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Ma sœur Anne
Cette église que vous accusez d’être le fief d’hommes abuseurs, ivres de leur pouvoir, ne voyez-vous pas que son cœur nucléaire est celui d’une Femme ?
Je viens vous annoncer une heureuse nouvelle, je viens vous chanter mon magnificat, mes pas à l’ombre de ses pas, dans l’élan de celui de Marie… Vous parlez d’enthousiasme, oh quel mot païen, moi je vous parle d’exultation. Oui, mon âme exulte le Seigneur dans une respiration d’amour enveloppant mon corps, toute ma féminité qui, par Lui, et par Lui Seul, ressuscita le 7 avril 2012 en l’Eglise catholique et universelle, dans la nuit de la Vigile Pascale.
En cette Nuit, je suis née sujet, libérée des masques éclatés d’une féminité codée que la civilisation du progrès m’avait fait endosser. Libérée des fragments d’un miroir où je m’étais vidée de mon âme. Morcelée dans le désir des hommes. Anne, je ne suis pas née avec une Hostie dans la bouche et mon lait fut amer… amer d’illusions crevées aux paradoxes d’une République vantant l’égalité pour occulter son rêve uniforme. Uniformité de l’Homme et de la femme, labellisés conformes.
Auparavant, juste avant le seuil, j’étais reine, reine des nuits blanches mais reine de pacotille, sacrée princesse d’un soir ou pour la vie au gré des caprices de mes amants éconduits ou chéris. L’amour charnel était mon artifice, mon arme, ma vocation par défaut d’être. Je revendiquais mes errances ou mes papillonnages comme liberté. Inaliénable. Mon corps m’appartenait, Je me rêvais génération spontanée. Enfin je l e croyais... Mais cette liberté toute relative était fracture de l’unité native, une soumission aux dogmes des marchands stérilisant le cœur et l’âme, séparant la sexualité de l’amour, arrachant le corps à son éternité glorieuse l’auréolant comme une promesse.
C’est au sein de l’Eglise que Le Seigneur me couronna de Son Amour indéfectible. Cette église que vous accusez d’être le fief d’hommes abuseurs, ivres de leur pouvoir, ne voyez-vous pas que son cœur nucléaire est celui d’une Femme ? Au commencement battait ce cœur. Et en ce cœur, le Cœur de Dieu. Il prit Chair de sa chair. De la chair de son cœur. Pour nous rejoindre, nous les femmes, nous les hommes, sous l’hymen inviolé, au sanctuaire de notre conception.
Oui, Anne, les apôtres sont des hommes… on ne peut rien y faire, vous et moi, c’est ainsi… appelés un à un, nommés un à un par le Seigneur … Et ils se dressent ou ils s’écroulent encore, les évêques d’aujourd’hui, colonnes d’argile ou de feu de l’Eglise en marche sillonnant l’Histoire. A la sainte Cène, ce sont toujours des hommes que Jésus institua au sacerdoce pour consacrer l’Unique Sacrifice de Son Corps offert pour le Salut du monde. Les prêtres perpétuent cette Promesse. Nouvelle et éternelle. Oui, Jésus l’a voulu, c’est ainsi.
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