquençage à haut débit avant, pendant et après la grossesse », explique Delbaere.

    La question éthique surgit : choisir quels embryons implanter en fonction d’une certaine caractéristique, ici l’absence de maladie, ne serait-ce pas une manière de sélectionner son enfant ? En d’autres termes, une forme d’eugénisme ? Faut-il bénéficier d’un passeport génétique particulier pour être autorisé à vivre ?

     Sources : Mediplanet

  • Prosélytisme : une querelle de mots ?

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    Dans le dictionnaire Littré de la langue française (1873) le prosélytisme n’a pas de connotation péjorative.  Originairement, un prosélyte est un païen qui a embrassé la foi au Dieu d’Israël et, pour les chrétiens, au Dieu de Jésus-Christ.  « Seigneur, le zèle de ta Maison me dévore », écrit le Psalmiste. Et l’évangile de saint Matthieu renchérit : « allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit." Saint Paul invite même de prêcher « à temps et à contretemps » pour conclure :  «Vae mihi si non évangelisavero ». Mais, l’Ecclésiaste  déclare en contrepoint : «  Il y a une saison pour tout et il y a un temps pour toute affaire sous les cieux : un temps pour se taire et un temps pour parler. Dieu a fait toute chose belle en son temps ».

    Tout est affaire de contexte. La sémantique varie souvent d’un lieu et d’une époque à l’autre (d’où l’intérêt de l’usage d’une langue morte pour préserver le sens universel et immuable de la liturgie eucharistique). Par eux-mêmes, les mots sont facilement trompeurs mais aucun ne l’est cependant dès lors qu'on s'assure de définir ce dont on parle. Le « prosélytisme » stigmatisé par le pape François  n’échappe pas à la règle car il ne peut contredire celui du discours de Pierre le jour de la Pentecôte.

    JPSC

  • Quand Jean d'Ormesson confessait sa foi

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    Le 12 juin 2014, sur le Figaro, Etienne de Montety interviewait Jean d'Ormesson qui vient de nous quitter :

    Jean d'Ormesson: «Croire en Dieu, on aurait tort de s'en priver…»

    INTERVIEW - Il publie un très personnel cantique de la Création.

    En 1980, Jean d'Ormesson écrivait Dieu, sa vie, son œuvre. En 2014, son panthéisme joyeux s'est transformé en action de grâces. Il publieComme un chant d'espérance: un court livre où l'écrivain fait part de son émerveillement et de sa stupéfaction face au mystère de l'univers. Il le fait avec brio, comme à son habitude. Commencé comme un court traité de cosmologie, le livre tourne vite à la quête de Dieu. Ce Dieu-là n'est pas celui qui régnait en maître chez ses grands-parents à Saint-Fargeau, il y a cent ans ; c'est une Personne plus insaisissable et plus riche à la fois: l'auteur des beautés de la Création, et celui qui donne la vie et la joie. Et ce Dieu, Jean d'Ormesson l'avoue, l'émeut chaque jour davantage.

    À quand remonte votre intérêt pour Dieu?

    Mon livre traite de Dieu, non pas parce que je vieillis, mais parce que ce sujet m'intéresse depuis longtemps. J'ai été élevé dans la religion catholique. Généralement, quand les gens disent ça, c'est pour mieux s'en démarquer. Ce n'est pas mon propos. Je ne suis jamais allé au catéchisme, hormis quelques mois au cours Bossuet, c'est ma mère qui m'a transmis la foi. Enfant, j'ai lu et relu l'Histoire sainte. Je revois mon père, qui était un catholique de gauche, me disant: est-ce bien vrai, tout ça? Sa remarque m'ouvrit un abîme de perplexité. Je n'ai jamais été très pieux, mais face aux mystères de l'existence, j'ai toujours manifesté un sentiment d'étonnement. Je suis étonné d'être en vie, je n'en reviens pas que le soleil se lève le matin ; je suis stupéfait d'écouter l'andante du Concerto 21 de Mozart. L'éternité, le temps, l'histoire me remplissent d'étonnement

    Avez-vous conservé la foi de votre enfance?

    À trente ans, j'étais toujours dans le même état d'esprit, mais toujours aussi peu pieux: je célébrais Dieu dans sa création. Si j'étais né aztèque, je crois que j'aurais été un adorateur du Soleil. Je trouvais des raisons de croire en découvrant la lumière du matin sur la Méditerranée, dans les calanques de Porto, en Corse, mais aussi en séjournant à Palmyre, à Rome, à Venise, à Damas, devant la mosquée des Omeyyades. Face au mystère de la création, il m'a toujours paru impossible de s'en tenir aux certitudes. Mes doutes m'embarrassaient, me paralysaient jusqu'à ce que j'apprenne que les plus grands saints ont douté. Ainsi Mère Teresa elle-même a connu des périodes de doutes profonds. Léon Bloy a raison: il n'y a qu'une tristesse, c'est de ne pas être un saint. Mais un saint n'est pas un être parfait!

    Pas pieux, donc, mais croyant…

    Je n'accorde pas une grande importance à l'astrologie, mais je note que je suis Gémeaux, signe de la dualité. Je suis gaulliste et européen, de droite mais assez à l'aise avec des hommes de gauche comme Mitterrand et Mélenchon. Et je suis catholique et agnostique. Songez que lorsque j'assiste à une messe, je suis volontiers un peu ironique. Mais je ne supporte pas qu'on critique la foi catholique devant moi. De nombreux auteurs me confortent dans cette position ambivalente. Il y a une histoire célèbre chez les juifs, ce sont deux rabbins qui se disent: «L'important c'est Dieu, qu'il existe ou non.» Un Père de l'Église dit par ailleurs: ma foi est la forme de mon espérance. C'est exactement mon cas.

    Alors à quoi croyez-vous précisément?

    Ce qui ne laisse pas de m'étonner et de m'émerveiller, c'est l'Incarnation: Dieu s'est fait homme. Je sais bien, avec Renan, que dans de nombreuses religions anciennes, les dieux prennent forme humaine: Zeus prit les traits d'Amphitryon pour séduire Alcmène. Mais le Dieu des chrétiens est le seul qui s'incarne par amour. L'amour est la grande nouveauté du christianisme qu'on retrouve dans d'innombrables propos du Christ: «Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés», etc. Les chrétiens le savent: quand ils font le bien, c'est à l'imitation de Dieu, mais je suis rempli d'admiration pour les non-chrétiens qui font eux aussi le bien.

    Votre livre montre cependant que votre approche de Dieu procède plutôt de la science que la foi.

    Le XXe siècle a été un siècle horrible à cause des guerres et des massacres. Et un siècle magnifique à cause de la science. On y a fait des découvertes exceptionnelles notamment concernant les origines de l'Univers, de Planck à Hubble. La réflexion sur l'univers est proprement saisissante: nous vivons sur une scène, coincés entre le mur de Planck qui donne le départ de l'Univers et celui de la mort. Nous vivons dans une parenthèse miraculeuse, qui a eu un commencement et aura une fin.

    Tous ces scientifiques nous éclairent sur la façon dont a pu se construire l'Univers. Mais pourquoi tout ceci a-t-il été créé?

    Ça relève de la foi. «Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien?» demandait Leibnitz. Or la nécessité de l'Univers n'est pas nécessaire. D'ailleurs, la science et la foi ne sont pas du tout incompatibles. Il est loin, le temps où Bertrand Russell pouvait, après une longue discussion sur l'existence de Dieu, couper court en disant: «Vous ne m'avez pas donné assez de preuves…» Croire en Dieu, c'est beaucoup plus simple que de ne pas y croire, et c'est beaucoup plus encourageant. On aurait tort de s'en priver!

    Il y a le mal qui est un mystère et un scandale, qui peut faire douter de Dieu.

    Oui, mais le mal est arrivé avec l'homme et avec la pensée. Avant l'homme, le mal n'existe pas. Il y a la souffrance, mais pas le mal. Le mal est l'apanage de l'homme. Car le mal est indissociable de la conscience du mal. Il procède de l'homme, de sa responsabilité, c'est-à-dire de la liberté de faire le mal. Le mal est le prix de notre liberté. Dieu n'est pour rien là-dedans.

    Et l'Église catholique dans tout ça, comment la trouvez-vous?

    Les ricaneurs sont nombreux qui citent Loisy: «Jésus annonçait le royaume, mais c'est l'Église qui est venue»… Or la succession de trois papes, Jean-Paul IIBenoît XVIet François, chacun illustrant à sa manière les trois vertus théologales, l'espérance, la foi et la charité, montre le caractère durablement exceptionnel de l'Église catholique, et ce depuis deux mille ans. Je mourrai dans son sein si elle veut de moi et j'aimerais bien avoir un prêtre à mes côtés.

    Comme un chant d'espérance, de Jean d'Ormesson, Éditions Héloïse d'Ormesson, 160 p., 16 €.