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Europe - Page 42

  • Des crimes contre l'humanité

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    De KathNet.News :

    "Le monde n'a pas vu ça depuis la Seconde Guerre mondiale."

    1er mars 2022

    "La Russie mène des frappes aériennes sur des maisons, des jardins d'enfants, des écoles, des hôpitaux. Les voies d'évacuation des civils sont attaquées" - Un économiste de l'archidiocèse de Kiev accuse la Russie de "crimes contre l'humanité"

    Munster/Kiev (pbm/sk). "Il n'y a rien de pire que d'être réveillé par des raids aériens." C'est ainsi que l'archiprêtre Vitaliy Herasymiv, économiste de l'archidiocèse de Kiev, commence sa description de la situation dans la capitale ukrainienne. Dans le rapport qu'il envoie maintenant à l'évêque auxiliaire Dr. Stefan Zekorn, représentant épiscopal de l'Église universelle dans le diocèse de Münster, souligne : « L'Ukraine et ses soldats ne défendent pas seulement l'indépendance de l'Ukraine, mais toute l'Europe et le monde.

    Le prêtre accuse la Russie de "crimes contre l'humanité" : "La Russie mène des frappes aériennes sur des maisons, des jardins d'enfants, des écoles, des hôpitaux. Les voies d'évacuation des civils sont attaquées. Le monde n'a pas vu cela depuis la Seconde Guerre mondiale.

    L'archiprêtre écrit que les prêtres de l'Église gréco-catholique ukrainienne continuent d'exercer leur ministère, de la célébration de l'Eucharistie dans les sous-sols à la mise en place d'abris et d'abris temporaires pour les réfugiés et à la collecte de nourriture. Il cite un étudiant décrivant la vie dans un abri anti-aérien comme suit : « Il n'y a pas de terre mais du sable qui s'élève facilement dans l'air et se dépose sur les voies respiratoires. Y compris beaucoup d'ordures et de seringues usagées. Nous dormons sur des portes en bois trouvées dans le même sous-sol. Il y a assez de nourriture et d'eau, mais il fait froid la nuit. Il n'y a pas de ventilation, ça pue et il y a des rats. Au total, il y a environ 50 personnes au sous-sol, dont une quinzaine d'enfants. Nous n'avons pas accès à l'église, alors nous prions la liturgie au sous-sol,

    Dans le même temps, le rapport de l'archiprêtre indique clairement que le peuple ukrainien est déterminé à repousser les envahisseurs russes avec l'aide d'autres pays : "Si nous nous unissons, nous pourrons donner à l'agresseur d'aujourd'hui une digne répulsion." , Archiprêtre Herasymiv cite un prêtre nouvellement ordonné.

    Poutine fait bombarder massivement la deuxième plus grande ville d'Ukraine - de nombreux morts et blessés !

    Photo: (c) Jardin d'enfants dans l'abri anti-aérien de Kiev

  • Tirer correctement les leçons de l’invasion de l’Ukraine (Chantal Delsol)

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    Du site du Figaro () via artofuss.blog :

    Chantal Delsol: «Les grands mots ronflants sur la paix universelle n’ont jamais rien produit»

    28 février 2022

    CHRONIQUE – Même si les Occidentaux n’ont aucune velléité belliqueuse, ils doivent tirer les leçons de l’invasion de l’Ukraine et s’armer pour préparer les guerres futures, explique la philosophe. «Nous allons devoir comprendre que notre pacifisme ne s’est pas étendu à la terre entière», argumente-t-elle.

    Il est très extraordinaire de constater depuis des années la complaisance, voire le soutien, d’une partie de la droite française à l’égard de Poutine. La raison en est d’abord l’antiaméricanisme de ce courant, capable de valoriser n’importe quel adversaire de l’Amérique. Et puis la droite a parfois tendance à croire que Poutine est un conservateur, parce qu’il pourchasse les Pussy Riot et révère les patriarches orthodoxes – ce qui est une profonde méprise, Poutine est juste un gangster et un autocrate pragmatique. Son discours contre «la décadence de l’Occident» peut plaire à ceux qui, ici, déplorent le crépuscule de nos croyances – et pourtant il n’y a guère plus décadent que Poutine et ses oligarques, nés dans le chaudron communiste où il n’y eut jamais ni principes, ni valeurs, ni conscience morale.

    Pourtant, les menées de ce personnage inquiétant peuvent nous inciter à un certain retour au réel.

    Nous sommes les héritiers des utopies multiples. Le marxisme et aussi le nazisme étaient des utopies. Nous ne nous sommes pas encore débarrassés de cette forme de pensée. Aussitôt après la chute du communisme ont émergé les théories de la «fin de l’histoire», qui reprenaient l’une des croyances chères au marxisme: celle du paradis sur terre, à gagner bientôt par quelques sacrifices présents. Depuis la fin de la guerre froide et la chute du mur de Berlin, l’Occident se trouve encore ancré dans l’illusion de l’anéantissement des guerres, du commerce qui remplace la force (vieille idée qui n’est pas fausse mais ne peut pas être aussi radicale), du gouvernement mondial, de la morale qui remplace la politique.

    C’était à nous d’apporter la démocratie au monde, ce que nous avons tenté de faire en soutenant partout les révolutions de couleurs et en aidant à faire tomber les dictateurs. Les révolutions de couleurs, qui se sont avérées surtout le fait d’une élite occidentalisée, ont été partout réprimées, et quand la chute d’un dictateur nous permettait d’aider à établir la démocratie, le vote conférait souvent le pouvoir à d’autres dictatures. Nous sommes néanmoins encore volontiers convaincus que nous allons abolir la force et la violence, la guerre, la conquête et les frontières, grâce à la modernité, à la consommation et au «doux commerce». Il suffit de regarder les documents européens pour apercevoir cette utopie en toutes lettres. Pendant que Poutine (comme d’ailleurs l’ensemble des peuples non occidentaux) se trouve «encore» dans la mentalité de la force et de l’identité nationale et culturelle, ce qui nous paraît d’un esprit obsolète.

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  • Prière pour la paix en Ukraine en la cathédrale de Liège ce mercredi 2 mars

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    Diocèse de Liège - Diözese Lüttich - Église catholique de LiègeCommuniqué de presse: Prière pour la paix en Ukraine en la cathédrale de Liège ce mercredi 2 mars

    Prier au milieu des cris de guerre

    La situation en Ukraine est de plus en plus préoccupante et révoltante. En tant que chrétiens, notre seule arme consiste dans la prière et la communion avec la communauté de ce pays à Liège.

    Partout dans le diocèse, lors des messes dominicales du weekend passé, on a déjà prié pour les victimes de cette guerre scandaleuse et pour le peuple ukrainien. En plus, le pape François demande aux catholiques de faire du Mercredi des Cendres (2 mars), jour d’entrée dans le carême, un jour de prière et de jeûne.

    L’évêque de Liège et le chapitre cathédral voudraient s’associer à cette démarche en invitant tout le monde à un temps de prière ce mercredi à 19h30 à la cathédrale de Liège. Il sera animé avec la participation du Père Mikhailo Thevtsov, administrateur de la communauté gréco-catholique ukrainienne de rite byzantin*.

    Tout le monde est le bienvenu !

    Jean-Pierre Delville, évêque de Liège

    Lambert Wers, doyen du chapitre cathédral

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    * Le père Mykhailo Shetsov est le prêtre de cette communauté. Il a été ordonné en 2017 à Lviv (Ukraine). Avant son ordination, il était déjà marié à Natalia. Ensemble, ils ont deux petits bambins: Mathieu, 5 ans, et Martin, 2 ans et demi. En septembre 2017, Mykhailo a déménagé de Paris à Liège avec sa famille pour exercer la fonction d'aumônier de la Communauté ukrainienne de Liège. Une fois en Belgique, il a reçu, selon la demande de Mgr Delville, évêque de Liège, et de son propre évêque Borys, la permission du Vatican pour célébrer les messes en rite latin et aider les paroisses locales en pastorale.

  • De Suez (1956) à Kiev (2022) : l’Europe entre le marteau et l’enclume

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    De Ludovic Lavaucelle sur la Sélection du jour :

    De Suez en 1956 à Kiev en 2022 : l’Europe entre le marteau et l’enclume

    Le baril de pétrole a franchi les 100 $, une première depuis 2014 (année de la prise de contrôle de la Crimée par les Russes) et un nouveau choc pétrolier majeur s’annonce. La Russie est le deuxième plus gros exportateur de pétrole, fournissant presque 5 millions des 100 millions de barils consommés chaque jour dans le monde. Plus de la moitié de ces exportations abreuvent l’Europe de l’Ouest en traversant l’Ukraine et la Biélorussie par des pipelines. Dans le contexte du conflit actuel, il n’y a pas de bonne perspective pour les Européens, entre la fermeture du robinet et continuer à remplir les caisses du Kremlin. Les chocs pétroliers ont la dangereuse habitude de provoquer de graves crises économiques. C’est ce que nous rappelle Peter Franklin pour Unherd (voir son article en lien).

    En juillet 2008, le prix de pétrole atteignait un record avec $147 le baril déclenchant une crise financière mondiale. Le coût de l’essence a provoqué l’écroulement de la confiance dans les programmes immobiliers éloignés des centres-villes, et, par ricochets, la chute des marchés des hypothèques à risque. Pendant ce temps, les Russes attaquaient la Géorgie.

    Les chocs pétroliers des années 70 plongèrent l’Occident dans une dépression longue d’une décennie. Les Américains démoralisés furent humiliés par les Vietnamiens puis traumatisés par l’arrivée du régime des ayatollahs en Iran. L’URSS envahit l’Afghanistan…

    La crise du canal de Suez en 1956 fut aussi trempée dans le pétrole. 70% des importations d’or noir atteignaient l’Europe de l’Ouest par ce passage stratégique. Alors, quand Nasser décida de nationaliser le canal, la panique frappa les Britanniques et les Français. Ils montèrent une opération militaire pour prendre le contrôle de l’artère vitale. Le Président américain Eisenhower, furieux de cette initiative, décida de punir ses alliés rebelles : il refusa de leur faire profiter de ses réserves d’urgence. Alors qu’ils étaient vainqueurs sur le terrain, les alliés européens humiliés étaient forcés de se retirer. A la même époque, les Russes intervenaient en Hongrie pour écraser l’insurrection anti-communiste. L’attitude de Washington a eu un impact majeur : la fin de l’illusion que l’Oncle Sam serait toujours là pour ouvrir le robinet énergétique d’urgence.

    Cet événement a contribué à pousser la France à construire un partenariat rapproché avec l’Allemagne et poser les fondations de l’Union Européenne. Adenauer dit au gouvernement français : « l’Europe sera votre revanche ». Et les pays d’Europe de l’Ouest conclurent un accord avec Khrouchtchev pour avoir accès au pétrole russe. Des pipelines est-ouest furent construits transformant l’URSS en exportateur majeur d’or noir. Ce qui nous ramène à aujourd’hui…

    Le Président Biden pourrait être tenté de restreindre ses exportations de pétrole et de gaz pour ménager le portefeuille des citoyens américains. Une telle décision rendrait les Européens encore plus vulnérables face au chantage exercé par Vladimir Poutine – tout particulièrement les pays frontaliers de la Russie. L’Europe se retrouve prise en étau, dépendante des Américains et des Russes pour son énergie. Cette situation inconfortable démontre la folie de la politique allemande d’abandon du nucléaire et réclame un revirement total de Berlin. La priorité à court-terme est de sécuriser l’approvisionnement énergétique en étant pragmatique : par exemple conclure dès que possible les discussions engagées avec Téhéran. Côté britannique, il faut oublier le programme préconisant d’abandonner de nouvelles recherches en Mer du Nord au nom de la lutte contre le « réchauffement climatique ».

    En fait, la crise internationale rapproche les agendas sécuritaire et environnemental. La dépendance en carburants fossiles est une menace pour la sécurité et la souveraineté des pays européens. Il y a urgence d’échapper au chantage énergétique russe tout en ne dépendant pas du bon vouloir de Washington qui n’hésite pas à utiliser l’Europe pour mieux servir ses intérêts. Une approche pragmatique avec une vision stratégique à long-terme enjoint de favoriser le nucléaire, garantie d’indépendance et moins pollueur. Elle demande aussi de négocier avec d’autres dictatures, en Iran et au Moyen-Orient, pour multiplier nos fournisseurs à court-terme. Les pays de l’Union Européenne, membres de l’OTAN, sont entre le marteau russe et l’enclume américaine sur le terrain énergétique. On a vu, avec les conséquences de l’épidémie du Covid dévoilant les ravages de la désindustrialisation, qu’ils étaient aussi entre le marteau américain et l’enclume chinoise sur le terrain du commerce international… Les puissances européennes, la France en premier lieu, doivent trouver leur voie pour leur propre survie et pour jouer un rôle d’équilibre entre les géants ennemis.

    Ludovic Lavaucelle

    Lire : The Ukraine crisis started with Suez

  • 16 nouveaux bienheureux espagnols, martyrs tués en haine de la foi

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    D'Anita Bourdin sur zenit.org :

    La foule et le pape François applaudissent 16 nouveaux bienheureux espagnols

    Ce sont 14 prêtres, un séminariste et un jeune laïc

    La foule présente place Saint-Pierre et le pape François ont applaudi, ce dimanche, après l’angélus du 27 février 2022, les 16 nouveaux martyrs espagnols béatifiés hier, samedi 26 février, dans la cathédrale de Grenade: 14 prêtres, un séminariste et le président des jeunes de l’Action catholique.

    Le pape a déclenché les applaudissements en disant, en italien: « Hier, à Grenade, en Espagne, ont été béatifiés le prêtre Cayetano Giménez Martín et quinze compagnons martyrs, tués « en haine de la foi » dans le cadre de la persécution religieuse des années 1930 en Espagne. Que le témoignage de ces héroïques disciples du Christ suscite chez tous le désir de servir l’Evangile avec fidélité et courage. Des applaudissements pour les nouveaux bienheureux! »

    Cayetano Giménez Martín et ses 15 compagnons prêtres et laïcs, ont été, selon la formule consacrée, « tués en haine de la foi » durant la guerre civile espagnole en 1936: ils sont donc béatifiés en tant que martyrs. Voici leurs biographies publiées en italien par la Congrégation pour les causes des saints.

    Bienheureux martyrs de Grenade (Espagne) © capture de Zenit / Vatican News

    Bienheureux martyrs de Grenade (Espagne) © capture de Zenit / Vatican News

    Un prêtre, Cayetano Gimenez Martin

    Cayetano Gimenez Martin est né à Alfornón près de Grenade le 27 novembre 1866. Il a étudié au Séminaire de San Cecilio, mais a résidé au Collège de San Ferdinando. C’est un élève très brillant : après avoir obtenu une licence en théologie, il suit pendant trois ans des cours de droit canonique.

    Ordonné prêtre en 1892, il avait en même temps sa première charge pastorale à Alfornón, sa ville natale. Plus tard, il a été coadjuteur et curé de Lújar, curé d’Alboloduy (dans la province d’Almería) et curé et archiprêtre de l’Église Majeure de l’Incarnation de Loja.

    C’était un prêtre dévoué, austère et charitable. Un bon, sage, humble et prudent ministre du Seigneur, un vieillard paisible et vénérable. C’est aussi un homme de paix : en sa qualité d’archiprêtre, il tente de faciliter les relations entre le clergé des trois paroisses de la ville.

    Ses paroissiens se rendent vite compte du grand amour qu’il porte à l’Eucharistie : il passe de longs moments d’adoration devant le Tabernacle. Il était aussi très dévoué à la Vierge Marie.

    Même dans sa ville, cependant, les échos de la révolte militaire du 18 juillet 1936, qui a déclenché la guerre civile espagnole, sont arrivés. Le 23 juillet, alors que Grenade est déjà tombée aux mains des émeutiers, on lui propose de fuir en camion ; lui, en revanche, a choisi de rester dans la paroisse. Lorsque l’église a été incendiée, il s’est réfugié chez un ami médecin, mais quelques jours plus tard, il a été découvert et arrêté.

    Il est resté en prison pendant environ trois jours, jusqu’au 9 août, date à laquelle il a été emmené avec six autres personnes au cimetière de Loja pour y être fusillé. Il manifesta alors une dernière volonté : « Je voudrais mourir en dernier ». Il a été satisfait, et il a ainsi pu leur donner l’absolution.

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  • Russie-Ukraine: l'échec de "notre maison commune"

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    Faut-il ajouter encore une contribution au déluge de paroles et d'écrits que suscite le drame russo-ukrainien ? Je m'en abstiendrais si nos médias, en tout cas les plus dominants, ne faisaient pas l'impasse sur des faits et des considérations majeurs, ou ne les traitaient pas comme quantités négligeables. Je ne prétends pas venir avec un propos d'expert. Seulement celui d'un observateur qui connaît l'histoire et sait deux ou trois choses sur ces pays où sa carrière professionnelle lui a permis de se rendre à l'occasion et de nouer des contacts. Deux pays dont l'Europe sécularisée ne pourrait se couper sans perdre un des pôles demeurés les plus vivants de son héritage chrétien et culturel.

       Si tous les internautes qui se répandent sur les réseaux sociaux en imprécations contre l'agresseur abandonnaient leurs claviers, tablettes ou smartphones pour s'engager comme volontaires dans l'armée ukrainienne… Si les politiciens, les journalistes, les intellectuels, les artistes qui ne voient que le mal d'un côté et le bien de l'autre faisaient de même… C'est trop peu dire que le président Zelenskyï se sentirait moins seul. L'armée russe aurait tôt fait de reculer sous le poids du nombre!

       Evidemment, cela n'arrivera pas. Et quant à nos Etats, ils se contentent d'annoncer des sanctions financières, dont les populations souffriront et qui, politiquement, pourraient bien n'avoir d'autre effet que celui de rapprocher encore un peu plus Moscou de Pékin, malgré leurs nombreuses divergences. Il est aussi question de livrer aux Ukrainiens des armes qui, dans le contexte chaotique actuel, ont toutes les chances de tomber finalement entre les mains des forces russes ou dans celles des groupements paramilitaires sévissant un peu partout pour l'une ou l'autre cause. J'allais oublier: la Russie sera aussi exclue de certaines compétitions sportives internationales ainsi que… du Concours Eurovision de la chanson. Si ces heures n'étaient pas désolantes, il y aurait de quoi rire.

       Le moins grave, dans ce maelström d'aboiements sans mordre, de condamnations par les mots et d'inaction dans les faits, est qu'il avait été annoncé, il y a des semaines déjà, depuis la Maison blanche. Joe Biden, qui a amplement démontré que les habits de président sont trop grands pour lui, fit en effet savoir qu'il n'y aurait pas d'envoi de troupes américaines – et donc de l'Otan – en Ukraine en cas d'invasion. A en croire certains géostratèges, cette déclaration aurait convaincu Vladimir Poutine de passer à l'action, une telle fenêtre d'opportunité risquant de ne pas se présenter deux fois.

       Si, lors de la crise des missiles de Cuba, en 1962, John Kennedy fit reculer les Soviétiques, c'est parce qu'il avait su les persuader qu'il était résolu à répliquer, fût-ce au prix d'une troisième guerre mondiale. On peut certes estimer que dans le conflit actuel et pour en éviter l'élargissement, il vaut mieux que les Occidentaux ne s'impliquent pas directement. Mais encore fallait-il avoir l'intelligence de ne pas le dire. 

    LES "NAZIS" D'UN CÔTÉ, LES "DÉMONS" DE L'AUTRE

       Avant d'aller plus loin, et pour qu'on ne se méprenne pas sur l'intention qui sous-tend cet article, une mise au point s'impose. Comme tout le monde, j'ai espéré jusqu'au dernier moment que l'option d'une intervention armée serait écartée, au moins hors des oblasts séparatistes de Donetsk et de Louhansk. De la décision de Poutine, dont il portera la lourde responsabilité devant l'histoire, nous voyons les conséquences humaines, même s'il faut tenir compte du règne des "infox", de part et d'autre, inéluctable en cas de guerre. Je m'en voudrais d'opposer ici la froide raison à l'émotion bien compréhensible.

       L'intervention télévisée du Président de la Fédération de Russie, le 24 février dernier, contient deux ou trois passages qui ont été amplement cités et constituent, de fait, des outrances rhétoriques: "défendre les gens qui depuis huit ans sont soumis à des brimades et à un génocide de la part du régime de Kiev"; "parvenir à la démilitarisation et à la dénazification de l'Ukraine" [1]. Peu ou prou, les dirigeants ukrainiens, depuis l'indépendance, ont cédé de fait à la tentation d'ériger l'Etat sur la base d'une homogénéisation culturelle, un travers constant depuis le XIXè siècle, "siècle des nationalités". Une loi promulguée en 2017 a prévu d'imposer la langue ukrainienne dans tous les collèges et lycées, y compris là où le russe est la langue usuelle des professeurs et des élèves. Les fonctionnaires qui, dans le cadre de leur travail, s'expriment dans une autre langue que l'ukrainien, peuvent être sanctionnés. Plus grave encore est l'action de bandes ultranationalistes, néonazies pour certaines, qui s'en prennent aux russophones. Mais de là à parler d'un "génocide" et d'un pays "nazifié", il y a tout l'écart qui sépare la réalité d'un abus de langage. Ce qui s'entend parfois en face ne vaut certes guère mieux. Quand l'Eglise orthodoxe d'Ukraine autocéphale déclara son indépendance à l'égard du patriarcat de Moscou en 2019, le Président ukrainien Petro Porochenko présenta l'événement comme une grande victoire "sur les démons de Moscou, une victoire du bien sur le mal, de la lumière sur les ténèbres".

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  • La croisade idéologique de Poutine : ce qu'en disait Mathieu Slama en 2016

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    De Pascal Boniface (Directeur de l'Institut de relations internationales et stratégiques) sur Le Club de Mediapart :

    Reflexions sur la croisade idéologique de Poutine

    J'interroge Mathieu Slama a propos de son livre"La Guerre des Mondes" Editions de Fallois

    1er août 2016

    La guerre des mondes – 3 questions à Mathieu Slama

    Mathieu Slama intervient de façon régulière dans les médias sur les questions de politique internationale. Il a publié plusieurs articles sur la stratégie de Poutine vis-à-vis de l'Europe et de l'Occident. Il répond à mes questions à l’occasion de son dernier ouvrage : « La guerre des mondes : réflexions sur la croisade idéologique de Poutine contre l'Occident », paru aux Éditions de Fallois.

    1.Vous évoquez une incompréhension entre l’Europe et la Russie sur le terrain des valeurs et de la religion qui expliquerait en partie nos différends géopolitiques. Pouvez-vous développer ?

    Mon intuition est la suivante : ce qui se joue entre la Russie de Poutine et les pays occidentaux est beaucoup plus fondamental qu’un simple conflit d’intérêts autour des questions syrienne et ukrainienne. Selon moi, il y a en arrière-plan de ce conflit une opposition entre deux grandes visions du monde concurrentes.

    La vision occidentale, pour résumer, est libérale au sens où elle définit avant tout la communauté politique comme une organisation permettant de garantir les libertés individuelles. La patrie, la communauté, les traditions particulières sont dans cette vision des vestiges appartenant au passé. La vision de Poutine est traditionnaliste : la communauté politique est pour lui le produit d’une histoire et d’une culture particulières qui priment sur les libertés individuelles. Il y a là, donc, deux langages très différents qui se font face.  

    La question religieuse, que vous évoquez, me semble assez bien illustrer cette opposition idéologique. Quand le groupe ultra-féministe Pussy Riots fait irruption dans la cathédrale de Moscou en proférant des injures, elles sont condamnées aussi bien du point de vue pénal que du point de vue de l’opinion publique. Pour expliquer cette condamnation, Hélène Carrère d’Encausse avait assez bien résumé les choses : pour les Russes et pour Poutine, il y a des choses qui ne se font pas, tout simplement. En France, l’action des Femen dans la cathédrale Notre-Dame n’avait guère choqué ni l’opinion publique ni les autorités. Nous avons perdu tout sens du sacré : au nom de la liberté, tout peut être profané, en particulier les symboles religieux (cf. les caricatures de Mahomet…). Evoquer nos racines chrétiennes ? vous n’y pensez pas ! De son côté, Poutine n’a de cesse d’exalter la tradition orthodoxe de son pays. Il s’est récemment rendu à une cérémonie célébrant le millième anniversaire de la présence russe au Mont Athos en Grèce, la « Sainte Montagne » orthodoxe où des moines vivent et prient depuis le Xème siècle. Le symbole est immense.

    Il me semble que Poutine a compris une chose essentielle (quoi qu’on pense de l’homme) : la politique, ce n’est pas seulement une affaire de règles de droits garantissant les libertés individuelles. La politique, c’est autre chose : l’habitation d’un espace particulier, l’héritage de mythes fondateurs, de traditions et de symboles qui inscrivent un pays dans une trajectoire historique qui lui est propre. Si tout n’est que droits, alors il n’y a plus de communautés particulières. Et donc plus de politique. La force de Poutine est de nous confronter à ce terrible renoncement.

    2.Poutine reproche-t-il aux Occidentaux de confondre « communauté occidentale » et « communauté internationale » ?

    C’est la deuxième grande critique qu’adresse Poutine aux pays occidentaux, et qui me paraît essentielle : le monde occidental a cette fâcheuse tendance à vouloir construire un monde à son image. Il est devenu incapable de penser la différence culturelle, d’imaginer qu’il n’y a pas un monde mais des mondes, avec leurs traditions et leur histoire distinctes. Prenons un exemple d’actualité : l’Iran. On ne compte plus les unes et les reportages sur les évolutions de ce pays. Et que célèbre-t-on ? Son occidentalisation  Mais dès qu’il s’agit de ses composantes traditionnelles, on crie à l’obscurantisme, à la barbarie ! Il y a là un mélange d’incompréhension et de mépris, ainsi qu’un immense paradoxe : l’Occident libéral sacralise l’Autre, mais c’est en réalité pour lui nier son altérité fondamentale. Il faut relire Claude Lévi-Strauss à ce sujet, lui qui fut un des premiers à s’inquiéter de l’uniformisation du monde sous l’influence occidentale.

    Le cœur du problème est l’universalisme : cette idée qu’il existe un modèle libéral qui est le devenir inéluctable de l’humanité toute entière. Les néo-conservateurs américains, influencés par une mauvaise lecture de Leo Strauss et de sa réflexion sur le relativisme, ont fait de cet universalisme le centre de leur idéologie (mais au service, évidemment, des intérêts politiques et économiques de leurs pays). L’immense mérite de Poutine est de mettre à nu cet universalisme et ses dérives. Les conséquences sont très concrètes : nul besoin de s’épancher sur les situations catastrophiques de l’Afghanistan, de l’Irak ou encore de la Libye… A ce sujet, Poutine a posé cette question aux Occidentaux devant l’ONU l’année dernière : « Est-ce que vous comprenez ce que vous avez fait ? »

    3. Vous écrivez que, pour le président russe, l’enjeu est de préserver la diversité du monde face aux velléités universalistes occidentales. Il est pourtant plutôt vu chez nous comme celui qui veut soumettre les autres à ses volontés…

    Dans une tribune fameuse écrite en 2013 dans le New York Times en pleine crise syrienne, Poutine a mis en garde l’Amérique contre la tentation de se croire exceptionnelle, car cette tentation contredit l’égalité entre les nations et « la diversité du monde donnée par Dieu ». Et en effet, « diversité du monde » est un des termes les plus utilisés par Poutine dans ses discours. Ce n’est pas un hasard. Il se présente comme le champion du multilatéralisme et de la souveraineté nationale car il vise avant tout la prétention hégémonique américaine (et la soumission des Européens à cette hégémonie). Car ne soyons pas naïfs : Poutine est avant tout un dirigeant réaliste qui défend les intérêts de son pays et de son peuple. Son discours correspond à des intérêts très précis.

    Là où on peut en effet voir des contradictions entre son discours et ses actes, c’est que sa décision vis-à-vis de la Crimée a pu faire penser à un retour d’une volonté impériale de sa part. Cette inquiétude était légitime mais il me semble qu’il montre aujourd’hui qu’il n’a pas l’intention, malgré les exhortations agressives d’intellectuels comme Alexandre Douguine, d’aller plus loin vis-à-vis de l’Ukraine. Le grand écrivain russe Alexandre Soljenitsyne, dont j’ai fait le fil rouge de mon ouvrage, avait cette réflexion très actuelle à propos de la Russie : « Il faut choisir clair et net : entre l’Empire, qui est avant tout notre propre perte, et le salut spirituel et corporel de notre peuple. Nous ne devons pas chercher à nous étendre large, mais à conserver clair notre esprit national dans le territoire qui nous restera ». Cet avertissement, me semble-t-il, vaut tout aussi bien pour Poutine que pour l’Occident. 

  • Ukraine : le message du Président de la COMECE

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    Déclaration du Cardinal Hollerich sur la situation en Ukraine et en Europe

    Je suis profondément préoccupé par les dernières informations faisant état d'une escalade des actions militaires de la Fédération de Russie en Ukraine, ouvrant le scénario alarmant d'un conflit armé causant d'horribles souffrances humaines, la mort et la destruction. Aujourd'hui, la paix sur l'ensemble du continent européen et au-delà est gravement menacée.

    Au nom des évêques de la COMECE (Commission des Conférences Episcopales de l'Union Européenne), je souhaite réitérer notre proximité fraternelle et notre solidarité avec le peuple et les institutions d'Ukraine.

    Partageant les sentiments d'angoisse et de préoccupation du Pape François, nous appelons les autorités russes à s'abstenir de nouvelles actions hostiles qui infligeraient encore plus de souffrances et mépriseraient les principes du droit international. La guerre est un grave affront à la dignité humaine et elle n'a pas sa place sur notre continent.

    Par conséquent, nous demandons instamment à la communauté internationale, y compris à l'Union européenne, de ne pas cesser de rechercher une solution pacifique à cette crise par le biais du dialogue diplomatique. Nous appelons les dirigeants européens réunis aujourd'hui pour une réunion spéciale du Conseil européen à faire preuve d'unité et à approuver des mesures favorisant la désescalade et l'instauration de la confiance, tout en évitant toute mesure susceptible de renforcer le conflit violent.

    À la lumière de la situation humanitaire émergente provoquée par les hostilités en cours, nous appelons les sociétés et les gouvernements européens à accueillir les réfugiés qui fuient la guerre et la violence dans leur pays, l'Ukraine, et qui cherchent une protection internationale. C'est notre vocation, notre responsabilité et notre devoir de les accueillir et de les protéger en tant que frères et sœurs.

    Avec le Pape François, nous prions Notre Dame, la Reine de la Paix, pour que le Seigneur éclaire ceux qui ont des responsabilités politiques afin qu'ils fassent "un sérieux examen de conscience devant Dieu, qui est le Dieu de la paix et non de la guerre, qui est le Père de tous et non de quelques-uns, qui veut que nous soyons frères et non ennemis".

  • Église ukrainienne gréco-catholique : Poutine "détruit les principes fondamentaux de la paix"

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    De Massimo Introvigne sur Bitter Winter :

    Église ukrainienne gréco-catholique : Poutine "détruit les principes fondamentaux de la paix".

    Le patriarche Sviatoslav Shevchuk qualifie les actions russes de "nouvelle vague d'agression armée".

    24/02/2022

    Patriarch Sviatoslav Shevchuk from the Ukrainian Greek Catholic Church. Credits.

    Le patriarche Sviatoslav Shevchuk de l'Église ukrainienne gréco-catholique.

    Oui, il y a des catholiques romains en Ukraine. Ils sont assez nombreux. L'Église ukrainienne gréco-catholique compte environ 5 millions de membres dans un pays de 44 millions d'habitants, et pourrait avoir plus de huit millions de paroissiens si l'on ajoute la diaspora ukrainienne à travers le monde. Elle est en pleine communion avec le pape mais suit un rite différent (byzantin). En fait, après l'Église latine, l'Église ukrainienne est la deuxième plus importante au sein de la communion catholique mondiale. Bien qu'il y ait un petit pourcentage de catholiques latins (environ 400 000) en Ukraine, l'Église ukrainienne gréco-catholique est traditionnellement la voix du catholicisme dans le pays.

    Le message du patriarche Sviatoslav Shevchuk, chef de l'Église gréco-catholique ukrainienne, publié le 22 février 2022, constitue donc le commentaire le plus autorisé et le plus officiel des autorités catholiques romaines ukrainiennes sur les événements actuels. Bien que publiée avant l'invasion, la déclaration la prédit déjà et expose la réponse catholique à l'agression.

    Le patriarche écrit que "la reconnaissance des "républiques populaires" autoproclamées de Louhansk et de Donetsk comme "indépendantes et souveraines" par le président de la Fédération de Russie défie et menace sérieusement la communauté internationale et le droit international. Elle inflige des dommages irréparables à la logique même des relations interétatiques, qui sont conçues pour garantir la paix et une société juste, l'état de droit, la responsabilité, la protection des êtres humains, de leur vie et de leurs droits naturels." Le problème, selon M. Shevchuk, ne concerne pas seulement l'Ukraine. "Aujourd'hui, l'humanité entière est en danger de voir le droit du plus fort s'imposer à tous, en ignorant l'État de droit."

    L'Église gréco-catholique ukrainienne ne croit pas que les deux parties soient à blâmer pour ce qui s'est passé. Il y a une partie qui a agressé et une partie qui a été agressée. "Par leur décision, écrit le patriarche, les autorités de la Fédération de Russie se sont retirées unilatéralement du long processus de paix." Au lieu de cela, une "agression armée russe" s'est poursuivie.  En effet, la guerre a commencé avec l'occupation de la Crimée en 2014. "La guerre contre notre peuple, note M. Shevchuk, en 2014 a laissé des blessures profondes sur la vie de beaucoup de nos compatriotes : des milliers ont été tués, ou laissés blessés et seuls."

    Mais maintenant, selon le patriarche, quelque chose d'encore plus grave s'est produit. "La mesure prise hier par le président de la Fédération de Russie a détruit les principes fondamentaux du long processus de rétablissement de la paix en Ukraine, a créé des opportunités pour une nouvelle vague d'agression armée contre notre État, et a ouvert la porte à une opération militaire de grande envergure contre le peuple ukrainien."

    Le christianisme est une religion de paix, explique le patriarche, et l'Église essaie toujours de "prévenir la guerre", mais d'un autre côté la théologie morale catholique permet la résistance contre une agression injuste. "Aujourd'hui, écrit-il, nous considérons que la protection de notre terre natale, de notre mémoire et de notre espoir, de notre droit d'exister donné par Dieu, est une responsabilité personnelle et un devoir sacré des citoyens d'Ukraine. 

    Défendre la patrie est notre droit naturel et notre devoir civique. Nous sommes forts lorsque nous sommes ensemble. Le moment est venu d'unir nos efforts pour défendre l'indépendance, l'intégrité territoriale et la souveraineté de l'État ukrainien." "Nous sommes un peuple qui aime la paix. Et c'est pourquoi nous sommes prêts à la défendre et à lutter énergiquement pour elle."

    La crise, estime le patriarche, est internationale. "Nous sommes convaincus, écrit-il, que le monde ne peut évoluer et trouver des réponses aux défis de notre temps en recourant à la force et à la violence, en négligeant les valeurs universelles et la vérité évangélique. Nous appelons toutes les personnes de bonne volonté à ne pas rester à l'écart de la souffrance du peuple ukrainien causée par l'agression militaire russe."

    L'Église veut la paix, écrit Mgr Shevchuk, mais ce doit être une "paix juste". Lorsque l'injustice s'abat sur le pays, l'Église catholique est avec les "défenseurs de l'Ukraine, qui ces jours-ci sont un exemple d'amour sacrificiel et de service dévoué à notre peuple. Que le Seigneur miséricordieux les protège de tous les dangers et dote leurs efforts de la victoire ultime de la vérité et du bien", prie le patriarche.

  • "Méditerranée, frontière de la paix" : les Évêques et les maires réunis à Florence, sous le signe de Giorgio La Pira

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    Une dépêche de l'Agence Fides :

    EUROPE/ITALIE - "Méditerranée, frontière de la paix". Les Évêques et les maires réunis à Florence, sous le signe de Giorgio La Pira

    23 février 2022

    Florence (Agence Fides) - Aujourd'hui, mercredi 23 février, la rencontre unique des Évêques et des maires catholiques des pays méditerranéens s'est réunie à Florence pour attester et reproposer le rôle de la mer Méditerranée comme " frontière de la paix ", dans le sillage des intuitions prophétiques cultivées pendant les années de la guerre froide par le grand maire florentin Giorgio La Pira. La rencontre débute cet après-midi par une introduction du cCardinal Gualtiero Bassetti, et se terminera le dimanche 27 par la Sainte Messe célébrée par le Pape François dans la Basilique de Santa Croce. Pendant les jours de la conférence, les Patriarches et les Évêques catholiques des Églises présentes dans les pays riverains de Mare Nostrum seront également présents.

    Ils participeront également à des rencontres sur les Témoins de la foi liés à l'histoire du catholicisme florentin du XXe siècle, tels que Giorgio La Pira, le Cardinal Elia Dalla Costa, Don Lorenzo Milani et Don Divo Barsotti. Dans la soirée du vendredi 25 février, dans la basilique abbatiale de San Miniato al Monte, il y aura également un moment de prière en mémoire des martyrs et des témoins de la foi et de la justice.

    Des Patriarches et des Évêques de Syrie, de Turquie, d'Irak, du Liban, d'Égypte, de Tunisie, d'Algérie, du Maroc et de Terre Sainte participeront à ces journées de rencontre et de prière. Dans la Basilique de Santa Maria Novella, où les évêques se réuniront, il y aura une adoration eucharistique continue pendant toute la durée de la conférence. Soixante-cinq villes de 15 pays sur trois continents (Europe, Asie, Afrique) seront représentées aux réunions des maires.

    "La conférence", a souligné le maire de Florence, Dario Nardella, "tombe à un moment dramatique, je fais référence aux tensions à la frontière entre l'Ukraine et la Russie, j'espère que Florence lancera un appel sincère à la paix", à adresser avant tout à une Europe "souvent distraite, qui doit prêter plus d'attention à ce qui se passe en Méditerranée, elle ne peut pas s'en détourner".

    Dans une phase historique où les axes économiques et géopolitiques du monde semblent s'être déplacés vers d'autres zones du globe, l'espace méditerranéen reste celui auquel fait face la Palestine, la terre où le Christ est né, est mort et est ressuscité. Sur une plage de la Méditerranée, en Libye, l'une des plus impressionnantes histoires de martyrs de ces dernières années s'est déroulée; il s'agit des vingt chrétiens coptes égyptiens et de leur compagnon de travail ghanéen massacrés par des bourreaux djihadistes en février 2015. La Méditerranée reste le lieu où s'entrecroisent les destins des communautés de foi - juifs, chrétiens et musulmans - qui reconnaissent leur descendance commune du Patriarche Abraham, père de tous les croyants. Les intuitions prophétiques de Giorgio La Pira et les "Conférences internationales pour la paix et la civilisation chrétienne" qu'il a promues entre 1952 et 1956 se sont tournées vers cette racine abrahamique commune. Des intuitions qui aujourd'hui, dans le contexte marqué par de nouvelles crises et de nouveaux conflits, ont refait surface par exemple dans le Document sur la fraternité humaine pour la paix mondiale et la coexistence commune, signé le 4 février 2019 à Abu Dhabi par le Pape François et le cheikh sunnite Ahmed al Tayyeb, grand imam d'Al Azhar.

    Entre-temps, la Méditerranée est devenue un lieu d'inégalité et de discrimination, une zone en proie à des guerres fratricides et à la violence qui produisent - avec d'autres facteurs tels que la pauvreté, la corruption et le sectarisme - le phénomène de la migration massive qui, depuis la rive sud de la Méditerranée, cherche à atteindre les pays européens.

    Le Pape François, dans son magistère, a toujours gardé à l'esprit que les problèmes des communautés ne peuvent être résolus que par des approches qui tiennent compte des interconnexions mondiales. Déjà dans son discours devant le Parlement européen le 24 novembre 2014, le Pape avait défini comme intolérable le fait que "la mer Méditerranée devienne un grand cimetière", reconnaissant que l'absence de soutien mutuel au sein de l'Union européenne pour faire face à l'urgence d'époque des flux migratoires risquait "d'encourager des solutions particularistes au problème, qui ne tiennent pas compte de la dignité humaine des immigrants, favorisant le travail d'esclave et les tensions sociales continues". En ce qui concerne les conflits qui bouleversent le Moyen-Orient, le point de vue à partir duquel l'Église regarde tous les passages sanglants des événements du Moyen-Orient ne peut être que celui des communautés chrétiennes dispersées dans les pays arabes. Mais le Souverain Pontife et le Saint-Siège n'ont jamais offert un point d'appui aux milieux qui exploitent de manière récurrente les malheurs et les persécutions des chrétiens d'Orient pour fomenter des sentiments islamophobes indistincts. Tous les signaux adressés par le Pape aux communautés islamiques considèrent la multitude des croyants en l'Islam comme un compagnon de destin indispensable pour rechercher des solutions stabilisatrices de paix et pour désoxygéner les manifestations les plus virulentes de la pathologie djihadiste. (GV) (Agence Fides 23/2/2022)

  • Pourquoi Poutine veut conquérir l'Ukraine. Et la religion n'est qu'un prétexte

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    De Stefano Magni sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    Pourquoi Poutine veut conquérir l'Ukraine. Et la religion n'est qu'un prétexte

    24-02-2022

    Le président russe Vladimir Poutine a reconnu l'indépendance des républiques séparatistes de Lougansk et de Donetsk dans un discours prononcé le 21 février. Mais ce n'est pas tout. Il a également remis en question l'existence même de l'Ukraine en tant qu'État indépendant et souverain. Que vise-t-il alors ? Étant donné la récente reconnaissance du patriarcat de Kiev par le patriarche œcuménique Bartholomée Ier, Poutine veut-il également agir pour une cause religieuse, au nom du patriarcat de Moscou ? Nous avons posé la question à Marta Carletti Dell'Asta, chercheuse à la Fondation Russia Cristiana et rédactrice en chef de la revue La Nuova Europa.

    Dans un discours prononcé le 21 février, le président russe Vladimir Poutine a reconnu l'indépendance des républiques séparatistes de Lougansk et de Donetsk. Mais pas seulement. Il a également remis en question l'existence même de l'Ukraine en tant qu'État indépendant et souverain. 

    "Je tiens à souligner une fois de plus que l'Ukraine n'est pas seulement un pays voisin pour nous. Elle est une partie inaliénable de notre histoire, de notre culture et de notre espace spirituel. Depuis des temps immémoriaux, les personnes vivant dans le sud-ouest de ce qui était historiquement une terre russe se sont appelées elles-mêmes Russes et Chrétiens orthodoxes. C'était le cas avant le XVIIe siècle, lorsqu'une partie de ce territoire a rejoint l'État russe, et après", a déclaré le président russe. Que vise-t-il, alors ? Le Donbass ou Kiev directement ? Étant donné la récente reconnaissance du patriarcat de Kiev par le patriarche œcuménique Bartholomée Ier, Poutine veut-il également agir pour une cause religieuse, au nom du patriarcat de Moscou ? Nous avons posé la question à Marta Carletti Dell'Asta, chercheuse à la Fondation Russia Cristiana, spécialisée dans les thèmes de la dissidence et de la politique religieuse de l'État soviétique et rédactrice en chef de la revue La Nuova Europa.

    Dottoressa Dell'Asta, Poutine estime que l'Ukraine n'est pas seulement un voisin, mais une "partie inaliénable de notre histoire, de notre culture et de notre espace spirituel". Par cette dernière définition, il entend le christianisme orthodoxe. Y a-t-il donc une cause religieuse au conflit en Ukraine ?

    Je ne dirais pas cela. Poutine a toujours beaucoup parlé de la religion comme d'un élément fondamental de sa conception, mais dernièrement, la manière dont le président russe comprend la religion apparaît de plus en plus : une manière instrumentale et même un peu paganisante. Ce n'est qu'un des éléments qu'il utilise pour renforcer son pouvoir.

    Qu'entendez-vous par une conception "paganisante" de la religion ?

    Prenons un exemple récent : le 4 février, un décret présidentiel sur les "valeurs traditionnelles sur lesquelles se fonde l'État russe" a été conclu et attend toujours la signature finale. Ce document est très indicatif. Il énumère un certain nombre de valeurs sur lesquelles la Russie serait fondée, telles que le "patriotisme", le "travail constructif", donnant l'image d'un État éthique, où il est prescrit par la loi que le citoyen doit être honnête, généreux et patriote. Cette liste inclut les "hautes valeurs spirituelles" mais ne mentionne jamais Dieu ou une quelconque dénomination religieuse. Il s'agit donc d'une utilisation instrumentale de ces valeurs, qui sont définies comme "traditionnelles" mais qui n'ont plus de lien spécifique avec le christianisme. De cette manière, la religion est utilisée lorsque cela est nécessaire, comme un simple bras spirituel du pouvoir politique.

    Poutine accuse le gouvernement ukrainien d'utiliser l'Église orthodoxe autocéphale du Patriarcat de Kiev (reconnue seulement en 2018 par le patriarche œcuménique Bartholomée Ier) pour inciter à la haine contre les Russes et dénonce un plan, également du gouvernement de Kiev, pour détruire les églises du Patriarcat de Moscou. Dans quelle mesure ces accusations sont-elles fondées ?

    Ces propos excessifs sont typiques d'un État d'avant-guerre, d'une volonté délibérée de créer une forte opposition. Pour l'Église orthodoxe, il est en fait assez courant d'avoir tendance à s'identifier à sa propre communauté ethnique. Nous avons donc une Église orthodoxe russe, une Église orthodoxe roumaine, et ainsi de suite. Lorsque l'Ukraine s'est engagée sur la voie de l'indépendance, le désir de faire reconnaître sa propre Église nationale a également grandi. À tort ou à raison, cela correspond à la logique interne de l'orthodoxie. En ce qui concerne les persécutions, il n'y en a pas eu jusqu'à présent. Il y a eu des cas sporadiques de conflits d'églises entre les deux communautés. Il ne s'agit pas d'un phénomène massif et il n'y a pas eu d'incidents graves. Ces Églises vivent ensemble pacifiquement. Le 22 février, un jour après l'entrée des troupes russes dans le Donbass, Epifanij, le primat de l'Église orthodoxe d'Ukraine, a appelé les fidèles à respecter absolument les Églises appartenant au Patriarcat de Moscou.

    Poutine dirige-t-il donc son accusation contre l'identité ukrainienne, plutôt que contre son Église ?

    Oui, aussi parce que le président russe n'a même pas la compétence d'entrer dans un débat ecclésial intra-orthodoxe. Il l'utilise, même de manière quelque peu inappropriée, pour des raisons nationalistes. Ensuite, si nous voulons remonter dans le temps, l'origine même de l'Église en Ukraine est antérieure à celle de la Russie : l'Église est née à Kiev, ce n'est qu'après l'invasion mongole qu'elle s'est déplacée vers le Nord et vers Moscou. Elle s'est d'abord appelée la Métropolie de Kiev, puis a changé de nom pour devenir le Patriarcat de Moscou. L'histoire n'est pas aussi simple que le président le souhaiterait.

    Poutine accuse le régime communiste soviétique, à commencer par Lénine, d'avoir "créé" l'Ukraine. Mais c'est toujours la Russie qui réagit vivement contre toute forme de "révisionnisme" du passé soviétique, protégeant une historiographie qui exalte les succès de l'URSS. Comment expliquez-vous cette contradiction ?

    L'accusation contre Lénine dans le discours de Poutine est purement formelle. De plus, l'autonomie des entités nationales en Union soviétique n'était que sur le papier, elle n'a jamais été appliquée. Le droit de sécession n'a jamais été appliqué. Il n'était qu'une fiction. Donc, la substance du discours de Poutine ne concerne pas le communisme, c'est juste la négation du droit ukrainien à être une entité étatique séparée de la Russie. Et cette hypothèse repose sur une fausseté historique, car l'Ukraine était une nation bien avant que Lénine et au moment de la révolution russe et de la guerre civile qui a suivi (1917-1921) ne déclarent leur indépendance. Si Lénine a pu penser à la création d'une République socialiste soviétique d'Ukraine, c'est uniquement parce que l'Ukraine existait déjà. Le véritable problème de Poutine est ce qu'il a lui-même déclaré en 2005 : "La plus grande tragédie géopolitique du XXe siècle a été la dissolution de l'Union soviétique". Et cela explique tout. C'est l'idée que l'empire ne doit pas être défait et doit être reconstitué, en commençant par la Russie, le Belarus et l'Ukraine.

    Il y a deux mois, le pouvoir judiciaire russe a également dissous deux des principales branches de l'association Memorial, la principale source d'étude des crimes du communisme. Le gouvernement russe actuel est-il donc un descendant direct de l'URSS ?

    Oui et non. Je pense que la ligne d'interprétation doit toujours être celle de la reconstruction de l'empire, au nom de laquelle il faut éliminer tout ce qui constitue un obstacle. La préférence va non seulement au passé soviétique, mais aussi à tout ce qui exalte la grandeur de la Russie, comme la victoire dans la Seconde Guerre mondiale. Les figures idéologiquement non homogènes sont revalorisées et célébrées, d'Ivan le Terrible à Staline, en passant par la famille Romanov. Il existe un nouveau critère idéologique : l'histoire est réécrite pour glorifier le pays. Si Memorial écrit l'histoire réelle, non mythifiée, de l'Union soviétique, il doit être réduit au silence, tout comme la fermeture des archives et des journaux indépendants a été ordonnée.

  • Ukraine : le pape invite à jeûner pour la paix le 2 mars prochain (mercredi des cendres)

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    D'Anita Bourdin sur zenit.org :

    Ukraine: la « douleur » du pape qui invite à une journée de « jeûne » pour la paix

    Appel à un examen de conscience des responsables politiques

    Le pape François a exprimé sa « grande douleur » et à invité à une journée de jeûne et de prière mercredi 2 mars, lors d’un appel pour la paix en Ukraine, au terme de l’audienc egénérale du mercredi, ce 23 février 2022, dans la Salle Paul VI du Vatican.

    S’exprimant en italien, le pape a dit la « douleur » qu’il éprouvait « dans le coeur » devant « des scénarios de plus en plus alarmants »: « la paix de tous est menacée par des intérêts partisans », a-t-il déploré.

    « J’ai une grande douleur dans mon coeur pour l’aggravation de la situation en Ukraine, a dit le pape. En dépit des efforts diplomatiques de ces dernières semaines, des scénarios toujours plus alarmants s’ouvrent. Comme moi, de nombreuses personnes, dans le monde entier, éprouvent angoisse et préoccupation. Encore une fois, la paix de tous est menacée par des intérêts partisans. »

    Il a invité les responsables politiques à un « examen de conscience devant Dieu qui est le Dieu de la paix et pas de la guerre » qui « nous veut frères et pas ennemis » et il leur a demandé de « s’abstenir de tout » ce qui pourrait aggraver la situation.

    « Je voudrais en appeler à ceux qui ont des responsabilités politiques pour qu’ils fassent un examen de conscience sérieux devant Dieu, qui est le Dieu de la paix et non de la guerre, a insisté le pape. Qui est le Père de tous et pas seulement de quelques uns. Qui nous veut frères et pas ennemis. Je prie toutes les parties impliquées de s’abstenir de toute action qui provoquerait encore plus de souffrance des populations, en … la coexistence entre les nations et en discréditant le droit international. »

    Le pape François a aussi invité tous les catholiques à une journée de prière et de « jeûne pour la  paix » mercredi prochain, 2 mars 2022, mercredi des Cendres, jour de l’entrée en carême: « A la violence, on répond par la prière et par le jeûne.