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Ethique - Page 267

  • L'avortement sur ARTE ou la Pravda ressuscitée

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    De Charles Demassieux sur Boulevard Voltaire :

    L’AVORTEMENT VU PAR ARTE, C’EST LA PRAVDA RESSUSCITÉE

    Avortement, les croisés contre-attaquent est un documentaire d’Alexandra Jousset et Andrea Rawlins-Gaston récemment diffusé sur Arte« fruit d’une remarquable enquête d’un an dans des pays où l’IVG est légale […], ce film à voir absolument aurait pu aussi s’appeler “Demain nos filles pourront-elles avorter ?” », selon Elle, magazine féminin surtout connu pour son sens de l’analyse des dernières tendances vestimentaires !

    Sauf que le documentaire en question est partisan de bout en bout. Cela dit sans être, pour ma part, un opposant à l’avortement, tout en déplorant qu’il soit à ce point banalisé, car ce n’est définitivement pas un acte banal.

    Dès le titre, on subodore que les chrétiens vont en prendre plein la tête, ce qui sera le cas, depuis les catholiques jusqu’aux évangélistes, en passant par les orthodoxes, nouvel axe du Mal pour les progressistes. Quant au choix du terme « croisés », c’est ainsi que les djihadistes appellent les Occidentaux. On en tremblerait presque !

    D’où qu’ils viennent, les défenseurs de la vie sont donc ostracisés. On parle, ainsi, d’une « communication aux limites de la manipulation » à propos des Survivants – groupe fondé par le publicitaire Émile Duport – quand, dans les rames du métro parisien, ils placardent des affiches pour défendre leurs convictions, comme le font les antifas – mais en plus propre et moins violent.

    Malencontreusement, les auteurs finissent même par donner raison à leurs adversaires quand, d’un côté, ils fustigent le programme de préservation de la maternité en Russie – à l’initiative de l’oligarque Konstantin Malofeev, mal vu de l’Union européenne – avec la mise en place de maisons des mamans à destination des femmes enceintes et des mères fragilisées, et, de l’autre, filment Valentina, une jeune Italienne qui avoue avoir avorté parce qu’elle n’avait précisément pas les moyens d’élever un enfant : « À l’époque, je n’ai pas de maison, j’habite chez mes parents, je n’ai pas de travail, je suis étudiante. […] Le garder signifiait abandonner mes études et même sacrifier ma vie. » Ce qui démontre que l’absence d’aide matérielle a à voir avec l’avortement.

    On peut, certes, déplorer des initiatives détestables comme, à Turin, celle consistant à enterrer des fœtus en inscrivant la date de l’avortement et le nom de la mère mais, pour faire contrepoids, il eût été bon d’évoquer l’eugénisme et son fantasme de perfection, ou la corrélation entre les avortements et l’immigration en Europe. Autant de problématiques « réactionnaires » qui méritaient d’être étudiées dans le cas d’un travail objectif. Au lieu de cela, pendant une heure et demie, on assiste à une mise en accusation des défenseurs de la vie, lesquels seraient tous des fanatiques en puissance.

    Conclusion : ce documentaire est exclusivement pro-avortement, pro-Union européenne et pro-migrants, comme l’atteste un discours jugé « inquiétant » de Viktor Orbán autour de la pression migratoire que subit l’Europe et qui menace son intégrité culturelle.

  • Fin de vie : le cri d'une médecin gériâtre : "Laissez vivre ceux qui ont tant à nous apporter !"

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    FIN DE VIE : "JE VOUS EN SUPPLIE, LAISSEZ VIVRE CEUX QUI ONT TANT À NOUS APPORTER !"

    Le coin des experts de genethique.org

    BEATRIX PAILLOT Tribune 05 mars 2018 

    Le Monde a publié mercredi la tribune de 156 députés qui demandent au gouvernent de légiférer sur l’euthanasie et le suicide assisté avant la fin de l’année 2018. Béatrix Paillot est médecin gériatre, elle réagit pour Gènéthique.

    En tant que médecin gériatre, je suis choquée et navrée d’entendre parler des pressions actuelles en France pour faire passer en force une législation rendant possible une mort provoquée avant le terme naturel de la vie.

    Fin de vie : retour à l’essentiel

    Mon expérience humaine et professionnelle me montre qu’il y a là un leurre terrible. On veut nous faire croire que les personnes âgées dépendantes seraient un poids pour la société et qu’on vivrait plus heureux si elles n’étaient pas là. Or c’est exactement le contraire car les personnes vulnérables nous ramènent sans cesse à l’essentiel de la vie. Elles nous montrent que la vie humaine trouve son sens plénier non dans le faire, mais dans l’être. Plus nous savons nous ouvrir gratuitement à la rencontre de l’autre en prenant soin de lui dans sa vulnérabilité, et plus nous sommes révélés à nous-mêmes, plus nous trouvons le sens de notre vie personnelle et sociétale. C’est pourquoi on dit que l’humanité d’une société se mesure à sa capacité de prendre soin des plus faibles. Si on dit que les personnes âgées ou handicapées sont un poids pour la société, on les tue symboliquement et on les pousse au suicide.

    Un jour en consultation, j’ai reçu une femme d’un certain âge qui me dit : « Vous savez j’ai rédigé une lettre dont j’ai donné copie à tous mes enfants pour dire que si je devais être un jour gravement dépendante, je souhaitais bénéficier du suicide assister en Suisse ». Comme elle venait de me raconter qu’elle s’était occupée pendant de nombreuses années de sa mère atteinte de maladie d’Alzheimer, je lui dis : « Avez-vous trouvé pénible toute cette période où vous vous êtes occupé de votre mère dans son état de grande dépendance ? ». Elle me répondit : « Oh non, pas du tout ! Cela a été des moments particulièrement forts où nous avons pu nous dire des choses très importantes. Et j’ai été très triste de sa mort. Oh, non, je ne regrette pas toutes ces années passées avec elle à m’en occuper, même si parfois, il y avait des moments plus difficiles ». Alors je lui ai répondu : « Et donc vous souhaitez priver vos enfants de la possibilité de vous exprimer leur affection si un jour vous deviez être malade ? ». Et j’ai rajouté : « Vous savez, c’est souvent dans les derniers moments de la vie que l’on transmet à nos proches les messages les plus forts, les lumières qui ont guidées notre vie et qui peuvent aider les plus jeunes de la famille à trouver le sens de la leur. Parfois, c’est en voyant le courage et le sourire plein d’affection d’une grand-mère bien fragilisée par ses handicaps que l’on comprend que toute vie vaut le coup d’être vécue. L’amour est plus fort que toutes les pauvretés humaines et transfigure des situations extrêmes. Mon expérience est que l’on reçoit énormément des personnes handicapées, et souvent beaucoup plus qu’on ne donne ». La consultation s’est arrêtée là et j’ai revu cette femme quelques semaines plus tard pour les résultats de ses examens. Elle m’a dit à la fin de la consultation : « Vous savez, je voulais vous remercier de ce que vous m’avez dit la dernière fois. J’ai déchiré la lettre que j’avais écrite et cela m’a complètement libérée intérieurement. J’ai failli faire une grosse bêtise ».

    Le grand âge : une chance

    Personnellement, aucune personne dépendante ne m’apparait comme un poids pour la société, mais plutôt comme une chance de développer une plus grande inventivité dans l’amour. Les personnes âgées sont porteuses d’un sens de la gratuité, de la tendresse et d’une vraie sagesse de vie dotée de toutes sortes d’expériences humaines qui nous ramènent sans cesse à l’essentiel, à ce qui demeure par-delà les plus grandes difficultés de la vie. Vivre un moment de rencontre gratuite avec une personne âgée nous enrichis et nous rend meilleurs. Peut-être ne peuvent-elles plus « rien faire », mais dans l’ordre de l’être, elles nous donnent en surabondance. Tout l’art est de voir non pas ce qu’elles ne sont plus (ce qui serait de la fausse pitié), mais de voir ce qu’elles sont toujours : des personnes dignes de respect et d’estime.  

    J’ai été très touchée par de très belles rencontres. En voici une parmi d’autres. Un jour, je recevais en consultation une vieille femme atteinte de maladie de Parkinson. Elle ne pouvait plus marcher et m’avait été amenée dans un fauteuil coquille par les ambulanciers. Je devais tester sa mémoire, mais en voyant qu’elle était à moitié endormie dans son fauteuil, je me suis demandé comment j’allais pouvoir m’y prendre… Une fois installée en face du bureau, je lui ai dit : « Bonjour madame, comment allez-vous ? ». Elle ouvrit un œil et me dit : « Bof, dans cet état, je me demande bien à quoi je peux servir ». Désolée de ce qui lui arrive, je réponds : « Et le moral dans tout cela ? ». Elle me dit : « Bof, je passe mes journées à chasser les mauvaises pensées ». Je lui réponds : « Ah c’est beau cela ! Tout le monde ne passe pas son temps à chasser les mauvaises pensées ! ». Elle ouvre les deux yeux et me regarde. Je m’aperçois que son visage est rempli d’une immense paix. Il était très pacifiant pour moi qui la regardais. Je lui dis : « Je vois qu’il y a beaucoup de paix sur votre visage. Vous devez faire immensément de bien autour de vous dans votre maison de retraite. Vous savez, il y a de nombreuses personnes qui n’ont pas la paix du cœur, même parmi les soignants. Vous devez faire beaucoup de bien à ceux qui vous approchent ». A ce moment précis, elle s’est mise à sourire. C’était comme si, en un instant, elle avait retrouvé le sens de sa vie. Cela m’a beaucoup touché car en retrouvant l’utilité de son existence, elle a instantanément retrouvé la joie. Elle est repartie toute heureuse de la consultation.

    Comme vous voyez, parfois il ne faut pas grand-chose pour aider une personne âgée dépendante à retrouver le sens de sa vie. Ne les privons pas de cette période de leur existence où elles peuvent nous offrir le meilleur d’elle-même, la quintessence de leur de vie.

    Et les plus grands malades ?

    Même les malades d’Alzheimer nous donnent plus que nous ne pouvons imaginer. Certes ils ont besoin qu’on leur rappelle maintes et maintes fois la même chose, et parfois des troubles du comportement peuvent les rendre difficiles à vivre au quotidien. Mais à d’autres moments, ils nous font goûter le meilleur de leur cœur. Ils ont une intelligence du cœur qui leur permet toujours de comprendre jusqu’à un certain point le vrai d’une situation. Ils gardent la liberté d’accepter ou de refuser un soin selon que l’aide-soignante s’occupe d’eux avec douceur ou bien qu’elle les brusque. Ils ont un langage du cœur qui transparait dans leurs gestes de tendresse. Ainsi cette femme malade qui me frottait les mains pour les réchauffer parce qu’elle les trouvait froides. Une infirmière m’a raconté qu’un jour, elle n’allait pas bien car elle vivait une situation personnelle difficile. En arrivant ce jour-là au travail, elle ne se sentait pas la force de commencer son service. Elle s’est rendue dans une chambre au fond du service. C’était celle d’une malade d’Alzheimer. Elle s’est mise accroupie auprès d’elle et a penché sa tête sur la poitrine de la vieille femme en lui disant : « Vous savez, je ne vais pas bien, il faut que vous me consoliez ». Et la vieille dame l’a serrée sur son cœur. L’infirmière racontait qu’en quelques instants toute sa tristesse s’est évanouie et qu’elle a pu débuter sa journée comme si de rien était. Elle venait de vivre comme une véritable guérison intérieure grâce à ce geste d’affection d’une malade d’Alzheimer.

    Aussi, je vous en supplie, laissez vivre ceux qui ont tant à nous apporter ! Ils nous apprennent ou réapprennent le vrai sens de la vie. Ils nous gardent dans l’humilité et nous enseignent le chemin du cœur.

  • 15 ans d’euthanasie aux Pays-Bas : une pratique en hausse constante

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    15 ans d’euthanasie aux Pays-Bas, et une pratique en hausse constante (source : IEB)

    6.585 déclarations officielles d’euthanasies aux Pays-Bas pour l’année 2017, ce qui représente 4,4 % des décès sur l’année écoulée.

    Avec près de 500 personnes euthanasiées en plus qu’en 2016, la pratique est en hausse constante.  Le Dr Jacob Kohnstamm, président des Commission régionales d’évaluation de l’euthanasie (« RTE »), parle « d’accoutumance ».

    À l’en croire, la pratique d’euthanasie demeure « remarquablement consciencieuse », les médecins respectant pour la majorité scrupuleusement la loi. Les RTE ont ainsi été jugé 99,8 % des euthanasies conformes au prescrit légal.

    La moyenne d’âge des personnes qui sont décédées d’euthanasie se révèle élevée. Un tiers des patients avaient entre 70 et 80 ans, et un quart plus de 80 ans.

    Près de 5.900 personnes (90 %), ont demandé et obtenu l’euthanasie sur base de souffrances liées à un cancer, à une pathologie neurologique dégénératives (parkinson, sclérose en plaques…), ou à des affections cardiaques ou pulmonaires.

    L’augmentation du nombre de personnes euthanasiées pour cause d’affection psychiatrique, passant de 60 patients non-terminaux en 2016 à 83 en 2017, n’est pas passée inaperçue.

    Cela n’étonne pas le Dr Kohnstamm: « Cette augmentation est un « rattrapage » dans le temps.

    Il s’agit de patients qui suivent des thérapies depuis des décennies, et qui, aujourd’hui ont 50, 60 ans. Leur demande d’euthanasie se fait plus insistante, etle regard porté sur une telle demande a changé ».

    Source : Euthanasie Commissie

    Et, de genethique.org, ce complément d'information pour 2017 :

    Dans son rapport annuel, le Comité de surveillance de l’euthanasie au Pays-Bas a annoncé que les comités d'évaluation avaient reçu 6 585 rapports d'euthanasie en 2017. La commission a estimé que 99,8% avaient été réalisé conformément aux lignes directrices inscrites dans la loi. La croissance est comparable aux années précédentes.

    En 2017, sur les 150 027 personnes décédées aux Pays-Bas, 4,4% d’entre elles sont dues à l'euthanasie.

    • Dans près de 90% des cas, le patient souffrait d'un cancer, de maladies cardiaques et artérielles ou de maladies du système nerveux, telles que la maladie de Parkinson et la sclérose en plaques.
    • Trois patients étaient à un stade avancé de démence et 166 autres étaient à des stades plus précoces.
    • Dans 83 cas, le patient souffrait de graves problèmes psychiatriques. Le rapport souligne que cette tendance soulève des questions parmi les psychiatres.
    • 12 cas problématiques ont été repérés.

    Par rapport à 2016, le nombre de personnes euthanasiées a augmenté de 8%. Le comité estime que la tendance à la hausse devrait se poursuivre sur 2018.

    Sources: Dutch News (07/03/2018)

  • Attaques et contre-attaques autour d'Humanae Vitae

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    De Sandro Magister traduit par Diakonos.be :

    « Humanae vitae » en état de siège. Deux nouveaux assauts et une contre-attaque

    Le siège contre l’encyclique « Humanae vitae » de Paul VI datant de 1968 vient de connaître ces derniers jours deux nouveaux assauts. Mais également une vigoureuse contre-attaque.

    Le premier assaut, qui est aussi celui qui vient de plus haut, est signé par le cardinal Walter Kasper. Dans un livret sorti le même jour en Allemagne et en Italie, il fait l’éloge du « changement de paradigme » inauguré par le Pape François avec l’exhortation « Amoris laetitia ».  Un changement de paradigme – écrit Kasper – qui ne se limite pas à autoriser la communion aux divorcés remariés mais qui « concerne la théologie morale en général et qui a donc des effets sur de nombreuses situations analogues », parmi lesquelles, précisément, le recours aux méthodes artificielles de régulation des naissances.

    Kasper ne trouve pas dans « Amoris laetitia » le passage – qui n’existe d’ailleurs pas – légitimant l’usage des contraceptifs. Il fait cependant remarquer qu’en citant l’encyclique de Paul VI, François « encourage à recourir à la méthode d’observation des périodes naturelles de fécondité mais qu’il ne dit rien des autres méthodes de planning familial et qu’il évite toute définition casuistique ».  Et Kasper d’en déduire que « dans Amoris laetitia, même le non-dit nous dit quelque chose », donnant de fait le feu vert aux contraceptifs et s’en remettant à la « décision en âme et conscience » de chacun quant à leur utilisation.

    *

    Le second assaut est bien moins noble et ne fait en rien autorité. Il s’agit de du commentaire alambiqué qui s’étale sur toute une page dans l’édition du dimanche 4 mars d’« Avvenire », le quotidien de la Conférence épiscopale italienne, sous la plume de leur spécialiste pour les questions de morale familiale, Luciano Moia, d’un important ouvrage qui vient de sortir de presse :

    > Pawel Stanislaw Galuszka, « Karol Wojtyla e ‘Humanae vitae’. Il contributo dell’Arcivescovo di Cracovia e del gruppo di teologi polacchi all’enciclica di Paolo VI », Cantagalli, Siena, 2018, pp. 550, euro 28.

    De tous les documents publiés pour la première fois dans ce livre, Moia isole une lettre écrite par Karol Wojtyla en 1969, après que de nombreuses conférences épiscopales aient exprimé leurs critiques contre « Humanae vitae ». Dans cette lettre, l’archevêque de Cracovie demandait au pape de publier en urgence une instruction contre les « opinions nocives » qui circulaient, en répétant avec encore plus de force l’enseignement de l’encyclique.

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  • France : États généraux de la bioéthique. L'abbé Grosjean répond à Jean-François Delfraissy

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    Grosjean.jpgCuré de Saint-Cyr-l’École (Yvelines) et animateur du Padreblog, l’abbé Grosjean a lu l’entretien accordé par Jean-François Delfraissy, président du Comité consultatif national d’éthique et organisateur des états généraux de la bioéthique, à Valeurs actuelles la semaine dernière. Opposé à l’« idéologie relativiste assumée » du “monsieur éthique” du gouvernement, il réagit dans une « Tribune » du même organe de presse: 

    « J’avoue ma naïveté. J’imaginais que le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) et son président avaient pour mission de rappeler les grands principes éthiques fondateurs pour notre société et — à leur lumière — d’éclairer la réflexion des citoyens et du législateur sur les défis éthiques posés par les avancées de la science.

    En quelques mots, M. Delfraissy détruit tout cela. Sa conviction est claire : il n’y a pas de principes intangibles, ni d’interdits fondamentaux : « Les lignes rouges sont relatives, elles aussi. » La preuve : en Chine, on accepte bien des milliers de transplantations réalisées à partir d’organes de condamnés à mort. Mais est-ce bien ? « Je ne sais pas ce que sont le bien et le mal. » Mais il y a pourtant des choses immuables, qui ont trait à la nature humaine ? « C’est vrai, mais il faut aussi relativiser », etc.

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    Jean-François Delfraissy : “Je ne sais pas ce que sont le bien et le mal”

    Pourquoi tenir de tels propos est-il dramatique ?

    Parce que ces grands interdits fondamentaux (de tuer, de voler, de mentir, de marchandisation du corps humain, etc.) protègent les plus fragiles et rendent possible la vie en société. Ces principes forment une loi inscrite dans notre conscience, accessible à notre raison et qui rend compte de la dignité de chacun de nous. Cette loi, nous l’avons tous en commun, ceux qui croient en Dieu et ceux qui n’y croient pas. En la reconnaissant comme une loi commune, universelle, qui nous précède, nous pouvons vivre ensemble.

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    Chronique du transhumanisme : Duel “à morts”

    Qui protégera la dignité de toute personne humaine si tout est relatif ?

    Si tout est relatif, alors c’est la loi du plus fort ou des plus nombreux qui s’impose. Si aucun principe universel n’est reconnu comme s’imposant à tous, il suffit qu’une majorité décide demain de ne plus reconnaître la dignité de tel ou tel pour que ses droits n’existent plus. L’histoire du XXe siècle nous l’a démontré de façon dramatique, au prix de millions de victimes.

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  • Le 8 mars, un jour non point pour s’émouvoir mais pour se mouvoir vers plus de respect à l'égard des femmes

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    Lu sur "Chrétiens dans la Cité" :

    8 mars, journée internationale des femmes : une chronique du P. Bernard Devert

    Célébration du féminisme ? Oui, si le féminisme est entendu comme une attention aux inégalités que trop de femmes encore subissent. 

    Le 8 mars, un jour non point pour s’émouvoir mais pour se mouvoir vers plus de respect : 

    • à vous, Madame, touchée par l’âge, l’isolement et le manque de ressources, logée dans un immeuble sans ascenseur, alors que vous êtes confrontée à une perte d’autonomie. 

    Souvent, vous ne dites rien, vous tentez de survivre. Si, par chance, quelqu’un sonne à votre porte, vous l’ouvrez, non pour faire entendre des propos amers, mais une sagesse bienveillante. 

    • à vous, Madame, qu’on nomme la mère célibataire, non par choix mais pour avoir été abandonnée. 

    Aux ruptures affectives blessantes, s’ajoutent l’inquiétude pour votre enfant, la recherche d’un logement décent et celle d’un travail compatible avec votre rôle de mère.

    • à vous, Madame qui, pour vivre et faire vivre, acceptez des ménages. 

    Vous intervenez dans les entreprises quand les autres s’arrêtent. Condamnée à des heures nocturnes ou à celles de l’aube pour ne point déranger, vous devez penser que vos conditions de travail pourraient être différences aux fins de vous éviter des horaires impossibles et inadéquats avec ceux des transports en commun. 

    • à vous, Madame, qui avez dû vous sauver pour que votre vie soit respectée, ou simplement protégée, comment ne pas vous exprimer notre demande de pardon pour cette part manquante à l’hospitalité espérée.

    Oui, votre courage à toutes devrait nous donner l’audace d’être à vos côtés pour avoir choisi le parti de la vie.

  • Euthanasie : ce qu'on ne dit pas à la TV

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    Du site de Figaro Vox :

    Damien Le Guay : «Euthanasie, ce qu'on ne dit pas à la télé»

    TRIBUNE - Plus les soins palliatifs seront accessibles aux patients, plus l'envie d'être suicidé par un médecin se fera plus rare, argumente le philosophe.


    Damien Le Guay est membre du conseil scientifique de la Société française d'accompagnement et de soins palliatifs (Sfap), auteur de Le Fin Mot de la vie (Le Cerf, 2014).


    Depuis des années, par vagues savamment orchestrées, la cause du «droit à mourir», c'est-à-dire la légalisation de l'euthanasie, est puissamment relayée dans les médias audiovisuels, sans vrai débat contradictoire. En 2018, cette revendication s'affirme, chez de nombreux députés, avec une sorte d'évidence inoxydable. Les esprits seraient prêts, le moment serait favorable. Erreur. Le Parlement paraît disposé à mener une guerre éclair législative, sans perdre de temps en larges discussions, en auditions, en commissions - alors que ce fut le cas à trois reprises sur cette question par le passé. Les plus actifs (autour de M. Jean-Louis Touraine) voudraient forcer la main du gouvernement, des médecins, des hésitants et des adversaires. Nouvelle erreur. ...

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  • France : les partisans de l'euthanasie déclenchent une vaste offensive dans les médias

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    D'Agnès Pinard Legry sur aleteia.org :

    L’inquiétante offensive médiatique des partisans de l’euthanasie 

    Alors que 156 parlementaires ont demandé, dans une tribune publiée dans Le Monde, l’inscription d’une « aide active à mourir » dans la loi française, et que plus de 263 000 personnes ont signé une pétition réclamant l’autorisation du suicide assisté et de l’euthanasie, le docteur Claire Fourcade, responsable du pôle de soins palliatifs à la polyclinique Le Languedoc de Narbonne, décrypte pour Aleteia les enjeux d’une telle revendication.

    « Il faut, avec des critères stricts, autoriser le suicide assisté et l’euthanasie avec l’assistance de membres du corps médical ». Ces mots sont ceux d’une pétition signée quelques 263 000 personnes. Parmi les signataires figurent les écrivains Noëlle Chatelet et Olivier Adam, le médecin Etienne-Emile Beaulieu, Guy Bedos, le philosophe André-Comte Sponville et les journalistes Bruno Masure et Ariane Mnouchkine. Elle fait écho à une tribune publiée, ce mercredi 28 février, dans Le Monde dans laquelle plus du quart des députés demandent de légiférer en faveur de l’euthanasie afin de « donner aux malades en fin de vie la libre disposition de leurs corps ».

    À la frontière entre la science et la vie privée, la question de l’euthanasie revient régulièrement sur le devant de la scène politico-médiatique. Le docteur Claire Fourcade, responsable du pôle de soins palliatifs à la polyclinique Le Languedoc de Narbonne revient pour Aleteia sur cette proposition.

    Lire la suite sur aleteia.org

  • Arte : "Quand les croisés contre-attaquent"

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    De Frédéric Aimard sur le site de France Catholique :

    Avortement, les croisés contre-attaquent

    « Partout en Europe, de nouveaux militants, très organisés, mènent une redoutable croisade contre l’avortement et la liberté des femmes à disposer de leur corps. Une passionnante – et inquiétante – enquête dans ces réseaux d’influence. »

    Ce reportage se veut une œuvre de contre-propagande. Mais il est d’abord une œuvre de propagande contre... Le ton de la voix qui fait le récit de l’enquête est à cet égard bien caricatural, moralisateur et dramatisant même s’il fait bien école de journalisme...

    Les premières images nous montrent une famille du sud de l’Italie, éplorée et scandalisée parce qu’une jeune femme est morte en couche à cause des médecins qui auraient refusé de l’avorter de ses jumeaux à 4 mois d’une grossesse pathologique. Faute de savoir ce qu’il en est en détail du dossier, on ne pourra faire autre chose que de compatir et respecter cette douleur qui assurément n’est pas feinte... C’est l’objection de conscience des soignants, ceux qui ne veulent pas participer à un avortement, qui est ici dénoncée comme inhumaine et moyen-âgeuse... Ils seraient désormais 80 % d’objecteurs, du moins dans la région de Rome, à cause de l’influence pernicieuse de l’Eglise catholique... Admettons que ce soit là, la simple vérité et regardons la suite...

    Une heure trente d’enquête nous font aller de l’Espagne à la Russie (chez les oligarques poutiniens, chrétiens orthodoxes et financeurs de milices), des États-Unis (des horribles chrétiens extrémistes Donald Trump et Steve Bannon) à la Hongrie (du pire encore Viktor Orban) à Strasbourg où se trame l’initiative One of Us. Celle-ci s’est permis de recueillir (grâce à d’obscurs financements américains, notamment provenant de l’infréquentable Jay Sekulow) 1 700 000 signatures (en fait il y en a 1 897 588...) venues de 20 pays européens, pour activer la procédure d’initiative citoyenne européenne (ICE) qui a eu en gros le même sort que nos 700 000 signatures de la Manif pour tous à notre Conseil économique et social. La voix off du reportage assume le déni de démocratie : « La Commission bloque cette initiative pour des raisons ouvertement politiques ». Car la voix off et la Commission estiment qu’on n’a tout simplement pas le droit de contester, par exemple, le demi-milliard d’euros que l’Union européenne consacre chaque année à « financer l’avortement dans les pays du tiers monde ». Et cela surtout au moment où l’Administration américaine tente de couper les subventions à certains organismes qui promeuvent l’avortement aux Etats-Unis et dans le monde.

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  • Virginie Occidentale : l'Etat met fin au financement des avortements

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    EN VIRGINIE OCCIDENTALE, L’ETAT MET FIN AU FINANCEMENT DES AVORTEMENTS

     de genethique.org 

    En Virginie Occidentale, après le Sénat il y a un mois, la Chambre a adopté lundi à 73 voix pour et 25 contre un amendement à la constitution de l’Etat qui doit mettre fin au financement de Medicaid[1]pour les avortements. Il devrait maintenant être proposé aux électeurs de se prononcer par référendum. Les avortements restent légaux en Virginie occidentale en vertu de la loi fédérale, mais l'État ne les financera plus.

    Une ancienne loi de l’Etat interdisait les avortements financés par Medicaid, sauf lorsque la vie d'une femme était en danger ou en cas de viol ou d'inceste. En 1993, des changements sont intervenus quand le tribunal de Virginie-Occidentale a confirmé le financement de Medicaid dans des circonstances plus larges. A ce jour, la loi exigeait seulement  la déclaration d’un médecin affirmant qu’un avortement Medicaid était « médicalement nécessaire ». Pour les partisans de l'amendement et le président de la commission judiciaire de la Chambre, John Shott, cette disposition a été interprétée de façon trop vague.

    [1] NdlR : Aux États-Unis, Medicaid est un programme à la fois fédéral et étatique qui fournit une assurance maladie aux personnes et aux familles ayant un revenu et des ressources limités.

    Sources: The Washington Times, Michael Virtanen (05/03/2018)

  • Belgique : bilan de 15 ans de pratique de l'euthanasie

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    D'Alliance Vita :

    Euthanasie en Belgique : bilan de 15 ans de pratique


    Euthanasie-Belgique

    Le 15ème anniversaire de la loi du 28 mai 2002 légalisant l’euthanasie en Belgique a été l’occasion pour la presse belge de faire un bilan quantitatif de ce dispositif : 14 753 personnes ont été euthanasiées entre 2002 et 2016, selon les données officielles de la Commission fédérale de contrôle.

    Ce nombre important suscite des interrogations multiples, auxquelles la présente note cherche à répondre. Quelle est la législation applicable, et les débats actuels pour en élargir l’application ? Quelles sont les données statistiques plus précises ? Quelles sont les dérives constatées dans l’application de la loi, et quelles réactions ces dérives éthiques suscitent-elles ?  _____________________

    POUR TÉLÉCHARGER LA NOTE D’ANALYSE
    « Euthanasie en Belgique : bilan de 15 ans de pratique »  : cliquer ici
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    I – LA SYNTHÈSE

    La Belgique a dépénalisé l’euthanasie en 2002 pour les personnes majeures. En 2014, la loi a été étendue aux mineurs sans limite d’âge. Depuis 15 ans, le nombre d’euthanasies n’a cessé d’augmenter rapidement, et les propositions de loi se sont multipliées pour faciliter et pour élargir les conditions de la pratique de l’euthanasie.

    De fait, les informations disponibles mettent en lumière de multiplesdérives dans l’interprétation et dans l’application de la loi : persistance de nombreuses euthanasies clandestines, interprétation de plus en plus large des critères à respecter (notamment sur la notion de « souffrance physique ou psychique constante, insupportable et inapaisable »), rôle discutable de la commission fédérale de contrôle, évolution vers des suicides assistés médiatisés, utilisation des euthanasies pour des dons d’organes, pressions pour supprimer la clause de conscience, etc.

    Les mentalités, surtout dans les régions néerlandophones, évoluent rapidement vers une banalisation de l’euthanasie, au nom de l’autonomie et de « la liberté de l’individu à disposer de sa vie et de sa mort », dans une vision utilitariste anglo-saxonne de l’existence. L’euthanasie est progressivement considérée comme un droit dont on peut réclamer l’application pour soi-même ou pour des proches, même si les conditions ne sont pas clairement réunies.

    Pour autant, face à ces dérives, une réelle opposition commence à se faire entendre. A titre d’exemple : des professionnels de la santé témoignent des dérives dans leur service, des documentaires et films sur les conditions d’euthanasies se multiplient, les représentants religieux s’unissent pour défendre la dignité des personnes fragilisées, sans oublier l’activité des réseaux sociaux qui ne cessent d’informer et d’alerter, spécialement au niveau international.

    II – LES DONNÉES STATISTIQUES

    2024 déclarations d’euthanasies ont été remises à la Commission fédérale de contrôle en 2016, contre 953 en 2010, soit plus du double en six ans.

    Ces chiffres officiels ne reflètent cependant pas totalement la réalité, car leseuthanasies clandestines demeurent nombreuses : elles sont estimées à 27% du total des euthanasies réalisées en Flandre et à 42% en Wallonie (cf § IV-2).

    Ainsi, la Belgique enregistre près de 6 euthanasies « légales » par jour (pour une population de 11,3 millions d’habitants, inférieure à celle de la région Ile-de-France).

    Des statistiques plus détaillées, notamment par région (plus de 80% des euthanasies ont lieu en Flandre) et par type de pathologies, sont disponibles dans le rapport de la Commission fédérale de contrôle. Le dernier en date, publié en octobre 2016, porte sur les années 2014 – 2015. (ci-dessous : le tableau de synthèse de la page 14).

    Stats_Euthanasie_Belgique

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  • Amoris Laetitia : le cardinal Eijk (Utrecht) souhaite que le pape clarifie les points litigieux

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    De Sandro Magister traduit par les soins de Diakonos.be :

    Les « dubia » comptent un cardinal de plus, le hollandais Willem Jacobus Eijk 

    Il ne fait pas partie des quatre cardinaux qui avaient soumis leurs « dubia » au Pape François en 2016. 

    Pourtant, il épouse pleinement leur cause quand il dit que « la source de la confusion, c’est l’exhortation post-synodale ‘Amoris laetitia’ » et qu’il ajoute ensuite : « C’est pour cela que je serais ravi si le Pape pouvait faire la clarté sur ce point, de préférence sous la forme d’un document magistériel ». 

    A 65 ans, ce médecine et théologien hollandais expert en bioéthique est archevêque d’Utrecht depuis 2007 et a présidé jusqu’en 2016 la Conférence épiscopale des Pays-Bas. Le cardinal Willem Jacobus Eijk n’est pas du genre à garder sa langue dans sa poche. 

    Il a toujours combattu au grand jour les thèses favorables à la communion aux divorcés remariés, avant, pendant et après les deux synodes sur la famille. 

    Il a fait partie des onze cardinaux qui, pendant l’été 2015, s’étaient publiquement prononcés dans un livre en faveur de la doctrine de toujours. 

    C’est également l’un des treize cardinaux qui avaient écrit au pape, au début de la seconde session du synode, cette lettre qui l’avait mis en colère, pour défendre la liberté et la justesse des débats synodaux. 

    Il est aujourd’hui l’un des plus ardents critiques de la confusion provoquée par « Amoris laetitia », comme on peut le voir dans l’interview que nous reproduisons ci-dessous et qui constitue la partie finale d’un entretien avec Lorenzo Bertocchi parue dans le numéro de mars du mensuel italien « Il Timone ». 

    Dans un autre passage de cette interview, le cardinal Eijk décrit et dénonce la pente glissante, « the slippery slope », qui dans plusieurs pays, à commencer par la Hollande, mène à une légalisation et à une acceptation de plus en plus généralisée et à des niveaux de plus en plus extrêmes, de l’euthanasie, des mariages homosexuels, de l’idéologie du « gender », avec une Eglise catholique à son tour traversée par une crise de foi qui la rend aveugle face au danger. 

    Mais voici comment il considère précisément la crise générée par « Amoris laetitia », une crise qui « est en train de briser l’Eglise » sans que jamais une parole clarificatrice ne parvienne de la chaire de Pierre. 

    – Eminence, que pensez-vous de la question controversée de l’accès aux sacrements pour les couples de divorcés remariés ? 

    – La question de savoir si l’on peut autoriser les soi-disant divorcés-remariés civilement à recevoir l’absolution sacramentelle et donc l’Eucharistie est en train de briser l’Eglise.  On assiste à un débat, parfois assez virulent, à tous les niveaux, entre cardinaux, évêques, prêtres et laïcs.  La source de cette confusion, c’est l’exhortation post-synodale « Amoris laetitia », rédigée par le Pape François en conclusion du synode sur la famille de 2014 et de 2015. 

    Cette confusion concerne surtout le numéro 305 de l’exhortation.  On observe que certaines conférences épiscopales ont introduit des règles pastorales qui impliquent que les divorcés-remariés puissent être admis à la communion sous une série de conditions et au terme d’un parcours de discernement pastoral de la part du prêtre qui les accompagne.  En revanche, d’autres conférences épiscopales l’excluent.  Or, ce qui est vrai à un endroit A ne peut pas être faux à un endroit B.  Ces interprétations différentes de l’exhortation, qui portent sur des questions doctrinales, causent la confusion chez les fidèles.  Je serais donc ravi si le Pape pouvait faire la clarté sur ce point, de préférence sous la forme d’un document magistériel. 

    Ayant moi-même participé aux deux synodes sur la famille, j’ai défendu le fait que l’on ne pouvait pas permettre aux divorcés civilement remariés de recevoir la communion.  Je l’ai également écrit dans un article publié dans l’intervalle entre les deux synodes dans un livre contenant les interventions de onze cardinaux. 

    – Pourriez-vous brièvement expliquer votre position ? 

    – Jésus lui-même nous dit que le mariage est indissoluble.  Dans l’Evangile selon Matthieu (19, 9, cf. 5, 32), il semble admettre une exception, c’est-à-dire que l’on pourrait répudier sa propre femme « en cas d’union illégitime ».  Cependant, le sens du mot grec « porneia » que l’on traduit ici par « union illégitime », est incertain : il signifie très probablement une union incestueuse à cause d’un mariage entre niveaux de parentés interdits (cfr. Lv 18, 6-18, Ac 15, 18-28). 

    L’argument fondamental, c’est que l’on ne peut pas autoriser aux divorcés-remariés de recevoir la communion sur base de l’analogie entre le rapport entre mari et femme et celui entre le Christ et l’Eglise (Ep. 5, 23-32).  Le rapport entre le Christ et l’Eglise est un don mutuel total.  Le don total de Christ à l’Eglise se réalise dans le don de sa vie sur le croix.  Ce don total est rendu présent dans le sacrement de l’Eucharistie. 

    Donc, celui qui participe à l’Eucharistie doit être prêt à un don total de lui-même qui s’inscrit dans le don total de l’Eglise au Christ.  Celui qui divorce et se remarie civilement, alors que le premier mariage n’a pas été déclaré nul, viole le don mutuel total que ce premier mariage implique.  Le second mariage civil n’est donc pas un véritable mariage.  Le fait de violer le don total du premier mariage qu’il faut encore considérer comme valide et l’absence de la volonté de s’en tenir à ce don total rend la personne en question indigne de participer à l’eucharistie qui rend présent le don total de Christ à l’Eglise.  Ceci n’empêche cependant en rien les divorcés-remariés de participer aux autres célébrations liturgiques, y compris à l’Eucharistie, sans recevoir la communion, ni que les prêtres les accompagnent pastoralement. 

    Dans le cas où les divorcés civilement remariés ne peuvent pas se séparer, par exemple à cause de leurs obligations envers leur enfants, ils ne peuvent être admis à la communion et au sacrement de la réconciliation que s’ils répondent aux conditions mentionnées au numéro 84 de « Familiaris consortio » et au numéro 29 de « Sacramentum caritatis ».  L’une de ces conditions, c’est qu’ils doivent s’engager à vivre comme frère et sœur, c’est-à-dire s’abstenir d’avoir des rapports sexuels. 

    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso.