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Ethique - Page 280

  • Belgique : la loi euthanasie ne tient ni ses promesses de contrôle ni de transparence

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    Du Bulletin de l'Institut Européen de Bioéthique (27/12/2017) :

    Clash et démission au sein de la Commission fédérale de contrôle de l’euthanasie en Belgique

    Une patiente atteinte de démence et de Parkinson a été euthanasiée sur simple demande de sa famille, sans que la personne n’en ait jamais fait la demande elle-même, et n’ait été entendue sur la question. De plus, il appert que le second médecinà consulter n’a en réalité donné son avis médical qu’une fois le décès intervenu. Ces lourdes atteintes aux conditions posées par la loi euthanasie ont amené le médecin impliqué devant la Commission fédérale de contrôle de l’euthanasie (CFCEE).
    Une majorité des membres de la Commission ont confirmé qu’il s’agissait là d’une double violation manifeste de la loi. Et pourtant la Commission n’a, après délibération, pas transféré  le dossier au Ministère Public.

    En effet, à l’issue d’un débat houleux, la majorité de deux-tiers des membres, nécessaire au transfert d’un cas vers la justice, n’a pu, de justesse, être atteinte. Les 6 membres (sur 16) qui n'ont pas souhaité transférer ce dossier à la justice, ne l’ont pas fait par conviction du respect de la loi dans le cas d’espèce, mais bien, semble-t-il, par volonté politique de défendre l’euthanasie dans n’importe quelle circonstance, y compris dans les cas de démence profonde, et par crainte qu’un renvoi en justice freinerait encore plus la pratique de l’euthanasie en Wallonie

    Un médecin spécialiste et membre de la CFCEE, pourtant pro-euthanasie, a posé sa démission, dégoûté par la tournure des événements : « Cette Commission ne remplit pas son rôle. Elle se prend pour un juge. Elle n’élargit pas l’application de la loi euthanasie, elle la viole ». Ici, l’autonomie du patient, souvent avancée pour défendre une application libérale de la loi, n’a même pas été respectée.

    Wim Distelmans, Président de la CFCEE, riposte qu’il ne pouvait s’agir en l’espèce d’un cas d’euthanasie, puisque le consentement du patient n’avait pas été demandé. Malgré les déclarations du médecin, il s’agirait plutôt « d’une sédation terminale décidée par nécessité », acte pour lequel le consentement du patient n’est pas requis. « Si le médecin n’avait pas enregistré sa déclaration, (comme tous les autres médecins), la Commission n’en aurait simplement rien su. », affirme le Président de la Commission euthanasie...

    En tout état de cause, la CFCEE, en avalisant un cas reconnu « d’abus de la loi » par la majorité de ses membres, a montré combien un petit noyau dur pro-euthanasie, manoeuvrait les décisions prises par l'organe de contrôle. C’est déjà ce qui venait d’être critiqué par nombre de praticiens et par une partie du Comité Consultatif de Bioéthique (CCBB) dans son tout dernier Avis (Avis n°73, p.74).

    Selon Willems Lemmens, professeur de philosophie à l’Université d’Anvers et membre du CCBB, cette affaire confirme la « sacralisation malsaine » de l’euthanasie dans notre sociétéNi les médecins, ni la famille de la personne décédée n’ont considéré leur comportement comme répréhensible, et la Commission leur a donné raison, en dépit des conditions légales violées. Certains diront sans doute que ce n’est qu’un « petit abus », un effet secondaire d’une loi que nous sommes socialement priés de considérer comme une « succes story éthique et médicale ». (Article paru dans De Standaard)

    Cette affaire n’est que la « pointe de l’iceberg » affirme Willem Lemmens. En 2015, seuls 73 % des euthanasies en Flandre ont été déclarées à la Commission de contrôle, et 58 % en Wallonie. Qu’est-il arrivé dans les autres cas ? interroge-t-il, et quid de toutes les formes camouflées d’euthanasies ?

    Mais il y a pire. De plus en plus de médecins témoignent de la pression morale qu’ils ressentent. Puisque l’euthanasie est de plus en plus perçue par la population comme un droit sur sa mort et sur celle de ses proches, c’est leur liberté thérapeutique et de conscience à eux, les praticiens, qui est mise sous pression. 

    Lemmens qualifie le lobby d’une « petite minorité de médecins fanatiques », présente au sein de la CFCEE, de « prise d’otage du monde médical ». 

    Il insiste sur le fait que la société n’a encore jamais eu droit à un débat transparent et nuancé sur l’euthanasie, alors qu’elle doit pouvoir entendre les doutes et les questions des médecins.  Une proposition de résolution visant à l’évaluation de la loi a été déposée début décembre à la Chambre par Els Van Hoof.

    Cette énième affaire confirme que la loi euthanasie n’a pas rempli ses promesses de contrôle et de transparence, et confirme l’urgence à sortir de la politique de l’autruche à ce sujet.

    Source : De Standaard 

  • Et si nous faisions le choix du silence ?

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    Et si nous prenions le parti de nous taire ?

    Il y aura bientôt sept ans (28 janvier 2011) que nous avons entrepris un « travail de réinformation » sur ce blog. C’était l’époque où le pape Benoît XVI faisait constamment l’objet de critiques dans les médias et où l’Eglise subissait les attaques répétées de ses détracteurs. En Belgique, Mgr Léonard était une des cibles privilégiées des journaleux de tout poil et aussi du monde politique. Depuis lors, les choses ont bien changé : un concert de louanges universel accompagne le pape François, et le primat de Belgique, revêtu de la pourpre cardinalice refusée à son prédécesseur, connaît à présent les honneurs de la Curie romaine. Avons-nous aujourd’hui les mêmes raisons de nous obstiner dans un travail de « réinformation » pour tâcher de défendre l’Eglise universelle ou celle qui est en Belgique ? Tout ne va-t-il pas pour le mieux ? Ne serions-nous pas des esprits chagrins, nostalgiques d’un pape à l’éméritat et d’un archevêque à la retraite, ruminant leur amertume devant la popularité du bon pape François et de son ami Jozef De Kesel ?

    Pourquoi rapporter aussi, pour la xième fois, les critiques formulées à l'égard d'Amoris Laetitia par un quarteron de théologiens obstinés ? Pourquoi continuer à s’alarmer face à la politique audacieuse de réorganisation de l’Eglise et de la Curie ? Pourquoi se désoler face à l’audace pastorale des responsables ecclésiastiques qui n’hésitent pas à sacrifier des églises, des paroisses, des communautés, des couvents, des monastères, des séminaires ?  Tout cela ne participe-t-il pas au merveilleux mouvement de renouveau initié par Vatican II il y a un demi-siècle sous l’impulsion des saints papes Jean XXIII et Paul VI ? A quoi bon se focaliser sur les dérives éthiques de nos sociétés alors que nos épiscopes semblent ne pas trop s’en préoccuper ? Que nos églises continuent à se vider, que les vocations deviennent rarissimes, que le clergé vive très approximativement les exigences de la discipline ecclésiastique, que les cours de religion soient bientôt bannis des écoles, que les actes de malveillance à l’égard des symboles religieux se multiplient… tout cela n’est-il pas bien insignifiant ? L’important n’est-il pas de se rendre aux périphéries, d’entretenir le dialogue avec l’islam, de considérer le grand remplacement de nos populations comme une bénédiction, de pratiquer une tolérance et une miséricorde tous azimuts… ? Face à la puissance de ce vent de l’histoire, l’obstination d’un petit blog comme celui-ci semble bien dérisoire ; à tout prendre, l’option du silence ne serait-elle pas préférable ?

  • L'archevêque de Séoul appelle au « respect de la vie humaine »

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    Du site "Eglises d'Asie" (Missions étrangères de Paris) :

    Dans son message de Noël, l'archevêque de Séoul appelle au « respect de la vie humaine »

    Dans son message de Noël, le cardinal Andrew Yeom Soo-jung, archevêque de Séoul et administrateur apostolique de Pyongyang appelle au « respect de la vie humaine ». Et souligne que « l’embryon humain doit être considéré comme un être humain ».

    Vendredi 15 décembre, dans son message de Noël, le cardinal Andrew Yeom Soo-jung, archevêque de Séoul et administrateur apostolique de Pyongyang, rappelle l’importance du « respect de la vie humaine »« L’enseignement de l’Eglise catholique, affirme-t-il, est clair sur le fait de l’embryon humain doit être considéré comme un être humain ».

    Vers une dépénalisation de l'avortement ?

    En Corée du Sud, une pétition, lancée le 30 septembre dernier pour « abolir le statut criminel de l’avortement et autoriser l’usage de la pilule du lendemain » a recueilli plus de 230 000 signatures. Le 26 novembre, la Maison Bleue a annoncé la mise en place d’une étude sur la législation en vigueur.

    Sur le fondement du chapitre 27 du Code pénal (articles 269 et 270), une femme qui interrompt volontairement sa grossesse encourt une peine d'un an d'emprisonnement ou une amende de deux millions de wons. Mais la loi sur la santé de la mère et de l’enfant, qui date de 1973, autorise, dans certaines situations, l’avortement. L’article 14 de cette loi permet les interruptions volontaires de grossesse dans le cas d’une grossesse résultant d’un viol ou d’un inceste, si le fœtus est porteur de certaines anomalies génétiques ou congénitales ou encore si la santé de la mère est mise en danger du fait de la grossesse. Une révision de juillet 2009 de cette loi a abaissé le seuil à partir duquel l’avortement n’est plus légal, de la 28ème à la 24ème semaine de grossesse, et a exclu des maladies comme l’hémophilie et l’épilepsie des anomalies congénitales autorisant un avortement thérapeutique. La pilule du lendemain, elle, est délivrée sur ordonnance médicale.

    En 2005, les statistiques gouvernementales recensaient 342 000 avortements par an, chiffre réduit à 169 000 par an en 2010, et dont seulement 6% étaient conformes à la loi en vigueur. Selon l’Eglise catholique, le chiffre réel des avortements est beaucoup plus élevé, le nombre de 1,5 million d’avortements par an étant avancé.

    Le droit à la vie, « le plus fondamental des droits de l’homme » selon la Cour constitutionnelle

    En 2012, La Cour constitutionnelle a rendu un arrêt inédit en faveur du « droit à la vie », affirmant que celui-ci est « le plus fondamental des droits de l’homme » et que le droit d’une femme à disposer de son corps « ne pouvait être invoqué comme étant supérieur au droit à la vie d’un fœtus ». La même année, le gouvernement décidait de maintenir la pilule du lendemain sur la liste des médicaments nécessitant une prescription médicale.

    Ces dernières années, les évêques catholiques de Corée du Sud n’ont cessé de renouveler leur opposition à l’avortement ainsi qu’aux procédés contraceptifs, préconisant la diffusion des méthodes de régulation naturelle des naissances. En devenant archevêque de Séoul en 2012, Mgr Yeom avait annoncé vouloir poursuivre la politique pastorale de son prédécesseur dans le domaine de la bioéthique, sujet qui fait débat en Corée du Sud, en particulier sur les questions de l’euthanasie, de l’avortement et surtout de la recherche sur l’embryon. Evêque auxiliaire et vicaire général de l’archidiocèse de Séoul de 2002 à 2012, Mgr Yeom était notamment connu pour son action en faveur de la défense d’une « culture de vie ».

    L'avortement, point de divergence entre Moon Jae-in et l'épiscopat sud-coréen ?

    Depuis 2011, la CBCK a même instauré un « dimanche pour la vie » célébré chaque année au mois de mai, afin d’« engager la société à restaurer la dignité humaine et le respect de la vie de sa conception aux derniers instants ».

    En avril dernier, la Conférences des évêques catholiques de Corée (CBCK) publiait, comme à son habitudeune analyse des programme des candidats à l’élection présidentielle. Si, d’une manière générale, le programme de M. Moon Jae-in, du Parti Minju (Parti démocratique, centre-gauche), désormais président élu, correspondait aux enseignements de l’Eglise catholique, la seule exception notable concernait l’avortement. A ce sujet, Moon Jae-in ne s’exprimait pas clairement, considérant que « ce sujet nécessite une large consultation de la société civile ».

    Par ailleurs, le cardinal Yeom dénonce dans sa lettre les conflits et souligne les inégalités croissantes. Il invite, en outre, à prêter une attention particulière aux marginalisés et aux malades, « à prendre soin des personnes âgées qui sont pauvres, des immigrés qui n’ont nulle part où aller, des femmes et des enfants victimes de violences domestiques ».

    En 2014, lors de son voyage apostolique en Corée du Sud, le pape François avait demandé aux chrétiens de s’opposer aux « modèles économiques inhumains » qui créent « de nouvelles formes de pauvreté ».

  • La traque des enfants trisomiques au cœur des Nations-Unies

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    La traque des enfants trisomiques au cœur des Nations-Unies

    Au lendemain de la journée mondiale des droits de l’homme, STOP DISCRIMINATING DOWN vous informe sur l’avancée de la mobilisation contre l’élimination en masse des enfants trisomiques avant leur naissance.

    A l’ONU, un motif de grande satisfaction…

    Le Comité des droits des personnes handicapées des Nations-Unies a déclaré, dans un document, que « Les lois qui autorisent explicitement l’avortement en raison d’un handicap violent la Convention des droits des personnes handicapées (Art. 4,5 et 8). » Ce Comité souligne également le danger de se reposer sur les seules évaluations médicales prénatales. Il affirme ainsi que « L’expérience montre que ces évaluations qui ont pour but de détecter les handicaps sont souvent erronées, et que, dans tous les cas, ces détections forgent le préjugé selon lequel le handicap serait incompatible avec une vie heureuse.

    Ce même Comité a la charge de contrôler l’application de la Convention relative aux droits des personnes handicapées dans les pays l’ayant ratifiée. Dans ce cadre, ce Comité a demandé au Royaume-Uni de lui fournir des informations sur les mesures qui ont été prises pour éviter les avortements pratiquées en raison d’un handicap, lesquels sont, selon le Comité, constitutifs d’une discrimination, avant d’aller plus loin, en recommandantd’amender sa législation en matière d’avortement pour que soit prohibé « l’avortement sélectif sur la base d’une déficience du fœtus ».

    … et en même temps une prise de parole glaçante d’un expert

    M. Ben Achour, membre du Comité des droits de l’homme s’est récemment déclaré pour l’élimination prénatale des fœtus porteur de trisomie 21. Réagissant à ses propos scandaleux, Charlotte, une jeune femme trisomique, s’indigne: « Qu’avons-nous fait pour que vous souhaitiez notre disparition ? Pour autant que je sache, ma communauté ne hait ni discrimine personne et n’a commis aucun crime. (…) Ce que vous proposez est de l’eugénisme (…) ». Regardez ici la vidéo de son interpellation.

    Vous recevez ce message car vous avez signé la pétition STOP DISCRIMINATING DOWN. Grâce à votre soutien, nous sommes déterminés à poursuivre le travail aux Nations-Unies. Pour nous permettre d’aller encore plus loin, nous devons être plus nombreux : vous pouvez nous aider en faisant circuler et signer la pétition. Un immense merci par avance.

    SIGNEZ LA PÉTITION

    Le comité Stop Discriminating Down

  • Amoris Laetitia : le pape a parlé mais les doutes n’ont pas disparu... et le cardinal Caffarra non plus

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    De Sandro Magister (vaticaniste à l'Espresso) traduit sur diakonos.be :

    Le pape a parlé. Mais les doutes n’ont pas disparu et le cardinal Caffarra non plus

    Ces deux événements se sont pratiquement produits le même jour. D’une part la publication aux « Acta Apostolicae Sedis »  de ce qui se présente comme l’interprétation officielle et définitive du controversé chapitre huit d’Amoris laetitia, en faveur de la communion des divorcés remariés.  De l’autre la sortie d’un livre contenant des homélies et des articles de Carlo Caffarra, l’un des quatre cardinaux qui avaient soumis au Pape François leurs très sérieux « dubia » sur ce même chapitre.

    Nous avons reçu l’information de la première de ces deux publications début décembre, avec la sortie de l’édition imprimée du nouveau volume des « Acta » officiels du Saint-Siège. Mais la décision d’y faire figurer la lettre dans laquelle le pape approuve les critères adoptés par les évêques de la région de Buenos Aires pour l’application du chapitre huit d’Amoris laetitia remonte à six mois auparavant, au 5 juin dernier.

    C’est ce jour-là que François a ordonné au Cardinal secrétaire d’Etat Pietro Parolin de procéder à la publication officielle de ces deux documents, la lettre du pape et le texte des évêques argentins, « velut Magisterium authenticum », en tant que magistère authentique.

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  • Les Nations-Unies travaillent à un « Brave new world »

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    Les Nations-Unies travaillent à un « Brave new world »

    Le « Standaard » de ce lundi 11 décembre publie une longue opinion de René STOCKMAN, supérieur-général des Frères de la Charité, au sujet du droit à la vie. Un ami a bien voulu traduire cet article pour belgicatho; grâces lui soient rendues. 

    «  Le Comité des Droits de l’Homme des Nations-Unies s’est réuni au début du mois de novembre 2017 pour faire une déclaration officielle concernant le contenu du concept de «  droit à la vie ». Ce Comité est composé d’experts internationaux qui doivent promouvoir les Droits de l’Homme en donnant des directives claires au sujet de la façon dont il faut interpréter, actualiser et implémenter ces droits. Le but est que les autorités nationales suivent ces directives ; elles ne sont donc pas facultatives. Ce même Comité a aussi pour mission de réprimander, de juger et de prendre des mesures pour en commander le respect, à l’égard des pays qui n’en observent pas les lignes directrices.

    Le « droit à la vie » qui était à l’agenda, est un thème qui va à l’essentiel de la Déclaration des Droits de l’Homme, à moins qu’il n’en soit déjà le fondement. D’ailleurs, comment peut-on parler de droits de l’homme si le droit à la vie n’est pas garanti ? […]

    Ni enfant, ni fœtus

    La session de novembre était consacrée à l’attitude qu’il faut adopter quand un enfant à naître semble présenter une anomalie. La mère a-t-elle le droit de recourir à un avortement eugénique ou doit-on aussi tenir compte des droits de l’enfant ? Et à quelles conditions cet avortement peut-il avoir lieu ?  Une nouvelle fois, on aurait pu attendre, compte tenu des prescriptions légales qui valent déjà dans certains pays pour  permettre un avortement, que le comité formule des règles générales qui tiendraient compte autant de la mère que de l’enfant à naître. Mais la discussion prit une autre tournure et les conclusions furent affolantes.

    En premier lieu, on prit clairement distance du principe de base selon lequel le fœtus a aussi droit à la protection, un principe pourtant proclamé par la Cour Européenne des Droits de l’Homme. Ensuite, il fut convenu qu’au cours de la discussion de ce thème, on ne souhaitait pas tenir compte de considérations philosophiques et idéologiques. On refusa même de parler d’un « enfant » et on utilisa avec difficulté le terme de « fœtus », toujours en fonction de la prémisse selon laquelle un enfant n’existe, et n’a donc de droits, qu’à partir de sa naissance. A plusieurs reprises, le terme « fœtus » fut remplacé par le concept « grossesse », car il s’agit alors de la situation dans laquelle se trouve la femme et non de la situation du fœtus ou de l’enfant à naître.

    Pratiques nazies

    Sur cet arrière-plan, on se demanda quelle devrait être l’attitude vis-à-vis de l’avortement eugénique […]

    Il ne se dégagea aucune ligne directrice, mais bien une recommandation en vue de rendre possible la décriminalisation complète de l’avortement, sans conditions de temps, partant de la thèse selon laquelle il faut tout faire pour prévenir un handicap. L’avortement eugénique fut décrit comme la voie la plus indiquée dans la lutte contre les handicaps et toute entrave à l’avortement fut considérée comme une violation des droits de l’homme et une atteinte à la vie de la femme.

    Se pose alors la question de savoir ce qui est protégé : la vie biologique ou les capacités mentales et physiques dont quelqu’un ne dispose pas encore ? Celui qui ne satisfait pas aux conditions supposées se voit donc a priori refusé le droit à la vie.

    Les Droits de l’Homme furent définis en 1948, dans le sillage du régime nazi, pour lequel l’eugénisme était le critère permettant de se défaire de tout ce qui ne correspondait pas à l’image de « l’Übermensch ». A-t-on oublié que c’est précisément pour cette raison que l’avortement eugénique fut explicitement rejeté ? A l’époque on avait appris quelque chose de l’histoire récente, mais il est vraisemblable qu’aujourd’hui, aux Nations-Unies, l’histoire soit tombée dans l’oubli.

    Vous ne pouvez non plus vous en référer à cette histoire, car, en faisant référence aux pratiques nazies, vous causeriez aux femmes qui avortent un traumatisme supplémentaire.

    Par bonheur, survint en même temps une réaction du Comité des Droits des Personnes présentant un handicap, Comité qui est également actif au sein des Nations-Unies. Selon ce Comité, l’avortement en fonction d’un handicap mental ou physique est en contradiction avec les droits des personnes présentant un handicap. Une législation qui incite à de tels avortements, renforce l’idée qu’un handicap ne peut être compatible avec une bonne vie. Dit crûment : qu’il est préférable que de tels enfants ne soient pas nés. Et donc, soient tués.

    Du droit à l’obligation

    Que le Comité des Droits de l’Homme des Nations-Unies en arrive à une telle conclusion est chose incompréhensible. Elle refuse formellement le droit à la vie à un groupe de personnes […]. Et elle remet leur sort aux mains d’un tiers qui porte l’enfant, in casu la femme. Mieux encore, dans ce cas, le Comité encourage l’avortement et en fait un droit et peut-être sous peu une obligation.

    Le suicide assisté et l’euthanasie sont à l’agenda de ce Comité des Nations-Unies pour le début de 2018. Nous devons donc nous attendre encore à une collection de nouveaux droits qui, au nom de l’autonomie, donnent le droit de tuer : soi-même et d’autres.

    S’agit-il là d’un raffinement ultérieur des Droits de l’Homme ? Qu’est-ce que cela dit de notre « civilisation » ? Ma foi, nous vivons dans un Brave new world, comme celui que décrivit Aldous Huxley. »

  • Le nouvel archevêque de Paris n'a pas la faveur de l'intelligentsia progressiste

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    De Bernadette Sauvaget sur le site de "Libé", cet article très critique à l'égard du nouvel archevêque de Paris et qui nous le rend d'autant plus sympathique :

    Michel Aupetit, un archevêque de combat conservateur à Paris

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    Ce spécialiste des questions bioéthiques est notamment un farouche opposant à une libéralisation de la PMA. Sa nomination par le pape est un vrai cadeau à la frange la plus radicale du catholicisme français.

    Il se rêvait en curé de campagne. C’est raté ! Michel Aupetit, 66 ans, a été nommé jeudi, par le pape François, archevêque de Paris, poste éminemment stratégique pour le catholicisme français. Outre ses fonctions religieuses, le patron du plus gros diocèse de France joue, en effet, un grand rôle politique. «Il est régulièrement reçu par les plus hautes autorités de la République, explique l’historien et sociologue Philippe Portier. C’est une sorte d’interface entre l’Etat et l’Eglise.»  Même si son nom circulait avec insistance depuis une quinzaine de jours, Michel Aupetit, ancien médecin et évêque de Nanterre depuis trois ans, ne figurait pas au départ parmi les favoris.

    En fait, sa nomination surprend et déçoit. Pur produit du clergé parisien, il n’apporte pas le courant d’air frais que beaucoup attendaient, même parmi les évêques. Dans les rangs catholiques (et pas seulement parmi ceux qui ont une sensibilité à gauche), on pariait sur un autre choix du pape François, grand pourfendeur de la nomenklatura cléricale, défenseur d’une Eglise des périphéries et de l’engagement social. Aupetit, lui, correspond davantage à un profil se situant dans la lignée et la continuité d’un Jean Paul II et d’un Benoît XVI.

    «Mis en orbite» par André Vingt-Trois

    Cette nomination a été voulue par le cardinal André-Vingt Trois auquel il succède. «Aupetit est programmé depuis plusieurs années pour devenir archevêque de Paris, explique un théologien catholique parisien. C’est lui qu’André Vingt-Trois a mis en orbite.» En vieux chat rusé, ce dernier a gentiment berné tout son monde. Ces derniers mois, il a laissé volontiers croire qu’il ne se préoccupait guère de sa succession. Il était impossible de connaître le nom de celui qui avait ses faveurs. A l’inverse de ce qui s’était passé en 2005, lors de sa propre nomination à la tête du diocèse de Paris. Le cardinal Jean-Marie Lustiger s’était alors battu (presque publiquement) bec et ongles pour imposer André Vingt-Trois comme son successeur.

    Très classique, Aupetit a la réputation d’avoir une forte personnalité, d’être impulsif, voire colérique. «Il a une très haute opinion de lui-même», tacle un religieux de la capitale. Toutefois, il offre un profil assez atypique dans l’Eglise, ce qui a probablement séduit le pape François. Il est ce qu’on appelle dans le jargon catholique une «vocation tardive». Médecin généraliste à Colombes (Hauts-de-Seine) pendant une dizaine d’années, il est entré au séminaire alors qu’il approchait la quarantaine. Ordonné prêtre par le cardinal Lustiger en 1995, il a ensuite grimpé très rapidement dans la hiérarchie ecclésiastique. Une carrière éclair jusqu’à sa nomination comme évêque de Nanterre en 2014 qui a été son marchepied pour Paris.

    «Pourquoi pas la polygamie ? L'inceste ?»

    Le choix d’Aupetit est un vrai cadeau à la frange la plus radicale du catholicisme français. Spécialiste des questions bioéthiques, le nouvel archevêque de Paris est, dans ce domaine, un ultraconservateur. «Doctrinalement, c’est quelqu’un de très sûr», relève Philippe Portier. Ses anciennes déclarations ne laissent aucun doute sur son engagement à venir. Comme le cardinal Philippe Barbarin, il a été un farouche opposant au mariage pour tous. Il avait donné le ton, en juillet 2012, dans une interview à Paris Notre-Dame, l’hebdomadaire du diocèse de Paris. «ll ne convient pas, qu’au nom d’un individualisme exacerbé, on crée une loi pour chaque catégorie de personnes, déclarait-il. Sinon, pourquoi pas la polygamie ? L’inceste ? L’adoption d’un enfant par un frère et une sœur ? Pourquoi pas, en effet, "puisqu’ils s’aiment", pour reprendre l’argumentation des partisans du "mariage homosexuel" ? » Le nouvel archevêque de Paris est tout autant opposé à une ouverture de la PMA aux couples de femmes et aux célibataires, là aussi sur la même longueur d’onde que la Manif pour tous. Pourfendeur de ce qu’il appelle régulièrement «la boboterie parisienne», Aupetit ne fait jamais dans la dentelle. «La véritable question, c’est effectivement la disparition du père, répondait-il en juin 2017 dans une interview à Famille chrétienne, à propos de la PMA. […] L’enfant devient un simple produit manufacturé : sous prétexte qu’il est objet de désir, il est mis à la disposition des adultes, comme l’on ferait pour une voiture ou un smartphone à la mode !»

    Dans les débats à venir en 2018, Aupetit se profile clairement comme un archevêque de combat. Et risque d’être clivant au sein même des catholiques. Beaucoup de responsables ne souhaitaient en effet pas rejouer l’opposition frontale comme lors des grandes manifestations contre la loi ouvrant le mariage à tous. Visiblement, ils n’ont pas été entendus au Vatican.

    Bernadette Sauvaget
  • « C’est officiel : les divorcés remariés peuvent communier »

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    Lu, sous cet intitulé, l'information sans ambages de kathnet publiée par notre confrère du site web  « diakonos.be » :

    Le Vatican a publié dans les “Acta Apostolicae Sedis” (AAS), l’organe officiel du Saint Siège, le document explicatif qui avait été adressé aux évêques de la région pastorale de Buenos Aires suite à l’exhortation post synodale “Amoris Laetitia”, ainsi qu’une lettre du pape François, dans laquelle il donne son approbation au dit document.

    La parution dans les AAS de cette lettre privée du pape aux évêques de la région pastorale de Buenos Aires élève cet écrit au rang de “Lettre Apostolique”.

    Elle contient en outre une contribution du cardinal Pietro Parolin dans laquelle il précise que la parution des deux documents a été faite sur la demande expresse du pape François qui désire que, aussi bien le document explicatif aux évêques de Buenos Aires que sa propre lettre soient désormais considérés comme des éléments de son “magistère authentique”.

    Le document explicatif à l’adresse des évêques de Buenos Aires, datant de septembre 2016, prévoit au n°6, d’autoriser, au cas par cas, que des personnes “divorcées et remariées civilement” puissent recevoir la communion eucharistique, même si celles-ci ne se déclarent pas prêtes à vivre dans l’abstinence. La réception de la communion pourrait être le résultat d’un processus de discernement accompagné de façon personnelle et pastorale par un prêtre. A l’issue d’un tel processus, il n’y aurait pas obligatoirement une admission aux sacrements : les personnes pourraient aussi librement choisir une autre façon de participer à la vie de l’Eglise.

    Dans sa lettre aux évêques, le pape a expressément approuvé la valeur de ce processus. Le document explicatif se veut exhaustif en ce qui concerne le huitième chapitre d’ “Amoris Laetitia”. Le pape l’affirme sans ambiguïté : « Il n’y a pas d’autre interprétation ».

    Source : Kathnet (Trad. MH/APL)

    Ref. C'EST OFFICIEL: LES DIVORCÉS REMARIÉS PEUVENT COMMUNIER

    Il convient assurément de rappeler les divers degrés d’engagement de l’enseignement suprême du pape seul ou du pape et des évêques unis à lui. Il importe spécialement de préciser que le magistère le plus élevé peut se placer à deux degrés d’autorité :

    1°/ Celui des doctrines irréformables du pape seul ou bien du collège des évêques (Lumen gentium n. 25 § 2 et 3). Ce magistère infaillible, auquel il faut « adhérer dans l’obéissance de la foi », peut lui-même être proposé sous deux formes :

    a) les jugements solennels du pape seul ou du pape et des évêques réunis en concile ;

    b) le magistère ordinaire et universel (Dz 3011).

    2°/ Et d’autre part, celui des enseignements du pape ou du collège des évêques avec le pape, sans intention de les proposer de manière définitive, auxquels est dû « un assentiment religieux de la volonté et de l’esprit » (Lumen gentium n. 25 § 1). On parle généralement de « magistère authentique », bien que le vocabulaire ne soit pas absolument fixé.

    C’est donc au dernier degré d’autorité de ce magistère qu’il faut situer celle des deux documents publiés au « Moniteur » du Saint-Siège : le même que celui de l’exhortation post-synodale « amoris laetitia ».

    JPSC

  • Il a suffi de quinze ans pour que l'euthanasie soit banalisée en Belgique

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    De Loup Besmond de Senneville sur le site du journal La Croix :

    En quinze ans, l’euthanasie s’est banalisée en Belgique

    Initialement conçue comme une loi d’exception, l’euthanasie, adoptée en 2002 par la Belgique, y est considérée comme un acte de plus en plus banal.

    Si l’opinion publique y est très favorable, des professionnels de santé émettent des doutes quant à l’extension continue de cette pratique.

    « Une pente glissante. » Quand on l’interroge sur l’évolution de la mise en pratique de l’euthanasie dans son pays, Marc Desmet, jésuite et chef d’un service de soins palliatifs dans l’un des plus gros hôpitaux de Belgique, à Hasselt, répond sans hésiter. Quinze ans après la dépénalisation de l’euthanasie, ce médecin flamand ne peut que constater l’évolution de la loi (1).

    Initialement conçue, en 2002, comme une possibilité ouverte aux personnes souffrant de manière insupportable et constante d’une maladie grave incurable, elle n’a cessé, depuis, de s’élargir : les personnes atteintes de troubles mentaux représentent ainsi 19 % des patients euthanasiés, et il est possible depuis 2014 d’euthanasier les mineurs, même s’ils ne sont pas en mesure de donner leur consentement. Quant aux chiffres – 15 000 personnes au total ont été euthanasiées –, ils n’ont cessé d’augmenter, passant de 235 euthanasies en 2003, à 2024 en 2016 (soit 2 % des décès dans le pays).

    Une pression sociétale forte

    Pour réfléchir à ces évolutions, plusieurs chercheurs se sont réunis en novembre 2017 à l’université d’Anvers, pour un colloque entendant établir un bilan – critique – de quinze années d’application de cette loi dans le pays. Cet état des lieux était organisé alors que les Belges débattent depuis plusieurs semaines à une nouvelle évolution de la loi, pour permettre « aux personnes âgées qui ont le sentiment d’une vie accomplie », aussi appelées « fatiguées de vivre », même si elles ne souffrent d’aucune pathologie, d’accéder à l’euthanasie.

    Sept Belges sur dix sont favorables à une telle évolution, selon un sondage RTL/Le Soir/Ipsos publié à la mi-septembre, ce dont se réjouit Jacqueline Herremans, avocate et présidente de la branche belge de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD). Elle se félicite aussi d’un « changement de mentalités » concernant la mort, ainsi que de la « plasticité » de la loi, qui a permis les évolutions des dernières années : « le législateur n’a pas figé les concepts, par exemple en ne définissant pas ce qu’est une infection grave et incurable. »

    BLOG Fin de vie : déjà, appliquons la loi

    C’est précisément cette plasticité qui ne cesse d’inquiéter les opposants, dont Carine Brochier, directrice de l’Institut européen de bioéthique. « Alors que la loi était conçue comme une exception, il est devenu normal de se faire euthanasier, déplore-t-elle. La pression sociétale est énorme, et la société belge ne débat pas. Ce n’est pas notre culture, y compris philosophique. » Il demeure néanmoins un cercle où les avis sur l’euthanasie ne sont pas aussi homogènes que dans le reste de la société belge : celui des professionnels de santé.

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  • Le Vatican aurait conféré à l’interprétation argentine d’Amoris Laetitia le caractère de « magistère authentique »

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    De Koz sur le site "le Samaritain" :

    Le Vatican clarifie sa position sur Amoris Laetitia

    Pardonnez la formulation en titre, qui manque peut-être (certainement ?) de justesse théologique.

    C’est néanmoins, en format synthétique, ce qui apparaît à un observateur pas totalement profane.

    Alors que certains mettent en avant une prétendue confusion dans l’Eglise, qu’ils ne rechignent pas nécessairement à alimenter, La Croix révèle que le Vatican avait conféré à l’interprétation argentine d’Amoris Laetitia le caractère de « magistère authentique ».Et cette interprétation est bien loin d’une vision laxiste de l’accès aux sacrements, bien loin encore d’un accès automatique.

    Voici les directives données par l’épiscopat argentin (source La Croix également) :

    1. En premier lieu, nous devons nous souvenir qu’il ne convient pas de parler de « permissions » d’accès aux sacrements, mais d’un processus de discernement accompagné par un prêtre. Il s’agit d’un discernement « personnel et pastoral » (n. 300).

    2. Au cours de ce cheminement, le pasteur devrait mettre l’accent sur l’annonce fondamentale, le kérygme, qui stimule ou renouvelle la rencontre personnelle avec Jésus-Christ vivant (cf. n. 58).

    3. L’accompagnement pastoral est un exercice de « via caritatis ». Il s’agit d’une invitation à suivre la route « de Jésus : celle de la miséricorde et de l’intégration » (n. 296). Cet itinéraire requiert la charité pastorale du prêtre qui accueille le pénitent, l’écoute avec attention et lui montre le visage maternel de l’Église, tout en acceptant sa juste intention et sa bonne résolution d’exposer sa vie entière à la lumière de l’Évangile et de pratiquer la charité (cf. n. 306).

    4. Ce chemin n’aboutit pas nécessairement aux sacrements. Il peut s’orienter vers d’autres manières de s’intégrer davantage dans la vie de l’Église : une plus grande présence dans la communauté, la participation à des groupes de prière ou de réflexion, l’engagement auprès de divers services ecclésiaux, etc. (cf. n. 299).

    5. Quand les circonstances concrètes de la vie d’un couple le permettent, en particulier quand les deux personnes sont chrétiennes et témoignent d’un parcours de foi, il est possible de leur proposer de s’engager à vivre dans l’abstinence. Amoris laetitia n’ignore pas les difficultés de cette option (cf. note 329) et laisse ouverte la possibilité d’accéder au sacrement de la Réconciliation en cas de défaillance (cf. note 364, Lettre de Jean-Paul II au cardinal W. Baum du 22 mars 1996).

    6. En d’autres circonstances plus complexes, et lorsqu’il n’a pas été possible d’obtenir une déclaration de nullité, l’option mentionnée peut ne pas être, de fait, réalisable. Toutefois, un parcours de discernement est également possible. Si l’on parvient à reconnaître que, dans un cas concret, il existe des limitations qui atténuent la responsabilité et la culpabilité (cf. n. 301-302), en particulier quand une personne estime qu’elle commettrait une nouvelle faute qui pourrait nuire aux enfants de la nouvelle union, Amoris laetitia ouvre la possibilité de l’accès aux sacrements de la Réconciliation et de l’Eucharistie (cf. notes 336 et 351). Ceux-ci, à leur tour, disposent la personne à continuer de mûrir et de croître avec la force de la grâce.

    7. Cependant, il faut éviter de comprendre cette possibilité comme un accès sans restriction aux sacrements, ou comme si n’importe quelle situation pouvait le justifier. Ce qui est proposé est un discernement qui fasse dûment la distinction au cas par cas. Par exemple, une « nouvelle union provenant d’un divorce récent » ou « la situation d’une personne qui a régulièrement manqué à ses engagements familiaux » (n. 298) requiert une attention toute particulière. De même lorsqu’il y a une sorte d’apologie ou une volonté d’ostentation de la situation même, comme si elle « faisait partie de l’idéal chrétien » (n. 297). Dans ces cas plus compliqués, nous, pasteurs, devons accompagner avec patience, en veillant à proposer un chemin d’intégration (cf. 297, 299).

    8. Il est toujours important d’orienter les personnes à la prise de conscience de leur situation devant Dieu et c’est pourquoi « l’examen de conscience » proposé par Amoris laetitia (n. 300) est utile, surtout en ce qui concerne la manière dont elles « se sont comportées envers leurs enfants » ou envers le conjoint abandonné. Quand certaines injustices n’ont pas été résolues, l’accès aux sacrements est particulièrement scandaleux.

    9. Il peut s’avérer opportun qu’un éventuel accès aux sacrements s’effectue de manière discrète, surtout quand des situations conflictuelles sont prévisibles. Mais en même temps, il ne faut pas cesser d’accompagner la communauté afin qu’elle continue de croître dans un esprit de compréhension et d’accueil, sans que cela crée de confusion quant à l’enseignement de l’Église concernant l’indissolubilité du mariage. La communauté est l’instrument de la miséricorde « imméritée, inconditionnelle et gratuite » (n. 297).

    10. Le discernement ne se referme pas parce qu’il « est dynamique et doit demeurer toujours ouvert à de nouvelles étapes de croissance et à de nouvelles décisions qui permettront de réaliser l’idéal plus pleinement » (n. 303), selon la « loi de gradualité » (n. 295), et en ayant confiance en l’aide de la grâce.

  • L'Europe n'a jamais été aussi favorable à la vie

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    Lu sur "le coin des experts" sur le site genethique.org :

    « JAMAIS L’EUROPE N’A ÉTÉ AUSSI FAVORABLE À LA VIE »

    GRÉGOR PUPPINCK Interview 05 décembre 2017  IVG-IMG  

    Le Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, Nils Muiznieks, publie un rapport pour dénoncer « des menaces résurgentes pour la santé et les droits sexuels et reproductifs des femmes ». Gènéthique fait le point avec Grégor Puppinck[1], docteur en droit et Directeur du Centre Européen pour le Droit et la Justice (ECLJ-Strasbourg).

    Gènéthique : La publication à venir d’un rapport du Conseil de l’Europe sur les questions autour de l’IVG était connue. Il est présenté aujourd’hui, quel est son contenu ?

    Grégor Puppinck : Ce rapport, endossé par le Commissaire européen aux droits de l’homme, Nils Muiznieks, a été en grande partie rédigé, comme il est précisé dès l’introduction, par le principal lobby américain pour la promotion de l’avortement auprès des instances internationales, le Center for Reproductive Rights. Un lobby proche du Planning familialCe n’est donc pas un rapport d’experts mais un rapport de lobby. Aussi, comme tel et sans surprise, il reprend mot pour mot l’agenda des lobbys pro-IVG.  A savoir :

    1/ Omission complète de toute mention de l’enfant,

    2/ Droit à l’IVG jusqu’à la naissance,

    3/ Restriction de la liberté de conscience des professionnels de santé.

    En fait, le militantisme du Commissaire Muiznieks était déjà bien connu. Déjà, en 2014, il avait refusé de condamner l’infanticide néonatal, alors qu’il avait été saisi par plus de 200 000 citoyens, prétendant à l’époque que cette question ne faisait pas partie de son mandat…

    G : Quelle importance faut-il accorder à ce rapport ?

    GP : Il n’y a pas lieu d’accorder beaucoup d’importance à ce document car cette fonction de commissaire est purement politique. Il n’a aucun pouvoir, très peu d’autorité et encore moins de notoriété. C’est d’ailleurs pour cela qu’il peut se permettre de prendre des positions aussi peu responsables. En fait, c’est regrettable pour le Conseil de l’Europe car cela ne fait pas très sérieux.

    D'ailleurs, la Cour européenne des droits de l'homme ne prévoit aucun "droit' à l'avortement. Tout au plus, la Cour européenne tolère l'avortement : mais dire comme le fait le Commissaire, qu'il existerait un droit à l'avortement sur demande au titre des droits de l'homme est tout simplement faux. Il existe en revanche un droit à al vie, et la Cour européenne a admis que les Etats peuvent garantir ce droit depuis la conception de l'embryon.

    G : Le rapport suggère un certain nombre de recommandations aux Etats membres. Ne sont-elles pas le signe que les « acquis » en matière d’IVG sont bousculés et que la tendance face à cette question est en train de s’inverser ?

    GP : Ce rapport témoigne d’un durcissement des positions des promoteurs de l’avortement qui n’hésitent plus aujourd’hui à recommander de bafouer les libertés de conscience, d’opinion et d’expression des personnes critiques à l’égard de l’avortement. Ils sont aussi prêts à recommander l’avortement jusqu’à la naissance.

    Il me semble que ce durcissement est l’expression d’une crainte face à la (re)prise de conscience croissante dans la société des problèmes que posent l’avortement. Le rapport s’inquiète d’ailleurs de ce phénomène. Les mouvements provie ont une très forte capacité de mobilisation populaire qui fait totalement défaut aux promoteurs de l’avortement. Il semble que les tenants de l’avortement veuillent graver un droit à l’avortement dans le faux-marbre des droits de l’homme, tant qu’ils en ont encore le pouvoir. Ils se pressent car cela pourrait changer rapidement. Les Etats-Unis ont élu un président et une administration provie, et en Europe, plusieurs pays prennent la même direction. Ceux-ci estiment qu’un plus grand respect de la vie est un progrès pour les droits de l’homme. Jamais l’Europe n’a été aussi favorable à la vie.

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    [1] Grégor Puppinck a dirigé la rédaction de "Droit et prévention de l'avortement en Europe", LEH Editions, 2016.

  • Le Serment d'Hippocrate revu et corrigé ne protège plus la vie à naître

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    LE NOUVEAU SERMENT D'HIPPOCRATE MET LA VALEUR DE LA VIE HUMAINE EN BALANCE

     de genethique.org

    A l’occasion de son Assemblée générale en octobre 2017 à Chicago (USA), l’Association Médicale Mondiale (AMM) a adopté une version amendée du serment d’Hippocrate.  Initialement promu en 1948 suite à l’implication d’éminents médecins allemands dans des expérimentations sur des prisonniers non consentants, des euthanasies, etc., le serment, aussi connu comme la déclaration de Genève, est utilisé par les médecins du monde entier. Dans un certain nombre de pays, il fait même partie intégrante de la législation régissant l’exercice de la médecine.

    La version moderne adoptée cet automne reflète les changements du contexte dans lequel s’exerce l’éthique médicale. Ils manifestent une vision plus bureaucratique et plus légaliste de la médecine.

    La première modification consiste à transformer le "serment" en "engagement". Dans un monde toujours plus sécularisé, le terme de serment indiquerait une référence trop significative à une « divinité » qui « donnerait des lois ».

    La loi naturelle elle-même semble ne plus avoir cours et, dans la phrase : « même en cas de menace, je n’utiliserai pas mes connaissances médicales contredisant les lois de l’humanité », « les lois de l’humanité » ont été remplacées par « les droits humains et les libertés civiles ». Le bien et le mal sont placés sous l’égide de la loi positive, qui apparait désormais comme principale référence. Dans certaines circonstances, le bien et le mal pourraient même être définis par le gouvernement.

    Le changement le plus significatif concerne l’autorisation implicite de l’avortement : « Je maintiendrai le plus grand respect pour la vie humaine dès le moment de la conception » est remplacé par « je maintiendrai le plus grand respect envers la vie humaine ». L’interdiction universelle à l’avortement disparait. Ce passage soulève aussi la question de la fin de vie[1], même si la position de l’AMM reste à ce jour résolument hostile aux pratiques de suicide assisté ou d’euthanasie.

    Enfin, la question de l’autonomie du patient s’impose également dans la version 2017 du serment qui introduit une nouvelle clause : « Je respecterai l’autonomie et la dignité du patient ». Si le concept contient une certaine noblesse, « cela signifie-t-il que le médecin devra répondre à toutes les demandes du patient, quelles qu’elles soient ? ». 

    La version votée du nouvel "engagement d’Hippocrate" est disponible ici

    [1] Sujet récemment débattue par l’AMM réunie à Rome sur ce sujet (cf. Pape François : « L’euthanasie est toujours mauvaise »).

    Sources: Mercator, Michael Cook (30/11/2017)