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Politique - Page 534

  • En Bosnie-Herzégovine, les catholiques sont discriminés

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    Extrait du Bulletin de l'Aide à l'Eglise en Détresse d'août-septembre 2014 :

    Il y a cent ans éclatait la première guerre mondiale. Le prétexte fut l’assassinat à Sarajevo de l’archiduc austro-hongrois François-Ferdinand et de son épouse. Quelle est la situation des chrétiens en Bosnie-Herzégovine aujourd’hui ? Qu’en est-il de l’aide de l’Europe ? Réponses du cardinal Vinko Puljic, archevêque de Sarajevo.

    Comment voyez-vous l’évolution de la situation des catholiques ces cent dernières années ?

    Selon nos statistiques, 458 990 catholiques vivaient en Bosnie-Herzégovine en 1914. Avant la seconde guerre mondiale, ils étaient 640 501. Et avant la dernière guerre, donc en 1991, les statistiques indiquaient 812 256 catholiques. Mais vingt ans plus tard, leur nombre a presque été divisé par deux : 443 084. Les familles catholiques ont toujours été les premières écoles de la foi. Mais à cause de la guerre de 1991, beaucoup de familles ont dû fuir, et ce sont surtout les personnes âgées qui sont revenues. La politique ne favorise pas le retour des catholiques. Aujourd’hui, il y a un manque de jeunes familles et donc de vocations religieuses.

    Les chrétiens vivent-ils aujourd’hui dans une plus grande paix qu’il y a 100 ans ?

    Sous la domination ottomane, les chrétiens étaient victimes de discrimination. Depuis 1914, une période de tolérance a commencé. L’administration ecclésiastique a été rétablie, ainsi que les écoles, églises et cathédrales qui ont été reconstruites. Aujourd’hui, l’Église catholique en Bosnie-Herzégovine est un pont entre Orient et Occident, d’un point de vue culturel et religieux. Sur cette voie du dialogue, l’éducation dans les écoles catholiques joue un rôle de premier plan. C’est aussi à cela que sert le Centre de jeunesse Jean-Paul II avec des programmes qui aident chacun à vivre sa propre identité.

    Il y a tant de choses que nous pouvons faire ensemble pour le bien de tous. Cet esprit de solidarité existe aussi chez beaucoup de musulmans. Mais depuis la guerre de 1991-1995, les relations ont changé. L’influence des pays arabes est devenue plus forte. La radicalisation se développe. Cela dérange même les vieux musulmans qui ont toujours vécu avec les chrétiens. Mais l’argent compte, surtout en politique. A cela s’ajoute l’incertitude juridique, surtout pour les catholiques.

    Les chrétiens reçoivent-ils de l’aide de l’Europe ?

    Très diversement. Deux exemples : quand l’Église orthodoxe serbe a commencé la reconstruction des églises orthodoxes détruites à Mostar, tous les représentants internationaux l’ont soutenue. Même chose pour celles de Sarajevo. Quand les musulmans ont commencé la restauration de la mosquée de Banja Luka, ils ont obtenu le soutien du gouvernement américain. Mais quand nous, catholiques, avons demandé de l’aide, on nous a répondu qu’on ne soutenait pas les Églises mais seulement le patrimoine culturel. L’Eglise catholique n’en fait-elle pas partie ? Il en va de même pour ce qui est du soutien aux réfugiés souhaitant rentrer. Beaucoup pour les autres, et peu, voire rien, pour les catholiques.

    La région récupère-t-elle de la catastrophe naturelle du printemps ?

    Quarante paroisses de mon archidiocèse ont été inondées. Dans vingt d’entre elles, les pertes sont totales. La première vague de solidarité a été formidable, c’était une question de survie. Maintenant, il s’agit de vivre. Le bétail a été décimé, les granges, maisons et meubles sont détruits. Beaucoup de gens n’ont tout simplement plus la force de recommencer à zéro. L’État a échoué. Personne ne se soucie des invasions de moustiques, ni de la réparation des digues fluviales endommagées. Mais le plus gros problème est la création d’emplois, le développement économique. De quoi allons-nous vivre ?

  • Le pape et l’Irak : Les chrétiens d’Erbil restent dubitatifs

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    D'Agnès Richieri, correspondante en Irak du journal « La Croix » :

    « Seul le gouvernement régional du Kurdistan semble avoir suivi de près l’intervention papale. Au camp de Mar Youssef d’Erbil ce matin, les déplacés chrétiens ne manifestent pas d’enthousiasme particulier. Il fait déjà chaud et une tempête de sable s’est abattue sur la ville.

    « Les choses n’avancent pas, ici »

    « Ah bon, le pape s’est prononcé en faveur d’une intervention en Irak ? », répète Amir, un réfugié de quarante ans venu de Qaraqosh. Lassé de ces médias occidentaux qui viennent faire leurs interviews comme on fait ses courses, il hausse les épaules et s’éloigne.

    Autour, personne ne semble être au courant. À peine sont-ils intrigués par la nouvelle. « Ils (la hiérarchie ecclésiale) ne font toujours que parler, explique Souleimane, lui aussi réfugié de Qaraqosh. Sans Internet ni télévision, on ne sait pas ce qu’ils disent. Mais ce qu’on voit, c’est que les choses n’avancent pas ici. »

    Pas d’aide de Bagdad, ni du Kurdistan 

    Depuis deux semaines, les déplacés chrétiens sont pris en charge exclusivement par l’Église et la communauté chrétienne d’Erbil, avec l’aide ici et là d’organisations internationales.

    L’aide promise par le gouvernement central de Bagdad puis par le gouvernement régional du Kurdistan n’est toujours pas arrivée.

     La logistique avant tout 

    Mgr Georges Casmoussa, ancien archevêque syrien-catholique de Mossoul, comprend bien ses ouailles. Lui non plus n’a pas entendu parler de l’intervention du pape, pris comme il est par la logistique du nouveau camp qui vient d’ouvrir en face de l’église : « Que le pape soutienne l’entente occidentale pour chasser Daesh (nom arabe de l’État islamique, NDLR) de cette région et que cette chasse mène ensuite à la libération des régions chrétiennes, yézidies etc., c’est aussi pour sauvegarder les intérêts du Kurdistan et donc l’Occident », commente-t-il.

    Les seuls qui semblent avoir suivi de près l’intervention papale sont les membres du gouvernement régional du Kurdistan, qui se positionne habilement depuis quelques semaines comme une terre de minorités et de défenseurs des droits de l’homme.

    « On apprécie le soutien du Vatican, remercie Sirwan Zahawi, conseiller juridique du premier ministre kurde. Mais on espérait plus, notamment une visite du pape, comme reconnaissance de la coexistence pacifique qu’offrent les Kurdes. »

     La perennité de la communauté 

    « Cette intervention papale va faire le tour des médias pendant quelques jours, ajoute Mgr Casmoussa. On va analyser ce que ça représente en termes de Guerre Sainte etc. mais l’on oubliera encore l’essentiel qui est le respect de la liberté et le droit à la vie des chrétiens d’Orient. »

    À ses yeux, protéger les terres chrétiennes ne suffira pas à assurer la pérennité de sa communauté. « Seules des garanties locales, à travers une évolution des mentalités et des droits égaux reconnus dans la Constitution irakienne, pourront accomplir cela, explique-t-il. Seulement voilà des années que nous demandons une pression internationale sur Bagdad pour l’obtenir, en vain. Nous écrivons donc à mes yeux les dernières lignes de notre histoire en Irak. »

    Ref. Les chrétiens d’Erbil restent dubitatifs

    Dans l’avion qui ramenait le pape de Séoul à Rome, à la question d’un journaliste américain : « Alors que les États-Unis ont commencé à bombarder les terroristes en Irak pour prévenir un génocide, soutenez-vous ces frappes ? », François avait répondu qu’il est « licite d’arrêter l’agresseur injuste.  Je dis bien ‘arrêter’, je ne dis pas bombarder ou faire la guerre. Les moyens de l’arrêter devront être évalués ». Le pape n’a donc pas fermé la porte à une intervention militaire, mais il n’a pas non plus donné son approbation aux opérations américaines actuelles. Le problème, à ses yeux, tient à ce que les États-Unis ont décidé de manière unilatérale leur intervention militaire. Or, pour le pape, « un pays ne peut pas juger tout seul comment arrêter l’agresseur injuste ».  

    A ce train là, le Califat islamiste aurait donc encore quelques beaux jours devant lui. Mgr Silvano Tomasi, représentant permanent du Saint-Siège à l’ONU avait été beaucoup moins en retrait,  estimant, dès le 9 août : « peut-être  l’action militaire est–elle nécessaire en ce moment pour arrêter l’avancée des djihadistes en Irak ».

    Quant à une éventuelle visite aux réfugiés, le pape François s’est montré plutôt évasif  (« en ce moment ce n’est pas la meilleure chose à faire »).

    JPSC

  • Chrétiens persécutés : dans l'Orient compliqué, ne jamais abandonner ses amis

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    De Renaud Girard sur « Figaro-Vox » ;

    "Il aura fallu attendre l'été 2014 pour que le grand public occidental réalise enfin le drame de l'éradication des Chrétiens d'Orient. Le phénomène n'est pas nouveau, mais il s'est accéléré depuis la chute de Mossoul aux main des  fanatiques de l'État islamique (Isis, selon son acronyme anglais).Dans cette ville de Haute Mésopotamie baignée par le Tigre, qui est l'antique Ninive, le christianisme remontait au 4ème siècle.

    Devant ces photos de jeunes chrétiens crucifiés pour avoir refusé d'abjurer leur foi, l'Occident se rend compte de l'extraordinaire gâchis qu'il a provoqué en Irak. Quoi, c'est cela le résultat des interventions militaires occidentales entre le Tigre et l'Euphrate! Deux invasions terrestres de l'Irak (l'une avortée en février 1991, l'autre totale en mars 2003), toutes les deux ordonnées par des présidents américains chrétiens pratiquants, pour aboutir à ces crucifixions! A Mossoul sous Saddam Hussein, il était dangereux de faire de la politique. En revanche, chacun pouvait y pratiquer son culte à sa guise et les femmes pouvaient marcher librement dans la rue, voilées ou non, sans que personne ne vienne les inquiéter. Je me souviens du père dominicain Youssef Thomas qui, en février 2003 à Bagdad, se réjouissait secrètement devant moi de l'arrivée des Américains, pensant qu'ils allaient réussir à y implanter la liberté politique, la démocratie et l'État de droit. Combien d'espoirs de citoyens irakiens sincères George W. Bush et Tony Blair ont-ils trahis! Que les États-Unis utilisent aujourd'hui leur aviation et leurs forces spéciales pour endiguer la vague noire du fanatisme islamique de l'Isis est la moindre des choses. Le fiasco anglo-américain en Irak de 2003-2010 représente un gigantesque abandon des chrétiens, car c'est cette communauté ancestrale qui a payé le plus cher le prix du chaos. Sourds aux conseils de leur allié français, les anglo-saxons ont commis une grave faute politique en envahissant l'Irak le 20 mars 2003. Mais ils en ont commis une encore plus grave, morale et stratégique, en se retirant sans avoir réussi à construire le «Nouveau Moyen-Orient» démocratique qu'ils avaient imprudemment promis urbi et orbi. En abandonnant à leur sort les Irakiens qui avaient cru en elle - au premier rang desquels les chrétiens -, l'Amérique n'a pas commis qu'une faute morale. Stratégiquement, elle a perdu son pouvoir dissuasif dans le monde arabo-musulman. Au Moyen-Orient, si vous abandonnez un ami, c'est que vous êtes faible. Et vos ennemis ne tarderont jamais beaucoup à venir exploiter votre faiblesse.

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  • Irak : le Vatican serait-il devenu va-t-en-guerre ?

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    Antoine Pasquier, sur famillechretienne.fr, analyse la position du Saint-Siège :

    Irak : pourquoi le Vatican n’exclut pas une action militaire

    Le représentant permanent du Saint-Siège auprès des Nations-Unies a déclaré le 9 août qu’une action militaire pouvait être « nécessaire en ce moment » en Irak. Cette prise de position fait exception dans le refus habituel du Vatican de recourir à la force armée. Explications.

    Le Vatican va-t-il prendre fait et cause pour une intervention militaire en Irak ? C’est ce qu’aurait laissé entendre, samedi 9 août sur l’antenne de radio Vatican, l’observateur permanent du Saint-Siège auprès des Nations-Unies. « Il faut intervenir maintenant, avant qu’il ne soit trop tard », a mis en garde Mgr Silvano Tomasi, jugeant évident « de défendre même physiquement les chrétiens du nord de l’Irak ». Si l’urgence est de leur apporter une aide humanitaire « parce que les enfants et les personnes âgées sont en train de mourir », le diplomate du Saint-Siège n’exclut pas un recours à la force. « Peut-être que l’action militaire est nécessaire en ce moment », a-t-il ajouté.

    Cette déclaration, même prudente et non définitive, tranche cependant avec la position habituelle de l’Eglise catholique depuis cinquante ans et les récents propos du pape François. « Tout est perdu avec la guerre et rien n’est perdu avec la paix », avait déclaré le souverain pontif lors de sa prière de l’Angelus le 27 juillet dernier. « Frères et sœurs, jamais la guerre ! Jamais la guerre ! », avait-il insisté, évoquant ce jour-là les trois principaux conflits au cœur de ses préoccupations : l’Ukraine, l’Irak et le Proche-Orient. Dimanche dernier, 10 août, le pape François avait encore appelé la communauté internationale à trouver « une solution politique efficace pour rétablir le droit » en Irak, tandis que les premiers bombardements américains avaient débuté quelques heures plus tôt. Cette prise de position du Vatican en faveur d’une éventuelle intervention militaire est « extrêmement rare », confirme le père Cédric Burgun, canoniste à l’Université catholique de Paris. « Elle prouve que le Vatican a pris la mesure de la gravité de la situation et, qu’aujourd’hui, il a du mal à envisager une autre manière d’intervenir » dans ce conflit. 

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  • Irak : l'Eglise catholique favorable à une intervention militaire

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    De La Libre.be :

    Irak: l'Eglise catholique en faveur d'une intervention militaire

    Le sort des réfugiés irakiens, parmi lesquels des chrétiens, occupe depuis plusieurs semaines maintenant la scène internationale. Ces derniers jours, le pape François en voyage en Corée du Sud a renouvelé ses appels à la paix partout dans le monde, et surtout en Irak. La preuve avec un tout récent tweet où il invite les fidèles à persévérer "dans la prière et dans la générosité".

    Au Vatican, la situation est donc prise très au sérieux. Le 8 août dernier, on apprenait que le souverain pontife chargeait le cardinal Filoni de se rendre sur place pour faire le point sur la situation (lire en cliquant ici notre portrait du cardinal Fernando Filoni, émissaire spécial du pape en Irak). Ce même cardinal Filoni estimait récemment que les réfugiés irakiens "ont besoin de la solidarité internationale, non seulement sur le plan humanitaire, mais aussi d'un point de vue politique et militaire".

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  • Irak : le difficile réveil de l’Occident

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    Est-ce un effet de la mobilisation des chrétiens en faveur des Irakiens persécutés ? L’Europe et les Etats-Unis commencent à prendre conscience de l’ampleur de la catastrophe. Philippe Oswald sur « Aleteia » :

    Alors que la prière des chrétiens qui fêtaient l’Assomption a redoublé de ferveur pour leurs frères chrétiens et tous les persécutés d’Irak, notamment à Lourdes (cf. BFM-TV), les ministres européens des affaires étrangères réunis d’urgence à Bruxelles sont enfin parvenus à une position commune sur la livraison d’armes aux combattants kurdes en Irak. La France a joué un rôle moteur dans cet accord. Pour autant, il ne s’agit que d’un satisfecit accordé aux Etats-membres qui ont décidé de fournir une aide militaire aux forces de sécurité kurdes considérées comme seules capables de tenir tête sur le terrain aux islamistes de l’EIL, alors que l’armée irakienne est en totale déliquescence. Et l’aide militaire française ne peut qu’être modeste, vu l’état catastrophique des équipements de nos armées. Les Britanniques, de leur côté, ont fait savoir qu’ils répondraient « favorablement » à une demande des Kurdes (cf. La Croix et Le Parisien).  

    Mais armer les Kurdes est un pis-aller qui n’est pas sans risque (y compris pour les chrétiens qui ont jadis été victimes de persécutions de leur part : on peut douter de l'enthousiasme des Kurdes à défendre ceux-ci : le R.P. Amir Geagea, supérieur dominicain à Bagdad, et le père dominicain Anis Hanna ont dénoncé l'abandon par les peshmergas kurdes de leurs positions dans des villages chrétiens de Ninive livrés aux jihadistes (cf. l’Orient le Jour ). Aussi l'Allemagne, la Suède, l'Irlande, la Finlande et l'Autriche restent réticentes à armer les Kurdes.

    La réaction européenne demeure donc bien timide et hasardeuse au regard des monstrueuses exactions commises par les jihadistes du prétendu « Etat islamique » dont cette vidéo tournée par les bourreaux eux-mêmes offre un aperçu (attention, les images sont difficilement soutenables). L’offensive qu’ils mènent en Irak depuis le 9 juin avec l’arsenal dont les Américains avaient doté l’armée irakienne leur a permis de conquérir des pans entiers du territoire depuis la zone frontalière de la Syrie jusqu’ au nord, à l’ouest et à l’est de Bagdad, menaçant aussi le Kurdistan irakien. Le « califat » dans lequel ces sunnites imposent leur pouvoir a été marqué d’emblée par la persécution des chiites (ils ont fait exploser le 15 août un lieu de culte chiite et exécuté publiquement le muezzin dans la ville de Jalawla, à 130 km au nord-est de Bagdad), et  des minorités chrétiennes et yézidie (non musulmane et kurdophone). Le massacre des hommes et la vente de femmes comme esclaves (cf.Aleteia) n’est pas sans rappeler le génocide des Arméniens par les Turcs, voici un siècle.

    Les Américains qui portent l’écrasante responsabilité d’avoir été les pyromanes de l’Irak, s’efforcent à présent de jouer les pompiers en dotant d’armes les combattants kurdes et en bombardant les jihadistes qui assiègent les yézidis réfugiés dans les monts Sinjar (l'ONU estime leur nombre à 20 000 ou 30 000, mais  le porte-parole du Pentagone, le contre-amiral John Kirby, a déclaré qu’ils seraient «beaucoup moins nombreux» et vivraient dans «de meilleures conditions» (sic) qu'attendu …). Une certitude : la tardive réaction des Occidentaux ne suffira pas à rendre leurs foyers aux milliers de déplacés qui tentent de survivre dans des camps au Kurdistan ou à la frontière syrienne.

    Réf. Irak : le difficile réveil de l’Occident

    D’après Belga, La Belgique pourrait, dans un cadre européen,  participer avec des avions de transport militaires C-130 Hercules à l'acheminement d'aide humanitaire à la population irakienne victime des jihadistes de l'Etat islamique (EI), voire à la livraison d'équipements militaires offerts par d'autres pays aux combattants kurdes, Selon  le ministre belge des affaires étrangères, Didier Reynders, la Belgique pourrait aussi contribuer à la formation des combattants kurdes qui affrontent les jihadistes de l'EI. S’agissant de la livraison d’armes, il a précisé que la décision revient à chaque Etat membre de l’Union européenne, avec le consentement des autorités nationales irakiennes, c'est-à-dire le gouvernement de Bagdad, Le ministre a ajouté que les demandes actuellement formulées par les Kurdes irakiens portent sur des munitions pour des armes d'origine russe - que la Belgique ne possède pas.

    JPSC 

  • Pape François en Corée : appel à la paix, au dialogue et au pardon

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    Lu sur le site Aleteia :

    Le pape François est arrivé ce jeudi à Séoul, pour une visite qui durera cinq jours en Corée du Sud, pays où le catholicisme est une religion doublement minoritaire. Accueilli par la présidente Park Geun-Hye à son arrivée à l'aéroport, il est ensuite monté à bord non pas d'une "papamobile", mais dans une petite voiture noire, saluant de la main par la fenêtre la foule rassemblée le long de la route.

    C'est pour une fois en anglais que le pape François a exhorté les deux Corées à retrouver le chemin de la paix, à dépasser les «récriminations» et à cesser de recourir au «déploiement des forces». Pour le Saint Père, la paix ne pourra être atteinte que par le dialogue et le pardon. Le pape François s'est également arrêté sur le témoignage que constitue la vie des 124 premiers martyrs chrétiens de Corée, «prêts à donner leur vie dans la vérité dans laquelle ils croyaient», appelant les jeunes à "appliquer aux défis du présent" la "sagesse des anciens".

    Mais l'appel à la paix et à la réconciliation lancé dès son arrivée par le pape François à Séoul, aura été accueilli par une démonstration de force des plus classiques de la part de la Corée du Nord, qui avait refusé que des catholiques nord-coréens viennent à la rencontre du pape : elle a effectué ce jeudi un tir de trois projectiles de courte portée dans la mer, depuis ses côtes est, obligeant la Corée du Sud à relever son état d'alerte le long de la frontière.

     Réf.  Séoul : le pape François lance un appel à la paix, la Corée du Nord lance trois missiles

     JPSC

  • Errare americanum est

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    Lu sur le site web « Boulevard Voltaire » :

    « Les Américains », disait Churchill, « trouvent toujours la bonne solution après avoir essayé toutes les autres. » En ce qui concerne l’Irak, et en espérant que l’avenir confirmera l’optimisme de ce bon vieux Winston, force est de constater que le passé a jusqu’ici, hélas, prouvé sa clairvoyance.

    Ce fut une première erreur – morale – des États-Unis, après avoir envoyé Saddam Hussein combattre en première ligne l’Iran révolutionnaire de Khomeiny, d’avoir payé d’ingratitude le dictateur irakien et de ne lui avoir proposé aucune contrepartie en échange de son engagement de bon petit soldat de l’Occident au cours d’une guerre de huit ans qui avait coûté un peu plus d’un million d’hommes aux deux belligérants. Il n’était pas si aberrant qu’on voulut bien le dire à l’époque que Saddam, dépité, ait tenté de se payer sur la bête en annexant le Koweït, arbitrairement détaché du reste de l’Irak et artificiellement érigé en État indépendant par la Grande-Bretagne, avide de mettre la main (par émir interposé) sur ses richesses pétrolières.

    Ce fut une seconde erreur – géopolitique, celle-là –, après avoir affaibli le pouvoir du « maître de Bagdad », comme disaient à l’unisson nos bons médias, d’en finir avec celui-ci sur la base d’accusations mensongères sans avoir la moindre idée de la complexité du pays où la coalition laborieusement constituée et emmenée par Washington mettait ses pieds et ses gros sabots ni de la façon dont on comblerait le vide laissé par la chute de l’homme fort qui faisait tenir ensemble, tant bien que mal, les morceaux de l’ensemble hétéroclite qu’avaient imaginé les vainqueurs de la Première Guerre mondiale.

    Accueillis par certains en libérateurs, les héros de la deuxième guerre du Golfe ne tardèrent pas à être tenus par la grande majorité de la population irakienne – à la notable exception des Kurdes – pour des occupants.

    Ce fut une troisième erreur, dont la région et le monde paient aujourd’hui les conséquences, après avoir créé les conditions du chaos, de laisser s’en dépatouiller le gouvernement corrompu, sectaire, autoritaire et impuissant qu’on avait mis en place et après être venu quand ce n’était pas nécessaire de s’en aller quand il aurait fallu rester.

    C’est une quatrième erreur d’ajouter à l’anarchie et au désarroi ambiants une crise politique et de congédier comme un laquais Nouri al-Maliki après avoir utilisé ses services pendant huit ans. Était-il véritablement important, urgent et intelligent de s’ingérer une fois encore dans les affaires intérieures de l’Irak au moment où ce n’est plus seulement la stabilité mais l’existence même de ce pays qui est en cause, et alors que les 350.000 hommes censés constituer l’armée et les 600.000 hommes enrégimentés dans les forces de police irakiennes sont mis en déroute par les combattants fanatiques, aguerris, motivés et suréquipés de l’État islamique ?

    C’est une cinquième erreur de limiter l’intervention militaire que justifie pleinement la situation à quelques bombardements ciblés suffisants pour que les islamistes dénoncent la nouvelle ingérence américaine mais insuffisants pour enrayer la déroute du régime irakien et l’exode des populations que chasse devant elle, comme un troupeau de moutons, l’offensive djihadiste.

    Il est des moments dans l’histoire – et nous sommes dans un de ces moments – où les demi-mesures sont dépassées, où les tergiversations sont criminelles, où les bêlements humanitaires ne servent plus de rien, où la parole est aux armes.

    Quitte à froisser le Qatar, quitte à déplaire à l’Arabie saoudite, quitte à conforter Bachar el-Assad, quitte à s’allier avec l’Iran, les États-Unis et l’Union européenne peuvent encore réparer et effacer toutes leurs fautes passées en déclarant la guerre aux fous monstrueux qui sont entrés en guerre contre l’humanité. C’est maintenant qu’il faut agir, sous peine d’être accusés devant les hommes et devant l’histoire de non-assistance à civilisation en danger. »

    Ref . Errare americanum est

     N’en déplaise à ceux qui estiment qu’après tout, les djihadistes du Califat autoproclamé sont loin d’atteindre le niveau de nocivité auquel sont parvenus Robespierre,  Staline ou Hitler. Mais c’est peut-être ce que pensaient déjà ceux qui ont laissé faire ces derniers.

    JPSC

  • Chrétiens d’Irak : le patriarche de Babylone, Mgr Louis Sarko, est un homme concret

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    Le Patriarche de Babylone des chaldéens confie à Aleteia collaborer avec le gouvernement pour conduire les réfugiés chrétiens jusqu'à Bagdad. Extraits de l’interview :

    (…) Mark Arabo, homme d’affaires californien et leader chrétien, a récemment évoqué au micro de CNN un “génocide des chrétiens” et une “décapitation systématique des enfants” de la part de l’EIIL, en précisant qu’il existe à Mossoul “un parc où ont été décapités des enfants, et dont les têtes ont été enfilées sur de bâtons”. Pouvez-vous confirmer ou infirmer ces propos ?

    Mgr Sako : Il n’y a rien eu de ce genre. Aucune décapitation. A Mossoul, de l’argent a été volé, mais les chrétiens n’ont pas été attaqués physiquement. Il y a eu un exode de masse et beaucoup de panique dans la plaine de Ninive. Les personnes ont été littéralement chassées de leurs propres villages. Il n’y a eu qu’un mort, un homme qui a tenté de traverser un check point dans un moment de tension.

    Est-il vrai que les militants de l’EIIL exigent des taxes de la part des chrétiens pour les avoir épargnés, et qu’ils kidnappent les femmes pour en faire leurs épouses ? 

    Mgr Sako : Les deux nouvelles sont vraies. Il y a eu des enlèvements de femmes chrétiennes, de même que l’exigence de taxes. Ces fanatiques islamiques demandent en particulier de l’argent aux chrétiens pour leur permettre de retourner dans leur maison. Mais les chrétiens de leur font pas confiance. Ces gens là changent constamment d’idée : ils ne sont pas fiables. Il se peut qu’un chrétien paie aujourd’hui, qu’il rentre chez lui pour y vivre en paix et que demain les milices l’attaquent à nouveau avec des conséquences que l’on ignore.

    Le gouvernement de Bagdad a accusé les jihadistes sunnites de l’EIIL d’avoir jeté des centaines de Yézidis dans les fosses communes, avec parmi eux des femmes et des enfants. Que pouvez-vous nous en dire?

    Mgr Sako : Ce qui s’est passé pour les Yazidis est vrai. Plus de mille femmes ont été capturées en emmenées. Beaucoup d’enfants sont morts aussi. Ces gens n’ont ni nourriture ni eau et se sentent isolés du reste du monde. Ils ne savent que faire ni où aller.

    Au sujet de la crise irakienne, Mgr Silvani Maria Tomasi, Observateur permanent du Saint-Siège pour l’ONU de Genève, a dit que “l’action militaire était une nécessité dans ce contexte”. Que pensez-vous de l’intervention militaire américaine?

    Mgr Sako : Les frappes partielles ne suffisent pas. La solution de cette crise ne peut se trouver que par un accord plus ample avec l’implication du gouvernement kurde et du gouvernement central irakien. Sans une stratégie globale, le rêve de voir les gens rentrer chez eux ne se réalisera jamais !

    En ce moment, les chrétiens ont-ils le droit de s’organiser pour se défendre ou leur conseillez-vous de se résoudre plutôt à la fuite? 

    Mgr Sako : Comment pourraient-ils s’organiser? Ils sont avant tout en nombre réduit, de 400 à 500 000 en tout. Et la plupart d’entre eux ont déjà fui les villages. Ils sont tous éparpillés. Ensuite, étant donné leur situation actuelle, ils ne seraient même pas en mesure de donner vie à une milice. D’autant plus qu’il ont en face des extrémistes aguerris !
     
    Quels sont les scénarios possibles des prochains jours selon vous?

    Mgr Sako : Je crains que la situation n’empire. Il y a un vrai problème dû aux réfugiés, à l’urgence humanitaire et un autre problème d’ordre politique. Je ne vois pas d’issue pour le moment. Le monde entier doit se mobiliser pour la situation de l’Irak, faute de quoi une solution stable et permanente, à mon avis, s’éloignera irrémédiablement.

    Vous excluez un dialogue avec les jihadistes de l’EIIL?

    Mgr Sako : Pouvez-vous m’indiquer comment dialoguer avec un fanatique ? Vous avez face à vous un mur, et c’est tout ! Moi-même, au début de la crise, j’ai essayé de discuter avec l’un d’entre eux, mais c’est difficile, il n’y a aucune confiance, et ils changent d’avis continuellement.

    Y a-t-il un risque que l’influence de ces extrémistes islamistes puisse atteindre Bagdad ? 

    Mgr Sako : Il y a le risque qu’ils trouvent des sympathisants. Il leur sera difficile d’arriver jusqu’à Bagdad, mais ce n’est pas impossible pour autant.

    Comment l’Eglise catholique essaye-t-elle d’agir pour le drame des réfugiés?

    Mgr Sako : Dans toutes les églises du pays, nous avons installé des écoles, des dortoirs, des espaces pour manger. Dans chaque ville, dans les environs des villes attaquées par les milices, les zones d’accueil sont bondées. A présent, la meilleure chose à faire reste de transférer le plus de personnes possible vers Bagdad. Je suis en contact avec le gouvernement pour que cela se fasse.

    De quelle façon ce transfert devrait-il s’opérer?

    Mgr Sako : Les voies terrestres sont fermées, l’unique possibilité est la voie aérienne. Ici dans la capitale, nous avons plus d’espaces pour accueillir les gens qui risquent l’épuisement d’un moment à l’autre. Et puis il y a des hôpitaux et des lieux pour les soigner. Vingt familles ont déjà quitté l’enfer et sont arrivées à Bagdad, mais nous faisons tout pour en accueillir d’autres sous peu.

     *Interview traduite de l'édition italienne d'Aleteia par Solène Tadié
     

     Ref.INTERVIEW. "Les miliciens de l’EI n’ont pas torturé et décapité des chrétiens", précise Mgr Sako

    JPSC

  • L’exaspération grandissante des évêques d’Orient

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    Lu sur le nouveau site web catholique IHS News (gratuit, pendant sa période de lancement) :

    ENSEMBLE-DES-EVEQUES-CHALDEENS-SAUF-1-300x199 (1).jpg« L’incompréhension commence à monter en Irak. Tandis que le Pentagone vient de préciser que les Etats-Unis n’étendraient pas leurs frappes aériennes à d’autres zones en Irak, les chrétiens et les Yazidis continuent à mourir en fuyant les djihadistes de l’Etat Islamique. Face à cette absence de réelle action contre les membres de l’EI, les patriarches chrétiens commencent à élever le ton.

    Le Patriarche chaldéen Louis Sako a exprimé sa déception face à la portée limitée des frappes étasuniennes qui ne visent qu’à défendre la capitale du Kurdistan irakien, supprimant de fait tout espoir de renversement de la tendance sur le terrain : « La position du président de n’apporter une assistance militaire que pour protéger Erbil est décevante ». Il a par ailleurs à nouveau appelé ses ouailles à rester pour empêcher l’émergence souhaitée par les djihadistes d’un Irak sans chrétiens, et donc à ne pas profiter des visas humanitaires accordés par des pays comme la France.

    Mgr al Qas, évêque d’Amadiyah, a demandé à l’aviation étasunienne d’étendre son action afin de  « ne pas laisser le loup se mettre dans le troupeau pour tuer, manger, démolir ».

    Du côté du Liban qui a dû faire face à une attaque des djihadistes il y a quelques jours, le Patriarche Raï relance son appel à l’unité et à la nécessité de ne pas fuir à l’étranger.

    Tous les patriarches sont unanimes pour signifier que l’intervention militaire étasunienne ne changera rien en Irak, comme le signalait le patriarche Sako, si elle avait eu un autre but que la seule défense d’Erbil, les raids auraient débuté dès la prise de Mossoul.

    Le problème, avec cet espoir qui n’en est pas un au final, tient au fait que le moral des chrétiens d’Orient n’est, comme on peut l’imaginer, pas au plus haut. Persécutés, pourchassés, affamés, entassés dans des abris de fortune, leur espoir de jours meilleurs semble s’amenuiser jour après jour. Or l’annonce des frappes étasuniennes avait permis une éclaircie, mais qui sonne au final comme un coup d’épée dans l’eau. Oui, ils vont en majorité pouvoir atteindre des territoires libres, mais pour quel avenir, pour quelle vie ?

    Remontés par le drame que vivent leurs fidèles, les patriarches (qui sont restés au milieu des âmes qui leurs sont confiées), ainsi que le Saint Siège poussent plus en avant l’offensive.

    Le représentant du Saint Siège à l’ONU, Mgr Tomasi, après avoir déclaré qu’une action militaire était peut-être nécessaire (ne faisant ainsi que suivre l’enseignement du catéchisme et du code de droit canonique sur une réponse armée face à une agression), a exigé qu’une enquête soit diligentée par l’ONU, afin de dévoiler l’identité de « ceux qui fournissent des armes et de l’argent aux fondamentalistes, et les pays qui les appuient tacitement ». Mgr al Qas, va plus loin et cite même nommément l’Arabie Saoudite en précisant que la liste des responsables sera sans doute longue et remplie de surprises.

    Mais tout ceci ne fait malheureusement pas avancer la situation sur le terrain, pendant que les états occidentaux tergiversent sur ce qu’ils doivent faire, l’Etat Islamique implante un peu plus sa domination dans la région et prépare sa route sur Bagdad. D’ailleurs, les forces de sécurité irakiennes ne s’y trompent pas, elles qui sont déployées et en état d’alerte depuis dimanche. Se focaliser sur le seul problème des minorités persécutées ne résoudra pas le problème. Comme le signalait Mgr Sako, sauver Erbil n’éliminera pas le pouvoir de nuisance de l’Etat Islamique, sans compter que ces frappes ne seront pas éternelles et que l’EI est capable de changer temporairement d’objectif en attendant que le déluge de bombes (tout relatif) passe. Il faut entreprendre une réelle action de fond en Irak. Cependant, une action purement extérieure ne ferait que reproduire à nouveau, comme une histoire sans fin, le désastre irakien ou afghan, ces deux pays où une fois les troupes étrangères parties, le chaos a pris le dessus. Mgr Raï soulignait que contrairement à l’Irak, le Liban a su trouver un équilibre politique mais aussi militaire, et que c’est parce qu’il y a eu un équilibre militaire, grâce, entre autres, aux phalanges libanaises (qui existent depuis 1930-1940) ou aux forces libanaises (qui existent depuis les années 80), que l’équilibre politique a pu se réaliser. En Irak, les chrétiens son désarmés dans tous les sens du terme, et sont dépourvus d’une structure solide et fonctionnelle. Pour lui, il ne faudrait pas tant une intervention extérieure, qu’une structuration des forces présentes afin qu’une telle horreur ne se reproduise. Mais la communauté internationale ne semble pas prête à entendre cela, fondant tous ses espoirs sur les pershmergas kurdes et sur l’émergence du nouveau gouvernement irakien, déjà divisé avant même d’entrer en fonction.

    Les Patriarches semblent au final crier dans le désert sans susciter la moindre réaction de la communauté internationale persuadée de savoir ce qui est le mieux, alors qu’eux sont sur le terrain au milieu des morts et des réfugiés.

    P. JM. Robinne »

    Réf. L’exaspération grandissante des évêques d’Orient

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  • Irak : Déclaration du Conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux, 12.08.2014

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    Testo in lingua originale :

    Le monde entier a assisté, stupéfait, à ce qu’on appelle désormais « la restauration du califat » qui avait été aboli le 29 octobre 1923 par Kamal Atatürk, fondateur de la Turquie moderne.

    La contestation de cette « restauration » par la majorité des institutions religieuses et politiques musulmanes n’a pas empêché les jihadistes de l’« Etat Islamique » de commettre et de continuer à commettre des actions criminelles indicibles.

    Ce Conseil pontifical, tous ceux qui sont engagés dans le dialogue interreligieux, les adeptes de toutes les religions ainsi que les hommes et les femmes de bonne volonté,ne peuvent que dénoncer et condamner sans ambiguïté ces pratiques indignes de l’homme:

    -le massacre de personnes pour le seul motif de leur appartenance religieuse;

    -la pratique exécrable de la décapitation, de la crucifixion et de la pendaison des cadavres dans les places publiques;

    -le choix imposé aux chrétiens et aux yézidis entre la conversion à l’islam, le paiement d’un tribut (jizya) ou l’exode;

    -l’expulsion forcéede dizaines de milliers de personnes, parmi lesquelles des enfants, des vieillards, des femmes enceintes et des malades;

    -l’enlèvement de jeunes filles et de femmes appartenant aux communautés yézidie et chrétienne comme butin de guerre (sabaya);

    -l’imposition de la pratique barbare de l’infibulation;

    -la destruction des lieux de culte et des mausolées chrétiens et musulmans;

    -l’occupation forcée ou la désacralisation d’églises et de monastères;

    -le retrait des crucifix et d’autres symboles religieux chrétiens ainsi que ceux d’autres communautés religieuses;

    -la destruction du patrimoine religieux-culturel chrétiend’une valeur inestimable ;

    -la violence abjecte dans le but de terroriser les personnes pour les obliger à se rendre ou à fuir.

    Aucune cause ne saurait justifier une telle barbarie et certainement pas une religion. Il s’agit d’une offense d’une extrême gravité envers l’humanité et envers Dieu qui en est le Créateur, comme l’a souvent rappelé le Pape François.

    On ne peut oublier pourtant que chrétiens et musulmans ont pu vivre ensemble - il est vrai avec des hauts et des bas - au long des siècles, construisant une culture de la convivialité et une civilisation dont ils sont fiers. C’est d’ailleurs sur cette base que,ces dernières années, le dialogue entre chrétiens et musulmans a continué et s’est approfondi.

    La situation dramatique des chrétiens, des yézidis et d’autres communautés religieuses et ethniques numériquement minoritaires en Irak exige une prise de position claire et courageuse de la part des responsables religieux, surtout musulmans, des personnes engagées dans le dialogue interreligieux et de toutes les personnes de bonne volonté. Tous doivent être unanimes dans la condamnation sans aucune ambiguïté de ces crimes et dénoncer l’invocation de la religion pour les justifier. Autrement quelle crédibilité auront les religions, leurs adeptes et leurs chefs ? Quelle crédibilité pourrait avoir encore le dialogue interreligieux patiemment poursuivi ces dernières années?

    Les responsables religieux sont aussi appelés à exercer leur influence auprès des gouvernants pour la cessation de ces crimes, la punition de ceux qui les commettent et le rétablissement d’un état de droit sur tout le territoire, tout en assurant le retour des expulsés chez eux. En rappelant la nécessité d’une éthique dans la gestion des sociétés humaines, ces mêmes chefs religieux ne manquerontpas de souligner que le soutien, le financement et l’armement du terrorisme est moralement condamnable.

    Ceci dit, le Conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux est reconnaissant envers tous ceux et celles qui ont déjà élevé leurs voix pour dénoncer le terrorisme, surtout celui qui utilise la religion pour le justifier.

    Unissons donc nos voix à celle du Pape François: « Que le Dieu de la paix suscite en tous un désir authentique de dialogue et de réconciliation. La violence ne se vainc pas par la violence. La violence se vainc par la paix!».

    [01287-03.01] [Texte original: Français]

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  • "Les djihadistes sont des criminels qu'il faut arrêter et juger "

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    Le site web Aleteia a appelé  Mgr Lebrun, l'évêque de Saint-Etienne, actuellement à Erbil, pour faire le point sur la situation des réfugiés chrétiens en Irak. :

    Sa visite, quelques semaines après celle de Mgr Barbarin à Qaraqodh, a été programmée et annoncée au dernier moment. L’évêque de Saint-Étienne a interrompu ses vacances et est arrivé samedi matin dans la capitale du Kurdistan irakien autonome, avec Mgr Gollnisch, en charge de l'Oeuvre d'Orient. Aleteia l'a eu en ligne afin de partager son ressenti là-bas, à Erbil.

    Monseigneur, où en est l'aide aux chrétiens sur place ?

    Mgr Lebrun : Pour la première fois aujourd'hui, on a commencé à organiser un véritable centre d'accueil pour les réfugiés. L'aide aux chrétiens commence à se mettre en place. De l'aide est déjà arrivée de l'Unicef, du HCF, de l'état français, ce qui a permis de parer à quelques besoins essentiels : des tentes, des médicaments… Mais cela manquait un peu d'adéquation au réel, car cette aide était arrivée spontanément, ce qui est tout à fait naturel. Une deuxième vague d'aide est en train d'arriver. L'Oeuvre d'Orient travaille sur place à Erbil avec Mgr Gollnisch, qui a une connaissance plus fine de la diversité des communautés, des besoins…

    Pouvez-nous nous décrire Erbil ?

    Mgr Lebrun : Erbil c'est une grande ville, la capitale du Kurdistan. Mais il ya a aussi Ankawa (Ndlr : à quelques kilomètres au nord-ouest d'Erbil), la ville jumelle chrétienne d'Erbil, qui est Kurde. Les deux villes se sont rejointes.  A Ankawa, on trouve plusieurs églises, chaldéennes et syriaques, ainsi que le séminaire de Mossoul qui y a été transféré après la chute de la ville.

    Comment est le moral des réfugiés chrétiens sur place ?

    Mgr Lebrun : Aucun chrétien n'a abjuré, c'est admirable. Ils sont unis dans la prière. Mais leur désespoir, en toute honnêteté, est très grand. Si l'on écoute ce que disent les chrétiens réfugiés ici, si vous leur demandez ce qu'ils veulent faire, 90% vous diront qu'ils veulent quitter le pays. Cela fait un siècle que l'on subit cela, nous disent-ils, des humiliations, des persécutions… Ce n'est plus possible. En quelques décennies, l'Irak a perdu les deux tiers de ses chrétiens. En même temps, si vous leur dites que, dans huit jours ils peuvent retourner à Qaraqosh, qu'ils peuvent rentrer chez eux, la réponse sera certainement différente.

    Selon vous, que faut-il faire maintenant ?

    Mgr Lebrun : Après l'aide humanitaire, ce qu'il faut, c'est que la communauté internationale soit prête à agir pour stopper ces criminels. Ce soi disant califat n'a rien d'un état. M. Fabius l'a l'a dit losqu'il est venu à Erbil : il faut demander à  l'ONU d'intervenir. Je suis convaincu qu'ilt faut une intervention militaire, et à terme une solution irakienne.
    Il ne faut pas non plus oublier toute la tragédie des Yezidi qui subissent le même sort que les chrétiens : vous abjurez votre foi, vous mourez ou bien vous partez. Ils sont dans la montagne de Sinjar, c'est dramatique. On parle aussi de plus de 500 femmes enlevées, qui ont le choix entre être vendues ou être tuées. Il semble clair que l'armement des armées kurdes et irakiennes n'est actuellement pas suffisant pour faire face aux terroristes. Cela nous dépasse ; je peux simplement dire, en tant qu'évêque, que ce sont des criminels, et qu'il faut les arrêter et les juger. Pour l'avenir, si on ne bouge pas, c'est terrible. »

    Ref. : "Les djihadistes sont des criminels qu'il faut arrêter et juger "

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