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Théologie - Page 41

  • Synode amazonien : le synode de Kraütler

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    De Sandro Magister en traduction française sur le site diakonos.be :

    Il y a cinq ans, le Pape avait déjà en tête les conclusions du Synode sur l’Amazonie

    À la veille du vote du document final du synode sur l’Amazonie, la question de savoir quelles seront les principales innovations soumises à l’approbation du Pape a déjà une réponse prévisible.

    En effet, aussi bien la conception de ce synode que son objectif – l’ordination de prêtres mariés et nouveaux ministères pour les femmes – étaient déjà en gestation à l’audience du 4 avril 2014 entre le Pape François et l’évêque autrichien émigré au Brésil Erwin Kraütler.

    Nous connaissons à présent le détail du déroulement de cette audience et de ses développements ultérieures grâce à un livre que Mgr Kraütler lui-même a publié à l’occasion de ce synode.

    Pour comprendre comment l’histoire et l’issue du synode sur l’Amazonie étaient déjà écrites à l’époque, il suffit de parcourir les pages de ce livre, comme l’a fait Maike Hickson dans « LifeSite News » le 22 octobre, dans la critique que nous reproduisons ci-dessous :

    *

    L’architecte du Synode révèle comment le Pape François pourrait « ouvrir une porte » à l’ordination des femmes

    de Maike Hickson

    Erwin Kraütler, l’évêque émérite du diocèse de Xingu au Brésil, vient de publier un nouveau livre consacré au Synode sur l’Amazonie et sur à ses résultats.  Son livre s’intitule « Le renouveau c’est maintenant.  Les impulsions du synode sur l’Amazonie pour la Réforme de l’Église ».

    Dans sa nouvelle publication, Mgr Kraütler répète son appel pour des prêtres mariés, des femmes diacres ainsi que des femmes prêtres.  C’est dans ce contexte qu’il évoque le rôle important que les femmes jouent déjà dans l’Église de sa propre région, le Brésil.  Voici ce qu’il écrit pour dénoncer le fait que les femmes aient trop peu droit à la parole dans l’Église catholique :

    « Souvent, je fais référence au fait que chez nous, dans notre diocèse de Xingu, les choses se passent très différemment.  Là-bas, les femmes président les Liturgies de la Parole et que, ce faisant, elles prononcent aussi l’homélie.  Mais cette expérience au Brésil et peut-être également ailleurs n’est tout au plus qu’un rayon de lumière ténu et est encore très loin d’être le signe ce cette nouvelle aube que nous attendons depuis si longtemps. »

    Il se dit « convaincu qu’une égale dignité de la femme en ce qui concerne les ministères ordonnés viendra ».

    « Et j’espère », poursuit l’évêque, « que le Synode sur l’Amazonie ouvrira de nouveaux chemins pour cela, ou au moins qu’il fera quelques pas dans la bonne direction ».

    *

    Mgr Kraütler se rappelle sa rencontre avec le pape François le 4 avril 2014, une rencontre qui allait être un moment crucial dans l’histoire de l’actuel Synode pan-amazonien, et il montre comment tous les sujets qu’il avait porté à l’attention du Pape François ont été aujourd’hui inclus dans le Synode sur l’Amazonie.

    En racontant son audience privée avec le Pape François, l’évêque autrichien rappelle tout d’abord que c’était en fait son propre conseiller théologique, le P. Paulo Suess, qui peu avant l’audience, avait parlé à François du manque de prêtres en Amazonie.  C’est alors que le Pape a dit « qu’il attendait des évêques qu’ils lui fassent des propositions concrètes et courageuses. »  Et, en riant, le Pape François a ensuite demandé à Mgr Kraütler s’il se souvenait que lui aussi avait utilisé le même mot – « Corajudos » [que Mgr Kraütler traduit par les mots « courageux, audacieux »] – dans son discours aux JMJ de Rio de Janeiro le 27 juillet 2013.

    L’évêque autrichien raconte également avoir présenté trois points au Pape : « la situation [et les droits] des peuples indigènes d’Amazonie » ; « l’Amazonie et l’écologie » et « les paroisses sans Eucharistie », c’est-à-dire le manque de prêtres.  C’est à ce moment, à propos du troisième point, que le Pape a demandé à Mgr Kraütler s’il avait une proposition spécifique à faire.  Après que Mgr Kraütler ait simplement répondu qu’il fallait trouver une manière pour faire en sorte que ces paroisses ne soient pas exclues de l’Eucharistie, le Pape a fait référence à « un évêque à Mexico ; Mgr Samuel Ruiz de San Cristóbal de las Casas, aujourd’hui décédé », et que Mgr Kraütler connaissait.  Mgr Ruiz avait ordonné diacres permanents des centaines d’indigènes mariés et qui ne faisaient que diriger leurs propres paroisses.  Cette pratique avait été interrompue par le Vatican en 2001.

    Le Pape François a ensuite demandé à Mgr Kraütler pourquoi ces diacres ne pouvaient pas également célébrer la Sainte Messe, ce à quoi l’évêque a répondu : « parce qu’ils sont mariés ».  C’est alors que le Pape François lui-même a ressorti les idées d’un autre évêque, Mgr Fritz Lobinger qui avait imaginé une « Equipe d’Anciens » à la tête d’une paroisse, ordonnés [prêtres] et qui pourraient donc célébrer la messe.  Ces « Anciens », selon les idées de Lobinger, pourraient être mariés – et être aussi bien des hommes que des femmes.

    Il est significatif que le Pape François ait mis sur la table les idées d’un homme qui appelait explicitement à l’ordination de femmes à la prêtrise.  Mais il est aussi significatif qu’il discutait déjà des idées de Lobinger en 2014, alors qu’en 2019, il déclarera dans une conférence de presse dans l’avion : « je ne dis pas que ça devrait être fait, parce que je n’y ai pas réfléchi, je n’ai pas prié suffisamment sur le sujet ».

    *

    On pourrait peut-être affirmer qu’il s’agit du Synode de Kräutler.

    Mgr Kraütler affirme : « Pour nos indigènes du Brésil, il est absolument merveilleux que le Pape François ait suivi toutes les demandes que j’ai pu lui présenter [en 2014] pendant mon audience privée à Rome. »

    Mais Mgr Kraütler a également des mots dénigrants pour les « Romains » dans le conseil pré-synodal chargé de préparer le Synode sur l’Amazonie et qui comptait dix-huit membres, nombre d’entre eux issus d’Amérique latine et certains de la Curie romaine.  Il s’agissait d’un groupe d’experts latino-américains qui avait préparé une première version des « Lineamenta » (document préparatoire) pour le Synode sur l’Amazonie mais leurs idées avaient rencontré une certaine résistance.  En décrivant la façon dont l’équipe pré-synodale a travaillé sur ce document préparatoire en avril 2018, Mgr Kraütler a déclaré : « Parfois, il y avait des divergences d’opinion, surtout avec les ‘Romains’ ».

    L’évêque autrichien a ensuite enfoncé le clou en décrivant la réunion du conseil pré-synodal de mai 2019 qui avait pour but de discuter des versions préparatoires de l’« Instrumentum laboris », le document de base pour les travaux du synode.

    « Les discussions n’ont pas été toujours faciles », écrit le prélat autrichien.  « Parfois, nous avons senti un vent contraire glacial ».  Et de poursuivre pour expliquer ses déclarations : « Le problème est toujours le même : des opinions basées sur une pastorale de plusieurs années au contact direct du Peuple de Dieu qui vient se heurter aux normes froides, aux canons, aux paragraphes brandis par des membres de la Curie romaine qui ne connaissent l’Amérique latine que du point de vue touristique et qui n’ont probablement jamais travaillé directement sur le terrain en pastorale dans un paroisse. »

    Mgr Kraütler insiste sur le fait que son propre groupe « a combattu bravement » et a finalement pu boucler le document de travail du synode.  Mais il a été encore plus satisfait quand, les 14-15 novembre 2018, s’est déroulé à Manaus une réunion du conseil pré-synodal rassemblant les présidents de toutes les conférences régionales de l’Amazonie brésilienne.  Le cardinal Lorenzo Baldisseri, Secrétaire général du Synode des Évêques, avait fait le déplacement depuis de Rome.  « Cette réunion », explique Kraütler, « m’a donné davantage d’espoir qu’on puisse, malgré tout, avancer sur le problème des paroisses sans Eucharistie et sur les conditions pour l’admission aux ministères ordonnés ».

    « Parce que soudainement », poursuit-il, « les évêques qui n’avaient pas encore dit grand-chose sur ce sujet ont soudain fait entendre leur voix.  Comme on s’y attendait, le cardinal Baldisseri a soulevé plusieurs objections et a fait référence aux déclarations de plusieurs papes.  Mais à ce moment, deux évêques – dom Edson de São Gabriel da Cachoeira (Amazonie) dt Dom Filipe de Miracema do Norte (Tocantins) – ont répondu et ont résisté, tout comme Pierre l’a fait avec Paul à Antioche, ‘s’opposant ouvertement’ (Gal 2:11) à Son Éminence. »

    Selon l’évêque autrichien, le P. Filipe s’était préparé en mettant par écrit un texte et « a déclaré tout de go : ‘les conditions actuelles pour l’admission aux ministères ordonnés doivent être revues !’ ».

    Pour ce prélat, « la tradition » a un mauvais goût.  Il propose de se débarrasser du « lest accumulé au cours des siècles, que nous avec notre Église supportons à grand-peine et que certains dans les milieux de droite défendent au nom de la ‘tradition’ ».

    Il propose à présent avec assurance que le Synode sur Amazonie se débarrasse de tout ce qui est « superflu ».

    *

    En ce sens, Mgr Kraütler révèle dans son nouveau livre que, pendant les réunion du conseil pré-synodal, « en présence du pape, j’ai insisté pour inclure l’ordination de femmes diacres dans le document final [du Synode Amazonien]. »  Cependant, le cardinal Baldisseri a insisté sur le fait qu’il serait « préférable de laisser d’abord les ‘gens’ d’Amazonie répondre d’abord aux questions que nous leur posons plutôt que d’anticiper leurs réponses ».

    Pour Kraütler, le diaconat féminin est un objectif incontournable du Synode sur l’Amazonie puisque « réalistiquement, nous ne ferons pas d’avancées substantielles concernant la prêtrise des femmes.  J’ai de la peine pour le Pape François, parce que le Pape Jean-Paul II a affirmé sans équivoque que l’Église n’avait pas l’autorité pour ordonner des femmes à la prêtrise. »  Maintenant, le Pape François, « est lié par cette décision », a ajouté le prélat, « en ce qui concerne l’accès des femmes à la prêtrise ».  Mais, en ce qui le concerne, il pense toujours que cette affirmation « n’est pas un dogme ».

    Quant à la question de rester loyal à la Révélation, Mgr Kraütler a sa petite idée.  Cette question « ne signifie pas réellement que tous les rites et les normes de l’Églises primitive sont encore contraignants pour nous au sens où elles l’étaient à l’époque ».  Il rejette ici explicitement l’admonition de Saint-Paul selon laquelle « les femmes devraient garder le silence dans les assemblées » (1 Cor 14 :33-34).  « Si cette règle était encore en vigueur », argumente-t-il, « qu’est-ce qui se passerait dans les paroisses d’Amazonie et d’ailleurs qui sont dirigées par des femmes dans deux tiers des cas ? ».  Cet évêque affirme même que ce passage de Saint Paul n’aurait été ajouté que tardivement, mettant ainsi en doute son authenticité.

    Le prélat autrichien suggère en outre que l’église du XXe siècle a abandonné de nombreux enseignement de l’Église du XIXe, notamment en ce qui concerne la position de l’Église par rapport à la démocratie (Pape Saint Pie X), ou encore en matière de liberté religieuse (« Dignitatis Humanae »), ainsi que d’autres nouveautés introduites par le Concile Vatican II qui auraient été jugées hérétiques à l’époque du Premier Concile. »

    *

    Dans son audace, Mgr Kraütler donne en fait raison aux « peurs des cercles conservateurs » au sein de l’Église catholique – citant explicitement certains écrits de Sandro Magister et de Giuseppe Nardi (Katholisches.info) – et en particulier concernant leurs craintes que le « laboratoire sur l’Amazonie » ait pour but d’attenter au sacrement de l’Ordre.  « Ce qui est ici présenté comme une grande crainte », écrit Kraütler, « je le regarde dans une attitude d’espérance.  Le Synode sur l’Amazonie pourrait bien provoquer une avancée historique dans l’Église universelle. »

    Il conclut alors avec ce qu’il espère que le Pape François fera probablement.  En première lieu, il espère que le Pape écoutera les participants au synode.  « Si nous présentons nos demandes avec insistance, le Pape pourrait, comme il l’a fait au synode sur la famille, ouvrir une porte en disant : ‘Maintenant, vous les évêques, vous avez la possibilité de faire ce que vous estimez nécessaire’ ».  Il reviendrait donc aux conférences épiscopales régionales de dire : Oui, la situation chez nous est telle qu’il est bon que nous recourions à la possibilité que le Pape nous a donné d’’ordonner des ‘viri probati’ et des femmes diacres ».

    Ici, Mgr Kraütler fait un lien avec l’exhortation post-synodale « Amoris laetitia » du Pape François dans laquelle il a permis que les conférences épiscopales régionales – comme la Conférence épiscopale allemande – autorisent certains couples divorcés et remariés à recevoir la Sainte Communion, malgré le fait qu’ils vivent dans objectivement en état d’adultère.

    Vu comment Mgr Kraütler a pu si facilement obtenir du Pape François qu’il organise un synode sur base des trois points tels qu’il les a présentés au Pape en 2014, on peut fort bien s’attendre à lire une conclusion et une proposition semblable à celle qu’il décrit aussi bien dans le rapport final du Synode que dans l’exhortation post-synodale du Pape François qui ne tardera certainement longtemps pas à arriver.

    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso.

  • L'antéchrist selon saint John Henry Newman

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    L'Antéchrist (source)

    Traduit de l'anglais par Renia Catala et Grégory Solari

    Traductions des citations bibliques et patristiques de Pierre- Yves Fux
    Introduction et notes de Grégory Solari
    Préface de Louis Bouyer

    Prends garde à toi, homme : Tu entends les signes de l'Antichrist.
    Ne sois pas seul à les garder en mémoire, mais donne-les sans retenue en partage à tous.

    Cyrille de Jérusalem

    Préface

    Newman est généralement considéré comme un esprit d'une très particulière distinction, capable de gagner, des incroyants eux-mêmes, une sympathie compréhensive refusée à des apologistes chrétiens d'une culture et d'un style moins raffinés. Mais c'est oublier qu'il n'avait aucune fausse pudeur qui le portât à minimiser les aspects du christianisme les plus troublants pour des humanistes amènes.

    Ces sermons sur l'Antichrist ne manqueront sans doute pas de surprendre, voire de choquer, des apologistes portés peut-être à estomper, dans le christianisme authentique, ce qui risque de déconcerter les humanistes qui penchent vers la foi, sans toutefois aller jusqu'à se compromettre avec ses aspects les plus rigoureux. Le rêve d'un christianisme tout en rose (le rose d'une fleur sans épines !) n'a jamais été celui de Newman. Il en résulte que, déjà dans sa période anglicane, il ne présente aucune tendance à diminuer les difficultés de la foi traditionnelle...

    Bien plutôt il les soulignerait, avec une lucidité et une honnêteté qui pourraient déconcerter des croyants eux-mêmes, tentés par une politique de l'apaisement ! Pour lui, l'Évangile est à prendre tel quel, ou à laisser. Il ne s'agit donc pas d'atténuer ce qui pourrait y choquer des âmes de bonne volonté mais d'un optimisme trop facile.

    On ne s'étonnera pas, dans cet essai, de le voir appeler les choses par leur nom et ne pas craindre, quand il le faut, de mettre les points sur les i ! Le mal (pour nous sauver duquel le Fils de Dieu s'est fait homme) n'est pas un simple mauvais pli superficiel... sans quoi Il n'aurait pas eu à monter [sur] la croix ! On lira donc ces pages avec peut-être, au début, quelque plus ou moins pénible surprise... Mais comment l'éviter quand il s'agit de voir en face de quelle perversion l'humanité avait à être sauvée pour que son salut fût plus qu'un beau rêve dont on s'enchante à première vue, mais qui vous laisse après cela aussi démuni qu'auparavant !

    Louis Bouyer,
    de l'Oratoire

    Introduction

    Les épreuves à venir seront telles que même saint Athanase, saint Grégoire le Grand ou saint Grégoire VII seraient épouvantés, à en perdre pied. Aussi sombre que fût la perspective de leur temps, la nôtre est d'un noir de ténèbres, différente de tout ce qui l'a précédée. Mes, frères, vous entrez dans un monde que les chrétiens n'ont encore jamais connu. »

    « The Infidelity of the Future », Catholic Sermons of Cardinal Newman, Birmingham Oratory Ed., Burns & Oates, Londres 1957.

    Ces paroles, John Henry Newman les prononça le 2 octobre 1873, devant les élèves du nouveau séminaire catholique d'Olton, dédié à saint Bernard. On peut imaginer qu'elles durent marquer profondément les futurs prêtres, tout comme les paroissiens anglicans qui pendant l'Avent 1835, alors que Newman était encore vicaire de la paroisse universitaire d'Oxford, l'avaient entendu prêcher ses quatre sermons sur l'Antichrist.

    Quarante ans s'étaient écoulés entre ces deux dates, durant lesquels il s'était progressivement détaché de l'anglicanisme pour rejoindre, le 9 octobre 1845, l'Église catholique, mais son combat restait le même : démasquer l'apostasie qui, sous couvert de libéralisme religieux et d'ouverture au monde, décimait les rangs des églises issues de la Réforme avant d'investir ceux de l'Église. (...) Toute l'oeuvre de Newman est tissée de la volonté de démasquer « les usurpations de la raison ». Dans la dialectique des nouvelles idéologies il reconnaissait une intelligence à l'oeuvre, la même qui, depuis l'origine, tente de séparer l'homme de son Créateur en substituant l'autonomie apparente de la raison à l'obéissance de la foi. Docétisme aux premiers temps, arianisme hier, rationalisme aujourd'hui, pour Newman c'était toujours le même esprit de révolte, ouverte ou camouflée, qui découpait dans les territoires de l'intelligence les isthmes illusoires et mortifères de demain.

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  • Les trois maladies qui rendent stérile l’évangélisation de l’Amazonie

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    De Sandro Magister en traduction française sur le site diakonos.be :

    Un missionnaire appelé par le Pape au synode sur l’Amazonie explique en quoi l’Église se trompe

    Le P. Martín Lasarte Topolanski, l’auteur du texte que nous vous proposons est un Uruguayen en mission en Angola et il est responsable de l’animation missionnaire en Afrique et en Amérique latine de la Congrégation salésienne à laquelle il appartient.

    Le Pape François l’a inclus parmi les 33 hommes d’Église qu’il a personnellement conviés à participer au synode sur l’Amazonie.

    Le texte qui suit a été rédigé et publié avant de synode. Mais c’est comme si le P. Lasarte l’avait prononcé en séance ces jours-ci, vu la clarté limpide avec laquelle il aborde les questions cruciales, à commencer par la demande répandue – qu’il rejette d’ailleurs – d’ordonner prêtre des hommes mariés.

    Le texte intégral de son intervention est sorti en langue italienne dans « Settimana News » le 12 août 2019. Et « Asia News », l’agence de l’Institut pontifical pour les missions étrangères en a publié un large extrait en deux épisodes le 10 octobre et le 11 octobre, notamment en langue chinoise.

    En voici une synthèse encore plus abrégée. Mais il faut absolument la lire, si on veut aller au cœur de ce dramatique synode sur l’Amazonie.

    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso.

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    Les trois maladies qui rendent stérile l’évangélisation de l’Amazonie

    par Martín Lasarte

    On dit que dans les communautés éloignées, l’ordination sacerdotale de laïcs mariés est nécessaire parce que le prêtre peut difficilement les rejoindre.  De mon point de vue, formuler le problème en ces termes, c’est pécher par excès de cléricalisme.  […] On a créé une Église avec peu ou aucune participation ou sens d’appartenance des laïcs, une Église qui, sans prêtre, ne fonctionne pas.  Mais c’est là une aberration ecclésiologique et pastorale.  Notre foi, comme chrétiens, est enracinée dans le baptême et pas dans l’ordination sacerdotale.

    J’ai parfois l’impression qu’on voudrait cléricaliser le laïcat.  Nous avons surtout besoin d’une Église de baptisés actifs, de disciples et de missionnaires.  Dans différentes régions d’Amérique, on a l’impression d’avoir sacramentalisé et au lieu d’évangéliser. […] Il faut élargir notre horizon et regarder la vie et l’espérance de l’Église.

    Les exemples de la Corée, du Japon, de l’Angola et du Guatemala

    L’Église de Corée est le fruit de l’évangélisation des laïcs.  Le laïc Yi Seung-hun, baptisé en Chine, répand l’Église catholique dans le pays, en baptisant lui-même.  Durant un demi-siècle après sa fondation (1784-1835), l’Église coréenne est évangélisée par des laïcs, avec la présence seulement occasionnelle de l’un ou l’autre prêtre.  Cette communauté catholique a été florissante et s’est énormément diffusée, malgré de terribles persécutions, grâce à l’action des baptisés.

    L’Église du Japon, fondée par Saint François-Xavier en 1549 a connu une croissance exponentielle pendant trois siècles sous les persécutions : les missionnaires avaient été expulsés et le dernier prêtre y a été martyrisé en 1644.  Ce n’est que deux cent ans plus tard que les prêtres (des missionnaires français) sont revenus et qu’ils ont trouvé une Église vivante formée de « kakure kirishitan », les « chrétiens cachés ».  Dans ces communautés chrétiennes, il y avait plusieurs ministères : un responsable, des catéchistes, des baptiseurs, des prédicateurs.  Il est intéressant de noter le critère que les chrétiens avaient gardé jusqu’à l’arrivée des nouveaux prêtres au XIXe siècle : l’Église reviendra au Japon et vous le saurez grâce à ces trois signes : « les prêtres seront célibataires, il y aura une statue de Marie et ils obéiront au pape de Rome ».

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  • Canonisé aujourd'hui, qui est vraiment le cardinal Newman ?

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    cardinal Newman

    De Jean-Marie Dumont sur le site de Famille Chrétienne :

    Qui est vraiment le cardinal Newman ?

    Dans les faubourgs boisés du sud d’Oxford, non loin de la Tamise, s’étend le district de Littlemore. De belles maisons en pierre claire entourées de jardins très verts bordent les ruelles de ce village paisible que rien ne semble pouvoir troubler. L’une d’elles, longue et basse, est surmontée de ces deux mots : « The College ». C’est dans ce havre de paix que se déroula en 1845 un événement majeur pour l’histoire du christianisme anglais : la conversion de John Henry Newman (1801-1890), grande figure de l’Église d’Angleterre, au catholicisme.

    Retour au port

    « Lors de ma conversion, je n’ai pas eu conscience qu’un changement intellectuel ou moral s’opérât dans mon esprit. Je ne me sentais ni une foi plus ferme dans les vérités fondamentales de la Révélation, ni plus d’empire sur moi-même ; je n’avais pas plus de ferveur, mais il me semblait rentrer au port après avoir traversé une tempête, et la joie que j’en ai ressentie dure encore aujourd’hui sans qu’elle ait été interrompue. »

    Extrait de Apologia pro vita sua, par John Henry Newman

    « Ai été admis dans l’Église catholique », note sobrement Newman dans son agenda personnel à la date du 9 octobre 1845. La veille, depuis sa chambre de Littlemore, il écrit à plusieurs amis : « J’attends ce soir le Père Dominique [Barberi], ce passionniste qui depuis sa jeunesse a été conduit à se préoccuper plus spécialement et d’une façon plus directe, d’abord des pays nordiques, puis de l’Angleterre. [...] C’est un homme simple et d’une grande sainteté : de plus, il est doué de facultés remarquables. Il n’est pas au courant de mes projets, mais j’ai l’intention de le prier de m’admettre dans l’unique bercail du Christ... Je ne vous enverrai cette lettre que quand la cérémonie sera accomplie. » Puis, en fin de journée : « Le Père Dominique est venu [c]e soir. J’ai commencé ma confession. » « Entamée lors de leur rencontre dans la bibliothèque, celle-ci se poursuit le lendemain dans la petite chapelle attenante à sa chambre, où il assiste à la messe et fait sa première communion », raconte Ingrid Swimmen, responsable de la communauté à laquelle est aujourd’hui confié ce lieu. Elle témoigne de l’intérêt qu’il suscite. « Nous accueillons régulièrement des visiteurs seuls ou en groupe, venant de tous les horizons, parfois des anglicans. »

    Au moment de sa conversion, Newman a 44 ans et réside à temps plein au College depuis deux ans. Mais l’histoire de sa présence à Littlemore est plus ancienne, débutant en 1828. Âgé de 27 ans, le jeune vicaire anglican de l’église Sainte-Marie-la-Vierge, au centre d’Oxford, sur la High Street, en est alors nommé curé. Par les hasards de l’histoire, Littlemore relève du territoire de la paroisse. Il s’y rend donc régulièrement, y fait construire une église, s’emploie à développer l’éducation de la jeunesse et s’y retire de temps à autre, par exemple pendant le Carême. Il est attiré par ce lieu silencieux, à l’écart des controverses du centre d’Oxford (dont il est un acteur majeur), et par ces paroissiens plus authentiques que le public académique des Colleges oxfoniens. Il réfléchit à y bâtir un monastère, achète un terrain à cette fin. « Depuis des années, treize au moins, écrit-il en 1842 à son évêque, je désire me vouer à une vie religieuse plus régulière que celle que j’ai menée jusqu’à présent », évoquant des « études théologiques », alors qu’il vient de se livrer à la traduction des œuvres de saint Athanase. La proposition qu’il fait à l’évêque consiste à s’installer à Littlemore, tout en restant curé de Sainte-Marie-la-Vierge, avec l’aide d’un vicaire qu’il déléguera en ville. « En faisant cela, je crois agir pour le bien de ma paroisse, dont la population est pour le moins égale à celle de Sainte-Marie à Oxford. La population de Littlemore en entier est le double.Cette paroisse a été très négligée et, en pourvoyant Littlemore d’un presbytère [...], j’estime que je fais un grand bienfait à mes paroissiens. » Suite au refus de son évêque, et alors qu’on le soupçonne toujours davantage de vouloir rejoindre Rome, il choisit, en 1843, de renoncer complètement à sa charge de curé pour s’installer à Littlemore.

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  • Le Cardinal Newman : l'itinéraire spirituel d'un futur saint

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    Deux émissions de RCF :

    Cardinal Newman, itinéraire spirituel d'un futur saint

    Présentée par Sarah Brunel

    1 OCTOBRE 2019 - DURÉE ÉMISSION : 25 MIN

    Cardinal Newman, itinéraire spirituel d'un futur saint

    © Wikimédia Commons - Le cardinal Newman dans ses dernières années, portrait par Emmeline Deane

    Figure majeure du christianisme, John Henry Newman sera canonisé le 13 octobre. Qu'est-ce qui a poussé ce pasteur de l'Église anglicane au XIXe siècle à devenir catholique? Explications.

    "Selon Paul VI, il n'y a pas de conversion, de passage dans l'Église aussi important dans l'histoire de l'Église depuis saint Augustin." Béatifié en 2010 par Benoît XVI, l'Anglais John Henry Newman (1801-1890) sera canonisé le 13 octobre 2019. Figure majeure du christianisme, ce théologien, poète, musicien et homme d'Église est un anglican converti au catholicisme. La pensée de ce précurseur peut nous aider à répondre aux questions spirituelles de notre temps. Ce que nous montre Grégory Solari, auteur de "John Henry Newman - L'Argument de la sainteté" (éd. Ad Solem).

    "Cette conviction qu'il n'y a que deux êtres absolument réels, soi-même et Dieu"

    NEWMAN, L'ANGLICAN DEVENU CATHOLIQUE

    La vie de Newman a été marquée par deux grandes périodes : l'anglicane et la catholique, avant et après "une décision, qu'on appelle conversion, qu'on appelle passage". Quand, le 9 août 1845, Newman demande à entrer dans l'Église catholique, "pour lui ce n'est pas véritablement quitter son Église mais d'une certaine manière accomplir ce que son Église ne lui permettait plus, à titre personnel de baptisé, de vivre."

    Newman est de ceux qui ont participé au mouvement d’Oxford, un courant de renouveau au sein de l'anglicanisme. Déclenché en 1833 par une loi qui autorise les non anglicans à entrer au Parlement. Or, en Angleterre, le Parlement a le pouvoir de légiférer en matière religieuse et ecclésiastique, car l'anglicanisme est une religion d'État. Face à ceux qui veulent défendre l'institution, d'autres, dont Newman, proposent de retrouver les fondements véritables de l'Église. "De tous les acteurs du mouvement d'Oxford, Newman est seul à être allé jusqu'au bout de ce questionnement."

    Newman est en effet convaincu qu'il n'y a qu'une seule Église chrétienne capable de prendre des formes différentes tout en restant fidèle à ce qu'elle est, c'est l'Église catholique : "C'est pour ça qu'il devient catholique, c'est la seule raison."

    MYSELF AND MY CREATOR, "MOI ET MON CRÉATEUR"

    En réalité, Newman a vécu une conversion à l'âge de 15 ans - "dans le fond l'unique conversion, nous dit Grégory Solari, dont il n'a fait que déplier toutes les implications, toute la richesse." En 1816, donc, "il découvre que l'activité de l'esprit, quand il pense, est essentielle à la religion, à la démarche spirituelle". Devenu professeur agrégé en 1821, ("fellow" en anglais), d'Oriel College, "le plus intello de tout Oxford", Newman est ordonné pasteur de l'Église anglicane en 1828. Ses sermons "attirent une foule immense", mais selon Grégory Solari, sa vision du tutorat "va le mettre progressivement au ban de sa propre université et de sa propre Église" ; Newman est convaincu que "le cœur et l'intelligence vont ensemble".

    ​Au début du XIXe siècle, l'anglicanisme vient de traverser une crise de rationalisme profond. "Cette religion établie un peu installée, abstraite et desséchée" a vécu un "réveil spirituel" notamment grâce à John Wesley (1703-1791). À la suite duquel Newman est convaincu que la sagesse repose sur une seule chose : nous connaître nous-mêmes et connaître Dieu. "Cette conviction qu'il n'y a que deux êtres absolument réels, soi-même et Dieu." Dans son "Apologia Pro Vita Sua" (écrite vers 1865), il écrit : "Il n'y a que deux êtres absolus dont l'existence s'atteste et s'éclaire mutuellement, moi-même et mon créateur." 

    Ses lectures des Pères de l'Église - "il est un des plus grands patristiciens du XIXe siècle" - mais aussi ses rencontres et ses combats au sein de l'anglicanisme l'amènent à considérer, comme l'explique Grégory Solari, que "parler de soi, c'est parler d'un autre en nous, c'est parler de Dieu aussi". Le Christ de Newman "c'est le Christ qui est en vous". Newman invite à "se découvrir devant la vérité d'un autre qui nous regarde". "Sa parole n'a pas d'autre fonction, en dépliant le mystère de la parole de Dieu, de nous faire prendre conscience, comme Augustin, qu'il y a quelqu'un en nous de plus intime que nous le sommes à nous-mêmes."

    INVITÉS : Grégory Solari, essayiste, éditeur, fondateur des éditions Ad Solem

    BIBLIOGRAPHIE : John Henry Newman - L'Argument de la sainteté - Grégory Solari, éd. Ad Solem (2019)

  • Quand la théologie de la libération a mis les plumes du chaman...

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    De Giuseppe Rusconi (Rosso Porpora) en traduction française sur le site "Benoît et moi" :

    Synode Amazonie

    José Antonio Ureta: La prise de pouvoir

    2 octobre 2019

    Ample entretien avec l’intellectuel catholique chilien conservateur sur les origines, le développement, la concrétisation de l’idée d’un Synode pour l’Amazonie. ‘Lumen gentium‘ et ‘Gaudium et Spes‘. La théologie (qui a échoué) de la libération a mis les plumes du chaman; la lutte politique est devenue une lutte culturelle. Les graines de Santo Domingo et d’Aparecida (où fut sensibilisé Jorge Mario Bergoglio). La « minorité progressiste » au pouvoir dans l’Église. Le risque grave d’une Église  » archipel « , où chaque communauté locale est une Église au visage différent.

    Du 6 au 27 octobre 2019 se tiendra au Vatican le Synode des évêques de la région Panamazonique pour réfléchir sur le thème « L’Amazonie: nouvelles voies pour l’Église et pour une écologie des intégrale« . Nous espérons que les saints Anges Gardiens, dont c’est la fête aujourd’hui, feront leur devoir avec un engagement des grandes occasions.

    Annoncé lors de l’Angélus du 15 octobre 2017, le Synode a déjà été esquissé dans ses grandes lignes par le Pape Bergoglio lors de la rencontre avec les peuples amazoniens, à Puerto Maldonado (Pérou) le 19 janvier 2018:

    « Chaque culture et chaque cosmovision qui reçoivent l’Évangile enrichissent l’Eglise par la perception d’une nouvelle facette du visage du Christ. L’Église n’est pas étrangère à votre situation et à vos vies, elle ne veut pas être étrangère à votre mode de vie et à votre organisation. Pour nous, il est nécessaire que les peuples autochtones modèlent culturellement les Églises locales amazoniennes. Et à ce sujet, j’ai été très heureux d’entendre un diacre permanent de votre communauté lire l’un des extraits de Laudato si’. Aidez vos évêques, aidez vos missionnaires, afin qu’ils se fassent l’un d’entre vous, et ainsi en dialoguant ensemble, vous pourrez façonner une Église avec un visage amazonien et une Église avec un visage indigène. C’est dans cet esprit que j’ai convoqué, pour l’année 2019, le Synode pour l’Amazonie dont la première réunion, en guise de Conseil pré-synodal, se tiendra ici, aujourd’hui, cet après-midi ».

    vatican.va

    C’est un chemin qui s’est développé jusqu’au 17 juin 2019, avec la conférence de presse pour la présentation de l’Instrumentum laboris. 114 évêques des circonscriptions ecclésiastiques de la Région panamazonique (Antilles, Bolivie, Brésil – pas moins de 58 – Colombie, Equateur, Pérou, Venezuela), ainsi que 13 chefs de dicastère de la Curie romaine seront présents au Synode, 33 membres par nomination pontificale, 15 supérieurs généraux, 19 membres du conseil pré-synodal, la Secrétairerie générale du Synode avec les 25 collaborateurs du secrétaire spécial (le célèbre cardinal jésuite désigné Michael Czerny, un ultra pro-migrant), 55 auditeurs. 6 délégués fraternels, 12 invités spéciaux (dont l’ancien Secrétaire général de l’ONU Ban Ki-Moon, le célèbre économiste Jeffrey Sachs, le célèbre climatologue Hans Schellnhuber, partisan de la théorie du réchauffement climatique).

    Sur les origines lointaines de ce Synode et l’importance des enjeux, nous avons interviewé le Professeur José Antonio Ureta, connu ici en Italie surtout pour son récent livre « Le changement de paradigme du Pape François. Continuité ou rupture dans la mission de l’Église? » (Instituto Plinio Correa de Oliveira) et pour son intense activité éditoriale. Né il y a 68 ans à Santiago du Chili, Ureta a étudié le droit à l’Université catholique locale et est disciple de l’intellectuel brésilien Plinio Correa de Oliveira, fondateur de l’association catholique conservatrice « Tradition Famille Propriété » (TFP). Il est actuellement chercheur à la section française. Il a collaboré à la naissance de la ‘Fundacion Roma‘, fondée en 2000, l’une des associations chiliennes les plus influentes dans le domaine de la vie et de la famille. Il a été très actif au sein des TFP chilienne, brésilienne, canadienne et d’Afrique australe.

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  • La question des "viri probati" abordée dès le premier jour du synode

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    De Cath.ch (imedia/xln/bh) via Cathobel.be :

    Synode: la question des viri probati abordée dès le premier jour

    Ces participants suggèrent plutôt de renforcer la pastorale vocationnelle auprès des jeunes indigènes, afin de renforcer l’évangélisation du territoire. Le but serait aussi d’éviter de créer une division entre des « catholiques de première classe » qui puissent facilement se rapprocher de l’Eucharistie et des « catholiques de seconde classe » qui sont destinés à rester deux années de suite sans le Pain de vie.

    L’engagement des jeunes

    Si ce sujet est un des plus délicats du synode pour l’Amazonie, il n’est pas le seul à avoir été évoqué lors de la première journée d’échanges. Les participants sont ainsi revenus sur l’importance de l’engagement des jeunes dans le combat écologique, citant l’activiste suédoise Greta Thunberg. Le “cœur jeune”, s’est-il dit dans l’aula, veut construire un monde meilleur et représente une Doctrine sociale en mouvement. Il s’agit ainsi d’un défi positif pour l’Eglise, la poussant à dialoguer avec les jeunes pour l’aider à discerner et à aller au-delà des slogans dans cette question de vie ou de mort.

    Toujours sur le plan écologique, les participants ont estimé que le climat était un bien mondial qui doit être protégé et préservé. Selon eux, il est nécessaire de mettre fin à l’utilisation de combustibles fossiles, en particulier dans les pays industrialisés, “plus grand responsables de la pollution”. De même, les nappes phréatiques ont été l’objet d’échanges appelant à les préserver des contaminations chimiques. Il y a ainsi une préoccupation particulière face aux activités extractives massives et aux abus de certaines entreprises qui ont de graves conséquences pour les autochtones. Pour les participants au synode, c’est donc un nouvel équilibre entre l’homme et la nature qui doit être trouvé.

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  • Synode : l'Instrumentum Laboris est un texte martyr destiné à disparaître

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    De Nico Spuntoni sur le site de la Nuova Bussola Quotidiana :

    Synode cadré : le pape appelle à un climat d'intimité

    08-10-2019

    François a recommandé "la délicatesse et la prudence" dans la communication externe, demandant aux participants de préserver "l'atmosphère de l'intimité". Un avertissement pour lequel il a également utilisé l'exemple, présenté comme négatif, de "certains synodes précédents": "un processus comme celui d'un synode - a déclaré le pape - peut être un peu endommagé si j'en sors et dis ce que je pense, sans réfléchir ".

    "L'Instrumentum Laboris est un texte martyr destiné à être détruit". Lors de la première assemblée générale de l'Assemblée spéciale sur l'Amazonie, François a redimensionné la portée du document préparatoire controversé et a rappelé aux pères synodaux qu'il doit être considéré simplement comme un "point de départ pour ce que l'Esprit nous aidera à faire pendant la chemin que nous ferons ".

    Une clarification qui semble en quelque sorte vouloir répondre aux nombreuses critiques soulevées par la publication de "l'outil de travail" approuvé par le Conseil pré-synodal. L'acteur principal du Synode - a rappelé François - est le Saint-Esprit, donc pas l'Instrumentum Laboris. Un discours d'ouverture, celui du pape, qui a exprimé une certaine irritation face au battage médiatique créé autour de l'assemblée des évêques: "un synode - a dit le pape - n'est pas un parlement, ce n'est pas un call center, il ne montre pas qui a le plus de pouvoir sur les médias et qui a plus de pouvoir parmi les réseaux pour imposer une idée ou un plan ". Il cherche la proximité des gens, mais pas la majorité; c'est en somme la ligne dictée par le pontife aux pères synodaux.

    François a également recommandé la "délicatesse et la prudence" dans la communication externe, en demandant aux participants de préserver "l'atmosphère d'intimité". Un avertissement pour lequel il a également utilisé l'exemple, présenté comme négatif, de "certains synodes précédents": "un processus comme celui d'un synode - a déclaré le pape - peut être un peu endommagé si j'en sors et dis ce que je pense, sans réfléchir ".

    C'est donc une invitation directe aux pères synodaux à contenir les déclarations personnelles faites en dehors des briefings quotidiens organisés par le Bureau de presse du Saint-Siège. Le débat sur l'événement qui s'est ouvert hier est intense et les préoccupations soulevées par le texte du document préparatoire sont fortes, même parmi certains des participants. Le pontife ne l'ignore pas et, sans surprise, il a expressément parlé de "résistance", ce qui est "normal, car la vie du chrétien est ainsi".

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  • Jésus expulsé du synode amazonien ?

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    De Sandro Magister en traduction française sur le site Diakonos.be :

    Müller accuse : on a expulsé Jésus de ce synode

    Le Synode sur l’Amazonie a commencé. « Mais il aura des conséquences sur l’Église universelle », avertit le cardinal Gerhard Müller, dans un entretien fleuve à Mateo Matuzzi pour le quotidien « Il Foglio », sorti le même jour que le début des travaux. « Si l’on écoute les déclarations de certains des protagonistes de cette assemblée, on comprend facilement que l’agenda est exclusivement européen ».

    Européen et surtout allemand. Parce qu’en Allemagne aussi, un « chemin synodal » vient de s’ouvrir dans le but de partir de l’Amazonie pour réformer rien moins que l’Église universelle, un synode dans lequel les laïcs auront la même voix que les évêques, un synode dont les délibérations seront « contraignantes » et porteront sur la fin du célibat sacerdotal, l’ordination des femmes, la réforme de la morale sexuelle et la démocratisation des pouvoirs dans l’Église.

    C’est un séisme qui, depuis qu’il a été annoncé, a semé l’inquiétude jusque chez le Pape François lui-même qui a écrit en juin une lettre ouverte aux évêques allemands pour les incite à modérer leurs ambitions démesurées. En septembre, le cardinal Marc Ouellet, préfet de la Congrégation pour les évêques, leur a envoyé une lettre encore plus ferme, rejetant comme canoniquement « invalide » le synode mis en branle par l’Allemagne. Et le fait que Ouellet soit en accord avec le Pape ne fait aucun doute. Il en a encore fourni la preuve il y a quelques jours à peine en se déclarant « sceptique » à l’idée d’ordonner des hommes mariés – le point clé des synodes amazoniens et allemands – ajoutant dans le même temps que « quelqu’un au-dessus de lui » était septique également. Quant à François, il a voulu rencontrer ce 25 septembre huit jeunes catéchistes du Nord de la Thaïlande, animateurs de petites communautés distantes entre elles, très rarement rejointes par un prêtre qui célèbre la messe, et malgré cela étrangères à l’idée de demander pour ça l’ordination d’hommes mariés. « Le royaume des cieux appartient aux petits », leur a dit le Pape, « profondément ému » dans le compte-rendu de « l’Osservatore Romano ».

    Mais les avertissements donnés par Rome à l’Allemagne n’ont jusqu’ici eu aucun effet. « Ce ne sera pas à Rome de nous dire ce que nous devons faire en Allemagne » avait déjà déclaré le cardinal Reinhard Marx, archevêque de Munich et président de la Conférence épiscopale allemande, entre la première et la seconde session du synode sur la famille. Et ce slogan reste de mise en Allemagne et bénéficie du consensus du plus grand nombre et d’une opposition minoritaire, dont le plus haut représentant est l’archevêque de Cologne, le cardinal Rainer Maria Woelki, qui est allé jusqu’à dénoncer le danger d’un « schisme ».

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  • Synode en Amazonie : la marche sur Rome des théologiens de la libération

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    Amazonie 3367163792.jpgLu sur le site web « atlantico » cette salve d’Edouard Husson publiée le 6 octobre 2019 contre le document préparatoire du "synode amazonien ", le jour même ou le pape François ouvre les portes de cette assemblée à Rome:

    « Un texte d’une extrême indigence intellectuelle

    Ce n’est pas seulement le panthéisme naturaliste; ce n’est pas seulement la négation de l’élection d’Israël qui signent un texte non chrétien. C’est aussi son extrême indigence intellectuelle. Le christianisme est né au sein d’une des cultures les plus lettrées de l’Antiquité dans la zone la plus alphabétisée du Bassin méditerranéen, où l’on parlait quatre langues: l’hébreu, l’araméen, le grec et le latin. La religion du Christ s’est ensuite répandue autour du Bassin méditerranéen avec une grande rapidité, parce que les élites y adhéraient, nombreuses: c’est bien pourquoi la résistance du pouvoir romain et la persécution des chrétiens furent si marquées durant les trois premiers siècles de notre ère. Contrairement à ce que nous a raconté une exégèse allemande du XIXè siècle passablement antijuive, sinon antisémite (et colportée par Renan en France), les empereurs romains furent rapidement terrifiés non par une bande d’illuminés sectaires mais par le basculement massif des élites antiques vers une religion qui comblait leurs attentes.  

    Les premiers siècles du christianisme ont permis une extraordinaire floraison culturelle, en particulier, grâce à la rencontre de l’Evangile avec le corpus intellectuel et culturel gréco-romain. Tandis que la chrétienté orientale profitait de l’essor byzantin, qui dura onze siècles, le monde chrétien occidental conserva précieusement les trésors de la latinité après la chute de l’Empire romain. Et c’est en Europe puis dans l’ensemble de l’Occident, n’en déplaise aux auteurs de l’Instrumentum laboris, qu’eut lieu la plus formidable mutation politique, économique et technique de l’histoire humaine. A-t-on jamais égalé le jaillissement philosophique qui mène de saint Augustin (au Vè siècle de notre ère) au Bienheureux Jean Duns Scot (au XIVè siècle), en passant par Saint Anselme (XIè siècle), Saint Bonaventure (XIIè siècle) et Saint Thomas D’Aquin (XIIIè siècle)? Le bon gouvernement pensé par Aristote et Cicéron, mais aussi l’art, la culture, l’éducation devinrent, grâce au christianisme, progressivement accessibles à tous, hommes et femmes de toute condition sociale, et non plus uniquement, comme dans le monde antique, à une minorité de citoyens masculins. 

    Depuis ses origines - et contrairement au cliché répandu par l’époque des Lumières - le christianisme a passé alliance avec ce qu’il y a de meilleur dans l’esprit humain. Et c’est une réalité qui va bien au-delà des renaissances culturelles et artistiques successives qu’a connues l’Europe entre le IXè et le XVIè siècle. Au XIXè siècle, alors que la philosophie allemande s’obstinait, de Kant à Schopenhauer, à rogner les prérogatives de la raison, le Concile Vatican I a réaffirmé solennellement la puissance de l’intellect humain. Au XXè siècle, l’Eglise a été de tous les combats contre les totalitarismes, pour préserver la liberté et la dignité humaines. Aujourd’hui comme hier, on reconnaît un texte chrétien à ce qu’il veut hisser l’humanité au-dessus d’elle-même, lui donner espoir, la persuader qu’aucune situation n’est jamais totalement désespérée. Aucun doute, le Document de Travail du Synode, véritable attentat contre l’intelligence, n’éclaire rien; au contraire, il est fondé sur un pessimisme sombre concernant la civilisation. Il est rempli de jargon bureaucratique et de clichés affligeants. Le niveau de ses descriptions géographiques, sociologiques, anthropologiques ne conviendrait pas à un manuel scolaire. Il prône une régression intellectuelle et civilisationnelle profonde: alors que le monde doit faire face - et aurait besoin d’être guidé spirituellement - à l’ère digitale, au monde de l’intelligence artificielle, l’Instrumentum Laboris nous donne pour modèle un « paradis imaginaire » antérieur à toutes les cultures qui ont façonné et modèlent encore aujourd’hui les relations entre les hommes à l’échelle mondiale. Alors que nous avons besoin d’être guidés face aux progrès fulgurants des biotechnologies, le Document de Travail voudrait plonger les fidèles de l’Eglise catholique dans un regard infantilisant le monde. Au moment où les catholiques français attendent un soutien sur des sujets comme la PMA, on leur propose une phraséologie obscurantiste sur le « cri de la terre ».

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  • Ordonner des hommes mariés ? Une question épineuse...

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    De Samuel Pruvot, Hugues Lefèvre et Clotilde Hamon sur le site de Famille Chrétienne :

    En octobre, s’ouvre le synode sur l’Amazonie. L’un des paragraphes du document de préparation évoque la possibilité d’ordonner des hommes mariés, les viri probati. Eclairages avec Mgr Éric de Moulins-Beaufort.

    Rappelant que le célibat est un don pour l’Église, le document de préparation du synode demande que, « pour les zones les plus lointaines de la région, on étudie la possibilité de l’ordination sacerdotale pour des personnes mûres, de préférence indigènes, respectées et acceptées par leur communauté, même si elles ont déjà une famille constituée et stable, afin d’assurer les sacrements qui accompagnent et soutiennent la vie chrétienne ». Que dites-vous aux chrétiens qui pourraient être troublés par cette hypothèse ?

    Dans toutes les Églises orientales participant à la communion catholique, il y a toujours eu des hommes mariés qui ont été ordonnés prêtres. Le Christ a laissé à ses apôtres le pouvoir de proclamer l’Évangile, de pardonner les péchés en son nom et de célébrer l’eucharistie, en laissant une très grande plasticité dans la mise en œuvre de ses dons. L’Église latine a fait le choix que tous les prêtres soient pris parmi ceux qui avaient choisi le célibat. Ce qui est constant dans l’Église d’Orient ou d’Occident, c’est aussi que les évêques sont toujours pris parmi ceux qui ne se sont pas mariés. Quand on a la grâce de pouvoir engendrer par les sacrements des fils et des filles de Dieu, on n’a pas besoin d’engendrer des enfants de la chair et du sang. Il faudra toujours des hommes pour recevoir l’appel de Dieu au célibat consacré pour avoir des évêques successeurs des Apôtres.

    ▶︎ À LIRE AUSSI : Un synode pour l’Amazonie en octobre 2019

    Pourquoi alors sortir de ce schéma  dans certaines situations ?

    Les missionnaires européens ont transporté le modèle latin dans tous les pays où ils sont allés. Ils avaient plus ou moins confiance en la capacité des indigènes à vivre ce modèle de sacerdoce et, dans certains cas, ils préféraient ne pas les appeler à la prêtrise.

    Avec la fondation de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples en 1622, le grand travail des papes a été d’insister auprès des grands ordres religieux pour qu’ils forment un clergé indigène. Ils estimaient alors que, partout dans le monde, des hommes étaient capables de vouer leur célibat à Dieu et de recevoir l’ordination.

    Peut-être que répandre partout le choix spirituel qui a été fait en Occident n’est pas opérant parce qu’on ne prend pas assez en compte un certain nombre de réalités, les différences culturelles par exemple.

    Du côté des chrétientés d’Orient, qui ont été assez vite submergées par des pouvoirs politiques musulmans, il s’est agi de survivre dans un environnement social où le christianisme n’était pas toujours bien toléré. On a un peu vite pensé que les peuples d’Amazonie étaient voués à devenir des Occidentaux, en oubliant une caractéristique locale : les distances à parcourir pour recevoir les sacrements.

    Cela veut dire qu’en Occident, la question ne se posera pas ? Et si demain la Creuse devient notre Amazonie ?

    Sincèrement, je n’en sais rien. Mais il serait illusoire de croire qu’ordonner des prêtres mariés serait une solution à la crise des vocations. Ces vocations sont toujours un don de Dieu. On peut trouver qu’aujourd’hui le cadeau est insuffisant, mais pouvons-nous refuser ce que Dieu nous donne ?

    Les diacres ne sont pas des prêtres au rabais, ils sont un don pour l'Église. C'est un souhait que d'appeler davantage d'hommes à devenir diacres permanents

    Quelle différence y a-t-il entre le « mariage des prêtres » et l’ordination d’hommes mariés ?

    Dans l’ordination, l’homme est saisi par le Seigneur dans son état de vie. Il y a donc un choix qui est posé, un consentement qui est constant. Cela vaut pour les diacres permanents. Si un diacre permanent qui est marié devient veuf, il ne pourra pas se remarier. Car le mariage ne doit pas venir compenser une insuffisance. Cela laisserait penser qu’être le prêtre du Seigneur ne comblerait pas notre humanité.

    Ne faudrait-il pas commencer par appeler plus de diacres permanents ?

    Quand j’étais à Paris, je disais aux paroisses : « Il faut qu’il y ait dix diacres permanents dans chaque paroisse !» Parce que le jour où il y en aura dix, alors on comprendra véritablement qu’ils ne sont pas des sous-prêtres. Non ! Les diacres ne sont pas des prêtres au rabais, ils sont un don pour l’Église. C’est un souhait que d’appeler davantage d’hommes à devenir diacres permanents. Il faut encourager des jeunes hommes et leurs épouses d’accepter de se préparer au diaconat. Cela nécessite un certain changement des mentalités.

  • De l'Amazonie à l'Allemagne et à son "complexe anti-romain"; une leçon du cardinal Brandmüller

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    De Sandro Magister en traduction française sur le site Diakonos.be :

    De l’Amazonie à l’Allemagne et son « complexe anti-romain ». La leçon du cardinal Brandmüller

    Ce n’est plus un mystère que derrière le synode sur l’Amazonie, désormais à notre porte, se profile un autre « chemin synodal » beaucoup plus en rupture, celui de l’Allemagne.

    Une rupture telle que l’archevêque de Cologne, le cardinal Rainer Maria Woelki n’a pas exclu qu’il pourrait aboutir à un « schisme » au sein de l’Église d’Allemagne et à la naissance d’une « Église nationale allemande » avec une grande autonomie par rapport à Rome.

    Et en effet, si l’on analyse son histoire, l’Église d’Allemagne s’est souvent distinguée par son « complexe anti-romain » qui a aujourd’hui retrouvé une nouvelle vigueur et que les responsables de la Conférence épiscopale allemande, avec à leur tête l’archevêque de Munich, le cardinal Reinhard Marx, voudrait étendre à l’Église universelle.

    Le cardinal Walter Brandmüller, 90 ans, allemand lui aussi, éminent historien de l’Église et président du Comité pontifical des sciences historiques de 1998 à 2009, a voulu reconstruire l’histoire de ce « particularisme national » typique de l’Église allemande pour en dénoncer le danger « autodestructeur ».

    Le cardinal Brandmüller a publié cette leçon cinglante via l’agende catholique autrichienne Kath.Net :

    > “Ohne Juda, ohne Rom, bauen wir Germaniens Dom”

    Nous en reproduisons ci-dessosu la traduction intégrale

    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso.

    *

    La cathédrale de la Germanie sera construite sans l’aide de Juda et de Rome

    par le card. Walter Brandmüller

    « Ohne Juda, ohne Rom, bauen wir Germaniens Dom » [La cathédrale de la Germanie sera construite sans l’aide de Juda et de Rome] : ce slogan de l’un des premiers maîtres à penser d’Hitler, George von Schönerer (1842-1921) exprime ce ressentiment germanique qui – en définitive – s’était exprimé lors de la Bataille de la forêt de Teutobourg. La défaite de Rome en l’an 9 de notre ère au cours de cette bataille d’Hermann (la bataille d’Arminius), a fait partie intégrante de la culture « Teutonique » de ces deux derniers siècles.

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