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Eglise - Page 787

  • République Centrafricaine : précisions concernant le massacre d'Alindao où des prêtres et de nombreux chrétiens ont perdu la vie

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    Une dépêche de l'Agence Fides :

    AFRIQUE/REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE - Témoignage d'un prêtre sur le massacre perpétré à Alindao par des rebelles

    Bangui (Agence Fides) - "Sur la base de ce que m'ont indiqué mes contacts, les Casques bleus de la MINUSCA (Mission de stabilisation de l'ONU en République centrafricaine) n'ont pas défendu la population contre les rebelles qui ont perpétré une attaque à Alindao. A l'arrivée des guérilleros, les militaires se seraient retirés dans leur base, abandonnant la population à son sort de mort et de destruction" indique à l'Agence Fides le Père Amos Boubas, prêtre centrafricain suivant des études à Rome, se trouvant en contact avec ses confrères en République centrafricaine où, le 15 novembre, des rebelles de l'ancienne Seleka, désormais regroupés sous le nom d'UPS (Unité pour la Paix en Centrafrique) sous les ordres du Général Ali Darassa, d'ethnie peule, ont attaqué la Cathédrale d'Alindao, dans le sud du pays, ainsi que le camp de réfugiés voisin. "Après avoir saccagé et incendié la Cathédrale, les rebelles se sont dirigés vers le camp de réfugiés, où ils ont tué au moins 42 personnes. Parmi les victimes se trouve le Vicaire général du Diocèse d'Alindao, Mgr Blaise Mada, qui a été enterré hier, ainsi qu'un autre prêtre dont le corps a été retrouvé aujourd'hui, le Père Célestin Ngoumbango, Curé de Mingala" indique le Père Boubas. "Les deux prêtres ont été tués par des coups de feu tirés au cours de l'assaut mené contre l'Evêché où ils s'étaient réfugiés en compagnie d'autres personnes".

    "S.Exc. Mgr Cyr-Nestor Yapaupa, Evêque d'Alindao, organise actuellement l'évacuation des survivants en direction de la capitale, Bangui".

    La motivation du massacre serait un acte de vengeance suite au meurtre "d'un musulman", tué par des milices anti balaka. "Je pense que derrière ce grave fait de sang se trouvent des motifs à caractère politique au moment où la France a présenté au Conseil de Sécurité de l'ONU une résolution visant à proroger d'un an le mandat de la MINUSCA" conclut le prêtre. (L.M.) (Agence Fides 17/11/2018)

  • Le calvaire oublié des chrétiens du Kosovo

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    D'Ivana Gajic sur le site de La Nef :

    Kosovo : le calvaire oublié des chrétiens

    Le Kosovo proclamait son indépendance il y a dix ans, en février 2008. Depuis, le sort des chrétiens de l’ex-province serbe n’a cessé de se déteriorer dans une totale indifférence internationale. Petit panorama de la situation sur place.

    Avoir 20 ans au Kosovo en 2018, ce n’est pas avoir l’avenir devant soi. Les perspectives sont bien sombres sur ce territoire le plus pauvre d’Europe, gangrené par la corruption, la partition ethnique, les trafics et l’islamisme radical. La gouvernance non plus n’est pas à la hauteur, plusieurs dirigeants étant liés à des crimes commis durant la guerre avec la Serbie. Dix ans après l’indépendance autoproclamée, le compte n’y est pas et le bilan est une faillite. Dans cet environnement hostile, les chrétiens du Kosovo vivent exclus et discriminés dans un univers parallèle.

    IL Y A DIX ANS LE KOSOVO PROCLAMAIT SON INDÉPENDANCE

    « Depuis aujourd’hui, le Kosovo est fier, indépendant, souverain et libre ! » déclare le 17 février 2008, Hashim Thaci, Premier ministre de l’époque et ancien chef de l’Armée de libération du Kosovo (UÇK). Dix ans plus tard, c’est un cuisant échec. Pire, le Kosovo de 2018 est tout le contraire des incantions du début, selon le sénateur suisse Dick Marty. « Le Kosovo a une économie inexistante. Il est devenu un centre de criminalité organisée, de trafic de drogue, de trafic d’armes, de trafic d’êtres humains. Il n’y a pas une véritable société civile qui soit à même de faire fonctionner une véritable institution démocratique, et il y a diverses minorités qui vivent protégées par des soldats internationaux. Pendant ces années où le Kosovo était sous protectorat international, des monastères et des églises orthodoxes ont été brûlés dans l’indifférence totale des médias internationaux. Depuis 1999, 250 000 Serbes ont dû quitter le Kosovo. »

    Les chrétiens du Kosovo, largement constitués de Serbes orthodoxes, représentent aujourd’hui moins de 7 % de la population totale du Kosovo évaluée à 1,8 million d’habitants. Une minorité discriminée sur ce territoire des Balkans composé à 90 % d’Albanais musulmans. Un renversement démographique vertigineux qui s’est produit au siècle dernier puisqu’autrefois les chrétiens y étaient majoritaires. Historiquement, rappelons-le, le Kosovo est le berceau de la nation serbe et de sa foi. C’est ici que se trouvent ses plus anciens monastères et c’est ici encore que l’on compte la plus forte densité d’édifices religieux chrétiens en Europe.

    La paupérisation des chrétiens du Kosovo s’explique par la conjugaison de plusieurs phénomènes. Le principal d’entre eux correspond au déplacement massif des communautés. Durant l’occupation ottomane, prolongée jusqu’en 1912, l’immigration intensive des musulmans originaires de l’Albanie voisine a accompagné l’exil du peuple chrétien. La politique démographique des Ottomans visait à mettre en valeur le territoire occupé en faisant basculer le rapport démographique entre musulmans et chrétiens dans un sens favorable aux premiers.

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  • Martyre du sang et "martyre blanc"

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    D'Anne Kurian sur zenit.org :

    Ordre du Saint-Sépulcre : mettre l’amour évangélique au centre des œuvres

    Discours du pape à l’assemblée (Traduction intégrale)

    « N’oubliez pas que vous n’êtes pas un organisme philanthropique… Vous êtes appelés à mettre au centre et comme but final de vos œuvres, l’amour évangélique pour le prochain, afin de témoigner partout de la bonté et de l’attention avec lesquelles Dieu aime tout le monde » : c’est ce qu’a déclaré le pape François aux membres de la « Consultation » – assemblée quinquennale – de l’Ordre équestre du Saint-Sépulcre de Jérusalem, qu’il a reçus ce 16 novembre 2018, au Vatican.

    « L’objectif principal de votre Ordre réside dans la croissance spirituelle de ses membres », a aussi rappelé le pape aux participants à l’assemblée qui a eu lieu à Rome du 13 au 16 novembre. « Par conséquent, le succès de vos initiatives ne peut pas faire abstraction de programmes de formation religieuse adéquats, adressés à chaque chevalier et à chaque dame, afin qu’il consolide sa relation indispensable avec le Seigneur Jésus. »

    Le pape a encouragé les dirigeants de l’Ordre à « offrir l’exemple d’une vie spirituelle intense et d’une adhésion concrète au Seigneur : vous pourrez ainsi rendre un service valide d’autorité à tous ceux qui vous sont soumis ». Au fil de son discours, il a clarifié le rôle des évêques, prêtres et diacres dans l’Ordre : pas « un titre honorifique » mais un « service pastoral ».

    Enfin, le pape a évoqué « la situation dramatique des chrétiens qui sont persécutés et tués en toujours plus grand nombre », fustigeant l’indifférence du monde. « Outre le martyre du sang, a-t-il fait observer, il existe aussi le “martyre blanc”, comme par exemple celui qui se vérifie dans les pays démocratiques quand la liberté de religion est limitée. C’est le martyre blanc quotidien de l’Eglise en ces lieux. »

    Voici notre traduction du discours du pape :

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  • 40 ans après, le génocide perpétré par les Khmers rouges est enfin appelé par son nom

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    De Marzena Devoud sur le site aleteia.org :

    Cambodge : le « génocide » khmer rouge enfin reconnu

    Les deux plus hauts dirigeants khmers rouges encore en vie ont été condamnés ce vendredi au Cambodge à la prison à vie pour "génocide". C’est la première fois que ce qualificatif a été employé par le tribunal cambodgien parrainé par l'ONU. Un verdict historique contre un régime qui a conduit à la mort quelques deux millions de personnes entre 1975-1979.

    Près de quarante ans après la libération du pays de l’horreur khmère rouge, fin décembre 1978, les deux derniers grands dirigeants encore en vie du régime ont été, vendredi 16 novembre, déclarés coupable de « génocide ». L’idéologue du mouvement ultra-maoïste Nuon Chea, 92 ans détenait le pouvoir de « décision ultime » avec Pol Pot, a relevé le juge Nil Nonn. Quant à Khieu Samphan, le chef de l’Etat du « Kampuchéa démocratique », aujourd’hui âgé de 87 ans, il était « le visage » du régime et a « incité » et « contribué aux purges ». 

    Génocide reconnu pour la première fois

    Bien que les exactions du régime aient été perpétrées à une échelle de masse entre 1975 et 1979, le Premier ministre actuel, Hun Sen, lui-même ancien cadre khmer rouge, a demandé qu’aucun autre suspect ne soit renvoyé devant le tribunal, mettant en avant de potentiels troubles dans le royaume.

    Lire aussi : Cambodge : 35 martyrs des Khmers rouges en voie de béatification

    Nuon Chea et Khieu Samphan comparaissaient depuis 2011 devant cette juridiction. Mais pour tenter d’accélérer la procédure, au vu de l’étendue des charges, les débats ont été divisés en plusieurs procès. A l’issue du premier, qui se concentrait sur « les crimes contre l’humanité », les deux hommes avaient déjà été condamnés en 2014 à la perpétuité.

    Le second procès portait principalement sur des accusations de « génocide ». Pour la première fois, cette qualification a été retenue par le tribunal à l’encontre de Vietnamiens, de membres de la communauté des Chams et d’autres minorités religieuses. 

    L’objectif de la dictature des Khmers rouges menès par Pol Pot, mort en 1998 sans être jugé, était d' »établir une société athée et homogène supprimant toutes les différences ethniques, nationales, religieuses, raciales, de classe et culturelles », a relevé le juge Nil Nonn.

    Des martyres des Khmers en voie de béatification

    L’Eglise catholique a été totalement anéantie par les persécutions sous le régime de Pol Pot. Parmi ses martyres, 35 sont en voie de béatification. Parmi eux figurent, outre Mgr Joseph Chhmar Salas (1937-1977), des prêtres – dont cinq pères des Missions Etrangères de Paris –, des religieux et religieuses ainsi que des laïcs. Tous ont été trouvés morts 1970 et 1977.

    En effet les responsables de l’Eglise catholique au Cambodge ont lancé en 2015 le processus qui devrait aboutir à leur béatification. Il s’agirait d’une première pour la communauté catholique cambodgienne, forte de 22.000 fidèles aujourd’hui qui ne compte pas encore de bienheureux ou de saints reconnus par l’Eglise. 

  • Peut-on accuser l'Eglise américaine de "légèreté" dans sa gestion de la crise des agressions sexuelles ?

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    D'Aline Lizotte sur le site "Smart Reading Press" :

    DEUX TYPES DE PRÊTRES : HÉTÉROSEXUELS ET HOMOSEXUELS ?

    Confrontée aux scandales d’agressions sexuelles sur mineurs, la Conférence épiscopale américaine est engagée dans la mise en place d’un dispositif de gestion de crise, sous le contrôle du Vatican. Une gestion qui ne peut porter des fruits que moyennant une juste détermination des comportements en cause.

    Mercredi dernier, le 14 novembre, le journal La Croix publiait un article étonnant pour rendre compte de la lettre du préfet de la Congrégation des évêques, le cardinal Marc Ouellet, demandant à la Conférence épiscopale américaine de ne pas voter sur la proposition d’un «Code de conduite» qui s’adresserait aux évêques et édicterait des règles de comportement quant à la gestion des agressions sexuelles sur mineur possiblement commises par certains prêtres à l’égard desquels s’exerce leur juridiction. Le correspondant romain du journal expliquait l’intervention du Vatican comme une tentative de la part du Siège apostolique de maîtriser une opposition montante de l’épiscopat américain contre le pape François, qui voudrait des sanctions plus dures pour contrer «la légèreté» (sic) avec laquelle certains épiscopats – dont celui des États-Unis – ont traité la question de l’abus sexuel jusqu’ici. La nomination de Mgr Charles Scicluna comme secrétaire adjoint de la Congrégation pour la Doctrine de la foi (CDF) est un signe de la volonté du pape à ce sujet, ajoute le journaliste. Il serait l’incarnation de la «tolérance zéro».

    Accuser l’Église américaine de «légèreté» dans sa façon de gérer la crise des agressions sexuelles est pour le moins étonnant. C’est oublier qu’au moment de la crise des années 2002-2005, la Conférence épiscopale américaine (United States Conference of Catholic Bishops, USCCB) créa en juin 2002 la Charte pour la protection des enfants et des jeunes (Charter for the protection of children and young people) et, en application, elle érigea deux corps juridiques : l’Office pour la protection de l’enfant et des jeunes (OCYP) et le National Review Board (NRB), un groupe d’éminents laïcs. Ces deux organismes donnèrent à l’Église américaine les moyens d’agir. C’est ainsi que fut mandatée une importante commission d’enquête conduite par des professionnels, le John Jay College, sur la question des abus sexuels commis entre 1950 et 2010, et dont les deux rapports ont été publiés : The Causes and Context of Sexual Abuse of Minors by Catholics Priests in the United States 1950-2010 et The nature and Scope of the problem of Sexual Abuse of Minors by Catholic-Priests in the United States 1950-2010. On ignore aussi que le mot-clé «tolérance zéro» n’a pas été créé par Mgr Scicluna, mais par l’épiscopat américain, et qu’à l’époque il a suscité de la méfiance au Vatican.

    Si Mgr Scicluna est renommé comme secrétaire adjoint de la CDF, il revient au poste que lui avait assigné Benoît XVI quand il voulut, de façon claire, retirer les causes des agressions sexuelles commises par le clergé au tribunal romain de La Rote et les intégrer à la CDF. C’est le pape François qui a éloigné Mgr Scicluna de ce poste en le nommant archevêque de Malte. Enfin, c’est encore ignorer que les évêques américains envoient chaque année à l’USCCB un rapport sur les agressions sexuelles dénoncées et sur celles qui font l’objet d’une enquête sérieuse, et que ce rapport global a publiées. Il montre que les mesures prises par l’épiscopat américain ont ramené les véritable cas d’agressions sexuelles à quelques prêtres chaque année, et que l’on est loin des 4 % de prêtres et de religieux recensés par le rapport du John Jay College pour les années 1950-2010.


    Un «Code de conduite», même voté à l’unanimité, n’oblige aucun évêque à l’accepter dans son diocèse.


    Il semble, selon les bruits de couloir au Vatican – ce qui rend l’information suspecte mais non invraisemblable – que la demande transmise par le cardinal Ouellet porte sur des questions juridiques. Les règles émises par la Conférence de l’USCCB pourraient enfreindre le pouvoir de juridiction dont chaque évêque titulaire jouit selon un droit qui lui est propre. En effet, un «Code de conduite», même voté à l’unanimité – ce qui n’est pas le cas –, n’oblige aucun évêque à l’accepter dans son diocèse. La conférence épiscopale n’est pas, canoniquement et théologiquement, une autorité supérieure à celle de l’évêque. Les canonistes du Vatican veulent donc avoir le temps d’y mettre leur nez pour que ce document soit acceptable, et par conséquent utile.

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  • Abus sexuels cléricaux : les évêques américains vont-ils passer outre l’interdiction faite par le pape François d’avancer dans l’enquête ?

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    François ob_28fe48_pedophilie-le-pape-francois-en-appelle.jpgSelon un article de  Marco Tosatti, dans la « nuova bussola quotidiana », traduit et publié sur le site « Benoît et moi », les évêques américains passeraient outre l’injonction du pape François  :

    Les évêques américains, réunis à Baltimore, n'ont aucune intention de s'arrêter malgré la demande, formulée par la Congrégation pour les évêques, de ne pas voter sur deux points qui constituaient l'élément-clé au coeur de l'assemblée de novembre: un code de conduite pour les évêques en cas d'abus, et une commission dirigée (président et vice-président) par des laïcs pour enquêter. Enquêter, et non pas juger, comme des sources proches du Vatican, dont est partie cette démarche dilatoire l'ont diffusé - avec succès - dès que le président de la Conférence épiscopale, Daniel Di Nardo, a annoncé le stop au vote en provenance de Rome. Les résultats éventuels de l'enquête  devaient ensuite être transmis aux autorités supérieures, et en particulier au Nonce. Ce ne serait donc pas - comme le prétendent les défenseurs du Vatican - une attaque contre la primauté pétrinienne, ni contre les prérogatives pontificales à l'égard des évêques. 

    Ce qui est certain, c'est que les évêques américains, et avec eux le président, le cardinal DiNardo, ont été pour le moins surpris par la requête de la Congrégation pour les évêques, à laquelle siègent également les cardinaux Cupich et Wuerl, directement liés à la "filière" McCarrick. 

    Tous les journalistes présents parlent d'une "surprise visible" de la part des évêques, notamment parce que les projets des deux documents - celui sur la conduite des évêques et celui sur l'établissement d'une commission d'enquête - semblaient nécessaires à tous, pour donner un signal concret aux catholiques et à l'opinion publique que la Conférence épiscopale voulait aborder sérieusement le drame des abus. Ce n'est pas un hasard si les discours du président et du vice-président du National Advisory Council (Conseil consultatif national) sur les abus - un prêtre et une femme - ont été applaudis. Tous deux ont parlé des réformes proposées et bloquées par Rome: un nouveau code de conduite, une enquête sur les séminaires, pour éradiquer les comportements prédateurs homosexuels, une enquête sur le cardinal McCarrick et un système indépendant pour enquêter sur les accusations d'abus. 

    C'est dans cette atmosphère que s'est inséré le bref message de Mgr Carlo Maria Viganò, archevêque (Vigano écrit aux évêques américains)

    Rome demande que le vote sur les propositions concrètes pour faire face à la crise soit reporté après février, c'est-à-dire après le "sommet" des conférences épiscopales du monde entier à Rome pour discuter du problème des abus. Et après la perplexité due à l'annonce de l'inexplicable demande romaine, les évêques ont décidé d'aborder de toute façon les sujets brûlants de la discussion, afin de fournir à la délégation américaine en février des armes et du matériel pour aborder cette question. Comme l'a expliqué un évêque courageux, Thomas Paprocki de Springfield, ce n'est pas un acte de rébellion ou de désobéissance contre le Pape. Mais les évêques ne sont pas des "directeurs de filiales" du Vatican, ni des "vicaires du Pontife romain". La Conférence épiscopale américaine doit "s'occuper de son troupeau". Et, comme plusieurs commentateurs l'ont souligné, la demande romaine entre en conflit avec la synodalité et la décentralisation manifestée avec des mots, sans parler de la nécessité, toujours manifestée de manière démagogique et trahie par des actes, d'un rôle accru des laïcs et des femmes dans l'Église. Tout est parfait, jusqu'à ce qu'on arrive au concret: et alors la structure verticale et cléricale réapparaît immédiatement.

    Et le changement de ton est devenu évident quand le cardinal Di Nardo a annoncé qu'il y aura un vote sur un sujet ajouté à l'ordre du jour. Le cardinal a annoncé que l'ajout proposé serait d'envoyer une demande formelle au Saint-Siège de remettre toute la documentation relative au cas de l'ancien cardinal Théodore McCarrick. Après quoi l'évêque auxiliaire de Los Angeles, Robert Barron, a souligné que la crise actuelle était née précisément à cause du cardinal, et que les gens font pression sur les évêques pour que la clarté puisse être faite jusqu'au bout. Un thème sensible pour Rome et pour le Souverain Pontife, qui a évité de répondre à l'appel de l'archevêque Viganò sur ce thème.

    Barron s'est demandé dans quelle mesure l'examen par le Saint-Siège des documents liés était en cours et s'il ne serait pas possible d'exercer une "pression respectueuse" pour une enquête approfondie. Ce qui, une fois de plus, ne semble pas être dans la volonté du Vatican. La demande d'enquête apostolique faite au Souverain Pontife par les évêques américains avait été abandonnée. Mais le président du Conseil consultatif national, le père David Whitestone, a demandé qu'il y ait une enquête complète et indépendante sur le scandale McCarrick, y compris les détails de l'indemnisation reçue par les victimes et les noms de ceux qui étaient au courant de sanctions contre McCarrick.

    Le problème des sanctions, de ceux qui en étaient au courant, de ceux qui ne les ont pas appliquées et de ceux qui les ont imposées, est comme nous le savons une des questions centrales du témoignage du Viganò. Une requête analogue a été faite par Francis Cesareo, président du National Review Board, l'organisme créé en 2002 pour la défense des mineurs dans l'Église américaine. Cesareo a demandé une enquête sur le scandale McCarrick et a également demandé que les diocèses de Newark, Washington et New York coopèrent à cette enquête. Il est clair que pour les évêques américains - et pour les fidèles américains en général - la clarté sur l'affaire McCarrick est un sujet de grande importance pour rétablir un climat de confiance. Une exigence que le silence du Vatican et du Pontife ne semblent pas comprendre.

    Cesareo a dit: "Il faut répondre aux accusations de l'archevêque Viganò. Rien ne doit être négligé. Ignorer ces accusations laissera un nuage sur l'Eglise, et des questions resteront sans réponse".

    Ref. Les évêques américains se rebiffent

    Le pape veut rester le maître du jeu. Les évêques invoquent la synodalité dont le pasteur suprême s’est fait le chantre. Embrouilles ?

    JPSC

  • Toujours infaillible, le pape ?

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    De Valentin Fontan-Moret sur le site aleteia.org :

    Le Pape est-il toujours infaillible ?

    Dans une lettre sans précédent rendue publique mi-avril, le pape François a demandé pardon aux évêques chiliens pour avoir commis de « graves erreurs » d’appréciation dans la gestion de l’affaire concernant les cas d’abus sexuels au sein du clergé chilien. Si depuis l’ensemble des évêques du pays ont remis leur démission au Saint-Père, Aleteia a choisi de s’intéresser au dogme d’infaillibilité pontificale. Décryptage.

    Comment comprendre le dogme de l’infaillibilité pontificale quand le pape François écrit aux évêques du Chili pour leur faire part de sa « douleur » et de sa « honte » pour les abus sexuels commis par des membres du clergé du Chili et qu’il reconnait avoir lui-même commis « de graves erreurs dans l’évaluation et la perception de la situation » ? C’est en 1870, lors du premier concile œcuménique, que l’Église catholique a reconnu ce dogme. Cette apparition tardive ne doit cependant pas laisser croire que c’est une idée si récente : si l’Église ne l’a pendant longtemps pas défini solennellement comme un dogme officiel, la prééminence du pontife romain et la validité absolue de ses paroles et décisions sur certains sujets et sous certaines conditions sont des conceptions anciennes basées sur l’interprétation des Évangiles. On la devine par exemple dans la rédaction de la bulle Unigenitus de 1713, condamnant l’hérésie janséniste. C’est notamment parce que la monarchie de droit divin française entendait maintenir son indépendance par rapport à Rome que l’Église a longtemps renoncé à faire de l’infaillibilité pontificale un dogme.

    Que dit le catéchisme ?

    L’infaillibilité se définit simplement : l’enseignement du Pape et de l’Église ne peut pas être erroné lorsqu’il proclame « par un acte définitif, un point de doctrine concernant la foi et les mœurs ». Autrement dit, un enseignement doctrinal du Pape s’exprimant ex cathedra (littéralement « en chaire », ce qui renvoie à sa qualité de pasteur et docteur suprême de l’Église), définissant clairement une doctrine en matière de foi ou de mœurs, ne peut être qu’une révélation de la vérité. Le catéchisme reconnaît également l’infaillibilité des décisions prises dans les mêmes conditions par le corps des évêques « quand il exerce son Magistère suprême en union avec le successeur de Pierre, surtout dans un Concile œcuménique. »

    Des décisions rares

    Cette définition peut sembler large et couvrir de très nombreuses situations ! Ce n’est cependant pas le cas. Des propos comme ceux tenus par le pape François sur les affaires d’abus sexuels visant l’Église chilienne n’entrent pas dans ce cadre, c’est donc naturellement qu’il a pu reconnaître de « graves erreurs dans l’évaluation et la perception de la situation ». L’infaillibilité est réduite à de rares décisions particulières, et il ne s’agit en aucun cas d’affirmer que le Pape n’est pas un homme susceptible de pécher ou de se tromper hors de ce champ très restrictif. Ainsi, la décision du Pape concernant le sort des évêques chiliens qui, soumettant collectivement leur démission, s’en remettent au jugement du souverain pontife concernant leurs cas individuels, ne sera pas non plus considérée comme infaillible.

    Lire aussi : Chili : le traitement de choc du pape François

    Plus encore, dans la pratique, l’Église se montre prudente et prend soin de préciser sans ambiguïté la valeur infaillible d’une doctrine énoncée, ce qui limite encore davantage les décisions réputées infaillible. Ce fut le cas dans la constitution apostolique promulguée par par Pie XII en 1950 définissant le dogme de l’Assomption de la Vierge Marie. Le Code de droit canonique prévoit d’ailleurs qu’une doctrine n’est considérée comme infailliblement définie que si cela est « manifestement établi ». Car l’infaillibilité est un principe fort découlant de la fonction de garant de l’unité de l’Église qui revient au Pape, elle appelle donc la plus grande clarté pour éclairer les fidèles.

    D’où vient alors cette infaillibilité ?

    Une explication réside dans ce que le Christ, fondant son Église sur Pierre, premier évêque de Rome, a voulu guider son peuple dans la continuité de la Vérité qu’il était Lui-même venu proclamer. Car à quoi servirait l’Église si elle avait été instituée par le Christ sans l’assurance de conduire, avec le secours de l’Esprit saint, les fidèles vers Dieu ? C’est la raison d’être de ce que le catéchisme nomme le « charisme d’infaillibilité » qui donne une validité incontestable à certains enseignements essentiels dans les domaines éminents de la foi et des mœurs.

    Lire aussi : L’infaillibilité du Pape : faut-il y croire encore ?

  • Etats-Unis, Chine... vous avez dit "synodalité" ?

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    De Sandro Magister, en traduction sur diakonos.be :

    La synodalité part en fumée. Exercices de monarchie pontificale sur les États-Unis et sur la Chine

    Nous sommes très loin d’une Église synodale. Après avoir fait l’éloge de la « synodalité » qui aurait été le principal fruit du synode des évêques d’octobre dernier et après avoir promisdepuis 2013 plus d’autonomie et de pouvoir aux conférences épiscopales, y compris une « certaine autorité doctrinale authentique », le Pape François vient de décapiter l’ordre du jour de l’assemblée plénière de l’une des plus grandes conférences épiscopales du monde, celle des États-Unis, qui est réunie à Baltimore depuis le lundi 12 novembre.

    Dans la même foulée, en Chine, il vient d’abandonner à leur sort les évêques qui n’entrent pas dans l’accord secret signé fin septembre entre le Saint-Siège et les autorités de Pékin, c’est-à-dire la trentaine d’évêques dits « souterrains » ou clandestins qui résistent courageusement à l’oppression de l’Église par le régime.  Au Vatican, on nie que ce soit l’intention du Pape.  Mais n’en reste pas moins que les évêques chinois clandestins se sentent abandonnés par le Pape, comme en témoigne le cardinal Zen Ze-Kiun dans une lettre-appel à cœur ouvert qu’il a remise personnellement entre les mains de François un matin au début de ce mois de novembre.

    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso.

    *

    En effet, le Pape François a agi en monarque absolu envers les évêques des États-Unis. Samedi 10 novembre il a reçu en audience à Rome le Préfet de la Congrégation pour les évêques, le cardinal Marc Ouellet, ainsi que le nonce aux États-Unis, Christophe Pierre, et il a chargé le premier de transmettre au cardinal Daniel N. DiNardo, le président des évêques américains, l’interdiction de voter sur deux points cruciaux de l’ordre du jour de l’assemblée concernant le scandale des abus sexuels : un « code de conduite » extrêmement sévère pour les évêques et la création d’un organisme composé de laïcs pour enquêter sur les évêques incriminés.

    En annonçant, la double interdiction du Pape, le cardinal DiNardo, assez mal à l’aise, a expliqué que François exigeait que les évêques américains n’aillent pas au-delà de ce que le droit canon prévoit déjà en la matière et surtout qu’ils n’anticipent pas les décisions qui seront prises à Rome lors de la réunion des présidents des conférences épiscopales du monde entier convoquée par le Pape du 21 au 24 février prochain.

    Le « diktat » de François a suscité des réactions très négatives aux États-Unis, y compris chez ceux qui ont cherché d’en comprendre les raisons.

    Dans le cas des évêques chinois, ce qui est le plus frappant en revanche, c’est l’impressionnant silence qui accompagne leur chemin de croix, de la part des plus hauts responsables de l’Eglise. Un silence non seulement public, comme la prudence pourrait l’expliquer, mais surtout dépourvu de tout geste de proximité ou de soutien qui pourrait s’exprimer de manière réservée.  Tout cela dans le silence non moins assourdissant de nombreux médias catholiques, en particulier de ceux qui sont les plus proches du Pape François.

    C’est ce que dénonce le P. Bernardo Cervellera, de l’Institut Pontifical des Missions Étrangères qui dirige l’agence « Asia News », dans l’éditorial que nous reproduisons ci-dessous qui s’offusque de l’énième arrestation ces derniers jours de l’un des évêques qui a été le plus héroïque dans son refus de se soumettre au régime communiste chinois.

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  • Une mise en lumière du rôle de l’homosexualité dans la crise actuelle des abus sexuels dans l’Eglise

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    De Jeanne Smits sur Réinformation TV : 

    Abus sexuels dans l’Eglise : une étude démontre la corrélation étroite entre la crise et la proportion de prêtres homosexuels

    Un nouveau rapport réalisé par le P. Paul Sullins, professeur de sociologie à la retraite de l’Université catholique d’Amérique (CUA) à la demande du Ruth Institute pour la défense du mariage, met le doigt sur le rôle joué par l’homosexualité dans la crise actuelle des abus sexuels dans l’Eglise. Le rapport, que le site pro-vie américain LifeSiteNews juge « historique », devait répondre à la question de savoir s’il existe une corrélation entre la présence d’une forte proportion d’homosexuels parmi les prêtres d’une part, et l’incidence des abus sexuels de la part de clercs d’autre part. L’un des principaux constats de l’étude est que la proportion de prêtres homosexuels par rapport à celle des homosexuels dans la population en général représentait le double dans les années 1950, et huit fois plus dans les années 1980. (...)

    La corrélation entre l’homosexualité et les abus a été fréquemment et bruyamment niée par nombre de hauts responsables religieux, et la racine de la crise a été attribuée par le pape François lui-même au « cléricalisme », comme si cette crise résultait en quelque sorte d’un abus de position d’autorité de la part de prêtres, d’évêques, voire de cardinaux – l’affaire du cardinal McCarrick constituant un exemple avéré.

    Les abus sexuels dans l'Eglise liés à la présence disproportionnée d’homosexuels parmi les prêtres

    « Alors que plus de huit victimes sur 10 sont des garçons, l’idée que les abus sont liés à la présence d’hommes homosexuels dans le clergé n’a pas été largement acceptée par les responsables de l’Eglise », regrette Sullins. Il est formel : « Les données montrent que la présence de davantage d’hommes homosexuels dans le sacerdoce était corrélée avec davantage d’abus en général, avec un plus grand nombre d’abus commis sur des garçons plutôt que sur des filles. »

    Lors d’une conférence de presse, le père Sullins a jugé l’interrogation à ce propos « logique » parce que dans le cas de l’Eglise, la « très grande majorité des victimes étaient des garçons ; la plupart du temps, en matière d’abus sexuels sur mineurs, les deux tiers des victimes sont des filles ».

    Le rapport du P. Sullins est nouveau en ce qu’il compare « des mesures jusqu’ici inexploitées de la proportion de prêtres homosexuels catholiques parmi le clergé avec l’incidence et le genre des victimes d’abus sexuels sur mineurs de la part de prêtres catholiques entre 1950 et 2001 pour voir si un lien existe ».

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  • Abus sexuels : le Vatican bloque les mesures envisagées par les évêques américains

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    Du site du journal suisse "Le Matin" :

    LE VATICAN BLOQUE DES MESURES CONTRE LES ABUS

    Le Vatican demande aux évêques américains de ne pas se prononcer tout de suite sur des mesures contre les abus sexuels.

    Le Saint-Siège a ordonné lundi à la conférence des évêques américains de ne pas se prononcer, lors de son assemblée générale, sur des mesures de lutte contre les abus sexuels en son sein, lui demandant d'attendre la tenue d'une conférence sur le sujet en février.

    Lors de son discours d'ouverture, le cardinal Daniel DiNardo, président de la conférence, a confirmé avoir reçu une lettre de la Congrégation pour les évêques et annoncé qu'aucun vote ne se tiendrait lors de cette assemblée générale, contrairement à ce qui était prévu initialement.

    Le cardinal Blase Cupich, évêque de Chicago, a lui précisé, dans un communiqué, que le Vatican avait demandé à la conférence de «reporter» le vote final dans l'attente d'une rencontre des conférences épiscopales du monde entier, convoquée en février à Rome.

    «Déception»

    Le cardinal DiNardo a fait part de sa «déception» lors d'une conférence de presse à la mi-journée, lundi, au premier jour de l'assemblée générale qui se tient à Baltimore (nord-est) jusqu'à mercredi.

    Régulièrement mise en cause ces dernières années pour sa gestion du scandale des abus sexuels au sein de l'église catholique américaine, la conférence des évêques américains avait annoncé, en octobre, plusieurs mesures phares, qui devaient faire l'objet d'un vote.

    Le haut clergé américain proposait notamment un nouveau code de conduite, un nouveau mécanisme de signalement, ainsi que la création d'une commission d'enquête menée par des personnes n'appartenant pas à l'église catholique américaine.

    «Nous ne sommes pas satisfaits de cela», a assuré le cardinal DiNardo au sujet de la demande du Vatican. «Nous travaillons dur pour passer à l'action. Et nous allons le faire. Nous rencontrons juste un contretemps.»

    Rapport accablant

    Mi-août, les services du procureur de Pennsylvanie ont publié un rapport accablant, détaillant des abus perpétrés durant plusieurs décennies par plus de 300 prêtres et dont ont été victimes plus de 1000 enfants. Le rapport dépeint une hiérarchie ayant souvent eu une démarche active pour ne pas ébruiter les cas d'abus sexuels et pour protéger les auteurs de ces agressions.

    Début octobre, la conférence des évêques a annoncé la création d'un centre d'appel dédié pour signaler les abus commis par des évêques. Selon l'organisation Bishop Accountability, 6721 prêtres ont été accusés d'abus sexuels aux Etats-Unis pour des faits présumés inclus dans la période allant de 1950 à 2016. La même association estime à 18'565 le nombre d'enfants victimes de ces agissements.

    Lire aussi : http://benoit-et-moi.fr/2018/actualite/vigano-ecrit-aux-eveques-americains.php

  • Le pape au Maroc en 2019

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    De Vatican News :

    Le Pape se rendra au Maroc en mars 2019

    Le Pape François se rendra au Maroc, du 30 au 31 mars 2019 : la nouvelle a été communiquée par le porte-parole du Saint-Siège ce mardi matin.

    Les rumeurs bruissaient depuis quelque temps ; le porte-parole du Saint-Siège Greg Burke les a confirmées ce mardi : « à l’invitation de Sa Majesté le Roi Mohammed VI et des Évêques, Sa Sainteté le Pape François se rendra au Maroc, pour un Voyage Apostolique, du 30 au 31 mars 2019. Il visitera les villes de Rabat et de Casablanca », a-t-il déclaré, en précisant que le programme de ce voyage apostolique serait publié ultérieurement.

    Les chrétiens constituent environ 1% au Maroc, et sont majoritairement étrangers. La Constitution du royaume garantit le libre exercice des cultes.

    Il s’agira de la deuxième visite d’un Souverain Pontife dans le royaume, 33 ans après celle du saint Pape Jean-Paul II, en août 1985. Le Pape polonais avait alors été reçu par le roi Hassan II, père de l’actuel monarque. La rencontre avec près de 80 000 jeunes musulmans à Casablanca avait été l'un des moments forts de ce voyage apostolique, comme nous le rappelle Olivier Bonnel :