"Ma maison n'est plus ma maison et mes voisins ne sont plus mes voisins"
Un témoignage mis en ligne sur le site de l'Oeuvre d'Orient
Les écoles ont cessé les classes et les magasins ont fermé leurs portes, quant aux églises, les prêtres les ont délaissées, confiant leur garde aux laïcs. Un témoignage d'un prêtre syrien.
À Homs, les quartiers de Bustan el-Diwan, el-Hamidiyyé et el-Arzoun, appelés «la région chrétienne», se sont vidés de leurs habitants.
Ceux-ci les ont abandonnés après avoir vécu une bataille sanglante. Ils ont préféré partir vers les montagnes environnantes ou des villes plus éloignées, à la recherche de la tranquillité après une semaine de terreur à la fin du mois de février. Dans notre quartier de Bustan el-Diwan, il ne reste que nous pour garder notre résidence et les maisons de ceux qui sont partis. Les nuits se passent sans que nous entendions les querelles des voisins ou les cris des passants et les chuchotements des enfants. Les écoles ont cessé les classes et les magasins ont fermé leurs portes, quant aux églises, les prêtres les ont délaissées, confiant leur garde aux laïcs. La vue des maisons, des rues, des magasins, des églises et des mosquées fait peur ; pas un seul endroit qui ait été épargné des balles et de la destruction : les lignes d’électricité et de téléphones sont coupées, les conduites d’eau détruites, les réservoirs de mazout et d’eau éventrés. Notre résidence aussi n’est pas épargnée. ( …) Notre maison n’est plus en sécurité, notre quartier et notre ville non plus. (…)
La situation a empiré au début de mars, quand beaucoup de nos concitoyens sunnites ont abandonné leurs quartiers au sud de Homs et se sont dirigés vers les «quartiers chrétiens». Comme la plupart des maisons étaient vides, abandonnées par leurs habitants, les nouveaux arrivants n’avaient qu’à entrer et s’y installer, cherchant un refuge qui les protège du froid glacial de l’hiver de cette année. Des femmes, des enfants, des jeunes et des vieux de toutes les classes sociales sont arrivés dans des camionnettes, qui les ont déchargés pour aller en chercher d’autres. Cela a poussé certains chrétiens à revenir malgré la situation difficile et le danger réel ; ils ont trouvé que la maison n’était plus à eux et que leurs voisins avaient changé!