Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Eglise - Page 950

  • Reconstruire l'humain : le testament du cardinal Caffarra

    IMPRIMER

    Marie Perrin, sur le site de l'Homme Nouveau, a traduit l'intégralité du testament du cardinal Caffarra :

    Les facteurs de la destruction moral de l'humain : le testament spirituel intégral du cardinal Caffarra

    Le 6 septembre dernier, le cardinal Carlo Caffarra rendait subitement son âme à Dieu. Grande figure du pontificat de Jean-Paul II, il s’était vu confié par ce dernier la création de l’Institut pontifical Jean-Paul II sur le mariage et la famille, le même institut qui, à travers le motu proprio Summa familiæ cura (19 septembre) du pape François, vient d’être entièrement repensé et réorganisé, notamment pour mieux prendre en compte les nouvelles perspectives avancées par Amoris Laetitia. Archevêque émérite de Bologne, créé cardinal par Benoît XVI, le cardinal Caffarra était un éminent théologien moraliste et un pasteur, soucieux de la vérité et du bien des âmes. Le 11 septembre dernier, nous avions publié des extraits du texte d’une conférence qu’il aurait dû donner la veille lors d’une rencontre organisée par La Nuova Bussola Quotidiana, principal portail d’information catholique italien. Nous en donnons ci-dessous le texte intégral, entièrement traduit par nos soins.

    Je développerai ma réflexion en deux parties. Dans la première, j’analyserai ce qui constitue la destruction de l’humain et quelques facteurs principaux de cette destruction. Dans la deuxième partie, je répondrai à la question : qui reconstruit l’humain ?

    La destruction de l’humain

    Nous partons d’une page dramatique de l’Évangile : la trahison de Pierre. Nous la lisons dans la version de Marc (cf. Mc 14, 66-72).

    En quoi consiste le reniement de Pierre ? La question de la servante le place face à un choix, un choix qui le concerne, lui et son identité dans sa relation avec Jésus. Deux possibilités s’ouvrent à la liberté de Pierre : affirmer ou nier la vérité sur lui-même. Pierre choisit de nier la vérité : « Je ne sais pas, je ne comprends pas de quoi tu parles » (v. 69). Pierre trahit la vérité.

    Trahit-il uniquement la vérité ou se trahit-il lui-même ? Ne nie-t-il pas ce qu’il est lui-même ? En trahissant le Christ, il se trahit lui-même. Il ne se préserverait qu’en affirmant la vérité ; en témoignant de la vérité. Mais il est complètement terrorisé, et d’une peur telle qu’elle le pousse au parjure : « Il se livra alors à des imprécations ». En affirmant la vérité, il se serait sauvé lui-même, parce qu’il se serait élevé vers la vérité, lui qui est terrorisé.

    Ce récit évangélique est le paradigme de toute autodestruction de l’humain. La question de la servante n’est que l’occasion donnée à Pierre de redécouvrir son identité, la vérité sur lui-même. Cette redécouverte est un acte de l’intelligence de Pierre : à ce moment, il prend conscience qu’il est disciple de Jésus. Et en ­même temps cette conscience provoque, interpelle sa liberté dans le témoignage de la vérité. C’est une vérité qui fait naître un impératif qui concerne Pierre, et ne concerne que lui. Pierre n’est pas en discussion sur la nature du disciple, du fait de suivre Jésus. Il se retrouve comme emprisonné dans la vérité connue, la vérité sur lui-même.

    Nous savons que Pierre a trahi, et pleure. Il a été l’auteur, la victime et le témoin de la prévarication contre la vérité. Dans une situation similaire, Judas estima qu’il n’était plus digne de vivre et se pendit. « L’homme est lui-même à travers la vérité. Sa relation à la vérité décide de son humanité et constitue la dignité de sa personne », nous dit Karol Wojtyla (dans Le signe de contradiction). Nous pouvons donc dire que la destruction de l’humain réside dans la négation, par l’usage de notre liberté, de ce que notre raison a reconnu comme étant le vrai bien de la personne. En termes théologiques, il s’agit du péché. Ovide n’avait-il pas écrit : « Video meliora proboque deteriora sequor » ? (« Je vois le bien, je l’approuve et je fais le mal ».)

    La destruction de l’humain a donc le caractère de la lacération de sa propre subjectivité. Et elle a également celui du mensonge : elle construit un humain falsifié, tant sur le plan personnel que social. Nul sans doute n’a mieux décrit que Pirandello, avec tant de profondeur et de sens tragique, la vie et la société humaine ainsi édifiées, comme une mascarade.

    Lire la suite

  • Banneux, 13-15 octobre : retraite mariale chez les Frères de Saint-Jean

    IMPRIMER

     Sans titre.jpg

    Inscription auprès de frère Gilles-Christ : Email : hotellerie@stjean-banneux.com

    Téléphone : 043 60 01 20 / 043 60 01 22.

  • Fêter Paul VI ?

    IMPRIMER

    De "Metablog" (Abbé Guillaume de Tanoüarn)

    Bienheureux Paul VI ?

    Faut-il fêter Paul VI, ce 26 septembre, date anniversaire de sa naissance? Faut-il célébrer l'anniversaire de sa béatification le 19 octobre? La question est particulièrement difficile pour un traditionaliste. Grand ami de Jacques Maritain auquel il proposa même le chapeau de cardinal que l'intéressé refusa, Jean-Baptiste Montini est assurément un grand ami de la France et il se mêle à la bagarre entre "intégristes" et partisans du pape Pie XI, celui qui condamna, sans motifs affichés, l'Action Française en 1926. Sur ce point, Montini a dû approuver de tout coeur son ami Maritain, proche de Maurras, écrivant dans la Revue universelle d'Henri Massis, et théorisant en 1936, face au "nationalisme intégral" de Maurras, ce qu'il appela l'humanisme intégral. J'ai lu de près très récemment cet ouvrage. S'il y a un livre qui a influencé le pontificat de Paul VI, c'est celui-là. L'idée est devenu banale aujourd'hui. A l'époque elle fit l'effet d'un coup de tonnerre : l'Eglise, critiquant les humanismes purement modain, s'empare pourtant de ce thème philosophique et, s'inspirant de Jacques Maritain, les hommes d'Eglise revendiqueront désormais pour l'Eglise la charge d'un humanisme que l'on appela intégral, non seulement en souvenir vengeur du nationalisme intégral de Maurras, mais pour signifier que l'homme sans Dieu n'était pas l'homme intégral. Méditant sur le livre de Maritain, le futur cardinal de Lubac écrira à la fin de la guerre, le Drame de l'humanisme athée (1944), qui envisageait trois grands protagoniste de la "querelle de l'athéisme", Nietzsche, Auguste Comte et Dostoïevski, dont on connaît le fameux "Si Dieu n'existe pas tout est permis".

    Le pape Paul VI devait reprendre ces deux théologiens. Son discours de clôture au Concile est clair, mais faible hélas: "Le culte du Dieu qui s'est fait homme est allé à la rencontre du culte de l'homme qui se fait Dieu. Qu'est-il arrivé? Une lutte? Non !Un immense mouvement d'admiration a débordé du concile sur le monde". C'était le 8 décembre 1965. L'Eglise avait fait son aggiornamento! Et pourtant tout restait à faire, c'est le drame du pontificat de Paul VI. Au lieu de faire comme Jean XXIII le sentait, un concile bref et identitaire, soucieux de rappeler les fondamentaux de la foi chrétienne à un monde qui les oubliait, Paul VI, ce grand intellectuel, a essayé de faire droit à toutes les questions sur lesquelles se dégageait un consensus suffisant (c'était sa grande préoccupation, le consensus!). Résultat? Le concile n'en finit plus de finir. De grandes questions comme le dialogue interreligieux ou l'oecuménisme ont été abordé en quelques lignes, parsemées de formules vachardes... Je pense au début de Nostra aetate : "Chercher plutôt ce qui nous unit que ce qui nous divise". Cela veut tout dire et rien dire... On en discute encore aujourd'hui. Il était important de permettre le dialogue interreligieux, mais comment et dans quel but ? Aucune précision à ce sujet, pour des textes adoptés à la va vite en 1965, parce que l'Eglise ne voulait pas se payer une année conciliaire supplémentaire (malgré l'enthousiasme d'un Roger Schutz, qui au nom de sa communauté protestante de Taizé, envisageait un "concile permanent").

    Paul VI va devoir gérer le bricolage du Concile. Le concile de Trente s'était étendu sur quelque trente ans. Vatican II a duré quatre ans. C'était trop peu. Le pontificat de Paul VI fut une sorte de continuation du concile par d'autres moyens, envisageant d'une part une réforme de la liturgie qui n'était pas dans la lettre de Sacrosanctum concilium et d'autre part un enseignement sur l'avortement et la pilule, produit en urgence : le pape François essaie encore de trouver une interprétation à Humanae vitae. C'est une encyclique inachevée, comme la liturgie dite de Paul VI est une liturgie qui ne cesse pas de connaître des mises à jour.

    Concrètement, le pontificat de Paul VI se partagea entre une lutte contre les déviances trop marquées de l'épiscopat hollandais d'une part. A cette occasion, le pape lui même déclara l'Eglise "en état de schisme", car il n'arrivait pas à se faire obéir du cardinal Alfrink (grande personnalité du concile) et de ses héritiers bataves. Heureusement, en 1975, commence l'affaire Lefebvre. C'est providentiel ! Une unité provisoire de l'Eglise peut se manifester... au moins contre... oui contre les "intégristes". Paul VI n'hésita pas à consacrer un consistoire à l'ancien archevêque de Dakar. L'affaire Lefebvre commençait.

    Alors Paul VI ? Il a tenté de rester sur une ligne de crête, condamnant l'avortement et la pilule d'une part, méditant aussi sur le célibat des prêtre auquel il consacre un document en 1971, mais imposant d'autre part par la force de son autorité un changement liturgique sans précédent, qui épousait largement les aspirations de son époque, en mettant de l'ordre dans les initiatives intempestives de tel ou tel "révolutionnaire". Il lui arriva ce qui arrive souvent aux conservateurs. Il voulut épouser son temps, sans pour autant rien changer au message de l'Eglise et, ainsi, ne satisfit personne, ni à droite ni à gauche. Un peu comme le premier pape, Pierre, qui ne condamna jamais saint Paul, tout en demeurant fidèle aux observances judaïques. Est-ce là l'ADN de l'Eglise romaine ? Serait-ce sa force ?

  • Ecosse : prier pour mettre fin à l’avortement

    IMPRIMER

    D'"InfoCatho" :

    L’évêque de Paisley appelles les fidèles de Grande Bretagne à prier pour mettre fin à l’avortement

    L’évêque John Keenan, du diocèse de Paisley en Ecosse, a appelé les fidèles à prier pour que l’avortement cesse. Selon lui une campagne est orchestrée de façon concertée pour que l’avortement soir généralisé et ceux qui s’y opposent diabolisés.

    Cette intervention a lieu alors que la loi va peut-être changer, et mettre fin à la pénalisation de l’avortement en Ecosse. L’Irlande n’est pas seule en danger.

    Source : Catholic Herald

  • « Amoris laetitia » : une exhortation toujours controversée

    IMPRIMER

     Dans la conférence  «La famille à la lumière de la miséricorde selon le pape François », qu’il a consacrée, voici plus d’un an,  à l’exhortation apostolique « amoris laetitia », l’évêque de Liège, Mgr Delville déclarait en préambule :

    «  Chers Amis,

    Vous le savez sans doute, le thème de la famille est très important dans notre foi puisque c’est dans la famille qu’on donne la vie et qu’on développe l’amour : un enfant naît dans une famille et il y trouve l’amour qui va lui permettre de se développer plus tard. Ces deux dimensions sont unies dans le mariage : celui-ci est à la fois don de la vie et amour échangé.

    Crise de la famille aujourd’hui

    Mais dans notre culture ces deux dimensions subissent de grandes mutations, au point qu’on peut parler d’une crise de la famille : tout ce qui tourne autour de la naissance de l’enfant est lié au développement de la technique, qui permet de contrôler les naissances, entre autres par médicaments, ou même d’avorter sous opération ou de donner la vie en laboratoire (in vitro). Et tout ce qui tourne autour de l’amour est sujet à des grands changements de mentalités : on a tendance de plus en plus à vivre l’amour du couple en-dehors du mariage, on divorce plus souvent et plus facilement qu’autrefois, on conteste aussi la fidélité pour la vie, on découvre aussi la spécificité des personnes homosexuelles et des couples qu’elles peuvent former entre elles. Un autre aspect du changement de mentalité, c’est la condition de la femme : la femme devient enfin l’égale de l’homme ; et dans le couple, elle n’est plus soumise au bon vouloir de son mari en matière de fécondité, par exemple. Il y a une beaucoup plus grande autonomie des partenaires dans la vie de couple et la vie de famille. Cette évolution sur ces deux points : le don de la vie et l’amour vécu, aboutit aussi au fait qu’on dissocie ces deux éléments du mariage l’un de l’autre : on dissocie la fécondité de l’amour. L’amour, dira-t-on, peut se vivre indépendamment de la fécondité, indépendamment des enfants et de la famille ; et la fécondité peut se vivre indépendamment de l’amour : il y a ainsi des mères porteuses, qui acceptent de vivre une grossesse pour d’autres personnes. Ainsi, on peut parler à juste titre de crise de la famille ou de mutations dans la famille.

    Réactions contradictoires dans l’Église

    Face à ces évolutions, il y a deux attitudes opposées dans l’Église : une attitude conservatrice et une attitude libérale. La première attitude a tendance à dire : nous avons une doctrine qui remonte à Jésus concernant le mariage et la famille ; on doit donc y rester fidèle intégralement. L’attitude libérale dira : on doit évoluer avec son temps, d’ailleurs Jésus lui-même s’opposait aux lois tatillonnes des pharisiens de son époque et il a tout résumé dans le commandement de l’amour.

    Ces deux attitudes opposées créent des tensions dans l’Église et des oppositions, qui risquent de déboucher sur des blocages, des contradictions et des exclusions mutuelles. Cela pose aussi beaucoup de problèmes concrets : les personnes divorcées remariées, par exemple, quelle place auront-elles dans l’Église et dans ses institutions ? ou les couples non mariés ? Cette situation engendre aussi une tension entre la théorie et la pratique, entre la réalité vécue et la doctrine. En plus de tout cela, il ne faudrait pas oublier le vécu quotidien des familles et des couples. Même dans des situations régulières, la vie familiale cause des tas de problèmes, en même temps qu’elle est source de grandes joies et de grand bonheur.

    Chaque famille, même la plus classique, est un peu une « histoire sacrée », parfois même un roman, avec la croissance des enfants, les aventures des adolescents, les hauts et les bas des parents, la présence des grands-parents, etc. Comment accompagner cette réalité quotidienne fondamentale pour tous ? Ce sont les problèmes classiques de la vie de famille, qui s’ajoutent aux nouveaux problèmes.

    A propos du chapitre 8 de cette Exhortation, qui suscite aujourd’hui encore d’âpres controverses, Mgr Delville rappelle qu’un jugement négatif sur une situation objective donnée n’infère pas a priori le même sur la culpabilité de la personne. Un double regard est évidemment légitime. A condition de ne pas tomber dans les travers casuistiques dénoncés par Pascal. D’où l’importance  d’une formation adéquate des pasteurs, des confesseurs ou des juges ecclésiastiques dans les sociétés post ou anti chrétiennes :

    « Le chapitre 8, qui est le plus original, s’intitule Accompagner, discerner et intégrer la fragilité (291-312). Le pape y parle en “je” régulièrement. Il s’agit dans ce chapitre de mettre en valeur une morale en situation, sur le terrain concret, une morale ancrée dans l’histoire humaine. Cette capacité de cerner les cas de conscience, qu’on appelle aussi la casuistique, est une spécialité des jésuites et manifestement, un terrain favori du pape. Il insiste sur la gradualité en pastorale, qui est une notion déjà développée par Jean-Paul II (295). Il montre que beaucoup de situations pratiques sont loin de l’idéal. Il insiste donc sur le discernement dans les situations appelées irrégulières. C’est le lieu de la pédagogie divine, dont parlait le synode (297). Les divorcés qui vivent une nouvelle union, par exemple, peuvent se trouver dans des situations très diverses, qui ne doivent pas être cataloguées ou renfermées dans des affirmations trop rigides (298). La logique de l’intégration est la clé de leur accompagnement pastoral (299).

    Un double langage ?

    Grâce à la rencontre pastorale concrète entre une personne et un pasteur, on évite le risque qu’un certain discernement porte à penser que l’Église soutiendrait une double morale (300) : le pape introduit donc ici la réponse à une objection et il valorise un élément qui lui est cher : la conversation et le dialogue comme base du comportement.

    Les circonstances atténuantes

    L’Église possède une solide réflexion sur les conditionnements et les circonstances atténuantes (301). Un sujet, tout en connaissant bien la norme, peut se trouver dans des conditions concrètes qui ne lui permettent pas d’agir autrement ou de prendre d’autres décisions sans commettre une nouvelle faute (301). C’est pourquoi un jugement négatif sur une situation objective n’implique pas un jugement sur l’imputabilité ou sur la culpabilité de la personne impliquée (302). Le pape se base sur saint Thomas d’Aquin, qui montre que, quand on passe du général au particulier, il règne toujours une certaine indétermination (304). Il est possible que, dans une situation objective de péché, qui n’est pas subjectivement coupable ou pas totalement, on puisse vivre dans la grâce de Dieu, on puisse aimer et on puisse grandir dans la vie de grâce et de charité (305).

    Le blanc et le noir, ou ne pas juger

    Le pape insiste sur la nécessité de dépasser une analyse manichéenne. En croyant que tout est blanc ou noir, parfois nous enfermons le chemin de la grâce et de la croissance et nous décourageons des parcours de sanctification (305). Dans n’importe quelle circonstance, face à ceux qui ont de la difficulté à vivre pleinement la loi divine, doit résonner l’invitation à parcourir la via caritatis. La charité fraternelle est la première loi des chrétiens (306).

    La prise en compte de la fragilité

    Le pape réfléchit sur la notion de fragilité : Je crois sincèrement que Jésus veut une Église attentive au bien que l’Esprit répand au milieu de la fragilité (308). Les pasteurs qui proposent l’idéal de l’évangile et la doctrine de l’Église aux fidèles doivent aussi les aider à assumer la logique de la compassion envers les personnes fragiles et éviter les persécutions ou les jugements trop durs et impatients. L’évangile lui-même nous demande de ne pas juger et de ne pas condamner (cf. Mt 7,1) (308). Nous sommes appelés à vivre de miséricorde (…). Ce n’est pas une proposition romantique ou une réponse faible face à l’amour de Dieu, qui toujours veut promouvoir les personnes, parce que la poutre qui soutient la vie de l’Église est la miséricorde (310).

    Pas une réflexion en chambre, mais une morale en conversation

    Le pape fournit la clé herméneutique de son approche en écrivant : Ceci fournit un cadre et un climat qui nous empêchent de développer une morale froide de bureau quand nous traitons les thèmes les plus délicats ; c’est un cadre qui nous place plutôt dans un contexte de discernement pastoral chargé d’amour miséricordieux, toujours disposé à comprendre, à pardonner, à accompagner, à espérer et surtout à intégrer (312). J’invite les fidèles qui vivent des situations complexes à s’approcher avec confiance dans une conversation avec leurs pasteurs ou avec des laïcs qui vivent dédiés au Seigneur (…). Et j’invite les pasteurs à écouter avec attention et sérénité, avec le désir sincère d’entrer dans le cœur du drame des personnes et de comprendre leur point de vue, pour les aider à vivre mieux et à reconnaître leur place dans l’Église (312). ».

    Ref. Liège à Lourdes

    JPSC

  • Belgique : 75 séminaristes en formation

    IMPRIMER

    Lu dans De Standaard, p. 17 : 

    75 séminaristes en formation

    La Flandre compte 5 nouveaux candidats à la prêtrise cette année, la Wallonie en a 7. Il y a 26 séminaristes néerlandophones et 49 francophones en Belgique. Ce sont 75 "appelés" en formation. Ceci ressort d'une enquête menée par l'hebdomadaire chrétien Tertio auprès des diocèses belges.

    Dans le diocèse de Gand, il y a trois nouveaux séminaristes pour cette année académique. Les diocèses de Bruges et d'Anvers ont chacun un nouveau candidat. L'archidiocèse a un nouveau séminariste francophone. Le diocèse de Bruges - avec son propre grand séminaire - a huit candidats à la prêtrise. Au diocèse de Gand, il y en a six au total et, dans l'archidiocèse, il y a six séminaristes néerlandophones; Anvers en a quatre et Hasselt deux.

    Côté francophone : il y a une nouvelle entrée à Tournai, trois à Namur et deux à Liège. Ce qui fait un total de huit séminaristes en formation à Liège et huit à Tournai.

    A l'archidiocèse de Malines-Bruxelles, on compte 19 candidats francophones au sacerdoce au total dont trois proviennent de la communauté de l'Emmanuel et onze du Chemin néocatéchuménal (venant de l'étranger). A Namur, il y a un total de 17 séminaristes dont sept du Chemin néocatéchuménal.

    Ces totaux ne tiennent pas compte des jeunes novices en formation dans les ordres religieux.

    Voir l'article du Standaard.be

  • La conversion à laquelle nous sommes invités

    IMPRIMER

    Le dimanche 24 septemebre, lors de la messe pour le 10e anniversaire de la mort du cardinal Jean-Marie Lustiger, le cardinal André Vingt-Trois a prononcé l'homélie suivante :

    Homélie du cardinal André Vingt-Trois

    - Is 55,6-9 ; Ps 144, 2-3.8-9.17-18 ; Ph 1,20-24.27 ; Mt 20,1-16

    Frères et Sœurs,

    Tout au long de ces semaines, nous entendons le dimanche des paraboles sur le règne de Dieu. Elles sont comme une pédagogie pour nous aider à déplacer nos critères, pour nous aider à comprendre que le règne de Dieu n’est pas un règne humain qui se régit selon les règles habituelles des sociétés humaines, que la justice de Dieu ne se réduit pas à l’équité que les hommes ont tant de mal à établir entre eux, que la surabondance de l’amour et de la miséricorde de Dieu déborde de toute manière l’image que nous nous faisons de la rétribution morale qui voudrait que, ce que nous estimons être les bons comportements soient bien récompensés, et que les moins bons comportements soient bien pénalisés.

    Et voici que Dieu met en œuvre une justice tout à fait différente, où il donne autant au dernier venu qu’au premier venu, sans considération pour la différence de travail fourni, où il invite à pardonner indéfiniment, soixante-dix fois sept fois entendait-on la semaine dernière, où il appelle les disciples du Christ à vivre dans une fraternité miséricordieuse. En entendant ces paraboles, -ou ces admonestations du Christ-, nous comprenons mieux la parole du prophète Isaïe, « mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos chemins ne sont pas mes chemins, - oracle du Seigneur » (Is 55,8), « …le Seigneur qui montrera sa miséricorde, notre Dieu qui est riche en pardon » (Is 55,7).

    Nous mesurons combien nos réflexes – pas simplement nos réflexes personnels car nous serions moins bienveillants que d’autres, mais nos réflexes sociaux, nos réflexes collectifs, les réflexes qui s’établissent dans une société – sont différents des chemins que Dieu nous propose, combien ces réflexes sont différents de la richesse de la miséricorde de Dieu. Nous aimons juger. Nous aimons mesurer. Nous aimons comparer. Et nous voudrions que Dieu ait le même réflexe, nous voudrions que Dieu ait la même attitude à l’égard des hommes. Nous le voyons tout au long de l’évangile, et nous voyons comment les réactions du Christ s’inscrivent en faux contre cette comptabilité désuète. Ceux qui entourent le Christ et lui contestent d’exercer la miséricorde voudraient que la loi permette de punir, car la punition des autres fait encore mieux ressortir la justice supposée que nous vivons. Ce que Dieu veut nous faire découvrir, c’est que même celui qui est entré le dernier au travail, celui qui s’est converti dans la dernière ligne droite, celui qui a été appelé en dernier, a autant de mérite que ceux qui ont été appelés les premiers. Il veut nous faire découvrir que l’antériorité ne constitue pas un droit, que la fidélité ne constitue pas un droit, que la rigueur morale ne constitue pas un droit. Ce qui constitue un droit, c’est la miséricorde que Dieu veut exercer à l’égard de tous les hommes, en commençant par les plus faibles. Et à mesure que nous énumérons cet antagonisme entre notre conception des relations humaines et la manière selon laquelle Dieu veut pratiquer avec les hommes, au fur et à mesure que nous énumérons les éléments de cet antagonisme, nous mesurons combien notre cœur est étroit, comparé à la miséricorde de Dieu, – pour reprendre la formule de l’évangile de saint Matthieu – « comment notre regard est mauvais parce que Dieu est bon ».

    C’est une véritable conversion à laquelle nous sommes invités. Il s’agit d’apprécier nos relations avec les autres hommes, non pas simplement à l’aune du mérite, mais à l’aune de l’amour et du pardon. D’abord dans nos communautés chrétiennes, dans nos relations avec nos frères et nos sœurs, dans le regard que nous portons les uns sur les autres. Si la liturgie nous invite heureusement à échanger un signe de paix avant la communion, cela n’est pas simplement un formalisme insignifiant, c’est une façon pour nous de nous tourner vers quelqu’un que nous n’avons pas choisi en général, que nous ne connaissons probablement pas, et de nous présenter à lui désarmé. C’est une façon de nous inviter à nous regarder d’un regard de miséricorde et non pas d’un regard de jugement. Si nous n’entrons pas dans ce regard de miséricorde, comment pourrions-nous accueillir la surabondance de la miséricorde de Dieu dans la communion eucharistique ? Comment pourrions-nous recevoir le corps du Christ si nous ne pouvons pas le recevoir dans le corps de nos frères ?

    Cette conversion, ce retournement de nos perspectives, cette invitation permanente depuis la première heure de notre vie jusqu’à la dernière, c’est vraiment le signe de la miséricorde de Dieu. C’est l’affirmation que nous ne sommes pas abandonnés à la fatalité. C’est l’annonce que tout homme et toute femme, pourvu qu’il accepte de recevoir la main qui se tend vers lui, peut changer de vie. C’est la certitude qu’aucun être humain n’est enfermé irrémédiablement dans ses faiblesses, dans ses fautes et dans son péché. C’est à cause de cette certitude que nous pouvons résister à la tentation du désespoir et nous avancer vers Dieu avec confiance.

    Nous venons recevoir le salaire de la journée quand même nous n’aurions travaillé qu’une heure. Nous venons recevoir la plénitude de la grâce quand même nous nous serions convertis très tard. Nous venons répondre à l’appel du maître qui cherche des ouvriers quand même nous aurions méconnu cet appel ou nous serions restés sourds à ce qu’il nous dit. Ainsi, comme saint Paul y invite les Philippiens, nous sommes invités à avoir un comportement digne de l’Évangile du Christ, c’est-à-dire le comportement d’un pécheur pardonné, porteur du pardon pour ses frères.

    Amen.

    + André cardinal Vingt-Trois, archevêque de Paris.

  • Asia Bibi a été nominée au Prix Sakharov 2017

    IMPRIMER

    De l'Agence Fides :

    ASIE/PAKISTAN - Nomination au Prix Sakharov 2017 pour Asia Bibi et nouveaux coups de réflecteurs sur la loi sur le blasphème

    Lahore (Agence Fides) – Asia Bibi, la chrétienne condamnée à mort pour blasphème et incarcérée depuis 2009, a été nominée dans le cadre de l’édition 2017 du prestigieux Prix Sakharov pour la liberté de pensée, conféré par l’Union européenne. Le Prix constitue une initiative du Parlement européen et est remis à des individus ou à des groupes s’étant distingués dans le domaine de la défense des droits fondamentaux et des libertés fondamentales. Parmi les candidats de cette année, outre Asia Bibi, se trouvent Aura Lolita Chavez Ixcaquic, défenseur des droits fondamentaux provenant du Guatemala, Selahattin Demirtas et Figen Yuksekdag, Coprésidents du Parti démocrate populaire pro kurde (HDP) en Turquie, des groupes et des personnes représentant l’opposition démocratique au Venezuela, Dawit Isaak, dramaturge suédois et érythréen, arrêté en 2001 par les autorités érythréennes, et Pierre Claver Mbonospa, activiste des droits fondamentaux au Burundi.

    Peter Van Dalen, membre du groupe des Conservateurs et réformistes européens au sein du Parlement européen, qui a proposé la candidature d’Asia Bibi, a expliqué que « le cas d’Asia Bibi comporte une importance symbolique pour d’autres qui ont souffert ou souffrent pour la liberté de religion ou d’expression ».

    « En elle, peut être vue la situation de toute la communauté chrétienne. Son cas est tragiquement indicatif de l’insécurité pesant sur toutes les minorités lorsqu’il s’agit du respect de leurs droits fondamentaux » remarque dans un commentaire envoyé à Fides Kaleem Dean, intellectuel et analyste pakistanais. « Si elle obtenait le Prix Sakharov, Asia Bibi recevrait 50.000 €uros. Pourtant, ce qui est en jeu ici est quelque chose qui vaut plus que cette somme – même si elle est utile à titre de dédommagement du préjudice subi : ce qui est en jeu est la reconnaissance de la liberté religieuse au Pakistan » poursuit-il.

    « Le gouvernement – déclare-t-il – met actuellement la tête sous le sable pour ne pas entendre les cris angoissés provenant des communautés religieuses minoritaires ». Son cas particulier est également lié à la très connue loi sur le blasphème. « Les accusations de blasphème constituent un instrument de ce qui est devenue une oppression d’Etat contre les minorités. Les gouvernants devraient avoir le courage et la clairvoyance de réformer la loi sur le blasphème » conclut Kaleem Dean.

    « Le Premier Ministre pakistanais, Shahid Khaqan Abbasi, qui participait ces jours-ci à la 72ème session de l’Assemblée générale des Nations unies, s’est refusé de parler de la loi sur le blasphème au Pakistan, se contentant d’affirmer que le Parlement pakistanais constitue l’organe responsable de la modification des lois » remarque pour Fides Nasir Saeed, Directeur de l’ONG CLAAS (Centre for Legal Aid, Assistance and Settlement), engagée dans la défense des minorités religieuses au Pakistan. « Depuis des années – poursuit Nasir Saeed – cette question es tabou et même le Premier Ministre du Pakistan a peur de faire des commentaires. Le rôle du Premier Ministre est également de garantir le fait que les lois ne soient pas manipulées mais malheureusement, ces lois sur le blasphème sont régulièrement exploitées comme instrument de vengeance permettant de poursuivre des personnes innocentes. Au cours de ces dernières années, les abus d’usage de la loi sur le blasphème ont augmenté. Elle est désormais considérée comme une manière simple, rapide et peu coûteuse de résoudre des controverses privées et de punir ses adversaires ».

    « La loi sur le blasphème – conclut Nasir Saeed – n’est pas conforme aux standards internationaux en matière de droits fondamentaux. Les abus d’usage commis génèrent par ailleurs d’autres violations du droit international. Le gouvernement du Pakistan n’affronte pas un problème si important bien qu’il s’agisse d’une question de vie ou de mort ».

    Le Directeur de CLAAS rappelle qu’existent des rapports concernant un grand nombre de cas de blasphème basés sur de fausses accusations et sur l’absence d’enquêtes judiciaires. « C’est pourquoi nous invitons le Premier Ministre pakistanais à inscrire la question à l’agenda de son gouvernement et à la porter devant le Parlement » conclut-il. (PA) (Agence Fides 26/09/2017)

  • Le rite latin traditionnel rend la vérité "sensible"

    IMPRIMER

    Du Père de Blignières sur le site "Paix Liturgique" :

    RP de Blignières : LE RITE REND "SENSIBLE" LA VÉRITÉ

    Dimanche 17 septembre 2017 c'est dans une église de la Trinité des Pèlerins bondée que le RP de Blignières, fondateur des dominicains de Chéméré (et de nouveau Prieur depuis le 20 septembre 2017), a prononcé le sermon de clôture du pèlerinage romain ayant marqué le dixième anniversaire du motu proprio Summorum Pontificum. Nous sommes heureux, avec sa permission et celle du RP de Saint-Laumer, qui célébrait cette belle messe pontificale selon le rite dominicain, de vous faire partager cette réflexion qui souligne avec force le lien irrépressible entre liturgie et théologie. Car la liturgie, comme le soulignait le cardinal Müller, lors du colloque du 14 septembre à l’Université angélique, est un « lieu théologique ». Et par le fait, un « lieu » artistique. On appréciera en ce sens la conclusion du P. de Blignières, qui évoquant implicitement l’adage platonicien, « le beau est la splendeur du vrai », l’applique aux rites sacrés polis par la tradition : « La vérité qui devient sensible, qu’est-ce que c’est, sinon la beauté ? »

    SERMON DU RP DE BLIGNIÈRES (FSVF) POUR LE DIXIÈME ANNIVERSAIRE DU MOTU PROPRIO SUMMORUM PONTIFICUM

    Rome, église de la Trinité des Pèlerins, 17 septembre 2017

    Le Concile de Trente, pour rendre raison des cérémonies du Saint Sacrifice de la Messe, rappelle que la nature de l’homme a besoin d’aides extérieures et de signes visibles afin de s’élever à la contemplation des choses divines (1). On peut en tirer une définition du rite : « un rite, c’est ce qui rend sensible une vérité ». Le rite du sacrifice de la messe, c’est ce qui met à la portée de la nature humaine la vérité sur Dieu, la vérité sur l’homme, et la vérité sur le Christ. En sa forme latine traditionnelle, il rend tangibles, avec une efficacité insurpassable, ses trois aspects.

    La vérité sur Dieu : Dieu est Trinité

    Celui qui assiste pour la première fois à la messe dans le rite traditionnel est tout de suite frappé par l’ambiance sacrée qui s’en dégage. L’architecture majestueuse, la disposition de l’espace avec un lieu réservé aux ministres et un autre aux fidèles, l’orientation de la célébration, l’attitude recueillie et hiératique du célébrant, les vêtements particuliers qu’il revêt, la langue inaccoutumée qu’il emploie, les gestes de révérence qu’il fait en direction du tabernacle et des oblats consacrés, notamment les nombreuses génuflexions, enfin le mystérieux silence du canon : tout porte à sortir du monde profane et à se mettre en présence de Quelqu’un qui dépasse le monde.

    Mais si cet assistant prend la peine de suivre dans un missel ce que dit le prêtre, il est alors touché par un aspect étonnant de la prière. Certes, on y supplie avec grand respect celui que toutes les traditions de l’humanité appellent « Dieu », mais on le fait avec la certitude confiante d’un enfant s’adressant à son père. L’onction inimitable des très anciennes prières latines nous met en rapport, non avec un grand architecte impassible de l’Univers, mais avec une réalité mystérieuse et fascinante : la Trinité. On s’adresse à elle, étonnamment, comme si on était de la famille ! On lui parle avec une audace inouïe, on se présente à elle dans le voisinage de toute une nuée de saints personnages qui ont un grand crédit auprès d’elle. On ne cesse surtout de parler de son Fils, et chaque fois que l’on évoque son nom, on incline la tête.

    Lire la suite

  • Le dialogue entre Dominique Wolton et le pape François : impressions de lecture

    IMPRIMER

    Lu sur "Le temps d'y penser" :

    Les IMPRESSIONS DE LECTURE de 

    Avez-vous déjà fait l’expérience lors d’une soirée de suivre un dialogue intéressant entre deux personnes qui ne s’adressaient pas particulièrement à vous et qui ne cherchaient pas à vous convaincre mais dont les échanges vous semblaient suffisamment intéressants pour les écouter et pour y réfléchir après coup ?

    C’est l’expérience que j’ai faite à la lecture d’un dialogue entre Dominique Wolton et le pape François intitulé Politique et société. Ce n’est pas à proprement parler un livre d’entretiens au sens où il s’agirait d’une longue interview sur le modèle du Choix de Dieu réalisé par le même Dominique Wolton et Jean-Louis Missika avec Jean-Marie Lustiger en 1989.

    C’est d’abord une conversation à bâtons rompus entre deux individus qui échangent dans un climat de confiance et de bienveillance. D’où quelques redites, une discussion part parfois dans toutes les directions et un Dominique Wolton qui s’exprime autant que le pape François voire plus par endroits. Ce n’est donc pas un travail de journaliste : Dominique Wolton n’a jamais été journaliste et n’a jamais prétendu l’être.

    Une fois admis ces prémisses je pense qu’on peut se plonger avec profit dans la lecture de ce dialogue. Je livre ci-dessous mes impressions de lecture dans l’espoir que cela incitera les lecteurs de cet article à devenir des lecteurs de Politique et société.

    1/ Mettre l’accent sur la pédagogie et le discernement

    Toutes les personnes qui ont eu la chance de s’entretenir en privé avec le pape émérite Benoît XVI s’accordaient à dire que, lorsqu’on avait une discussion avec lui on en ressortait plus intelligent… et donc plus libre.

    Le cardinal Ratzinger, dont la culture théologique et l’intelligence dépassaient largement celle de la plupart de ses interlocuteurs même les plus brillants, se mettait toujours à l’écoute et au niveau de celui ou de celle qui lui parlait. Il reformulait positivement l’objection qui lui était faite ou la question qui lui était posée, puis complétait, élargissait et, le cas échéant, corrigeait parfois ce qui devait l’être mais toujours avec délicatesse et en explicitant. Il amenait ainsi son interlocuteur à un niveau supérieur de compréhension (à moins que ce ne soit à un niveau plus profond ?).

    Lire la suite

  • Quand le pape François veut élargir la vision de la famille

    IMPRIMER

    De Nicolas Senèze sur le site du journal La Croix :

    Le pape confirme sa vision large de la famille

    En refondant l’Institut Jean-Paul II, le pape François veut élargir son approche du mariage et de la famille. Un pari risqué alors que les opposants au pape sur ces sujets ne désarment pas.

    En choisissant de faire évoluer l’Institut Jean-Paul-II sur le mariage et la famille, François savait qu’il touchait à l’héritage du pape polonais en matière de famille. Cet institut, voulu par Jean-Paul II en 1981 pour promouvoir la recherche théologique sur le mariage et la famille, s’était transformé en conservatoire de la pensée wojtylienne, quitte à refuser toute autre vision.

    En pleine continuité avec son discours d’octobre 2016 où il l’invitait à renouveler son regard sur la sexualité et la famille pour prendre en compte la complexité de l’existence et les situations concrètes, François le transforme donc en un Institut pontifical théologique pour les sciences du mariage et de la famille qui devra élargir ses perspectives. (lire ci-dessous).

    Une vision élargie de la famille

    « On y étudiera l’histoire et le droit de la famille, sujets qui ne sont pas actuellement présents de manière assez robuste dans l’Institut », explique ainsi son chancelier, Mgr Vincenzo Paglia, qui souligne aussi l’apparition de nouveaux champs d’études : « Toutes les questions du genre, du soin de la Création confiée à l’homme et à la femme, les relations entre les générations, les questions de paternité et de maternité… »

    Des thèmes peu acceptables pour les opposants du pape sur ces sujets. Ceux-ci n’ont pas désarmé depuis le Synode sur la famille auquel l’institut n’avait pas réussi à fournir une réflexion crédible, tandis que plusieurs de ses professeurs critiquaient vertement l’exhortation apostolique Amoris laetitia.

    Une véritable guérilla

    Dans certains pays, comme aux États-Unis, c’est même une véritable guérilla qui est menée contre tous ceux qui entendent se placer dans cette vision élargie de la famille promue par le pape. Récemment, le jésuite James Martin, pourtant consulteur du Secrétariat pour la communication, a vu annulées plusieurs de ses conférences sur son livre appelant à Bâtir un pont avec les homosexuels, à la suite d’une campagne sur Internet. L’ouvrage avait pourtant reçu l’appui du cardinal Kevin Farrell, préfet du dicastère pour la famille, les laïcs et la vie.

    De son côté, Rebecca Bratten Weiss, fondatrice du New Pro-Life Movement, qui essaye d’aborder les questions pro-vie au-delà de la seule question de l’avortement, a été licenciée de la très conservatrice Université franciscaine de Steubenville (Ohio) après une campagne similaire.

    « Aux États-Unis, les catholiques conservateurs ne sont pas du tout ouverts à la compréhension dynamique de François, explique le théologien Massimo Faggioli, professeur à l’Université Villanova, près de Philadelphie. Pour eux, il y a un bloc composé du Catéchisme de l’Église catholique, de l’enseignement de Jean-Paul II et des décisions des années 1980-1990 de la Congrégation pour la doctrine de la foi en matière morale. Et tout changement dans les structures héritées de Jean-Paul II est inacceptable. »

    Une vision relayée par des médias très puissants

    Cette vision intangible est relayée par des médias très puissants qui rendent parfois compte de manière biaisée de l’enseignement de François. « Ici, nous sommes très focalisés sur le monde anglo-saxon. Tout ce qui n’est pas écrit en anglais est ignoré, explique Massimo Faggioli. Pour eux, François est un étranger qu’ils ne comprennent pas, et dont la légitimité est mise en doute. »

    Ce qui explique le succès dans ces milieux des « dubias », les doutes émis l’année dernière par quatre cardinaux, dont l’Américain Raymond Burke et l’Italien Carlo Caffarra, mort il y a quelques jours et président-fondateur de l’Institut Jean-Paul-II. Le fait que le motu proprio Summa familiae cura de François ait été publié un an jour pour jour après la lettre des cardinaux au pape apparaît ainsi clairement comme une réponse du pape. Dans son texte, il prend d’ailleurs grand soin d’expliquer longuement la continuité de sa vision de la famille avec celle de Jean-Paul II, qu’il refuse de voir érigée en système clos.

    Pour Mgr Paglia, s’il n’y a pas de « prise de distance avec les inspirations de Jean-Paul II », François « élargit la perspective, d’une focalisation seulement sur la théologie morale et sacramentelle à une vision biblique, dogmatique et historique qui tient compte des défis contemporains ». Pour le pape, ajoute-t-il, « la famille n’est pas un idéal abstrait mais une réalité majeure de la société : toutes les familles, sans distinction doivent être aidées et accompagnées pour redécouvrir leur mission historique, que ce soit dans l’Église ou dans la société ».

    -------------------------

    « Regarder avec un sage réalisme la réalité de la famille »

    « Le changement culturel et anthropologique qui influence aujourd’hui tous les aspects de la vie et demande une approche analytique et diversifiée impose de ne pas nous limiter à des pratiques pastorales et missionnaires reflétant des formes et des modèles du passé. Nous devons être des interprètes conscients et passionnés de la sagesse de la foi dans un contexte où les individus sont moins soutenus que par le passé par les structures sociales dans leur vie affective et familiale. Dans la proposition si limpide de rester fidèles à l’enseignement du Christ, nous devons donc regarder avec une intelligence pleine d’amour et un sage réalisme la réalité de la famille aujourd’hui, dans toute sa complexité avec ses parts d’ombre et de lumière. »

    Extrait du motu proprio Summa familiae cura du pape François.

  • Le développement d'un climat antichrétien en Israël

    IMPRIMER

    De Sylvain Dorient sur aleteia.org :

    Un évêque déplore un climat anti-chrétien en Israël

    Mgr Giacinto-Boulos Marcuzzo, vicaire patriarcal à Jérusalem et en Palestine, déplore le climat hostile qui s’installe à l'égard des chrétiens de Terre sainte.

    Dans la soirée du mercredi 20 septembre, l’église Saint-Étienne de Bet Gemal, un village situé à 30 kilomètres à l’ouest de Jérusalem, était saccagée. Un acte de vandalisme qui s’inscrit dans un contexte de tension pour les chrétiens d’Israël, selon Mgr Marcuzzo.

    Lire aussi : Une église des salésiens profanée en Terre sainte

    Peu avant l’incident du 20 septembre, il dénonçait, conjointement avec les chefs des Églises chrétiennes locales, des tentatives « systématiques » de saper l’intégrité de la Ville sainte de Jérusalem et une volonté « d’affaiblir la présence chrétienne (en Terre sainte) ». Il commente pour Aleteia cette nouvelle attaque.

    Lire aussi : Terre sainte : les Églises chrétiennes dénoncent une volonté d’affaiblir leur présence

    Aleteia : A-t-on une idée de l’identité de ceux qui ont saccagé l’église Saint-Étienne de Bet Gemal ?

    Mgr Marcuzzo : On a de forte présomption, mais pas de preuve, car ils n’ont pas laissé de trace. Leurs actions semblent inspirées d’une interprétation biaisée de l’Ancien testament, selon lequel il faut détruire les idoles. Mais les représentations, dans les églises ne sont pas des idoles ! Et en attaquant de la sorte, ils délivrent un message haineux à l’égard de ceux qui ne partagent pas leur fanatisme. C’est d’autant plus inquiétant que ce ne sont pas des destructions aveugles, mais une attaque planifiée. Les gens sont venus avec des bâtons et des pierres et ils ont soigneusement neutralisé le système électrique avant de procéder à des destructions. Enfin, cette attaque nous attriste car elle a eu lieu dans un contexte de fête pour nos frères juifs, qui célébraient la nouvelle année 2017 [les fêtes du Nouvel An juif, Roch Hachana, ndlr].

    Avez-vous le sentiment que la présence des chrétiens n’est plus la souhaitée en Israël ?

    Il existe effectivement certains fanatiques qui refusent notre présence, en tant qu’Églises enracinées. Ils ne s’opposent pas aux pèlerins mais voudraient qu’il n’y ait plus de chrétiens locaux, et ils s’attaquent en particulier aux biens des Églises. C’est le sens d’une proposition de loi, qui nous préoccupe beaucoup, qui prévoit de transférer à l’État d’Israël tous les terrains ayant appartenu à des Églises et qui ont été vendus à des investisseurs privés. Elle est tout à fait contraire à l’esprit des lois israélien, et je suis surpris qu’elle soit soutenue par 40 députés sur 120 !

    La récente vente d’un terrain à Jérusalem est-elle de nature à vous inquièter, ou bien s’agit-il d’un cas isolé ?

    Qu’une cour israélienne autorise cette vente, au profit d’un groupe ouvertement colonisateur, c’est en effet inédit ! Mais ce n’est pas un cas isolé en ce sens qu’il y a une véritable campagne pour acheter les biens des chrétiens à Jérusalem. Ceux qui l’orchestrent veulent que tout Jérusalem soit d’une certaine couleur, et ils bénéficient parfois de soutiens financiers venus de l’étranger [le terrain en question a été acheté par l’association Ateret Cohanim, dont les bureaux sont à New York et qui bénéficie ostensiblement du soutien de la diaspora, ndlr]. C’est pourquoi je demande à ce que les Églises ne se mettent pas en danger, qu’elles ne vendent pas leurs terrains, sans quoi elles participeront à leur propre disparition !