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Spiritualité - Page 118

  • La famille, cellule de base de la société (homélie pour le dimanche de la Sainte famille)

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    La famille, cellule de base de la société

    homélie de l'abbé Christophe Cossement pour la fête de la Sainte Famille (archive 2013):

    Dans l’exhortation apostolique du pape François, Evangelium gaudium, on lit que la famille est importante pour l’Église car « il s’agit de la cellule fondamentale de la société, du lieu où l’on apprend à vivre ensemble dans la différence et à appartenir aux autres et où les parents transmettent la foi aux enfants ».

    En cette fête de la Sainte Famille nous voulons fêter toutes les familles, avec une tendresse particulière pour celles qui vivent des épreuves, en les regardant comme les cellules fondamentales nécessaires à la société. Il y a une forme de famille qui a été avalisée par le parlement mais à laquelle les Églises s’opposent, c’est la famille fondée sur le mariage homosexuel. Cette opposition ne vient pas d’une attitude rigide tournée vers le passé, mais de cette constatation toute simple  : pour donner la vie à un enfant il faut d’une façon ou d’une autre toujours un homme et une femme. La stérilité de la relation homosexuelle n’est pas une maladie, elle est dans l’ordre des choses, elle est normale, et il ne faut pas nier la réalité en imaginant des stratagèmes pour imiter la famille fondée sur l’union de l’homme et de la femme. Ce qui ne veut pas dire que nous les chrétiens devons approuver le fait qu’une société rendrait difficile la vie des personnes homosexuelles. Au contraire, c’est aussi avec amitié que nous devons entourer les familles qui existent déjà, quelles que soient leurs blessures.

    La famille est le lieu où l’on apprend « à appartenir aux autres ». Ce point me semble fondamental dans la société d’aujourd’hui toujours tentée par plus d’individualisme et donc de repli sur soi. Cette appartenance mutuelle se réalise en vivant dans le don de soi aux autres. La maman, le papa se donnent pour leur enfant, et qui pourra rendre à ses parents tout ce qu’ils lui ont donné, à commencer par le précieux don de la vie — qui n’appartient à personne ? À leur tour les enfants sont invités à se donner eux-mêmes dans la famille, par toutes sortes de services rendus gratuitement. Heureuses les familles où l’on entretient cette dimension du don gratuit en résistant à la marchandisation des tâches ! C’est le seul moyen de préparer l’avenir que d’apprendre aux jeunes à vivre comme des êtres capables de se donner eux-mêmes et de le faire dans la fidélité, durablement, au-delà de ce qui peut rapporter quelque chose.

    Ce que vit la Sainte Famille dans l’évangile de ce jour (Mt 2,13) nous fait accueillir dans cette célébration la situation de tant de familles qui vivent dans des camps de réfugiés, au Sud-Soudan, en Centrafrique, au Liban et dans les pays voisins de la Syrie, à l’est du Congo, aux Philippines, et encore maintenant en Haïti ou en Inde. Et la situation de ces familles chrétiennes qui vivent dans la menace perpétuelle d’un attentat. Nous pensons aussi à toutes les familles éprouvées parce qu’un des membres est gravement malade ou disparu trop tôt, et à toutes les familles blessées parce qu’on ne sait pas s’y aimer ou parce qu’il y a de la méchanceté, de la perversité ou de l’esprit de vengeance. Tant de famille que Dieu nous invite à porter dans notre cœur, pour que par la rencontre entre ces situations et l’Esprit Saint dans notre cœur puisse naître l’ébauche d’un monde nouveau, d’un geste, d’une prière qui commence à changer le monde.

    Comment surmonter tout ce qui blesse les personnes et les familles ? Le pape propose dans sa lettre de tisser à nouveau des liens, d’intensifier la proximité avec ceux qui nous entourent et qui nous sont présentés par le Seigneur. C’est le sens des lectures que nous avons entendues  : honorer son père, glorifier sa mère (Si 3), non pas qu’ils soient irréprochables mais parce que ce qui est digne de l’homme, ce qui le fait grandir et qui peut guérir même les péchés c’est l’amour, c’est la main tendue, c’est le cœur ouvert, c’est la présence affectueuse — et ils sont rares les cas où il faut se protéger en coupant les ponts, cela doit rester l’exception des exceptions. Intensifier les liens, nous devons le faire aussi avec ceux qui sont dans notre quartier, avec ceux qui arrivent de loin et qui sont éprouvés par une vie difficile — ceux que l’on appelle les sans-papiers. C’est à une nouvelle communion de la famille humaine que nous sommes appelés.

    Que le Seigneur nous aide à construire le monde de demain, par notre vigilance au service du renouveau des familles, cellules de base de la société !

  • "Totum amoris est" : la lettre apostolique du pape François pour le 4ème centenaire de la mort de saint François de Sales

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    LETTRE APOSTOLIQUE

    TOTUM AMORIS EST

    DU SAINT-PÈRE FRANÇOIS

    POUR LE 4ème CENTENAIRE DE LA MORT
    DE SAINT FRANÇOIS DE SALES

    source

    « Tout est à l’amour ». [1] Dans ses paroles nous pouvons recueillir l’héritage spirituel laissé par saint François de Sales qui est mort à Lyon le 28 décembre 1622. Prince-évêque « en exil » de Genève depuis une vingtaine d’années, il avait un peu plus de cinquante ans. Il était arrivé à Lyon après sa dernière mission diplomatique, le Duc de Savoie lui ayant demandé d’accompagner le Cardinal Maurice de Savoie en Avignon. Ensemble, ils avaient rendu hommage au jeune Roi Louis XIII, sur son chemin de retour vers Paris par la vallée du Rhône après une campagne militaire victorieuse dans le Sud de la France. Fatigué et en mauvaise santé, François s’était mis en route par pur esprit de service. « S’il n’était pas très utile à leur service que je fasse ce voyage, j’aurais certainement beaucoup de bonnes et solides raisons pour m’en dispenser ; mais s’il s’agit de leur service, mort ou vivant, je ne me retirerai pas, mais j’irai ou je me ferai traîner ». [2] C’était son tempérament. À Lyon, il logea au monastère des Visitandines, dans la maison du jardinier afin de ne pas trop déranger et pour être en même temps plus libre de rencontrer ceux qui le désiraient.

    Désormais peu impressionné par les « faibles grandeurs de la cour » [3], il avait passé ses derniers jours à exercer son ministère de pasteur dans une succession de rendez-vous : confessions, conversations, conférences, prédications ainsi que les incontournables ultimes lettres d’amitié spirituelle. La raison profonde de ce style de vie remplie de Dieu lui était devenue de plus en plus claire au fil du temps, et il l’avait formulée de manière simple et précise dans son célèbre Traité de l’amour de Dieu : « Sitôt que l’homme pense un peu attentivement à la Divinité, il sent une certaine douce émotion du cœur, qui témoigne que Dieu est Dieu du cœur humain ». [4] Voilà la synthèse de sa pensée. L’expérience de Dieu est une évidence pour le cœur humain. Il ne s’agit pas d’une construction mentale mais d’une reconnaissance, pleine d’émerveillement et de gratitude, qui fait suite à la manifestation de Dieu. C’est dans le cœur et par le cœur que s’accomplit ce processus d’unification subtil et intense en vertu duquel l’homme reconnaît Dieu et, en même temps, se reconnaît lui-même, reconnaît son origine, sa profondeur et son accomplissement dans l’appel à l’amour. Il découvre que la foi n’est pas un mouvement aveugle, mais avant tout une attitude du cœur. Par elle, l’homme s’en remet à une vérité qui apparaît à sa conscience comme une “douce émotion”, capable de susciter en retour un bon vouloir auquel nul ne saurait renoncer pour toute réalité créée, comme il aimait à le dire.

    A cette lumière, on comprend que, pour saint François de Sales, il n’y avait pas de meilleur lieu pour trouver Dieu, et pour aider à le chercher, que le cœur de chaque homme et de chaque femme de son temps. Il l’avait appris en s’observant lui-même attentivement dès son plus jeune âge, et en scrutant le cœur humain.

    Lors de sa dernière rencontre de ces jours-là, à Lyon avec ses Visitandines, dans le climat intime d’un quotidien habité par Dieu, il leur avait laissé cette expression par laquelle il aurait voulu que sa mémoire soit plus tard fixée en elles : « J’ai tout résumé dans ces deux mots quand je vous ai dit de ne rien refuser ni désirer ; je n’ai plus rien à vous dire ». [5] Il ne s’agissait cependant pas d’un exercice de pur volontarisme, « une volonté sans humilité », [6] de cette tentation subtile sur le chemin de la sainteté qui confond celle-ci avec la justification par ses propres forces, avec l’adoration de la volonté humaine et de sa propre capacité, « qui aboutit à une autosatisfaction égocentrique et élitiste dépourvue de véritable amour ». [7] Il ne s’agissait pas non plus d’un pur quiétisme, d’un abandon passif et sans affects à une doctrine sans chair et sans histoire. [8] Cette formule naissait plutôt de la contemplation de la vie même du Fils incarné. Le 26 décembre le Saint s’adressait ainsi aux Sœurs au cœur du mystère de Noël : « Voyez-vous l’Enfant Jésus dans la crèche ? Il reçoit tous les ravages du temps, le froid et tout ce que le Père permet qu’il lui arrive. Il ne refuse pas les petites consolations que sa mère lui donne, et il n’est pas écrit qu’il tende jamais les mains pour avoir le sein de sa Mère, mais il laisse tout à ses soins et à sa prévoyance ; ainsi nous ne devons rien désirer ni refuser, supportant tout ce que Dieu nous envoie, le froid et les ravages du temps ». [9] Son attention à reconnaître comme indispensable le soin de tout ce qui est humain est émouvante. À l’école de l’Incarnation, il avait appris à lire l’histoire et à l’habiter avec confiance.

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  • Le quatrième centenaire de la mort de saint François de Sales

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    Saint François de Sales (+ 28 décembre 1622): catéchèse de Benoît XVI (2 mars 2011) (source)

    Chers frères et soeurs,

    «Dieu est le Dieu du coeur humain» (Traité de l’Amour de Dieu, I, XV): dans ces paroles apparemment simples, nous percevons l’empreinte de la spiritualité d’un grand maître, dont je voudrais vous parler aujourd’hui, saint François de Sale, évêque et docteur de l’Eglise. Né en 1567 dans une région frontalière de France, il était le fils du Seigneur de Boisy, antique et noble famille de Savoie. Ayant vécu à cheval entre deux siècles, le XVIe et le XVIIe, il rassemblait en lui le meilleur des enseignements et des conquêtes culturelles du siècle qui s’achevait, réconciliant l’héritage de l’humanisme et la tension vers l’absolu propre aux courants mystiques. Sa formation fut très complète; à Paris, il suivit ses études supérieures, se consacrant également à la théologie, et à l’Université de Padoue celles de droit, suivant le désir de son père, qu’il conclut brillamment par une maîtrise in utroque iure, droit canonique et droit civil. Dans sa jeunesse équilibrée, réfléchissant sur la pensée de saint Augustin et de saint Thomas d’Aquin, il traversa une crise profonde qui le conduisit à s’interroger sur son salut éternel et sur la prédestination de Dieu à son égard, vivant avec souffrance comme un véritable drame spirituel les questions théologiques de son époque. Il priait intensément, mais le doute le tourmenta si fort que pendant plusieurs semaines, il ne réussit presque plus à manger et à dormir. Au comble de l’épreuve, il se rendit dans l’église des dominicains à Paris, ouvrit son coeur et pria ainsi: «Quoi qu’il advienne, Seigneur, toi qui détiens tout entre tes mains, et dont les voies sont justice et vérité; quoi que tu aies établi à mon égard...; toi qui es toujours un juge équitable et un Père miséricordieux, je t’aimerai Seigneur (...) je j’aimerai ici, ô mon Dieu, et j’espérerai toujours en ta miséricorde, et je répéterai toujours tes louanges... O Seigneur Jésus, tu seras toujours mon espérance et mon salut dans la terre des vivants» (I Proc. Canon., vol. I, art. 4). François, âgé de vingt ans, trouva la paix dans la réalité radicale et libératrice de l’amour de Dieu: l’aimer sans rien attendre en retour et placer sa confiance dans l’amour divin; ne plus demander ce que Dieu fera de moi: moi je l’aime simplement, indépendamment de ce qu’il me donne ou pas. Ainsi, il trouva la paix, et la question de la prédestination — sur laquelle on débattait à cette époque — s’en trouva résolue, car il ne cherchait pas plus que ce qu’il pouvait avoir de Dieu; il l’aimait simplement, il s’abandonnait à sa bonté. Et cela sera le secret de sa vie, qui transparaîtra dans son oeuvre principale: le Traité de l’amour de Dieu.

    En vainquant les résistances de son père, François suivit l’appel du Seigneur et, le 18 décembre 1593, fut ordonné prêtre. En 1602, il devint évêque de Genève, à une époque où la ville était un bastion du calvinisme, au point que le siège épiscopal se trouvait «en exil» à Annecy. Pasteur d’un diocèse pauvre et tourmenté, dans un paysage de montagne dont il connaissait aussi bien la dureté que la beauté, il écrivit: «[Dieu] je l’ai rencontré dans toute sa douceur et sa délicatesse dans nos plus hautes et rudes montagnes, où de nombreuses âmes simples l’aimaient et l’adoraient en toute vérité et sincérité; et les chevreuils et les chamois sautillaient ici et là entre les glaciers terrifiants pour chanter ses louanges» (Lettre à la Mère de Chantal, octobre 1606, in OEuvres, éd. Mackey, t. XIII, p. 223). Et toutefois, l’influence de sa vie et de son enseignement sur l’Europe de l’époque et des siècles successifs apparaît immense. C’est un apôtre, un prédicateur, un homme d’action et de prière; engagé dans la réalisation des idéaux du Concile de Trente; participant à la controverse et au dialogue avec les protestants, faisant toujours plus l’expérience, au-delà de la confrontation théologique nécessaire, de l’importance de la relation personnelle et de la charité; chargé de missions diplomatiques au niveau européen, et de fonctions sociales de médiation et de réconciliation. Mais saint François de Sales est surtout un guide des âmes: de sa rencontre avec une jeune femme, madame de Charmoisy, il tirera l’inspiration pour écrire l’un des livres les plus lus à l’époque moderne, l’Introduction à la vie dévote; de sa profonde communion spirituelle avec une personnalité d’exception, sainte Jeanne Françoise de Chantal, naîtra une nouvelle famille religieuse, l’Ordre de la Visitation, caractérisé — comme le voulut le saint — par une consécration totale à Dieu vécue dans la simplicité et l’humilité, en accomplissant extraordinairement bien les choses ordinaires: «... Je veux que mes Filles — écrit-il — n’aient pas d’autre idéal que celui de glorifier [Notre Seigneur] par leur humilité» (Lettre à Mgr de Marquemond, juin 1615). Il meurt en 1622, à cinquante-cinq ans, après une existence marquée par la dureté des temps et par le labeur apostolique.

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  • Un avenir pour la messe traditionnelle ?

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    La lettre 907 de "Paix liturgique" :

    QUEL AVENIR POUR LA MESSE TRADITIONNELLE ?

    UN ENTRETIEN AVEC JEAN-PIERRE MAUGENDRE

    Le 24 septembre dernier s’est déroulé à la Maison de la Chimie un colloque organisé par plusieurs associations (Una Voce, Paix liturgique, Notre-Dame de Chrétienté, Lex orandi, Renaissance catholique) sur le thème de l’avenir de la messe traditionnelle. Nous avons interrogé Jean-Pierre Maugendre, Directeur Général de Renaissance catholique, un des organisateurs de ce colloque.

    Paix Liturgique : Pourquoi avoir organisé ce colloque ?

    Jean-Pierre Maugendre : Le motu Proprio Traditionis custodes, promulgué par le pape François le 16 juillet 2021, a marqué la volonté pontificale de voir disparaître la célébration de la messe romaine traditionnelle. De dérogations en exceptions, les restrictions à la célébration de cet usus antiquior perdurent néanmoins. Or il apparaît à beaucoup de fidèles et de prêtres qu’il s’agit là, à la fois d’un grave abus de pouvoir et d’une décision méprisant souverainement les difficultés doctrinales, liturgiques et spirituelles que soulève la réforme liturgique. Si, comme l’écrivait récemment un évêque à l’un de nos amis il ne s’agit que de querelles stériles autour de « détails liturgiques » pourquoi une telle hargne contre la messe traditionnelle. Si, en revanche, sont en jeu des questions doctrinales de fond merci de nous expliquer ce qui a, fondamentalement, changé. Les clercs étant tenus à une certaine réserve il nous est apparu important que des laïcs puissent montrer leur détermination à ne pas se laisser déposséder des trésors qui ont sanctifié leurs pères. Cela d’autant plus qu’au vu des résultats catastrophiques de la réforme liturgique (effondrement de la pratique religieuse, chute des vocations, ignorance religieuse généralisée, etc.) cette volonté de rompre avec la Tradition de l’Eglise apparaît pour le moins incongrue, voire purement idéologique.

    Paix Liturgique : Comment cela s’est-il passé ? 

    Jean-Pierre Maugendre : Notons d’abord que ce colloque devait, à l’origine, se dérouler dans la crypte de l’église sainte Odile à Paris. Sur intervention personnelle de Mgr Ulrich, archevêque de Paris, nous n’avons pu être reçus dans cette paroisse et avons dû nous rabattre sur la Maison de la Chimie. Bienheureuse exclusion qui nous a permis d’accueillir 450 participants dans un cadre prestigieux, ce qui aurait été impossible à sainte Odile. Deo gratias ! Nous avons alterné trois modes de communication :

    - des conférences sur la richesse de la messe traditionnelle, une tentative de définition du traditionalisme, des pistes de réflexion, concrètes, sur l’avenir de la messe traditionnelle

    - des entretiens sur l’histoire de l’interdiction de la messe traditionnelle, l’obéissance dans l’Eglise 

    - des table-rondes sur la situation concrète dans les diocèses et une tentative de bilan d’un demi-siècle de réforme liturgique.

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  • Il n'y a que la crèche pour unir dans la concorde le prêtre et le philosophe athée

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    Du

    «Seule la crèche peut unir dans la concorde le prêtre et le philosophe athée»

    Le Père Grégoire Sabatié-Garat revient sur le sens profond de la Nativité et des fêtes religieuses. Selon lui, la double aspiration humaine à la concorde et à la liberté trouve dans l'évènement de Noël une réponse fondamentale.

    Prêtre du diocèse de Versailles, le Père Grégoire Sabatié-Garat est vicaire en paroisse (Conflans-Ste-Honorine, Andrésy et Maurecourt) et membre du Padreblog.

    Veillée de Noël 1940. Dans la froide obscurité du stalag XII-D près de Trèves, Jean-Paul Sartre venait d'écrire Bariona ou le Fils du tonnerre, une pièce de théâtre inspirée du genre médiéval des Mystères. «Il s'agissait simplement, écrira-t-il, de trouver un sujet qui pût réaliser, ce soir de Noël, l'union la plus large des chrétiens et des incroyants». Quel sujet fut ainsi capable d'unir largement le philosophe athée, les prêtres et tous les autres prisonniers ? C'est évidemment la Crèche, dont la vénération avait été popularisée par saint François d'Assise au début du XIIIe siècle.

     

    Les récits de la naissance de Jésus soulignent fortement son rapport à la concorde universelle : Jésus naquit dans le cadre historique de la Pax AugustiLa naissance de Jésus devait être éclairée par l'arrière-fond du règne d'Auguste, qui se voulait lui aussi porteur d'une bonne nouvelle de la paix. Dans ce rêve d'un espace unifié par la culture gréco-latine et la concorde civique, la sagesse juive se distinguait en refusant d'attendre des pouvoirs humains un quelconque salut pour ne l'espérer que de Dieu. La Crèche inaugure cette rencontre entre Rome et Jérusalem, où les grandes aspirations humaines s'ouvrent à l'irruption inouïe de Dieu dans l'histoire.

    «Vous avez le droit d'exiger qu'on vous montre la Crèche», écrivit Sartre, soulignant l'universalité de ce qui se donne à voir à Noël. Cette phrase si simple et prophétique reflète quelque chose de la lumière dont fut touché le futur chef de file de l'intelligentsia germanopratine ce soir-là. La Crèche appartient à tous ; son universalité est capable de toucher le cœur de quiconque aspire encore à une certaine allégresse et à la liberté.

    Les fêtes populaires non-religieuses sont la plupart du temps réjouissantes et fécondes. Mais sans leurs significations religieuses, elles finissent par poser une question amère : que reste-t-il à fêter si un salut ne nous est pas offert ?

    Grégoire Sabatié-Garat

    L'engouement suscité par une Coupe du monde de football pourtant contestée vient de montrer combien l'aspiration populaire à l'unité et à l'allégresse demeurait forte, même dans notre société postmoderne. Mais Kylian Mbappé, si grand sportif soit-il, ne saurait répondre aux aspirations existentielles de nos contemporains. Il n'en a ni la vocation ni le pouvoir. Le besoin de célébrer, de se rassembler, d'admirer demeure cependant et doit être pris au sérieux. Philippe Murray a bien décrit l'état de l'homme contemporain en recherche permanente du divertissement festif, l'homo festivus. Souvent nous «faisons la fête» pour aussitôt le montrer sur les réseaux «sociaux», comme si l'allégresse du moment présent ne nous suffisait pas. Ces réseaux donnent l'illusion de la communion (un nombre de contacts), l'illusion de la joie (un nombre de likes) mais ils laissent en définitive chacun seul face à l'algorithme et aux annonceurs publicitaires.

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  • Le Message Urbi et Orbi du pape lors de la fête de Noël 2022

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    "MESSAGE " URBI ET ORBI DE SA SAINTETÉ LE PAPE FRANCOIS (source)

    NOËL 2022

    Dimanche 25 décembre 2022

    Chers frères et sœurs de Rome et du monde entier, joyeux Noël !

    Que le Seigneur Jésus, né de la Vierge Marie, vous apporte à tous l'amour de Dieu, source de confiance et d'espérance, ainsi que le don de la paix annoncée par les anges aux bergers de Bethléem : "Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre à ceux qu'il favorise" (Lc 2, 14).

    En ce jour de fête, nous tournons notre regard vers Bethléem. Le Seigneur vient au monde dans une étable et il est couché dans une mangeoire pour animaux, car ses parents ne trouvaient pas de place dans l'auberge, même si le moment était venu pour Marie d'accoucher. Il vient parmi nous en silence et dans l'obscurité de la nuit, parce que la parole de Dieu n'a pas besoin de projecteurs ni de voix humaines fortes. Il est lui-même la Parole qui donne un sens à la vie, il est la Lumière qui éclaire notre chemin. "La vraie lumière, celle qui illumine tout le monde - nous dit l'Évangile - venait dans le monde" (Jn 1, 9).

    Jésus est né au milieu de nous, il est Dieu avec nous. Il vient accompagner notre vie quotidienne, partager avec nous toutes choses : nos joies et nos peines, nos espoirs et nos craintes. Il vient comme un enfant sans défense. Il est né dans la nuit froide, pauvre parmi les pauvres. Ayant besoin de tout, il frappe à la porte de notre cœur pour trouver chaleur et abri.

    Comme les bergers de Bethléem, entourés de lumière, puissions-nous nous mettre en route pour voir le signe que Dieu nous a donné. Puissions-nous surmonter notre somnolence spirituelle et les paillettes superficielles des fêtes qui nous font oublier Celui dont nous célébrons la naissance. Laissons derrière nous le brouhaha qui endort nos cœurs et nous fait passer plus de temps à préparer les décorations et les cadeaux qu'à contempler le grand événement : le Fils de Dieu né pour nous.

    Frères et sœurs, tournons nos regards vers Bethléem, et écoutons les premiers cris légers du Prince de la Paix. Car Jésus est vraiment notre paix. La paix que le monde ne peut donner, la paix que Dieu le Père a accordée à l'humanité en envoyant son Fils dans le monde. Saint Léon le Grand a résumé le message de cette journée dans une phrase latine concise : Natalis Domini, natalis est pacis : "la naissance du Seigneur est la naissance de la paix" (Serm. 26, 5).

    Jésus-Christ est aussi le chemin de la paix. Par son incarnation, sa passion, sa mort et sa résurrection, il a ouvert le chemin qui mène d'un monde fermé sur lui-même et opprimé par les ombres sombres de l'inimitié et de la guerre, à un monde ouvert et libre pour vivre dans la fraternité et la paix. Frères et sœurs, suivons ce chemin ! Mais pour le faire, pour pouvoir marcher derrière Jésus, nous devons nous débarrasser des fardeaux qui nous pèsent et nous bloquent le chemin.

    Quels sont ces fardeaux ? Quel est ce poids mort ? Les mêmes forces négatives qui ont empêché le roi Hérode et sa cour de reconnaître et d'accueillir la naissance de Jésus : l'attachement au pouvoir et à l'argent, l'orgueil, l'hypocrisie, le mensonge. Ces forces nous empêchent d'aller à Bethléem, elles nous excluent de la grâce de Noël et elles bloquent l'entrée sur le chemin de la paix. En effet, nous devons reconnaître avec tristesse que, alors même que le Prince de la Paix nous est donné, les vents glacés de la guerre continuent à secouer l'humanité.

    Si nous voulons que ce soit Noël, la naissance de Jésus et de la paix, regardons vers Bethléem et contemplons le visage de l'Enfant qui est né pour nous ! Et dans ce visage petit et innocent, voyons les visages de tous ces enfants qui, partout dans le monde, aspirent à la paix.

    Voyons aussi les visages de nos frères et sœurs ukrainiens qui vivent ce Noël dans l'obscurité et le froid, loin de chez eux à cause de la dévastation causée par dix mois de guerre. Que le Seigneur nous inspire des gestes concrets de solidarité pour aider tous ceux qui souffrent, et qu'il éclaire l'esprit de ceux qui ont le pouvoir de faire taire le tonnerre des armes et de mettre fin immédiatement à cette guerre insensée ! Malheureusement, nous préférons écouter d'autres conseils, dictés par des modes de pensée mondains. Mais qui écoute la voix de l'Enfant ?

    Notre époque connaît une grave famine de paix également dans d'autres régions et sur d'autres théâtres de cette troisième guerre mondiale. Pensons à la Syrie, encore marquée par un conflit qui est passé au second plan mais qui n'est pas terminé. Pensons aussi à la Terre Sainte, où ces derniers mois la violence et les affrontements ont augmenté, entraînant dans leur sillage des morts et des blessés. Supplions le Seigneur que là, sur la terre qui l'a vu naître, le dialogue et les efforts pour construire une confiance mutuelle entre Palestiniens et Israéliens puissent reprendre. Que l'Enfant Jésus soutienne les communautés chrétiennes vivant au Moyen-Orient, afin que chacun de ces pays puisse faire l'expérience de la beauté de la coexistence fraternelle entre individus de confessions différentes. Que l'Enfant Jésus aide le Liban en particulier, afin qu'il puisse enfin rebondir avec l'aide de la communauté internationale et avec la force née de la fraternité et de la solidarité. Que la lumière du Christ illumine la région du Sahel, où la coexistence pacifique entre les peuples et les traditions est perturbée par les conflits et les actes de violence.  Que cette lumière conduise à une trêve durable au Yémen, à la réconciliation au Myanmar et en Iran, et à la fin de toute effusion de sang. Qu'elle inspire les autorités politiques et toutes les personnes de bonne volonté des Amériques à tenter d'apaiser les tensions politiques et sociales que connaissent les différents pays ; je pense en particulier au peuple haïtien qui souffre depuis longtemps.

    En ce jour, alors que nous sommes assis autour d'une table bien garnie, ne détournons pas notre regard de Bethléem, une ville dont le nom signifie "maison du pain", mais pensons à tous ceux, en particulier les enfants, qui ont faim alors que d'énormes quantités de nourriture sont gaspillées chaque jour et que des ressources sont dépensées en armes. La guerre en Ukraine a encore aggravé cette situation, mettant des peuples entiers en danger de famine, notamment en Afghanistan et dans les pays de la Corne de l'Afrique. Nous savons que chaque guerre provoque la faim et exploite la nourriture comme une arme, empêchant sa distribution aux personnes qui souffrent déjà. En ce jour, prenons exemple sur le Prince de la Paix et, en commençant par ceux qui exercent des responsabilités politiques, engageons-nous à faire de la nourriture uniquement un instrument de paix. Et tandis que nous nous réjouissons de nous retrouver avec nos proches, pensons aux familles qui connaissent de grandes difficultés et à celles qui, en cette période de crise économique, luttent contre le chômage et manquent du nécessaire.

    Chers frères et sœurs, aujourd'hui comme hier, Jésus, la vraie lumière, vient dans un monde gravement malade de l'indifférence, un monde qui ne l'accueille pas (cf. Jn 1, 11) et qui le rejette même, comme il le fait avec de nombreux étrangers, ou qui l'ignore, comme nous le faisons trop souvent avec les pauvres. Aujourd'hui, n'oublions pas les nombreuses personnes déplacées et les réfugiés qui frappent à notre porte à la recherche d'un peu de confort, de chaleur et de nourriture. N'oublions pas les marginaux, ceux qui vivent seuls, les orphelins, les personnes âgées - qui sont la sagesse de leur peuple - qui risquent d'être mis de côté, et les prisonniers, que nous considérons uniquement pour les erreurs qu'ils ont commises et non comme nos semblables.

    Frères et sœurs, Bethléem nous montre la simplicité de Dieu, qui ne se révèle pas aux sages et aux intelligents, mais aux petits, à ceux qui ont un cœur pur et ouvert (cf. Mt 11, 25). Comme les bergers, partons nous aussi en hâte et laissons-nous surprendre par l'événement impensable de Dieu qui se fait homme pour notre salut. Lui, la source de tout bien, se fait pauvre [1], demandant en aumône notre pauvre humanité. Laissons-nous toucher par l'amour de Dieu. Et suivons Jésus, qui s'est dépouillé de sa gloire pour nous faire participer à sa plénitude[2]. [2]

    ________________________________________________

    [1] Cf. SAINT GREGOIRE de NAZIANCE , Or. 45.

    [2] Cf. ibid.

  • O little town of Bethleem !

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    O little town of Bethlehem
    How still we see thee lie
    Above thy deep and dreamless sleep
    The silent stars go by
    Yet in thy dark streets shineth
    The everlasting Light
    The hopes and fears of all the years
    Are met in thee tonight

    For Christ is born of Mary
    And gathered all above
    While mortals sleep, the angels keep
    Their watch of wondering love
    O morning stars together
    Proclaim the holy birth
    And praises sing to God the King
    And Peace to men on earth

    How silently, how silently
    The wondrous gift is given
    So God imparts to human hearts
    The blessings of His heaven
    No ear may hear His coming
    But in this world of sin
    Where meek souls will receive him still
    The dear Christ enters in
     
    O holy Child of Bethlehem
    Descend to us, we pray
    Cast out our sin and enter in
    Be born to us today
    We hear the Christmas angels
    The great glad tidings tell
    O come to us, abide with us
    Our Lord Emmanuel
    O come to us, abide with us
    Our Lord Emmanuel
     

    O petite ville de Bethléem
    Comme nous te voyons encore allongée
    Au-dessus de ton sommeil profond et sans rêve
    Les étoiles silencieuses passent
    Mais dans tes rues sombres brille
    La lumière éternelle
    Les espoirs et les craintes de toutes les années
    Sont réunis en toi ce soir

    Car le Christ est né de Marie
    Et a rassemblé tous ceux qui sont là-haut
    Pendant que les mortels dorment, les anges veillent
    Leur veille d'amour émerveillé
    O étoiles du matin ensemble
    Proclament la sainte naissance
    Et chantent les louanges de Dieu le Roi
    Et la paix aux hommes sur la terre

    En silence, en silence
    Le don merveilleux est donné
    Ainsi Dieu transmet aux cœurs humains
    Les bénédictions de son ciel
    Aucune oreille ne peut entendre sa venue
    Mais dans ce monde de péché
    Où les âmes douces le recevront encore
    Le cher Christ entre en scène


    Ô saint enfant de Bethléem
    Descends vers nous, nous t'en prions
    Chasse notre péché et entre
    Nais pour nous aujourd'hui
    Nous entendons les anges de Noël
    La grande nouvelle de la joie
    Viens à nous, reste avec nous
    Notre Seigneur Emmanuel
    Viens à nous, reste avec nous
    Notre Seigneur Emmanuel

    Traduit avec www.DeepL.com/Translator

  • L'homélie du pape lors de la nuit de Noël

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    L'homélie du pape lors de la nuit de Noël :

    Basilique du Vatican
    Samedi, 24 décembre 2022

    Qu'est-ce que cette nuit dit encore à nos vies ? Après deux millénaires depuis la naissance de Jésus, après de nombreux Noëls célébrés au milieu des décorations et des cadeaux, après tant de consumérisme qui a enveloppé le mystère que nous célébrons, il y a un risque : nous savons tant de choses sur Noël, mais nous en oublions le sens. Alors, comment trouver le sens de Noël ? Et surtout, où aller pour le chercher ? L'Évangile de la naissance de Jésus semble avoir été écrit précisément pour cela : pour nous prendre par la main et nous ramener là où Dieu veut que nous soyons. Suivons l'Évangile.

    En fait, il commence par une situation similaire à la nôtre : tout le monde est occupé et s'affaire pour un événement important à célébrer, le grand recensement, qui a nécessité de nombreux préparatifs. En ce sens, l'atmosphère de l'époque était semblable à celle qui nous entoure aujourd'hui à Noël. Mais de ce scénario mondain, le récit évangélique prend ses distances : il " détache " très tôt l'image pour aller encadrer une autre réalité, sur laquelle il insiste. Elle s'attarde sur un petit objet, apparemment insignifiant, qu'elle mentionne à trois reprises et sur lequel convergent les protagonistes du récit : d'abord Marie, qui dépose Jésus "dans une crèche" (Lc 2,7) ; ensuite les anges, qui annoncent aux bergers "un enfant emmailloté, couché dans une crèche" (v. 12) ; enfin les bergers, qui trouvent "l'enfant couché dans la crèche" (v. 16). La crèche : pour trouver le sens de Noël, il faut y regarder. Mais pourquoi la crèche est-elle si importante ? Parce qu'elle est le signe, non fortuit, avec lequel le Christ entre sur la scène du monde. C'est le manifeste avec lequel il se présente, la manière dont Dieu naît dans l'histoire pour faire vivre l'histoire. Que veut-il donc nous dire à travers la crèche ? Il veut nous dire au moins trois choses : proximité, pauvreté et concret.

    1. Proximité. La mangeoire sert à rapprocher la nourriture de la bouche et à la consommer plus rapidement. Il peut ainsi symboliser un aspect de l'humanité : la voracité à consommer. Car si les animaux de l'étable consomment de la nourriture, les hommes du monde, avides de pouvoir et d'argent, consomment aussi leurs voisins, leurs frères. Combien de guerres ! Et dans combien d'endroits, aujourd'hui encore, la dignité et la liberté sont foulées aux pieds ! Et toujours les principales victimes de la voracité humaine sont les fragiles, les faibles. Même en ce Noël, une humanité insatiable d'argent, insatiable de pouvoir et insatiable de plaisir ne fait pas de place, comme elle l'a fait pour Jésus (cf. v. 7), pour les petits, pour tant d'enfants à naître, pauvres et oubliés. Je pense surtout aux enfants dévorés par les guerres, la pauvreté et l'injustice. Mais Jésus arrive juste là, un bébé dans la crèche du rejet et de l'exclusion. En Lui, l'enfant de Bethléem, il y a tout enfant. Et il y a l'invitation à regarder la vie, la politique et l'histoire avec les yeux des enfants.

    Dans la crèche du rejet et de l'inconfort, Dieu se met à l'aise : il vient là parce que c'est là que se trouve le problème de l'humanité, l'indifférence générée par la course vorace à la possession et à la consommation. Le Christ y est né et dans cette crèche nous le découvrons proche. Il vient là où il dévore la nourriture pour se faire notre nourriture. Dieu n'est pas un père qui dévore ses enfants, mais le Père qui, en Jésus, fait de nous ses enfants et nous nourrit avec tendresse. Il vient toucher nos cœurs et nous dire que la seule puissance qui change le cours de l'histoire est l'amour. Il ne reste pas distant, il ne reste pas puissant, mais il se fait proche et humble ; lui, qui était assis dans le ciel, se laisse déposer dans une crèche.

    Frère, soeur, ce soir, Dieu se fait proche de vous parce qu'il prend soin de vous. De la crèche, comme nourriture pour ta vie, Il te dit : " Si tu te sens consumé par les événements, si ta culpabilité et ton inadéquation te dévorent, si tu as faim de justice, moi, Dieu, je suis avec toi. Je sais ce que vous vivez, je l'ai vécu dans cette crèche. Je connais vos misères et votre histoire. Je suis né pour te dire que je suis avec toi et que je serai toujours avec toi". La crèche de Noël, le premier message d'un Dieu enfant, nous dit qu'il est avec nous, qu'il nous aime, qu'il nous cherche. Courage, ne laissez pas la peur, la résignation, le découragement vous vaincre. Dieu est né dans une crèche pour vous faire renaître là où vous pensiez avoir touché le fond. Il n'y a aucun mal, aucun péché dont Jésus ne veut et ne peut vous sauver. Noël signifie que Dieu est proche : renaissez dans la confiance !

    2. La crèche de Bethléem nous parle non seulement de proximité, mais aussi de pauvreté. Autour d'une crèche, en effet, il n'y a pas grand-chose : des broussailles et quelques animaux et pas grand-chose d'autre. Les gens restaient au chaud dans les hôtels, pas dans l'étable froide d'une auberge. Mais c'est là que Jésus est né, et la crèche nous rappelle qu'il n'avait personne d'autre autour de lui que ceux qui l'aimaient : Marie, Joseph et les bergers ; tous des pauvres gens, unis par l'affection et la crainte, et non par la richesse et les grandes possibilités. La crèche pauvre fait ainsi ressortir les véritables richesses de la vie : non pas l'argent et le pouvoir, mais les relations et les personnes.

    Et la première personne, la première richesse, c'est Jésus lui-même. Mais voulons-nous nous tenir à ses côtés ? Nous rapprochons-nous de lui, aimons-nous sa pauvreté ? Ou préférons-nous rester à l'aise dans nos propres intérêts ? Surtout, allons-nous Le voir là où Il est, c'est-à-dire dans la pauvre mangeoire de notre monde ? Là, Il est présent. Et nous sommes appelés à être une Église qui vénère Jésus pauvre et sert Jésus dans les pauvres. Comme l'a dit un saint évêque : "L'Église soutient et bénit les efforts visant à transformer les structures d'injustice, à une seule condition : que les transformations sociales, économiques et politiques profitent réellement aux pauvres" (O.A. Romero, Message pastoral pour la nouvelle année, 1er janvier 1980). Bien sûr, il n'est pas facile de quitter la chaleur du monde pour embrasser la beauté austère de la grotte de Bethléem, mais rappelons-nous que ce n'est pas vraiment Noël sans les pauvres. Sans eux, nous célébrons Noël, mais pas le Noël de Jésus. Frères, sœurs, à Noël, Dieu est pauvre : que la charité renaisse !

    3. Nous arrivons ainsi au dernier point : la crèche nous parle de concrétude. En effet, un bébé dans une crèche représente une scène frappante, voire grossière. Il nous rappelle que Dieu s'est bel et bien fait chair. Et donc les théories, les belles pensées et les sentiments pieux à son égard ne suffisent plus. Jésus, qui est né pauvre, a vécu pauvre et est mort pauvre, n'a pas fait beaucoup de discours sur la pauvreté, mais l'a vécue pleinement pour nous. De la crèche à la croix, son amour pour nous était tangible, concret : de la naissance à la mort, le fils du charpentier a embrassé la rugosité du bois, la rugosité de notre existence. Il ne nous a pas aimés en paroles, il ne nous a pas aimés en plaisantant !

    Et donc, Il ne se contente pas des apparences. Il ne veut pas que des bonnes intentions, Lui qui s'est fait chair. Lui, qui est né dans la crèche, recherche une foi concrète, faite d'adoration et de charité, et non de bavardages et d'apparences extérieures. Lui, qui s'est mis à nu dans la crèche et se mettra à nu sur la croix, nous demande la vérité, d'aller à la réalité nue des choses, de déposer au pied de la crèche les excuses, les justifications et les hypocrisies. Lui, qui a été tendrement enveloppé de langes par Marie, veut que nous soyons vêtus d'amour. Dieu ne veut pas l'apparence, mais le concret. Ne laissons pas passer ce Noël, frères et sœurs, sans faire quelque chose de bien. Puisque c'est sa fête, son anniversaire, offrons-lui des cadeaux qui lui sont agréables ! A Noël, Dieu est concret : en son nom, faisons renaître un peu d'espoir chez ceux qui l'ont perdu !

    Jésus, nous te regardons, couché dans la crèche. Nous te voyons si proche, proche de nous pour toujours : merci, Seigneur. Nous Te voyons pauvre, nous enseignant que la vraie richesse ne réside pas dans les choses, mais dans les personnes, surtout les pauvres : pardonne-nous, si nous ne T'avons pas reconnu et servi en eux. Nous te voyons concret, parce que concret est ton amour pour nous : Jésus, aide-nous à donner chair et vie à notre foi. Amen.

  • Un enfant nous est né, un fils nous est donné

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    Introit du jour de Noël :

    Un enfant nous est né,
    un fils nous a été donné ;
    l’insigne de son pouvoir est sur ses épaules
    et on lui donnera pour nom Ange du grand conseil.

    Chantez au Seigneur un chant nouveau,
    car il a fait des merveilles.

    Un enfant nous est né…

    Le Seigneur a fait connaître son salut,
    aux yeux des nations il a révélé sa justice.

    Un enfant nous est né...

    (Isaïe 9, 6 / Psaume 97, 1-2)

  • Il y a un Dieu qui ne nous laisse pas seuls

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    L'homélie de l'abbé Christophe Cossement pour la veillée de Noël, 24 décembre 2022 :

    Nous ne serons plus jamais seuls

    Est-ce qu’il y a un Dieu, et est-ce qu’on peut compter sur lui ? C’est une question que beaucoup de gens se sont un jour posée, et à laquelle ils ont souvent répondu « non ». Et s’ils en sont arrivés là, c’est principalement à cause des épreuves de la vie, de l’irruption de la souffrance dans la vie des hommes — et spécialement celle des innocents. Où est Dieu ? Est-ce même respectueux pour ceux qui souffrent de penser qu’il existe ? Nous pouvons réfléchir à cela en essayant d’imaginer la situation du peuple de Dieu dont nous a parlé Isaïe. Jérusalem méritait le nom de « Délaissée » et de « Désolation », nous dit le prophète. Parfois, nous pensons que nos vies aussi pourraient bien s’appeler « désolation » ou « abandon ». Nous nous sentons seuls avec nos problèmes, et il n’y a rien de pire que de se sentir abandonné devant quelque chose d’apparence insurmontable.

    Alors, qu’est-ce que le prophète a encore à dire ? Il dit qu’il ne sera tranquille que quand la justice brillera aux yeux de tous. La justice, dans la Bible, ce n’est pas seulement la réparation d’une injustice subie, mais c’est le bonheur de se sentir ajusté, reconnu à sa juste valeur. Et quelle est cette juste valeur : c’est qu’au lieu d’être délaissé, je suis choisi ; c’est qu’au lieu d’être oublié, je suis préféré. Bref, j’ai du prix pour mon Dieu ! Le prophète ne sera content que quand Jérusalem aura compris qu’elle a du prix pour Dieu, à l’image d’une fiancée pour son fiancé.

    À celui qui se sent seul et abandonné, Dieu vient dire : mon cœur cherche ton cœur. Mais aussitôt on pourra se dire : comment puis-je savoir que ce n’est pas seulement une histoire de mots, un conte, un beau roman ? C’est là qu’il est temps de se rappeler la suite des lectures et d’avoir un peu de mémoire. C’est comme ça que vit un chrétien : il se souvient de ce que Dieu a fait et il change sa vie en fonction de cela. Au lieu de vivre dans l’inquiétude et la peur de manquer, il s’appuie sur la fidélité de Dieu pour avancer. Alors, avec saint Paul, il se rappelle comment Dieu a fait sortir son peuple de la servitude en Égypte, et comment il a donné un roi puissant qui a été comme un abri pour son peuple : David, le petit berger. Et que bien plus tard est venu un sauveur, selon la promesse de Dieu.

    Le chrétien se souvient de tout cela, et alors il commence à se dire : je ne suis pas seul, je ne suis pas abandonné : le sauveur est venu, il est là. Il me reste une chose à faire : l’accueillir. Voilà, c’est cela : accueillir le sauveur qui s’approche de ma vie et veut me faire comprendre à quel point il m’aime. Aujourd’hui nous avons un modèle pour la façon d’accueillir le sauveur : c’est saint Joseph, qui doit tout d’un coup faire de la place dans sa vie à un petit bébé qui ne vient même pas de lui, mais de l’Esprit Saint. S’il l’accueille, il passera sa vie avec l’Emmanuel, celui dont le nom veut dire « Dieu avec nous ». Il passera sa vie avec un enfant qu’il nommera « Jésus », c’est-à-dire « le Seigneur sauve ». Ah oui, quel bonheur de partager sa vie avec celui qui porte avec lui cette certitude : Dieu sauve ! Je ne suis plus abandonné… Ma vie ne se perdra jamais.

    Il y a un Dieu, qui ne nous laisse pas seuls, qui veut nous faire comprendre à quel point il nous aime. Chouette ! Mais pour l’accueillir, quel déménagement ! Quelle perte de nos repères ! Quel saut dans la confiance ! Je vous souhaite de pouvoir le faire. Je vous souhaite de faire une confiance énorme au Seigneur, en misant sur la prière, sur les sacrements, sur la générosité avec tous ceux qui sont dans le besoin. Que notre vie à chacune, à chacun, quitte tout ce qui est superficiel, exagérément distrayant, pour plonger dans ce qui est profond et qui rassasie vraiment notre âme, le plus profond de nous. Revenons à Jésus, dans la messe, dans une prière prolongée et dans le partage. Nous ne mériterons plus jamais d’être appelé « délaissé », mais bien plutôt « choisi », « préféré », « sauvé ».

  • Que les cieux se réjouissent, et que la terre tressaille ! Les voeux de belgicatho

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    NativitÀ di Beato Angelico

    L'équipe de belgicatho vous présente tous ses voeux de sainte et heureuse fête de Noël et propose à votre méditation ces fortes paroles de saint Grégoire le Théologien, évêque de Nazianze, dans son discours trente-huitième, consacré à la Théophanie, ou Naissance du Sauveur. Une parole que l'on ne pourrait entendre et rester froid, comme le soulignait Dom Guéranger :

    « Le Christ naît ; rendez gloire. Le Christ descend des cieux ; marchez au-devant de lui. Le Christ est sur la terre ; hommes, élevez-vous. Toute la terre, chantez au Seigneur ! et pour réunir tout dans une seule parole : Que les cieux se réjouissent, et que la terre tressaille, pour Celui qui est, tout à la fois, du ciel et de la terre. Le Christ revêt notre chair, soyez émus de crainte et d'allégresse : de crainte, à cause du péché ; d'allégresse, à cause de l'espérance. Le Christ naît d'une Vierge : femmes, honorez la virginité, afin de devenir mères du Christ.

    « Qui  n'adorerait Celui qui était dès le  commencement ? qui ne louerait et  ne célébrerait Celui qui vient de naître ? Voici que les ténèbres se dissipent ; la lumière est créée ; l'Egypte demeure sous les ombres, et Israël est éclairé par la colonne lumineuse. Le peuple, qui était assis dans les ténèbres de l'ignorance, aperçoit la lueur d'une science profonde.  Les choses anciennes ont fini ; tout est devenu nouveau. La lettre fuit, l'esprit triomphe ;  les ombres sont passées, la vérité fait son entrée. La nature voit violer ses lois : le moment est venu de  peupler le monde céleste : le Christ commande ; gardons-nous de résister.

    « Toutes les nations, battez des mains: car un petit Enfant nous est né, un Fils nous a été donné. La marque de sa principauté est sur son épaule : car la croix sera le moyen de son élévation ; son nom est l'Ange du grand conseil, c'est-à-dire du conseil paternel.

    « Que Jean s'écrie: Préparez la voie du Seigneur ! Pour moi, je veux faire retentir aussi la puissance d'un si grand jour : Celui qui est sans chair s'incarne ; le Verbe prend un corps ; l'Invisible se montre aux yeux, l'Impalpable se laisse toucher ; Celui qui ne connaît pas le temps prend un commencement ; le Fils de Dieu est fait fils de l'homme. Jésus-Christ était hier ; il est aujourd'hui ; il sera à jamais. Que le Juif s'en offense ; que le Grec s'en moque ; que la langue de l'hérétique s'agite dans sa bouche impure. Ils croiront quand ils le verront, ce Fils de Dieu, monter au ciel ; et si encore à ce moment ils s'y refusent, ils croiront bien, alors qu'il en descendra, et paraîtra sur son tribunal de juge. »

  • « Et hoc vobis signum » : comment un Dieu a-t-il pu s'intéresser aux hommes?

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    heures-a-l-usage-de-Paris-Moulins-BM-ms-0079-f-032-r (1).jpgA la  tribune des « opinions » dans « La Libre » pour Noël, on peut lire cet article de Laurent Verpoorten, journaliste liégeois pour la Radio Chrétienne Francophone (1) (archive 24/12/2015)

    « Au diable les esprits chagrins ! Les chrétiens font la fête à Noël ! Tant mieux si les personnes qui se sont éloignées de leur baptême, celles qui pratiquent d’autres religions, les agnostiques, les athées trouvent en ce jour une occasion de s’amuser. Que Noël puisse revêtir pour eux un aspect plus familial et solennel que toute autre occasion de fête - apéro, barbecue, pot de départ, anniversaire, crémaillère, victoire, défaite … - c’est parfait ! Mais en vérité, le 24 décembre, il faut être chrétien pour avoir une raison valable de festoyer. Et elle n’est pas des moindres. C’est LA raison par excellence de réjouissance, la source d’allégresse la plus débordante, le cadeau le plus inespéré : Jésus-Christ est né ! "Nations entières, applaudissez des mains, célébrez votre Dieu dans les chants de l'exaltation" car "un enfant nous est né, le Fils nous a été donné, il porte sa puissance sur ses épaules et sera nommé Conseiller merveilleux, Dieu fort, Père à jamais, Prince de la paix" (Isaie. IX, 6). Avouons que cela donne envie de ne pas mégotter sur le champagne !

    Chair divine

    Bien sûr, croire dans un Dieu fait chair n’est évident pour personne. Ce ne le fut jamais. L’incarnation de Dieu constitue même le motif de la crucifixion de Jésus. En osant ne rien nier devant le grand prêtre qui lui demandait s’il était le Fils de Dieu, Jésus signe son arrêt de mort. Le supplice infligé à Pâques est finalement une tentative d’éradiquer Noël…

    Par la suite, dans les premiers siècles du christianisme, le refus de l’incarnation sera à l’origine de nombreuses hérésies. Mais les Pères de l’Eglise tiennent bon. Contre l’adoptianisme et l’ébionisme : oui, Jésus est Dieu né d’une humaine. Contre le docétisme : oui, son corps fut en tout point semblable au nôtre. Contre le monophysisme, le nestorianisme, l’anoméisme : oui, ses deux natures coexistaient au sein d’une même personne. Contre l’arianisme : oui, Jésus fait homme est Dieu au même titre que le Père et que l’Esprit. Ces polémiques théologiques se concluront par une formule limpide, consacrée en 451 au Concile de Chalcédoine : Jésus est pleinement homme et pleinement Dieu.

    C’est que la naissance humaine de Dieu constitue, avec son sacrifice, la clef de voûte de la cathédrale théologique chrétienne. Si le Christ n’a pas pleinement épousé la condition humaine, il ne peut être un modèle. Si les dés sont pipés, s’il était, d’une manière ou d’une autre, avantagé par sa condition divine, il n’a rien à nous dire. Par contre, le choix de prendre corps, soumis plus tard à la torture et à la mort, font prendre conscience de la miséricorde et du sacrifice incommensurable que Dieu lui-même consentit à notre égard. En vivant divinement sa vie d’homme, Jésus nous laisse une feuille de route : celle du possible humain. "Je suis, disait-il (Jean 14, 6), le chemin, la vérité et la vie."

    Le nouveau visage de Dieu proposé par la religion chrétienne entrait cependant en collision frontale avec l’armature de la pensée antique. Biberonnée au platonisme, mâtinée de spiritualisme oriental ou gnostique, la culture païenne portait un regard méprisant sur le corps. Comment admettre dès lors qu’un être éternel en vienne à se souiller dans de la matière périssable ? Les Grecs et les Romains tenaient à leur disposition de nombreux exemples de dieux prenant forme humaine pour visiter la terre. Mais c’était toujours pour en tirer un profit personnel : remporter des combats, favoriser leurs chouchous, coucher avec des mortel(le)s. Mais renoncer à leurs prérogatives divines pour souffrir voire mourir, jamais ! Ceci explique pourquoi, dans les premiers siècles du christianisme, ce fut moins la nature divine de Jésus qui fut mise en doute que sa nature humaine.

    Aujourd’hui, la science faisant davantage référence que la métaphysique, la situation s’est inversée : ce n’est plus l’humanité du Christ qui pose problème, mais sa divinité. Un point de vue étonnant puisque aucun dieu ne répond mieux aux critères de scientificité que celui des chrétiens. La science moderne tire sa légitimité du fait qu’elle ne tient compte que de l’observable. Quel paradoxe alors qu’elle ne fasse pas plus grand cas du seul monothéisme dont le Dieu a précisément tenu à se rendre visible ! Et au sein de l’observable, ce que la science moderne conserve pour en tirer des lois, c’est ce qui se répète, se reproduit. Certes, il n’y eut qu’une seule naissance de Jésus, mais il n’y a qu’un seul Dieu, comme il n’y a qu’un seul nous-même. Comment Dieu nous rejoindrait-il dans notre humanité individuelle s’il se donnait la possibilité de s’incarner à une fréquence élevée ? N’est-il pas plus pertinent, et plus riche, de souligner que Dieu se conforme au mode universel de procréation ? En naissant de la femme, Jésus-Christ, comme chacun d’entre nous, est le fruit d’un processus à la fois banal et éminemment singulier.

    Incroyable mais vrai

    Mais au final, ce qui empêche de se réjouir de l’incarnation de Dieu, ce ne sont pas les limites propres au corps des êtres humains, mais celles de leur âme. Ce qui fait s’éloigner du miracle de Noël, c’est l’athéisme de l’amour, une conviction bien naturelle pour tout qui a fréquenté l’humanité, ne serait-ce qu’au travers de la sienne. Personne n’est capable d’aimer sans limite et, surtout, qui peut penser que quelqu’un mérite de l’être ? Qu’un Dieu puisse avoir renoncé à sa quiétude céleste, à son immortalité indolore, pour s’intéresser aux mammifères que nous sommes et, pire encore, pour consentir à partager corporellement et spirituellement cette condition, cela serait si incompréhensible que d’aucuns ont la tentation d’en conclure que c’est impossible.

    Un jour qu’un philosophe exigeait de lui une définition de Dieu, saint Augustin répondit : "Si tu le comprends, c’est que ce n’est pas Lui." La raison humaine échoue à rendre raison de l’amour de Dieu au travers de concepts. Si elle y parvient, ce dont elle dispose n’est que son propre reflet. Dieu est saisissant parce qu’il nous échappe, parce qu’il nous dépasse. Car il est alors lui-même. Ce n’est qu’à partir du moment où l’on a conscience du caractère incompréhensible de Dieu qu’on peut espérer en comprendre quelque chose, synthétise le philosophe Jean-Luc Marion. Et tout l’intérêt du christianisme, mais aussi sa surprenante complexité, réside dans le fait que c’est en expérimentant concrètement notre propre vie que Dieu nous déstabilise. Ce qui fait de Noël un moment privilégié d’approfondissement du mystère de Dieu. Des informations supplémentaires sont disponibles ce jeudi soir dans toutes les églises près de chez vous …

    Titre orignal : "Et hoc vobis signum , Voici le signe qui vous est donné (Luc 2, 12)"

    Ref. Comment un Dieu a-t-il pu s'intéresser aux hommes?

    JPSC