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Théologie - Page 44

  • Quand le pape émérite apporte son soutien à un professeur éjecté de l'Institut Jean-Paul II

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    Du site du Catholic Herald :

    Au milieu des controverses de l’Institut JPII, Benoît XVI rencontre un professeur récemment limogé

    5 août 2019

    Mgr Livio Melina a eu une audience privée avec le pape émérite après avoir été limogé de l'Institut qu'il a dirigé pendant 10 ans

    Le pape émérite Benoît XVI a rencontré la semaine dernière un professeur de théologie morale récemment licencié de l’Institut pontifical Jean-Paul II de Rome, dans un contexte de controverse au sujet des récents changements apportés à l’Institut.

    Benoît XVI a invité Monseigneur Livio Melina à le rencontrer le 1er août, a déclaré à la CNA une source proche de Melina.

    Le pape émérite “voulait recevoir le professeur Mons. Livio Melina lors d'une audience privée. Après une longue discussion sur les événements récents à l'Institut pontifical Jean-Paul II, il a donné sa bénédiction, exprimant sa solidarité personnelle et l'assurant de sa proximité dans la prière. ”

    Melina, président de l'Institut Jean-Paul II de 2006 à 2016, a été démis de ses fonctions après la récente promulgation de nouveaux statuts, ou règles de procédure, pour les études supérieures, et la décision de supprimer la chaire de théologie morale que Melina occupait.

    Les nouveaux statuts ont été adoptés pour la première fois en 2017, lorsque le pape François a annoncé qu'il refonderait légalement l'Institut et élargirait son programme académique, passant de la théologie du mariage et de la famille à une approche incluant également l'étude de la famille. du point de vue des sciences sociales.

    Après l’approbation de nouveaux statuts le mois dernier, des étudiants, des anciens étudiants et des professeurs ont exprimé leur inquiétude quant au rôle des membres du corps enseignant dans la nouvelle structure dirigeante de l’institut, à la réduction des cours de théologie et à l’élimination de certaines disciplines théologiques et de membres du corps professoral, y compris Melina et le p. Jose Noriega.

    Des membres du corps enseignant ont déclaré à l'AIIC qu'ils ne s'opposaient pas au désir du pape d'élargir la mission ou l'approche de l'école, mais affirmaient que les administrateurs responsables de la mise en œuvre de cette mission avaient agi injustement.

    Le pape émérite collabore depuis longtemps avec l'Institut.

    Benoît XVI “a toujours suivi de près les travaux de Mgr. Melina à la chaire de théologie morale fondamentale" et du p. Juan José Pérez-Soba, professeur de théologie pastorale et directeur de la recherche internationale en théologie morale à l'Institut, selon l'AIIC.

    Pérez-Soba a déclaré à l'AIIC que le cardinal Joseph Ratzinger, élu plus tard pape Benoît XVI, avait écrit pour féliciter l'œuvre de Melina en théologie morale en 1998 et avait participé à une conférence sur l'encyclique Veritatis splendor, organisée en 2003 par le département académique de Melina. Institut Jean Paul II.

    «Lors de cette conférence, le cardinal Ratzinger a donné une conférence, publiée ultérieurement, expliquant le renouveau de la théologie morale après le Concile Vatican II. Selon Ratzinger, Veritatis splendor a été écrit pour développer tout le potentiel de la vision morale de Vatican II, en particulier Gaudium et Spes. Veritatis splendor exprime une moralité "non pas conçue comme une série de préceptes", mais comme "le résultat d'une rencontre d'où découlent des actions morales correspondantes", a ajouté le prêtre.

    Le prêtre a expliqué que dans sa conférence de 2003, le cardinal Ratzinger avait présenté une approche de la moralité «où il est constaté que« l'affirmation de commandements absolus, qui prescrivent ce qui est intrinsèquement mauvais, ne signifie pas se soumettre à l'esclavage des interdits, mais s'ouvrir au grande valeur de la vie, qui est illuminée par le vrai bien, ceci est pour l'amour de Dieu lui-même. "

    «Compte tenu de l’importance que Ratzinger a accordée à la morale fondamentale dans l’Institut, la suppression de la chaire de morale fondamentale et le renvoi de Livio Melina reçoivent un nouvel éclairage», a déclaré le professeur.

    «Cet ensemble de changements apparaît maintenant comme une recherche pour changer le paradigme moral. Il semble exister un désir de se défaire d'une morale objective, qui affirme la vérité sur le bien auquel l'homme est appelé, à la suite de Veritatis Splendor. Et il semble viser l'ouverture d'un processus de révision de toute la moralité sexuelle à partir du subjectivisme, à commencer par Humanae Vitae. ”

    Pérez-Soba a ajouté que lors de plusieurs visites à l’Institut au cours de son pontificat, Benoît XVI a parlé de l’importance de l’école.

    Dans un discours prononcé en 2006, Benoît «a souligné deux aspects essentiels de la mission de l’Institut: premièrement, enseigner que le mariage et la famille sont au cœur de la vérité sur l’homme et son destin; et, deuxièmement, montrer que la révélation du Christ suppose et illumine la profondeur de l'expérience humaine. L'énorme nombre de familles qui, après avoir étudié à l'Institut, ont assisté à cette audience, était le signe d'une grande fécondité pastorale dans l'enseignement de Jean-Paul II », a déclaré le prêtre.

    Plus de 250 étudiants et anciens élèves de l’Institut Jean-Paul II de Rome ont signé une lettre dans laquelle ils expriment leur préoccupation face aux nouveaux statuts de l’école et au licenciement de Noriega et Melina. La lettre exprime l'inquiétude que les étudiants actuels ne seront pas en mesure de terminer les programmes académiques dans lesquels ils sont actuellement inscrits, et les licenciements d'enseignants ont eu lieu sans procédure régulière.

    Le 31 juillet, le p. Jose Granados, vice-président de l’Institut, a déclaré à la CNA que «l’identité de l’Institut était sérieusement menacée», et a appelé les administrateurs à reprendre la discussion avec les membres du corps enseignant sur la manière de mettre en œuvre l’appel lancé par le Pape François en vue d’élargir l’approche de l’école.

    Le 2 août, le Catholic Herald a rapporté que les administrateurs de l’Institut avaient déclaré à un journaliste: «L’Institut souhaite toujours fournir des réponses exhaustives, mais demande quelques semaines au mois d’août afin de formuler des réponses adéquates».

  • Peut-on être critique vis à vis de la "révolution bergoglienne" sans être traité d'"ennemi du pape" ?

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    De Riccardo Cascioli sur la Nuova Bussola Quotidiana en traduction française sur "Benoît et moi" :

    Pour eux, quiconque ose mettre en doute les orientations de ce pontificat est immédiatement étiqueté comme « ennemi du Pape ». Mais pour un catholique, explique Riccardo Cascioli, cette classification n’a pas de sens: il n’y a pas d’ennemis du Pape, seulement des ennemis de la vérité.

    Le problème, ce sont les ennemis de la Vérité, pas du Pape.

    4 août 2019

    Au sommet de l’Église, il existe un mouvement révolutionnaire qui, pour consolider son pouvoir, étiquette quiconque s’y oppose comme « ennemi du Pape ». Le cas de l’Institut pontifical Jean-Paul II est emblématique en ce sens, mais ce n’est pas le seul. Le vrai conflit, cependant, n’est pas entre ceux qui sont pour ou contre le Pape, mais entre ceux qui veulent vivre et témoigner de la Vérité et ceux qui veulent établir une Église nouvelle faite par la main de l’homme

    Pour pouvoir s’affirmer, toute révolution a besoin de désigner des présumés contre-révolutionnaires à éliminer; c’est de cette façon qu’elle justifie la main de fer, qu’elle resserre le peuple autour des vainqueurs et décourage quiconque d’exprimer publiquement son désaccord.

    Ce fut le cas avec la Révolution française de 1789: avec Robespierre, elle établit la Terreur qui finit par frapper aussi les autres acteurs de la Révolution et élimina même le vieux compagnon Danton.

    Ce fut le cas avec la Révolution bolchévique de 1917 puis tout au long de l’Union soviétique: quiconque s’écartait de la ligne imposée par le Parti, même les vieux camarades de la révolution, était accusé d’être contre-révolutionnaire et finissait mal.

    C’est encore le cas en Chine populaire, où quiconque remet en question la ligne du président (et les intérêts de « sa » cour) est un espion réactionnaire, bourgeois, impérialiste, et gagne un beau voyage dans quelque lieu mystérieux.

    Une autre caractéristique des mouvements révolutionnaires est de considérer la victoire de la révolution comme le début d’une nouvelle ère qui mérite un nouveau calendrier: ce fut le cas pour la Révolution française (de nouveaux noms ont même été inventés pour les mois), pour le fascisme en Italie et aussi au Cambodge de Pol Pot.

    Il est triste de constater que ce phénomène touche maintenant l’Église catholique.

    Jusqu’à il y a quelques années encore, les prêtres et les théologiens qui enseignaient des choses contraires à la foi catholique ou qui faisaient des choix de vie en contradiction flagrante avec l’enseignement de l’Église pouvaient être sanctionnés, et de toute façon, ceci passait par un processus interne dans lequel les raisons de l' »accusé » étaient entendues, et il était invité à changer sa conduite avant de se résigner à une sanction publique. Ce n’est plus le cas: autour du Pape François un mouvement « révolutionnaire » s’est créé – ou l’a précédé – qui interprète le début du pontificat actuel comme l’aube d’une ère nouvelle: il ne parle plus de l’Église catholique mais de l’Église de François, il traite les documents du pontife comme la Constitution de la nouvelle Église, il pratique la justice sommaire envers ceux qui, même de façon simple, rappellent une vérité fondamentale de l’Église catholique: la nécessaire continuité du magistère du pape – donc également de François – avec la Tradition Apostolique.

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  • L'évêque auxiliaire de Coire met en garde contre la "destruction du sacerdoce"

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  • Synode amazonien : qu'en dirait Benoît XVI ?

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    De Sandro Magister en traduction française sur le site Diakonos.be :

    Que dirait Benoît XVI du synode sur l’Amazonie ?

    Au fur et à mesure que la date du synode sur l’Amazonie s’approche, celui-ci s’annonce de plus en plus comme une bataille dont l’épicentre est situé en Allemagne et qui porte sur des enjeux très importants : l’essence de la mission de Jésus et donc de l’Église elle-même.

    Les leaders des deux camps sont en fait tous deux de langue et de souche germanique.  D’un côté, le cardinal Cláudio Hummes et l’évêque Erwin Kräutler, les principaux promoteurs du synode.  De l’autres les cardinaux Gerhard Müller et Walter Brandmüller qui sont très critiques de la tournure que prennent ces assises.  Avec un pape François qui ne se trouve pas au milieu mais qui prend clairement parti pour les premiers sans porter la moindre attention aux seconds.

    Mais il y est un autre grand allemand qui, dans les faits, prend également partie au conflit.  Son nom est Joseph Ratzinger.  Il se tait mais il suffit de se pencher ce qu’il a dit et fait par le passé, notamment en tant que pape sous le nom de Benoît XVI, pour comprendre dans quel camp il se trouve.  Dans celui des critiques les plus radicaux.

    Quel est en fait la question qui se trouve au centre de la bataille en train de se jouer?  Il s’agit du primat donné par l’Instrumentum laboris, le document de base du synode, à la défense de la nature et au bien-être matériel des populations amazoniennes, avec leurs traditions, par rapport à ce qui est appelé dans l’Évangile le « pardon des péchés » et qui trouve dans le baptême son premier sacrement.  Ce n’est pas un hasard sur Mgr Kraütler s’est vanté, après des décennies de « mission » en Amazonie, en disant : « Je n’ai jamais baptisé un seul indien et je ne le ferai jamais à l’avenir ».

    Ratzinger a écrit sur cette question capitale à plusieurs reprises.  Mais il y a un passage d’une extraordinaire simplicité et d’une grande clarté dans le troisième livre de sa trilogie sur Jésus de Nazareth, celui qui est consacré aux Évangiles de l’enfance, publié en 2012, qui mérite d’être cité.

    Dans ce texte, Benoît XVI part de l’annonce de l’ange à Joseph : que Marie « enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus (c’est-à-dire : Le-Seigneur-sauve), car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. » Mt 1,21), pour continuer comme suit.

    Ce sont des paroles éclairantes, qu’il est bon de relire en gardant en tête la controverse sur l’Amazonie.

    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso.

    *

    Sauvés, oui, mais de quoi ?

    de Joseph Ratzinger / Benoît XVI

    Le messager de Dieu, qui parle à Joseph en songe, précise en quoi consiste ce salut : « Il sauvera son peuple de ses péchés. »

    Ainsi, d’une part une tâche hautement théologique est donnée, puisque seul Dieu lui-même peut pardonner les péchés.  L’enfant est ainsi mis en relation immédiate avec Dieu, est associé directement au pouvoir saint et salvifique de Dieu.  D’autre part, cependant, cette définition de la mission du Messie pourrait aussi apparaître décevante.  L’attente commune du salut est tournée par-dessus tout vers la concrète situation pénible d’Israël : vers la restauration du règne davidique, vers la liberté et l’indépendance d’Israël et donc, naturellement, aussi vers le bien-être matériel d’un peuple en grande partie appauvri.  La promesse du pardon des péchés apparaît trop peu et en même temps trop : trop parce qu’on touche à la sphère réservée à Dieu lui-même ; trop peu, parce qu’il semble que la souffrance concrète d’Israël et son réel besoin de salut ne soient pas pris en considération.

    Dans le fond, toute la controverse sur la messianité de Jésus est déjà anticipée dans ces paroles : a-t-il vraiment libéré Israël ou tout ne serait-il pas resté comme avant ?  La mission, telle qu’il l’a vécue, est-elle ou n’est-elle pas la réponse à la promesse ?  Assurément, elle ne correspond pas à l’attente immédiate du salut messianique pour des hommes qui se sentaient opprimés non pas tant par leurs péchés que plutôt par leurs souffrances, leur manque de liberté, la misère de leur existence.

    Jésus lui-même a soulevé de manière drastique la question de la priorité du besoin humain de rédemption, quand les quatre hommes qui, à cause de la foule, ne purent faire entrer le paralysé par la porte le firent descendre par le toit et le posèrent devant ses pieds.  L’existence même du malade était une prière, un cri qui réclamait le salut, un cri auquel Jésus, en pleine contradiction avec l’attente des porteurs et du malade lui-même, répondit par les paroles : « Mon enfant, tes péchés sont remis » (Mc 2, 5).  Les gens ne s’attendaient pas à cela.  Cela n’intéressait pas les gens.  Le paralytique devait pouvoir marcher, non être libéré de ses péchés.  Les scribes contestaient la présomption théologique des paroles de Jésus : le malade et les hommes autour étaient déçus, parce que Jésus semblait ignorer le vrai besoin de cet homme.

    Pour ma part, je retiens toute la scène comme absolument significative pour la question à propos de la mission de Jésus, ainsi qu’elle est décrite pour la première fois dans la parole de l’ange à Joseph.  Ici est accueillie aussi bien la critique des scribes que l’attente silencieuse des gens.  Que Jésus soit en mesure de pardonner les péchés, il le montre à présent en commandant au malade de prendre sa civière pour s’en aller guéri.  Cependant, ainsi la priorité du pardon des péchés comme fondement de toute vraie guérison de l’homme demeure sauvegardée.

    L’homme est un être relationnel. Si la première, la relation fondamentale de l’homme – la relation avec Dieu – est perturbée, alors il n’y a plus rien qui puisse être vraiment en ordre.  Dans le message et l’action de Jésus, il s’agit de cette priorité : il veut tout d’abord, solliciter l’attention de l’homme au cœur de son mal et le lui montrer : si tu n’es pas guéri en cela, alors, malgré toutes les bonnes choses que tu pourras trouver, tu ne seras pas vraiment guéri.

    *

    Cet extrait est tiré du livre : Joseph Ratzinger – Benoît XVI, « L’enfance de Jésus », éd. Flammarion, 2012, pp. 66-69.

  • Institut Jean-Paul II sur le mariage et la famille : wojtyliens vs bergogliens ?

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    En très haut lieu, on a sans doute cru que l'expression de la volonté pontificale suffirait à faire accepter la refonte de l'Institut mais il n'en va pas ainsi comme le montre cet article publié sur le site du journal La Croix :

    L’Institut Jean-Paul II pour la famille au cœur d’une vive polémique

    Le pape a approuvé le 18 juillet de nouveaux statuts qui entérinent la refonte de cet institut voulu par le pape polonais pour promouvoir la recherche théologique sur le mariage, la famille et la sexualité.

    Une refonte complète qui a suscité de vives réactions parmi les étudiants et les enseignants dont certains ont été écartés.

    • Céline Hoyeau, 
    • le 02/08/2019

    Une centaine d’articles en quelques jours sur des sites Internet italiens et américains principalement. La publication des nouveaux statuts de l’« Institut pontifical théologique Jean-Paul-II pour les sciences du mariage et de la famille », approuvés par le pape François le 18 juillet, a déclenché une salve de critiques sans précédent, qui dénoncent une « épuration » des professeurs et ce qui est vu comme la liquidation de l’héritage de Jean-Paul II. Un« nouveau sac de Rome », ose même le célèbre biographe nord-américain du pape polonais, George Weigel, fustigeant le « vandalisme intellectuel en cours ».

    En cause, le départ de plusieurs figures phares de l’institut, notamment les deux professeurs de théologie morale fondamentale, Mgr Livio Melina, l’ancien président de l’institut dont la chaire est supprimée, et le père José Noriega. Et la « perte d’identité » de l’Institut dont s’inquiètent les étudiants dans une lettre adressée le 25 juillet à la direction.

    « Bien que le pape François exprime (…) son désir de continuer avec l’inspiration originale de Jean-Paul II, (…) nous sommes surpris parce que, dans le nouveau système d’étude, il n’y a ni discussion ni cours sur la théologie du corps ou sur l’enseignement de Jean-Paul II », peut-on lire dans cette lettre qui a recueilli sur Internet 535 signatures, dont 119 étudiants.

    L’intuition « originale et toujours féconde » du pape polonais

    L’institut a aussitôt réagi par un long communiqué, le 29 juillet, reprenant point par point les critiques, et dénonçant « une information distordue, partiale et parfois de mauvaise foi, qui n’a même pas cherché une vérification à la source des informations ».

    Les nouveaux statuts veulent simplement donner une « nouvelle vigueur » à l’intuition « originale et toujours féconde » du pape polonais. La suppression de l’enseignement de théologie morale fondamentale est justifiée par le fait qu’elle appartient au premier cycle des études théologiques et que l’institut, qui a vocation à s’intégrer davantage dans le système universitaire, accueillera des étudiants de niveau licence et doctorat. Le projet académique du nouvel Institut, assure encore le communiqué, se configure comme « un élargissement de la réflexion sur la famille et non comme une substitution de thèmes ». Le communiqué réfute en outre les accusations de centralisation des pouvoirs dans les mains du chancelier, Mgr Vincenzo Paglia, « à qui des tâches précises sont attribuées ».

    Sur le fond, cette polémique cristallise les tensions nées autour de la réflexion menée par l’Église, depuis le double synode de 2014-2015, sur la famille, le mariage et la sexualité humaine. De fait, la refonte de l’institut exprime clairement l’infléchissement de la ligne théologique voulue par François.

    Tenir étroitement unies « l’intelligence de la foi » et le « principe de réalité »

    Il y a deux ans, le pape appelait cet institut, axé sur la théologie morale et sur une approche métaphysique soupçonnée d’idéalisme abstrait, à renouveler son regard pour mieux prendre en compte la complexité de l’existence et les situations concrètes, en intégrant davantage les sciences humaines.

    S’il n’y a pas de « prise de distance avec les inspirations de Jean-Paul II », expliquait alors Mgr Paglia, François « élargit la perspective, d’une focalisation seulement sur la théologie morale et sacramentelle à une vision biblique, dogmatique et historique qui tient compte des défis contemporains ». Si elle ne veut pas être « idéologique ou autoréférentielle », mais « libre de rester rigoureusement cohérente avec le témoignage de la vérité », la recherche théologique doit tenir étroitement unies « l’intelligence de la foi » et le « principe de réalité », confirmait ainsi son nouveau directeur, le théologien milanais Pierangelo Sequeri, en présentant les nouveaux statuts le 18 juillet.

    Une refonte menée « de manière improvisée, sans consultation des enseignants »

    Mais les héritiers de Jean-Paul II redoutent un « changement de paradigme » sur la famille et la sexualité, où la prise en compte de la complexité des parcours se substituerait à la « doctrine » et à des normes morales « absolues ». Certains critiques n’hésitent pas à opposer une vision dogmatique – et « orthodoxe » – de Jean-Paul II à une vision existentielle de François, incarnée dans l’exhortation apostolique Amoris Laetitia.

    « Sur cette réorientation, on peut être d’accord ou non, mais la manière dont cette réforme est effectuée d’un point de vue humain est affligeante », déplore un enseignant de l’institut. Vécue violemment, cette refonte, menée « de manière improvisée, sans consultation des enseignants », dont certains en ce début août, en charge de famille, ignorent toujours si leurs cours seront maintenus à la rentrée, risque de passer tout aussi mal que celle de Radio Vatican menée, à ses débuts, avec pertes et fracas.

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    Des antennes sur tous les continents

    1981 : Jean-Paul II crée l’Institut pontifical Jean-Paul-II d’études sur le mariage et la famille, pour promouvoir la recherche théologique sur le sujet.

    L’institut qui publie la revue Anthropotes a des antennes sur tous les continents : Rome, Washington, Cotonou (Bénin), Salvador de Bahia (Brésil), Melbourne (Australie)...

    19 septembre 2017. Par une lettre apostolique (Summa familiae cura), le pape François redéfinit la mission de l’institut rebaptisé «Institut pontifical théologique Jean-Paul-II pour les sciences du mariage et de la famille». Avec pour objectif de mêler davantage dans ses travaux théologie et sciences sociales.

  • La traduction intégrale de texte du Cardinal Gerhard Müller à propos du processus synodal en Allemagne et du synode sur l’Amazonie est en ligne

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    C'est ici : Traduction intégrale de texte du Cardinal Gerhard Müller à propos du processus synodal en Allemagne et du synode sur l’Amazonie

  • Le métropolite Hilarion ne considère pas Moscou comme « Troisième Rome »

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    Un discours « orthodoxe » intéressant à noter. Mais encore ? Lu sur le site « salon beige » :

    Hilarion.jpg« Je ne pense pas que nous pouvons utiliser aujourd’hui des concepts qui ont été formulés il y a plusieurs siècles, lesquels reflétaient une certaine réalité historique, mais qui peuvent difficilement être appliqués à la réalité actuelle », a déclaré le métropolite Hilarion dans le cadre de l’émission « L’Église et le monde » de la chaîne TV « Rossiya-24 ». Au cours de cette émission, le métropolite a expliqué que la majorité absolue des Russes d’aujourd’hui ne sont pas des gens pratiquants et que l’Église fait face « à une grande tâche missionnaire » afin de donner un véritable esprit ecclésial à ceux qui se considèrent chrétiens orthodoxes, mais qui en sont en fait très éloignés. « Je pense que c’est une tâche bien plus importante que toutes les discussions sur la « Troisième Rome » et le rôle de Moscou comme centre du christianisme », a affirmé le métropolite Hilarion. Néanmoins, a-t-il poursuivi, tous ceux qui se rendent à Moscou et en Russie constatent que la Russie est un pays avec de profondes racines chrétiennes. « Et pour nous, le christianisme n’est pas un phénomène du passé, c’est un phénomène actuel et qui est à la base de l’avenir… Si nous entrons dans la cathédrale du Christ Sauveur ou toute autre église orthodoxe le jour d’une grande fête, nous verrons combien de personnes viennent à l’office ! Quoi qu’il en soit, ce n’est pas une raison pour tomber dans le triomphalisme et créer des théories géopolitiques qui peuvent s’effondrer comme un château de cartes lorsque le vent souffle dans une certaines direction ». Le concept de « Moscou comme troisième Rome » est apparu après la chute de Constantinople à un moment où la principauté de Moscou prenait de l’essor, ce qui a posé le fondement d’idées messianiques sur le rôle de la Russie et son importance en ce temps. »

    Ref. Le métropolite Hilarion ne considère pas Moscou comme « Troisième Rome »

    Le métropolite Hilarion est chargé des relations extérieures du patriarcat de Moscou.

    JPSC

  • Abus sexuels dans l’Eglise : le cléricalisme, voilà l’ennemi ?

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    La « Libre Belgique » du 9 juillet 2019 consacre une double page à un ouvrage qui vient de paraître aux éditions Bayard : « L’Eglise catholique face aux abus sexuels sur mineurs » (Bayard 2019, 720 pages, env. 24,9 euros). L’auteur de ce livre, Marie-Jo Thiel, médecin et théologienne, est professeur d’éthique à l’Université de Strasbourg. En 2017, le pape François l’a aussi nommée membre de l’Académie pontificale  pour la Vie dont il a modifié la composition et confié la présidence à Mgr Vincenzo Paglia.

    Dans l’interview qu’elle accorde à « La Libre », la professeure souscrit à la thèse du pontife régnant pour qui les abus sexuels des clercs seraient principalement dus à une cause «structurelle»: le cléricalisme, instituant dans l’Eglise une mauvaise relation entre prêtres dominateurs et fidèles asservis. Selon l’académicienne pontificale, cette relation perverse serait due à la contre-réforme tridentine : « la formation psychosexuelle [des séminaristes] était très insuffisante ; était promue aussi une image singulière du prêtre dans la mouvance du concile de Trente, au XVIe siècle. Considéré comme un ‘autre Christ’, le clerc était mis à part,  ‘sacralisé’ dans une perfection supérieure à celle du laïc, ce qui pouvait engendrer un entre-soi problématique ». 

    On ne s’étonnera donc pas de la « surprise » exprimée par Mme Thiel à la lecture du texte publié en avril dernier par le pape émérite Benoît XVI expliquant que la source fondamentale des abus avait une origine moins lointaine : il s’agit du relativisme moral actuel de nos sociétés depuis les années 1960.

    Il est vrai que, dans sa «Lettre au peuple de Dieu» du 20 août 2018, le pape François attribue les abus sexuels ecclésiastiques au « cléricalisme », qualifiant ainsi, sans autre précision, un abus de pouvoir qu’il a raison de souligner. Mais, d’un point de vue sémantique, on peut regretter, avec l’abbé Christian Gouyaud (1), de voir assumée dans le discours pontifical une expression ambiguë, historiquement connotée dans un autre contexte et assénée à tout propos par les adversaires de l’Église: « Le cléricalisme, voilà l’ennemi! » : elle est parfaitement relayée, encore aujourd’hui, par les laïcards de tous poils dénonçant, à tort et à travers, l’ingérence de l’Église dans les questions sociétales.

    Enfin, émanant d’une théologienne membre d’une académie pontificale, la mise en cause de la sacralisation du prêtre surprend d’autant plus que l’argument est facile à retourner : « N’est-ce pas par défaut de sens du sacré de l’homme – et de l’enfant, en l’occurrence – qu’on le réduit à un objet de concupiscence et à un moyen d’assouvir sa pulsion ? Même si ces crimes ont été encore récemment commis, il faut dire que la plupart d’entre eux – connus – relèvent aussi d’une époque où le prêtre a justement été désacralisé.  On évoque aussi, comme remède, la promotion du laïcat, mais une telle promotion, justement fondée sur le sacerdoce baptismal, ne s’est-elle pas, hélas, bien souvent opérée pratiquement en termes de prise de pouvoir et de cléricalisation des laïcs ? Quant au comportement clérical, ne pourrait-on pas complètement s’en affranchir en acceptant de répondre simplement aux doutes soulevés courageusement à propos d’une inflexion possible de la doctrine ? » (2)

    JPSC

    ________

    (1)(2) La faute au « cléricalisme » ? par l’Abbé Christian Gouyaud, membre de l’association sacerdotale « Totus tuus », article publié dans « La Nef », n° 309, décembre 2018.

    Ref. "Dans l’Église, les abus ne sont pas accidentels, mais structurels"

  • Dieu veut-il la pluralité des religions ?

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    Lu sur le site web des missionnaires de la miséricorde divine :

    scan_Lexmark_2019-06-07-141907-1.jpg« Cette question aurait semblé incongrue il y a un siècle. Deux circonstances poussent maintenant à y répondre avec précision. La première est la prise en compte d’un pluralisme religieux durable. Notre monde est définitivement sorti de l’état de chrétienté où la religion chrétienne était majoritaire dans le monde connu. La seconde est un climat relativiste, répandu depuis une cinquantaine d’années, qui tend à penser qu’il n’y a pas de vérité absolue. Ces deux éléments ont poussé à se poser la question : le pluralisme des religions est-il voulu par Dieu ? La déclaration d’Abu-Dhabi, signée conjointement par le pape François et l’imam d’Al-Azhar, a redonné une actualité particulière à cette question.

    Liberté religieuse

    Afin de justifier le droit à la liberté religieuse, c’est-à-dire à ne pas être empêché d’adhérer à la religion de son choix, la déclaration d’Abu-Dhabi stipule : « Le pluralisme et les diversités de religion, de couleur, de sexe, de race et de langue sont une sage volonté divine, par laquelle Dieu a créé les êtres humains. Cette Sagesse divine est l’origine dont découle le droit à la liberté de croyance et à la liberté d’être différents ».

    Il faut d’abord souligner que ce texte n’est pas magistériel. Cependant, il doit transcrire la pensée de chaque signataire, donc de l’Église. Or la formulation présente une imprécision de taille, car elle met sur le même plan la différence de sexes ou de races et la différence de religions. Elle semble affirmer implicitement que ces différences sont voulues de la même manière par la Sagesse divine.

    Interrogé en privé par Mgr Schneider, évêque en visite ad limina, le pape lui a répondu que cette diversité de religions n’était que la volonté permissive de Dieu alors que la diversité des sexes était formellement souhaitée par Dieu.

    Conformité avec le plan de Dieu

    Il y a donc une distinction capitale qu’il faut rappeler. En Dieu se trouve une volonté antécédente par laquelle la Sagesse divine veut positivement telle ou telle chose. Ce qui est ainsi voulu est forcément bon et conforme au plan de Dieu. Ainsi, la Sagesse a voulu que l’être humain ait un corps sexué et différencié. Mais il y a aussi une volonté permissive de Dieu, qui intègre la réponse libre de l’homme, par laquelle Dieu permet que certaines choses arrivent sans échapper à sa Providence. Elles n’étaient pourtant pas voulues premièrement dans le plan divin. Ainsi Dieu permet le mal physique, l’erreur, le péché sans que cela soit positivement voulu par Lui. Mais sa Sagesse, sa Miséricorde sait utiliser ce qui est permis pour le faire concourir au bien.

    Dieu veut la différence des sexes dans le premier sens, mais il ne veut la diversité des religions que dans le second sens de « permettre ». Sans cette distinction, on met sur le même plan la religion chrétienne et les autres religions, ce qui nierait l’affirmation du Christ : « Je suis la Voie, la Vérité et la Vie » (Jn 14, 6).

    Cette façon de comprendre la volonté divine permet de rendre compte de l’affirmation du concile sur les croyants non chrétiens : « Tout ce qui, chez eux, peut se trouver de bon et de vrai, l’Église le considère comme une préparation évangélique et comme un don de Celui qui illumine tout homme pour que, finalement, il ait la vie. Bien souvent, malheureusement, les hommes, trompés par le Malin, se sont égarés dans leurs raisonnements, ils ont échangé la vérité de Dieu contre le mensonge, en servant la créature de préférence au Créateur (cf. Rm 1,25) » (Lumen Gentium, n° 16). Il y a dans les religions non chrétiennes des éléments de vérité, par exemple pour l’islam l’existence de Dieu créateur, la nécessité de la prière… Mais il y a aussi des éléments faux, par exemple la possibilité de la polygamie, la négation de la Trinité… C’est parce que Dieu ne peut pas vouloir une religion dans laquelle vérité et erreur se mêlent qu’il ne veut pas positivement les religions non chrétiennes. Mais il les permet en tant que leurs éléments de vérité peuvent conduire à l’accueil de la révélation évangélique, seule révélation intégralement vraie voulue par Dieu.

    L’annonce missionnaire

    Derrière cette question se trouve l’enjeu de l’annonce missionnaire, comme le souligne la déclaration Dominus Iesus : « La pérennité de l’annonce missionnaire de l’Église est aujourd’hui mise en péril par des théories relativistes, qui entendent justifier le pluralisme religieux, non seulement de facto (de fait), mais aussi de iure (ou en tant que principe). » (n° 4) En effet, si les autres religions sont voulues directement par Dieu, alors l’annonce missionnaire devient presque contraire au plan de Dieu. Mais si elles ne sont que permises, avec une part de bonté qu’il faut déceler en vue d’annoncer la plénitude du salut qui vient du Christ Sauveur, alors le dialogue interreligieux lié à l’annonce missionnaire prend tout son sens.

    Abbé Jean-Raphaël Dubrule »

    Ref. Dieu veut-il la pluralité des religions ?

    JPSC

  • À propos du pluralisme religieux

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    La foi chrétienne ne s’identifie à aucune culture déterminée. Un certain pluralisme y est donc intimement lié. C’est une évidence aussi vieille que l’histoire de l’Eglise.  

     

    On n’a pas attendu  l’Exhortation apostolique Evangelii Nuntiandi du pape Paul VI pour être confronté à la question du rapport entre l’Evangile et les cultures. En parlant d’un processus d’ « inculturation », Jean-Paul II souligne le fait que l’Evangile transcende les cultures tout en étant vécu par des hommes et des femmes toujours liés à des cultures spécifiques. Et Benoît XVI précise que le dialogue des cultures inclut l’effort de l’Eglise pour faire pénétrer l’Evangile dans chaque milieu socioculturel mais aussi son influence sur les cultures elles-mêmes, à laquelle est rattachée l’idée de croissance et d’enrichissement mutuel des personnes et des groupes.

    Le reproche fait aux « lineamenta » du prochain synode dédié à l’Amazonie est d’inverser le processus au détriment de la foi. La note ci-dessous d’Edouardo J. Echeverria, publiée sur le site web "France Catholique", résume l’hétérodoxie affectant, selon lui, l’Instrumentum laboris de ce synode convoqué par le pape François:

    « L’Instrumentum Laboris qui vient juste de sortir pour le prochain Synode, « l’Amazonie, de nouveaux chemins pour l’Eglise et l’Ecologie Intégrale », accepte implicitement la présupposition que Dieu a voulu la diversité des religions - le pluralisme religieux. Et cette présupposition se trouve derrière le concept défectueux de l’inculturation. L’acceptation du pluralisme religieux prédispose les auteurs de ce document à comprendre l’inculturation comme étant principalement l’appel à adapter ou accommoder la totalité de la foi catholique aux cultures amazoniennes (no. 94) ; sur les plans ecclésiastiques (nos. 107, 110) ; liturgiques (nos. 124-124, 127) et doctrinaux (26, 29, 33, 56, 98.b.1, 103, 110, 121).

    En conséquence, la foi catholique perd son point de vue « transcendent », sa distance critique et donc normative au-dessus de la culture. Elle fait de la culture le standard de l’Evangile, plutôt que les sources catholiques faisant autorité : la foi, les Ecritures et la Tradition

    En fait, dans ce document de 65 pages (149 paragraphes), une seule position critique est suggérée à propos des pratiques culturelles qui sont opposées à l’Evangile (n° 144). En outre, la foi est conçue principalement comme une expérience religieuse avec Dieu, avec peu de contenu déterminé, comme si les croyances étaient générées principalement par un dialogue inter religieux continuel avec la culture.

    Par conséquent, la priorité est donnée à l’insertion du Catholicisme dans les cultures amazoniennes. Cette vision au mieux sous-estime, ou au pire néglige, la dynamique de l’inculturation transformiste et critique. (Voir Lumen Gentium 17 ; Ad Gentens 9). Le document ne voit pas que l’inculturation inclut à la fois l’insertion mais aussi la transformation et par conséquent la réception critique de ce qui est bon et vrai dans ces cultures en les intégrant dans le Catholicisme de manière que toute pensée soit dépendante du Christ.

    Le document a une fascination étrange et boiteuse à recevoir tout ce qui est bon et valable de ces cultures amazoniennes. Ainsi il échoue sérieusement à considérer que l’interprétation de ces vérités et de ces biens dans d’autres cultures est souvent telle qu’ils sont déformés, mal interprétés et en fait rejetés. Par exemple, une juste considération de l’ordre de la création de Dieu dans ce document semble impossible à distinguer du panthéisme.(« Amazon cosmovision »). C’est ainsi parce que les auteurs du document ont négligé l’influence décisive du péché sur nous, et particulièrement sur nos esprits, c’est à dire à la racine de la résistance de l’homme à la Révélation générale Dieu, dans et par les oeuvres de la Création, ainsi que l’ordre moral objectif qui pèse sur nos consciences.

    Mais le problème principal est que, derrière ce concept imparfait d’inculturation, repose la un pluralisme religieux pré-supposé. Ceci est le point de vue que Dieu a été légitimement révélé de différentes manières dans la diversité des religions, et qu’elles sont également vraies et par conséquent sont des véhicules de rédemption de façon égale. Ce point de vue ne peut pas être distingué du relativisme religieux.

    Le pape François a semblé accepter que Dieu veut la diversité des religions dans un document qu’il a co-signé avec Ahmed el-Tayeb, Grand Iman de al-Azhar, durant le grand meeting inter-religieux d’Abu Dhabi. Après beaucoup de critiques, cependant, il a semble-t-il clarifié sa position de façon informelle durant la visite ad limina à Rome des évêques du Kazakhstan et de l’Asie centrale. Selon un rapport officiel du Vatican : « Le pape a explicitement déclaré que le Cardinal Schneider pouvait partager le contenu de leurs échanges sur ce point. ‘ Vous pouvez dire que la phrase en question sur la diversité des religions signifie la volonté permissive de Dieu,’ a-il-dit à l’assemblée des évêques, qui venaient de régions à prédominance musulmane. »

    Néanmoins, le pape François n’a pas formellement corrigé le document lui-même, et donc la confusion persiste, comme c’est évident dans le document synodal.

    Le document du Synode met en garde contre l’absolutisme de toute croyance qui, selon les auteurs de ce document, est le fruit de l’échec de la reconnaissance d’autres moyens par lesquels Dieu se fait connaître, ce qui, par conséquence, ferme la porte du Salut aux autres qui professent d’autres croyances. (n° 39). Ce document proclame que l’on découvre sa propre identité par la rencontre avec les autres, par les différences et les coïncidences qui nous montrent l’impossibilité de scruter la. réalité et le mystère de la présence de Dieu » (n°40). Il nous avertit que « écouter respectueusement » l’autre n’impose pas des formules de foi exprimées avec d’autres références culturelles qui ne correspondent pas à la réalité de leur vécu. (n° 120). En conséquence, le document du Synode affirme, « L’amour vécu dans toute religion plaît à Dieu ».

    Les auteurs de ce document proclament que ce point de vue ne relativise pas les convictions chrétiennes. Pourtant, relativiser les vérités-proclamées des Chrétiens, c’est justement ce que ce document fait. Ils n’arrivent pas à poser la question non seulement de la vérité en général, mais également du désaccord religieux et en particulier des revendications conflictuelles de croyance entre les différentes religions.

    La vérité est une propriété des propositions selon laquelle une proposition est vraie si ce qu’elle affirme est, en fait, le cas d’une réalité objective. Pour faire court, la vérité signifie une correspondance objective avec la réalité ; autrement cette proposition est fausse. Dans cette optique, L’Eglise ne considère pas que les religions non chrétiennes sont complètement fausses en toutes leurs affirmations (voir Nostra Aetate 2) mais seulement en celles qui sont logiquement incompatibles avec les affirmations de la vérité chrétienne.

    En outre, mon identité est enracinée en union avec le Christ, en qui et avec qui, j’ai été fait une nouvelle création par le baptême. (2 Cor 5 : 17). Ainsi que Gaudium et Spes 22 le formule, « La vérité est que c’est seulement dans le mystère du Verbe fait chair que le mystère de l’homme est éclairé ». Les auteurs du document reconnaissent cette vérité absolue (n° 20) mais minimisent la capacité de l’Eglise à la proclamer. Pourquoi ?

    Ils ne comprennent pas que ce que les Chrétiens croient, affirment et tiennent pour vrai doit avoir une correspondance correcte avec la réalité. Plutôt, ils cherchent à tort à légitimer les revendications des autres religions, en suggérant que les formulations de la vérité divine par la foi chrétienne sont non seulement inadéquates mais encore inexprimables. (no 40). Pour eux, nous ne pouvons pas soutenir que les affirmations du catholicisme sont résolument vraies, et donc absolument vraies. En outre, ils épousent le subjectivisme, en faisant de la soi-disant « réalité vécue » la pierre de touche de ce qui est vrai.

    Les auteurs du document du Synode doivent retourner à l’école avec les documents de Vatican II, le Catéchisme de l’Eglise Catholique, et Dominus Jesus. Ils trouveront là une norme sûre de foi. »

    Ref. À propos du pluralisme religieux

    Source : https://www.thecatholicthing.org/2019/06/25/more-roman-confusion-about-religious-pluralism/

    Eduardo J. Echeverria est professeur de philosophie et de théologie systématique au Sacred Heart Major Seminary Detroit. Ses publications comprennent Pope Francis, The Legacy of VaticanII,(2015) et Revelation, History and Truth. A Hermeneutics of Dogma (2018) ;

    JPSC

  • Pas de théologiens d'envergure derrière le document préparatoire au synode sur l'Amazonie

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    D'E Pentin sur le National Catholic Register en traduction française sur le Forum catholique :

    Le cardinal Müller s'exprime sur l'Instrumentum Laboris

    C'est une interview donné à E. Pentin au National Catholic Register. Pour lui, on a affaire à une crise de la Foi (répété deux fois dans l'interview) : la vraie réforme de l'Eglise se fera dans le renouveau dans le Christ et le zéle apostolique

    Votre Eminence, comment voyez-vous l'instrumentum laboris pour le synode pan-amazonien?

    Ce n’est qu’un document de travail, ce n’est pas un document du magistère de l’Eglise, et chacun est libre de donner son avis sur la qualité de la préparation de ce document. Je pense qu’il n’y a pas de grand horizon théologique derrière cela. Il a été écrit principalement par un groupe de descendants allemands et non par des personnes qui y vivent. Son point de vue est très européen et je pense que c'est davantage une projection de la pensée théologique européenne sur les habitants de la région amazonienne, car nous avons entendu toutes ces idées il y a 30 ans.

    Toutes les idées ne correspondent pas aux éléments de base de la théologie catholique, en particulier la conception de la religion. Nous avons la conception d'une foi révélée, historiquement réalisée dans l'Incarnation de la Parole du Père en Jésus-Christ, infusée par le Saint-Esprit. Mais l'Église catholique n'est pas une religion en tant que relation naturelle à la transcendance. Nous ne pouvons pas comprendre l'Église catholique uniquement dans le cadre d'un concept de religion. Les religions sont faites par l'homme, ce sont des impressions, des moyens, des rites de désirs anthropologiques et de réflexion sur le monde, mais notre foi est basée sur la révélation de Dieu dans l'Ancien et le Nouveau Testament, en Jésus-Christ. Nous devons donc corriger cette pensée dans ce document d’une manière plus catholique.

    Les critiques ont déclaré que ce document s'inspire des épreuves et des souffrances du peuple amazonien et non de l'Apocalypse et du Christ lui-même.

    Cela peut commencer par la souffrance du peuple, mais ce n'est pas le point de départ de la foi catholique. Nous commençons par le baptême et nous confessons notre foi à Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit. Le Christ lui-même est venu au monde et sa croix assume toutes les souffrances du monde. Mais c’est une autre chose de commencer par les gens, puis de relativiser la révélation en tant qu’expression de la culture européenne. C'est absolument faux.

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  • Le cardinal Newman sera canonisé le 13 octobre prochain

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    De Vatican News :

    Le cardinal Newman sera canonisé le 13 octobre

    La canonisation du cardinal Newman, de soeur Marie-Thérèse Chiramel Mankidiyan, de soeur Giuseppina Vannini, soeur Dulce Lopes Pontes et Marguerite Bays, de Suisse, a été annoncée pour le 13 octobre, lors du consistoire public ordinaire du 1er juillet tenu par le Pape François.
     
    Le Pape François a convoqué un Consistoire public ordinaire des cardinaux à Rome ce lundi 1er juillet pour décider de la canonisation de cinq bienheureux, dont le cardinal John Henry Newman d'Angleterre et sœur Marie-Thérèse Chiramel Mankidiyan. Le 12 février, le Pape François a autorisé la promulgation de décrets concernant un miracle attribué à l'intercession du Cardinal Newman et de la religieuse indienne, les permettant ainsi leur élévation à la sainteté. Le cardinal Newman deviendra bientôt le premier nouveau saint de Grande-Bretagne depuis la canonisation de saint Jean Ogilvie par le saint Pape Paul VI en 1976.  Le groupe précédent de saints anglais, 40 martyrs de la Réforme, avait été déclaré saint en 1970.

    De l’anglicanisme au catholicisme

    LIRE AUSSI : 14/02/2019 John Newman, poète et prophète du catholicisme britannique

    Né à Londres le 21 février 1801 et mort à Edgbaston le 11 août 1890, le cardinal Newman était un prêtre anglican qui s'est converti et est devenu prêtre et cardinal catholique. Le célèbre théologien et poète était une figure importante dans l'histoire religieuse de l'Angleterre de son temps. Il fut l'une des figures de proue du mouvement d'Oxford, né à l'Université d'Oxford en 1833, qui cherchait à relier plus étroitement l'Église anglicane à l'Église catholique romaine. Il est vénéré par les Églises catholique et anglicane. En tant que prêtre catholique, il a fondé l'Oratoire de Saint Philippe Neri à Edgbaston, en Angleterre. Le Pape Benoît XVI a béatifié le cardinal Newman le 19 septembre 2010, à Birmingham, en Angleterre. Le cardinal Newman restera notamment dans les mémoires pour son poème «Lead, Kindly light»*, écrit en 1833.

    *

    Conduis-moi, douce lumière, parmi l'obscurité qui m'environne, conduis-moi !
    La nuit est sombre, et je suis loin du foyer, conduis-moi !
    Garde mes pas ; je ne demande pas à voir
    Les scènes éloignées : un seul pas est assez pour moi

    Je n'ai pas toujours été ainsi : je n'ai pas toujours prié que tu me conduises ;
    J'aimais choisir et voir mon chemin, mais maintenant conduis-moi.
    J'aimais le jour éclatant, et, malgré mes craintes,
    L'orgueil dominait mon vouloir : ne te souviens pas des années passées.

    Aussi longtemps que Ta puissance m'a béni, aussi longtemps elle me conduira encore,
    À travers landes et marécages, rochers et torrents, jusqu'à ce que la nuit s'achève
    Et qu'avec ce matin sourient ces visages angéliques
    Que j'ai longtemps aimés et perdus pour une heure.