D'Hélène Bodenez sur Aleteia.org :
L’actualité de l’Apocalypse selon Benoît XVI
La référence à l’Apocalypse faite par le pape émérite dans sa Note sur les abus sexuels dans l’Église est passée inaperçue. Elle éclaire pourtant le mystère de l’Église dans la fin des temps, celui de l’épreuve et de la sainteté, de la pénitence et de l’espérance.
Le pape émérite Benoît XVI, dans l’épreuve de sa retraite, a dû parler. Tout doucement. Un murmure dans une revue bavaroise destinée à un clergé confidentiel. En réalité, un texte voué sans doute à une diffusion restreinte1. Et le voilà devenu chorus mondial. Les mêmes ennemis qu’auparavant, sous son pontificat, ont depuis lancé leur fiel, les ennemis d’aujourd’hui immédiatement leur vindicte. Aucun ne peut, semble-t-il, imaginer que le doux Benoît XVI ait écrit, en théologien, sous la mouvance de l’Esprit saint, en « coopérateur de la vérité ». Chaque commentateur2 y va de son analyse plus ou moins autorisée, certains n’ayant même pas lu convenablement le texte.
Dans les luttes de l’Église
Mais l’heure n’a jamais été aussi grave. En pleine crise de la pédophilie dans l’Église, le pape émérite convoque un livre de la Bible qui est loin d’être anodin, pour comparer ce qu’il s’y passe à « l’actualité de ce qui est dit dans l’Apocalypse ». Flagrante, évidente, conclut-il. Dans la dernière partie de « ses quelques notes », Benoît XVI cite ce dernier livre qui clôt la Révélation, le livre écrit par l’aigle de Patmos à propos de la fin des temps, fin des temps dans laquelle nous sommes entrés depuis la mort et la résurrection du Christ.
Vision d’éternité, béatitude pour ceux qui la lisent, l’Apocalypse, donne de la force pour vivre les tribulations et nourrit notre espérance. Et des tribulations, nous en vivons comme jamais ! Certes, le pape émérite cite un passage particulier, le chapitre 12, celui de l’accusation diabolique permanente contre Dieu et contre l’Église « dans le but de nous en éloigner ». Mais cette phrase est plus profonde, plus large, qu’elle n’en a l’air.
« J’ai été très touché par un discours récent du pape François dans lequel il est dit qu’il faut que l’on établisse dans l’avenir une « culture de la rencontre ». Il dit l’importance de regarder dans les yeux et de toucher. Je trouve très important que nous écoutions ce que dit le Pape ; il ne s’agit pas seulement de se réjouir de son sourire, mais de le prendre au sérieux. Il propose une culture de la rencontre ; c’est un peu ce que, dans Intouchables, ce film plein d’émotion et surtout de vérité, Philippe [Pozzo di Borgo, joué par François Cluzet] a vécu avec Abdel [joué par Omar Sy], qui sortait de prison. Ma vie a été faite de rencontres. Des rencontres qui m’ont choqué — en voyant à quel point les personnes avec un handicap étaient peu écoutées, et pas du tout prises en considération. Je suis frappé, en pensant à des personnes de ma communauté, de leur humiliation de ne pas avoir été considérées, regardées comme importantes. À l’Arche comme à Foi et Lumière, d’anciens volontaires témoignent après un certain temps que leurs années ont été difficiles mais extraordinaires, et qu’ils n’en voudraient rien changer. L’une a écrit dans une très belle lettre : « Je suis venue à l’Arche ne connaissant rien, et j’avais peut-être un peu peur. Mais j’ai passé un an et demi avec des gens sympathiques, rigolos, profonds. Je crois que je n’ai jamais autant ri, autant pleuré. Je quitte ce temps de l’Arche transformée ».



