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Foi - Page 65

  • Saint Servais, évêque de Tongres (13 mai)

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    De Joseph Grandjean sur un site consacré à l'histoire de la principauté de Liège :

    Saint Servais

    Après la mort de St Materne, évêque de Cologne, vers 328, son diocèse fut démembré en plusieurs autres dont ceux de Cologne, Tongres et Cambrai. En érigeant le nouveau diocèse de Tongres, on lui donna pour limite la circonscription civile de la cité et c’est vers 344 que St Servais occupa pour la première fois son siège. Des documents authentiques nous révèlent en lui un homme de premier plan, un pasteur qui ne se contentait pas de régir son troupeau, mais se préoccupait des intérêts de l’Eglise universelle, il fut un défenseur acharné de la vraie doctrine. C’est dans les controverses ariennes que St Servais se distingua car il y  joua un rôle essentiel.

    Rappelons que le Concile de Nicée, de 325, qui définissait la divinité de la seconde personne de la Trinité, condamna formellement les théories d’Arius. Mais les Eusébiens, appelés ainsi du nom du principal évêque arianisant, Eusèbe de Nicomédie, arrachent à l’empereur  Constantin le rappel d’Arius, exilé, et la proscription du champion de l’orthodoxie nicéenne, Athanase, évêque d’Alexandrie. C’est notamment  lors de son exil qu’Athanase fit à Trèves, un séjour resté célèbre.

    Après la mort de Constantin, en 337, son empire est divisé entre ses trois fils Constantin II, Constance et Constant. Constantin II est assassiné rapidement ; Constant, partisan de l’orthodoxie défendue au concile de Nicée devient empereur d’Occident, tandis que Constance, fervent de la doctrine d’Arius, est nommé empereur d’Orient.

    En 339, au synode d’Antioche, les évêques orientaux déposent Athanase. Mécontent, Constant, réclame à son frère Constance, la réunion d’un nouveau concile des deux Eglises afin de confirmer les conclusions de Nicée.  Ce concile eut lieu à Sardique (Sofia), en 343 et, malgré l’opposition des Eusébiens, le symbole de Nicée y fut confirmé et Athanase y fut absous et rétabli sur son siège. St Servais, évêque de Tongres, assista à ce concile en compagnie de Maximin de Trèves et d’Euphrate de Cologne. Il figure également sur la liste des 282 évêques favorables à la cause d’Athanase.

    Après le concile de SardiqueVincent de Capoue et Euphrate de Cologne sont chargés par l’empereur Constant de se rendre chez son frère afin d’obtenir de lui la fin de la persécution contre les catholiques en Orient. Ils réussirent dans leur mission, cependant Euphrate, après son retour, est accusé lui-même d’arianisme et déposé par le concile de Cologne, en 346. A cette assemblée, St Servais aurait déclaré, avec d’autres évêques, qu’Euphrate n’était plus digne de l’épiscopat.

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  • Le pape au Regina Caeli : l'Église a un besoin urgent de vocations

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    Du Tagespost :

    Le pape au Regina Caeli : l'Église a un besoin urgent de vocations

    100 000 fidèles accueillent avec enthousiasme le nouveau pape sur la place Saint-Pierre : nous documentons le discours de Léon XIV lors de la prière de midi « Regina Caeli ».

    11.05.2025

    Chers frères et sœurs, passez un bon dimanche !

    Je considère comme un don de Dieu que le premier dimanche de mon ministère d’ évêque de Rome soit le dimanche du Bon Pasteur, le quatrième dimanche de Pâques. Ce dimanche, à la Sainte Messe, est toujours proclamé le dixième chapitre de l'Évangile de Jean , dans lequel Jésus se révèle comme le véritable berger qui connaît et aime ses brebis et donne sa vie pour elles. 

    Ce dimanche marque la soixante-deuxième année de la Journée mondiale de prière pour les vocations. Et aujourd'hui, la célébration de l'Année Sainte des fanfares et de la musique folklorique a également lieu à Rome. Je salue chaleureusement tous ces pèlerins et je les remercie, car avec leur musique et leurs prestations ils enrichissent la fête, la fête du Christ , le Bon Pasteur : oui, c'est lui qui guide l'Église avec son Esprit Saint. 

    Prier pour les vocations avec tout le peuple de Dieu

    Jésus dit dans l’Évangile qu’il connaît ses brebis et qu’elles écoutent sa voix et le suivent (cf. Jn 10, 27). Car, comme l’enseigne saint Grégoire le Grand : les hommes « répondent à l’amour de celui qui les aime » (Homélie 14, 3-6). 

    C'est pourquoi, chers frères et sœurs, je suis heureux de prier aujourd'hui avec vous et avec tout le peuple de Dieu pour les vocations, en particulier celles au sacerdoce et à la vie religieuse. L’Église en a urgemment besoin ! Il est important que les jeunes hommes et femmes de nos congrégations trouvent acceptation, écoute et encouragement sur leur cheminement professionnel, et qu’ils puissent compter sur des exemples crédibles de service généreux et dévoué à Dieu et à leurs frères et sœurs. 

    Faisons nôtre l’invitation que le pape François nous a laissée dans son message d’aujourd’hui : l’invitation à accueillir et à accompagner les jeunes. Et demandons à notre Père céleste que nous soyons des pasteurs les uns pour les autres, chacun selon son état de vie, « selon son cœur » (cf. Jr 3, 15), et capables de nous aider les uns les autres à vivre dans l’amour et dans la vérité. 

    Que la Vierge Marie, dont toute la vie a été une réponse à l’appel du Seigneur, nous accompagne toujours dans notre marche à la suite de Jésus.

    Après le « Regina Caeli », le Pape a déclaré :

    Frères et sœurs, il y a 80 ans, le 8 mai, la tragédie incommensurable de la Seconde Guerre mondiale prenait fin après avoir fait 60 millions de victimes. Dans le scénario dramatique d'aujourd'hui d'une troisième guerre mondiale en morceaux, comme l'a déclaré à plusieurs reprises le pape François, je me tourne moi aussi vers les grands de ce monde et je réitère l'appel toujours d'actualité : « Plus jamais la guerre ! »

    Je porte dans mon cœur la souffrance du peuple ukrainien bien-aimé. Que tout soit mis en œuvre pour parvenir au plus vite à une paix véritable, juste et durable. Que tous les prisonniers soient libérés et que les enfants retournent dans leurs familles.

    « Profondément attristé » par les souffrances dans la bande de Gaza

    Je suis profondément attristé par ce qui se passe dans la bande de Gaza. Arrêtez le feu immédiatement ! Fournir une aide humanitaire à la population civile épuisée et libérer tous les otages.

    J’ai plutôt salué l’annonce du cessez-le-feu entre l’Inde et le Pakistan, et j’espère qu’un accord durable pourra bientôt être trouvé lors des prochaines négociations. Mais combien d’autres conflits y a-t-il dans le monde ! Je présente cet appel ardent à la Reine de la Paix afin qu'elle le présente au Seigneur Jésus pour nous obtenir le miracle de la paix.

    Et maintenant, je vous salue tous, Romains et pèlerins de différents pays, avec une grande affection. Je salue les membres de la Société biblique britannique et étrangère, le groupe de médecins de Grenade, les croyants de Malte, de Panama, de Dallas, du Texas, de Valladolid, de Torrelodones (Madrid), de Montesilvano et de Cinisi.

    Je salue les participants à l’événement « Nous choisissons la vie » et les jeunes de la Confrérie de Santa Maria Immacolata et San Francesco di Assisi de Reggio Emilia.

    Aujourd'hui, la fête des mères est célébrée en Italie et dans d'autres pays. J’adresse mes plus chaleureuses salutations à toutes les mères et je prie pour toutes les mères, y compris celles qui sont déjà au paradis. Bonne fête des mères à toutes les mamans !

    Merci beaucoup à tous ! Bon dimanche à tous !


    Le matin, le pape Léon a célébré la messe dans les grottes de la basilique vaticane, près du tombeau de l'apôtre Pierre. Il a célébré avec le Prieur Général de l'Ordre des Augustins, le Père Alejando Moral Anton. Le pape a ensuite passé un temps de prière sur les tombes de ses prédécesseurs.

    Sur la place Saint-Pierre, il a été accueilli avec enthousiasme par environ 100 000 personnes qui se sont massées au fond de la Via della Conciliazione. Les drapeaux et les bannières montraient qu’une grande variété de nations étaient représentées. La première prière du « Regina Coeli » avec Léon XIV fut une véritable célébration des peuples.

  • George Weigel : Les catégories politiques au conclave sont absurdes

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    De Franziska Harter sur le Tagespost :

    George Weigel : Les catégories politiques au conclave sont absurdes

    « Un homme qui vient de prendre sur lui le fardeau de toute une vie » : l'expert américain du pape George Weigel dans une interview sur ses premières impressions du pape Léon XIV.
    Le théologien et publiciste George Weigel
    Photo : George Weigel | Le théologien et publiciste George Weigel, né en 1951 à Baltimore, dans le Maryland, est l'un des intellectuels catholiques les plus renommés des États-Unis.

    Monsieur Weigel, quelle impression vous ont fait les premières déclarations du Saint-Père ?

    La première chose à laquelle j'ai pensé lorsque le pape Léon XIV est entré dans la loggia de la basilique Saint-Pierre jeudi a été : ce n'est pas tant un homme qui a « gagné » quelque chose, mais un homme qui vient de prendre sur lui un énorme fardeau qui durera toute sa vie. Son premier discours sur la loggia a touché de nombreuses notes justes. Son homélie aux cardinaux lors de sa première messe en tant que pape dans la chapelle Sixtine le lendemain matin était encore meilleure parce qu'elle était profondément centrée sur le Christ.

    Mozzetta, étole, bénédiction latine, mais aussi remerciements à François et engagement pour la synodalité : comment interpréter ces différents gestes lors de la première apparition publique du Pape ? 

    Les vêtements me disent qu’il comprend la nature de la fonction qu’il a assumée et qu’il sait qu’il ne peut pas subordonner cette fonction à ses préférences personnelles. Quant à la synodalité, personne ne sait vraiment ce que signifie « synodalité ». Il nous faut donc attendre de voir ce que le pape Léon veut dire par là. Cependant, je suis presque sûr qu’il ne veut pas dire la même chose que le Chemin synodal allemand.

    « Ses vêtements me disent qu’il
    comprend la nature de la fonction qu’il assume et qu’il sait
    qu’il ne peut pas subordonner cette fonction à ses préférences personnelles. »

    L’élection du cardinal Prévost a-t-elle été une surprise pour vous ? 

    Le cardinal Robert Francis Prevost a été discuté par les cardinaux à huis clos au cours des deux dernières semaines. C'est pourquoi je n'ai pas été surpris par son élection, mais seulement par la rapidité avec laquelle les cardinaux se sont mis d'accord sur lui.

    Les commentateurs des médias se demandent si c'est l'aile progressiste ou l'aile conservatrice qui a prévalu lors de ce conclave. En tant que catholiques, nous savons que le Saint-Esprit a également son mot à dire. Comment jugez-vous ce conclave très court ? 

    J’aimerais que les médias laïcs cessent de parler de l’Église catholique en utilisant des catégories politiques complètement absurdes. Les médias se demandent-ils parfois si le Dalaï Lama est un « bouddhiste libéral » ou un « bouddhiste conservateur » ? L’Église catholique est une question de vrai et de faux, de bien et de mal ; Il ne s’agit pas de gauche ou de droite.

    Quelles qualités personnelles, théologiques, diplomatiques et autres Prévost apporte-t-il à la papauté ?

    En tant qu’ancien supérieur de l’ordre des Augustins, il sait diriger. En tant qu’ancien missionnaire, il sait que nous devons devenir une église missionnaire partout dans le monde. En tant que croyant, il sait que Jésus-Christ est la réponse aux peurs du monde. Il l'a également dit aux cardinaux dans son homélie le lendemain de son élection.

    Que signifie un pape américain pour les catholiques aux États-Unis et pour l’épiscopat, qui souffre également de divisions internes ?

    Les divisions au sein de l’épiscopat américain sont grandement exagérées. Il existe une solide et grande majorité d’évêques qui, dans leur manière de vivre le ministère épiscopal, s’inspirent de Jean-Paul II et de Benoît XVI. orienter. Il existe tout au plus un petit groupe qui a peu d'influence au sein de la Conférence épiscopale et qui pense de la même manière que la majorité du Collège épiscopal allemand.

    Quelles seront les tâches les plus urgentes du Saint-Père dans les mois à venir ?

    Pour former une équipe solide qui puisse l'aider à rétablir l'ordre à Rome et à remettre sous contrôle la situation financière préoccupante du Vatican.


    Le théologien et publiciste catholique américain George Weigel est devenu connu comme le biographe de Jean-Paul II. Dans son ouvrage de 2020 « Le prochain pape : la fonction de Pierre et une Église en mission », il a effectué des recherches sur le sujet à partir de ses conversations personnelles avec les papes Jean-Paul II, Benoît XVI et Paul VI. et François sur les défis auxquels le prochain pontificat sera confronté.

  • Une interview de 2012 nous éclaire sur l'orientation du nouveau pape

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    De

    Le passé contre-culturel du pape Léon XIV et ses indices pour l'avenir

    Comment une interview de 2012 a conduit à la première controverse du nouveau pontificat.

    Depuis l'élection du cardinal Robert Francis Prevost par le conclave papal le 8 mai, nombreux sont ceux qui guettent avec attention les indices permettant de savoir si le pape Léon XIV suivra ou non la voie tracée par son défunt prédécesseur. Les observateurs ont noté son choix d'un nom papal traditionnel et sa décision de porter la cape rouge, appelée mozzetta, lors de sa première apparition sur la loggia de la basilique Saint-Pierre – deux signes de contraste avec le pape François, un pape non conformiste. 

    Pourtant, l’un des éléments de preuve les plus discutés n’est pas une décision du nouveau pape, mais quelque chose qu’il a dit il y a plus de dix ans, lorsqu’un collègue et moi l’avons enregistré.

    J'ai rencontré le futur pape Léon XIV en octobre 2012, au lendemain de la clôture du synode sur la Nouvelle Évangélisation. Ce synode, caractéristique du pontificat de Benoît XVI, était axé sur le défi de la diffusion et du maintien de la foi dans les sociétés occidentales de plus en plus postchrétiennes. L'essentiel de ses discours a été résumé par le cardinal Donald Wuerl de Washington, qui a déploré qu'un « tsunami de laïcité » submerge l'Église. 

    À cette époque, avant les restrictions imposées par le pape François, les discours des participants aux synodes à huis clos étaient régulièrement rendus publics. L'un des discours les plus marquants et les plus provocateurs fut celui du père Robert Prevost, prieur général de l'Ordre de Saint-Augustin, qui expliqua comment les médias occidentaux promouvaient ce qu'il qualifiait de « choix de vie antichrétiens » – notamment l'avortement, l'euthanasie et le mariage homosexuel – et comment l'Église catholique pouvait y répondre.

    À cette époque, je dirigeais le bureau romain du Catholic News Service, une filiale de la Conférence des évêques catholiques des États-Unis, et nous couvrions le synode en profondeur. J'ai écrit à l'ordre du Père Prévost pour lui demander si je pouvais l'interviewer, et il a immédiatement accepté. Alors, avec mon collègue du CNS, Robert Duncan, je suis allé le voir à son bureau, à quelques mètres de la place Saint-Pierre.

    Le futur pape était courtois, quoique un peu réservé, si je me souviens bien, mais il s'animait lorsqu'il évoquait le grand saint dont les œuvres sont le fondement de son ordre religieux. J'ai interviewé le père Prévost en vidéo,  abordant plusieurs sujets, notamment les leçons que saint Augustin offre, notamment dans ses Confessions , pour évangéliser une société très individualiste.

    Nous avons également enregistré le Père Prevost lisant le texte de son intervention au synode, que mon collègue Robert a transformé en une vidéo en deux parties, illustrée d'exemples de la culture médiatique très occidentale que le futur pape critiquait. Vous pouvez visionner la vidéo ici .

    Le Père Prévost a réagi favorablement lorsque je lui ai envoyé les résultats de notre rencontre. « Merci beaucoup ! J’ai apprécié les présentations vidéo et j’ai envoyé les liens à différents endroits », a-t-il écrit.

    Je n'ai pas revu le Père Prévost pendant plus de dix ans, période durant laquelle il acheva son mandat à la tête de son ordre et retourna au Pérou, son ancien champ de mission, pour servir comme évêque de Chiclayo. Lorsque le pape François le nomma à la tête du Dicastère des évêques en 2023, faisant de lui son principal conseiller pour le choix des dirigeants de l'Église dans le monde, j'ai été quelque peu surpris. Le contenu de son discours au synode de 2012 ne contredisait pas, à proprement parler, l'enseignement du pape François, mais son ton contre-culturel contrastait avec l'approche conciliante du pape argentin envers la culture laïque.

    Lors d’une réception organisée par l’ambassade des États-Unis près le Saint-Siège, j’ai rencontré le préfet de l’époque et je lui ai rappelé notre rencontre et son discours au synode. 

    « Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis lors », a-t-il déclaré, d’une voix agréable mais quelque peu énigmatique.

    Le jour du consistoire de 2023, lorsqu'il est devenu cardinal Prévost, mon ancien collègue Robert lui a demandé si ses vues avaient changé sur les questions controversées qu'il avait abordées dans son discours au synode de 2012. 

    Le futur pape a répondu : « Le pape François a clairement indiqué qu'il ne voulait pas que des personnes soient exclues simplement en raison de leurs choix, qu'il s'agisse de mode de vie, de travail, de tenue vestimentaire, ou autre. La doctrine n'a pas changé, et personne n'a encore dit : « Nous attendons ce genre de changement. » Mais nous cherchons à être plus accueillants et plus ouverts, et à dire que tout le monde est le bienvenu dans l'Église. »

    Dans sa première homélie en tant que pontife, s'adressant aux cardinaux dans la chapelle Sixtine au lendemain de son élection, le pape Léon XIV a fait écho à ses précédentes remarques sur l'hostilité de la culture laïque au christianisme : « Aujourd'hui encore, il existe de nombreux contextes où la foi chrétienne est considérée comme absurde, réservée aux faibles et aux inintelligents. Des contextes où d'autres sécurités sont privilégiées, comme la technologie, l'argent, le succès, le pouvoir ou le plaisir. » 

    Cependant, lors d'une nouvelle rencontre avec les cardinaux le 10 mai, le nouveau pape a déclaré son intention de suivre l'exemple du pape François dans plusieurs domaines, notamment son « dialogue courageux et confiant avec le monde contemporain dans ses diverses composantes et réalités ».

    Le discours du pape Léon XIV de 2012, enregistré sur bande sonore, est devenu le point de départ de la première controverse de son pontificat. Les militants LGBTQ espèrent que ce discours ne reflète pas la vision du nouveau pape. La manière dont il traitera cette question, ou choisira de l'ignorer, sera un nouvel indice de sa volonté de diriger.

  • Léon XIV et l'avenir de l'Église

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    De Roberto de Mattei sur Corrispondenza Romana :

    Léon XIV et l'avenir de l'Église

    La première impression est la plus importante, car elle est intuitive et s’imprime dans la mémoire. C'est pourquoi, dans un article précédent, en nous demandant quels seraient les premiers mots que le nouveau Pape prononcerait depuis la loggia de la Basilique Saint-Pierre, nous écrivions : « Certes, les paroles et les gestes avec lesquels le futur Pape inaugurera le pontificat révéleront déjà une tendance, offrant un premier élément de discernement au sensus fidei du peuple catholique. Quel que soit le nom qu'il prendra, le Pontife élu par le Collège des cardinaux voudra-t-il suivre les traces de François ou rompre avec son pontificat qui, selon beaucoup, a constitué une catastrophe pour l'Eglise ?

    Nous avions une réponse, et elle était dans un esprit de discontinuité, du moins en ce qui concerne le style de gouvernement auquel François avait confié son message principal. Le choix d'un nom aussi exigeant, qui évoque un pape au vaste magistère doctrinal, comme Léon XIII, mais aussi des papes saints et combattants, comme saint Léon le Grand et saint Léon IX, est déjà une tendance. Tout aussi significative fut la manière dont le nouveau pape se présenta au peuple de Rome. La sobriété des manières de Léon XIV s'accompagnait de sa reconnaissance de la dignité de l'Église, qu'il honorait en portant les vêtements solennels exigés par le cérémonial : la mozette rouge, l'étole pontificale, la croix pectorale dorée, ce qui n'était pas arrivé 12 ans plus tôt. 

    Dans les premiers mots de son discours, Léon XIV a souhaité la paix au nom du Christ ressuscité et dans les derniers mots, il a rappelé que le 8 mai est le jour de supplication à Notre-Dame de Pompéi, en récitant l'Ave Maria avec les fidèles et en donnant sa première bénédiction « Urbi et Orbi », avec l'octroi de l'indulgence plénière. Nous ajoutons que le 8 mai est aussi la fête de Marie Médiatrice de toutes les grâces et de saint Michel Archange, prince des armées célestes et, avec saint Joseph, protecteur de l'Église. Cela n’a pas échappé à ceux qui prêtent attention au langage des symboles.

    Beaucoup peinent à reconstituer les actions et les paroles de l'évêque puis du cardinal Prévost, pour comprendre quel pourrait être l'agenda de son pontificat. La crainte est que la discontinuité avec le pape François dans la forme ne corresponde pas à une distance similaire dans le contenu. Mais à une époque où la pratique l’emporte sur la doctrine, la restauration de la forme contient déjà, implicitement, une restauration de la substance. Il faut aussi rappeler que, lors de son élection, chaque Pape reçoit des grâces d'état proportionnelles à sa tâche et il est arrivé plusieurs fois que la position d'un Pontife change une fois qu'il a assumé le ministère pétrinien. C'est pourquoi, comme l'a dit à juste titre le cardinal Raymond Leo Burke dans un communiqué , assurant son soutien au nouveau pontife, il est nécessaire de prier pour que le Seigneur lui accorde « une sagesse, une force et un courage abondants pour faire tout ce que Notre Seigneur lui demande en ces temps tumultueux ». A l'intercession de Notre-Dame de Guadalupe rappelée par le cardinal Burke, nous suggérons d'ajouter celle de Notre-Dame du Bon Conseil vénérée dans le sanctuaire augustinien de Genazzano.

    Bien sûr, la vigilance et la lutte contre les ennemis extérieurs et intérieurs de l’Église ne peuvent cesser, mais ce n’est pas le moment de la déception et de l’inquiétude, c’est le moment de la joie et de l’espérance. C'est un moment de joie car l'Église romaine a élu le Vicaire du Christ, Léon XIV, renouvelant ainsi la chaîne apostolique qui le lie à l'apôtre Pierre. C'est l'heure de l'espérance, car le successeur de Pierre est la Tête, sur la terre, du Corps mystique du Christ, qui est l'Église, et l'Église, malgré les épreuves et les persécutions auxquelles elle est soumise dans l'histoire, s'élève toujours triomphante, comme son divin fondateur.

    Commentant les paroles de l'Évangile de Luc (24, 36-47), saint Augustin écrit : « Comme vous l'avez entendu, le Seigneur, après sa résurrection, est apparu à ses disciples et les a salués en disant : La paix soit avec vous. Voici, la paix est la salutation du salut, puisque le terme même de « santé » tire son nom du salut. Quoi de mieux alors que le salut lui-même accueille l’homme ? Car notre salut, c'est Christ. C'est lui qui est notre salut, lui qui a été couvert de blessures pour nous, cloué sur le bois de la croix, puis, descendu du bois, a été placé dans le tombeau. Cependant, il est ressuscité du tombeau avec ses blessures guéries mais conservant encore ses cicatrices. Il jugea utile pour ses disciples que ses cicatrices soient conservées, afin que les blessures de leur cœur puissent être guéries avec elles. Quelles blessures ? Les blessures de l'incrédulité " (Sermon 116, 1. 1).

    L’incrédulité d’un monde qui a tourné le dos au Christ est la cause principale du manque de paix à notre époque. C'est pourquoi Léon XIV, fils de saint Augustin, dans sa première homélie prononcée le 9 mai devant les cardinaux électeurs, en se référant aux ténèbres d'un monde sans foi, a déclaré que l'Église doit être « toujours plus une ville posée sur une montagne, une arche de salut qui navigue à travers les vagues de l'histoire, un phare qui illumine les nuits du monde ». Le Pape a ensuite rappelé la célèbre expression de saint Ignace d'Antioche (cf.  Lettre aux Romains, Salut ), lorsque, « conduit enchaîné vers cette ville, lieu de son sacrifice imminent, il écrivait aux chrétiens qui s'y trouvaient : « Alors je serai vraiment disciple de Jésus-Christ, quand le monde ne verra plus mon corps » (Lettre aux Romains, IV, 1). Il faisait allusion au fait d’être dévoré par les bêtes sauvages dans le cirque – et c’est ce qui s’est passé – mais ses paroles rappellent dans un sens plus général un engagement indispensable pour quiconque, dans l’Église, exerce un ministère d’autorité : disparaître pour que le Christ demeure, se faire petit pour qu’il soit connu et glorifié (cf. Jn 3, 30), se dépenser totalement pour que personne ne manque l’occasion de le connaître et de l’aimer . Que Dieu m'accorde cette grâce, aujourd'hui et toujours, avec l'aide de la très tendre intercession de Marie, Mère de l'Église .

    Ces mots sonnent presque comme une prémonition. Lors de sa première apparition sur la loggia de la basilique Saint-Pierre, le visage de Léon XIV était strié de larmes. Ces larmes discrètes peuvent exprimer l'émotion d'un homme qui, devant une foule acclamée, revient sur tout son passé, de la paroisse de Chicago à son arrivée inattendue au sommet de l'Église. Mais ils peuvent aussi manifester l’affliction de ceux qui entrevoient l’avenir de l’Église et du monde. 

    Comment oublier les pleurs silencieux et prophétiques de la Madone à Syracuse, où le cardinal Prévost s'est rendu en septembre dernier, à l'occasion du 71e anniversaire du déchirement miraculeux ? Et comment ne pas se souvenir, à la veille du 13 mai, du Troisième Secret de Fatima qui décrit un Pape, « affligé de douleur et de tristesse », qui traverse une ville en ruines, grimpant vers une montagne où l'attend le martyre au pied de la Croix ?

    L'avenir du pape Léon XIV n'est connu que de Dieu, mais le message de Fatima, avec sa promesse du triomphe final du Cœur Immaculé de Marie, le sait. c'est une certitude qui anime les cœurs pieux en ces jours surprenants de mai qui ont donné un nouveau Pape à l'Église. 

  • Le message du nouveau pape aux cardinaux (10 mai 2025)

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    Le message du nouveau pape aux cardinaux (10 mai 2025) :

    Merci beaucoup, Éminence. Avant de prendre place, commençons par une prière, en demandant au Seigneur de continuer à accompagner ce Collège et surtout toute l'Église dans cet esprit, avec enthousiasme, mais aussi avec une foi profonde. Prions ensemble en latin.

    Pater noster… Ave Maria…

    Dans la première partie de cette rencontre, il y aura une petit discours avec quelques réflexions que j'aimerais partager avec vous. Mais ensuite, il y aura une deuxième partie, un peu comme l'expérience que beaucoup d'entre vous ont demandée, une sorte de partage avec le Collège cardinalice afin de pouvoir entendre quels conseils, suggestions, propositions, des choses très concrètes, dont on a déjà un peu parlé dans les jours qui ont précédé le Conclave.

    Frères Cardinaux !

    Je vous salue et vous remercie tous pour cette rencontre et pour les jours qui l'ont précédée, douloureux pour la perte du Saint-Père François, exigeants en raison des responsabilités que nous avons affrontées ensemble et en même temps, selon la promesse que Jésus lui-même nous a faite, riches en grâces et en consolations dans l'Esprit (cf. Jn 14, 25-27).

    Vous êtes, chers Cardinaux, les plus proches collaborateurs du Pape, et c'est pour moi un grand réconfort dans l'acceptation d'un fardeau qui est manifestement bien au-delà de mes forces, comme de celles de n'importe qui d'autre. Votre présence me rappelle que le Seigneur, qui m'a confié cette mission, ne me laisse pas seul pour en porter la responsabilité. Je sais avant tout que je peux toujours, toujours, compter sur son aide, l’aide du Seigneur, et, par sa Grâce et sa Providence, sur votre proximité et celle de nombre de frères et sœurs qui, dans le monde entier, croient en Dieu, aiment l'Église et soutiennent le Vicaire du Christ par la prière et les bonnes œuvres.

    Je remercie le Doyen du Collège des Cardinaux, le Cardinal Giovanni Battista Re – il mérite un applaudissement, un au moins sinon plus – dont la sagesse, fruit d'une longue vie et de nombreuses années de service fidèle au Siège Apostolique, nous a beaucoup aidés en cette période. Je remercie le Camerlingue de la Sainte Église romaine, le Cardinal Kevin Joseph Farrell – je crois qu’il est ici présent – pour le rôle précieux et exigeant qu'il a joué pendant la vacance du Siège et la convocation du Conclave. J'adresse également mes pensées à mes frères cardinaux qui, pour des raisons de santé, n'ont pu être présents et je m'associe à eux en communion d'affection et de prière.

    En ce moment, à la fois triste et heureux, providentiellement enveloppé de la lumière de Pâques, je voudrais que nous regardions ensemble le départ du regretté Pape François et le Conclave comme un événement pascal, l'étape d'un long exode à travers lequel le Seigneur continue de nous guider vers la plénitude de la vie ; et dans cette perspective, nous confions au « Père miséricordieux et Dieu de toute consolation » (2 Co 1, 3) l'âme du défunt Pontife et aussi l'avenir de l'Église.

    Le Pape, depuis saint Pierre jusqu'à moi, son indigne successeur, est un humble serviteur de Dieu et de ses frères, et rien d'autre. Les exemples de tant de mes prédécesseurs l'ont bien montré, et plus récemment celui du Pape François lui-même, avec son style de dévouement total dans le service et de sobre manière d'être dans la vie, d'abandon à Dieu pendant le temps de la mission et de confiance sereine au moment du retour à la maison du Père. Recueillons ce précieux héritage et remettons-nous en route, animés par la même espérance qui naît de la foi.

    C'est le Ressuscité, présent parmi nous, qui protège et guide l'Église et qui continue à la faire revivre dans l'espérance, par l'amour « répandu dans nos cœurs par l'Esprit Saint qui nous a été donné » (Rm 5, 5). Il nous appartient de nous faire les auditeurs dociles de sa voix et les ministres fidèles de ses desseins de salut, en nous rappelant que Dieu aime se communiquer, plus que dans le fracas du tonnerre et des tremblements de terre, dans le « murmure d'une brise légère » (1 R 19, 12) ou, comme certains le traduisent, dans une « voix subtile de silence ». Telle est la rencontre importante, à ne pas manquer, à laquelle il faut éduquer et accompagner tout le saint peuple de Dieu qui nous est confié.

    Ces derniers jours, nous avons pu voir la beauté et sentir la force de cette immense communauté qui a salué et pleuré son pasteur avec beaucoup d'affection et de dévotion, l'accompagnant avec foi et prière au moment de sa rencontre définitive avec le Seigneur. Nous avons vu quelle est la véritable grandeur de l'Église, qui vit dans la diversité de ses membres unis à l'unique Tête, le Christ, « pasteur et gardien » (1P2,25) de nos âmes. Elle est le sein dans lequel nous sommes engendrés et, en même temps, le troupeau (cf. Jn 21, 15-17), le champ (cf. Mc 4, 1-20) qui nous est donné pour que nous le soignions et le cultivions, que nous le nourrissions des sacrements du salut et que nous le fécondions avec la semence de la Parole, de sorte que, ferme dans la concorde et enthousiaste dans la mission, il puisse marcher, comme autrefois les Israélites dans le désert, à l'ombre de la nuée et à la lumière du feu de Dieu (cf. Ex 13, 21).

    Et à cet égard, je voudrais que nous renouvelions ensemble, aujourd'hui, notre pleine adhésion au chemin que l'Église universelle suit depuis des décennies dans le sillage du Concile Vatican II. Le Pape François en a magistralement rappelé et actualisé le contenu dans l'Exhortation apostolique Evangelii gaudium, dont je voudrais souligner quelques aspects fondamentaux : le retour à la primauté du Christ dans l'annonce (cf. n° 11) ; la conversion missionnaire de toute la communauté chrétienne (cf. n° 9) ; la croissance dans la collégialité et la synodalité (cf. n° 33); l'attention au sensus fidei (cf. nos 119-120), en particulier dans ses formes les plus authentiques et les plus inclusives, comme la piété populaire (cf. n° 123) ; l'attention affectueuse aux plus petits et aux laissés-pour-compte (cf. n° 53) ; le dialogue courageux et confiant avec le monde contemporain dans ses diverses composantes et réalités (cf. n° 84 ; Concile Vatican II, Constitution pastorale Gaudium et spes, 1-2).

    Il s'agit de principes évangéliques qui ont toujours animé et inspiré la vie et l'œuvre de la Famille de Dieu, de valeurs à travers lesquelles le visage miséricordieux du Père s'est révélé et continue de se révéler dans le Fils fait homme, espérance ultime de quiconque recherche sincèrement la vérité, la justice, la paix et la fraternité (cf. Benoît XVI, Lett. enc. Spe salvi, 2 ; François, Bulle Spes non confundit, n. 3).

    C'est précisément parce que je me sens appelé à poursuivre dans ce sillage que j'ai pensé à prendre le nom de Léon XIV. Il y a plusieurs raisons, mais principalement parce que le Pape Léon XIII, avec l'encyclique historique Rerum novarum, a abordé la question sociale dans le contexte de la première grande révolution industrielle ; et aujourd'hui l'Église offre à tous son héritage de doctrine sociale pour répondre à une autre révolution industrielle et aux développements de l'intelligence artificielle, qui posent de nouveaux défis pour la défense de la dignité humaine, de la justice et du travail.

    Chers frères, je voudrais conclure cette première partie de notre rencontre en faisant mien - et en vous proposant également - le souhait que saint Paul VI, en 1963, plaçait au début de son ministère pétrinien : « Qu'elle passe sur le monde entier comme une grande flamme de foi et d'amour qui enflamme tous les hommes de bonne volonté, éclaire leurs chemins de collaboration mutuelle et attire sur l'humanité, encore et toujours, l'abondance de la divine complaisance, la puissance même de Dieu, sans l'aide duquel rien n'est valable, rien n'est saint » (Message à toute la famille humaine Qui fausto die, 22 juin 1963).

    Que ces sentiments soient aussi les nôtres, à traduire en prière et en engagement, avec l'aide du Seigneur. Merci!

  • La foi, ce n’est pas pour les timorés, mais pour les audacieux (4ème dimanche de Pâques)

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    Homélie de l'abbé Christophe Cossement pour le 4ème dimanche de Pâques (source) :

    l’aventure de la foi et ses défis

    archive 2019 - homélie du 4e dimanche de Pâques année C

    L’aventure de la foi est à la fois extraordinaire et pleine de combats. Elle est merveilleuse car elle nous fait savoir qu’il y a un Dieu, qui nous regarde avec amour, chacun personnellement. Nous comptons pour Dieu, et ça serait bien que ce soir chacun, seul au milieu de son lit, se dise : je suis là et je compte pour Dieu. La foi nous apprend aussi que nous pouvons revenir au Seigneur si nous nous sommes égarés : il a tout fait pour nous rejoindre quelle que soit notre vie. Enfin, la foi nous présente un Dieu si beau, si désirable que tous nos désirs terrestres ne sont que de pâles reflets de notre désir de Lui quand nous le verrons tel qu’il est.

    D’ailleurs, tandis que le Christ ressuscité affirme souvent qu’il va nous donner la vie éternelle (Jn 10,28 ce dimanche par exemple), il faudrait que nous nous demandions quelle place Dieu tient-il dans notre vision de la vie éternelle ? Souvent c’est seulement la place d’un pourvoyeur de service ou de garant de la réussite. Le paradis ressemble à un voyage dans un pays fabuleux, que nous offrirait un richissime émir inconnu ou pire encore, une loterie anonyme. Dieu, dans le paradis de notre imaginaire, c’est un accessoire, une colonne pour tenir le plafond ou l’habitant de quelque temple facultatif. Or la beauté de la vie éternelle, c’est Dieu lui-même. C’est lui qui est le sujet d’intérêt central. Ce qui y est merveilleux et qui vaut tous les efforts, c’est le cœur du Seigneur, c’est le connaître et le posséder. Voilà pourquoi le Christ affirme que c’est en le côtoyant et en le connaissant qu’on se prépare à la vie éternelle. Non pas pour obtenir une monnaie d’échange, une espèce de permis de vie éternelle, mais pour devenir capables de ce grand amour qui nous fera vivre de manière splendide. Seigneur, réveille nos cœurs et rends-les fervents à mesure que s’avance ce temps pascal !

    L’aventure de la foi, qui nous propose tout cela avec le label de qualité d’une foi éprouvée par des générations, nous met également devant un combat. C’est la fameuse « grande épreuve » du livre de l’apocalypse. On reconnaît ce combat dans le parcours de l’apôtre Paul, aujourd’hui contredit, injurié, chassé, demain battu et lapidé, après-demain décapité à cause de cette foi qu’il annonce. Ce combat, il est dans nos vies, d’abord par le doute que nous inspire la société et notre propre esprit : tout cela est-il bien raisonnable ? Ne ferions-nous pas mieux de nous contenter de ce que nous pouvons toucher, acheter, conquérir, vivre par nous-mêmes ? Ce combat surgit aussi lors des épreuves de la vie, quand tout nous ferait penser que Dieu est loin et ne s’intéresse pas vraiment à nous. Et enfin il y a ce combat propre à notre temps, quand tant de choses attrayantes nous distraient de l’essentiel et accaparent toute notre énergie et qu’il n’en reste plus pour chercher le Seigneur.

    Dans ces conditions difficiles, la foi ce n’est pas pour les timorés, mais pour les audacieux. Relevons le défi de la foi, menons courageusement le combat de la foi ! Mais sans raideur, pour que notre cœur ne se durcisse pas dans l’amertume. Ce combat se mène avec amour et pour l’amour, pour la joie de connaître et de posséder le Seigneur de l’univers.

    Merci mon Dieu, car déjà nous te connaissons. Nous ne sommes pas réduits à croire que tu es une vague divinité transcendante et impersonnelle. Tu es un Père, qui nous aime tendrement, qui nous donne son Fils comme berger pour nous conduire par le cœur. Que nous nous laissions conduire ainsi !

  • Les armoiries du pape Léon XIV : symboles et significations par le cardinal Robert Francis Prevost

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    Lu sur Il Temp via Il nuovo sismografo :

    Les armoiries du pape Léon XIV : symboles et significations par le cardinal Robert Francis Prevost

    Armoiries pontificales de Léon XIV.
    Voici les armoiries papales de Léon XIV, qui reprennent l'héraldique épiscopale et cardinalice de Robert François Prévost devenu Pontife. Un écu divisé en deux secteurs : à gauche, sur un fond bleu, est représenté un lys blanc, symbole de pureté et d'innocence et traditionnellement associé à la Vierge Marie. Il ne s’agit pas d’un appel purement dévotionnel, mais d’une indication précise de la centralité qu’occupe Marie dans le chemin de l’Église : modèle d’écoute, d’humilité et de don total à Dieu.

    A droite, sur fond blanc, se trouve le Sacré-Cœur de Jésus sur un livre fermé transpercé d'une flèche. Il s'agit d'une référence claire aux armoiries des Augustins, l'ordre auquel appartient Léon XIV. Cette image, intense et pleine de sens, fait référence au mystère du sacrifice rédempteur du Christ, cœur transpercé par l’amour de l’humanité, mais aussi à la Parole de Dieu, représentée par le livre fermé. Ce livre non ouvert suggère que la vérité divine est parfois voilée, et qu’elle doit être accueillie avec foi même lorsqu’elle n’est pas pleinement révélée. C’est une invitation à la confiance et à l’abandon, à persévérer dans la recherche du sens profond de l’Écriture, même dans les moments d’obscurité.

    Même la devise de Léon XIV renvoie à saint Augustin. "In Illo unum uno" ("Dans l'unique Christ, nous sommes un"), reprend le commentaire du Psaume 127 sur l'abandon à la Providence, qui dit : "Si le Seigneur ne bâtit la maison, en vain travaillent les bâtisseurs / Si le Seigneur ne protège la ville, en vain veillent les sentinelles / En vain vous vous levez tôt et vous vous couchez tard pour manger le pain de la détresse / Il donne autant à ceux qu'il aime, pendant qu'ils dorment / Voici, les enfants sont un don du Seigneur, le fruit des entrailles est une récompense / Comme les flèches dans la main d'un guerrier, ainsi sont les enfants de la jeunesse, heureux ceux dont le carquois en est plein / Ils ne seront pas confus lorsqu'ils discuteront avec leurs ennemis à la porte". Ces paroles reflètent l’idéal d’une Église unie, malgré les différences et les tensions qui la traversent inévitablement. C’est une expression de communion fondée non sur l’uniformité, mais sur la rencontre dans l’amour du Christ, qui rend possible la fraternité et la réconciliation même dans les contextes les plus complexes. Ce n’est pas un hasard si, dans son salut à l’Église et au monde, le pape Léon XIV a parlé précisément de cela : d’une Église comme pont, appelée à dépasser les divisions, à se faire espace de rencontre, d’écoute et de miséricorde.

  • Léon XIV, première année. Notes sur la géopolitique du nouveau pape

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    De Sandro Magister sur Settimo Cielo (en français sur diakonos.be) :

    Léon XIV, première année. Notes sur la géopolitique du nouveau pape

    Le premier Pape à porter ce nom, Léon le Grand, très fin théologien et homéliste, a affronté Attila et est parvenu à le dissuader de descendre sur Rome à l’époque des invasions barbares sur l’Empire romain.

    Mais le nouveau Pape qui a pris le nom de Léon XIV, théologien et canoniste formé à l’école du grand Augustin, devra affronter quant à lui les Attila modernes, au milieu des bouleversements actuels des équilibres nationaux, qu’ils se nomment Xi Jinping ou Vladimir Poutine.

    Ses premiers mots, prononcés depuis le balcon de la basilique Saint-Pierre, ont été ceux-là même du Christ ressuscités : « La paix soit avec vous tous ». Et ce mot est revenu à dix reprises : « paix ». Cette paix qui pour l’Augustin de « La Cité de Dieu » n’a jamais synonyme de capitulation, mais également de justification d’une guerre juste : « quand un État doit être contraint de restituer ce qu’il a ôté par injustice ».

    Robert Francis Prevost, dans sa vie de religieux augustinien, de chercheur, de missionnaire, d’évêque et de cardinal préfet, ne s’est jamais frotté à la géopolitique qui était plutôt le lot quotidien du cardinal Pietro Parolin, qui se tenait d’ailleurs à ses côtés au balcon de Saint-Pierre.

    Tout laisse à penser que Léon XIV reconduira Parolin dans sa charge de Secrétaire d’État et agira à partir de ce moment de concert avec lui et avec la diplomatie vaticane. Et ceci suffit déjà pour renverser la manière d’agir du Pape François sur la scène internationale, lui qui décidait tout seul quoi dire et quoi faire, quitte à mettre au placard la Secrétairerie d’État, à l’humilier, préférant recourir à la « diplomatie parallèle » déployée par la Communauté de Sant’Egidio, dont fait partie notamment le cardinal Zuppi depuis sa création.

    L’Ukraine pourrait bien constituer un terrain d’essai décisif de cette réorganisation, comme en témoigne le joyeux message adressé au nouveau pape par le principal archevêque de l’Église grecque catholique de cette nation, Sviatoslav Chevchouk : « En prenant le nom de Léon, Sa Sainteté témoigne au monde entier que le souffle de paix du Sauveur ressuscité doit être transformé, dans le contexte actuel, en une doctrine renouvelée de l’Église catholique sur la paix juste et durable ».

    Ce n’est certes pas dans la bouche de Léon XIV que nous entendrons à nouveau la justification de l’agression de Poutine contre l’Ukraine comme ayant été provoquée par l’OTAN qui « était aller aboyer aux portes de la Russie sans comprendre que les Russes sont impérialistes et qu’ils ne permettent à aucune puissance étrangère de s’approcher de leurs frontières », comme le Pape François l’a déclaré à plusieurs reprises.

    Le peuple Ukrainien n’aura pas non plus à souffrir de Léon XIV la demande d’avoir « la courage de se rendre, du drapeau blanc », comme le proposait son prédécesseur, et encore moins la demande de faire de Kiev une « ville ouverte » à l’entrée des troupes russes, sans opposer de résistance, comme le demandait aux premiers jours de l’invasion le fondateur et chef tout-puissant de la Communauté de Sant’Egidio, Andrea Riccardi.

    Bref, il est prévisible qu’avec le pape Léon XIV, la Secrétairerie d’État reprendra bien vite son autonomie d’action en matière de politique internationale, avec l’accord du pape sans plus de « diplomatie parallèle » dans les pieds. Et s’il n’en demeure pas moins que Parolin appartient au courant diplomatique de l’ « Ostpolitik » autrefois prônée par le cardinal Agostino Casaroli, et que ne partageaient ni Jean-Paul II ni Benoît XVI, il n’en demeure pas moins qu’aujourd’hui, l’équilibre international est à ce point bouleversé qu’il requiert une inventivité sans précédent, y compris de la part de la diplomatie vaticane.

    Si une inconnue demeure encore concernant les prochaines étapes de ce pontificat en matière de relations internationales, celle-ci concerne la Chine et elle mérite d’être décrite en détail.

    Un accord est en vigueur depuis 2018 entre la Chine et le Saint-Siège. Un accord voulu à n’importe quel prix par le pape François, conçu par ce même Parolin, mais appliqué par les autorités de Pékin avec un degré d’arrogance qui est allé crescendo jusqu’à atteindre son paroxysme au moment même de la vacance du siège apostolique.

    Non seulement la Chine n’a envoyé aucun représentant aux funérailles du pape défunt, mais elle a déclaré prendre acte de la disparition de François dans un bref message de circonstance prononcé par le porte-parole du ministère des Affaires étrangères en réponse à la question d’un journaliste étranger. Et elle a imposé le silence sur les sites catholiques officiels tels que « Catholic Church in China », qui n’a affiché la nouvelle concise de la mort du pape que pendant quelques heures, avant de la faire disparaître rapidement.

    Mais par-dessus tout, pendant la période de vacance du siège, la Chine a annoncé la nomination de deux nouveaux évêques, sans même plus prendre la peine de simuler le consentement « a posteriori » du pape exigé par l’accord de 2018. Deux nominations par ailleurs assez peu amicales envers Rome.

    La première a été la promotion de Wu Jianlin comme auxiliaire du diocèse de Shanghai, celui-là même où Pékin avait parachuté en 2023 comme évêque titulaire l’un de ses apparatchiks, Joseph Shen Bin, sans même avertir le pape François qui avait été contraint d’accepter ce diktat des mois plus tard, et cela comme s’il n’y avait pas déjà deux évêques auxiliaires dans ce même diocèse : Joseph Xing Wenzi, tombé en disgrâce en 2011 et contraint à se retirer de la vie publique, et surtout Thaddée Ma Daqin, ordonné évêque le 7 juillet 2012 et depuis ce jour, aux arrêts sans interruption pour le seul crime d’avoir annulé son adhésion à l’Association patriotique des catholiques chinois, le principal organe de contrôle du régime sur l’Église.

    La seconde a été la nomination comme évêque de Xinxiang, dans la province du Henan, d’un autre apparatchik du parti communiste, Li Jianlin, là encore alors qu’un évêque était déjà en place mais sans être reconnu officiellement : Joseph Zhang Weizhu, arrêté à plusieurs reprises pour avoir refusé de se soumettre au régime. En 2018, le nouvel évêque de Xinxiang s’était distingué pour avoir signé l’ordonnance interdisant dans toute la province aux mineurs de moins de 18 ans d’entrer dans une église pour assister aux messes.

    En plus de ceux que nous avons cités, d’autres évêques en Chine sont encore privés de liberté à l’heure actuelle.

    L’un d’eux est Pierre Shao Zhumin, l’évêque de Wenzhou, qui périodiquement, avant Noël et Pâques, est emmené dans un lieu secret pour l’empêcher de célébrer les fêtes avec ses fidèles et qui, même en ce temps pascal de changement de pontificat, a été mis au secret dans un lieu inconnu.

    Il y a également Vincent Guo Xijing, l’un des premiers à être nommé sur base l’accord de 2018 entre la Chine et le Saint-Siège comme auxiliaire du diocèse de Mindong, mais qui s’est rapidement retiré « pour une vie de prière » pour de ne pas se soumettre à l’obligation de s’enregistrer auprès des organismes officiels et qui est, depuis l’hiver dernier, confiné chez lui derrière une porte barrée par une chaîne bien visible.

    Étant donné que ni le pape François ni les autorités vaticanes n’ont jamais eu le moindre mot en public pour défendre ces martyrs de l’oppression chinoise, beaucoup se demandent si aujourd’hui, avec le pape Léon XIV, ce silence pourra encore durer.

    De plus, le 1er mai, des nouvelles règles hostiles sont entrées en vigueur en Chine, il s’agit en quelque sorte de « droits de douanes » imposés aux étrangers qui mettent le pied temporairement sur le sol chinois avec l’intention d’y effectuer une activité en rapport avec les religions.

    Sur le site « Catholic Church in China », on peut consulter ces règles dans leur intégralité. Il est notamment sévèrement interdit aux étrangers d’entrer en contact avec les communautés religieuses soi-disant « souterraines », c’est-à-dire non reconnues par le gouvernement, ou avec des prêtres qui ne se sont pas inscrits à l’incontournable Association patriotique des catholiques chinois.

    Mais les étrangers ne peuvent pas non plus se mêler aux locaux dans les Églises officiellement reconnues. Ils doivent célébrer leurs rites seuls, pour autant que ce soit un émissaire du régime qui officie.

    Il est en outre interdit d’apporter avec soi en Chine plus de 10 livres ou supports audiovisuels sur des sujets religieux. Et malheur à celui qui voudrait diffuser ces livres sans la permission préalable des autorités, par ailleurs très compliquée à obtenir.

    Bref, cette « sinisation » des religions qui représente l’un des dogmes de Xi Jingping, atteint avec ces nouvelles règles un niveau de rigidité supplémentaire pendant les jours du changement de pontificat.

    Il s’agit là d’un défi que Léon XIV ne pourra plus éluder ni subir passivement. Tout comme son prédécesseur Léon le Grand, c’est à présent à son tour d’affronter les Attila des temps modernes.

    ———

    Sandro Magister est le vaticaniste émérite de l’hebdomadaire L’Espresso.
    Tous les articles de son blog Settimo Cielo sont disponibles sur diakonos.be en langue française.

    Ainsi que l’index complet de tous les articles français de www.chiesa, son blog précédent.

  • Peter Seewald : « Je dois dire que cette élection papale a dépassé mes attentes les plus folles. »

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    De kath.net/news :

    Peter Seewald : « Je dois dire que cette élection papale a dépassé mes attentes les plus folles. »

    10 mai 2025

    Ratzinger/Benoît XVI, biographe du pape Léon XIV, a déclaré à kath.net : « Les cardinaux ont manifestement été très attentifs lorsqu'ils ont écouté la voix du Saint-Esprit » – « Je pense que le pape Benoît XVI serait également très satisfait de ce choix. »

    Vatican-Munich (kath.net/pl) « J'ai été fasciné lorsque le nouveau pape a fait son entrée sur la loggia de la basilique Saint-Pierre hier, 8 mai, à la fin de la guerre. Un Léon, dans la lignée de Léon le Grand et de Léon XIII. Je dois dire que cette élection a dépassé mes attentes les plus folles. Les cardinaux étaient visiblement très attentifs, à l'écoute de la voix du Saint-Esprit. » C'est ce que Peter Seewald a déclaré à kath.net sur demande. Seewald est un expert du cardinal Joseph Ratzinger/pape Benoît XVI depuis de nombreuses années ; il a publié de nombreux volumes d'entretiens avec lui et, après sa mort, a écrit la biographie très respectée du pape théologien.

    « La première apparition de Léon XIV, dans laquelle il a présenté, pour ainsi dire, sa carte de visite, a montré qu'il est un pasteur pieux, sage, humble, expérimenté et mature qui ne veut pas se mettre au premier plan, qui n'entend pas briller par des initiatives personnelles, mais se place plutôt dans la continuité des disciples du Christ - et ce faisant, il sait exactement ce dont l'Église et le monde ont besoin à notre époque », explique Seewald. Son discours d'ouverture est porteur d'espoir pour un réconciliateur et un prédicateur. Un Américain, un missionnaire, un homme de prière, un ami de la Mère de Dieu, un prédicateur de la paix du Christ et du message de la vie éternelle ! Il est également merveilleux qu'il soit issu de l'Ordre de Saint-Augustin, témoignant ainsi de son lien étroit avec le grand Docteur de l'Église, que Joseph Ratzinger appelait son « maître ». Je pense que le pape Benoît XVI serait également très satisfait de ce choix.

  • La première homélie du nouveau pape : l'urgence de l'évangélisation

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    Homélie du pape Léon XIV lors de la Sainte Messe  avec le Collège des Cardinaux

    09.05.2025

    source

    Je commencerai par quelques mots en anglais, puis je poursuivrai en italien.

    Mais je voudrais répéter les paroles du psaume responsorial : « Je chanterai un cantique nouveau au Seigneur, car il a fait des merveilles ».

    Et en effet, pas seulement pour moi, mais pour nous tous. Mes frères cardinaux, alors que nous célébrons ce matin, je vous invite à reconnaître les merveilles que le Seigneur a accomplies, les bénédictions que le Seigneur continue de répandre sur nous tous à travers le ministère de Pierre.

    Vous m'avez appelé à porter cette croix et à être béni par cette mission, et je sais que je peux compter sur chacun d'entre vous pour marcher à mes côtés, alors que nous continuons à être une Église, une communauté d'amis de Jésus, des croyants qui annoncent la Bonne Nouvelle, qui annoncent l'Évangile.

    « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » (Mt 16, 16). Par ces paroles, Pierre, interrogé avec les autres disciples par le Maître sur la foi qu'il a en Lui, exprime en synthèse le patrimoine que l'Église, à travers la succession apostolique, garde, approfondit et transmet depuis deux mille ans.

    Jésus est le Christ, le Fils du Dieu vivant, c'est-à-dire l'unique Sauveur et le révélateur du visage du Père.

    En Lui, Dieu, pour se faire proche et accessible aux hommes, s'est révélé à nous dans les yeux confiants d'un enfant, dans l'esprit éveillé d'un adolescent, dans les traits mûrs d'un homme (cf. Conc. Vat. II, Const. Past. Gaudium et spes, n. 22), jusqu'à apparaître aux siens, après sa résurrection, dans son corps glorieux. Il nous a ainsi montré un modèle d'humanité sainte que nous pouvons tous imiter, avec la promesse d'une destinée éternelle qui dépasse toutes nos limites et toutes nos capacités.

    Dans sa réponse, Pierre saisit ces deux aspects : le don de Dieu et le chemin à parcourir pour se laisser transformer, dimensions indissociables du salut, confiées à l'Église afin qu'elle les annonce pour le bien du genre humain. Confiés à nous, choisis par Lui avant même que nous ayons été formés dans le sein de notre mère (cf. Jr 1, 5), régénérés dans l'eau du Baptême et, au-delà de nos limites et sans aucun mérite de notre part, conduits ici et envoyés d'ici, afin que l'Évangile soit annoncé à toute créature (cf. Mc 16, 15).

    En particulier, Dieu, en m'appelant par votre vote à succéder au Premier des Apôtres, me confie ce trésor afin que, avec son aide, j'en sois le fidèle administrateur (cf. 1 Co 4, 2) au profit de tout le Corps mystique de l'Église, de sorte qu'elle soit toujours plus la ville placée sur la montagne (cf. Ap 21, 10), l'arche du salut qui navigue sur les flots de l'histoire, phare qui éclaire les nuits du monde. Et cela, non pas tant grâce à la magnificence de ses structures ou à la grandeur de ses constructions – comme les édifices dans lesquels nous nous trouvons –, mais à travers la sainteté de ses membres, de ce « peuple que Dieu s'est acquis pour proclamer les œuvres admirables de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière » (1 P 2, 9).

    Cependant, en amont de la conversation où Pierre fait sa profession de foi, il y a aussi une autre question : « Au dire des gens, qui est le Fils de l’homme ? » (Mt 16, 13). Ce n'est pas une question anodine, elle touche en effet à un aspect important de notre ministère : la réalité dans laquelle nous vivons, avec ses limites et ses potentialités, ses questions et ses convictions.

    « Au dire des gens, qui est le Fils de l'homme ?» (Mt 16, 13). En pensant à la scène sur laquelle nous réfléchissons, nous pourrions trouver deux réponses possibles à cette question qui dessinent deux attitudes différentes.

    Il y a tout d'abord la réponse du monde. Matthieu souligne que la conversation entre Jésus et ses disciples sur son identité se déroule dans la belle ville de Césarée de Philippe, riche en palais luxueux, nichée dans un cadre naturel enchanteur, au pied de l'Hermon, mais aussi siège de cercles de pouvoir cruels et théâtre de trahisons et d'infidélités. Cette image nous parle d'un monde qui considère Jésus comme une personne totalement insignifiante, tout au plus un personnage curieux, qui peut susciter l'émerveillement par sa manière inhabituelle de parler et d'agir. Ainsi, lorsque sa présence deviendra gênante en raison de son exigence d'honnêteté et de moralité, ce « monde » n'hésitera pas à le rejeter et à l'éliminer.

    Il y a ensuite une autre réponse possible à la question de Jésus : celle du peuple. Pour lui, le Nazaréen n'est pas un « charlatan » : c'est un homme droit, courageux, qui parle bien et dit des choses justes, comme d'autres grands prophètes de l'histoire d'Israël. C'est pourquoi il le suit, du moins tant qu'il peut le faire sans trop de risques ni d'inconvénients. Mais ce n'est qu'un homme, et donc, au moment du danger, lors de la Passion, il l'abandonne et s'en va, déçu.

    Ce qui frappe dans ces deux attitudes, c'est leur actualité. Elles incarnent en effet des idées que l'on pourrait facilement retrouver – peut-être exprimées dans un langage différent, mais identiques dans leur substance – dans la bouche de nombreux hommes et femmes de notre temps.

    Aujourd'hui encore, nombreux sont les contextes où la foi chrétienne est considérée comme absurde, réservée aux personnes faibles et peu intelligentes ; des contextes où on lui préfère d'autres certitudes, comme la technologie, l'argent, le succès, le pouvoir, le plaisir.

    Il s'agit d'environnements où il n'est pas facile de témoigner et d'annoncer l'Évangile, et où ceux qui croient sont ridiculisés, persécutés, méprisés ou, au mieux, tolérés et pris en pitié. Et pourtant, c'est précisément pour cette raison que la mission est urgente en ces lieux, car le manque de foi entraîne souvent des drames tels que la perte du sens de la vie, l'oubli de la miséricorde, la violation de la dignité de la personne sous ses formes les plus dramatiques, la crise de la famille et tant d'autres blessures dont notre société souffre considérablement.

    Aujourd'hui encore, il existe des contextes où Jésus, bien qu'apprécié en tant qu'homme, est réduit à une sorte de leader charismatique ou de super-homme, et cela non seulement chez les non-croyants, mais aussi chez nombre de baptisés qui finissent ainsi par vivre, à ce niveau, dans un athéisme de fait.

    Tel est le monde qui nous est confié, dans lequel, comme nous l'a enseigné à maintes reprises le Pape François, nous sommes appelés à témoigner de la foi joyeuse en Christ Sauveur. C'est pourquoi, pour nous aussi, il est essentiel de répéter : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » (Mt 16, 16).

    Il est essentiel de le faire avant tout dans notre relation personnelle avec Lui, dans l'engagement d'un chemin quotidien de conversion. Mais aussi, en tant qu'Église, en vivant ensemble notre appartenance au Seigneur et en apportant à tous la Bonne Nouvelle (cf. Conc. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 1).

    Je le dis tout d'abord pour moi-même, en tant que Successeur de Pierre, alors que je commence cette mission d'Évêque de l’Église qui est à Rome, appelée à présider dans la charité l'Église universelle, selon la célèbre expression de S. Ignace d’Antioche (cf. Lettre aux Romains, Prologue). Conduit enchaîné vers cette ville, lieu de son sacrifice imminent, il écrivait aux chrétiens qui s'y trouvaient : « Alors je serai vraiment disciple de Jésus-Christ, quand le monde ne verra plus mon corps » (Lettre aux Romains, IV, 1). Il faisait référence au fait d'être dévoré par les bêtes sauvages dans le cirque – et c'est ce qui arriva –, mais ses paroles renvoient de manière plus générale à un engagement inconditionnel pour quiconque exerce un ministère d'autorité dans l'Église : disparaître pour que le Christ demeure, se faire petit pour qu'Il soit connu et glorifié (cf. Jn 3, 30), se dépenser jusqu'au bout pour que personne ne manque l'occasion de Le connaître et de L'aimer.

    Que Dieu m'accorde cette grâce, aujourd'hui et toujours, avec l'aide de la très tendre intercession de Marie, Mère de l'Église.

  • Jean d'Avila, un docteur de l'Eglise méconnu (10 mai)

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    Qui est saint Jean d'Avila ?

    (source) Jean d'Avila est le saint patron du clergé séculier espagnol. Parmi ses disciples, on cite saint Jean de Dieu (1495-1550), saint François Borgia, s.j., (1510-1572), sainte Thérèse d’Avila, o.c.d., (1515-1582) et le vénérable Louis de Grenade, o.p., (1505–1588), qui écrivit une biographie de Jean d’Avila.

    Il était né en 1499 ou 1500 près de Tolède, dans une famille de juifs qui avaient embrassé la foi chrétienne. Après de brillantes études de Lettres à Salamanque, il poursuivit sa formation universitaire à Alcala, où il affina sa connaissance de la philosophie, et où il commença sa théologie qu’il acheva à Grenade en 1537, précise la Conférence des évêques de France à l’occasion de la JMJ de Madrid.

    Il avait été ordonné prêtre dès 1525, après la mort de ses parents. Il mit ses talents d’orateur au service de l’Evangile, à Tolède, tout en menant une vie simple et sainte.

    « Il insiste sur la nécessité de bien se connaître pour connaître Dieu. Jean d’Avila est un maître spirituel reconnu, même si le rigorisme de son enseignement et l’extrême clairvoyance de sa théologie lui valent les foudres de l’Inquisition et l’emprisonnement », précise la même source.

    A Salamanque, Jean d’Avila est devenu proche de la Compagnie de Jésus. Il a guidé certains jésuites, il a étudié avec eux, et il les a aidés lorsqu’ils ont connu des difficultés. Constatant cette proximité, saint Ignace de Loyola aurait voulu qu’il rejoigne la Compagnie. Une grande partie de l’expansion des Jésuites en Espagne lui est en effet attribuée.

    Le pape a évoqué l’influence de Jean d’Avila sur Thérèse d’Avila, dans sa catéchèse du 2 février 2010. Il citait ce « maître des spirituels » en disant : « Parmi ses œuvres majeures, il faut rappeler tout d’abord son autobiographie, intitulée Livre de la vie, qu’elle appelle Livre des Miséricordes du Seigneur. Composée au Carmel d’Avila en 1565, elle y rapporte son parcours biographique et spirituel, écrit, comme l’affirme Thérèse elle-même, pour soumettre son âme au discernement du « Maître des spirituels », saint Jean d’Avila ».

    « Le but, selon Benoît XVI, est de mettre en évidence la présence et l’action de Dieu miséricordieux dans sa vie : c’est pourquoi l’œuvre rappelle souvent le dialogue de prière avec le Seigneur. C’est une lecture fascinante, parce que la sainte non seulement raconte, mais montre qu’elle revit l’expérience profonde de sa relation avec Dieu. »

    Avec Hildegarde de Bingen et Jean d’Avila, les docteurs de l’Eglise sont au nombre de 35, dont quatre saintes. Hildegarde de Bingen est en effet la quatrième femme à être proclamée docteur de l’Eglise (cf. Zenit du 27 mai 2012), après sainte Catherine de Sienne et sainte Thérèse d’Avila (par Paul VI, en 1970) et sainte Thérèse de Lisieux (par Jean-Paul II, en 1997).