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  • "Le jésuite ne doit avoir peur de rien"; la rencontre du pape avec les jésuites de Belgique

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    D'Antonio Spadaro s.J. sur la Civilta cattolica :

    « NE CRAIGNEZ RIEN » Le pape François rencontre les jésuites en Belgique

    « NE CRAIGNEZ RIEN » Le pape François rencontre les jésuites en Belgique
     
    8 octobre 2024

    Dans l’après-midi du samedi 28 septembre, le pape François a quitté le campus de l’Université catholique de Louvain pour arriver, vers 18 h 15, au Collège Saint-Michel, une école catholique gérée par la Compagnie de Jésus, située à Etterbeek, à Bruxelles. Il y a rencontré environ 150 jésuites de Belgique, du Luxembourg et des Pays-Bas. Ils étaient accompagnés du provincial de la province francophone d’Europe occidentale, le père Thierry Dobbelstein, et du supérieur de la région indépendante des Pays-Bas, le père Marc Desmet. Le cardinal jésuite Michael Czerny, préfet du dicastère pour le développement humain intégral, était également présent. Le Pape a commencé :

    Bonsoir à tous ! Je suis déjà venu deux fois ici et je suis heureux d’être de retour. Je dois vous dire la vérité : j’ai déjà commis un vol ici. J’allais célébrer la messe et j’ai vu un paquet de papiers qui m’a intrigué. Il s’agissait de polycopiés de cours sur le livre de Job. Cette année-là, en Argentine, je devais donner des cours sur Job. J’ai feuilleté les pages et elles m’ont frappé. Finalement, j’ai pris ces notes !

    Pape François, nous sommes très heureux que vous soyez ici en Belgique. Vous êtes le bienvenu. Nous allons vous poser quelques questions, que nous espérons intéressantes et intelligentes. Nous avons ici le provincial de la province francophone d’Europe occidentale et le supérieur de la région indépendante des Pays-Bas. Cette terre est un véritable carrefour, et les jésuites y sont également très différents : certains viennent de la Conférence des Provinciaux jésuites d’Europe, puis il y a des francophones et des Flamands. Vous savez que lorsqu’on visite une communauté jésuite, on n’est jamais confronté à des photocopies ! Ici, ce n’est pas du tout le cas. Et nous parlons aussi des langues différentes. Le 3 mars 2013, une belle aventure d’espérance et de renouveau dans l’Église a commencé. Nous voulons que ce soit un moment informel et convivial. En Hollande, nous avons un mot typique pour cela : « gezellig ». Il est difficile à traduire : il peut être traduit par « convivialité », « atmosphère accueillante » ou même « bonne humeur », selon le contexte. Ici, c’est le mot qui nous convient en ce moment. Et c’est pourquoi nous voulons chanter ensemble la chanson « En todo amar y servir ».

    P. Desmet prend sa guitare et entonne la chanson. Le Pape prononce également les paroles, qu’il connaît bien, sous son souffle. Puis les questions commencent.

    Saint-Père, quelle est la mission spécifique des Jésuites en Belgique ?

    Écoutez, je ne connais pas votre situation, je ne peux donc pas dire quelle devrait être votre mission dans ce contexte spécifique. Mais je peux vous dire une chose : le jésuite ne doit avoir peur de rien. C’est un homme en tension entre deux formes de courage : le courage de chercher Dieu dans la prière et le courage d’aller aux frontières. C’est vraiment la « contemplation » en action. Je pense que c’est vraiment la mission principale des jésuites : s’immerger dans les problèmes du monde et lutter avec Dieu dans la prière. Il y a une belle allocution de St Paul VI aux Jésuites au début de la Congrégation Générale XXXII : au carrefour de situations complexes, il y a toujours un Jésuite, a-t-il dit. Cette allocution est un chef-d’œuvre et dit clairement ce que l’Église attend de la Compagnie. Je vous demande de lire ce texte. Vous y trouverez votre mission[1].

    Je vis à Amsterdam, l’une des villes les plus sécularisées du monde. Le Père Général Adolfo Nicolás a dit un jour qu’il rêvait de donner les Exercices Spirituels à des athées. Dans notre pays, l’athéisme est la norme plutôt que l’exception. Mais nous voulons donner la richesse de notre vie spirituelle à tous nos voisins, vraiment à tous, comme vous le dites : « Todos, todos ». Comment pouvons-nous atteindre ce niveau profond d’inculturation ?

    Nous trouvons la limite de l’inculturation en étudiant les débuts de la Société. Vos maîtres sont le Père Matteo Ricci, le Père Roberto De Nobili et les autres grands missionnaires qui, eux aussi, ont fait peur à certains dans l’Église par leur action courageuse. Ces maîtres nous ont tracé la ligne de démarcation de l’inculturation. L’inculturation de la foi et l’évangélisation de la culture vont toujours de pair. Quelle est donc la limite ? Il n’y a pas de limite fixe ! Il faut la chercher dans le discernement. Et le discernement se fait par la prière. Cela me frappe, et je le répète toujours : dans son dernier discours, le père Arrupe a dit de travailler aux frontières et en même temps de ne jamais oublier la prière. Et la prière jésuite se développe dans des situations limites, difficiles. C’est ce qui est beau dans notre spiritualité : prendre des risques.

    En Europe occidentale, nous connaissons bien la sécularisation. Nos sociétés semblent éloignées de Dieu. Que faire ?

    La sécularisation est un phénomène complexe. Je perçois que nous devons parfois nous confronter à des formes de paganisme. Nous n’avons pas besoin d’une statue d’un dieu païen pour parler de paganisme : l’environnement lui-même, l’air que nous respirons est un dieu païen gazeux ! Nous devons prêcher à cette culture par le témoignage, le service et la foi. Et de l’intérieur, nous devons le faire par la prière. Il n’est pas nécessaire de penser à des choses très sophistiquées. Pensez à saint Paul à Athènes : cela a mal tourné pour lui, parce qu’il a pris un chemin qui n’était pas le sien à l’époque. C’est ainsi que je vois les choses. Nous devons être ouverts, dialoguer et, dans le dialogue, aider avec simplicité. C’est le service qui rend le dialogue fructueux. Malheureusement, je trouve souvent un cléricalisme fort dans l’Église, qui empêche ce dialogue fructueux. Et surtout, là où il y a du cléricalisme, il n’y a pas de service. Et, de grâce, ne confondez jamais évangélisation et prosélytisme !

    La spiritualité et la théologie jésuites accordent une place au cœur : le Verbe s’est fait chair ! Mais souvent, malheureusement, nous ne donnons pas la bonne place au cœur. Cette lacune, à mon avis, est l’une des choses qui produisent ensuite des formes d’abus. Et puis je voudrais vous poser une question sur la difficulté de donner aux femmes une place plus juste et plus adéquate dans l’Église.

    Je répète souvent que l’Église est femme. Je vois des femmes sur le chemin des charismes, et je ne veux pas réduire le discours sur le rôle des femmes dans l’Église à la question du ministère. Ensuite, en général, le machisme et le féminisme sont des logiques de « marché ». En ce moment, j’essaie de plus en plus de faire entrer les femmes au Vatican avec des rôles de plus en plus importants. Et les choses changent : on peut le voir et le sentir. Le vice-gouverneur de l’État est une femme. Le Dicastère pour le développement humain intégral a également une femme comme adjointe. Dans l’« équipe » pour la nomination des évêques, il y a trois femmes, et depuis qu’elles sont là pour sélectionner les candidats, les choses vont beaucoup mieux : elles ont des jugements tranchés. Au Dicastère pour les Religieux, l’adjoint est une femme. L’adjoint du dicastère de l’économie est une femme. Bref, les femmes entrent au Vatican avec des rôles de haute responsabilité : nous continuerons sur cette voie. Les choses fonctionnent mieux qu’avant. J’ai rencontré un jour la présidente Ursula von der Leyen. Nous parlions d’un problème spécifique et je lui ai demandé : « Mais comment gérez-vous ce genre de problème ? Elle m’a répondu : « De la même manière que nous, les mères ». Sa réponse m’a fait beaucoup réfléchir….

    Dans notre société sécularisée, il est difficile de trouver des ministres. Comment voyez-vous l’avenir des communautés paroissiales sans prêtres ?

    La communauté est plus importante que le prêtre. Le prêtre est un serviteur de la communauté. Dans certaines situations que je connais dans diverses parties du monde, on cherche au sein de la communauté quelqu’un qui peut jouer un rôle de leader. Mais, par exemple, il y a aussi des religieuses qui assument cet engagement. Je pense à une congrégation péruvienne de religieuses qui ont une mission spécifique : aller là où il n’y a pas de prêtre. Elles font tout : elles prêchent, elles baptisent… Si finalement un prêtre est envoyé, alors elles vont ailleurs.

    C’est le 600e anniversaire de l’Université de Louvain. Certains jésuites y travaillent et des étudiants jésuites du monde entier y étudient. Quel est votre message pour les jeunes jésuites qui se destinent à l’apostolat intellectuel au service de l’Église et du monde ?

    L’apostolat intellectuel est important et fait partie de notre vocation de jésuites, qui doivent être présents dans le monde académique, dans la recherche et aussi dans la communication. Soyons clairs : lorsque les Congrégations générales de la Compagnie de Jésus disent qu’il faut s’insérer dans la vie des gens et dans l’histoire, cela ne signifie pas « jouer au carnaval », mais s’insérer dans les contextes les plus institutionnels, je dirais, avec une certaine « rigidité », dans le bon sens du terme. Il ne faut pas toujours rechercher l’informalité. Merci pour cette question, car je sais que la tentation est parfois grande de ne pas s’engager dans cette voie. Un champ de réflexion très important est celui de la théologie morale. Dans ce domaine, il y a aujourd’hui beaucoup de jésuites qui étudient, qui ouvrent des voies d’interprétation et qui posent de nouveaux défis. Ce n’est pas facile, je le sais. Mais j’encourage les jésuites à aller de l’avant. Je suis un groupe de jésuites moralistes et je vois qu’ils réussissent très bien. Et puis je recommande les publications ! Les magazines sont très importants : ceux comme Stimmen der ZeitLa Civiltà CattolicaNouvelle Revue Théologique

    Je me demande où en est le processus de canonisation d’Henri De Lubac et de Pedro Arrupe.

    Le dossier d’Arrupe est ouvert. Le problème est la révision de ses écrits : il a beaucoup écrit, et l’analyse de ses textes prend du temps. De Lubac est un grand jésuite ! Je le lis souvent. Mais je ne sais pas si son cas a été introduit. J’en profite pour vous dire que la cause du roi Baudouin sera introduite, et je l’ai fait directement, parce qu’il me semble que nous allons pas dans cette direction ici.

    Je vous pose ma question dans l’idiome de Mafalda. Vous avez un programme très chargé : dès la fin de votre visite en Belgique, le Synode commencera. Vous présiderez une célébration de réconciliation au début. Vous animerez ainsi l’Église et sa mission de réconciliation dans notre monde tourmenté, comme le demande saint Paul aux Corinthiens. Mais la communauté ecclésiale elle-même demande à être réconciliée en son sein pour être ambassadrice de la réconciliation dans le monde. Nous avons nous-mêmes besoin de relations synodales, d’un discernement réconciliateur. Quelles sont les étapes à franchir ?

    La synodalité est très importante. Elle doit être construite non pas de haut en bas, mais de bas en haut. La synodalité n’est pas facile, non, et parfois parce qu’il y a des figures d’autorité qui ne favorisent pas le dialogue. Un curé peut prendre des décisions seul, mais il peut le faire avec son conseil. Un évêque aussi, et le pape aussi. Il est très important de comprendre ce qu’est la synodalité. Paul VI, après le Concile, a créé le Secrétariat du Synode pour les évêques. Les Orientaux n’ont pas perdu la synodalité, c’est nous qui l’avons perdue. Ainsi, à l’instigation de Paul VI, nous sommes allés jusqu’au 50e anniversaire que nous avons célébré. Et maintenant, nous sommes arrivés au Synode sur la synodalité, où les choses seront clarifiées précisément par la méthode synodale. La synodalité dans l’Église est une grâce ! L’autorité se fait dans la synodalité. La réconciliation passe par la synodalité et sa méthode. Et, d’autre part, nous ne pouvons pas vraiment être une Église synodale sans réconciliation.

    Je suis impliqué dans le Service jésuite des réfugiés. Nous suivons deux fortes tensions. La première est la guerre en Ukraine. Nos garçons m’ont donné une lettre et une image de Saint-Georges. L’autre tension est en Méditerranée, où nous voyons beaucoup de politiques parler de frontières, de sécurité. Quels conseils souhaitez-vous donner au Service jésuite des réfugiés et à la Compagnie ?

    Le problème de la migration doit être abordé et bien étudié, et c’est votre tâche. Le migrant doit être accueilli, accompagné, promu et intégré. Aucune de ces quatre actions ne doit manquer, sinon il s’agit d’un problème grave. Un migrant qui n’est pas intégré finit mal, mais aussi la société dans laquelle il se trouve. Pensez, par exemple, à ce qui s’est passé à Zaventem, ici en Belgique : cette tragédie est aussi le résultat d’un manque d’intégration. Et la Bible le dit : la veuve, le pauvre et l’étranger doivent être pris en charge. L’Église doit prendre au sérieux son travail avec les migrants. Je connais le travail d’Open Arms, par exemple. En 2013, je me suis rendu à Lampedusa pour faire la lumière sur le drame de la migration. Mais j’ajouterais une chose qui me tient à cœur et que je répète souvent : l’Europe n’a plus d’enfants, elle vieillit. Elle a besoin de migrants pour se renouveler. C’est devenu une question de survie.

    Saint-Père, quelles sont vos premières impressions sur votre voyage en Belgique et au Luxembourg ?

    Je n’ai passé qu’une journée au Luxembourg et, bien sûr, on ne peut pas comprendre un pays en une journée ! Mais ce fut une bonne expérience pour moi. J’étais déjà allé en Belgique, comme je vous l’ai dit. Mais, à la fin de cette réunion, je vous demande, s’il vous plaît, de ne pas perdre le pouvoir d’évangélisation de ce pays. Derrière la longue histoire chrétienne, il peut y avoir aujourd’hui une certaine atmosphère « païenne », disons. Je ne veux pas être mal compris, mais le risque aujourd’hui est que la culture ici soit un peu païenne. Votre force réside dans les petites communautés catholiques, qui ne sont en aucun cas faibles : je les considère comme des missionnaires, et il faut les aider.

    Le Pape a quitté la salle de réunion après une heure de conversation. Avant de partir, il a récité un « Je vous salue Marie » avec tout le monde et a ensuite donné sa bénédiction. À la fin, il a pris une photo de groupe. Ensuite, au même étage de la salle de réunion, il a visité la prestigieuse bibliothèque de la Société des Bollandistes, dont la mission est de rechercher, de publier dans leur état original et de commenter tous les documents relatifs à la vie et au culte des saints. Conçue en 1607 par le jésuite Héribert Rosweyde (1569-1629) et fondée à Anvers par le père Jean Bolland (1596-1665), elle est encore poursuivie aujourd’hui par quelques jésuites belges. François a donné sa bénédiction et a écrit les mots suivants dans le livre d’honneur : « Que el Señor los siga acompañando en la tarea de hacer conocer la historia de la Iglesia y de sus Santos. Con mi bendición. Fraternellement, Francisco ».[2].

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    [1] Questo testo si può trovare in www.vatican.va/content/paul-vi/it/speeches/1974/documents/hf_p-vi_spe_19741203_esortazione-compagnia-gesu.html

    [2] « Que le Seigneur continue à vous accompagner dans la tâche de faire connaître l’histoire de l’Église et de ses saints. Avec ma bénédiction. Fraternellement, François ».

  • Les leçons de Louvain

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    De Regis Martin sur Crisis Magazine :

    Les leçons de Louvain

    Invité par l'Université de Louvain à l'occasion de son 600e anniversaire, le pape François est assailli par des idéologues féministes qui exigent un « changement de paradigme » immédiat sur toutes les questions relatives aux femmes.

    La clarté est la courtoisie que nous devons à ceux qui, tout en rejetant nos opinions comme étant erronées, font néanmoins preuve de suffisamment de curiosité pour nous demander pourquoi nous croyons ce que nous croyons. Et de temps en temps - pas toujours, bien sûr - il se peut qu'après leur avoir dit clairement, ils finissent par croire eux aussi à ces mêmes choses. 

    Mais seulement s'il y a un respect égal de la vérité de part et d'autre, pour d'autres, en revanche, cette clarté ne fait que confirmer que le gouffre qui nous sépare est à la fois réel et infranchissable. Et que, en l'absence de toute ouverture au changement, même la grâce de Dieu ne peut le combler. 

    Prenons, par exemple, la question de l'ordination des femmes à la prêtrise, qui est depuis longtemps l'un de ces sujets brûlants qui divisent les catholiques de pratiquement tous les autres. En fait, les divisions se produisent de plus en plus à l'intérieur de notre propre communauté de foi, ce qui est devenu une source de chagrin et de confusion considérable pour les fidèles.

    Y compris, on l'imagine, le pape actuel, qui a été brutalement agressé récemment par un groupe d'étudiants soi-disant catholiques de l'université de Louvain, qui l'ont rejeté, lui et ses arguments, comme étant « déterministes et réducteurs ». Cette attaque a été suivie d'une rebuffade de la part des responsables de l'université elle-même, qui ont annoncé que non seulement ils avaient « désapprouvé » les positions prises par le Saint-Père, mais qu'ils étaient réduits à un état de pure « incompréhension » en entendant une présentation aussi réactionnaire.

    En effet, les enseignements du pape sur le rôle des femmes dans l'Église et dans le foyer étaient si étrangers à l'auguste université de Louvain que les responsables ont présenté une interprétation jazz de l'hymne LGBTQ+ de Lady Gaga, « Born This Way », en guise d'intermède divertissant pour mieux faire comprendre la situation.

    Les circonstances ont dû être extrêmement douloureuses pour le pape François ! Invité par l'université à participer à la célébration de son 600e anniversaire, une occasion censée souligner l'importance d'honorer un grand centre d'enseignement catholique, sa longue histoire de fidélité à la foi de l'Église, et à peine se présente-t-il qu'un groupe d'idéologues féministes se jette sur lui pour exiger un « changement de paradigme » immédiat sur toutes les questions relatives aux femmes.

    Et comme si tout cela ne suffisait pas à jeter un froid sur la circonstance, il se retrouve, dès le début de sa visite en Belgique, vertement critiqué par le premier ministre du pays au sujet de la prétendue mauvaise gestion par l'Église du scandale des abus sexuels commis par des membres du clergé. Sans parler du refus persistant de l'Église de s'agenouiller devant le sanctuaire de la liberté de reproduction, dont l'exercice prive non seulement Dieu d'enfants créés à son image, mais aussi la Belgique et le reste de l'Europe d'un avenir.

    Alors, pourquoi le pape ne rejoint-il pas le reste de l'Europe dans son désir de mort collectif ? Pourquoi s'accrocher à un passé que tous les autres semblent avoir joyeusement laissé derrière eux ? Au lieu de cela, que fait-il ? Face à un rejet aussi systémique et généralisé de la vie, il se rend au sous-sol de l'église Notre-Dame de Laeken ; là, devant la tombe du roi Baudouin, il vénère la mémoire de celui dont le refus de donner l'assentiment royal à un projet de loi autorisant l'avortement au parlement lui vaudra très bientôt d'être déclaré saint. Et malgré les louanges du pape pour le roi, pour son refus héroïque de signer la loi sur le meurtre d'enfants innocents, les érudits et les intelligents restent horrifiés par ce geste. Un jeune universitaire mécontent a déclaré :

    « Nous avions des attentes, même si nous avons vu qu'il nous a déçus en quelques heures. Sa position sur l'avortement - en disant que la loi sur l'avortement était une loi meurtrière - est extrêmement choquante à voir, même si nous ne nous attendions pas à de grandes avancées vers la modernité.    

    Comme les jeunes peuvent être ringards sur le sujet du pape et de l'Église. S'attendaient-ils vraiment à ce qu'en venant à Louvain, en Belgique, et en voyant de ses propres yeux les merveilles de la modernité, il acquiesce simplement et embrasse avec joie tout l'agenda féministe ? Ne savent-elles pas que, malgré sa sympathie évidente pour elles, pour les frustrations qu'elles expriment, il reste tout à fait impuissant à opérer un changement essentiel sur le sujet ? Certainement pas un changement tel que l'idéologie féministe le souhaiterait. « François a dit qu'il aimait ce qu'elles disaient, selon un journaliste d'ABC News qui a couvert l'histoire, mais il a répété son refrain fréquent selon lequel « l'Église est femme », qu'elle « n'existe que parce que la Vierge Marie a accepté d'être la Mère de Jésus et que les hommes et les femmes sont complémentaires ».

    C'est donc ça l'ogive ? Et en la lâchant sur les femmes belges sans méfiance, le pape doit être vilipendé ? À quoi pensaient-ils ? Que le pape François se détournerait simplement de vingt et un siècles ininterrompus d'enseignement dont les origines remontent directement à la personne de Jésus-Christ lui-même ? Que des paradigmes plus anciens et plus contraignants que ceux du moment présent seraient jetés allègrement de côté ? Et qu'à cause d'une ou deux personnes qui ont expliqué pourquoi nous ne devrions pas nous soucier de « faire des dégâts », il n'y a aucune limite au nombre et à la gravité des dégâts que nous pouvons maintenant faire ?  

    « La femme est accueil fécond », a déclaré le pape, rappelant à son auditoire certains faits ontologiques qui, si nous les oublions ou les supprimons, annuleraient instantanément tout le sens et la mission de la femme, le cœur de son identité, qui est celle du “soin”, du dévouement vital ».

    Et à quoi cela touche-t-il finalement ? Au mystère de la vie elle-même. Et au Seigneur et Donateur de la vie, dont le commandement au reste d'entre nous est que nous révérions la vie, y compris en particulier la vie dans le sein maternel, qui est destinée à être le fruit de l'amour entre un homme et une femme dans le sacrement du mariage. « Soyons plus attentifs aux nombreuses expressions quotidiennes de cet amour », a plaidé le pape auprès des jeunes femmes de Louvain, de peur que leur fixation sur l'idéologie ne les fasse pécher contre la vie :

    de l'amitié au travail, des études à l'exercice de responsabilités dans l'Eglise et la société, du mariage à la maternité, de la virginité au service des autres et à la construction du Royaume de Dieu.

    Si les jeunes incendiaires de Louvain écoutent ou non ses paroles, cela dépendra, bien sûr, non pas des arguments de l'Église, mais du témoignage de ses propres enfants, stimulés par la grâce divine pour montrer par l'exemple la joie et la résolution qui découlent du fait de tout donner à Dieu, qui est notre Père à tous. Et au Christ, son Fils, qui est notre frère. Et, oui, à sa mère Marie, notre mère, qui est la source de toute notre espérance.

    Regis Martin est professeur de théologie et associé au Veritas Center for Ethics in Public Life à l'Université franciscaine de Steubenville. Il a obtenu une licence et un doctorat en théologie sacrée à l'Université pontificale Saint-Thomas d'Aquin à Rome. Martin est l'auteur d'un certain nombre de livres, dont Still Point : Loss, Longing, and Our Search for God (2012) et The Beggar's Banquet (Emmaus Road). Son livre le plus récent, publié par Scepter, s'intitule Looking for Lazarus : A Preview of the Resurrection (À la recherche de Lazare : un aperçu de la résurrection).

  • Conclaves : démythifier quelques idées reçues

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    De George Weigel sur First Things :

    Démythification des conclaves

    L’annonce récente du pape François de créer vingt et un nouveaux cardinaux le 27 août prochain, dont seize voteraient lors d’un conclave organisé après cette date, a déclenché la vague habituelle de spéculations sur la forme que prendront les prochaines élections papales. Une grande partie de ces prédictions dans une boule de cristal n’ont pas été très utiles, car elles se basaient sur de nombreux mythes concernant les conclaves. Démythifier ces tropes fonctionnera, je l’espère, comme un stabilisateur, car les eaux entourant la barque de Pierre vont probablement devenir plus turbulentes avant que le prochain conclave ne se réunisse dans la chapelle Sixtine sous le regard sévère du Christ juge.     

    Mythe n°1 : Un pape qui nomme un pourcentage significatif des cardinaux qui élisent son successeur détermine ainsi la succession.  Faux.

    En 1878, les cardinaux électeurs étaient tous des candidats de Grégoire XVI ou de Pie IX ; ils élirent Vincenzo Gioacchino Pecci qui, sous le nom de Léon XIII, conduisit l’Église dans une direction très différente de celle de ses deux prédécesseurs immédiats. En 1903, soixante et un des soixante-deux cardinaux électeurs qui choisirent le successeur du pape Léon XIII avaient été nommés par l’homme qui, en vingt-cinq ans, lança la révolution léonine et l’engagement du catholicisme dans la culture et la politique modernes – des cardinaux dont on aurait pu s’attendre à ce qu’ils élisent un homme à l’image de Léon XIII. Au lieu de cela, après un veto d’ingérence émis par ce paladin des intégristes catholiques contemporains, l’empereur des Habsbourg, ils élirent Giuseppe Melchiorre Sarto, qui, sous le nom de Pie X, mit fermement un frein aux initiatives les plus audacieuses de Léon XIII. 

    En 1958, les cardinaux électeurs étaient tous des candidats de Pie XI et de Pie XII, et il était largement admis que le prochain pape serait de cette lignée (Pie XII, sous le nom d'Eugenio Pacelli, ayant été secrétaire d'État de Pie XI). Au lieu de cela, les cardinaux électeurs choisirent un remplaçant âgé, Angelo Giuseppe Roncalli. Sous le nom de Jean XXIII, il conduisit l'Église à un concile œcuménique que Pie XI et Pie XII avaient tous deux envisagé de convoquer avant de rejeter l'idée ; le reste appartient à l'histoire de notre époque catholique. 

    En 2013, la grande majorité des électeurs avaient été créés cardinaux par Jean-Paul II et Benoît XVI. L’homme qu’ils ont choisi, qui a pris le nom papal inédit de François, a discrètement mais résolument démantelé l’héritage de Jean-Paul II et de Benoît XVI à de nombreux égards.

    Mythe n°2 : Celui qui entre au conclave en tant que pape en sort cardinal.  Faux.

    En 1878, Léon XIII fut rapidement choisi, ce qui suggère qu’il devait être très  papabile  avant le conclave. Giacomo Della Chiesa, cardinal-archevêque de Bologne et diplomate pontifical chevronné, était certainement  papabile  à son arrivée au conclave de 1914, même s’il fallut lutter pour le faire élire. Presque tous ceux qui savaient quelque chose s’attendaient à ce qu’Eugenio Pacelli succède à Pie XI (y compris Pie XI), et il fut effectivement rapidement choisi. Giovanni Battista Montini était certainement très  papabile  en 1963, en partie parce que de nombreux cardinaux électeurs l’avaient considéré comme le successeur logique de Pie XII en 1958 ; mais pour une raison encore inexpliquée, Montini, bien qu’archevêque de Milan, n’était pas cardinal à la mort de Pie XII. 

    Pour ceux qui sont dépourvus de préjugés et qui se montrent sceptiques à l’égard des fantasmes des médias italiens, Joseph Ratzinger est entré au conclave de 2005 en étant très  papabile et en est sorti pape après un bref vote. De même, en 2013, ceux qui disposaient de sources réelles (qui n’incluent généralement pas les journaux italiens) savaient que Jorge Mario Bergoglio, SJ, était un candidat de choix, et son élection après un bref conclave ne les a pas surpris.

    Mythe n°3 : Un conclave long et controversé conduit à un pontificat démuni.  Faux. 

    Giacomo Della Chiesa, Achille Ratti et Karol Wojtyla furent tous trois élus à l’issue de conclaves assez longs. De plus, les conclaves de 1914 et 1922 furent en proie à de nombreuses querelles, les cardinaux continuant à se battre sur l’héritage de la Révolution léonine. Pourtant, Benoît XV, Pie XI et Jean-Paul II furent tous de grands papes qui apportèrent une contribution significative à l’Église. La leçon à en tirer ? Un long conclave peut produire un résultat réfléchi.

    Mythe n°4 : Les seuls cardinaux qui comptent sont ceux qui votent réellement.  Faux. 

    Depuis que Paul VI a réformé les procédures du conclave, seuls les cardinaux qui n’ont pas atteint l’âge de 80 ans à l’ouverture du conclave peuvent voter. Cependant, tous les cardinaux participent aux congrégations générales des cardinaux entre la mort ou l’abdication d’un pape et la clôture du conclave. Et ils peuvent avoir un réel effet, comme l’a prouvé le Britannique Cormac Murphy-O’Connor en défendant la candidature de Bergoglio en 2013. Avec plus de 80 cardinaux de grande autorité morale comme Francis Arinze, Wilfrid Fox Napier, Camillo Ruini et Joseph Zen, les discussions lors des prochaines congrégations générales peuvent être tout aussi influentes.

  • Espagne : la pratique de l'avortement atteint des sommets

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    De Rafael Sánchez Saus sur infocatolica :

    103.078

    Los Pies Preciosos, un símbolo internacional provida que nació en la localidad sevillana de Mairena del Alcor.

    Los Pies Preciosos, un symbole international pro-vie né dans la ville sévillane de Mairena del Alcor.

    7 octobre 2024

    J'imagine que vous savez que ce chiffre correspond au nombre d'avortements réalisés en Espagne en 2023. Le chiffre de 100 000 n'a pas été atteint depuis dix ans, lorsque le nombre de grossesses et de naissances était également beaucoup plus élevé. En 2023, tous les records de naissances depuis qu'ils existent ont été cassés à la baisse - il en reste 322 075, soit 2,2 % de moins qu'en 2022 - mais les avortements ont connu une forte croissance de 4,8 %. Au total, plus de 24 % des enfants conçus dans ce pays finissent dans un centre d'avortement. Telle est la situation alarmante à laquelle la société espagnole devrait être confrontée, mais rares sont ceux qui se sentent obligés de faire quelque chose pour y remédier.

    Les chiffres relatifs à l'avortement en Espagne ont cette qualité que plus on les regarde de près, plus ils révèlent clairement le problème auquel nous sommes confrontés. Cette année, le nombre de jeunes filles de moins de 19 ans qui ont été poussées à l'avortement (c'est à cet âge qu'il faut utiliser cette expression) a fortement augmenté. Le nombre de femmes d'origine hispanique a également fortement augmenté. Cela indique un conflit éducatif et social grave et croissant. Les plus jeunes et les plus vulnérables sont ceux qui, sans surprise, ont recours à cette solution apparemment facile, poussés par des contextes éducatifs, familiaux et professionnels qui, d'une part, facilitent une sexualité de plus en plus précoce et irresponsable et, d'autre part, rendent la maternité plus difficile pour les femmes les plus pauvres.

    Comment faire face à cette escalade, encouragée par le gouvernement et par toutes les sphères de formation de l'opinion ? Nous devons reconnaître que l'avortement a été normalisé grâce à une campagne persistante qui cache la terrible réalité qu'il est toujours, en commençant par taire le fait qu'il s'agit d'une liquidation massive et volontaire d'êtres humains. Et nous ne pouvons pas ignorer le fait que le mouvement pro-vie en Espagne est peut-être à son plus bas niveau, manquant de soutien et gravement affecté par la réticence de ses protecteurs traditionnels.

    C'est pourquoi il est si réconfortant qu'en ce même mois d'octobre, entre le 21 et le 27, se tienne ici la XXXIXe Semana de la Vida, organisée par Pro-Vida de Mairena del Alcor, la première de toutes les associations existantes en Espagne. Nous avons déjà parlé de leur immense travail d'assistance auprès des mères et des enfants arrachés à la mort. Les héroïques et tenaces habitants de Mairena nous offrent un programme d'une grande hauteur qui alterne réflexion, témoignage et coexistence. Autant de lumière dans la nuit noire !

  • Les éclairantes réflexions du cardinal Eijk sur le mariage

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    De Fabio Piemonte sur la NBQ :

    Réflexions du cardinal Eijk sur le mariage

    Dans son récent essai intitulé « L'amour », le cardinal Willem Jacobus Eijk, primat des Pays-Bas, illustre clairement les raisons qui sous-tendent l'enseignement de l'Église sur la moralité du mariage et l'éthique sexuelle enracinée dans l'ordre naturel de la création.

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    8_10_2024

    Le mariage, la vie familiale et la sexualité ont connu de profonds changements depuis le XIXe siècle, en raison de divers facteurs sociaux et culturels, tels que « la perception de la parentalité, l'impact des développements économiques et financiers sur la vie familiale, l'individualisation et la sécularisation ». C'est ce que Willem Jacobus Eijk - Primat des Pays-Bas et Archevêque d'Utrecht depuis 2007 - observe dans son récent essai Sull'amore (Cantagalli 2024, pp. 464), un manuel dans lequel le Cardinal illustre clairement les raisons de l'enseignement de l'Église sur la morale matrimoniale et l'éthique sexuelle, en montrant comment ce Magistère approfondit une vision de l'homme enracinée dans l'Écriture Sainte, la Tradition et en même temps dans l'ordre naturel de la création, raison pour laquelle l'Église elle-même ne peut pas changer ses principes.

    Si dans la société paysanne traditionnelle, en effet, « la vie sociale se limitait essentiellement à la vie familiale ; le mari et la femme travaillaient dans un environnement paysan dans le même but. Aujourd'hui, en revanche, ils ont un monde indépendant l'un de l'autre : avec leurs propres intérêts et relations. La famille n'est plus le lieu de la vie sociale. Intime, personnalisée et fortement privatisée, la famille est moins intégrée dans la société ». En conséquence, les conjoints ont « moins d'expériences quotidiennes communes à partager », si bien que l'individualisme et l'émotivité souvent exagérés contribuent à l'échec de nombreux mariages. D'autre part, aujourd'hui, « les déclarations éthiques sont en fin de compte l'expression de préférences, d'attitudes et de sentiments. Le mal est ce qui déclenche des sentiments négatifs ; le bien est ce qui déclenche des sentiments positifs. L'émotivité conduit à un relativisme radical », qui n'épargne même pas l'amour “souvent réduit à une émotion”, a souligné le cardinal néerlandais.

    De plus, comme « la foi en un Créateur s'est estompée, la plupart des gens considèrent le mariage comme une institution purement humaine. La procréation et la fertilité n'ont plus de caractère sacré. Les enfants ne sont plus considérés comme un don de Dieu, ni comme une participation à l'action créatrice de Dieu », constate amèrement Mgr Eijk, surtout dans le contexte des Pays-Bas, sans doute l'un des pays les plus déchristianisés d'Europe. Le féminisme a surtout contribué à ce changement culturel et est également coupable, entre autres, d'avoir « déconnecté les rôles sociaux de leurs différences biologiques entre les sexes », visant à « une masculinisation des femmes qui implique une forme de mépris pour leur féminité ».

    Ainsi, aujourd'hui, « les valeurs sont neutres, le sujet a le droit à l'autonomie pour les déterminer » et il n'existe pas de normes morales absolues. Ce chancre s'est malheureusement aussi insinué dans la sphère catholique, au point que de nombreux théologiens moralistes défendent une éthique de la situation ou du « moindre mal » pour justifier, par exemple, dans certaines situations, l'utilisation de contraceptifs et la possibilité de relations prénuptiales moralement licites sur la base de la « qualité de la relation » entre les fiancés. L'Église, cependant, adopte une autre perspective, dans la mesure où elle « ne regarde pas les fonctions et les avantages que le mariage, la sexualité et la procréation ont, mais ce qu'ils sont », souligne le cardinal.

    En effet, le cardinal Eijk souligne que le mariage - en tant que « don total, mutuel, définitif et exclusif » de l'homme et de la femme l'un à l'autre - est l'image de la communion intratrinitaire de l'amour et, citant Von Balthasar, que la famille est « l'image la plus expressive de Dieu gravée dans les créatures », également de manière spéciale dans la mesure où « le mari donne la maternité à sa femme, tandis que celle-ci donne le don de la paternité à son mari ». S'appuyant sur la théologie du corps de saint Jean-Paul II, le cardinal rappelle donc que « la relation sexuelle est inséparable du don total de la personne dans le mariage ». Toutefois, étant donné que, comme le dit un adage classique, « nul ne donne ce qu'il ne possède pas », il est indispensable de cultiver la vertu de chasteté même au sein du mariage afin de pouvoir se donner pleinement à l'autre, en jouant un rôle de médiateur « entre une sensualité excessive et un comportement frigide ». Eijk identifie ensuite dans l'idéologie malthusienne les prodromes d'une mentalité contraceptive tragiquement répandue aujourd'hui, qui nie la dimension sponsale du corps ; il s'attarde ensuite de manière analytique sur les péchés contre la chasteté commis dans et hors du mariage ; sur la prostitution, l'homosexualité, la pédophilie, la polygamie, en soulignant leurs implications morales sur le plan philosophique et théologique.

    De même, en ce qui concerne l'accompagnement des personnes en situation irrégulière, comme les divorcés remariés civilement, le cardinal néerlandais réitère la nécessité d'une attention pastorale particulière, en soulignant toutefois que cette attention ne doit pas se traduire par une admission à l'Eucharistie : si elles ne sont pas en mesure de mettre fin à leur relation, elles peuvent s'approcher de la communion spirituelle, à travers laquelle elles peuvent exprimer leur foi en la présence réelle du Christ dans le Saint-Sacrement.

    Enfin, en ce qui concerne l'idéologie du genre, après avoir retracé ses origines dans le féminisme radical, Eijk la considère sans détour comme une « grave menace pour le mariage, le droit à la vie et la proclamation de la foi catholique ».

    Combinant habilement des arguments rationnels, des citations de l'Écriture et des documents du Magistère avec un langage clair et accessible, le manuel du cardinal Eijk est donc un outil précieux pour tous ceux qui souhaitent approfondir leur compréhension de la vérité éternelle de l'Église sur les questions liées au mariage et à l'éthique sexuelle.