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Europe - Page 38

  • Comment interpréter l’offensive russe en Ukraine ? Le décryptage de Frédéric Pons

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    Guerre Ukraine-Russie

    « Une tragédie pour la civilisation chrétienne »

    des propos recueillis par Constantin de Vergennes sur France Catholique :

    11 mars 2022

    Comment interpréter l’offensive russe en Ukraine ? Le décryptage de Frédéric Pons, spécialiste des questions de défense et auteur de Poutine ( Calmann-Lévy, 2014).

    Comment deux peuples aux nombreux points communs, en viennent-ils à se faire la guerre ?

    Frédéric Pons : Avec la chute de l’URSS en décembre 1991, l’Ukraine a cherché à se rapprocher de l’Union européenne et de l’OTAN, au point de connaître une première révolution pro-européenne en 2004, avant d’être reprise en main par la Russie, qui y a installé un pouvoir favorable à ses intérêts. Lors de la grande révolution de la place Maïdan, en 2014, le pouvoir pro-russe est éjecté d’Ukraine et laisse place à un régime plus indépendant, qui veut intégrer à l’Union européenne et qui reprend la promesse d’intégration que lui a faite l’Otan en 2008. C’est à partir de ce moment que tout s’enchaîne et conduit à la guerre d’aujourd’hui : la Russie riposte la même année en annexant la Crimée, terre russophone, et soutient le séparatisme des russophones du Donbass, dans l’est du pays. Depuis 2014, les escarmouches et les bombardements par les uns et les autres sont constants, provoquant 10 000  et 15 000 victimes, des deux côtés. La guerre sévissait sur cette terre d’Europe mais cette guerre n’intéressait personne. Le Donbass est devenu une sorte d’abcès de fixation de la volonté russe, afin d’empêcher l’Ukraine d’intégrer l’OTAN. En effet, un pays ayant un conflit territorial intérieur ou extérieur ne peut intégrer l’Organisation. Pour les Russes, c’était là un moyen assez commode d’arrêter la marche à l’OTAN de l’Ukraine.

    Et pourtant, la guerre est arrivée…

    Les intérêts divergents de l’Ukraine et de la Russie sont arrivés à un point d’incandescence ultime. L’Ukraine faisant des demandes constantes pour rejoindre l’Union européenne et l’OTAN, dont elle n’a cessé de recevoir du matériel ainsi que des instructeurs militaires, la Russie de Vladimir Poutine s’est sans doute dit qu’il fallait agir avant qu’il ne soit trop tard, avant que l’armée ukrainienne ne soit trop forte. Pour Moscou, il était impératif, sur le plan stratégique, d’empêcher l’installation de bases américaines et le déploiement du bouclier antimissile américain, deux évolutions qui auraient pu singulièrement dégrader, un jour, la force de dissuasion russe. À cela s’est sans doute ajoutée la crainte de voir une Ukraine réarmée vouloir reconquérir la Crimée et le Donbass.

    Le souvenir de la guerre du Kosovo influence-t-il l’action russe ?

    Depuis 1999, les Russes parlent systématiquement du bombardement de la Serbie par les forces de l’OTAN contre leurs cousins slaves. Ils n’ont pas oublié les 78 jours de bombardement de la Serbie, ni l’intervention américaine de 2003 en Irak, au mépris des règles internationales. Il faut avoir tout cela en tête pour comprendre la perception russe de la situation. Les Russes estiment qu’il y a deux poids deux mesures : l’OTAN et les États-Unis seraient exonérés alors même que leurs actes ont été les mêmes que ceux pour lesquels la Russie est aujourd’hui condamnée.

    Cette guerre est-elle guidée par des intérêts géographiques, tactiques, ou y a-t-il aussi un affrontement de valeurs antagonistes ?

    Jusqu’à ces dernières années, les systèmes politiques et les valeurs sociétales russes et ukrainiens se ressemblaient beaucoup, avec la même tendance à un pouvoir fort et centralisateur, appuyé sur l’influence de l’Église orthodoxe. L’Ukraine a eu différentes tentations autoritaires. Elle a connu aussi les ravages de la corruption, au plus haut niveau. Jusqu’à cette guerre, qui a profondément changé son image, le président Volodymyr Zelensky était lui-même impopulaire, avec un entourage douteux, certains de ses soutiens étant accusés d’être des oligarques trempant dans des activités suspectes, un peu à l’image de tout ce qui est reproché à Vladimir Poutine. La guerre a changé les choses. Zelensky est maintenant perçu différemment, comme un patriote courageux, un chef de guerre, resté au côté de son peuple.

    Une partie de la société ukrainienne veut clairement se rapprocher du modèle occidental et des valeurs libérales portées par l’Europe, jusqu’à son matérialisme et son individualisme, qui exercent une séduction réelle dans le pays… Sur place, on rencontre beaucoup de gens, dans la classe moyenne et le monde intellectuel, qui n’imaginent leur avenir que dans le cadre de l’Union européenne, en épousant tout notre système, y compris ses plus mauvais côtés, dont l’américanisation de notre société ! Ce modèle est, pour eux, une fenêtre sur la liberté. Et, ce faisant, ils tournent le dos au monde russe et à ses valeurs traditionnelles. Le problème est qu’on évalue très mal la proportion de ces Ukrainiens tournés vers l’ouest, par rapport à ceux qui continuent de regarder vers le monde russe.

    Comment imaginez-vous la suite ?

    On peut penser que la séduction de ce modèle ouest-européen ne pourra que se renforcer à l’issue de cette malheureuse guerre et dans la perspective de l’intégration de l’Ukraine au sein de l’Union européenne, sans doute inévitable à terme. Cette évolution ne fera qu’aggraver «  le choc des valeurs  » avec la Russie. Sauf révolution politique à Moscou, elle devrait poursuivre encore quelques années sur la trajectoire du modèle poutinien actuel : la persistance d’un pouvoir nationaliste fort, incarné par Vladimir Poutine et son successeur, et la défense des valeurs traditionnelles, incarnées par l’autre «  main de fer  » du pays, le patriarche Cyrille, fort de la renaissance de l’Église orthodoxe russe et de son entente avec Poutine.

    Retrouvez l’intégralité de l’entretien et du Grand Angle dans le magazine.

  • Andreï Makine : cracher sur la Russie ne résoudra rien et n’aidera pas les Ukrainiens

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    Des propos recueillis par Alexandre Devecchio sur le Figaro Vox via Artofuss.blog :

    Andreï Makine: «Pour arrêter cette guerre, il faut comprendre les antécédents qui l’ont rendue possible»

    10 mars 2022

    FIGAROVOX/ENTRETIEN – L’académicien franco-russe, prix Goncourt 1995, s’afflige de voir l’Ukraine transformée en «chaudron guerrier». Il se défend d’être pro-Kremlin et regrette une vision «manichéenne» du conflit «qui empêche tout débat».

    Andreï Makine, né en Sibérie, a publié une douzaine de romans traduits dans plus de quarante langues, parmi lesquels Le Testament français(prix Goncourt et prix Médicis 1995), La Musique d’une vie (éd. Seuil, 2001), et, plus récemment, Une femme aimée (Seuil). Il a été élu à l’Académie française en 2016.


    FIGAROVOX. – En tant qu’écrivain d’origine russe, que vous inspire cette guerre ?

    Andreï MAKINE. – Pour moi, elle était impensable. J’ai en tête les visages de mes amis ukrainiens à Moscou, que je voyais avant tout comme des amis, pas comme des Ukrainiens. Le visage de leurs enfants et de leurs petits-enfants, qui sont dans ce chaudron guerrier. Je plains les Ukrainiens qui meurent sous les bombes, tout comme les jeunes soldats russes engagés dans cette guerre fratricide. Le sort du peuple qui souffre m’importe davantage que celui des élites. Comme le disait Paul Valéry«la guerre, ce sont des hommes qui ne se connaissant pas et qui se massacrent au profit d’hommes qui se connaissent et ne se massacrent pas».

    Une partie de la presse vous qualifie d’écrivain pro-Poutine. L’êtes-vous ?

    C’est une journaliste de l’AFP qui m’a collé cette étiquette il y a une vingtaine d’années. C’était juste après le départ de Boris Eltsine dont le bilan était catastrophique pour la Russie. Je lui avais expliqué que Eltsine, dans un état d’ébriété permanent, avec la responsabilité du bouton atomique, représentait un vrai danger. Et que j’espérais que la Russie pourrait devenir un peu plus rationnelle et pragmatique à l’avenir. Mais elle a titré : «Makine défend le pragmatisme de Poutine». Comme c’était une dépêche de l’AFP, cela a été repris partout. Et lorsque je suis entré à l’Académie, un grand hebdo, dont par charité je tairai le nom, a, à son tour, titré : «Makine, un Poutinien à l’Académie»… Cela en dit long sur le monde de mensonge dans lequel nous vivons.

    Vous condamnez l’intervention russe…

    Mon opposition à cette guerre, à toutes les guerres, ne doit pas devenir une sorte de mantra, un certificat de civisme pour les intellectuels en mal de publicité, qui tous cherchent l’onction de la doxa moralisatrice. À force de répéter des évidences, on ne propose absolument rien et on en reste à une vision manichéenne qui empêche tout débat et toute compréhension de cette tragédie. On peut dénoncer la décision de Vladimir Poutine, cracher sur la Russie, mais cela ne résoudra rien, n’aidera pas les Ukrainiens.

    Pour pouvoir arrêter cette guerre, il faut comprendre les antécédents qui l’ont rendue possible. La guerre dans le Donbass dure depuis huit ans et a fait 13 000 morts, et autant de blessés, y compris des enfants. Je regrette le silence politique et médiatique qui l’entoure, l’indifférence à l’égard des morts dès lors qu’ils sont russophones. Dire cela, ne signifie pas justifier la politique de Vladimir Poutine. De même que s’interroger sur le rôle belliciste des États-Unis, présents à tous les étages de la gouvernance ukrainienne avant et pendant la «révolution du Maïdan», n’équivaut pas à dédouaner le maître du Kremlin. Enfin, il faut garder à l’esprit le précédent constitué par le bombardement de Belgrade et la destruction de la Serbie par l’Otan en 1999 sans avoir obtenu l’approbation du Conseil de sécurité des Nations unies. Pour la Russie, cela a été vécu comme une humiliation et un exemple à retenir. La guerre du Kosovo a marqué la mémoire nationale russe et ses dirigeants.

    Lorsque Vladimir Poutine affirme que la Russie est menacée, ce n’est pas un « prétexte » : à tort ou à raison, les Russes se sentent réellement assiégés. Andreï Makine

    Lorsque Vladimir Poutine affirme que la Russie est menacée, ce n’est pas un «prétexte» : à tort ou à raison, les Russes se sentent réellement assiégés, et cela découle de cette histoire, ainsi que des interventions militaires en Afghanistan, en Irak et en Libye. Une conversation rapportée entre Poutine et le président du Kazakhstan résume tout. Ce dernier tente de convaincre Poutine que l’installation de bases américaines sur son territoire ne représenterait pas une menace pour la Russie, qui pourrait s’entendre avec les États-Unis. Avec un petit sourire triste, Poutine répond : «C’est exactement ce que disait Saddam Hussein !».

    Encore une fois, je ne légitime en aucune manière la guerre, mais l’important n’est pas ce que je pense, ni ce que nous pensons. En Europe, nous sommes tous contre cette guerre. Mais il faut comprendre ce que pense Poutine, et surtout ce que pensent les Russes, ou du moins une grande partie d’entre eux.

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  • Le patrimoine spirituel de l'Ukraine "détruit par les bombardements"

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    De Catholic News Agency :

    Un dirigeant catholique ukrainien : "Notre patrimoine spirituel est détruit par les bombardements".

    The ruined Church of the Nativity of the Blessed Virgin, built in 1862, in Ukraine’s Zhytomyr region
    L'église en ruines de la Nativité de la Sainte Vierge, construite en 1862, dans la région de Zhytomyr, en Ukraine. | FB Olga Rutkovskaya.

    9 mars 2022

    Le chef de l'Église gréco-catholique ukrainienne a déclaré mercredi que le patrimoine spirituel de l'Ukraine est "détruit par les bombardements."

    Dans un message vidéo publié le 9 mars, l'archevêque majeur Sviatoslav Shevchuk a déclaré que "les prêtres sont tués" au milieu des combats dans le nord, le sud et l'est de l'Ukraine après l'invasion complète de la Russie le 24 février.

    "Notre patrimoine spirituel est détruit par les bombardements. Les églises, nos valeurs spirituelles, nos trésors culturels. Des prêtres sont tués, des volontaires, tous ceux qui tentent d'une manière ou d'une autre de soulager les souffrances de cette nation ukrainienne qui coule dans le sang", a-t-il déclaré.

    L'archevêque majeur, qui est basé dans la capitale assiégée de Kiev, a souligné l'unité entre les organismes religieux en Ukraine, un pays qui comptait 44 millions d'habitants avant la guerre.

    Il a noté que le Conseil ukrainien des églises et des organisations religieuses (UCCRO), un organisme regroupant "95 % de toutes les communautés religieuses d'Ukraine", a condamné le bombardement des civils.

    Dans une déclaration du 8 mars, le conseil a déclaré : "Depuis le début de l'invasion militaire à grande échelle du territoire souverain de l'Ukraine par la Russie, nous voyons de première main comment les envahisseurs russes ont recours aux méthodes de guerre les plus cyniques et interdites par le droit humanitaire international."

    Les membres de l'UCCRO comprennent des représentants des communautés orthodoxe, catholique, protestante, juive et musulmane.

    Shevchuk a déclaré : "Aujourd'hui, toutes nos communautés, toutes nos paroisses de l'Église grecque catholique ukrainienne, se transforment en centres de services sociaux."

    "Là où il y a la guerre, où les bombes tombent, à Kiev, Kharkiv, Tchernihiv, Sumy, à Mykolaiv, nous nous efforçons de tout faire - d'une part, pour secourir la population civile et, d'autre part, pour livrer des biens humanitaires, pour fournir à nos gens de la nourriture et des médicaments, pour les faire sortir de la zone de combat."

    "Dans d'autres parties de l'Ukraine, d'innombrables centres sont ouverts où nous accueillons les personnes déplacées à l'intérieur du pays, et leur fournissons l'assistance nécessaire."

    L'archevêque de 51 ans a noté que l'envoyé du pape, le cardinal Konrad Krajewski, visite actuellement des centres de secours pour les civils en Ukraine.

    Il a déclaré que la présence du cardinal polonais permettait de "ressentir cette proximité du Saint-Père avec la souffrance du peuple ukrainien."

    Mgr Shevchuk a conclu son message en récitant des vers de l'écrivain du XIXe siècle Taras Hryhorovych Shevchenko, qu'il a décrit comme un "grand prophète du peuple ukrainien".

    Il a déclaré que l'œuvre de Shevchenko, qui est né le 9 mars 1814, "nous a toujours aidés à retrouver notre force, et donc à réaliser le plan de Dieu pour notre peuple."

    Sa citation de Shevchenko a conclu : "Continuez à marcher : c'est là que se trouve la gloire ; / Marchez en avant - c'est mon testament".

    "Que ces mots sur la marche vers la gloire soient aujourd'hui une lumière d'espoir pour notre Ukraine", a déclaré l'archevêque majeur.

  • Ukraine : appel de la FAFCE (Fédération des associations familiales catholiques en Europe)

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    Soutenez les familles ukrainiennes

    APPEL À DONS
    Aidez-nous à soutenir les familles ukrainiennes

    N'HÉSITEZ PAS À PARTAGER CET APPEL AUTOUR DE VOUS ! 

    Bruxelles, le 10 mars 2022
     
    À la suite l’appel pour la paix en Ukraine de la FAFCE de la semaine dernière, les membres et associations partenaires de notre Fédération souhaitent s’engager concrètement en faveur des famille ukrainiennes fuyant la guerre. En tant qu’associations de familles, nous avons à cœur la responsabilité d’aider nos frères et sœurs dans le besoin.

    Pour cette raison, nous vous serions reconnaissants de nous aider en faisant un don à la FAFCE, don qui sera entièrement reversé à nos contacts en Ukraine, et à deux associations travaillant sur le terrain, qui ont demandé notre soutien et que nous allons vous présenter ci-dessous.

    Un partenaire de la FAFCE, la Fondation Madrina, a lancé un plan d’urgence pour aider directement les familles ukrainiennes, avec l’extension de son projet Pueblos Madrina. Ce programme avait initialement été lancé pour créer des projets de vie durables pour des familles espagnoles se trouvant en risque de pauvreté et d’exclusion sociale dans des grandes villes. La Fondation Madrina propose à ces familles de les relocaliser dans des zones rurales, et de faciliter leur insertion professionnelle dans ces lieux. Face à la situation en Ukraine, la Fondation Madrina souhaite utiliser son expérience de soutien aux familles espagnoles, cette fois-ci au profit des familles ukrainiennes. La Fondation leur apportera tout d'abord des denrées alimentaires et des vêtements, principalement pour les enfants (aliments pour bébés, produits d'hygiène, équipement médical, vêtements et manteaux). Le plan prévoit également un transport humanitaire des familles ukrainiennes vers l'Espagne, où elles seront accueillies, en coordination avec les autorités locales espagnoles.

    Un autre partenaire de la FAFCE, Ai.Bi. Amici dei Bambini, a immédiatement pris des mesures pour aider les enfants et les familles en Ukraine, pays au sein duquel il opère depuis 1999, par le biais de la Fondation Friends of Children Ukraine, basée à Kiev. Si la guerre est toujours une tragédie, l’expérience des enfants sans famille est d’autant plus difficile qu’ils ne peuvent avoir le réconfort de l'étreinte de leur parent. #CHILDREN4PEACE est une campagne de solidarité d'urgence d'Ai.Bi., qui vient en aide aux enfants accueillis dans les orphelinats en Ukraine et aux familles en fuite, trouvant refuge en Moldavie ou arrivant en Italie.

    Comme vous le savez, notre Fédération compte sur vos dons pour poursuivre sa mission quotidienne. En voyant l'urgence actuelle, nous avons décidé de faire cet appel extraordinaire pour demander votre aide : comme nous l'avons dit plus haut, tous ces dons faits à la FAFCE soutiendront directement les projets de solidarité de ses partenaires et aideront les familles ukrainiennes dans le besoin.

    Pour conclure, nous restons unis dans la prière pour la paix en Ukraine et pour la conversion de nos cœurs. Nous nous confions tout particulièrement, avec toutes les parties concernées - tant en Ukraine qu'en Russie - au Cœur Immaculé de Marie.

    En vous remerciant d’avance,
    Vincenzo Bassi
    Président de la FAFCE
  • Ukraine : appel de Caritas International après deux semaines de guerre

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    logo.svgUkraine 12-12 : Appel de solidarité du Consortium 12-12 dont Caritas International participe

    Il y a maintenant deux semaines, notre partenaire local en Ukraine lançait un cri d'alarme. Aujourd'hui, l'impensable est arrivé. « Au début je ne pouvais pas croire qu’il y avait une guerre », témoigne Inna depuis Przemyśl dans le sud-est de la Pologne où elle a trouvé refuge. « Mais ensuite, j’ai ouvert Instagram et j’ai réalisé que les bombes pleuvaient sur mon pays. » Après le choc vient l'action : fuir pour survivre.

    Afin de répondre à la détresse des personnes qui comme Inna sont prises au piège de la violence, le réseau mondial Caritas tourne à plein régime, en Ukraine ainsi que dans les pays limitrophes. En Belgique, Caritas International s'associe à l'appel de solidarité du Consortium 12–12. Abris, eau, nourriture, soins de santé, protection et soutien psychosocial, avec et grâce à vous, voici ce sur quoi peuvent compter les victimes de cette crise majeure.

    Découvrez ci-dessous les témoignages de personnes d'Ukraine, collègues de Caritas et volontaires venus porter mains fortes.

    DEUX SEMAINES DE GUERRE

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    Avec l’escalade dramatique de la situation en Ukraine, la vie de milliers de personnes bascule.…

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    ou

    sur le compte de Caritas BE 88 0000 0000 4141
    avec la communication "4147 UKRAINE"

  • Bruxelles (cathédrale), 13 mars : messe pour la paix

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    De Catho-Bruxelles :

    13 MARS | MESSE POUR LA PAIX TRILINGUE À LA CATHÉDRALE STS-MICHEL-ET-GUDULE

    FR: Une messe pour la paix aura lieu dimanche 13 mars à 17h à la cathédrale Sts-Michel-et-Gudule. Le Cardinal De Kesel présidéra la Messe pour la Paix en concélébration avec Mgr Hlib Lonchyna, Vicaire Général de Éparchie de Saint-Vladimir-le-Grand pour les Ukrainiens de rite byzantin de France, et Mgr Coppola, nonce apostolique et mgr Kockerols. Cette eucharistie sera en rite latin, trilingue (français, néerlandais et ukrainien). Les deux chœurs de la communauté ukrainienne gréco-catholique animeront la célébration de leurs chants. 

    NL: Op zondag 13 maart om 17 uur zal in de Sint-Michiels- en Sint-Goedelekathedraal een mis voor de vrede worden opgedragen. Kardinaal De Kesel gaat de viering voor, in concelebratie met Mgr. Hlib Lonchyna, vicaris-generaal van de Eparchie van Sint-Vladimir-de-Grote voor de OekraÏners van de byzantijnse ritus in Frankrijk, en Mgr Coppola, apostolische nuntius,en mgr Kockerols. Deze eucharistie zal gevierd worden volgens de Latijnse ritus, in drie talen (Frans, Nederlands en Oekraïens). De twee koren van de Grieks-katholieke Oekraïense gemeenschap zullen de viering opluisteren.

  • Pourquoi le patriarche de Moscou soutient la guerre de Poutine

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    De Massimo Introvigne sur Bitter Winter :

    Ukraine : Pourquoi le patriarche de Moscou soutient la guerre de Poutine

    03/10/2022

    Le "terrible sermon" de Kirill du 6 mars, où il justifie l'invasion en disant qu'il s'agit d'empêcher les "Gay Prides", relève d'une dangereuse théologie apocalyptique.

    Le terrible sermon prononcé par le patriarche Kirill, la plus haute autorité de l'Église orthodoxe russe, dans la cathédrale du Christ-Sauveur de Moscou le 6 mars, qui est pour les orthodoxes le dimanche du pardon, a fait scandale pour beaucoup. Le patriarche a béni l'agression de Poutine, la présentant comme une "guerre métaphysique" contre un Occident vendu à l'hédonisme et à l'immoralité, dont le symbole, a-t-il dit, est la Gay Pride.

    J'ai personnellement rencontré le patriarche Kirill à deux reprises, lorsque j'étais représentant de l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) pour la lutte contre le racisme, la xénophobie et l'intolérance religieuse et peu après. J'ai rencontré plus souvent son second, le métropolite Hilarion, qui a un rôle comparable à celui du secrétaire d'État au Vatican.

    Hilarion a - ou avait, avec la guerre beaucoup de choses changent - une attitude plus ouverte et dialogique envers la culture occidentale, ce qui lui vaut d'être l'objet d'attaques en Russie par les milieux les plus conservateurs. Mais Kirill n'est pas non plus un ignorant - il est un ancien professeur de théologie dogmatique - et pendant longtemps, il n'a pas été perçu comme un fanatique. Au contraire, il a également été critiqué par une frange ultra-conservatrice pour ses rencontres cordiales avec les papes Benoît XVI et François, qui, aux yeux des orthodoxes les plus radicaux, représentent une église qu'ils considèrent comme hérétique.

    Même après mon mandat à l'OSCE, Kirill et Hilarion m'ont invité à plusieurs reprises à Moscou pour discuter d'un problème qui leur tient à cœur et qui explique aussi leurs prises de position de ces jours-ci, à savoir l'éloignement progressif de nombreux Russes, surtout dans les jeunes générations, de l'Église orthodoxe. Certes, dans les sondages, un peu moins de quatre-vingts pour cent des Russes continuent de se déclarer orthodoxes, mais le nombre de ceux qui maintiennent un certain contact avec l'Église diminue de jour en jour.

    Deux solutions sont proposées à ce problème, y compris au sein de l'Église orthodoxe russe. La première repose sur l'idée que le modèle de "l'Eglise d'Etat", qui soutient par définition celui qui est au pouvoir, c'est-à-dire aujourd'hui Poutine, n'est plus attractif pour de nombreux Russes. L'Église doit moderniser ses structures, en reprenant également un dialogue avec les grands courants théologiques occidentaux, interrompu à l'époque soviétique en raison de la difficulté des contacts internationaux.

    La deuxième réponse explique les problèmes de l'Église orthodoxe russe par une agression de l'Occident qui, dans une tentative de détruire la Russie, répand l'hédonisme et l'immoralité et organise l'expansion dans la Fédération de Russie des religions "étrangères", des pentecôtistes aux témoins de Jéhovah.

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  • Un "reset" oecuménique s'impose

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    De George Weigel sur le Catholic World Report :

    Une réinitialisation œcuménique s'impose

    Depuis le début des années 1960, le Vatican s'est entiché de l'idée d'une entente bilatérale avec l'orthodoxie russe. Quelles que soient ses nobles intentions, cela a été une course de dupes.

    9 mars 2022 George Weigel The Dispatch 28Imprimer

    Au début des années 1990, j'ai rencontré Kirill, aujourd'hui patriarche de Moscou et de toute la Rus', alors que l'homme baptisé Vladimir Mikhailovich Gundyayev était le responsable œcuménique en chef de l'Église orthodoxe russe. L'occasion était un dîner organisé à la Bibliothèque du Congrès par le regretté James H. Billington, dont l'histoire de la culture russe, The Icon and the Axe, reste l'ouvrage classique sur le sujet.

    Le métropolite Kirill, comme on l'appelait à l'époque, m'a paru être un cosmopolite sophistiqué, qui n'était pas étranger aux choses les plus fines de la vie ; il n'avait rien de l'ascète ou du mystique dostoïevskien. Et s'il semblait moins être un homme d'église qu'un diplomate suave et mondain en costume ecclésiastique, on ne pouvait qu'être impressionné par le sang-froid avec lequel il jouait ce rôle. Une grande partie des discussions à table et des conversations qui ont suivi lors des repas postprandiaux ont porté sur la possibilité que la Russie devienne une démocratie fonctionnelle - une perspective pour laquelle, si ma mémoire est bonne, Kirill a fait preuve d'un scepticisme considérable, bien qu'urbain.

    Plus tard, en étudiant sa biographie, certains aspects de Kirill sont devenus plus évidents.

    En 1971, à l'âge de 25 ans, l'archimandrite Kirill a été envoyé par le patriarcat de Moscou en tant que représentant orthodoxe russe auprès du Conseil œcuménique des Églises à Genève. Dix ans plus tôt, le régime soviétique, qui menait alors une persécution draconienne ayant entraîné la fermeture de la moitié des églises orthodoxes du pays, avait "autorisé" l'Église orthodoxe russe à rejoindre le Conseil mondial. Les motivations du régime n'étaient toutefois guère œcuméniques. Les représentants orthodoxes russes au Conseil mondial étaient soigneusement sélectionnés par le KGB, les services secrets soviétiques ; leur tâche consistait à bloquer toute contestation des violations de la liberté religieuse par l'Union soviétique, tout en faisant du Conseil mondial un critique constant de l'Occident.

    Tout ceci est détaillé dans The Sword and the Shield : Les archives Mitrokhin et l'histoire secrète du KGB. Et à partir de cette ressource inestimable, il est impossible de ne pas conclure que Kirill était, à tout le moins, un atout du KGB ; il pourrait bien avoir été un agent du KGB comme un autre Vladimir, M. Poutine.

    La carrière ecclésiastique de Kirill a prospéré pendant les décennies Poutine et il serait devenu un homme riche - si ce n'est pas à l'échelle colossale de Poutine lui-même, au point qu'il a été photographié un jour, à son grand embarras, portant une montre Breguet de 30 000 dollars qu'il supposait cachée sous ses robes. (L'Église russe a lancé une fusillade de propagande suggérant que la photo avait été trafiquée, bien que ce qui semble avoir été une photo retouchée par la suite, déployée à la défense de Kirill, montrait maladroitement le reflet de la montre sur une table brillante).

    Quelle que soit sa situation financière, il est indiscutable que Kirill a été un fidèle serviteur de l'État russe depuis son élection comme patriarche en 2009. Et s'il a subi les foudres des cercles orthodoxes russes réactionnaires pour sa rencontre avec le pape François à La Havane en 2016, il devait savoir que, quelle que soit l'opposition interne à laquelle il était confronté de la part du clergé et des congrégations anti-roms, le Kremlin et son maître - sans le feu vert duquel la rencontre de La Havane n'aurait pas eu lieu - assuraient ses arrières.

    Il n'est donc pas surprenant que le patriarche Kirill ait tenté de couvrir l'agression brutale et non provoquée de Poutine contre l'Ukraine, qui, selon Kirill, fait depuis longtemps partie du Russkiy mir, le "monde russe". La guerre en Ukraine, a-t-il déclaré au quatrième jour de l'invasion russe de son voisin, a été causée par des "puissances extérieures obscures et hostiles", les "forces du mal" et "les attaques du malin".

    Le fait que Kirill agisse comme un instrument du pouvoir d'État russe n'a rien de nouveau. Il le fait depuis des décennies. Cependant, sa déclaration du 27 février a atteint un nouveau seuil, en invoquant délibérément l'imagerie chrétienne pour falsifier ce qui se passe en Ukraine. Le terme technique pour une telle utilisation délibérée et aberrante des choses de Dieu est le blasphème. L'agit-prop profane de Kirill a également porté atteinte à sa propre Église en Ukraine, dont le chef, le métropolite Onufry, a condamné l'invasion russe.

    Depuis le début des années 1960, le Vatican s'est entiché de l'idée d'une entente bilatérale avec l'orthodoxie russe. Quelles que soient ses nobles intentions, c'est une course de dupes et il est grand temps de procéder à une remise à zéro œcuménique. Si deux des organisations les plus vénales et les plus corrompues de la planète - le Comité international olympique et la FIFA, l'hégémonie du football mondial - peuvent rompre leurs relations avec la Russie en raison de son agression meurtrière, le Vatican peut certainement informer le patriarche Kirill que les contacts œcuméniques du Saint-Siège avec l'orthodoxie russe sont suspendus jusqu'à ce que Kirill condamne l'invasion de l'Ukraine, prouvant ainsi qu'il n'est pas une marionnette de Poutine.

  • Les républiques baltes dans le viseur de Vladimir Poutine ?

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    De Roberto de Mattei sur Corrispondenza Romana :

    Les racines de l'Europe chrétienne et la menace qui pèse sur les États baltes

    9 mars 2022

    Y a-t-il une opération dans le projet de Vladimir Poutine de séparer les trois républiques baltes (Lituanie, Lettonie et Estonie) de l'Union européenne ? Cela pourrait se produire si la Russie occupait le corridor de Suwalki, une bande de terre de 90 km reliant la Pologne à la Lituanie et séparant le Belarus de Kaliningrad, où est basée la flotte russe de la Baltique. Si le conflit ukrainien s'étend et que la Russie parvient à relier le Belarus à l'enclave de Kaliningrad, les États baltes seront isolés de toute aide éventuelle des forces terrestres de l'OTAN. Il ne s'agirait pas seulement d'un isolement militaire, mais d'une tentative de déseuropéanisation de ces peuples, pour lesquels les frontières politiques de l'Union européenne sont, comme celles de l'OTAN, une barrière défensive contre la Russie, leur ennemi séculaire. 

    La Lettonie et l'Estonie se reflètent dans le grand gouffre de Riga. La langue des Lettons, comme celle des Lituaniens, est indo-européenne, tandis que celle des Estoniens appartient à la souche finno-ougrienne. Cependant, au-delà des différences ethniques et linguistiques, le lien historique entre ces deux pays est plus étroit que celui qui les unit à la Lituanie. Ce dernier était un grand État, tandis que la Lettonie et l'Estonie, tout en conservant leur propre caractère national, étaient soumises à des puissances étrangères jusqu'au XXe siècle. Tallinn et Riga, les deux capitales, appartenaient à la Ligue hanséatique, l'alliance de villes qui, entre la fin du Moyen Âge et le début de l'ère moderne, a conservé le monopole du commerce sur une grande partie de l'Europe du Nord. Dans les vieilles villes de Riga et de Tallinn, on respire l'atmosphère médiévale typique des villes allemandes d'autrefois. C'est ainsi que nous imaginons que Lübeck et Gdansk étaient avant d'être détruites par la guerre. 

    Au Moyen Âge, la Lettonie et l'Estonie faisaient partie de la "Livonie", un territoire s'étendant de la basse vallée de la Daugava, ou Dvina occidentale, au golfe de Riga. Ce sont les "croisades baltes", organisées au début du 13e siècle, qui ont fait entrer ces peuples dans l'histoire de l'Occident. Les Allemands, qui avaient été conquis par la force par Charlemagne, ont à leur tour subjugué les peuples baltes et slaves par la force des armes. Riga a été fondée en 1201 par Albert de Buxtehudem, qui en a fait le siège de l'ordre religieux et chevaleresque des Chevaliers porteurs d'épée, plus tard incorporé à l'Ordre Teutonique. Tallinn a été fondée par le roi danois Valdemar II et l'archevêque Anders Sunesen de Lund en 1219. Elle aussi était fortifiée par de puissants murs et tours de guet et a accueilli les croisés de la Baltique.  Le premier évêque de Livonie fut le moine allemand St Meinhard (1134-1196), dont le culte a été restauré par Jean-Paul II lors de sa visite dans la région en 1993.  

    Les villes hanséatiques faisaient partie du Saint Empire romain germanique et avaient pour "protecteur" l'Ordre teutonique. À partir de 1466, elle avait son siège dans la ville de Koenigsberg, rebaptisée Kaliningrad en 1946. La vague protestante qui s'est répandue à partir de l'Allemagne au XVIe siècle a rapidement balayé les États baltes. Gotthard Kettler, le chef de l'ordre livonien, qui a succédé à l'ordre teutonique, se convertit au luthéranisme et devient duc de Courlande. Au cours des siècles suivants, la Pologne, le Danemark et la Suède se sont battus pour le Dominium Maris Baltici, qui est toutefois tombé sous l'influence de la Russie. Les héritiers des chevaliers teutoniques, les "barons baltes", propriétaires d'une grande partie des territoires, constituent une sorte d'"enclave" allemande dans l'immense Empire russe. Les forteresses baltes, disséminées parmi les forêts et les lacs aux couleurs sombres et chatoyantes, gardaient autrefois les frontières de la chrétienté.

    La Première Guerre mondiale éclate et le traité de Brest-Litovsk, signé entre la Russie et les Empires centraux le 3 mars 1918, amorce le processus de libération des États baltes. Avant que leur indépendance ne soit officiellement reconnue par le traité de Versailles, les Russes de l'Armée rouge et ceux de l'Armée blanche, les nationalistes lettons et estoniens et les milices recrutées par les barons baltes s'affrontent violemment dans ces régions. 

    Alors que le traité de Brest-Litovsk de 1917 sanctionnait l'indépendance des États baltes, le pacte Molotov-Ribbentropp du 23 août 1939 les a effacés de l'histoire. L'Estonie, la Lettonie et la Lituanie sont occupées par les Soviétiques et deviennent le théâtre de combats entre la Wehrmacht et l'Armée rouge. Staline ordonne la déportation en Sibérie des politiciens, des fonctionnaires, des prêtres, mais aussi de toute personne possédant une simple propriété. Parmi eux, l'archevêque jésuite Eduard Profittlich (1890-1942), nommé par Pie XI en 1931 administrateur apostolique de l'Estonie, le premier évêque catholique à travailler en Estonie depuis l'époque médiévale. Il est condamné à être fusillé et meurt le 22 février 1942 dans le goulag de Kirov, avant que sa peine ne soit exécutée. Son processus de béatification a été introduit.

    Les premières organisations de résistance à l'envahisseur voient le jour. Les partisans lettons et estoniens, qui ont pris le nom de Frères de la forêt, et l'Armée de la liberté lituanienne ont été les protagonistes, après 1945, d'une résistance armée épique à l'envahisseur soviétique. Contre les guérillas anticommunistes, les Soviétiques ont déployé des unités entières de l'Armée rouge, de la milice et de la police secrète du NKVD. La résistance s'est poursuivie après la fin de la guerre. Les Américains ont essayé dans les premières années de soutenir la lutte armée en parachutant de l'aide et des volontaires, mais l'infiltration soviétique au sein de la CIA a rapidement conduit à la liquidation de leur soutien. La répression sanglante du soulèvement hongrois en 1956 marque la fin des derniers espoirs d'aide occidentale. Des milliers de partisans sont morts dans ce qui fut la plus longue histoire de guérilla dans les pays baltes, mise en lumière surtout par les historiens Heinrihs Strods en Lettonie (Latvian National Partisan War 1944-1956, Latvijas, Riga 2003) et Mart Laar en Estonie (War in the Woods : Estonia's Struggle for Survival, 1944-1956, Whalesback Books, Washington D. C. 1992). C. 1992) et rappelé en Italie par Alberto Rosselli (La resistenza antisovietica e anticomunista in Europa orientale, 1944-1956, Settimo Sigillo, Roma 2004). 

    En décembre 1990, les associations Tradition, Famille et Propriété, dirigées par Plinio Corrêa de Oliveira (1908-1995) avaient apporté 5 212 580 signatures à Vilnius, menacée par Gorbatchev, pour défendre l'indépendance et la liberté de la Lituanie. Le 2 janvier 1991, le chef du Kremlin ordonne à ses chars d'envahir la Lituanie. Le gouvernement s'est retranché dans le Parlement, protégé par des masses de jeunes gens, chapelets à la main, chantant des hymnes à la Vierge. Neuf d'entre eux sont morts héroïquement, mais le président russe a été contraint de battre en retraite. L'exemple s'est répandu comme une traînée de poudre et les républiques soviétiques, à commencer par les républiques baltes, se sont détachées de Moscou, marquant le début de l'effondrement définitif de l'URSS.

    Depuis avril 2004, l'espace aérien balte est sous le contrôle des avions de l'OTAN, à la demande des peuples sur lesquels pèse une mémoire historique tragique. Lors de sa rencontre à Riga avec les dirigeants des trois républiques baltes le 9 mai 2005, le président américain George W. Bush a déclaré que l'occupation soviétique de l'Europe de l'Est après la Seconde Guerre mondiale resterait dans les mémoires comme "l'une des plus grandes injustices de l'histoire", ajoutant que les États-Unis en étaient aussi largement responsables. En effet, la conférence de Yalta de 1945, selon le président américain, s'inscrit dans le sillage de la tradition injuste des accords de Munich et du pacte Molotov-Ribbentrop.

    Aujourd'hui, le peuple ukrainien, mais aussi les habitants des républiques baltes menacées par Vladimir Poutine, regardent avec appréhension l'évolution dramatique de la guerre qui s'est ouverte au cœur de l'Europe. Dans la musique d'une beauté désolante de l'Estonien Arvo Pärt, l'un des plus grands compositeurs contemporains, le cri d'amour de ces terres pour les anciennes racines de l'Occident chrétien semble sortir des profondeurs du Moyen Âge et trouver de nouvelles formes d'expression.

  • Le projet géopolitique de Vladimir Poutine

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    De Luca Della Torre sur Corrispondenza Romana

    Le projet géopolitique de Vladimir Poutine

    9 mars 2022

    Les spécialistes de la géopolitique et les analystes du droit international et des relations internationales s'accordent à dire qu'il n'est pas possible de comprendre la guerre déclenchée par l'invasion de l'Ukraine sans utiliser les critères d'interprétation de l'appareil intellectuel russe sur lequel l'autocrate de Moscou, Vladimir Poutine, a construit son récit personnel de l'Histoire.

    En fait, l'objectif de la politique étrangère russe aujourd'hui n'est pas tant et seulement l'occupation de l'Ukraine, que celui de ramener la Russie au centre du nouvel ordre mondial, avec un rôle de premier plan dans la sphère euro-asiatique, en dépoussiérant l'arme militaire comme seul instrument de confrontation avec les États souverains.

    Dans la vision géopolitique de Poutine et de l'intelligentsia qui le soutient, il s'agit de recréer un nouvel ordre, ou plutôt un désordre mondial, dont la Russie, dans le sillage de l'Empire tsariste d'abord, et de l'Union soviétique communiste ensuite, est l'un des pivots politiques. Dans ce contexte, dominé par la "Macht-politik" ou politique de terreur militaire, l'Europe ne serait qu'un appendice, un pion dans la vision messianique de la suprématie de Moscou dans la domination du continent eurasien.

    Le protagoniste du chaos mondial est Vladimir Poutine, mais en réalité, il ne fait que concrétiser sur le terrain de la guerre une théorie géopolitique aux racines lointaines, qui va au-delà des alignements idéologiques du XXe siècle entre l'Occident libre et le communisme soviétique, et qui s'appuie sur la conception messianique de la primauté russe sur l'Occident et de la Russie comme "troisième Rome" orthodoxe et eurasienne.

    Le document sur la nouvelle doctrine militaire pour la sécurité stratégique signé en 2010 par le président russe de l'époque, Dmitri Medvedev, bras droit de Poutine, exprime bien l'ambition de la Russie de redevenir une superpuissance mondiale. Les piliers de cette doctrine sont : un antagonisme décisif envers l'Occident, la revendication de sa propre sphère d'influence politique et militaire sur les pays voisins de Moscou, et un accent renouvelé sur sa volonté d'utiliser des armes nucléaires. Plus qu'un document technique, en fait, la nouvelle doctrine militaire russe est un véritable manifeste politique, visant à définir les futures priorités géopolitiques du pays dans l'ordre mondial par la négation d'un système de relations internationales concertées entre États souverains, mais avec l'exaltation de la primauté de la mission géopolitique russe dans la présumée Eurasie.

    Autour de ce principe de relativisme stratégique qui exalte le conflit armé comme arme stratégique de la géopolitique, Poutine a déclenché son offensive globale contre la démocratie représentative, contre les droits civils et politiques de la liberté, contre les valeurs et les traditions nationales souveraines de l'Europe, contre les États-Unis, contre l'OTAN qui, ne l'oublions pas, a été pendant soixante-dix ans le seul parapluie salvateur de l'Europe contre l'expansionnisme totalitaire communiste russe. Qui sont les intellectuels, les penseurs et les politologues dont Poutine s'inspire dans cette épreuve de force extrêmement dangereuse avec l'Occident ?

    La première référence est le philosophe Lev Gumilëv (1912-1992), fils de la poétesse Anna Achmatova, l'un des principaux théoriciens de la vision eurasienne de l'histoire et partisan de l'idée que la Russie ne doit pas céder aux tendances pro-slaves, mais plutôt exalter le lien historique et culturel avec les Mongols qui ont envahi et refondé Moscou selon une conception impériale eurasienne protégée par la primauté catholique culturelle et religieuse de l'Europe. Gumilëv a affirmé que le destin de la Russie moderne est de transformer l'Europe en Mongolie, car c'est la culture mongole qui a tempéré le caractère russe.

    Mais surtout, le professeur Sergey Karaganov, président honoraire du Conseil de politique étrangère et de défense, principal think tank du Kremlin, fondé par Vitaly Shlykov (1934-2011), l'un des espions les plus efficaces au service du Kremlin, connu pour ses exceptionnelles capacités de prospective stratégique, mérite l'attention pour son autorité dans le débat au sein de la communauté scientifique internationale et pour sa proximité avec Poutine. Après la mort de Shlykov, Karaganov est probablement la véritable éminence grise de la pensée géopolitique de Poutine. L'analyse de l'universitaire moscovite, publiée dans le journal Russia in Global Affairs et reprise ensuite par Russia Today, parle d'une nouvelle phase de "destruction constructive" dans la politique étrangère de Moscou et décrit ce qu'est la "doctrine Poutine".

    Karaganov affirme que le cadre des relations internationales tel qu'il s'est développé depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale n'a plus de raison d'être ; que l'Occident n'a plus de raison de se targuer d'une prétendue primauté politique, culturelle et éthique dans l'élaboration du cadre des principes juridiques et politiques de la liberté et de l'État de droit qui sont à la base des accords de l'ONU ; que la priorité de toute grande puissance, la Russie in primis, est de garantir la sécurité et la prospérité dans une sphère d'influence sur les États voisins, ignorant ainsi la primauté de la souveraineté des États eux-mêmes. À cet égard, en particulier, Karaganov affirme que l'effondrement regrettable de l'Union soviétique a laissé des peuples entiers sans sentiment de nationalité incapables de s'affirmer en tant qu'États souverains parce que les élites politiques de ces peuples manquent des éléments historiques des valeurs qui devraient les caractériser.

    D'où la mission de la Russie d'établir une union eurasienne, capable de diriger et de coordonner le bien commun de ces peuples sous sa direction autoritaire, en partenariat avec la solide alliance de la Russie avec la Chine. Selon Karaganov, la Russie peut s'appuyer sur ses capacités militaires pour parvenir à ce que les experts occidentaux appellent la "domination par escalade" en Europe et dans d'autres zones d'intérêt vital. "Nous savons aussi que l'article 5 de l'OTAN est absolument inutile - il suffit de le lire - malgré l'avalanche d'assurances. Et en aucun cas, les États-Unis ne se battraient en Europe contre une puissance nucléaire et ne risqueraient une puissance dévastatrice. J'ai étudié l'histoire et le développement de la stratégie nucléaire américaine. De plus, la Russie bénéficie du soutien de la Chine, ce qui renforce considérablement les capacités militaires des deux pays. La Russie a détruit toutes les coalitions européennes qui ont tenté de la vaincre - les dernières menées par Napoléon et Hitler" (https://formiche.net/2022/02/ucraina-russia-karaganov/).

    On peut comprendre à partir de ces déclarations comment les déclarations de Poutine sur la prétendue inexistence d'un peuple ukrainien, et sur la prétendue incapacité de l'Ukraine à exister en tant qu'État souverain, peuvent être appliquées, dans la logique de la primauté eurasienne russe, à de nombreux autres États qui ont souffert du talon communiste pendant plus de soixante-dix ans : Ce n'est pas un hasard si Karaganov va imprudemment jusqu'à mentionner les pays baltes, qui ont plutôt de solides racines historiques et culturelles en Finlande, en Allemagne ou en Pologne, ou plutôt les pays du Caucase fidèles à la primauté religieuse de l'Église catholique de Rome. Face à ce scénario d'agressivité culturelle, plus encore que militaire, l'Europe n'a guère d'options : se préparer à défendre non seulement ses propres intérêts géopolitiques, mais aussi sa survie même.

  • "L'ère de la domination occidentale mondiale peut être considérée comme complètement et définitivement révolue"

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    Du site de la Fondation pour l'innovation politique (FONDAPOL) :

    « La Russie n'a pas seulement défié l'Occident, elle a montré que l'ère de la domination occidentale mondiale peut être considérée comme complètement et définitivement révolue »

    2 mars 2022

    La Fondation pour l’innovation politique a traduit du russe au français la version complète d’un édito de l’agence russe RIA Novosti, signé du chroniqueur Pyotr Akopov et titré « L’avènement de la Russie et du nouveau monde ». Cet article a été accidentellement mis en ligne le 26 février 2022. Initialement, la publication de ce texte devait avoir lieu après l’occupation de l’Ukraine par la Russie. L’article a été rapidement effacé, mais le service Web d’Internet Archive a réussi à le sauver.

    Cet article décrit le projet impérialiste conçu par Poutine. La russification totale de l’Ukraine et de la Biélorussie est présentée comme le point de départ d’une recomposition de l’ordre mondial. Le texte a été traduit du russe par Inna Uryvskaya.

    Un nouveau monde naît sous nos yeux. L’opération militaire russe en Ukraine a inauguré une nouvelle ère, et ce en trois dimensions1 à la fois. Sans oublier la quatrième, la dimension interne à la Russie. Une nouvelle période commence aujourd’hui, à la fois d’un point de vue idéologique et socioéconomique ; mais ce sujet mérite d’être abordé plus tard.

    La Russie restaure son unité. En effet, la tragédie de 1991, cette terrible catastrophe de notre histoire, cette dislocation contre nature, est enfin surmontée. Cette restauration exige de grands sacrifices, par les événements tragiques d’une quasi-guerre civile, où des frères, séparés par leur appartenance aux armées russe et ukrainienne, se tirent encore dessus, mais il n’y aura plus d’Ukraine antirusse. La Russie est rétablie dans son intégralité historique, rassemblant le monde russe, le peuple russe : les Grands-Russes2, les Biélorusses et les Petits-Russes3.

    Abandonner l’idée de cette réunification, laisser cette division temporaire s’installer pendant des siècles, c’est trahir la mémoire de nos ancêtres et se faire maudire par nos descendants pour avoir laissé la terre russe se désintégrer.

    Vladimir Poutine a assumé, sans exagération aucune, une responsabilité historique en prenant la décision de ne pas laisser la question ukrainienne aux générations futures. En effet, la nécessité de régler le problème de l’Ukraine ne pouvait que demeurer la priorité de la Russie et ce pour deux raisons essentielles. Et la question de la sécurité nationale de la Russie, c’est-à-dire laisser l’Ukraine devenir une anti-Russie, n’est pas la raison la plus importante.

    La raison principale est un éternel complexe des peuples divisés, un complexe d’humiliation nationale dû au fait que le foyer russe a d’abord perdu une partie de ses fondations (Kiev), et doit supporter l’idée de l’existence de deux États, de deux peuples. Continuer à vivre ainsi serait renoncer à notre histoire, soit en acceptant l’idée insensée que « seule l’Ukraine est la vraie Russie » ou en se rappelant, impuissants et en grinçant des dents, l’époque où « nous avons perdu l’Ukraine ». Au fil des décennies, la réunification de la Russie avec l’Ukraine, deviendrait de plus en plus difficile : le changement des codes, la dérussification des Russes vivant en Ukraine et la propagande antirusse parmi les Petits-Russes ukrainiens auraient pris de l’ampleur. Aussi, si l’Occident avait consolidé le contrôle géopolitique et militaire en Ukraine, le retour à la Russie serait devenu totalement impossible, puisque les Russes auraient dû affronter tout le bloc atlantique.

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  • Les Églises chrétiennes rattrapées par le conflit en Ukraine

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    Dans l’hebdomadaire « La Vie », Marie-Lucile Kubacki parcourt le terrain miné pour l’engagement des chrétiens :

    Ukraine image (1).jpg« Le 28 février, le cardinal Parolin, ministre des Affaires étrangères du Vatican, interrogé par quatre journaux italiens, plaide pour l’arrêt de l’escalade militaire et des bombardements, ainsi que pour l’ouverture de négociations. Il tend également la main pour une forme de médiation diplomatique : « Le Saint-Siège, qui ces dernières années, a suivi les événements en Ukraine de manière constante, discrète et avec une grande attention, en offrant sa volonté de faciliter le dialogue avec la Russie, est toujours prêt à aider les parties à reprendre cette voie », déclare-t-il.

    Trois jours plus tôt, le pape François s’est rendu au siège de l’ambassade de Russie près le Saint-Siège, via della Conciliazione, pour manifester sa préoccupation pour la guerre. Un geste inédit, hors des habitudes diplomatiques. Le 26 février, il a également échangé par téléphone, avec le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, qui l’a ensuite remercié sur Twitter pour son « soutien spirituel ».

    Il s’est entretenu par téléphone avec le responsable de l’Église gréco-catholique d’Ukraine, Mgr Sviatoslav Shevchuk, réfugié dans les sous-sols de la cathédrale de la Résurrection, à Kiev, l’assurant, selon un porte-parole grec-catholique, qu’il ferait « tout ce qu’il pouvait ». Lors du dernier angelus et de l’audience générale du 23 février, il a fustigé « la logique diabolique et perverse des armes » et appelé à prier et à jeûner pour la paix en Ukraine et dans le monde, le mercredi des Cendres.

    A lire aussi : Guerre en Ukraine : les Églises multiplient les appels à la paix

    L’Ukraine, épine dans le pied du Saint-Siège

    Le Saint-Siège pourrait-il rejouer un scénario comme celui de la médiation de Jean XXIII avec Khrouchtchev au moment de la crise des missiles de Cuba de 1962 ? Difficile à croire, tant le monde a basculé en l’espace de 60 ans. Le contexte, le monde et les interlocuteurs sont totalement différents. « Poutine ne comprend que le rapport de force. Se placer sur un plan spirituel avec lui n’aurait pas de sens. Le pardon, la miséricorde… C’est un langage dont il se moque », alerte Yves Hamant, professeur émérite des universités en civilisation russe et soviétique.

    En outre, impossible de décrypter précisément l’attitude du Saint-Siège, tant les informations sur le sujet sont un des secrets les mieux gardés du moment, signe d’une prudence extrême. Il faut dire que le terrain est miné. « L’Ukraine a toujours été une épine dans le pied de la diplomatie vaticane », réagit Constance Colonna-Cesari, auteure de « Dans les secrets de la diplomatie vaticane » (Seuil, 2016), qui rappelle que l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014 n’avait suscité aucune condamnation de la part du Saint-Siège.

    « Le pape joue là un jeu délicat, poursuit-elle, car il a toujours voulu maintenir un bon dialogue avec le patriarche de Moscou, Kirill, avec lequel il a signé en 2015 un accord pour l’unité à La Havane. Or l’Ukraine est une question qui fâche le Patriarcat de Moscou, qui perd des fidèles depuis que plusieurs Églises orthodoxes font sécession. » C’est le cas de l’Église orthodoxe d’Ukraine qui, au grand dam de Moscou, a été reconnue comme « autocéphale » en 2019 par le Patriarcat de Constantinople, avec lequel François entretient aussi de bonnes relations.

    A lire aussi : En Ukraine, les communautés religieuses prient pour « ne pas laisser gagner la peur »

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