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BELGICATHO - Page 1461

  • Réfugiés : l'appel de l'évêque de Tournai

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    Accueil des réfugiés – Appel de l’Evêque de Tournai                   7 septembre 2015

    Depuis des mois et des mois, les médias nous informent sur la situation des migrants qui, en traversant la Méditerranée par des moyens de fortune proposés par des passeurs dont la plupart sont des truands, perdent une partie de leur famille et de leurs amis noyés dans la mer. Cette situation objective, manifestée par des images de morts, dont des enfants, sur les plages de Grèce, de Turquie et d’Italie, dans les gares et les camions d’Hongrie et d’Autriche, est relayée par les médias et les décisions des gouvernements de l’Union Européenne. Nous assistons à l’arrivée de nombreux migrants, disent les médias. Une fois de plus, on a trouvé un mot neutre pour évoquer une tragédie. Des migrants ! Comme si des familles qui sont obligées de quitter leur territoire, le lieu où elles sont nées, étaient des personnes qui cherchent du travail en Europe ! Quelle horreur de travestir ainsi le réel ! Il s’agit, dans la majorité des cas, de familles qui cherchent un refuge pour survivre. Pour ces familles c’est la mort ou la survie ailleurs. Imaginons un instant que des parents acceptent de voir leurs enfants être éliminés dans les semaines qui suivent par une bande de terroristes. Evoquons un seul instant les récits de nos parents, de nos grands-parents qui, en 1914 ou en 1940, devaient rapidement quitter leurs maisons pour fuir l’avancée des troupes de l’Allemagne. Était-ce réellement pour trouver un emploi en dehors de la Belgique !

    Oui, mais les Syriens, Irakiens, Afghans, etc., sont des terroristes radicalisés de l’islam qui viennent faire des attentats en Europe ! Franchement, avons-nous déjà rencontré des familles de terroristes dont les membres ont entre six mois et quarante ans ?

    Oui, mais, en Belgique, il y a beaucoup de personnes pauvres, des jeunes sans emploi, des personnes âgées sans ressources ! Et alors ! Ces personnes sont-elles toutes en danger de mort ? La plupart ne sont-elles pas des allocataires sociaux ?

    Oui, mais, il y a déjà tellement d’étrangers en Belgique. Bientôt, il n’y aura plus de vrais Belges ! Et alors ! Est-ce à nous de décider qui « peut » habiter sur le territoire de la Belgique ? Alors que personne parmi nous n’a eu l’occasion de choisir le lieu de sa naissance, de choisir sa famille, ses parents !

    Et qui va encore devoir payer l’accueil de ces personnes, de ces familles ? Toujours les mêmes, les citoyens de la Belgique. Et alors ! C’est quoi être humain ? C’est quoi respecter la dignité de tout être humain ? C’est quoi devenir solidaire de personnes, d’enfants, en danger de mort ? Depuis quand le lieu de la naissance est-il une justification de fermer les yeux sur la misère, la mort de personnes innocentes qui n’ont plus d’autres solutions que d’aller vivre ailleurs où on dit que c’est mieux que chez soi ?

    Une Europe de 500 millions de personnes est incapable d’accueillir quelques centaines de milliers de personnes réfugiées ! Mais qui sommes-nous pour avoir des idées pareilles ?

    Oui, mais l’Europe, c’est d’abord le respect de valeurs chrétiennes ! Depuis quand ? Est-ce vraiment cela que Dieu veut ? Une poche de bons chrétiens qui dressent des murs pour se protéger de personnes qui ont d’autres convictions ! Les relations séculaires avec les Juifs en Europe, on n’a encore rien compris ? L’avènement des droits de l’homme et de la démocratie au XVIIIème siècle, de la laïcité, on n’a encore rien compris ? L’intégration de musulmans au XXème siècle en Europe occidentale, on n’a encore rien compris ? Il est temps que nous nous situions face à la Parole de Dieu ! La dignité de l’homme, de tout être humain, ce n’est pas une affaire de conviction religieuse. On est un humain, point final ! Et on respecte ce fait !

    Les chrétiens qui essaient de vivre de l’Evangile n’ont pas à mettre des barrières entre les gens pour protéger un soi-disant confort. Les chrétiens lisent la Bible « en entier ». Ils sont attentifs à ce que Jésus a enseigné. Ils ont pour paradigme le témoignage des apôtres ! Tout le monde est le bienvenu pour vivre de l’Evangile, certes. Mais nous avons d’abord à exercer notre mission, le premier commandement, celui d’aimer Dieu ; le second, qui lui est semblable, d’aimer le prochain, quelles que soient ses convictions, tout simplement parce que chaque être humain est créé à l’image de Dieu !

    Merci à tous ceux qui « se donnent » pour accueillir les réfugiés avec amour dans notre pays. Merci à tous qui, dans cette manière de se situer devant le réel, travaillent en bonne intelligence avec les pouvoirs publics.

    Dans le Compendium de la Doctrine sociale de l’Eglise (2005), je lis au n° 505 : Le principe d’humanité, inscrit dans la conscience de chaque personne et de chaque peuple, comporte l’obligation de tenir la population civile à l’écart des effets de la guerre. Une catégorie particulière de victimes de la guerre est celle de réfugiés, contraints par les combats à fuir les lieux où ils vivent habituellement, jusqu’à trouver refuge dans des pays autres que ceux où ils sont nés. L’Eglise est proche d’eux, non seulement par sa présence pastorale et son secours matériel, mais aussi par son engagement à défendre leur dignité humaine.

    Pour exercer le discernement en conscience et prendre des décisions au plan social et politique, nous avons suffisamment d’éléments pour accueillir les réfugiés. N’attendons pas pour, avec les autorités publiques, venir à leur aide.

    + Guy Harpigny,

    Evêque de Tournai

  • Le père Xavier Dijon répond à Gabriel Ringlet : "Pourquoi, diable, tenir au respect inconditionnel de la vie ?"

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    Dans un esprit de dialogue, le Père Xavier Dijon s.J. nous autorise à publier ici un texte qu'il a rédigé suite à la publication des propos de Gabriel Ringlet parus dans La Libre au sujet de l'euthanasie; nous lui en sommes très reconnaissants.

    Pourquoi, diable, tenir au respect inconditionnel de la vie ?

    Le plaidoyer proposé par l’abbé Gabriel Ringlet en faveur d’un accompagnement spirituel du geste euthanasique (LLB 03/09/2015) a tout pour séduire. Voici une personne gravement malade qui éprouve une souffrance insupportable et qui a trouvé chez un médecin assez de compassion pour en être délivré par une dernière piqûre. Or comme cet acte qui met fin à une vie humaine ne peut rester enfermé dans les limites d’une technique médicale, un prêtre, compatissant lui aussi, se présente pour inscrire ce don de la mort dans un courant spirituel humblement symbolisé par la musique, la poésie, le parfum…D’où le soulagement, à la fois, de la personne mourante elle-même, qui se voit déculpabilisée du geste qu’elle a osé demander, et du personnel médical et paramédical qui pose ce geste ou qui y participe. N’est-il pas séduisant d’entendre : « Le rituel (…) sert simplement à donner le plus d’humanité possible à quelque chose de très fort que nous vivons (…) J’appelle cela : grandir dans la transgression ».

    Il est vrai que, depuis les origines, l’être humain a su habiller des plus beaux atours la transgression des limites inhérentes à sa propre condition, tandis qu’il persécutait les sages et les prophètes qui les lui rappelaient. Mais, si l’on veut bien voir, recouverte par les artifices, la nudité de l’être confronté à son destin dramatique, ne convient-il tout de même pas de rappeler à la fois le caractère indépassable de la vie et le salut dont témoigne le prêtre ?

    Mais comment faire comprendre que la vie humaine n’est pas à la disposition du vivant lui-même ? Peut-être pas autrement qu’en la rapportant à son origine : ‘je ne me suis pas fait moi-même’. Ce fait premier de la vie, qui m’est le plus intime, m’échappe pourtant entièrement. Cette étrange condition fonde en même temps le lien social. Toute vie humaine, du seul fait qu’elle est là, -y compris celle qui tremble sur une barque en péril au milieu de la Méditerranée-, mérite le respect. Nulle personne, pas même le sujet lui-même, ne peut y porter atteinte. Sinon, nous entrons nécessairement dans la violence.

    Même entourée par l’esthétique déculpabilisante, la transgression euthanasique reste objectivement une transgression car, répétons-le, l’être humain n’a jamais le droit de mettre fin à la vie d’un autre. Dès lors, si le rituel qui accompagne le geste euthanasique est perçu, avec d’ailleurs les meilleures intentions du monde (que nous n’avons pas à juger ici), comme une manière de ‘grandir dans la transgression’, il est plutôt à craindre que, en réalité, il ne fasse grandir la transgression elle-même.

    La demande de rituel, y compris de la part d’esprits laïques, honore assurément l’homme. L’être humain, créature spirituelle, ne peut pas et ne veut pas mourir comme un animal. Mais précisément, n’est-ce pas sur cette demande de rituel qu’il convenait de s’appuyer pour récuser l’euthanasie elle-même ? Plutôt que de dire : une décision est prise et je la bénis par un rite humanisant, ne fallait-il pas renverser la proposition ? Puisqu’il y a demande d’un rite spirituel qui manifeste la condition éminemment humaine du malade, ne fallait-il pas considérer comme contradictoire la décision euthanasique qui, dans l’objectivité des gestes, nie cette condition ?

    Mais que faire alors, devant la grande souffrance ? Rien d’autre que s’employer, chacun, à fournir toute l’aide qui permettra au malade de la porter : le médecin, par ses soins consciencieux et attentifs ; la famille et les amis, par leurs marques d’affection. Et le prêtre ? Par le rappel de Celui qui nous a introduits dans la vie spirituelle en acceptant de mourir sur la croix. La Bible possède cette force étonnante de relever le défi de la mort en nous révélant la profondeur proprement divine de la vie qui nous tient ensemble. Et les sacrements (réconciliation, onction des malades, eucharistie…) sont la richesse spirituelle que l’Eglise offre aux croyants par la médiation de ses prêtres.

                                                                                       Xavier Dijon, S.J.

  • Encore une vedette chez le pape François

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    Mais ce n’est certes pas la même chanson. Après le père évêque Gaillot, c’est le père Gilbert qui est invité chez François. Lu sur « aleteia » : 

    gilbert-2.jpg« À l'occasion de ses 50 ans de sacerdoce, le père Guy Gilbert, 80 ans, est invité ce 11 septembre à concélébrer l'Eucharistie aux côtés du Souverain Pontife.  

    Le célèbre curé des loubards, au look de motard et au langage fleuri, célèbre cette année ses 80 ans (12 septembre) et ses 50 ans de sacerdoce. Le 11 septembre prochain, à la chapelle de la Maison Sainte-Marthe, au Vatican, il sera aux côtés du pape François pour célébrer la messe du matin.

    Ces deux combattants de l’amour et de l’espérance se retrouveront ensemble autour de l’Eucharistie qui a transformé leurs vies en une belle aventure de foi. Chacun dans sa vie quotidienne s’attache en effet à souligner l’importance de ce sacrement et sa portée spirituelle.

    Le « curé des loubards » aux côtés du « Pape des périphéries »

    Depuis près de 40 ans, le père Guy Gilbert est le confident, l’ami et le porte-parole par excellence des jeunes en grande difficulté ou tombés dans la délinquance. Il est de ceux qui n’ont pas attendu que le pape François le leur demande pour « sortir d’eux-mêmes », afin de « se laisser imprégner de l’odeur de leurs brebis » et d’aller porter le Christ aux « périphéries de l’Église ».

    En France, tout le monde connaît le « curé des loubards ». Comme le rappelle Vatican Insider, le prêtre français était très estimé par Jean Paul II qu’il a rencontré à plusieurs reprises, ainsi que par Benoît XVI. Il faisait également partie de la suite de Nicolas Sarkozy au cours de sa première visite officielle au Vatican, en décembre 2007. C’est la première fois que le père Gilbert célèbrera une messe avec le pape François mais pas la première fois qu’il le rencontrera, après déjà de brèves salutations en marge d’une audience générale place Saint-Pierre.

    Deux mains tendues du Christ vers les plus pauvres

    Sa vocation, Guy Gilbert l’a reçue comme une « révélation fulgurante » : en accueillant un enfant de 12 ans qui s’était réfugié chez lui, incapable de parler pendant un an à la suite de maltraitance parentale. Pour lui, c’était une évidence : les gosses de la rue ont besoin de quelqu’un. C’est vers eux qu’il ira. Pour tous ces jeunes qui ont perdu l’espérance, il prie chaque jour et leur fait don de tout son temps, de toute son âme, de toute sa foi. En aidant l’homme à reprendre conscience de sa dignité dans un quotidien hostile, il a été la main tendue du Christ vers les plus pauvres tout au long de sa vie.

    « Priez pour moi si vous voulez bien »

    Souvenons-nous de sa participation à la Neuvaine de prière pour la France, clôturée en août dernier, de sa poignante méditation : « Merci de faire ce que le Christ nous a demandé, de prier sans relâche. Prions pour la France… Que les droits de l’homme, l’épanouissement de l’homme soient servis d’abord, avant les schémas politiques égoïstes… Prions pour Vincent Lambert… Prions pour que l’euthanasie ne soit pas une loi nouvelle en France… qu’on adoucisse la mort, qu’on adoucisse la souffrance, mais qu’on ne tue pas… Et priez pour moi si vous voulez bien… Merci… J’en ai besoin puisque toutes mes journées sont faites souvent de cris de haine, de cris de gens qui en ont marre de vivre, notamment de jeunes. Prions pour que le Seigneur leur donne l’espérance… ».

    À 80 ans, le curé des loubards vient de lancer un nouveau pari sur l’avenir de tous ces jeunes en détresse : même si le décrochage scolaire ou la déscolarisation sont aujourd’hui courants chez les jeunes les plus fragiles, il est impensable pour le père Gilbert que ce phénomène d’échec reste sans réponse. Pour lui, « personne n’est perdu, personne n’est irrécupérable ». Il est donc en train de monter une « école des loubards » à sa Bergerie de Faucon, fondée il y a plus de 30 ans.

    Ref. Guy Gilbert, le « curé des loubards », va célébrer une messe avec François

    JPSC

  • Le pape François va réformer la reconnaissance des nullités de mariage

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    55edd2e135709767898dc5fa.jpgOn l’oubliait un peu, mais bien à tort : un synode n’est jamais qu’un organe consultatif. Le pape François n'a d’ailleurs pas attendu les recommandations de son assemblée d’octobre prochain pour décider d’assouplir la procédure de reconnaissance de nullité d'un mariage sacramentel.

    Il prive peut-être ainsi ce synode d’une échappatoire pour éluder l'autre débat: celui de la dissolution canonique d'un premier mariage suivi du remariage religieux de divorcés civilement remariés. Lu dans « La Libre » de ce jour :

    « Le pape François doit rendre publiques mardi deux lettres visant à simplifier la procédure de reconnaissance de nullité d'un mariage, a annoncé lundi le Vatican, à un mois du synode des évêques sur la famille.

    A l'été 2014, le pape avait créé une commission chargée de travailler sur cette réforme, tout en sauvegardant le principe de l'indissolubilité du sacrement du mariage.

    Reconnaître la nullité d'un mariage revient à dire qu'en raison d'un vice au départ, le sacrement n'a jamais eu lieu. Cela permet aux anciens époux de se remarier religieusement, alors que l'Eglise refuse le divorce et considère un remariage civil comme une infidélité au véritable conjoint.

    Les deux lettres - l'une pour le Code de droit canon et l'autre pour le Code des canons des Eglises orientales - devraient simplifier des procédures jusqu'alors longues, chères et compliquées.

    En janvier, Jorge Bergoglio avait confié que ce parcours était "souvent perçu comme long et fatigant". Il a aussi plusieurs fois exprimé le souhait que la procédure soit gratuite.

    Deux solutions ont particulièrement été évoquées: la réduction à un seul jugement au lieu de deux et la mise en place d'un recours administratif sous la responsabilité d'un évêque.

    De plus, le manque de foi des époux pourrait davantage être pris en compte parmi les motifs de nullité. Les fiancés passent en effet souvent devant un prêtre sous la pression sociale, sans se rendre compte que le sacrement qu'ils reçoivent est un engagement pour la vie. »

    Ref. Le pape va simplifier la procédure de reconnaissance des nullités de mariage

     JPSC

  • Mgr Rey : «La peur de l'islamisation de l'Europe marque un déficit d'identité des chrétiens»

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    Interview sur Figarovox :

    Mgr-Rey-bis.jpgFIGAROVOX: Vous êtes le premier et le seul évêque français à vous être rendu en Syrie, aux côtés des Chrétiens persécutés. Qu'avez-vous vu là-bas? 

    MONSEIGNEUR REY: J'ai été accueilli en Syrie par le patriarche grec catholique Grégoire III du 22 au 26 août. Nous avons visité un certain nombre de sites où se trouvent les communautés chrétiennes. L'impression de base que m'a donné ce pays, c'est celle d'un double martyre: martyre de la pierre, martyre de la chair. Martyre de la pierre avec ces quartiers (chrétiens et musulmans) saccagés, ces rues impraticables, ces églises détruites… Martyre de la chair surtout, avec ces milliers de drames humains, de persécutions explicites, d'exodes forcés, de familles ayant vu les leurs massacrés sous leurs yeux.

    On a la vision d'un pays en ruines, sans avenir, d'une terre de désolation, qu'il faut fuir. Beaucoup de gens là-bas m'ont dit «aidez-moi à partir», même si les responsables religieux appellent à rester sur place. Parmi les chrétiens, certains, dont le martyre particulier s'ajoute au drame commun, ont décidé de rester, faisant preuve d'une résistance morale et spirituelle exemplaire. 

    S'il y a plus d'un an que l'exode des Syriens a commencé, le choc des photos a mobilisé le monde entier autour d'un enfant mort noyé. Que vous inspirent ces terribles images? L'émotion est-elle un piège ou au contraire un catalyseur nécessaire à l'action? 

    Ces images violentes et crues nous obligent à sortir de notre léthargie. Nous ne pouvons plus rester dans l'inaction, dans une inertie confortable qui nous tient lieu de politique depuis des mois. Notre stratégie ne peut se réduire à mettre en place des barbelés et multiplier les contrôles aux frontières! L'urgence humanitaire exige de mobiliser notre compassion mais aussi notre détermination dans l'action. Il y a un point d'équilibre à trouver, où le coeur et la raison doivent parler de concert. Le coeur doit nous engager à répondre à l'urgence humanitaire. La raison nous oblige à trouver des solutions de long terme. Notre devoir moral, surtout en tant que chrétiens, est d'accueillir toutes les personnes en souffrance, en particulier nos frères chrétiens, dont certains ont fui la persécution. Le pape François nous y invite avec force.

    Les frontières territoriales doivent rester essentielles pour protéger l'identité d'un pays. Les flux doivent être régulés. On ne peut pas accueillir dans n'importe quelles conditions. Nous ne voulons pas d'une globalisation brouillonne qui gommerait les identités. Il faut accompagner les nouveaux venus sur le chemin de l'intégration culturelle et sociale, afin qu'ils puissent intérioriser et enrichir aussi l'identité du pays qui les accueille.

    Que dites-vous à ceux qui agitent le spectre d'une «invasion» et craignent pour l'identité chrétienne de l'Europe?

    Que nous le voulions ou non, nous sommes dans un monde globalisé et ouvert. Nous ne pourrons pas empêcher l'arrivée de réfugiés et les brassages de population qui relèvent de facteurs économiques, géopolitiques, écologiques et religieux très complexes. Ces mouvements démographiques doivent être encadrés par une vraie politique migratoire. Par ailleurs l'altérité due à l'arrivée de personnes issues d'autres univers culturels interroge notre propre identité, et nous engage à nous réapproprier notre héritage national, marqué en Europe par ses racines judéo-chrétiennes. 

    Certains s'inquiètent d'une islamisation de la France, qui serait accélérée par la venue de ces nouveaux migrants. Tout en éradiquant les groupes islamistes fondamentalistes et le trafic d'êtres humains, il faut absolument mettre en oeuvre une culture du dialogue, qui favorise un modus vivendi avec les communautés d'origine musulmane. Il faut aussi déployer une démarche pastorale, qui conjugue accueil et annonce. Pour sortir ou de la confrontation belliqueuse, ou au contraire, de l'indifférence, nous nous devons comme chrétiens, de construire des liens humains de proximité et de solidarité pour que notre société ne devienne pas une nouvelle tour de Babel individualiste, fracturée entre communautés qui ne communiquent plus entre elles.

    Face à cette peur de l'islamisation de l'Europe, je constate souvent un déficit d'identité des chrétiens, ils ne doivent pas craindre d'affirmer avec conviction le témoignage de leur foi en Jésus-Christ, même auprès des musulmans. C'est une leçon que j'ai retenue de mon séjour en Syrie.

    Une conférence de l'ONU sur les minorités persécutées par l'Etat islamique se tient le 8 septembre à Paris. Qu'attendez-vous de la communauté internationale?

    J'attends beaucoup de cette conférence. La France et les grandes puissances doivent former une coalition internationale pour garantir durablement la paix. Le statu quo en Syrie et en Irak n'est plus tenable. La paix est la seule solution pour maintenir les populations sur place. 

    Mgr Rey : «La peur de l'islamisation de l'Europe marque un déficit d'identité des chrétiens»

    JPSC

  • La vérité sur les persécutions des chrétiens dans l'Empire romain

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    Lu sur eecho.fr :

    ANTIQUITÉ CHRÉTIENNE : LE TESTAMENT DE MARIA SORDI

    Par Marion Duvauchel, Professeur de lettres et de philosophie, diplômée en anthropologie

    À propos de : Marta Sordi, Les chrétiens et l’Empire romain, éd. Certamen, avril 2015, 228 pages, 23 euros

    Deux thèses majeures organisent ce que nous savons des trois premiers siècles de l’histoire du christianisme romain : la plus ancienne de ces thèses fait de cette période un temps de persécution continue, la plus récente tend au contraire à minimiser ces persécutions. Dés la préface de son ouvrage, Les chrétiens et l’empire romain, traduit et édité par les éditions Certamen, Marta Sordi donne le ton. Dans les deux cas il s’agit selon l’auteur de « généralisations abusives ». Et elle l’établit.

    S’il ne s’agissait que d’une magistrale leçon d’histoire destinée à faire découvrir ou redécouvrir tout un pan d’histoire antique ce livre serait déjà fort précieux. D’autant que cette leçon d’histoire se double d’une analyse historiographique détaillée des rapports entre le pouvoir impérial et le christianisme, rapports bien plus complexes que ce que le martyrologe et l’hagiographie – sans mépris aucun – répercutent.

    Persécution politique ou persécution religieuse ?

    Mais c’est une thèse, formulée d’emblée dans la préface, qui constitue le ressort de cet ouvrage : « le conflit entre Rome et le christianisme n’était pas un conflit politique mais un conflit de type religieux ». Dans leurs racines les plus profondes, les persécutions contre les chrétiens ont été des persécutions de type religieux, et non politique.

    Philosophiquement, la frontière est ténue. Mais historiquement elle devient palpable et prend consistance à travers l’analyse de la situation juridique du christianisme de Claude à Constantin, situation qui représente l’une des clés d’interprétation pour comprendre la nature de la persécution des chrétiens tout au long de cette alternance de périodes de violences et de tolérance, d’hostilité ou de bienveillance, de haine ou de sympathie.

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  • Quand le pape autorise les prêtres à pardonner l'avortement

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    Lu sur le nouvelobs.com :

    Le Pape demande aux prêtres de pardonner l'avortement : il n'en minimise pas la gravité

    Par Abbé Grosjean, Curé

    LE PLUS. À l'occasion du jubilé de la Miséricorde qui débutera en décembre, le Pape François a voulu étendre aux prêtres du monde entier la faculté de pouvoir pardonner l'avortement aux couples qui expriment leur repentir. Une révolution ? Pas vraiment, mais plutôt un geste fort qui se veut un appel, comme nous explique l'Abbé Grosjean, Curé de Saint-Cyr l'École.

    Édité par Louise Pothier 

    À l’occasion du Jubilé de la Miséricorde – une année pour redécouvrir le pardon de Dieu – le Pape a étendu aux prêtres du monde entier la faculté de pardonner le péché d’avortement. Dans le droit de l’Église, l’absolution de ce péché est normalement réservée aux évêques, même si, en France, beaucoup d’entre eux ont déjà transmis aux prêtres de leur diocèse la faculté de la donner.

    Le pardon de Dieu est libérateur

    Le Pape avait déjà dit qu’il considérait l’Eglise comme "un hôpital de campagne" qui soigne les cœurs blessés. Il explique avoir "rencontré de nombreuses femmes qui portaient dans leur cœur la cicatrice de ce choix difficile et douloureux" de l’avortement. Le Pape veut pour elles, mais aussi pour tous ceux qui ont pu participer à un avortement (le conjoint, les médecins, le personnel soignant…) rendre plus accessible le pardon, dont beaucoup ont besoin pour se reconstruire et avancer.

    Je suis moi-même marqué de recevoir des femmes ou des couples qui portent parfois depuis plusieurs années une vraie souffrance intérieure, une vraie blessure, suite à un avortement.

    Beaucoup de ces femmes, comme le rappelle le Pape, se sont retrouvées dans des situations des détresse ou d’isolement, et se sont résolues à poser cet acte à contre-cœur. Beaucoup ne voyaient pas comment faire autrement. L’Eglise veut leur témoigner cette bienveillance inconditionnelle, et les aider à se libérer de leur culpabilité. Elles doivent se sentir accueillies et non jugées ni condamnées.

    Ce pardon de Dieu aide à se pardonner à soi-même, il est libérant.

    Le Pape ne minimise pas la gravité de l’acte

    Ce geste du Pape ne change rien à la doctrine. Le Pape ne minimise pas la gravité de l’avortement. Il le considère toujours comme "l’un des graves problèmes de notre temps" et un "drame existentiel et moral".

    D’ailleurs, pour recevoir le pardon, il faut regretter son acte et le reconnaître en vérité. Mais l’Église veut toujours concilier cette vérité exigeante et une miséricorde, une bienveillance toute aussi grande. L’Église condamne un acte grave, qui touche à la vie de l’enfant à naître et qui blesse profondément la femme qui le subit.

    Mais l’Église ne condamnera jamais la personne. On ne réduit jamais quelqu’un à ses actes. Voilà pourquoi le pardon est toujours possible ! On vaut toujours plus que ce qu’on a fait. Le Pape François est vraiment dans le même esprit que ses prédécesseurs, en particulier de Jean-Paul II qui a beaucoup défendu le droit à la vie.

    Une souffrance trop souvent tue

    On ne parle guère de la souffrance que les femmes peuvent porter– souvent seules – après une IVG. Le confessionnal est un lieu où certaines peuvent reconnaître leur blessure et déposer leur souffrance, car elles savent que l’Église, tout en les aidant à mettre les mots en vérité sur ce qu’elles ont vécu, ne va pas les juger ni les condamner, mais les aider à se relever.

    Ces femmes qui souffrent n’ont pas besoin d’entendre que "ce n’est pas grave", elles veulent pouvoir vivre l’expérience du pardon, et une vraie réconciliation, avec elle même, avec l’enfant qui n’a pu être accueilli, avec leurs proches éventuellement, avec Dieu qui n’a jamais cessé de les aimer.

    L’Église est comme une mère

    Même si ce geste n’est pas "révolutionnaire" puisque ce péché était déjà bien sûr pardonnable et pardonné, j’espère qu’il fera comprendre au plus grand nombre la beauté du pardon, et la libération qu’il apporte aux cœurs éprouvés.  

    Pour eux, pour chacun de nous, l’Église est comme une mère : exigeante – elle veut nous faire grandir – et bienveillante – elle nous accompagne, et nous manifeste l’amour inconditionnel de Dieu. Les blessures du cœur sont à la fois les plus cachées et les plus lourdes à porter.

    Mais comme l’écrit Saint Jean : "Si ton cœur te condamne, sache que Dieu est plus grand que ton cœur."

     Propos recueillis par Louise Pothier.

  • Crise des migrants : pourquoi les Syriens ne se réfugient pas dans les pays du Golfe

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    Lu sur le site « aleteia » cette interview publiée par « Atlantico » :

    Face à l'Eldorado européen accueillant, l'Arabie saoudite et ses voisins présentent un visage violent et hostile à tout migrant, susceptible d'introduire avec lui des idées subversives et indésirables pour la stabilité de ces régimes.  Entretien avec Roland Lombardi, consultant indépendant, analyste chez JFC-Conseil et spécialiste des relations internationales, particulièrement de la région du Maghreb et du Moyen-Orient, ainsi que des problématiques de géopolitique, de sécurité et de défense.

    Moyen-Orient-carte-du-Moyen-Orient-Israel-Liban-Syrie-Jordanie-Iran-Iraq-Koweit-Barhain-Quatar-Oman-Arabie-Saoudite-Emirat-Arabe-Oman-Yemen-2 (1).jpgAtlantico : La crise des migrants que traverse l’Europe concerne en grande partie des populations venues de Syrie et d’Afghanistan. Les Syriens notamment prennent la route des Balkans après être passés par la Turquie. Pourtant, les pays du Golfe sont géographiquement bien plus proches. Comment expliquer ce choix ?


    Roland Lombardi : Tout d’abord, je tiens à apporter quelques précisions : dans la grave crise actuelle qui frappe l’Europe, il est vrai que les migrants syriens sont les plus nombreux. Viennent ensuite les Érythréens, puis les Somaliens, suivis des Afghans et des migrants de l’Afrique subsaharienne.

    Notons au passage que ces derniers, avec les Érythréens et les Somaliens, avaient il y a quelques années comme principales destinations la Libye, Israël et le Liban. Aujourd’hui, la Libye est dans le chaos, Israël a durci sa politique migratoire et le Liban est « saturé » et sous tension. C’est la raison pour laquelle ils se tournent à présent vers l’Europe.

    Ensuite, si ces derniers jours les médias occidentaux se focalisent sur ces arrivées massives de pauvres hères majoritairement syriens, irakiens et afghans dans les Balkans, il ne faut surtout pas oublier que le Sud de l’Italie et de l’Espagne connaissent, eux aussi, la même pression migratoire, tout aussi impressionnante et dramatique.

    Plus de 100 000 migrants sont arrivés clandestinement en Europe depuis le début de l’année 2015. Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), basée à Genève, environ 1 770 hommes, femmes et enfants sont morts ou ont disparus en tentant la traversée de la Méditerranée depuis janvier. Soit 52% du nombre total de morts sur l’année 2014, et, d’après les données du HCR citées par Frontex, 3 400 migrants ont perdu la vie ou ont disparu en Méditerranée au cours de l’année 2014. Pour la seule période allant de juillet jusqu’à la fin de l’année, le chiffre s’élève à 2 800 personnes.

    Alors pourquoi, comme le suggère votre question, tous ces malheureux, en grande majorité de confession musulmane, choisissent l’Europe plutôt que les États du Golfe ? Car, paradoxalement, malgré la proximité des cultures et des frontières entre les lieux de crises (Syrie et Irak) et les émirats, il est plus « facile » et surtout plus attirant de rejoindre l’Europe que les pétromonarchies du Golfe.

    Même si dans la réalité tout est bien relatif, l’Europe est toujours considérée comme un Eldorado, un pays de Cocagne. Un havre de prospérité, de sécurité et de paix. Les politiques migratoires laxistes de l’Union européenne depuis des années, les différentes aides sociales et médicales accordées aux réfugiés (certes disparates d’un État de l’Union à l’autre) le manque d’accord, de cohésion et de coordination dans la gestion de cette crise sans précédent, et enfin les dernières hésitations et le désarroi des responsables européens, complètement dépassés par les événements, n’ont fait qu’aggraver la situation.

    Certaines déclarations officielles, parfois irresponsables et déconnectées des réalités, ignorant les craintes légitimes des autochtones, les tensions internes naissantes et surtout les graves problèmes futurs de cohésions nationales au sein de l’Union, ne font qu’augmenter « les effets d’appel » aux conséquences catastrophiques. L’Allemagne, au mépris de l’avis de ses partenaires, frileux comme la France ou carrément hostiles comme la Hongrie, s’est même déclarée prête à accueillir près de 800 000 réfugiés… Lire la suite sur Atlantico

     Ref. Crise des migrants : pourquoi les Syriens ne se réfugient pas dans les pays du Golfe 

    JPSC

  • Mgr Melki, un évêque syriaque catholique martyrisé en haine de la foi, a été béatifié

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    Lu sur eecho.fr :

    BÉATIFICATION D’UN ÉVÊQUE SYRIAQUE-CATHOLIQUE MARTYR DE 1915

    Un siècle jour pour jour après avoir été tué en haine de la foi lors du génocide de 1915, Mgr Flavien Michel Melki, évêque syriaque-catholique, a été béatifié au Liban le 29 août 2015.

    Prêtre, Mgr Melki a vu son église saccagée et brûlée durant les massacres de 1895, et sa mère assassinée. Il est alors nommé évêque de Mardin et Gazarta, l’actuelle Cizre dans le sud-est de la Turquie.

    En 1915, lors du génocide des Arméniens, des Assyro-chaldéens, des Grecs et autres chrétiens à l’initiative des autorités ottomanes, il est arrêté le 28 août aux côtés de l’évêque chaldéen Jacques Abraham, et les deux religieux sont exhortés à se convertir à l’islam. Ils refusent : Mgr Abraham est tué d’un coup de fusil tandis que Mgr Melki est frappé jusqu’à ce qu’il perde connaissance, avant d’être décapité. Durant son emprisonnement, il avait refusé de se convertir à l’islam et encourageait ses co-détenus à résister spirituellement. Son corps jeté dans le fleuve Tigre.

  • Syrie : Poutine, dernier rempart contre Daesch ?

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    Alors que la Syrie s’enfonce dans la confusion, le gouvernement de Vladimir Poutine se présente comme le dernier rempart contre Daesh. De Sylvain Dorient sur le site « Aleteia » : 

    Le conflit syrien dure depuis quatre ans, aggravant chaque jour la situation d’une population dont la moitié a déjà fui le pays. Les divers groupes rebelles opposés à Bachar el-Assad, se combattent régulièrement entre eux (Aleteia), simplifiant singulièrement la tâche d’une armée syrienne exsangue.

    Outre l’autoproclamé État islamique (EI), des forces comme le Front Al-Nosra bénéficient de soutiens internationaux puissants, qui entretiennent le conflit. L’un de nos confrères syriens, journaliste de l’édition Aleteia en langue arabe, confie : « Cette guerre ne pourra pas être résolue par les seuls Syriens, elle ne sera gagnée par l’un ou l’autre des camps, que s’il est massivement soutenu par des forces étrangères ».

    Des groupes terroristes milliardaires

    Or, l’armée arabe syrienne de Bachar el-Assad, donnée pour morte en 2012, s’est révélée plus résistante que prévu devant les assauts de l’Armée syrienne libre dans un premier temps, puis face aux groupes islamistes radicaux comme Al-Nosra, filiale d’Al-Qaïda, ou encore l’État islamique. Tous ces groupes ont bénéficié de soutiens officiels ou officieux considérables. Les chrétiens d’Alep, la ville syrienne assiégée, constatent que les rebelles disposent de moyens en artillerie qui semblent illimités (Aleteia).

    Malgré tout, la dispersion des groupes rebelles et la résistance du triptyque – armée arabe syrienne, milices pro-gouvernementales et Hezbollah – les ont jusqu’à présent privés de la victoire. De plus, la folie destructrice de l’organisation État islamique fédère contre elle de nouvelles forces, et en premier lieu « l’Ours russe » qui s’était bien gardé d’intervenir militairement jusqu’à présent.

    Bruit de bottes

    À plusieurs reprises cet été, une rumeur a prétendu que des avions et des pilotes russes étaient venus renforcer l’Armée arabe syrienne. D’abord démentie par le Kremlin, l’information peut être sérieusement étayée par des éléments incontestables, comme le passage du détroit du Bosphore par le Nikolai Filchenkov, navire de transport russe, manifestement chargé de matériel militaire (comme le rapporte le site d’informations américain le Daily Beast).

    Mais l’élément le plus déterminant qui plaide en faveur d’une action plus directe de la Russie en Syrie, c’est qu’elle est confortée par le silence de la diplomatie des États-Unis. Il n’y a plus d’appel à « renverser Assad », et le ton général serait plutôt de lutter en priorité contre l’État islamique.

    Poutine « défenseur des chrétiens d’Orient »

    Alors que la France a une tradition de la défense des chrétiens d’Orient qui remonte à l’époque Louis IX, c’est à présent Vladimir Poutine qui endosse ce rôle aux yeux des chrétiens de Syrie, malmenés, qui espèrent désormais une victoire d’el-Assad. Ils se réjouiraient donc d’une intervention militaire russe. Mais elle pourrait avoir des implications redoutables pour l’équilibre de la région. Israël notamment ne verrait pas d’un bon œil l’arrivée d’avions de chasse modernes, susceptibles de lui interdire l’accès au ciel syrien.

    Ref. La Russie à la manœuvre en Syrie

     JPSC

  • Au ralenti

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    Belgicatho fonctionnera au ralenti durant les quinze prochains jours et ne reprendra son activité habituelle que le 21 septembre.

  • Abbé Fabrice Loiseau : « Gare aux récupérateurs de la miséricorde ! »

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    De « Famille  chrétienne » :

    l-abbe-fabrice-loiseau-et-les-missionnaires-de-la-misericorde-divine_article.jpg« Les Missionnaires de la miséricorde divine entendent vivre de la spiritualité de sainte Faustine. Entretien avec l’abbé Fabrice Loiseau, fondateur de cette société de prêtres installée à Toulon qui fêtera le 13 septembre ses 10 ans.

    Pourquoi le prêtre est-il par excellence le missionnaire de la miséricorde ?

    Le Christ est venu dans le monde pour sauver tous les pécheurs. Faire miséricorde. Le prêtre étant un alter Christi, identifié à Jésus-Christ pasteur, la première forme de sa pastorale doit être d’offrir ce salut, cette miséricorde, aux pécheurs. Il est d’abord là pour ça et n’est pas un animateur social, un psychologue ou une aide humanitaire ! L’identité sacerdotale se fonde sur la miséricorde. Le prêtre n’est prêtre que pour vivre et annoncer cette miséricorde. C’est dans son être, inscrit dans son âme.

    Comment, concrètement, le prêtre témoigne-t-il de la miséricorde ?

    Le prêtre est l’homme de la miséricorde d’abord à travers les sacrements qui, tous, jaillissent du cœur de Jésus miséricordieux. L’Eucharistie est la première des miséricordes puisqu’elle est la présence du Christ, la vie de Jésus dans les âmes. Et tous les sacrements, du baptême jusqu’au sacrement des malades – miséricorde pour ceux qui souffrent dans leur corps et dans leur âme – en passant bien évidemment par le sacrement du pardon.

    Homme de la miséricorde, le prêtre doit l’être aussi dans le kérygme. C’est le thème essentiel de son annonce. Car il n’est pas là pour faire de la morale ! Au centre de la mission, voilà ce qu’il doit dire essentiellement : « Le Seigneur vous aime et, dès aujourd’hui, vous pouvez connaître le salut en regrettant vos péchés et en vivant de la miséricorde de Dieu ».

    Je crois que c’est aussi liturgiquement que le prêtre doit mettre l’accent sur la miséricorde. Chez nous, la fête de la divine miséricorde, le dimanche après Pâques, est particulièrement solennisée. C’est une proclamation liturgique de l’amour du Christ pour l’humanité.

    Ne trouvez-vous pas que le dimanche de la divine miséricorde est encore peu fêté dans l’Église catholique ?

    Règne en effet une terrible inertie autour de cette grande fête. Je n’ai jamais rencontré un seul prêtre qui soit contre. Mais beaucoup n’y voient pas d’intérêt puisque, disent-ils, on a déjà la solennité du Sacré Cœur ou celle de la petite Thérèse ! C’est pourtant un enjeu énorme et un engagement fort de Jean-Paul II qui l’a instituée pour l’Église universelle. La clé de son pontificat. Que sainte Faustine soit la première sainte de l’an 2000 et du nouveau millénaire n’est pas anodin.

    Quelle différence établir entre la spiritualité de la miséricorde divine et celle du Sacré Cœur ?

    Les deux se complètent, puisque le Sacré Cœur est la source de la miséricorde. La miséricorde insiste cependant plus sur le salut de l’homme pécheur. L’histoire du salut est d’ailleurs l’histoire de la miséricorde qui s’est penchée sur l’humanité blessée par le péché. On pourrait dire, pour simplifier, que le Sacré Cœur, c’est l’amour pour tous les hommes et la miséricorde, l’amour pour l’homme qui est dans la misère. Pas mal pour une époque accablée par le péché !

    « Plus peut-être que celle de l’homme d’autrefois, la mentalité contemporaine semble s’opposer au Dieu de miséricorde », écrivait Jean-Paul II dans son encyclique Dives in misericordia. Pourquoi ?

    Ils ont toujours existé et existeront jusqu’à la fin des temps, les mauvais empereurs, les mauvais rois, les mauvais chrétiens ou les mauvais prélats. L’homme est pécheur : rien de nouveau sous le soleil. Mais aujourd’hui, le péché est devenu institutionnel. La société n’est plus seulement tentatrice, mais créatrice de lois qui sont autant de péchés. C’est ce que Jean-Paul II appelle la « culture de mort », faite de structures de péchés qui enferment les hommes dans des structures de désespoir. La miséricorde en est l’antidote, le seul. Le « pouvoir qui pose une limite au mal » disait le saint pape dans Mémoire et identité.

    Ou « l’ultime planche de salut pour l’humanité » disait Jésus à sainte Faustine…

    Rien de moins ! Le recours à la miséricorde n’est pas une « dévotionnette », mais bien le dernier espoir de l’humanité. La spiritualité du IIIe millénaire comme l’annonçait là encore Jean-Paul II. J’y perçois une très forte dimension eschatologique. Une question de vie ou de mort. Car, le drame de l’humanité, finalement, est d’accepter d’être aimée par Dieu. Ou pas. L’enjeu de la fin des temps est de redonner à l’homme l’amour de Dieu qui redonne vie. Or, plus que toute autre spiritualité, la miséricorde est ce Dieu qui vient chercher l’homme pécheur. Ce n’est pas seulement un amour qui pardonne, mais un amour qui ressuscite.

    La miséricorde est un enjeu majeur. Y compris pour le diable qui semble s’acharner à vouloir la déformer…

    Gare aux récupérateurs de la miséricorde ! Le diable veut la travestir. L’écraser sous le poids du mal. En faire une vulgaire « bonasserie ». La défigurer pour qu’elle ne soit plus le pardon de Dieu pour l’homme pécheur qui se convertit et reprend confiance dans la bonté de Dieu, mais une certaine reconnaissance du mal. Une espèce d’autojustification par rapport à Dieu. Or, si l’homme ne se considère plus pécheur, en quoi aurait-il encore besoin de la miséricorde ? « Pas de miséricorde sans justice et vérité » martèle le pape François. La miséricorde de Dieu ne peut se déverser dans le cœur que si l’homme reconnaît, confesse, la gravité de son péché dans une démarche de vérité.

    Comment tenir ensemble miséricorde et appel à la conversion ?

    Accueillir le pécheur avec bonté, patience et psychologie ne signifie en rien l’installer dans sa situation de pécheur ni devenir complice de son péché. Chrétiens ou non, les gens le sentent. Je le vois sur les plages, par exemple, quand je vais à la rencontre des estivants. Beaucoup ne savent pas qu’ils sont malheureux parce qu’ils sont pécheurs. Parce qu’ils vivent dans des situations qui les éloignent de Dieu. Mettre le doigt sur ce qui les fait souffrir, sur ce qui les blesse, peut leur être d’un grand secours. Invoquer l’amour de Jésus en passant à la trappe son appel à la conversion relève plus du péché contre l’Esprit Saint que de la miséricorde divine. C’est un blasphème. N’oublions jamais cela, surtout quand l’on va au-devant de nos frères musulmans.

    L’évangélisation des musulmans est un charisme de votre communauté… Pourquoi ?

    Pour nous, aller au-devant de nos frères musulmans, y compris des salafistes aux tendances les plus dures, cela fait partie de la miséricorde. Celle-ci est d’ailleurs le point d’accroche avec eux. On peut leur dire : « tu es un vrai frère car la miséricorde est un thème capital pour toi ». Certes, pour les musulmans, Allah fait miséricorde à qui il veut et il la retire à qui il veut. Dans le Coran, la miséricorde est donc liée à une volonté divine arbitraire. Mais l’idée est là et permet d’établir une relation, de nouer le dialogue avec eux. Puis de leur annoncer l’Évangile car le dialogue interreligieux ne peut remplacer l’annonce du Christ miséricordieux.

    Réf. Abbé Fabrice Loiseau : « Gare aux récupérateurs de la miséricorde ! »

    JPSC