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  • Inde: plus de 150 épisodes de violences anti-chrétiennes recensés depuis 6 mois

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    De Vatican News :

    15 juillet 2021

    Inde: 154 épisodes de violences anti-chrétiennes recensés depuis 6 mois

    Le Covid-19 n’a pas arrêté les violences commises à l’encontre des chrétiens dans le pays. C'est ce que confirme un rapport de l'United Christian Forum (UCF), une organisation de défense des droits des minorités chrétiennes, qui a enregistré 154 incidents dans 17 États au cours des six derniers mois.

    Le plus grand nombre d'incidents a été enregistré en janvier (34 cas), suivi de juin (28 cas) et de mars (26). Le Chhattisgarh et le Jharkhand sont les États qui ont connu le plus grand nombre d'incidents violents cette année, avec 22 cas, suivis de l'Uttar Pradesh (19) et du Karnataka (17). Mais des attaques ont également été enregistrées au Madhya Pradesh (15), dans l’Odisha (12), au Maharashtra (9), au Tamil Nadu (6), au Punjab (6), au Bihar (6), à l'Andhra Pradesh (4), à l'Uttarakhand (3), à Delhi (3), à l'Haryana (2), au Gujarat (2) et au Telangana, au Bengale occidental, à l'Assam et au Rajasthan (1 cas chacun).

    Au cours de ces six mois, la ligne d'assistance téléphonique de l'organisation a reçu 1 137 demandes d'aide. L’UCF a réussi à libérer 86 chrétiens injustement arrêtés et à rouvrir au culte 29 églises qui avaient été fermées après des actes de vandalisme ou des agressions individuelles ou collectives contre les fidèles. Parmi les victimes figuraient principalement des chrétiens dalits, des membres de tribus et des femmes. Les violences ont souvent lieu avec la complicité de la police, et leurs auteurs sont rarement poursuivis.

    A ces violences s'ajoute le harcèlement des autorités, comme l'interdiction des manifestations religieuses chrétiennes sous divers prétextes et les procès intentés pour de prétendues conversions forcées au christianisme. Il convient de noter que, malgré des lois de plus en plus strictes dans ce domaine, aucun chrétien en Inde n'a jusqu'à présent été reconnu coupable par un tribunal. Selon le dernier recensement de 2020, le nombre de chrétiens dans le pays est resté stable à 2,3% de la population.

  • Inondations : le communiqué de l'évêque de Liège

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    Diocèse de Liège – Communiqué de l’évêque

     

     

    Chers Frères et Sœurs,

     

    Les inondations de plus en plus catastrophiques de ces derniers jours ont provoqué de grandes souffrances dans la population de notre province. De nombreux endroits sont inondés, comme les centres-villes d’Eupen-bas, de Verviers, de Spa, de Theux, de Chaudfontaine, de Chênée, d’Angleur. La ville de Liège est menacée aussi. Nous déplorons le décès de plusieurs personnes. Nos autorités font le maximum pour venir en aide à chacun, nous les en remercions de tout cœur. Elles sont évidemment limitées dans leurs moyens par la violence des éléments naturels. Merci aussi à tous les bénévoles qui s’emploient à secourir leurs proches.

    L’angoisse étreint beaucoup de familles au vu des dégâts dus aux eaux et sous la menace d’une crue plus forte encore. C’est pourquoi nous invitons chacun à la solidarité avec ses proches et avec les personnes dans le besoin. Les locaux paroissiaux ou les églises peuvent être mis à la disposition des personnes nécessiteuses s’ils sont protégés contre les eaux. Malheureusement de nombreuses églises sont inondées à leur tour.

    Que cela ne nous empêche pas de nous porter mutuellement dans la prière. Vous trouverez ci joint un texte de prière préparé par l’abbé Pierre Hannosset, curé de l’UP Notre-Dame des Sources – Chaudfontaine-Trooz, et disponible sur le site http://www.ndds.be/images/Annoncer/meditations/2021-07-14b.pdf. Merci à lui de nous aider à prier en ces temps pénibles, à garder espoir et confiance dans l’épreuve. Soyons confiants dans la force du Seigneur, communiquée à nous par son Esprit-Saint. Prions par l’intercession de Marie, la Vierge des Pauvres, elle qui nous a précédés dans la voie des épreuves et qui nous protège dans l’adversité.

    Courage à tous !

    Jean-Pierre Delville, évêque de Liège

    Liège, jeudi 15 juillet

     

    Et aussi : Inondations en Belgique : le card. Jozef De Kesel appelle à la solidarité

  • Asia Bibi veut être une voix pour les chrétiens persécutés dans le monde entier

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    De Christine Rousselle sur le National Catholic Register :

    Asia Bibi veut être une voix pour les chrétiens persécutés dans le monde entier

    "Joignons nos mains et restons unis pour pouvoir être une voix pour nos frères et sœurs chrétiens qui souffrent, et les aider à sortir de leur situation", a déclaré Asia Bibi, ajoutant : "Comme le Seigneur l'a fait pour moi."

    Asia Bibi
    Asia Bibi (photo : Blanca Ruiz/ACI Prensa / Blanca Ruiz/ACI Prensa/EWTN)

    15 juillet 2021

    Asia Bibi, une chrétienne condamnée à mort pour blasphème au Pakistan mais finalement libérée, veut maintenant être la voix des chrétiens du monde entier.

    Mme Bibi, qui s'est adressée mercredi au Sommet international sur la liberté de religion par le biais d'un message vidéo depuis le Canada, a exprimé sa gratitude envers les personnes qui ont œuvré pour qu'elle soit libérée de prison, et a remercié Dieu pour sa libération. 

    "Du fond de mon cœur, je suis très reconnaissante envers le Seigneur, qui m'a sauvée de mes souffrances et de mes difficultés", a déclaré Mme Bibi dans un discours traduit en anglais. "Il m'a donné un nouveau départ et la possibilité de commencer une nouvelle vie avec ma famille". 

    Désormais en sécurité au Canada, Bibi a déclaré qu'elle "veut être une voix pour les chrétiens, les chrétiens en prison et dans les difficultés." 

    Bibi a été reconnue coupable de blasphème en 2010 et condamnée à mort, suite à un incident survenu en 2009.

    Bibi a déclaré que, alors qu'elle travaillait dans un champ, une autre personne l'a vue boire de l'eau dans une tasse utilisée auparavant par les musulmans et lui a fait savoir qu'il n'était pas correct pour un chrétien d'utiliser cette tasse. Une dispute s'en est suivie, et Bibi a été dénoncée à un religieux musulman cinq jours plus tard pour son supposé blasphème. Bibi et sa famille étaient les seuls chrétiens résidant dans la région, et avaient subi des pressions pour se convertir à l'islam.

    Elle a été condamnée à la mort par pendaison pour blasphème présumé. Le code pénal pakistanais criminalise les propos qui insultent ou souillent la religion d'État qu'est l'islam, mais il est souvent utilisé contre les minorités religieuses et de nombreuses accusations seraient fausses. Le Pakistan possède l'une des lois les plus strictes au monde en matière de blasphème, puisqu'il est l'un des quatre seuls pays où la peine de mort est prévue pour ce type d'infraction. 

    Bibi a immédiatement fait appel de sa condamnation à mort, mais la Haute Cour de Lahore a confirmé sa condamnation en 2014. Elle a ensuite fait appel devant la Cour suprême du pays, et a été acquittée en 2018. Elle a ensuite obtenu le statut de réfugiée au Canada et s'y est installée en mai 2019 avec sa famille. 

    "Lorsque j'étais en prison, j'étais très inquiète pour mes enfants et mon mari", a déclaré Bibi. "Je ne savais pas où ils étaient et s'ils étaient en sécurité ou non". 

    "En même temps, j'avais un espoir dans le Seigneur", a déclaré Bibi. "Merci à tous les frères et sœurs qui ont prié et jeûné. Grâce à leurs prières, je suis maintenant libre." 

    Bibi a expliqué que ses "frères et sœurs chrétiens ont travaillé très dur pour ma liberté", et a dit qu'elle est "très reconnaissante à tous du fond du cœur." 

    "Joignons nos mains et restons unis afin de pouvoir être une voix pour nos frères et sœurs chrétiens qui souffrent, et les aider à sortir de leur situation", a-t-elle déclaré. "Comme le Seigneur l'a fait pour moi."

    Au début de la vidéo, Bibi a décrit ce qu'était sa vie au Pakistan avant son arrestation et sa condamnation pour blasphème. Elle a déclaré que certains de ses souvenirs les plus heureux de son village au Pakistan étaient la célébration de Pâques et de Noël avec sa famille. 

    Le Pakistan a appliqué ses lois sur le blasphème 184 fois entre janvier 2014 et décembre 2018, soit le nombre le plus élevé de tous les pays du monde, selon la Commission américaine sur la liberté religieuse internationale. En 2020, il y aurait eu 30 chrétiens emprisonnés pour blasphème au Pakistan, dont sept dans le couloir de la mort. Le pays n'a encore exécuté personne pour blasphème.

  • Nicolás Gómez Dávila : un penseur antimoderne authentique

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    De Denis Sureau sur le site de La Nef :

    Nicolás Gómez Dávila, antimoderne authentique

    Nicolás Gómez Dávila (1913-1994), écrivain, philosophe et moraliste colombien est un esprit puissant peu connu en France. Deux parutions récentes sont l’occasion de découvrir ce penseur antimoderne original.

    Le penseur colombien Nicolás Gómez Dávila (1913-1994) est de la lignée des moralistes français qu’il appréciait tant – La Rochefoucauld, La Bruyère ou Rivarol –, alliant acuité de la réflexion et beauté du style.

    Si son œuvre est magistrale, le récit de sa vie n’a rien d’éclatant. Sa riche famille de Bogota vivant du commerce du tissu décide en 1919 de s’installer à Paris pour donner au jeune Nicolás une bonne éducation à la française. En 1929, alité deux ans suite à une grave pneumonie, il se forme aux humanités grâce à un précepteur et se passionne pour la littérature classique. Outre le latin et le grec, il pratiquera le français, l’anglais, l’allemand, l’italien, le portugais, le russe et le danois afin de lire les œuvres dans leur langue originale. Son amour pour la France et sa langue égale son mépris hautain pour la culture hispanique.

    De retour en Colombie en 1936, il se marie avec une jeune fille de bonne famille qui lui donnera trois enfants. Après un périple automobile en Europe, il passera le reste de son existence dans sa bibliothèque de 30 000 volumes – souvent beaux et précieux – qu’il ne cessera pas d’étudier ; sa fille rapportera : « Sa bibliothèque était son monde. Il y vivait, lisait, écrivait, s’y réunissait avec ses amis. Lorsqu’il est tombé malade nous avons descendu son lit dans la bibliothèque. » Il était entouré d’un cercle d’amis qui admiraient ses réflexions. Ses activités mondaines se limitèrent principalement à des réunions d’administrateurs. Il aurait refusé d’être ambassadeur à Londres et candidat du Parti conservateur à la présidence de la République. Son idéal d’humaniste au sens classique était de « vivre avec lucidité une vie simple, silencieuse, discrète, parmi les livres intelligents, aimant quelques êtres chers ».

    Ses nombreuses lectures lui inspirèrent plus de 13 000 aphorismes qu’il intitulait mystérieusement « scolies pour un texte implicite », peut-être parce qu’il les considérait comme des notes en marge des grandes œuvres qu’il lisait et méditait. Ses amis l’incitèrent à publier ces formules brèves mais percutantes, ce qu’il fit, sans avoir le souci de la célébrité, alors qu’il avait déjà dépassé la soixantaine : sept livres qui sont le fruit d’une vie intellectuelle et spirituelle. Des traductions suivirent en allemand, puis en français (1), en italien, en polonais et en anglais, remarquées par des personnalités aussi différentes que Robert Spaemann, Martin Mosebach, Ernst Jünger, Jean Raspail ou Alain Finkielkraut.

    Deux récentes publications

    Le Bogotain est encore peu connu en France. C’est pourquoi il faut saluer deux parutions de nature à attirer l’attention. D’une part la publication d’un petit livre qui se présente comme un petit traité et non la succession d’aphorismes : la traduction de son De Iure sous le titre de Critique du droit, de la justice et de la démocratie (2) – qui manifeste une convergence avec la pensée de Michel Villey, qu’il n’a pourtant pas lu. Et d’autre part la sortie de la thèse de Michaël Rabier, Nicolás Gómez Dávila, penseur de l’antimodernité (3), qui montre les diverses faces d’un auteur dont le mode d’expression même pourrait décourager toute systématisation. Il était en effet hostile à tous les systèmes, qu’il s’agisse de constructions telles que celle de Kant ou de Hegel, mais aussi d’une scolastique trop aristotélicienne ou du « droit-naturalisme néothomiste ». Dans ses derniers écrits, il va jusqu’à déclarer : « J’ai vu la philosophie s’évanouir peu à peu entre mon scepticisme et ma foi ». Plus précisément : « Qu’est la philosophie pour le catholique sinon la manière dont son intelligence vit sa foi ? » Le choix de la scolie n’est pas innocent pour un philosophe « antiphilosophe » qui pense que la philosophie ne devrait s’écrire que sous une forme littéraire : « La littérature est la plus subtile et, peut-être, la seule philosophie exacte. »

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  • Pro et anti-vaccins : un dialogue électrique

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    De Jeanne Ferney sur le site du journal La Croix :

    Covid-19 : entre pro et anti-vaccins, un dialogue électrique

    Alors que le variant Delta fait planer la menace d’une nouvelle vague dès cet été, la pression sur les non-vaccinés monte d’un cran. Au bureau, à la maison ou sur les réseaux sociaux, les échanges entre ceux qui ont sauté le pas et ceux qui s’y refusent se tendent rapidement.

    « Et vous, comptez-vous vous faire vacciner ? » Ludivine (1), psychologue en Bourgogne, pose souvent la question à ses patients. Et, quelle que soit la réponse, tâche d’écouter sans juger. Cette vaccinée de la première heure est en revanche nettement moins compréhensive quand la réticence provient de professionnels en contact avec des personnes vulnérables.

    « L’autre jour, pendant une session avec des éducatrices, j’ai suggéré que le vaccin allait nous permettre de nous passer du masque en septembre, raconte-t-elle. L’une d’elles a répliqué : “Ça ne passera pas par moi !” Non seulement, on va devoir continuer à porter le masque, mais en plus, elle met en danger les personnes handicapées auprès desquelles elle travaille. » Sur le coup, elle n’a fait aucune remarque. « À quoi bon ? Les positions sur ce sujet sont trop tranchées, cela va forcément déboucher sur un conflit. »

    Combien de scènes de tension similaires se sont-elles déroulées ces dernières semaines, alors que la dégradation de la situation épidémique accroît la pression sur les réfractaires à la vaccination, en particulier chez les soignants ? Infirmière dans un Ehpad en Moselle, Mélodie, elle aussi, a renoncé au dialogue. « Dans mon établissement, les rares infirmières ou aides-soignantes qui ne veulent pas se faire vacciner flottent dans le complotisme et bien souvent, votent aux extrêmes, explique la jeune femme. Je n’ai pas envie de discuter avec elles. »

    La liberté de dire non

    Si la rupture entre vaccinés et non-vaccinés se calque parfois sur des oppositions politiques, elle est avant tout sociologique, selon l’épidémiologiste Yves Buisson. « Chez les soignants, le refus vient souvent des gens moins instruits ou moins haut dans la hiérarchie », rappelle ce membre de l’Académie nationale de médecine. Une résistance qui peut en partie se comprendre : « Ces personnes ont fait tout ce qu’on leur demandait depuis un an et demi. Pour la première fois depuis longtemps, elles ont la liberté de dire non. »

    Une liberté que revendique Camillepour qui la vaccination est « une folie expérimentale alors que 99,5 % des gens guérissent de la maladie et qu’il existe des traitements ». Cette professionnelle du tourisme, qui refuse d’être taxée d’« irresponsabilité » et d’« égoïsme », clame : « On ne veut pas nous entendre mais nous sommes des citoyens à part entière ».

    Si leur manque d’altruisme leur est souvent reproché, les réfractaires, eux, dénoncent l’intolérance de leurs « adversaires ». Pour Sandrine, retraitée en Camargue, « il est particulièrement difficile de discuter avec les pro vaccins, tellement formatés par les médias” mainstream” qu’ils sont devenus sourds à toute autre information ».

    Pas le même langage

    Pour le sociologue Gérard Mermet, si ces deux « camps » ont tant de mal à communiquer, c’est parce qu’ils ne parlent pas le même langage. « Les personnes qui défendent la vaccination se basent sur des arguments scientifiques, les opposants sur des impressions, des craintes, jusqu’au complotisme le plus irrationnel », résume-t-il, parlant de « fracture morale ».

    « Finalement, chacun considère qu’il est dans le camp du bien et que ce sont les autres qui dysfonctionnent », confirme l’historien Laurent-Henri Vignaud, maître de conférences en histoire moderne à l’Université de BourgogneAu risque que cette condamnation morale n’aboutisse à une forme de chasse aux sorcières.

    « Les non-vaccinés deviennent des boucs émissaires qui seraient seuls coupables de l’épidémie et qu’on va traquer », avertit l’historien. « Au Moyen Âge, on a jeté des gens dans des puits parce qu’on les considérait comme responsables de la peste », met aussi en garde Annick Opinel. Pour cette historienne et philosophe des sciences, la radicalisation des discours de part et d’autre est alimentée par un sentiment d’urgence inédit : « D’habitude, les enjeux de la vaccination sont plus abstraits, cette fois-ci, on peut les voir de nos propres yeux : ce sont les terrasses et les cinémas qui ont rouvert, la vie qui a repris… Un tel effet de réel ne s’était pas vu auparavant, et nourrit le dépit des vaccinés. »

    Un dépit qui, sur les réseaux sociaux, se transforme souvent en colère. « Franchement les antivax… Vous n’en avez jamais marre d’être cons ? », s’emporte un internaute sur Twitter, répondant au message d’un utilisateur assurant que la mort du généticien Axel Kahn, atteint d’un cancer, a été « accélérée par la vaccination ».

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  • Les retrouvailles de la science et de la religion

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    De Jean Staune sur Aleteia.org :

    Quand la science redécouvre Dieu

    CREATION OF ADAM

    Michelangelo | Public Domain

    14/07/21

    Les découvertes scientifiques révolutionnaires du XXe siècle changent notre vision du monde : elles induisent « un réenchantement du monde » qui permet les retrouvailles de la science et de la religion, après deux siècles de séparation.

    En 2000 quand on a changé de siècle, on a demandé à 200 scientifiques ce que l’on retiendra selon eux du XXe siècle, et ils ont répondu : premièrement, l’homme met le pied sur la lune ; deuxièmement, le nucléaire, troisièmement, la démonstration de l’existence de la non séparabilité quantique (paradoxe EPR) ; quatrièmement, la Deuxième Guerre mondiale, Staline, Hitler et leurs 50 millions de morts. Comment peut-on croire qu’une obscure expérience de physique puisse marquer davantage l’humanité que la mort de 50 millions d’humains ? C’est pourtant ce qui est arrivé dans le passé : en 1348, l’épidémie de peste noire a tué en quelques années plus d’un tiers de la population européenne (1348-1352), mais le monde l’a oublié, alors qu’il connaît les noms de Copernic et Galilée. L’affaire Galilée pouvait sembler concerner les seuls spécialistes, mais elle a eu cent fois plus d’impact que la disparition d’un tiers de la population. La leçon que nous devons en retenir c’est que, dans le long terme, les seules vraies révolutions sont les changements de vision du monde. 

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  • Summorum Pontificum : une explication possible du sens précis à donner à l’expression des « deux formes de l’unique rite romain »

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    Du site Esprit de la Liturgie :

    L’apport juridique de Summorum Pontificum

    Note du traducteur : On trouvera ci-dessous une traduction d’un article de Gregory DiPippo paru le 9 juillet sur le site du New Liturgical Movement. M. DiPippo est le directeur de la rédaction du New Liturgical Movement, et un expert des réformes du rite romain au XXè siècle. Il propose dans cet article une explication possible du sens précis à donner à l’expression des « deux formes de l’unique rite romain », que Benoît XVI a introduit dans Summorum Pontificum pour caractériser la relation entre liturgies pré- et post-concilaires dans le cadre de l’Église latine. Cette réflexion est intéressante car elle intègre les aspects juridiques du problème tout en proposant une manière de classer les différentes liturgies chrétiennes, puis situe les deux formes du rite romain dans ce double-cadre juridique et liturgique. J’y ai ajouté quelques observations.


    Ces derniers jours, avec les rumeurs d’une possible suppression ou d’un retour en arrière de Summorum Pontificum, il y a eu beaucoup de discussions sur son statut et sa signification. J’ai donc pensé qu’il serait utile de rééditer cet exposé sur la question, publié à l’origine lors du dixième anniversaire du motu proprio [NDT : En 2017]. Pour résumer : le motu proprio n’est pas un document sur l’histoire de la liturgie, mais une disposition légale, et doit être lu et compris comme tel.

    Je me suis également souvenu aujourd’hui de cette déclaration sur le sujet d’un dominicain français, le père Thierry-Dominique Humbrecht, qui vaut la peine d’être considérée : « Le pluralisme liturgique des deux états du rite romain est peut-être dommageable, mais il est la conséquence d’un éclatement liturgique sauvage, plus dommageable encore, sur lequel la lumière officielle est encore trop timidement faite. »

    Je propose ici d’examiner ce que le pape Benoît XVI a voulu dire, et ce qu’il a réalisé, en caractérisant la messe traditionnelle et sa réforme post-conciliaire comme deux formes du même rite, l’une extraordinaire et l’autre ordinaire. Avant cela, je crois qu’il est nécessaire d’établir une distinction entre les termes qui ont été historiquement utilisés pour décrire les variations au sein d’une liturgie ou d’une famille liturgique : « rite » et « usage ».

    À ma connaissance, la distinction entre un rite et un usage n’a pas été officiellement établie par l’Église dans sa loi ; il s’agit donc uniquement de mon point de vue sur la question.

    Pour des raisons de clarté, les variantes d’un même rite devraient, à proprement parler, être appelées des usages, comme l’usage de Sarum [NDT : la liturgie de l’Église de Salisbury, qui était la plus répandue en Angleterre avant la Réforme protestante] ou l’usage carmélitain ; c’est ainsi qu’elles étaient le plus souvent appelées avant la réforme tridentine. Par exemple, on lit sur la page de garde du Missel de Sarum : « Missale ad usum insignis ecclesiae Sarisburiensis – le Missel selon l’usage de la célèbre église de Salisbury ».

    Le frontispice d’un missel de Sarum imprimé à Paris en 1555.

    Il est vrai que même avant le concile de Trente, il y avait une certaine confusion entre ces termes, et que « rite » était parfois employé au lieu de « usage » ; après Trente, le terme « usage » est devenu rare. La terminologie n’a certainement jamais été uniforme, et de nombreux livres liturgiques n’utilisent aucun des deux termes, et n’ont qu’un adjectif modifiant les mots « Missel », « Bréviaire », etc. Les Dominicains disaient soit « selon l’Ordre Sacré des Prêcheurs », soit « selon le Rite de l’Ordre Sacré des Prêcheurs ».

    A gauche, le début du Missel pré-tridentin « selon l’usage de la célèbre église de Liège ». À droite, le frontispice d’une édition post-tridentine du « Breviarium Leodiense – Bréviaire de Liège » ; « Leodiensis » est la forme adjectivale du nom de la ville en latin, Leodium. En français, on pourrait le traduire plus littéralement par « Bréviaire Liégeois ».

    Toutefois, si l’on souhaite établir une distinction entre les différentes liturgies d’une part, et les variantes au sein d’une même liturgie d’autre part, tout en conservant une certaine terminologie historique, il semble évident que « rite » est le plus approprié pour les premières, et « usage » pour les secondes. Il serait absurde de décrire les liturgies des églises orientales comme « l’usage byzantin, l’usage copte, etc. » en les comparant à « l’usage romain » ; il s’agit clairement de rites entièrement différents. « Usage », d’autre part, était le terme prédominant pour les variantes du rite romain alors qu’il y avait de nombreuses variantes de ce type célébrées dans toute l’Europe occidentale.

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  • Les anti-vaccins ou l'esprit critique devenu fou

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    De Mathieu Bock-Côté sur le site du Figaro via le blog artofuss.blog :

    «Les antivax ou l’esprit critique devenu fou»

    CHRONIQUE – Le refus du vaccin contre le Covid-19 s’appuie généralement sur une méfiance envers l’industrie pharmaceutique et s’accompagne souvent d’une relativisation des dangers du virus.

    9 juillet 2021

    La pandémie dont nous sortons peu à peu a remué et ranimé les peurs enfouies dans les entrailles du corps social et de l’inconscient collectif, où se logent hantises archaïques et craintes irrationnelles. Alors qu’elles étaient refoulées et ne survivaient plus que dans le domaine de la science-fiction, de la littérature d’épouvante, du militantisme survivaliste ou dans les marges ésotériques plus déconsidérées, l’effondrement des digues symboliques qui les contenaient leur permet de s’investir dans la vie publique. Elles y surgissent tout en s’accouplant avec des inquiétudes légitimes quant au dérèglement du système politique et de l’organisation sociale des sociétés occidentales, ce qui les rend particulièrement explosives.

    La résistance au vaccin en témoigne. Que le commun des mortels soit réservé devant l’arrivée d’un nouveau traitement médical va de soi, même si, dans les circonstances, il n’était pas interdit d’être enthousiaste, dans la mesure où le vaccin représente la seule sortie de crise à court terme de la pandémie. Le refus du vaccin s’appuie généralement sur une méfiance revendiquée à l’endroit de l’industrie pharmaceutique s’accompagnant souvent d’une relativisation des dangers du Covid. Le principe de précaution vient vernir artificiellement ce refus d’une légitimité philosophique. La recherche des scientifiques ayant rendu possible le vaccin se transforme en discours parmi d’autres, souffrant du discrédit généralement porté aux élites. Mais ce scepticisme peut aussi s’accoupler à une défiance antisystème pouvant aller jusqu’à la déraison et basculer dans un monde parallèle, où se déploie ce qu’on appelle plus ou moins exactement la mouvance complotiste, qui en vient à politiser son opposition au vaccin.

    Cette dernière a très rapidement voulu voir dans la pandémie une immense manipulation servant de prétexte au déploiement d’un nouvel ordre sanitaire mondial. Dès lors, le refus du vaccin est réinterprété comme un acte de dissidence pour défier le système qui s’installe. Car, si la pandémie n’est qu’une fiction, ou si le virus n’est finalement qu’une petite grippe, pourquoi se faire vacciner? Dans sa forme extrême, ce conspirationnisme vire à la bêtise pure et simple, surtout lorsqu’il s’imagine que la vaccination relève d’une mascarade visant à empoisonner et à contrôler la population. Se retrouve au fond de cette théorie cette croyance primitive et hypnotique voulant que derrière l’histoire visible et complexe des sociétés humaines se déploierait une histoire secrète, animée par des forces maléfiques auxquelles résisteraient des hommes ayant vu la lumière et voulant désormais dissiper les mensonges du système.

    La pandémie est alors intégralement idéologisée: elle n’a plus de réalité propre. La confusion s’empare des esprits. Si la critique des excès de la politique sanitaire était et demeure nécessaire, et s’il faut rappeler que tous les pouvoirs, même ceux associés à la santé publique et à l’industrie pharmaceutique, ont tendance à abuser des privilèges qu’on leur accorde, et s’il faut dénoncer le discours de certains médias cédant aux délices de la fabrique de la peur, il ne faut pas non plus renier la raison, non plus que les formidables avancées de la science, qui ont permis d’authentiques progrès dans l’histoire humaine en général, dans l’histoire occidentale en particulier. Le scepticisme peut conduire à la folie, et à la contemplation du néant. Si la classe politique, généralement, a piloté la crise de manière approximative, en se perdant souvent dans des propos relevant au mieux de l’élucubration et au pire du mensonge, on ne fera pas l’erreur de confondre avec elle les chercheurs et scientifiques qui ont su trouver en un temps record la voie de sortie permettant un retour à une société de libertés.

    Car il faut y revenir: au fil des semaines, on prend conscience des ravages causés par le confinement. S’il s’agissait probablement d’un mal nécessaire dans un premier temps, il s’agissait néanmoins d’un mal, qui a réservé aux sociétés s’y soumettant une existence carcérale dans laquelle elles se sont juré avec raison de ne plus replonger. Cela ne sera possible toutefois qu’en sortant d’une mentalité anxiogène héritée des premiers temps de la pandémie, et qui domine encore la classe médiatique, comme si elle ne parvenait pas à s’en arracher et guettait toujours le prochain variant, la prochaine vague, le prochain signe d’un retour au confinement, la promesse effrayante de la fin des temps. La vaccination massive est l’étape permettant de sortir de cette folie. Je confesse un sincère émerveillement devant cet accomplissement scientifique qui a permis de trouver en moins d’un an un vaccin capable, selon toutes les indications disponibles, de dominer le virus, de vivre avec lui, en limitant sa circulation et en le rendant globalement inoffensif.

  • Une méthode pour gouverner l'Eglise qui déroute de plus en plus

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    De ProLiturgia.org :

    14 juillet 2021

    Selon Jean-Marie Guénois (Le Figaro), la méthode qu’emploie le pape François pour gouverner l’Église déroute de plus en plus : « Le pape souffle le chaud et le froid et laisse apparaître une contradiction entre le discours et la pratique. » Les exemples ne manquent pas et François, qui se présentait comme un ardent défenseur de la synodalité, gouverne seul, souvent par décrets et par les motu proprios. « Il y en a eu 46 depuis l’élection de François : du jamais vu », note encore Jean-Marie Guénois. Et ce dernier d’ajouter : « Le Vatican, et donc l’Église, même s’il ne faut pas réduire l’une à l’autre, traversent une crise profonde qui ne dit pas son nom parce qu’elle n’en a pas mais qui est pourtant bien réelle. C’est une sorte de marasme général, fluide, difficile à saisir, parfois glaçant. (...) On pouvait aimer ou rejeter Jean-Paul II. Apprécier ou douter de Benoît XVI. Les camps, pour ou contre, existaient et étaient très actifs. (...) Sous ces deux papes, il y avait une direction claire qui variait peu et surtout une méthode connue parce que le charisme du pape était soutenu par la constance d’une administration vaticane qui l’assistait. (...) Ces pontificats, chacun dans leur genre, n’en étaient pas moins prophétiques. (...) Ce qui trouble les troupes chez [le pape François], ce n'est pas tant ses options très claires mais sa méthode de gouvernement, très personnelle, autoritaire et variable. Comme une météo instable avec ses orages, ses froideurs, ses canicules et... jamais d'accalmies. (...) Comme observateur (...) je n’ai jamais constaté dans les rangs du Vatican un tel épuisement, de tels clivages, une telle peur surtout. (...) »

  • Benedetta : un film raté, un pschitt de pet de nonne

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    D'Arthur de Watrigant sur l'Incorrect via artofuss.blog :

    BENEDETTA : LA TRANSGRESSION DU BOOMER

    On le présentait comme le scandale du festival de Cannes 2021 : le sulfureux Paul Verhoeven revenait sur la croisette avec Benedetta, l’histoire d’une religieuse au 17ème siècle à Pescia en Toscane, « entre sainte et lesbienne ». Le film est raté, un pschitt de pet de nonne.

    10 juillet 2021

    Benedetta est une enfant promise au couvent par son père. Dès l’ouverture, Verhoeven le surligne : la petite brune est différente, quasi mystique. Les rossignols sur son ordre chantent et chient sur l’œil des brigands, surtout s’ils sont borgnes, et lorsqu’elle demande de l’aide « à sa mère » au pied d’une statue de Marie, la sainte vierge lui tombe dessus pour lui donner le sein. On connaît le goût du Hollandais pour le symbolisme, faut avouer qu’il démarre fort le bougre.

    Arrivée au couvent, la mère abbesse à qui Charlotte Rampling prête son regard d’acier négocie avec le papa. « Vous amenez à Jésus une nouvelle épouse » demande-t-elle ? Qui dit épouse dit dot : et oui en Toscane, les vocations naissent à coup de biftons, et la petite Benedetta monnayée tel un chameau aura droit à son voile contre plus de cent écus. Pour l’habit, il faut attendre. L’argent ouvre les portes mais n’accélère pas les délais, et en guise de vêtement, on lui refourgue des haillons qui grattent. « Ton corps est ton pire ennemi » lui répond une sœur. La voilà bien punie. Malin, le Hollandais prépare le terrain.

    Dix-huit ans plus tard, Benedetta la petite brune est devenue une grande blonde. Premier miracle. Elle joue un spectacle devant ses parents revenus pour l’occasion, et fait la morte. Jésus apparaît la barbe brushinguée et la chevelure au vent, il gambade avec les brebis dans un pré aussi crédible qu’Anne Hidalgo en couverture de Paris Match à la campagne. « Tu es mon épouse » lui dit-il. On aura compris, Benedetta a chaud à la truffe. Manque de pot, c’est là qu’apparaît Bartolomea. Elle fuit son affreux papa qui la cogne et se jette aux pieds de la jeune nonne en la suppliant de la garder au couvent. Mais elle n’a pas un radis et la mère abbesse tient toujours une calculette. « Ça sera mon cadeau » dit le père de Benedetta en payant la caution. On a bien envie de lui souffler que son cadeau ressemble furieusement à une pomme perdue dans le Jardin d’Éden, mais non. On ne peut pas. Paul Verhoeven verrouille tout, son script est rectiligne comme une ligne de métro, il n’y a pas de bifurcation possible.

    Lui le cinéaste du trouble, l’athée obsédé par le péché originel qui fait danser le grotesque avec le tragique, le vice avec la vertu, se révèle soudainement aussi didactique et prévisible qu’un vieux boomer. « J’ai besoin de chier » dit Bartolomea à sa nouvelle copine. Et les voici toutes les deux sur des chaises percées. Un pet de nonne plus tard, c’est le premier bisou. On ne va pas tortiller de la caméra, surtout qu’à plus de quatre-vingt ans, Paul Verhoeven n’a plus beaucoup de temps, et son esprit divague. Alors il saute les obstacles tel un chamois en rut et, par le truchement des visions de la pauvre Benedetta qui à force de câliner Jésus sur la croix chope des stigmates et donc nécessite d’être soignée et surveillée, réunit les deux bonnes sœurs dans la même cellule. La finesse d’un bulldozer conjuguée au regard libidineux d’un vieillard à l’Ehpad. Il est loin le temps du sublime Black Book et de son écriture magistrale.

    Verhoeven a la bave aux lèvres et la couche qui fuite. Pépé a trouvé un bon prétexte pour se rincer l’œil gratos

    Formellement, le cinéaste hollandais ne fait même plus d’effort. Les raccords sont grossiers et la caméra semble peser une tonne. Pourtant, on devine une idée derrière cet artifice. La mise en scène de la croyance – est-ce le diable, Dieu ou une manigance de Benedetta elle-même ? – combinée au jeu de pouvoir. Ce n’était qu’une illusion. Paul Verhoeven ne questionne plus, il veut choquer. Il déserte le hors-champ, confond l’audace avec l’esbroufe, et son théâtre devient du grand guignol. C’était brillant et furieusement drôle dans Starship Troopers, ici rien de subversif, rien de radical, juste une provoc de papy ringard.

    La nonne prend du galon et remplace la mère abbesse. Sa nouvelle chambre offre une belle vue, une porte qui ferme et un lit double. Verhoeven a la bave aux lèvres et la couche qui fuite. Pépé a trouvé un bon prétexte pour se rincer l’œil gratos. Il nous rejoue La Vie d’Adèle version Le Nom de la rose mais les « doigts sont trop petits ». Qu’à cela ne tienne, Bartolomea transforme une statuette de la Vierge Marie en godemichet, « c’est un peu rugueux » répond l’autre en l’effleurant du doigt. Un polissage plus tard, elle jouit et une comète débarque au-dessus du couvent. Le lecteur de Libération n’en peut plus, il n’a jamais rien vu d’aussi transgressif. Évidemment, les deux lesbiennes vont se faire gauler, l’Église va débarquer avec un nonce qui ressemble au répurgateur joué par Elie Semoun dans la série Kaamelot. On vous épargne la suite : la transgression du boomer n’offre pas de surprise, seulement de la peine.https://www.youtube.com/embed/WG-hIVwk16w?feature=oembed

  • Prochain conclave en vue : tout le monde prend ses distances avec le Pape François

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    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso, en traduction française sur Diakonos.be :

    Conclave en vue, tout le monde prend ses distances avec le Pape François

    On n’y trouvera pas une seule ligne sur le futur conclave. Et pourtant, les deux livres jumeaux qui viennent de sortir en Italie vont résolument dans ce sens.

    Le premier s’intitule « La Chiesa brucia » [l’Église brûle] et le second « Il gregge smarrito » [Le troupeau égaré]. Tous deux dressent un diagnostic pessimiste de l’état de santé de l’Église, avec une nette détérioration sous le pontificat actuel.

    Mais leurs auteurs ne sont nullement des opposants au Pape François. Le premier livre est signé Andrea Riccardi, historien de l’Église et fondateur de la Communauté de Sant’Egidio, très écouté du Pape qui le reçoit souvent en audience privée et lui a confié – entre autres – la régie du scénographique sommet interreligieux présidé par François en personne le 20 octobre dernier Piazza del Campidoglio à Rome. Tandis que le second livre est signé par une toute nouvelle association qui s’appelle « Essere qui » dont le numéro un est Giuseppe De Rita, 89 ans, fondateur du CENSIS et doyen des sociologues italiens, ainsi que protagoniste d’une saison du catholicisme postconciliaire qui a connu son événement-clé en 1976 dans une grande assemblée d’Église sur « Évangélisation et promotion humaine ».

    Dans son livre, c’est précisément aux lignes où il évoque ce lointain rassemblement que De Rita voudrait ramener aujourd’hui l’Église, à l’opposé – selon lui – de ce qu’ont fait Jean-Paul II et Benoît XVI, qui auraient insisté de manière stérile sur l’évangélisation seule au détriment de la promotion humaine et du réseau de relations sociales.

    Mais entretemps, la sécularisation a asséché une grande partie du catholicisme, surtout en Occident tandis que se répandait une révolution anthropologique qui allait radicalement changer l’idée de la naissance, de la procréation, de la mort, du libre arbitre, en un mot l’idée même de l’homme, très éloignée de celle de la Bible, qu’à magistralement mise en lumière ce qui est sans doute le plus beau document produit par le Saint-Siège ces dernières années, signé par la Commission biblique pontificale et intitulé « Qu’est-ce que l’homme ? ».

    On ne trouvera pas grand-chose, voire rien, sur le défi posé par cette révolution anthropologique ni sur la réponse de l’Église dans ces deux livres. Leur horizon analytique est étroit, alors que l’enjeu est considérable pour notre temps, à l’instar de celui du christianisme des premiers siècles, qui sans s’assimiler ni se séparer du monde environnant, dans une large mesure étranger et hostile, a su exercer dans le même temps une influence culturelle extraordinaire sur la société, dans un sens chrétien.

    Il faut souligner que Riccardi, l’auteur du premier livre, est également un membre éminent de l’association « Essere qui » qui signe le second livre, tout comme d’autres personnalités telles que Romano Prodi, ex-président du la Commission européenne et ex-chef du gouvernement italien, Gennaro Acquaviva, artisan pour le parti socialiste du concordat de 1984 entre le Saint-Siège et l’Italie, ou encore Ferruccio De Bortoli, l’ex-directeur du plus grand quotidien italien, le « Corriere della Sera ».

    Tous se présentent comme un « think tank » offert à l’Église pour son chemin. Sans faire la moindre critique sur le pontificat actuel, mais sans en faire l’éloge pour autant. Ils en parlent peu et de manière vague, comme pour se tenir à l’écart d’une parabole désormais sur le déclin. Et c’est justement là leur point de départ de leur réflexion sur le prochain pape.

    *

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  • Nous sommes entrés dans l'ère de "l'hygiénisme sécuritaire"

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    D'Agnès Pinard Legry sur Aleteia.org :

    Pierre Dulau : « Nous entrons dans une société de l’hygiénisme sécuritaire »

    9/7/21

    Port du masque, entrée en vigueur du pass sanitaire, politique de vaccination… Alors que les mesures visant à lutter contre la pandémie de Covid-19 font de plus en plus débat, le philosophe Pierre Dulau, auteur de "Faire face, le visage de la crise sanitaire" avec Martin Steffens, revient pour Aleteia sur ces mesures et leurs conséquences pour la société.

    Alors que le déconfinement amorcé depuis plusieurs mois se trouve confronté à une recrudescence de cas liés au variant Delta, les Français se retrouvent, une nouvelle fois, dans l’incertitude. Le président de la République, Emmanuel Macron, a annoncé ce vendredi 9 juillet qu’il s’exprimerait lundi à 20h. Le même jour, Malte a annoncé la fermeture de ses frontières aux voyageurs non vaccinés. La veille, la Cnil autorisait la diffusion de la liste des patients non vaccinés auprès des médecins traitants. Depuis plusieurs jours, différentes mesures dont l’extension du champ d’application du pass sanitaire et la vaccination obligatoire pour les soignants sont à l’étude. Autant de mesures qui déroutent et interpellent nombre de personnes. « La virtualisation de l’expérience a largement préparé le terrain à ce qui nous arrive », analyse auprès d’Aleteia le philosophe Pierre Dulau, auteur avec Martin Steffen de Faire face, le visage et la crise sanitaire. « La dématérialisation des rapports humains a rendu possible l’institution d’un nouveau régime : l’hygiénisme sécuritaire. » Entretien.

    A lire sur Aleteia.org