« Ne pas jeter le père ! » : tribune de Tugdual Derville dans Ouest France (source)
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« Ne pas jeter le père ! » : tribune de Tugdual Derville dans Ouest France (source)
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LA PREMIÈRE ITALIENNE À SE MARIER AVEC ELLE-MÊME
Laura Mesi est devenue, à 40 ans, la première mariée italienne à s'engager dans une union sologame.

Un grand gâteau avec une seule figurine, à son effigie. Image: Facebook/Laura Mesi
Elle avait vu les choses en grand. Belle robe, grand gâteau, alliance et près de 70 invités... Laura Mesi avait tout ce qu'il fallait pour son mariage, sauf un mari.
Selon La Repubblica, cette coach sportive de 40 ans est devenue la semaine dernière la première mariée italienne à s'engager dans une union sologame. «L'idée m'est venue il y a deux ans. J'avais dit à mes parents et à mes amis que si je ne trouvais pas l'âme sœur, je me marierai à mon quarantième anniversaire», explique-t-elle au quotidien italien.
Elle a donc tenu parole en organisant le 21 septembre dernier à Milan son mariage avec elle-même. «J'ai dépensé un peu plus de 10 000 euros, le tout de ma poche. J'ai fait une petite folie pour la robe et la bague. Grâce aux cadeaux des 70 invités, j'ai pu couvrir les frais du repas. On m'a également offert ma lune de Miel», lors de laquelle elle est partie seule, évidemment.
A découvrir sur diakonos.be :
Lu sur zenit.org :
Amoris laetitia : une morale thomiste, affirme le pape François
Dialogue avec les jésuites de Colombie
Pour comprendre l’exhortation apostolique post-synodale sur la famille Amoris laetitia, il faut la lire en entier, de bout en bout, a expliqué le pape François. Et la théologie du document s’appuie sur « une morale thomiste, celle du grand Thomas », a-t-il affirmé lors d’une rencontre informelle avec des jésuites de Colombie, le 10 septembre 2017.
Au cours de son voyage apostolique en Colombie (6-11 septembre), le pape François s’est rendu dans la ville de Cartagena, au sanctuaire de saint Pierre Claver, où il a rencontré en privé une délégation de la compagnie de Jésus composée de 65 religieux. Dans la Civilta Cattolica en français de septembre 2017, le p. Antonio Spadaro, directeur de la revue jésuite, retranscrit l’échange entre le pape argentin et ses confrères.
Au fil du dialogue, « par justice et aussi par charité », le pape a évoqué les « commentaires — respectables, car exprimés par des fils de Dieu, mais erronés — à propos de l’Exhortation apostolique post-synodale » sur la famille : « Pour comprendre Amoris laetitia, il faut la lire de A à Z, a-t-il insisté. En commençant par le premier chapitre, en continuant par le deuxième et ainsi de suite… et réfléchir. Et lire ce qui s’est dit dans le Synode. »
Face à ceux qui « soutiennent que derrière Amoris laetitia, il n’y a pas de morale catholique, ou, tout du moins, que ce n’est pas une morale sûre », le pape a affirmé « que la morale d’Amoris laetitia est une morale thomiste, celle du grand Thomas. Vous pouvez en parler avec un grand théologien, parmi les meilleurs aujourd’hui et parmi les plus matures, le cardinal Schönborn ».
La morale en effet n’est pas « une pure casuistique », a-t-il ajouté : « le grand Thomas possède une très grande richesse, capable de nous inspirer encore aujourd’hui. Mais à genoux, toujours à genoux… »
Dans cette même optique, la théologie et la philosophie ne doivent pas être « une réflexion de laboratoire », a souligné le pape : « nous avons vu quel préjudice a fini par causer la grande et brillante scolastique de Thomas quand elle a commencé à décliner, à décliner, à décliner…, elle est devenue une scolastique de manuel, sans vie, une simple idée, et elle s’est traduite en une proposition pastorale casuistique. »
Les recherches doivent s’élaborer au contraire « dans la vie, dans le dialogue avec le réel », avec « les trois transcendantaux qui font l’unité » : la beauté, la bonté et la vérité. « On ne peut pas faire de philosophie avec une table logarithmique… Et cela est valable aussi pour la théologie, mais cela ne revient pas à ‘abâtardir’ la théologie, au contraire. La théologie de Jésus était la chose la plus réelle de toutes, elle partait de la réalité et s’élevait jusqu’au Père ».
« Pour être un bon théologien, a estimé le pape François, en plus d’étudier, il faut avoir du dévouement, être vif et saisir la réalité ; il faut réfléchir à tout cela à genoux. Un homme qui ne prie pas, une femme qui ne prie pas, ne peuvent être théologien ou théologienne. Ils seront le volume de Denzinger personnifié, ils connaîtront toutes les doctrines existantes ou possibles, mais ils ne feront pas de théologie. Ils seront un compendium, un manuel où il y a tout. Mais aujourd’hui, la question est de savoir comment toi tu exprimes Dieu, comment tu exprimes qui est Dieu, comment se manifestent l’Esprit, les plaies du Christ, le mystère du Christ, à partir de l’Épître aux Philippins 2, 7 et après… Comment tu expliques ces mystères et comment tu vas les expliquer, et comment tu es en train d’enseigner cette rencontre qu’est la grâce. »
© Editions Parole et Silence/Civiltà Cattolica, 2017 : http://www.paroleetsilence.com/La-Civilta-Cattolica-une-revue-de-pont-et-de-culture_news_279.html
La réaction d'un dominicain : http://reinformation.tv/basil-cole-op-repond-morale-amoris-laetitia-thomiste-smits-75202-2/
Dans la conférence «La famille à la lumière de la miséricorde selon le pape François », qu’il a consacrée, voici plus d’un an, à l’exhortation apostolique « amoris laetitia », l’évêque de Liège, Mgr Delville déclarait en préambule :
« Chers Amis,
Vous le savez sans doute, le thème de la famille est très important dans notre foi puisque c’est dans la famille qu’on donne la vie et qu’on développe l’amour : un enfant naît dans une famille et il y trouve l’amour qui va lui permettre de se développer plus tard. Ces deux dimensions sont unies dans le mariage : celui-ci est à la fois don de la vie et amour échangé.
Crise de la famille aujourd’hui
Mais dans notre culture ces deux dimensions subissent de grandes mutations, au point qu’on peut parler d’une crise de la famille : tout ce qui tourne autour de la naissance de l’enfant est lié au développement de la technique, qui permet de contrôler les naissances, entre autres par médicaments, ou même d’avorter sous opération ou de donner la vie en laboratoire (in vitro). Et tout ce qui tourne autour de l’amour est sujet à des grands changements de mentalités : on a tendance de plus en plus à vivre l’amour du couple en-dehors du mariage, on divorce plus souvent et plus facilement qu’autrefois, on conteste aussi la fidélité pour la vie, on découvre aussi la spécificité des personnes homosexuelles et des couples qu’elles peuvent former entre elles. Un autre aspect du changement de mentalité, c’est la condition de la femme : la femme devient enfin l’égale de l’homme ; et dans le couple, elle n’est plus soumise au bon vouloir de son mari en matière de fécondité, par exemple. Il y a une beaucoup plus grande autonomie des partenaires dans la vie de couple et la vie de famille. Cette évolution sur ces deux points : le don de la vie et l’amour vécu, aboutit aussi au fait qu’on dissocie ces deux éléments du mariage l’un de l’autre : on dissocie la fécondité de l’amour. L’amour, dira-t-on, peut se vivre indépendamment de la fécondité, indépendamment des enfants et de la famille ; et la fécondité peut se vivre indépendamment de l’amour : il y a ainsi des mères porteuses, qui acceptent de vivre une grossesse pour d’autres personnes. Ainsi, on peut parler à juste titre de crise de la famille ou de mutations dans la famille.
Réactions contradictoires dans l’Église
Face à ces évolutions, il y a deux attitudes opposées dans l’Église : une attitude conservatrice et une attitude libérale. La première attitude a tendance à dire : nous avons une doctrine qui remonte à Jésus concernant le mariage et la famille ; on doit donc y rester fidèle intégralement. L’attitude libérale dira : on doit évoluer avec son temps, d’ailleurs Jésus lui-même s’opposait aux lois tatillonnes des pharisiens de son époque et il a tout résumé dans le commandement de l’amour.
Ces deux attitudes opposées créent des tensions dans l’Église et des oppositions, qui risquent de déboucher sur des blocages, des contradictions et des exclusions mutuelles. Cela pose aussi beaucoup de problèmes concrets : les personnes divorcées remariées, par exemple, quelle place auront-elles dans l’Église et dans ses institutions ? ou les couples non mariés ? Cette situation engendre aussi une tension entre la théorie et la pratique, entre la réalité vécue et la doctrine. En plus de tout cela, il ne faudrait pas oublier le vécu quotidien des familles et des couples. Même dans des situations régulières, la vie familiale cause des tas de problèmes, en même temps qu’elle est source de grandes joies et de grand bonheur.
Chaque famille, même la plus classique, est un peu une « histoire sacrée », parfois même un roman, avec la croissance des enfants, les aventures des adolescents, les hauts et les bas des parents, la présence des grands-parents, etc. Comment accompagner cette réalité quotidienne fondamentale pour tous ? Ce sont les problèmes classiques de la vie de famille, qui s’ajoutent aux nouveaux problèmes.
A propos du chapitre 8 de cette Exhortation, qui suscite aujourd’hui encore d’âpres controverses, Mgr Delville rappelle qu’un jugement négatif sur une situation objective donnée n’infère pas a priori le même sur la culpabilité de la personne. Un double regard est évidemment légitime. A condition de ne pas tomber dans les travers casuistiques dénoncés par Pascal. D’où l’importance d’une formation adéquate des pasteurs, des confesseurs ou des juges ecclésiastiques dans les sociétés post ou anti chrétiennes :
« Le chapitre 8, qui est le plus original, s’intitule Accompagner, discerner et intégrer la fragilité (291-312). Le pape y parle en “je” régulièrement. Il s’agit dans ce chapitre de mettre en valeur une morale en situation, sur le terrain concret, une morale ancrée dans l’histoire humaine. Cette capacité de cerner les cas de conscience, qu’on appelle aussi la casuistique, est une spécialité des jésuites et manifestement, un terrain favori du pape. Il insiste sur la gradualité en pastorale, qui est une notion déjà développée par Jean-Paul II (295). Il montre que beaucoup de situations pratiques sont loin de l’idéal. Il insiste donc sur le discernement dans les situations appelées irrégulières. C’est le lieu de la pédagogie divine, dont parlait le synode (297). Les divorcés qui vivent une nouvelle union, par exemple, peuvent se trouver dans des situations très diverses, qui ne doivent pas être cataloguées ou renfermées dans des affirmations trop rigides (298). La logique de l’intégration est la clé de leur accompagnement pastoral (299).
Un double langage ?
Grâce à la rencontre pastorale concrète entre une personne et un pasteur, on évite le risque qu’un certain discernement porte à penser que l’Église soutiendrait une double morale (300) : le pape introduit donc ici la réponse à une objection et il valorise un élément qui lui est cher : la conversation et le dialogue comme base du comportement.
Les circonstances atténuantes
L’Église possède une solide réflexion sur les conditionnements et les circonstances atténuantes (301). Un sujet, tout en connaissant bien la norme, peut se trouver dans des conditions concrètes qui ne lui permettent pas d’agir autrement ou de prendre d’autres décisions sans commettre une nouvelle faute (301). C’est pourquoi un jugement négatif sur une situation objective n’implique pas un jugement sur l’imputabilité ou sur la culpabilité de la personne impliquée (302). Le pape se base sur saint Thomas d’Aquin, qui montre que, quand on passe du général au particulier, il règne toujours une certaine indétermination (304). Il est possible que, dans une situation objective de péché, qui n’est pas subjectivement coupable ou pas totalement, on puisse vivre dans la grâce de Dieu, on puisse aimer et on puisse grandir dans la vie de grâce et de charité (305).
Le blanc et le noir, ou ne pas juger
Le pape insiste sur la nécessité de dépasser une analyse manichéenne. En croyant que tout est blanc ou noir, parfois nous enfermons le chemin de la grâce et de la croissance et nous décourageons des parcours de sanctification (305). Dans n’importe quelle circonstance, face à ceux qui ont de la difficulté à vivre pleinement la loi divine, doit résonner l’invitation à parcourir la via caritatis. La charité fraternelle est la première loi des chrétiens (306).
La prise en compte de la fragilité
Le pape réfléchit sur la notion de fragilité : Je crois sincèrement que Jésus veut une Église attentive au bien que l’Esprit répand au milieu de la fragilité (308). Les pasteurs qui proposent l’idéal de l’évangile et la doctrine de l’Église aux fidèles doivent aussi les aider à assumer la logique de la compassion envers les personnes fragiles et éviter les persécutions ou les jugements trop durs et impatients. L’évangile lui-même nous demande de ne pas juger et de ne pas condamner (cf. Mt 7,1) (308). Nous sommes appelés à vivre de miséricorde (…). Ce n’est pas une proposition romantique ou une réponse faible face à l’amour de Dieu, qui toujours veut promouvoir les personnes, parce que la poutre qui soutient la vie de l’Église est la miséricorde (310).
Pas une réflexion en chambre, mais une morale en conversation
Le pape fournit la clé herméneutique de son approche en écrivant : Ceci fournit un cadre et un climat qui nous empêchent de développer une morale froide de bureau quand nous traitons les thèmes les plus délicats ; c’est un cadre qui nous place plutôt dans un contexte de discernement pastoral chargé d’amour miséricordieux, toujours disposé à comprendre, à pardonner, à accompagner, à espérer et surtout à intégrer (312). J’invite les fidèles qui vivent des situations complexes à s’approcher avec confiance dans une conversation avec leurs pasteurs ou avec des laïcs qui vivent dédiés au Seigneur (…). Et j’invite les pasteurs à écouter avec attention et sérénité, avec le désir sincère d’entrer dans le cœur du drame des personnes et de comprendre leur point de vue, pour les aider à vivre mieux et à reconnaître leur place dans l’Église (312). ».
Ref. Liège à Lourdes
JPSC
De Nicolas Senèze sur le site du journal La Croix :
Le pape confirme sa vision large de la famille
En refondant l’Institut Jean-Paul II, le pape François veut élargir son approche du mariage et de la famille. Un pari risqué alors que les opposants au pape sur ces sujets ne désarment pas.
En choisissant de faire évoluer l’Institut Jean-Paul-II sur le mariage et la famille, François savait qu’il touchait à l’héritage du pape polonais en matière de famille. Cet institut, voulu par Jean-Paul II en 1981 pour promouvoir la recherche théologique sur le mariage et la famille, s’était transformé en conservatoire de la pensée wojtylienne, quitte à refuser toute autre vision.
En pleine continuité avec son discours d’octobre 2016 où il l’invitait à renouveler son regard sur la sexualité et la famille pour prendre en compte la complexité de l’existence et les situations concrètes, François le transforme donc en un Institut pontifical théologique pour les sciences du mariage et de la famille qui devra élargir ses perspectives. (lire ci-dessous).
Une vision élargie de la famille
« On y étudiera l’histoire et le droit de la famille, sujets qui ne sont pas actuellement présents de manière assez robuste dans l’Institut », explique ainsi son chancelier, Mgr Vincenzo Paglia, qui souligne aussi l’apparition de nouveaux champs d’études : « Toutes les questions du genre, du soin de la Création confiée à l’homme et à la femme, les relations entre les générations, les questions de paternité et de maternité… »
Des thèmes peu acceptables pour les opposants du pape sur ces sujets. Ceux-ci n’ont pas désarmé depuis le Synode sur la famille auquel l’institut n’avait pas réussi à fournir une réflexion crédible, tandis que plusieurs de ses professeurs critiquaient vertement l’exhortation apostolique Amoris laetitia.
Une véritable guérilla
Dans certains pays, comme aux États-Unis, c’est même une véritable guérilla qui est menée contre tous ceux qui entendent se placer dans cette vision élargie de la famille promue par le pape. Récemment, le jésuite James Martin, pourtant consulteur du Secrétariat pour la communication, a vu annulées plusieurs de ses conférences sur son livre appelant à Bâtir un pont avec les homosexuels, à la suite d’une campagne sur Internet. L’ouvrage avait pourtant reçu l’appui du cardinal Kevin Farrell, préfet du dicastère pour la famille, les laïcs et la vie.
De son côté, Rebecca Bratten Weiss, fondatrice du New Pro-Life Movement, qui essaye d’aborder les questions pro-vie au-delà de la seule question de l’avortement, a été licenciée de la très conservatrice Université franciscaine de Steubenville (Ohio) après une campagne similaire.
« Aux États-Unis, les catholiques conservateurs ne sont pas du tout ouverts à la compréhension dynamique de François, explique le théologien Massimo Faggioli, professeur à l’Université Villanova, près de Philadelphie. Pour eux, il y a un bloc composé du Catéchisme de l’Église catholique, de l’enseignement de Jean-Paul II et des décisions des années 1980-1990 de la Congrégation pour la doctrine de la foi en matière morale. Et tout changement dans les structures héritées de Jean-Paul II est inacceptable. »
Une vision relayée par des médias très puissants
Cette vision intangible est relayée par des médias très puissants qui rendent parfois compte de manière biaisée de l’enseignement de François. « Ici, nous sommes très focalisés sur le monde anglo-saxon. Tout ce qui n’est pas écrit en anglais est ignoré, explique Massimo Faggioli. Pour eux, François est un étranger qu’ils ne comprennent pas, et dont la légitimité est mise en doute. »
Ce qui explique le succès dans ces milieux des « dubias », les doutes émis l’année dernière par quatre cardinaux, dont l’Américain Raymond Burke et l’Italien Carlo Caffarra, mort il y a quelques jours et président-fondateur de l’Institut Jean-Paul-II. Le fait que le motu proprio Summa familiae cura de François ait été publié un an jour pour jour après la lettre des cardinaux au pape apparaît ainsi clairement comme une réponse du pape. Dans son texte, il prend d’ailleurs grand soin d’expliquer longuement la continuité de sa vision de la famille avec celle de Jean-Paul II, qu’il refuse de voir érigée en système clos.
Pour Mgr Paglia, s’il n’y a pas de « prise de distance avec les inspirations de Jean-Paul II », François « élargit la perspective, d’une focalisation seulement sur la théologie morale et sacramentelle à une vision biblique, dogmatique et historique qui tient compte des défis contemporains ». Pour le pape, ajoute-t-il, « la famille n’est pas un idéal abstrait mais une réalité majeure de la société : toutes les familles, sans distinction doivent être aidées et accompagnées pour redécouvrir leur mission historique, que ce soit dans l’Église ou dans la société ».
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« Regarder avec un sage réalisme la réalité de la famille »
« Le changement culturel et anthropologique qui influence aujourd’hui tous les aspects de la vie et demande une approche analytique et diversifiée impose de ne pas nous limiter à des pratiques pastorales et missionnaires reflétant des formes et des modèles du passé. Nous devons être des interprètes conscients et passionnés de la sagesse de la foi dans un contexte où les individus sont moins soutenus que par le passé par les structures sociales dans leur vie affective et familiale. Dans la proposition si limpide de rester fidèles à l’enseignement du Christ, nous devons donc regarder avec une intelligence pleine d’amour et un sage réalisme la réalité de la famille aujourd’hui, dans toute sa complexité avec ses parts d’ombre et de lumière. »
Extrait du motu proprio Summa familiae cura du pape François.
Du site "Présence - Information religieuse" (Canada) :
Besoin «urgent» d'orientations pastorales sur Amoris laetitia
Le cardinal Marc Ouellet, préfet de la Congrégation pour les évêques et ex-archevêque de Québec, a demandé hier aux évêques canadiens de faire connaître sans délai leur réaction commune à l’exhortation apostolique Amoris laetitia sur la famille et le mariage et d’émettre des orientations sur les applications pastorales qu’entraînent ce texte rédigé par le pape François il y a plus d’un an.
Rendu public en avril 2016 après deux rencontres synodales sur la famille et l’Église, le contenu d’Amoris laetitia est toujours débattu dans plusieurs cercles catholiques, principalement en raison de son chapitre 8 consacré à la question des situations «irrégulières», dont celle des divorcés-remariés et de leur accès aux sacrements.
«Plusieurs conférences épiscopales ont déjà publié des orientations plus précises pour leur contexte, par souci de clarté et d'inculturation», a dit le cardinal Ouellet à tous les évêques du Canada présents à Cornwall, en Ontario, pour l’assemblée plénière annuelle de la Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC).
«Un tel exercice m'apparait nécessaire et urgent au Canada où l'on constate un écart béant entre l'enseignement officiel de l'Église et le vécu des couples et des familles», a ajouté le cardinal au début de sa conférence.
Il a par la suite dressé un sombre portrait de la société canadienne, estimant que cet écart «s'est élargi progressivement après le concile Vatican II sous l'influence d'une culture de la contraception, du divorce et de l'avortement, à telle enseigne que notre pays se signale mondialement par ses législations sur l'avortement sans restriction, l'euthanasie, le pseudo-mariage de personnes de même sexe, le suicide assisté, et que sais-je encore, qui reflète ce que saint Jean-Paul II a déploré comme la culture de mort».
Le cardinal, né en 1944 dans le village de La Motte, au Québec, a déploré que les précédentes «interventions magistérielles sur la famille (ndlr: l’encyclique Humanae vitae et l’exhortation apostolique Familiaris consortio) ont reçu un accueil mitigé, voire passivement dissident de la part de théologiens et de pasteurs, ce qui n'a pas favorisé leur mise en œuvre pastorale».
Le chapitre 8
Le cardinal Marc Ouellet s’est ensuite longuement attardé au contenu d’Amoris laetitia, un texte qui compte 325 paragraphes et près de 400 notes de bas de page. Il reconnaît que c’est par un chapitre, le huitième, que cette exhortation apostolique s’est «d’abord imposée à l’attention du public, réjouissant les uns, inquiétant les autres, mais ne laissant personne indifférent».
Dans ce chapitre intitulé Accompagner, discerner et intégrer la fragilité, «certains y ont vu enfin la bonne nouvelle d’une ouverture, si minime soit-elle, vers un accès aux sacrements pour les personnes divorcées et remariées. D’autres ont regretté une telle ouverture qui risque, selon eux, d’instaurer une rupture avec la doctrine et la discipline traditionnelles de l’Église catholique.»
Mais «toute interprétation alarmiste dénonçant un bris de continuité avec la tradition, ou bien laxiste célébrant un accès enfin concédé aux sacrements pour les divorcés remariés, est infidèle au texte et à l’intention du pape», a affirmé le cardinal Ouellet.
Le pape François propose plutôt une nouvelle méthode pastorale, qui ne se limite pas aux familles en situation irrégulière. Cette méthode se résume dans «les trois verbes accompagner, discerner, intégrer».
Accompagner les couples et les familles, c’est «avoir confiance en la grâce à l’œuvre dans la vie des personnes». S’il faut, dit le cardinal «garder bien en vue l’idéal chrétien», il faut aussi intervenir «en ayant aussi en tête le principe de la gradualité, qui ne signifie pas la 'gradualité de la loi', mais la gradualité de l’assimilation de ses valeurs par les sujets».
Discerner les situations irrégulières est un art qui fait «appel à des principes qui permettent de définir les situations et leurs causes, les circonstances atténuantes, les changements possibles selon la conscience morale des personnes et les cas d’exceptions compte tenu de la distance entre la norme générale et les situations particulières». Ce discernement va jusqu’à reconnaître «la possibilité de vivre subjectivement en grâce dans une situation objective de péché», une notion d’Amoris laetitia qui est fortement contestée par des théologiens conservateurs.
Une telle attitude pastorale «peut ouvrir à recevoir l’aide des sacrements de pénitence et d’eucharistie dans certains cas», admet le cardinal. Mais cet accès aux sacrements, qu’il ne faut ni généraliser ou banaliser, doit être «discerné soigneusement dans une logique de miséricorde pastorale».
Il est donc erroné de voir ces exceptions comme «un changement de la doctrine ou de la discipline sacramentelle», a dit le cardinal. Il s'agit d'une «une application plus différenciée et adaptée aux circonstances concrètes et au bien des personnes».
Conversion du regard
Pour l’ancien archevêque de Québec, Amoris laetitia oblige dorénavant les pasteurs «à une conversion du regard et à une attitude d’accueil».
Les prêtres et les évêques doivent «s’efforce[r] de valoriser le bien déjà existant dans la vie des personnes et de les accompagner progressivement vers une réponse plus complète au dessein de Dieu sur leur vie».
Plutôt que de condamner les couples en situations difficiles, ils doivent «voir les valeurs concrètement vécues dans la diversité des situations et accompagner les personnes dans leur recherche de vérité et leurs choix moraux correspondants».
Il revient aussi aux pasteurs «de discerner les pas à faire pour vivre en plénitude le sacrement déjà reçu, ou pour cheminer peu à peu vers sa réception consciente et fructueuse, ou encore pour régulariser une situation objectivement irrégulière, mais pas toujours moralement imputable».
Il résume ainsi cette conversion du regard. Cela «consiste à voir non seulement la norme plus ou moins parfaitement vécue, mais la personne concrète dans sa tension vers le bien, de valoriser ce qu’elle vit et de l’accompagner dans le discernement progressif des choix possibles pour une sainteté plus grande ou une intégration plus pleine à la communauté ecclésiale».
Peu importe leur «statut public de fidèle bien en règle, de catéchumène en chemin, de baptisé distant, de concubin ou de divorcé remarié», tous méritent d’être accueillis par l’Église qui doit mener, au lendemain de la publication d’Amoris laetitia, une «salutaire réaction d’autocritique».
Contrairement à Stéphane Mercier qui a signé la "Correction fraternelle", Arnaud Dumouch n'y apposera pas sa signature :
Pourquoi je ne signe pas la lettre de correction fraternelle adressée au pape François.
Cette lettre porte sept questions, sept reproches présentés comme de possibles hérésies du pape François. En voici le résumé :
http://www.belgicatho.be/archive/2017/09/24/les-sept-heresies-d-amoris-laetitia-5982773.html
RAPPEL : Le pape soutiendrait ces 7 propositions :
Je ne pense pas qu’il s’agit là d’"hérésies" du pape François car je pense qu’il ne soutient aucune de ces sept propositions (sauf peut-être la septième). Pour les personnes qui désirent approfondir, je propose cette vidéo dont les 9 premières minutes me semblent suffire à expliquer que le pape n’a aucune intention de soutenir une nouvelle doctrine universelle.
Mais voici, pour résumer :
L’intention du pape est simplement PASTORALE. Il se situe au niveau d’histoires concrètes qu’il a rencontré comme pasteur de terrain, et dont il demande aux pasteurs de tenir compte.
Voici un exemple très simple qui permet de comprendre la différence entre "Doctrine universelle" et "cas particulier'".
VOICI UNE DOCTRINE UNIVERSELLE : "Tuer de manière préméditée un innocent est-il TOUJOURS un acte gravissime ?" REPONSE : Oui, toujours.
ET VOICI UN CAS PARTICULIER QUI SEMBLE LA CONTREDIRE : "Franck fait de l'alpinisme en cordée. Sa cordée dévisse et reste suspendue avec ses trois compagnons par un unique piton qui ne peut supporter que trois personnes et qui va se détacher incessamment. Il coupe la corde en dessous de lui et le quatrième homme tombe et se tue. A-t-il commis un péché mortel commettant volontairement cet acte ? REPONSE : Bien sûr que non. A-t-il commis un acte gravissime qui le maquera toute sa vie : Bien sûr que oui.
Que prouve cet exemple ? Que la doctrine universelle est essentielle comme la lumière du soleil mais qu’elle ne peut suffire à résoudre le réel concret de nos vies.
Je trouve pourtant matière à critiquer le silence du pape face à ces doutes qui lui sont envoyés.
La confiance qu’il accorde aux pasteurs de terrain face à ces cas particuliers est un risque terrible et le pape semble ignorer la gravité de la crise théologique que connaît l’Occident. Les fumées de Satan dénoncées par Paul VI se manifestent de nouveau partout car elles n’attendaient que cette liberté pour surgir. Ainsi en est-il de la décision catastrophique prise en Belgique par l’association des frères de la Charité qui aboutit à introduire l’euthanasie des handicapés. Pour se justifier, les tenants de cette décision se font même « Magistère universel » et écrivent au pape : « Absolutiser une proposition universelle, à savoir la défense de la vie de sa conception à sa mort naturelle, est une forme d’idolâtrie car seul Dieu est absolu ». Ainsi, le pape est déclaré idolâtre par des gens qui ne voient même plus qu’ils mettent gravement en danger la vie des pauvres.
Nous sommes face à un vrai risque de relativisme et certains sont prêts, au nom de cette souplesse de la pastorale du terrain, à tout autoriser, y compris les plus grandes folies individuelles.
Tel n’est pas l’évangile du Christ qui se reconnaît toujours de la façon suivante : « En lui, vérité et amour s’unissent, justice et paix s’embrassent ».
Vu sur twitter : "Cours d’anglais d’un mien neveu... Lavage de cerveau en règle en école secondaire en Belgique"
De Christian Laporte sur le site de la Libre :
Le salon de la GPA a encore eu lieu à Bruxelles
Action pour la famille déplore l’inaction du monde politique face à la gestation pour autrui commerciale.
Certes, ils n’étaient sans doute qu’une cinquantaine mais ils se sont largement fait voir et entendre face à l’entrée de la Gare centrale à Bruxelles : des sympathisants de l’Action pour la famille s’y sont retrouvés samedi après-midi pour réclamer l’abolition de la gestation pour autrui devant l’hôtel Hilton Grand’Place de Bruxelles. Cet hôtel accueillait déjà pour la troisième fois un salon de promotion de la gestation pour autrui commerciale à l’initiative de la société américaine "Men Having Babies".
Les manifestants arboraient des pancartes reprenant des slogans autour de leur opposition à toute forme de GPA qui, "par essence asservit les femmes, et fait des enfants des biens faisant l’objet d’un contrat négocié". Ils ont expliqué qu’ils demandaient tout simplement "l’application de la résolution du Parlement européen (rapport du 17 décembre 2015) contre la GPA en matière de commerce d’êtres humains et le respect des résolutions en matière de GPA. Il faut savoir aussi qu’en décembre dernier en commission des affaires institutionnelles du Sénat, tous les partis politiques se sont prononcés unanimement contre la GPA commerciale."
"Une inaction inadmissible"
Ils adresseront leurs revendications au gouvernement fédéral, au ministre de tutelle et au bourgmestre de la ville de Bruxelles - qui n’a pas voulu interdire la réunion - alors que les sénateurs PS sont aussi opposés à la gestation pour autrui. Enfin, ils avaient aussi dans leur collimateur l’hôtel Hilton Grand’Place qui, selon eux "offre jusqu’à 40 % de réduction sur ses chambres aux participants du salon. Il est inadmissible qu’une société américaine bénéficie de l’inaction d’hommes politiques et favorise l’achat - pour un montant avoisinant les 100 000 dollars - d’enfants issus d’une gestation pour autrui."
De Sandro Magister via Diakonos.be :
Si je me trompe vous me corrigerez. Les sept hérésies d’ « Amoris laetitia »
« Très Saint-Père, C’est avec une profonde tristesse, mais poussés par la fidélité envers Notre Seigneur Jésus-Christ, par l’amour pour l’Eglise et pour la papauté, et par dévotion filiale envers votre personne nous sommes contraints d’adresser à Votre Sainteté une correction à cause de la propagation d’hérésies entraînée par l’exhortation apostolique ‘Amoris laetitia’ et par d’autres paroles, actions et omissions de Votre Sainteté. »
C’est par ces mots que commence la lettre que 40 personnalités catholiques du monde entier ont adressée au Pape François le 11 août dernier et qu’ils rendent publique aujourd’hui, dimanche 24 septembre, sur le site www.correctiofilialis.org (publiée in extenso en français sur le blog de Jeanne Smits)
Les 40 signataires sont entretemps devenus 62 et d’autres pourraient venir s’y ajouter. Mais jusqu’à présent, François n’a donné aucun signe d’avoir pris cette initiative en considération.
Une démarche qui n’a pas d’équivalent dans l’histoire moderne de l’Eglise. Il faut remonter à 1333 pour retrouver un épisode analogue, c’est-à-dire une « correction » publique adressée au pape pour des hérésies soutenues par lui et ensuite effectivement rejetées par le pape de l’époque, Jean XXII.
Les hérésies dénoncées par les signataire de la lettre sont au nombre de sept. Et elles se trouvent toutes, selon eux, dans le chapitre huit de l’exhortation apostolique « Amoris laetitia », dont ils citent les passages incriminés.
Mais ce n’est pas tout. La lettre énumère également une série de déclarations, d’actes et d’omissions par lesquels le Pape François aurait continué à propager ces mêmes hérésies. Causant ainsi du « scandale à l’Eglise et au monde ».
D’où la décision de non seulement dénoncer publiquement cette situation mais également d’adresser au Pape François la demande explicite de corriger les erreurs qu’il a « soutenues et propagées, causant ainsi un grand et imminent péril pour les âmes ».
La « correction » à proprement parler, rédigée en latin, occupe un peu plus d’une page sur les 26 que compte la lettre et nous la reproduisons ci-dessous dans son intégralité, dans les traductions effectuées par les auteurs eux-mêmes.
A propos de ces derniers, il convient de préciser que, dans la lettre adressée au pape, les signatures figurent non pas à la fin du texte mais au bas de la « Correction » et avant les longues « Elucidations » finales qui revêtent donc un caractère davantage accessoire que substantiel. Celles-ci insistent sur l’arrière-plan théologique des hérésies dénoncées qu’ils identifient d’une part au « modernisme » et d’autre part à la pensée de Martin Luther pour lequel le Pape François – lit-on – ferait preuve d’une sympathie « sans précédent ».
Parmi les 62 signataires énumérés ci-dessous, les 40 qui ont signé la lettre adressée au pape sont indiqués en gras.