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Débats - Page 413

  • Face à l’hypersexualisation: réconcilier pudeur et féminité

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    De Madeleine-Marie Humpers, ces réflexions sur la mode et l'hypersexualisation :

    Face à l’hypersexualisation: réconcilier pudeur et féminité

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    Trop souvent la femme est présentée sous l’angle d’un érotisme provocateur. Et des adolescentes de plus en plus jeunes pensent que c’est en adoptant ce modèle qu’elles deviendront de vraies femmes. Comment déjouer concrètement ce phénomène?

    La mode, ne serait-ce pas un sujet un peu trop léger, et même futile? Pas tant que ça… La pudeur prend toute sa valeur quand elle est vécue au quotidien, dans le concret de nos vies à chacun, et surtout, à chacune. Certes, elle n’est pas l’apanage des femmes, mais celles-ci sont confrontées à une tendance particulière, que de nombreux auteurs nomment hypersexualisation des filles et des femmes.

    Qu’entend-t-on par « hypersexualisation » ? Pour la sexologue Sophie Morin, « l’hypersexualisation est le fait de sexualiser une chose qui ne l’est pas en soi ». Autrement dit, à travers la publicité, la mode, les médias et finalement, la société de manière générale, la féminité n’est abordée que sous l’angle de l’érotisme, de la séduction et du désir sexuel.

    Mode et hypersexualisation

    Aurélia Mardon, docteur en sociologie, s’est intéressée à la jeunesse, à la socialisation et aux pratiques corporelles. Elle évoque l’expression symptomatique de « mode perverse des enfants-femmes », une formule qui vise particulièrement un phénomène croissant, et inquiétant: celui de filles qui, de plus en plus jeunes, adoptent des comportements de « ‘ petites femmes’ sexy », un comportement qui résulte, selon la sociologue, « d’une segmentation des marchés qui les cible comme consommatrices »*. Elle évoque des magasins qui « proposent par exemple des modèles de strings spécialement pensés pour les adolescentes ». Or Aurélia Mardon souligne que la difficulté vient justement du fait que les jeunes adolescentes intègrent profondément l’injonction à adopter un comportement suggestif, au point d’en faire un critère de socialisation :

    « On oublie souvent de rappeler que si les filles s’inscrivent dans de telles démarches ou sont tentées de le faire, c’est que ces comportements servent de support à leur sociabilité. Y adhérer, c’est non seulement pour elles une manière d’affirmer qu’elles grandissent, mais aussi de marquer leur adhésion aux normes du groupe des filles dans lequel elles sont insérées. Ceci explique que nombre de celles qui s’estimaient trop jeunes pour porter certains vêtements issus du vestiaire féminin adulte, modifient leur point de vue en entrant au collège et par l’intermédiaire des pratiques et discours de leurs pairs ».

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  • Coupe du Monde : la prière de Lukaku

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    De Vincent Coquaz en réponse à une question sur le site CheckNews.fr (Liberation.fr) :

    Coupe du monde : quelle prière ont effectuée Lukaku et Escobar ?

    Fidel Escobar (à gauche) et Romelu Lukaku après le match Belgique - Panama lors de la Coupe du monde 2018.

    Fidel Escobar (à gauche) et Romelu Lukaku après le match Belgique - Panama lors de la Coupe du monde 2018. Capture d'écran - beIN Sports

    Les deux joueurs, chrétiens, ont prié à genoux et les paumes vers le ciel, à quelques mètres l'un de l'autre.

    Question posée par Johan le 18/06/2018

    Bonjour,

    Votre question a été raccourcie. Voici l’originale : «À la fin du match Belgique-Panama, une image montre Romelu Lukaku et un joueur panaméen agenouillés et prier l’un à côté de l’autre. Lukaku est de confession musulmane, mais qu’en est-il pour l’autre joueur qui ne semble pas faire les mêmes prières quoique assez similaires ?»

    Vous faites référence à une scène filmée à la fin du match Belgique - Panama lors de la Coupe du monde, remporté 3-0 par la sélection belge. On y voit l’attaquant belge Romelu Lukaku et le défenseur panaméen Fidel Escobar prier à quelques mètres l’un de l’autre, juste après le coup de sifflet final.

    Lukaku catholique, Escobar évangélique

    Sur Twitter notamment, certains internautes ont cru reconnaître une prière musulmane du fait de la position des joueurs (qui rappellent les invocations que font certains joueurs musulmans avant ou après les matchs).

    Il n’en est pourtant rien : Romelu Lukaku est un catholique pratiquant, comme l’indiquaient ses proches en janvier dernier pour démentir des rumeurs sur un transfert que le joueur aurait refusé à cause de «messages vaudous». De son côté, Fidel Escobar est lui aussi chrétien mais évangélique, selon l’agence catholique ACI Prensa. Leur position est caractéristique de l’attitude de l’orante (ou de l’orant), qui consiste à avoir «les bras ouverts et levés vers le ciel», et qui est «le plus ancien geste de prière du christianisme», selon le site spécialisé Christus.

    En 2017, plusieurs médias britanniques (dont le tabloïd The Sun) avaient rapporté à tort que Romelu Lukaku, joueur de Manchester United, n’avait pu recevoir un prix d’Homme du match en raison de sa (supposée) foi musulmane, qui l’empêchait de poser sur des photos avec des bouteilles d’alcool. Les fans du joueur avaient alors été nombreux à signaler aux journaux concernés que l’attaquant faisait très régulièrement un signe de croix en entrant sur le terrain ou pour célébrer ses buts, comme le rapporte The Independent.

    Cordialement

    Vincent Coquaz

  • "Retour du religieux" : plutôt un retournement qu'un retour

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    Du site "Pour une école libre au Québec" :

    Religion — retour ou retournement ?

    Rémi Brague est interrogé dans La Revue des deux mondes sur le retour du religieux. Extrait. Rémi Brague est membre de l’Académie des sciences morales et politiques, il a enseigné la philosophie à la Sorbonne et à l’université de Munich.

    Revue des Deux Mondes – Il y a trente ans, écrivez-vous au début de votre récent livre, Sur la religion, dans les dîners, on parlait politique ; si quelqu’un parlait religion, cela faisait sourire. Aujourd’hui, c’est le contraire : la religion est redevenue un sujet préoccupant ; on enregistre une certaine lassitude quand on parle politique ou économie. Comment expliquez-vous ce retournement ?

    Rémi Brague – Cette remarque n’est pas vraiment de moi, mais de Michel Serres. J’ai dû l’entendre sur une chaîne de radio. Lorsque, il y a trente ans, racontait-il, il voulait faire rigoler ses étudiants, il parlait de religion ; en revanche, lorsqu’on parlait politique, les fronts se plissaient, les bouches se contractaient et on hochait la tête doctement. Maintenant, c’est le contraire. Quand on parle de religion, fini de rire.

    Pourquoi ce retournement ? Votre mot est juste, c’est plutôt un retournement qu’un retour. On parle du retour du 
religieux, or il n’est jamais parti ! Ce qui s’est 
passé, c’est un retour sur soi de la conscience de 
l’intelligentsia occidentale.

    Comme l’a expliqué 
le sociologue autrichien devenu américain Peter Berger, les intellectuels occidentaux, pendant des années et des années, ont voyagé de campus sécularisé en campus sécularisé en empruntant des tuyaux étanches qui les ont empêchés de voir la montée fulgurante du protestantisme évangélique ou le réveil de l’hindouisme ultra-nationaliste et responsable de pogroms antichrétiens et antimusulmans en Inde.

    Ils n’avaient pas vu non plus un phénomène tout récent : les aspects fort déplaisants que prend le bouddhisme dans la Birmanie actuelle. En réalité, il l’avait déjà pris pendant la guerre du Pacifique et avant, en Chine : des généraux japonais adeptes du zen se sont rendus coupables de certaines espiègleries de fort mauvais goût (bombardement de Chang-haï, prostitution obligée des Coréennes…).

    Ces intellectuels n’ont pas vu non plus le réveil de l’islam, ce qu’on appelle l’islamismepour éviter d’incriminer la totalité de la religion. Ce prétendu retour du religieux n’est donc pas vraiment un retour, mais plutôt un retour sur soi des intellectuels, qui comprennent enfin de manière douloureuse qu’ils se sont trompés sur toute la ligne.

    Revue des Deux Mondes – En prenant le problème de haut, de façon presque planétaire, vous avez évidemment raison, mais si nous nous concentrons sur l’Europe et particulièrement sur la France, le diagnostic est-il le même ? Je suis frappé par le grand nombre d’ouvrages, dus aussi bien à des sociologues qu’à des théologiens, qui depuis trente ans paraissent toujours plus ou moins sous le titre : « Comment l’Europe a-t-elle cessé d’être chrétienne ? ». D’un côté le religieux n’est jamais parti, il ne cesse même de prendre de l’importance, et de l’autre les églises se vident. À en croire certaines enquêtes, la pratique religieuse en France serait tombée à 5 %. Comment les deux tendances s’articulent-elles ?

    Rémi Brague – Ce sont des faits indéniables. Il est clair que le christianisme recule en Occident, peut-être également dans le reste du monde. J’ai entendu récemment quelqu’un dire qu’en Afrique, continent que bien des chrétiens considèrent comme l’eldorado de la foi, les choses n’allaient pas aussi bien qu’on le dit.

    Il y a en effet ce livre récent de Guillaume Cuchet, Comment notre monde a cessé d’être chrétien1. L’auteur a repris et inversé le titre de Paul Veyne,  Quand notre monde est devenu chrétien, et celui de Marie-Françoise Baslez, Comment notre monde est devenu chrétien, deux études qui expliquaient comment l’Occident était devenu chrétien à la fin de l’Empire romain.

    Revue des Deux Mondes — Paul Veyne se concentre sur une trentaine d’années au IVe siècle et Guillaume Cuchet sur une trentaine d’années à la fin du XXe siècle. L’un étudie le début et l’autre la fin…

    Rémi Brague — Exactement. Je crois que chez Guillaume Cuchet, la volonté de retourner le titre était parfaitement claire et peut-être s’en tient-il volontairement aussi aux mêmes limites chronologiques : trente ans, soit une génération.

    On ne sait pas trop ce qui se passera à la génération suivante, peut-être que le mouvement va s’accélérer encore. Ce n’est pas impossible. Ce qui recule, c’est le christianisme. En revanche, il semble que certains bouddhismes ont fait une percée ; par ailleurs, la persistance de l’islam chez les jeunes immigrés est réelle, de même que la montée en puissance des haredim (les juifs ultra-orthodoxes) en Israël. Si celle-ci continue, ils sont appelés à former la majorité et à pousser à la marge les Achkénazes, quelque peu sécularisés ou seulement vaguement religieux.

    Ces phénomènes sont difficiles à chiffrer, car il s’agit de religions encore minoritaires et leurs adhérents ne répondent pas toujours aux questions des sondeurs… à la différence des ex-chrétiens qui, eux, n’ont pas peur d’avouer leur incroyance.

    [...] 

    1. Voir à ce sujet Religion — baisse de la fréquentation de la messe sous le pape François, stabilité chez les protestants et Vatican II, « déclencheur » de l’effondrement de la pratique catholique ? (M-à-j vidéos) 

  • Australie : le secret de la confession mis à mal

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    D'Alain Pronkin sur presence-info.ca :

    Le secret de la confession en péril

    Le Territoire de la capitale australienne vient d'adopter une loi qui oblige les prêtres à divulguer les secrets de la confession dans les affaires d'agressions sexuelles sur enfants. Cette disposition législative entrera en vigueur au printemps 2019. Ainsi, un prêtre qui reçoit la confession d’un prêtre pédophile ou de tout autre adulte ayant agressé un ou des enfants doit dénoncer cet aveu aux autorités policières.

    La loi prévoit deux situations bien différentes: la première oblige un prêtre témoin d’une agression sur un mineur de la signaler aux autorités policières, tandis que la seconde l’oblige à le faire s’il s’agit d’un aveu fait lors du sacrement de la réconciliation, autrefois appelé «confession».

    Cette nouvelle loi survient dans un contexte de procès et de révélations ces dernières années sur l’ampleur des abus sexuels contre des mineurs commis par des membre du clergé, et sur les prêtres, évêques et supérieurs qui ont préféré fermer les yeux ou qui ont tenté d’étouffer l’affaire.

    L’Église catholique, rappelons-le, impose une sanction à tout prêtre qui divulgue le secret de la confession. Elle est automatique : c’est l’excommunication, purement et simplement.

    Les prêtres ne divulguent pas les secrets de confession, mais entrent généralement en dialogue avec la personne afin de l’encourager à se dénoncer elle-même. Ils lui expliquent que le pardon nécessite souvent de se mettre concrètement en quête de justice, et que cela commence en reconnaissant ses propres torts. Mais comment concilier cet impératif religieux de non divulgation de la confession avec la protection des enfants mineurs?

    S’il est un crime odieux, c’est bien celui des agressions sexuelles contre les enfants. La société ne tolère pas ces crimes et les pédophiles n’ont droit à aucune compassion. Le crime paraît d’autant plus grave lorsqu’il est commis par des ministres ordonnés, qui bénéficient souvent d’un grand ascendant moral au moment de passer à l’acte.

    Même devant un tel crime, le système judiciaire assure un procès juste et équitable à ce type d’accusé. Un secret de confession n’est pas admissible en preuve.

    Ce que fait la nouvelle loi du Territoire australien est de mettre un terme à cette garantie de la justice criminelle, rompant avec une tradition légale qui existe depuis des lustres dans la plupart des démocraties. Déjà, des prêtres australiens ont indiqué qu’ils seraient prêts à aller en prison plutôt que de briser le secret.

    Un élément essentiel lors d’un procès criminel est le fait que la preuve doit exclure tout doute raisonnable. La meilleure preuve en matière criminelle est l’aveu, libre et volontaire, de l’accusé. Ce que recherche le procureur de la couronne, c’est l’aveu de l’accusé, ce qui entraîne irrémédiablement sa condamnation.

    Un seul endroit donne l’assurance d’une déclaration libre et volontaire d’un aveu de culpabilité: c’est celui qui survient lors d’une confession à un prêtre. Actuellement, aucun prêtre ne peut être appelé à témoigner de ce qui lui a été dit lors d’une confession. Ainsi, tout accusé au criminel peut confesser tout crime, de quelque nature que ce soit, à un prêtre. Il a la certitude qu’aucun prêtre ne divulguera ce qu’il a entendu. Toute personne – même si elle a commis le crime le plus vil qui soit – peut avoir un lieu, un asile, où se confier à Dieu en toute quiétude.

    Or, que fait le système judiciaire du Territoire de la capitale australienne? Il vient introduire une exception à ce principe, sur la question des crimes contre des enfants. Est-ce légitime ou moral? Dans les deux cas, je ne crois pas.

    La liberté de religion est un droit fondamental qui inclut celui de la confession à un ministre de son culte. L’État ne peut s’immiscer dans une matière qui a toujours été reconnue comme relevant d’un domaine intimement lié à la religion, malgré le fait que le crime soit des plus répugnants et odieux.

    Reste à voir, si cette disposition législative sera contestée devant les tribunaux ou si elle fera boule de neige vers d’autres juridictions.

  • La liturgie n'est pas un show

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    De Samuel Pruvot sur le site de Famille Chrétienne :

    Mgr Batut : « La liturgie n’est pas un show »

    MAGAZINE - Plusieurs monastères, cet été, initient les jeunes à la liturgie. Qui est une magnifique école de prière, alliant tradition et nouveauté.

    La liturgie vécue dans les monastères n’est-elle pas aux antipodes du quotidien vécu dans certaines paroisses ?

    J’espère que non ! Il faut éviter qu’un abîme se creuse entre ce qui est célébré par les spécialistes de la liturgie – les moines – et l’ensemble du peuple chrétien. Les monastères ne sont pas des conservatoires. Les monastères réussissent leur travail quand les simples fidèles se sentent inclus dans la prière monastique.

    Par où commencer pour initier les jeunes au mystère de la liturgie chrétienne ?

    Il faut les sortir de leurs tablettes et de leurs smartphones, les sortir de leur incapacité à vivre le silence... Le silence, c’est la chose la plus dure pour eux, mais aussi la plus fructueuse. Les jeunes sont capables de comprendre que l’important n’est pas de s’ennuyer ou pas à la messe mais d’y aller. Il faut leur faire dépasser le côté affectif qui les mobilise souvent à 99 %. Le plus important, ce n’est pas de donner des explications sur la liturgie, mais de la faire vivre ! Combien de fois ai-je vu des jeunes en larmes lors de belles liturgies ? Ils pleuraient car ils découvraient une nouveauté transformante, ils faisaient l’expérience de Dieu.

    On a l’impression que les querelles liturgiques des années soixante-dix intéressent moins les nouvelles générations... Pourquoi ?

    Les acteurs des controverses des années soixante-dix avaient une certaine culture religieuse... Elle a disparu. Ils avaient étudié le latin, ils connaissaient le patrimoine musical européen et savaient à quoi ressemblait une messe de Mozart ! Le grand tourbillon des années soixante-dix a passé par-dessus bord le patrimoine. On n’a rien transmis.

    Résultat ? Les jeunes sont aujourd’hui des déshérités à la recherche de leur héritage. Les mêmes iront à une session charismatique à Paray-le-Monial, puis à une messe tridentine et ensuite à un rassemblement de Taizé... Ils butinent. Mais où sont leurs racines ? Elles ne sont nulle part !

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  • Vote de la légalisation de l'avortement en Argentine : la réaction des évêques inadéquate ?

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    De Jeanne Smits sur RéinformationTV :

    Les députés votent la légalisation de l’avortement en Argentine – réaction ahurissante de la Conférence épiscopale

    Par 129 voix contre 125, et une abstention, la chambre des députés du congrès de l’Argentine a adopté en première lecture, jeudi, le texte qui légalise la mise à mort des enfants à naître en autorisant l’accès libre à l’avortement jusqu’à la 14e semaine de gestation. Et même jusqu’à neuf mois de grossesse en cas de viol, risques pour la vie ou la santé de la mère ou de fœtus non viable. Elle autorise l’avortement des mineures de plus de 16 ans sans avis parental et oblige les médecins objecteurs à se faire enregistrer comme tels, mais ne reconnaît pas le droit à l’objection des établissements de santé. C’est une loi extrême puisqu’elle rend possible l’avortement jusqu’au terme de la grossesse sur déclaration sous serment de la femme devant un professionnel de santé qu’elle a été victime d’un viol, sans autre forme de contrôle ni même exigence de dépôt de plainte à l’encontre du supposé violeur. En attendant l’examen du texte par le Sénat argentin, la commission exécutive de la conférence épiscopale d’Argentine, présidée par Mgr Oscar Vicente Ojea, un proche du pape François, a publié un communiqué proprement ahurissant.

    Le projet de loi devrait rencontrer une opposition plus forte au Sénat. Mais ce ne sera pas, hélas, grâce à l’Eglise. Si Mgr Hector Aguer, « exilé » depuis lors pour être remplacé par Mgr Victor Manuel Fernandez, un très proche du pape François, a pu dire en février à propos de la loi préparée par l’équipe de Mauricio Macri : « C’est un gouvernement sans principe d’ordre moral et naturel », la hiérarchie catholique ne s’est pas fait entendre avec toute la force qu’on aurait pu en attendre.

    Le silence du pape alors que les députés de son pays ont voté la légalisation de l’avortement

    La salutation du pape François, jeudi, à l’équipe de football d’Argentine pour l’ouverture du mondial 2018 a ainsi attiré l’attention sur son silence, le même jour, à propos du vote qui a clairement fait basculer son pays dans le camp de la culture de mort. On dit qu’il a œuvré dans l’ombre, une stratégie paraît-il. Ratée, à l’évidence. Car s’il est aussi populaire qu’on le dit, seul lui pouvait galvaniser ses compatriotes ! De même, les catholiques argentins qui voulaient faire des processions et des adorations dans la rue sur la place des Deux Congrès ont-ils été découragés par l’archevêché de Buenos Aires et la commission épiscopale laïc et famille, suggérant qu’il valait mieux aller prier dans les églises alentour.

    Le communiqué de la conférence épiscopale à la suite du vote affirme : « En tant qu’Argentins, cette décision fait mal. Mais la douleur en raison de l’oubli et de l’exclusion des innocents doit se transformer en force et en espérance, pour continuer de lutter pour la dignité de toute vie humaine. » Et d’ajouter que le dialogue devait encore être possible : il faudrait mettre en évidence qu’aux difficultés d’une « grossesse inattendue », de la pauvreté, de la marginalisation sociale ou de la violence on ne fait qu’ajouter un « nouveau traumatisme, l’avortement ». Ce qui est tout de même l’art de tourner autour du pot en oubliant le principal : la légalisation de l’avortement est un permis légal de tuer.

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  • En marge du débat sur la dépénalisation de l'avortement en Belgique : quel sens donner aux frontières de vie et de mort ?

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    D'Alain Mattheeuws, sj, membre correspondant nommé à l’Académie pontificale pour la vie, cette tribune publiée sur le site du journal La Croix :

    Quel sens donner aux frontières de vie et de mort ?

    Après les nombreux débats sur la loi de l’avortement ponctués par un signe sociétal fort lors de l’abdication temporaire du roi Baudouin (3 avril 1990) et l’explication simple et respectueuse à tous de son objection de conscience en même temps que du droit souverain de son peuple, la Belgique a appliqué cette loi au sens « démocratique » du terme. Présente dans le code pénal comme un rappel symbolique de l’innocence meurtrie, sans application de sanctions pour les mères, cette loi, selon la plupart des partis politiques belges, devrait aujourd’hui sortir du code afin de respecter le statut de la femme.

    Le contexte politique belge est à nouveau conflictuel sur ce thème du respect de l’enfant. Mais comment réfléchir avec bonté en respectant à la fois l’enfant et sa mère ? Comment ne pas nier l’impact d’une loi et des faits : plus de 22 000 avortements par an ? Comment ne pas être aveugle sur la violence et le désir de mort qui retentit sur toutes les sphères de la société dans un tel contexte ?

    Ce qui vient de se passer en Irlande « donne aussi à penser » en profondeur : ce vote massif pour le droit à l’avortement n’est-il qu’une revanche sur le passé catholique de ce pays ou bien un vote qui exprime une désespérance par rapport à la vie ? Une cécité par rapport au renouvellement de génération ? Pour un peuple dont les migrants ont essaimé dans le Nouveau Monde et lui ont donné vie, est-ce une continuité historique ou une brisure de l’identité ?

    Sans être juriste et expert, pouvons-nous parler avec le cœur ou avec un peu de bon sens de l’enjeu civil de l’avortement ? Que suppose pour chaque citoyen l’hypothèse de sortir l’avortement du code pénal ? Tout simplement qu’une loi nouvelle pourrait résoudre extérieurement des problèmes de vie et de mort pour chacun d’entre nous. Dépénaliser totalement l’avortement, c’est légaliser le droit de donner la mort à un être vivant, le droit de détruire, de tuer un être vivant dans une société démocratique, sans procès, sans jugement, de manière aseptisée.

    Le droit n’est-il pas au contraire ce qui construit le bien commun, le protège, le fortifie, rend justice dans une société qui veut être une « maison commune », comme dirait le pape François ? Si l’État définit ou défend ses frontières extérieures (les migrants), ce ne peut être ni par égoïsme, ni par souci économique, mais pour dessiner un bien commun et des valeurs qui constituent le « bien vivre » d’une société. Mais quand une loi interne à l’État enracine dans les cœurs et dans la culture qu’une vie d’enfant dans le sein maternel ne vaut pas, cette loi dessine une frontière pour ceux qui peuvent vivre ou pas dans son sein : elle ouvre la brèche à une violence interne et à long terme à la mort de l’État. La frontière entre la vie et la mort est une valeur racine, fondamentale, qui permet de vivre d’autres valeurs. Si le petit et le pauvre ne sont plus protégés par la loi, l’État s’évanouit et promeut une nouvelle « loi de la jungle » dans laquelle le plus fort a toujours raison et où le plus blessé peut toujours se faire justice ou se venger. Si cette frontière n’est pas protégée, comment pourrons-nous vivre ensemble en assumant les drames de la vie humaine ? Une loi civile n’est pas toujours ni automatiquement éthique.

    Personne n’avoue avec le sourire que l’avortement est un acte banal. La culpabilité issue des actes abortifs est rude à porter pour tous : femmes, médecins, psychologues, institutions diverses… Il existe une culpabilité mortifère dont il nous faut nous garder, car elle engendre à court terme une violence certaine ! Mais la vraie culpabilité, lourde à porter à long terme, est aussi le sentiment profond d’hommes et de femmes qui, souvent, se sont sentis comme obligés de passer à l’acte d’avorter, mais qui sont désireux de mieux faire ou de se faire pardonner. Si toute référence pédagogique de la loi s’efface, si la loi nouvelle anesthésie les consciences et dit le contraire de ce qu’une conscience sensible peut voir naître en elle, il ne restera plus dans la société qu’une culpabilité morbide, permanente, épaisse comme un brouillard d’hiver qui enveloppe des fantômes qui ne seront que des survivants.

    La souffrance et la responsabilité de ceux et de celles qui sont proches de l’avortement ne peuvent être « refoulées » par la négation de ce qui fait le fondement d’une vie ensemble : le désir, inscrit dans une Constitution, d’accueillir tout être humain pour ce qu’il est dès le premier instant de sa visibilité. La loi n’est pas d’abord coercitive : elle est symbolique d’une valeur. Quelle est la loi qui nous permettrait d’aimer la vie et de respecter l’être humain dans sa valeur incontournable ? Même s’il est fragile, malade, mourant, handicapé, n’est-il pas, comme Emmanuel Levinas le disait souvent, un« visage » qui nous appelle à la responsabilité ? Si les lois civiles ne nous disent plus du tout qui nous sommes en profondeur, comment pourraient-elles être « éthiques » et être reconnues comme lumière par ce qui est le sanctuaire de tout être humain : sa conscience ? Sa conscience d’être à la fois unique au monde et en dépendance fraternelle d’autres êtres humains ?

    Alain Mattheeuws, sj, membre correspondant nommé à l’Académie pontificale pour la vie

  • Argentine : le vote sur l'avortement a été l’occasion du meilleur et du pire

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    EN ARGENTINE, LA CHAMBRE DES DÉPUTÉS ENGAGE UN PROJET DE LOI AMBITIEUX SUR L'AVORTEMENT DANS UN CONTEXTE DÉLÉTÈRE

    Gènéthique vous informe (genethique.org)

    14 juin 2018  IVG-IMG

    Après une session de 22 heures et un débat de près de 4 mois, en Argentine, la Chambre des députés a voté en faveur d’un projet de loi de grande ampleur, aux contours méconnus, qui doit autoriser l’avortement.

    Un projet de loi large

    Par 129 votes pour, 125 contre et une abstention, le texte a obtenu l'approbation de la chambre au matin du 14 juin. Présenté par les médias comme l’ouverture à un avortement légal, sûr et gratuit jusqu’à la quatorzième semaine, le texte de loi est en réalité bien plus ambitieux. Certes, il doit permettre l’avortement sans justification jusqu’à la quatorzième semaine, mais aussi, et sans aucun délai, l’avortement en cas de grossesse issue d’un viol, de maladie grave du fœtus ne permettant pas la vie extra-utérine ou en cas de risque pour la santé de la mère. Le terme « santé » étant entendu en son sens le plus large : santé économique, sociale, psychologique, etc… L’avortement pour les mineures à partir de 16 ans, sans autorisation des parents, sera aussi rendu possible. La loi punit d’une peine de prison les institutions médicales qui refuseraient de pratiquer des avortements ainsi que les médecins qui s’abstiendraient de les pratiquer dans les cas obligatoires prévus par la loi.

    La méconnaissance du projet et de toutes ses possibles conséquences s’est particulièrement révélé lors du travail en commissions : un médecin a été interrogé sur la procédure pour un avortement tardif, prévu par la loi, susceptible d’intervenir au 9ème mois de grossesse. Le médecin a répondu : « Je ne crois pas que la loi le prévoit… Si c’était le cas, je m’y opposerais ». De plus, le projet de loi promeut un avortement « gratuit », une clause qui n’a jamais été débattu par la commission finance du Congrès. Aucun budget n’a été dégagé pour la mise en place de cette mesure rendant extrêmement difficile l’application effective de la loi, dans un pays où le système public de santé souffre déjà d’un manque considérable de moyens, n’arrivant pas à assurer un service satisfaisant, ni des conditions de travail correctes aux professionnels de la santé.

    Le résultat du vote laisse une société divisée et fanatisée. Les derniers jours ont été marqués par beaucoup de violence et de lassitude, ce qui a contribué au rejet assumé d’arguments solides pour des prises de positions à l’emporte-pièce : « Je ne crois pas qu’un avortement c’est tuer un être humain. Mais même si ça l’était, je pense qu’il faut le légaliser » ou encore « La science, je m’en fiche ».

    Masquer une politique défaillante

    Le vote a été l’occasion du meilleur et du pire de la politique argentine. Certains députés ont abandonnés la ligne de leur parti politique pour être fidèle à leurs convictions et à leurs valeurs. D’autres, sous la pression politique, ont changé de position quelques minutes avant le vote. La pression du gouvernement a été très forte. En effet, le débat sur l’avortement « est un bon placement » pour le gouvernement, qui récemment a de nouveau contracté le FMI pour un emprunt, et qui tente de détourner l’attention pour cacher l’inflation constante et le chômage croissant. Heureusement pour le président de la République, Mauricio Macri, la coupe du monde de football a commencée quelques minutes après la fin de la session parlementaire. Le gouvernement compte sur un vote négatif du Sénat, pour que le projet puisse de nouveau d’écran servir de fumée l’année prochaine.

  • Pays-Bas : que reste-t-il des 100.000 embryons humains conçus in vitro chaque année ?

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    Du Bulletin de l'Institut Européen de Bioéthique :

    Pays-Bas : des 100.000 embryons humains conçus in vitro par an, que reste-t-il ?

    08/06/2018 - Recherche biomédicale

    « Il y a une exigence morale à faire des recherches sur les embryons pour avoir de meilleurs résultats en matière de Procréation Médicalement Assistée (PMA) pour tous les couples infertiles. » C'est ainsi que certains justifient leur volonté d'élargir la loi "embryons" aux Pays-Bas.

    Actuellement, celle-ci interdit la création d'embryons humains à des fins de recherche. Mais la semaine dernière, à la demande de la Deuxième Chambre, médecins, chercheurs et éthiciens ont avancé leurs arguments en vue d’une possible adaptation de la loi en question.

    Certains embryologues mettent en avant le fait que trop de choses restent inexpliquées, et notamment pourquoi certains enfants nés d’une PMA sont moins résistants et affichent, en moyenne, un poids moindre qu’un enfant conçu naturellement. « Selon la méthode de fécondation que j’utilise, le poids des enfants varie. Et, à ce jour, je ne peux en expliquer la raison », affirme Sebastiaan Masterbroek, chercheur et embryologue.

    De son côté, le responsable du centre de médecine reproductive AMC, Sjoerd Repping, souligne que la création d’embryons humains pour la recherche scientifique (et donc leur destruction) permettra d’obtenir de meilleurs résultats quant à l’implantation lors d’une PMA.

    Selon lui, il y a "100.000 embryons humains par an aux Pays-Bas qui proviennent des techniques de procréation assistée. De ceux-ci, 5.000 embryons se développent et mènent à une grossesse. Pour les 95.000 autres, quelque chose ne marche pas, et nous ne comprenons pas quoi. La réponse est dans le laboratoire. Nous devons donc pouvoir créer des embryons rien que pour la recherche."

    Utiliser des lignées de cellules souches embryonnaires ou même des embryons humains surnuméraires (congelés après quelques jours et ensuite décongelés) ne convient pas puisque, ce qui est essentiel pour les scientifiques, c’est de comprendre le processus de fertilisation avec un ovocyte et du sperme frais dans les tout premiers instants du surgissement de la vie.

    La recherche sur les embryons surnuméraires mais aussi la création d'embryons aux seules fins de recherche est permise en Belgique depuis 2003. Elle l'est également en Suède, Royaume-Uni, Etats-Unis et en Chine.

    La généticienne Christine de Die et l’embryologue, Aafke Van Montfoort, se mobilisent auprès des parlementaires hollandais pour qu’ils changent la loi « Embryon » et que la recherche ne soit plus limitée. « Nous avons besoin de ces « cellules fécondées », sans qu’on doive dépendre des femmes qui nous les donneraient lors d’une PMA, a-t-elle ajouté. Les chercheurs auront le plus grand respect pour ces « cellules fécondées » (NDLR. Embryons). Nos cabinets de consultation sont remplis de couples qui ne peuvent avoir des enfants sains. Après 3 cycles, seulement 50% des femmes sont enceintes. Et donc, il y a encore beaucoup à faire pour tous les autres cas. »

    Source : Medisch contact

    Dossier de l'IEB : La procréation médicalement assistée en Belgique

  • Modifier la législation sur l'avortement : une campagne purement idéologique basée sur des arguments fallacieux et trompeurs

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    Une opinion de Fernand Keuleneer, avocat au Barreau de Bruxelles, publiée sur le site du Vif :

    La mascarade autour de l'avortement

    Plusieurs partis politiques ont soumis des propositions législatives dans l'optique de modifier la législation sur l'avortement. Ces derniers insistent pour qu'un texte soit voté avant les vacances d'été, à tout le moins au sein de la commission justice de la Chambre des représentants. Il n'est par ailleurs pas à exclure que le gouvernement présente d'ici là son propre projet de texte.

    Le point de départ de toute cette discussion est une erreur. L'avortement doit être soi-disant "dépénalisé". Pourtant, l'avortement est déjà dépénalisé. L'article 350 du Code pénal stipule que : "Toutefois, il n'y aura pas d'infraction lorsque..." et s'en suivent les conditions selon lesquelles l'interruption de grossesse n'est pas considérée comme une infraction. On peut donc difficilement dépénaliser plus que ça ne l'est déjà.

    Oui mais il faut "sortir l'avortement du Code pénal" rétorquent les partisans d'une modification de la loi. Dans ce cas, il est pour le moins étrange de lire dans le projet de loi déposé par l'Open Vld que les sanctions pénales demeurent si les conditions légales ne sont pas respectées. Sortir la matière du Code pénal tout en maintenant des sanctions pénales ailleurs, c'est une des pathologies de notre époque. Les infractions pénales et leur peine sont ainsi éparpillées dans toutes sortes de lois et d'accidents législatifs, mais on ne les retrouve plus dans le Code pénal. Quelle manière paresseuse de légiférer.

    Peut-être que l'intention est en réalité d'abolir toute sanction pénale lorsque les conditions légales de l'avortement ne sont pas remplies ? Mais quelles sanctions demeureraient alors en cas d'enfreinte à la loi ? Aucune, en effet... Et c'est naturellement l'objectif véritable pour lequel on a dupé "les gens".

    Dans la plupart des propositions présentées, l'avortement deviendrait simplement un "droit du patient", repris dans la loi sur le droit des patients, et en outre un "acte médical". C'est une avancée forcée en prévision de la nouvelle loi sur l'exercice de la médecine que prépare la ministre De Block et selon laquelle tout acte réservé à un médecin deviendrait un acte médical, même si cet acte ne poursuit aucun objectif de traitement, de guérison ou de soin.

    Une des conséquences de tout ceci est que l'avortement ferait partie intégrante de l'exercice de la médecine, monopole absolu du médecin, et dans lequel les tiers non-médecins ne peuvent pas interférer. Cela impliquerait également qu'un hôpital perdrait toute possibilité d'interdire ou même restreindre la pratique de l'avortement au sein de son institution.

    Ceci serait valable pour la période au cours de laquelle l'avortement deviendrait pour la femme un droit absolu, indépendamment de l'existence d'un état de détresse, et qui dans certaines des propositions serait étendue à 5 mois, mais cela vaudrait également pour les avortements autorisés par la loi jusqu'en fin de grossesse, lorsque le foetus est atteint par exemple du syndrome de Down ou lorsque la "santé" de la mère est compromise.

    Si on fait un parallèle avec la loi sur l'euthanasie, il serait naïf de croire que le "bien-être psychique" ne fait pas partie de la "santé". Un hôpital ne pourrait donc plus s'opposer à ce que l'un de ses médecins se spécialise dans les avortements de foetus atteints du syndrome de Down ou dans les avortements justifiés par des raisons de bien-être psychique, même si cela va à l'encontre des principes et de l'identité philosophique d'une institution. Que reste-il alors de la liberté d'association et de la liberté d'entreprendre ?

    Tous les projets de loi présentés contiennent une disposition stipulant que les médecins, les membres du personnel médical ou les infirmiers peuvent refuser de participer à un avortement si leur conscience leur dicte de ne pas le faire. Ce n'est qu'un os à ronger car cette faculté est en pratique illusoire à tel point que ça en est risible. Comment peut-on être assez naïf pour croire qu'un infirmier ou une infirmière ayant des objections de conscience pourrait se permettre d'invoquer à cinq reprises un cas de conscience dans le contexte actuel de réduction des coûts et de pénurie de personnel ? Ne devrions-nous pas créer un "safe space" pour ces personnes ? Mais plus fondamentalement encore, pourquoi laisserait-on à un médecin, une infirmière ou un aide-soignant la faculté de soulever une objection de conscience si l'avortement devient un acte médical ordinaire ? Pour décider de poser ou de ne pas poser un acte médical ordinaire, le médecin procède à une analyse médicale qui est basée sur son expertise médicale ; sa conscience n'entre pas en ligne de compte. Ainsi, avez-vous déjà vu un médecin qui ne voyait pas d'objection de nature médicale à traiter une pneumonie mais qui aurait néanmoins refusé de soigner le patient en raison d'une objection de conscience ? Sincèrement, de qui se moque-t-on ?

    La campagne qui est menée pour modifier la législation sur l'avortement est purement idéologique et utilise des arguments fallacieux et trompeurs. La médecine classique a pour objet de soigner et de guérir, et non pas de mettre fin intentionnellement à la vie ou d'empêcher la naissance d'un enfant sur simple demande. Pour cette raison, on observe un mouvement de pression pour que la définition de la médecine soit modifiée afin de servir de lubrifiant aux eugénistes et autres bricoleurs du "transhumanisme" pour lesquels il n'y a pas de place pour le caractère unique de l'homme et de la vie humaine. Et derrière ça, bien entendu, des montagnes d'argent à encaisser qui justifient que tous les obstacles soient éliminés. C'est de ça qu'il est question, et de rien d'autre.

  • Quand le pape évoque "gnostiques" et "pélagiens"

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    Un article de Sandro Magister traduit sur le site diakonos.be :

    Gnosticisme, hérésie antique. Mais voici comment elle réapparaît aujourd’hui

    Le langage du Pape François a déjà fait l’objet de nombreuses analyses qui s’accordent pour lui reconnaître une grande efficacité dans sa communication. Il y a cependant ces deux qualificatifs dont il affuble souvent ses adversaires au sein de l’Église mais qui restent incompréhensibles au plus grand nombre : « gnostique » et « pélagien ».

    Mais ce n’est pas tout. Même les rares personnes qui connaissent le sens premier de ces deux qualificatif trouvent que bien souvent Jorge Mario Bergoglio les utilise à contre-emploi.

    L’exemple le plus flagrant se trouve dans le livre-entretien avec le sociologue français Dominique Wolton où il va jusqu’à traiter de « pélagien » Blaise Pascal, le mathématicien, philosophe et homme de foi du dix-septième siècle qui était exactement aux antipodes et qui avait rédigé ce chef-d’œuvre que sont « Les Provinciales » précisément pour démasquer le pélagianisme, bien réel celui-là, de tant de jésuites de son époque.

    Dans le document programmatique de son pontificat l’exhortation « Evangelii gaudium », François a consacré un paragraphe entier, le 94, à ce que ces deux qualificatifs signifient pour lui.

    Mais par la suite, il les a toujours employés de façon si désinvolte et à contre-emploi que même la Congrégation pour la doctrine de la foi – dans la récente lettre « Placuit Deo » aux évêques – a dû remettre un peu d’ordre en la matière en expliquant en quoi consistaient réellement les deux « déviations » présentes aujourd’hui dans l’Église « qui ressemblent à certains égards à deux hérésies antiques : le pélagianisme et le gnosticisme ».

    Mais à nouveau sans impact notable sur le vocabulaire du Pape Bergoglio qui ne cite jamais les noms de ceux qu’il vise par ses invectives mais qui laisse chacun les deviner, comme par exemple le cardinal Robert Sarah qu’il a également à une occasion accusé à mots couverts de « gnosticisme » et à une autre reprise « pélagianisme », de la même manière – complètement injustifiée et infondée – qu’il l’avait fait pour Pascal.

    Dans l’article qui suit, un théologien américain essaye de clarifier l’usage de l’un de ces deux termes, le « gnosticisme ». Il s’agit du P. Thomas G. Weinandy, bien connu des lecteurs de Settimo Cielo qui ont pu apprécier la lettre ouverte qu’il avait adressée au Pape François l’été dernier.  Il est membre de la Commission théologique internationale intégrée à la Congrégation pour la doctrine de la foi.

    Le P. Weinandy montre comment la controverse sur le « néo-gnosticisme » n’est en rien marginale parce qu’elle affecte la transition en cours dans l’Église catholique, une transition lancée par le Pape François, et que certains critiquent et craignent tandis que d’autres la soutiennent avec ardeur.

    Cet article est paru le 7 juin sur le site américain « The Catholic Thing » et a été intégralement traduite ci-dessous.

    A lire sur diakonos.be

  • Les enjeux du Synode sur l'Amazonie dépassent largement celle-ci

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    De Jeanne Smits sur Reinformation.tv :

    Décryptage : le Synode pour l’Amazonie sera un vecteur pour la « théologie indienne »

    A lire distraitement le document préparatoire du Synode pour l’Amazonie qui se tiendra à Rome en octobre 2019 sur décision du pape François, on pourrait croire qu’il s’agit d’une réflexion sur la protection de la nature en Amazonie et de la promotion des droits des indigènes qui l’habitent. Certes, avançant le manque de prêtres dans la région, il a déjà été dit (par le cardinal Beniamino Stella) que ce synode pourrait servir à remettre sur le tapis l’idée de l’ordination des hommes mariés, les fameux viri probati. Et lors de la présentation du document à Rome en la fête du Sacré-Cœur, vendredi dernier, la presse a beaucoup remarqué qu’il y était question du rôle accru à donner aux femmes à travers un « ministère » ecclésial spécial. Mais pourquoi ? Pourquoi l’Amazonie ? La lecture attentive du document préparatoire, elle, permet de beaucoup mieux comprendre la dynamique fondamentale de ce texte : elle se trouve dans le troisième chapitre, « Agir » (qui fait suite aux deux autres consacrés aux thèmes « Voir » et « Discerner ») en une phrase suivie d’une note. Il n’est pas exagéré de dire que ce qui est projeté est un véritable bouleversement, une révolution théologique, à travers le nouveau droit de cité donné à la « théologie indienne ». Décryptage…

    La « théologie indienne », un élément clef du document préparatoire

    Après avoir longuement parlé des traditions et de la « cosmovision » des indigènes appelés tour à tour « autochtones », « aborigènes » ou « peuples natifs », voici en effet au paragraphe 15 d’Amazonie : nouveaux chemins pour l’Eglise et pour une écologie intégralele sous-chapitre intitulé « Nouveaux chemins », sûrement le plus important de ces nouveaux lineamenta. Il affirme : « Dans le processus consistant à penser une Eglise au visage amazonien, nous rêvons de poser les pieds sur la terre de nos ancêtres et, les yeux ouverts, nous imaginons comment sera l’Eglise à partir de l’expérience de la diversité culturelle des peuples. »

    Puis vient cette phrase clef : « Les nouveaux chemins auront une incidence sur les ministères, la liturgie et la théologie (théologie indienne) », avec un renvoi à une note en fin de document.

    Cette note renvoie elle-même au VIe symposium de théologie indienne tenue par la conférence des évêques d’Amérique latine à Asunción au Paraguay du 18 au 23 septembre 2017. Qu’est-ce que la théologie indienne ? Eh bien, c’est celle dont, manifestement (car on sait depuis Amoris laetitia le rôle, le poids et la mécanique des notes de bas de page dans le cadre de ce pontificat), la promotion est recherchée. Si les histoires de prêtres mariés sont évoquées depuis la convocation du synode en octobre 2017 à la faveur d’une réflexion sur la région pan-amazonienne, ce n’est absolument pas un hasard.

    Pour comprendre, on peut se référer à la littérature, puisqu’on trouve même en français de nombreux livres sur le thème. Ou, plus simplement encore, remonter douze ans en arrière vers l’article d’un père dominicain du couvent de la Tourette, Alain Durand. Le site alterinfo.org publiait alors en langue française une présentation succincte de « la théologie indienne latino-américaine » par ce Dominicain très peu scolastique. Le site altermondialiste laissait la parole à celui qui était alors directeur de la revue DIAL (Diffusion de l’information sur l’Amérique latine), aujourd’hui membre de la commission Justice et Paix France. Son texte explique les différents traits de cette théologie distincte de la théologie de la libération, mais finalement, peut-on constater aujourd’hui, extrêmement proche de la « théologie du peuple » affectionnée par le pape François. Ses développements semblent faire écho aux longs textes du document pré-synodal : ils sont simplement un peu moins jargonnants, un peu plus clairs. L’importance de la terre – la Pachamama ou la Terre-Mère –, et de la communauté y sont affirmés.

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