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Eglise - Page 241

  • Nouveau cardinal : l’évêque d’Ajaccio ne mâche pas ses mots pour défendre l’unité de l’Église

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    De Samuel Pruvot sur Famille Chrétienne (via le Forum Catholique) :

    Mgr Bustillo : « Certains commencent déjà à célébrer les funérailles de l’Église de France ! »

    Franciscain jusqu’au bout des pieds, l’évêque d’Ajaccio, qui va recevoir le chapeau de cardinal le 30 septembre, ne mâche pas ses mots pour défendre l’unité de l’Église.

    28/09/2023

    Dans son bureau qui donne sur le boulevard Jean-Baptiste Marcaggi à Ajaccio, le futur cardinal a accroché une reproduction d’un célèbre Giotto (Le Songe d’Innocent III), où saint François soutient à bout de bras l’église du Latran qui s’écroule. Tout un programme ! C’est vrai que du haut de son mètre quatre-vingt-dix, avec sa bure grise de franciscain conventuel, François Bustillo en impose naturellement. Sa parole est sans détour : « Je n’ai pas postulé ! L’Église a appelé un franciscain. » « Voilà l’homme, dit-il en secouant son scapulaire, “ecce homo” ! Je ne suis pas plus beau ou plus spirituel que les autres ! Je suis arrivé à l’épiscopat avec mon patrimoine religieux, c’est tout… » C’est tout, mais ça n’est pas rien quand même, trente années de vie religieuse à l’école du Poverello. Né à Pampelune, au Pays basque espagnol, en 1968, il a comme épousé la France dès son petit séminaire près d’Espelette. Formé au noviciat de Padoue, en Italie, il a étudié ensuite à l’Institut catholique de Toulouse avant de cofonder le couvent Saint-Bonaventure à Narbonne, puis de diriger le couvent Saint-Maximilien-Kolbe de Lourdes.

    Et le chapeau de cardinal alors ? Mgr Bustillo pratique volontiers l’autodérision : « Je vais devenir une écrevisse ! », s’amuse-t-il en faisant allusion à la couleur écarlate de l’habit cardinalice. S’il reste fidèle à sa vocation franciscaine, il réfute tout romantisme facile : « Nous, les franciscains, on a toujours prêché la fraternité, mais nous sommes les champions de la division entre nous ! Tout au long de notre histoire, on a joué à être les “plus vrais”, les “plus pauvres”… »

    Carrure de superman

    Celui que certains surnomment déjà le « cardinal Sandalettes » – à cause de ses sandales 100% franciscaines – martèle que l’habit ne fait pas le moine : « Vous trouverez toujours quelqu’un pour dire : “Dans cette communauté, ils sont trop mous !” ou: “Il faut être plus authentique : pieds nus l’hiver, tête rasée toute l’année, barbe épaisse, etc.” Beaucoup de gens s’attachent à la forme, mais l’essentiel est d’adhérer au Christ. Certains jeunes veulent être de “vrais mecs”. Ils imaginent la vocation religieuse comme un défi sportif. Mais, à la fin, cette démarche volontariste finit par craquer. » Mgr Bustillo ajoute en guise d’avertissement : « Beaucoup des familles religieuses qui voulaient sauver l’Église sont tombées dans la rigidité, et l’Église a dû les sauver ! » Le cardinal pourrait jouer de sa carrure de superman, mais il sait pertinemment qu’il n’est pas le Sauveur.

    Fraternité évangélique

    Son obsession est de délivrer l’Église de ses propres démons. Nommé évêque pour la Corse en 2021, il a conscience de se trouver sur une île au tempérament volcanique. À l’entrée de l’évêché, un pochoir représentant Yvan Colonna rappelle les relations tourmentées avec le continent. « On a besoin d’unité, se désole François Bustillo. Il suffit de regarder la situation politique actuelle : partout la crispation et la violence ! On est tout le temps en train de s’accuser. » L’évêque évoque ce joueur de l’équipe française de rugby – Bastien Chalureau, deuxième ligne du XV de France – contraint de se justifier devant les médias à propos de son supposé racisme : « Pourquoi cette cruauté médiatique qui démolit les personnes ? »

    Lui se veut le chantre de la fraternité évangélique : « Attention, la fraternité n’est pas d’abord une valeur de gauche ! C’est l’Église qui a donné au monde une vision ascétique de la fraternité. Saint Jean dit : “C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres que l’on reconnaîtra que vous êtes mes disciples.”» Sa bête noire, c’est le jugement assassin : « Nous vivons dans une société de la méfiance. Celui qui est différent de moi est perçu comme un danger. Cette méfiance engendre une attitude fratricide. Je sens la société française divisée, sectorisée et sectarisée…» Il s’emporte quand cette maladie affecte l’Église de Dieu : « Ces jugements sont en train de profaner l’Église ! Nous sommes, nous aussi, dans la logique des étiquettes : un tel est “tradi”, tel autre est “charismatique” ou “progressiste”… Quel manque de maturité spirituelle ! On est dans le monde de l’émotion, comme des gamins dans une cour de récréation. »

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  • Ce que Dieu cherche c’est notre cœur

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    L'homélie de l'abbé Christophe Cossement pour le 26e dimanche A (1er octobre 2023) :

    C’est donc à des responsables religieux très énervés par son rayonnement et par la façon dont la foule le considère que Jésus s’adresse maintenant. Il prend en exemple ceux qui avaient un mauvais comportement et qui ont changé de vie à la parole de Jean le Baptiste. Pour les grands prêtres et les anciens, c’est l’inverse : ils se croient de dignes enfants de Dieu, mais en réalité ils ne font pas ce qu’il demande et en plus, la vue de ceux qui se convertissent ne les interpelle même pas. Si on veut faire une transposition rapide, on peut penser aux prêtres d’aujourd’hui, à qui le pape François lance souvent l’appel à se convertir, car il ne s’agit pas d’annoncer l’évangile de l’extérieur de nous-mêmes, mais du fond de notre cœur, d’un cœur qui se laisse transformer par l’appel de Dieu. Vous, les fidèles du Christ, n’hésitez pas à secouer les prêtres, lorsque vous voyez qu’ils ne vivent pas selon l’Évangile. Faites-le pour leur bien et pour le bien de l’Église : qu’ils n’encourent pas la colère de Jésus pour avoir mal conduit ses brebis, pour avoir été mous, tièdes, exploiteurs, pactisant avec l’esprit du monde ou avec leur égoïsme et leur orgueil !

    Si maintenant nous étendons à tous l’appel du Christ, nous constatons que vraiment, ce que Dieu cherche c’est notre cœur. Il n’a que faire des apparences. Il n’a que faire de la quantité de bonnes actions ou de réussites que nous pourrions étaler devant lui pour cacher la négligence de notre cœur. Ce qu’il cherche, c’est un cœur brûlant d’amour, un cœur qui est toujours prêt à l’aimer davantage.

    Quand je dis un cœur brûlant, peut-être certains s’inquiètent en se disant : mais je ne sens rien de brûlant en moi, je me sens tiède plutôt ! Ne nous laissons pas emporter par nos impressions et nos sentiments. Ce qui compte n’est pas comment nous nous sentons, mais ce que nous donnons de nous-mêmes au Seigneur. Veux-tu rendre ton cœur plus brûlant ? Regarde toutes les fois où tu dis : il ne faut pas exagérer, le Seigneur ne demande pas tout ça. Voilà la tiédeur : non dans le sentiment, mais dans le désintérêt de la volonté. Seigneur, pardonne-moi toutes les fois où j’ai dit secrètement dans mon cœur : bien que je pourrais prier davantage, bien que je pourrais davantage rendre service, je ne vais pas le faire parce que je préfère mon confort et mes petites occupations ! Seigneur, fais-moi revenir ! Fais-moi vivre comme ton Église me le demande, car elle connaît tes chemins !

    Finalement, quoi de plus grand que d’imiter le Christ ? « Ayez en vous les dispositions qui sont dans le Christ Jésus », vient de nous dire saint Paul. Ne soyons pas fille et fils de Dieu en paroles seulement, mais en imitant le Fils Unique ! Son chemin a été de devenir serviteur, obéissant à son Père. C’est ainsi qu’il a trouvé la joie et la gloire. Ne cherchons plus notre bonheur par nous-mêmes, mais dans notre fidélité toujours plus grande au Père dans l’Église de son Fils. À l’heure du nouveau synode, ne rêvons pas que l’Église transforme son enseignement, mais laissons-nous transformer par son enseignement. Ainsi nous serons heureux.

  • Les publicains et les prostituées vous précèdent dans le royaume de Dieu (26e dimanche du T.O.)

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    PAROLES DE CHOC

    « Les publicains et les prostituées vous précèdent dans le royaume de Dieu. » (Mt 21, 31). Rarement dans l'Evangile on ne trouve parole aussi dure à l'encontre des « bons croyants » de l'époque de Jésus. Les publicains, ces collaborateurs au service de l'occupant romain, les prostituées, ces femmes qui ont toute une vie organisée à l'encontre du sixième commandement, vous précèdent, vous les chefs des prêtres, qui chaque jour vous tenez dans le Temple du Seigneur, vous les pharisiens, qui essayez de conformer votre vie en toute chose à la loi de Dieu. En quoi vous précèdent-ils ? En ce qu'« ils ont cru », tandis que vous, « vous ne vous êtes pas repentis pour croire à sa parole » (v. 32). Ce n'est pas leur qualité de pécheurs publics qui fait la grandeur des publicains et des prostituées, mais le fait qu'« ils ont cru », qu'ils ont reçu la foi dans leur pauvre vie, et que cette foi les a transformés. Jésus ne fait pas l'éloge du péché, mais de la foi qui convertit au plus profond de l'être. Avertissement à ceux qui se disent croyants. On peut être croyant, on peut même être prêtre, et avoir perdu la foi. Cela arrive quand la foi devient une habitude, une tradition, une obligation, et qu'elle n'est plus appel radical à la conversion, une transfiguration de tout l'être. « Vous ne vous êtes pas repentis ». La désertion du sacrement de la Réconciliation de la part même de bons croyants ne montre-t-elle pas que les paroles de Jésus concernent les pharisiens de tous les temps ?

    Chanoine Roland Jaquenoud

    Abbaye Saint-Maurice (CH)

    Lire aussi : Miséricorde et conversion, les armes de Dieu

  • 1er octobre : sainte Thérèse de l'Enfant Jésus

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    Aleteia.org propose aujourd'hui de nombreuses notes consacrées à sainte Thérèse de Lisieux :

  • Thérèse de Lisieux : une sainteté acquise à travers l'épreuve (1er octobre)

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    Therese1896.jpgUne réflexion parue sur missel.free.fr :

    Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus souffre, si l’on peut dire, d’une iconographie mièvre, propre à l’époque où son culte se développa, et beaucoup, s’arrêtant là, se refusent à faire plus ample connaissance avec elle et, ce faisant, abusés par un vocabulaire obsolète, d’en obtenir des lumières bien nécessaires à leur vie spirituelle. Or, la vie toute entière de cette carmélite que Seigneur dispensa de vieillesse, conjugue la ravissante image de l’Enfant Jésus et la douloureuse figure de la Sainte Face. Devant ces représentations affectées, sous des flots de couleurs doucereuses et des torrents de roses, beaucoup oublieront qu’elle gagna la sainteté par la souffrance, un souffrance insoupçonnée, une souffrance héroïque, telle que le Seigneur la réclame : « Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. »

    Certes, la piété populaire ne se trompe pas qui voit en Thérèse de l’Enfant Jésus une sainte aimable, sympathique et attirante, toute de grâce et de paix. Nul ne doute qu’elle a pris le bon Dieu par ses caresses et qu’elle a conquis les âmes par le rayonnement de sa simplicité. Dans sa mission singulière qui entend convaincre nos consciences que la véritable paix et le bonheur durable ne sont que dans la fidélité à Dieu, pour nous monter que la sainteté n’est ni impossible ni renfrognée, elle nous présente assurément le visage de la joie douce. Recourant au patronage de saint François de Sales, elle écrivit souvent, sur ses cahiers d’écolière : « Un saint triste et un triste saint » ; elle se refusait d’imiter les saints qui « étaient sérieux même en récréation » et, dans cet exercice, elle ne manquait jamais de réjouir le cloître de sa jeunesse, de ses réparties et de sa gaîté au point que, lorsque c’était son tour de vaisselle, les autres carmélites disaient à regret : « Alors, nous n’allons pas rire aujourd’hui. »

    Or, cette joie, loin d’être une antithèse de la souffrance, se conjuguait avec elle, selon l’exemple qu’elle avait trouvé dans la vie du futur martyr Théophane Vénard[7] dont elle écrivit : « C’est une âme qui me plaît, parce qu’il a beaucoup souffert et qu’il était gai toujours. » Derrière la clôture du Carmel, elle est sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, par la joie, le sourire, l’épanouissement de paix et de bonheur parce qu’elle sainte Thérèse de la Sainte Face, par sa souffrance, ses épreuves, son acceptation et son offertoire. Son doux sourire épanoui et sa joyeuse vie ensoleillant, n’est pas seulement l’effet d’un bon naturel ou d’un heureux caractère, voire d’un optimisme à toute épreuve, comme si son tempérament l’avait insensibilisée à toutes les souffrances de la vie et à tous les renoncements de la vie religieuse.

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  • L´Histoire d´une âme de Thérèse de Lisieux : bien plus qu´un best-seller spirituel

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    De KTO :

    L´Histoire d´une âme de Thérèse de Lisieux. Ce petit livre, composé à part des écrits de la sainte carmélite par sa propre soeur, est plus qu´un best-seller spirituel, il symbolise pour le 20e siècle, l´idée même de spiritualité. Redécouvrons-le en compagnie de des invités de Régis Burnet : le père Didier-Marie Golay, chapelain à Lisieux, qui vient de publier Sainte Thérèse de Lisieux - Vivre d´amour (Cerf), Claude Langlois historien, spécialiste de l'histoire du catholicisme à l'époque contemporaine, et pendant toute la série, le père François Potez, curé de la paroisse Notre-Dame du Travail, à Paris.

    Diffusé le 10/03/2019 / Durée : 52 minutes

  • Une commission d'enquête sur les abus dans l'Eglise : une réponse justifiée à l'indignation du public ou une récupération à des fins électorales ?

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    De Céline Bouckaert sur le site du Vif :

    Commission d’enquête sur les abus dans l’Eglise: véritable indignation ou récupération politique ?

    29 septembre 2023

    Suite à la diffusion de Godvergeten, l’émission de la VRT qui donne la parole aux victimes d’abus sexuels au sein de l’Eglise, dix partis politiques s’expriment en faveur de l’ouverture d’une commission d’enquête. Tentative de récupération politique ou indignation réelle face à la souffrance des victimes?

    L’émission Godvergeten suit une vingtaine de victimes d’abus sexuels dans leur quête de reconnaissance. Vooruit, Groen, l’Open VLD, le CD&V, la N-VA, le Vlaams Belang, le PS, Ecolo, les Engagés et DéFI, soit la quasi-totalité des partis belges, soutiennent l’initiative d’une commission. Le MR, lui, préconise de bien évaluer la meilleure manière de procéder. « Nous sommes pour la plus grande clarté dans ce dossier et la mise sur pied d’un instrument parlementaire pour aider les victimes. Nous verrons en commission quelle sera la meilleure manière d’y parvenir », a commenté le groupe libéral.

    Caroline Sägesser, chercheuse au Centre de recherche et d’information socio-politiques (CRISP), et spécialisée dans la question des cultes, n’est pas certaine qu’aujourd’hui une commission d’enquête soit la meilleure réponse à la souffrance des victimes de l’Eglise. « Nous assistons davantage à une prise de conscience du public qu’à la révélation de faits nouveaux, puisque la plupart d’entre eux sont déjà connus depuis 2010-2011 », souligne-t-elle.

    Très peu de temps pour la commission d’enquête

    En outre, la commission aurait très peu de temps pour faire toute la lumière dans ce dossier. En fin de législature, les commissions d’enquête sont dissoutes, rappelle la chercheuse. « Ce serait frustrant pour les victimes que cette commission n‘ait pas le temps d’aller au fond du problème. Aussi, il faudrait examiner ce qui n’a pas fonctionné lors de la commission spéciale mise sur pied en 2011 ». En revanche, il serait possible de voter une résolution appelant à la constitution de cette commission dès le lendemain des élections.

    Groen et Ecolo souhaitent que la commission se focalise sur les victimes, mais aussi qu’elle revienne sur l’opération Calice et la manière dont la Justice s’est emparée de l’affaire. « Il ne serait pas très judicieux de refaire tout le travail que nous avons effectué en 2010-2011. Mais nous n’avons peut-être pas suffisamment placé les victimes au centre et nous ne les avons pas suffisamment écoutées« , admet Stefaan Van Hecke, député fédéral Groen et membre de la commission d’enquête de l’époque.

    Une commission spéciale « relative au traitement d’abus sexuels et de faits de pédophilie dans une relation d’autorité, en particulier au sein de l’Eglise » avait en effet vu le jour à la Chambre à l’époque. Elle avait procédé à de nombreuses auditions et approuvé une série de recommandations touchant des domaines divers comme l’allongement des délais de prescription, l’interdiction de résidence d’une personne condamnée dans une zone définie par un juge ou encore l’extension des possibilités de lever le secret professionnel. Un centre temporaire d’arbitrage en matière d’abus sexuels avait par ailleurs été créé à la suite d’un accord passé entre la commission parlementaire et l’Eglise. Il était chargé d’indemniser les victimes dont le dossier était prescrit.

    En 2011, l’enquête judiciaire connue sous le nom d’Opération Calice avait été marquée par un revers retentissant lorsque la chambre des mises en accusation de Bruxelles avaient déclaré nulles les spectaculaires perquisitions menées en 2010 par le juge Wim De Troy au siège de l’archevêché de Malines, à la cathédrale Saint-Rombaut, au domicile privé du cardinal Danneels, aux Archives du Royaume et auprès de la commission Adriaenssens.

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  • L'affaire Rupnik révèlerait-elle une schizophrénie vaticane ?

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    De René Poujol sur son blog :

    Affaire Rupnik : schizophrénie vaticane

    Lutter contre les abus dans l’Eglise n’est définitivement plus la priorité du pape François. 

    Dans une France catholique toute mobilisée par le proche voyage du pape François à Marseille, l’événement est passé inaperçu. Le 18 septembre, un communiqué du Vicaire du diocèse de Rome dont le pape est l’évêque, tendait à “blanchir“ le père Marko Rupnik pourtant “estimé coupable » d’une quarantaine d’agressions sexuelles, abus psychologiques et spirituels sur des religieuses et déjà sanctionné, notamment par l’Ordre jésuite auquel il appartient. Nouveau rebondissement dans une affaire où le célèbre mosaïste (on lui doit les aménagements récents de la façade du Rosaire à Lourdes) semble bénéficier de la protection personnelle du pape François. Ce qui consolide le doute sur sa détermination à faire de la lutte contre les abus et agressions dans l’Eglise une réelle priorité de son pontificat. 

    Un mosaïste jésuite de renommée internationale

    Marko Rupnik, jésuite slovène et mosaïste, jouit depuis plusieurs décennies d’une renommée internationale. Jean-Paul II, déjà, lui avait confié la rénovation de la chapelle Redemptoris Mater au sein même des appartements privés du palais pontifical au Vatican. En 2008, à l’occasion du cent-cinquantième anniversaire des Apparitions, étaient inaugurées à Lourdes les mosaïques illustrant, sur la façade de la basilique du Rosaire, les « nouveaux » mystères lumineux proclamés quelques années plus tôt par le pape Wojtyla. (1) On trouve d’autres de ses œuvres à Fatima, Washington… En 2017 le diocèse de Versailles annonçait que le directeur du Centre d’art Aletti, à Rome, avait été retenu pour la conception et la décoration d’une nouvelle église Saint-Joseph-le-Bienveillant à Montigny-le-Bretonneux. Commande annulée par le diocèse dès la sortie de l’affaire. Sauf que le ver était déjà dans le fruit…

    Après des décennies de silence, l’mage d’un prédateur

    En 2015, on le sait aujourd’hui, le prêtre agresse sexuellement une femme en confession avant que de lui donner l’absolution. La victime se confie, trois ans plus tard, aux pères jésuites. Les premières sanctions tombent cette même année 2018 : interdiction de confesser et d’accompagner spirituellement des femmes. En 2020, Marko Rupnik est même démis des fonctions qu’il occupait depuis vingt-cinq ans à la tête du Centre Aletti. De son côté le Dicastère pour la doctrine de la foi ( DDF) que préside le cardinal Ladaria, en charge de ces dossiers sensibles, reconnaît qu’il y a bien eu « absolution du complice » (2) Au terme du droit canonique, cela entraine une excommunication automatique qui est signifiée à l’intéressé… avant que d’être levée un mois plus tard dans des circonstances restées obscures et qui, depuis lors, nourrissent bien des soupçons. 

    Mais à ce stade, rien n’a filtré ! Le secret des procédures ecclésiastiques a bien fonctionné. Il faudra attendre les révélations de la presse italienne en décembre 2022 qui révèlent la « deuxième affaire Rupnik ». Elle porte sur des agressions sexuelles et des abus psychologiques et spirituels commis sur neuf religieuses dans les années 1980-1990 dans un couvent de Ljubjana (Slovénie) dont le prêtre mosaïste était conseiller spirituel. Les témoignages, dont la presse fait état, ont été recueillis sur place en 2021 par un évêque auxiliaire de Rome, lui-même jésuite, après que l’Ordre ait été alerté par une victime. On apprend alors que les jésuites ont aggravé les sanctions  (interdiction de prêcher des retraites et de diriger des exercices ignatiens…) sans parvenir toutefois à obtenir du DDF la levée de la prescription. Il n’y aura donc pas de procès canonique.

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  • Le Collège des Cardinaux 2023 : global, diversifié et imprévisible

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    De Matthew Bunson sur le National Catholic Register :

    Le Collège des Cardinaux 2023 : Global, diversifié et imprévisible

    COMMENTAIRE : Le Collège des cardinaux de 2023 est très différent de celui qui a élu François à la papauté en 2013.

    28 septembre 2023

    Alors que le pape François accueille les derniers membres du Collège des cardinaux - dont 18 nouveaux électeurs habilités à voter lors d'un éventuel conclave - il continue de s'appuyer sur le travail de ses prédécesseurs en rendant le collège plus international, même s'il y appose sa marque personnelle. 

    À compter du consistoire du 30 septembre, le collège de François comptera 136 cardinaux électeurs, c'est-à-dire âgés de moins de 80 ans et donc habilités à voter lors de toute élection papale. La composition des 136 électeurs est la suivante : 53 d'Europe, 24 d'Amérique latine, 22 d'Asie, 19 d'Afrique, 15 d'Amérique du Nord et trois d'Océanie. 

    Ce groupe est bien supérieur à la limite permanente de 120 électeurs, mais cette exigence établie par le pape saint Paul VI en 1970 a été mise de côté à plusieurs reprises, notamment par le pape saint Jean-Paul II en 2001 et 2003, par le pape Benoît XVI en 2010 et 2012, et maintenant par le pape François. Quinze cardinaux auront 80 ans au cours de l'année prochaine, de sorte que la limite traditionnelle sera atteinte naturellement au fil du temps. 

    François a nommé au total 131 cardinaux, à raison d'un consistoire par an en moyenne, avec une interruption en 2021 en raison de la pandémie de grippe aviaire. Au total, il a nommé 98 cardinaux électeurs au cours de neuf consistoires, ce qui signifie que 72 % de tous les électeurs actuels ont été nommés par lui. Les autres ont été nommés par Jean-Paul II et Benoît XVI. À titre de comparaison, Jean-Paul II a nommé 231 cardinaux au cours de neuf consistoires seulement.

    Toutefois, le nombre de cardinaux élus ne représente qu'une partie de l'histoire du collège au cours des dernières décennies. François a adopté et accéléré le processus d'internationalisation du corps. Bien qu'il ait nommé un total de 37 électeurs originaires d'Europe, il a réduit la proportion du contingent européen et a augmenté le nombre de cardinaux originaires d'Asie, d'Amérique latine et d'Afrique. Au total, il a nommé des cardinaux originaires de 66 pays, dont plusieurs pays qui ont été nommés pour la première fois, comme le Sud-Soudan, Singapour et la Mongolie.

    Le déclin des Européens au sein du collège s'inscrit dans un processus continu qui se déroule depuis plus d'un siècle. Lors du conclave de 1903 qui a élu le pape saint Pie X, les 62 cardinaux participants étaient tous originaires d'Europe, à l'exception d'un seul (le seul non-Européen était le cardinal James Gibbons de Baltimore), et parmi les Européens, plus de la moitié étaient originaires d'Italie. 

    Lors du conclave de 1958 qui a élu le pape saint Jean XXIII, le collège était radicalement différent sur le plan géographique, grâce aux efforts délibérés du pape Pie XII pour ajouter des cardinaux originaires du monde entier. Sur les 51 participants au vote, 17 venaient d'Italie, 16 d'Europe et 18 de divers pays non européens. Deux participants américains, les cardinaux James McIntyre de Los Angeles et Francis Spellman de New York, ainsi que des cardinaux d'Argentine, de Cuba, d'Inde, de Colombie, de Chine, de Syrie et d'ailleurs ont également participé au vote. Le nombre d'électeurs non européens a continué à augmenter au cours des conclaves suivants, en 1963, 1978, 2005 et 2013. 

    Au 30 septembre, 39 % des électeurs seront originaires d'Europe, 18 % d'Amérique latine et des Caraïbes, 16 % d'Asie, 14 % d'Afrique, 11 % d'Amérique du Nord et 2 % d'Océanie. 

    Cela marque un déclin des Européens dans le Collège depuis 2013, de 53%, et des augmentations pour l'Amérique latine de 16% à 18%, de 9% à 16% pour l'Asie et de 9% à 14% pour l'Afrique. Quant à l'influence des Italiens, leur nombre est passé de 28 électeurs en 2013 à 16 lors du dernier consistoire. 

    Les changements géographiques et les réalignements au sein du collège sous le pape François s'inscrivent donc dans la tendance de longue date d'un collège représentatif du catholicisme mondial. Le Saint-Père a toutefois façonné directement le collège de deux autres manières significatives. 

    Certes, François a nommé certains cardinaux issus des rangs des grands archidiocèses traditionnels, comme les cardinaux Blase Cupich de Chicago et Jozef De Kesel de Malines-Bruxelles en 2016, Celestino Aós Braco de Santiago du Chili et le nouveau José Cobo Cano de Madrid. Cependant, il a souvent ignoré les sièges cardinalices traditionnels - les grands archidiocèses tels que Los Angeles, Paris, Milan et Venise - au profit d'évêques de petits diocèses ou même d'évêques auxiliaires. 

    En août 2022, François a nommé au cardinalat Mgr Robert McElroy, évêque de San Diego, un diocèse suffragant de Los Angeles. Il s'agissait là d'une déclaration claire de son soutien personnel au prélat et d'un autre désaveu sans équivoque de l'archidiocèse de Los Angeles - le plus grand des États-Unis - qui a été contourné neuf fois par le pape. 

    La décision de nommer des évêques auxiliaires au collège est encore plus inhabituelle. En 2017, par exemple, Gregorio Rosa Chávez, alors évêque auxiliaire de San Salvador, au Salvador, a été nommé (il a eu 80 ans en octobre 2022). De même, lors de ce dernier conclave, François a nommé un évêque auxiliaire du Patriarcat de Lisbonne, Mgr Américo Manuel Alves Aguiar. Et, alors que la rumeur voulait que Mgr Aguiar se rende à Rome pour diriger l'un des dicastères de la Curie ou même pour succéder au cardinal Manuel José Macário do Nascimento Clemente en tant que patriarche de Lisbonne, il a plutôt été envoyé dans le modeste diocèse portugais de Setúbal, un suffragant de Lisbonne. 

    Tout aussi inhabituelle a été la sélection par François de nouveaux cardinaux originaires de territoires et de diocèses véritablement éloignés, souvent dotés d'une population catholique minuscule - une décision qui incarne le souci du Saint-Père d'atteindre les périphéries de l'Église. Il s'agit notamment de cardinaux originaires de Mongolie, du Maroc, de Suède et du Laos, dont les populations catholiques ne se comptent pas en millions mais en milliers. 

    Dans l'ensemble, le collège de 2023 est plus international, plus diversifié et plus imprévisible que celui qui a élu François à la papauté en 2013. Il est certain qu'il y a des cardinaux progressistes engagés, mais il est impossible de faire des hypothèses générales sur les tendances idéologiques ou théologiques de l'ensemble du corps des électeurs dispersés dans le monde entier. Il est donc tout aussi difficile de prédire l'issue d'un futur conclave, et même si François semble avoir adopté une approche avant-gardiste pour nommer ses cardinaux électeurs, cette imprévisibilité est peut-être exactement ce qu'il souhaite.

    Matthew Bunson Matthew Bunson est vice-président et directeur éditorial d'EWTN News. Au cours des 20 dernières années, le Dr Bunson a été actif dans le domaine de la communication sociale et de l'éducation catholique. Il a écrit, édité et enseigné sur une variété de sujets liés à l'histoire de l'Église, à la papauté, aux saints et à la culture catholique. Paul Center for Biblical Theology et est l'auteur ou le co-auteur de plus de 50 livres, dont : L'encyclopédie de l'histoire catholique, L'encyclopédie du pape, Nous avons un pape ! Benedict XVI, The Saints Encyclopedia et les biographies à succès de saint Damien de Molokai et de sainte Kateri Tekakwitha.

  • Samedi 30 septembre : 9ème consistoire ordinaire du pontificat de François

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    De Vatican News (Olivier Bonnel )  :

    21 nouveaux cardinaux créés par le Pape François

    Ce samedi 30 septembre, le Souverain pontife présidera un consistoire ordinaire place Saint-Pierre au cours duquel il remettra la barrette à 21 nouveaux cardinaux, parmi lesquels 18 seront électeurs en cas de conclave. Une cérémonie qui reflète une nouvelle fois les choix pastoraux du Pape argentin.

    La place Saint-Pierre accueille samedi 30 septembre le 9ème consistoire ordinaire du pontificat de François. Le dernier en date s'était tenu le 27 août 2022 dans la basilique Saint-Pierre, une cérémonie au cours de laquelle le Pape avait créé cardinal, entre autres, Mgr Jean-Marc Aveline, l’archevêque de Marseille. Ce samedi, deux Français rejoindront le collège cardinalice ensemble, une première: Mgr François Bustillo, l’évêque d’Ajaccio en Corse, et Mgr Christophe Pierre, nonce apostolique aux États-Unis depuis 2016. 

    Trois nouveaux cardinaux sont membres de la Curie: Mgr Robert Francis Prevost, préfet du dicastère pour les Évêques, Mgr Claudio Gugerotti, à la tête du dicastère pour les Églises orientales, et Mgr Victor Manuel Fernández, nouveau préfet du dicastère pour la Doctrine de la foi. Pour la première fois, deux Français rejoindront en même temps le collège cardinalice: mais c’est encore une fois à des cardinaux de périphéries que le Pape François va conférer la barrette, comme le montre les profils de Mgr Stephen Ameyu Martin Mulla, l'archevêque de Juba au Soudan du Sud, qui a accueilli le Pape en début d’année ou de Mgr Sebastian Francis, archevêque de Penang en Malaisie, très engagé dans le dialogue interreligieux.

    Un collège cardinalice redessiné

    A travers ces nouveaux cardinaux, le Pape envoie également des signes, vers la Terre Sainte, puisque Mgr Pierbattista Pizzaballa va devenir le premier patriarche latin de Jérusalem à obtenir la pourpre. Vers la Chine ensuite, avec la décision de créer cardinal l’évêque de Hong-Kong, Mgr Stephen Chow Sau-Yan, à l'instar de ses prédécesseurs. Enfin, c’est aussi dans les cardinaux non-électeurs que l’on décèle les intuitions du Souverain pontife, à travers les profils par exemple des figures de Mgr Agostino Marchetto, expert du Concile Vatican II et secrétaire émérite du Conseil pontifical pour la Pastorale des migrants, ou encore le capucin argentin Luis Dri âgé de 96 ans et, confesseur au sanctuaire de Notre-Dame de Pompei à Buenos Aires et qui fut le confesseur du Pape lui-même.

    À l'issue de ce nouveau consistoire, le collège cardinalice comprendra 138 cardinaux-électeurs en cas de conclave, (un record), 130 d'entre eux ayant été revêtu la pourpre cardinalice sous le pontificat de François. 33 d'entre eux sont des religieux. 55 de ces cardinaux sont Européens, 23 Latinos-américains, 22 viennent du continent asiatique, 18 d'Afrique, 17 d'Amérique du Nord et 3 d'Océanie.

  • Belgique : l'Eglise dans le collimateur des acteurs politiques du Nord et du Sud du pays

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    De sur cathobel :

    Accusations d’inaction, remise en question de son financement, commission d’enquête… l’Eglise dans le viseur des politiques

    Les acteurs politiques, du Nord comme du Sud du pays, se sont emparés du dossier des abus sexuels dans l’Eglise, suite au choc provoqué par la diffusion du documentaire Godvergeten – ‘Les oubliés de Dieu’ – en Flandre. Si l’idée d’instaurer une commission d’enquête parlementaire fait consensus, même auprès du clergé flamand, certains politiciens taclent -aujourd’hui encore- l’Eglise pour son manque d’actions concrètes ; quand d’autres vont jusqu’à réclamer une refonte en profondeur du financement des cultes.

    Invité de la radio La 1ère (RTBF) ce matin, Thomas Dermine, secrétaire d’Etat à la relance et aux investissements, est revenu sur l’onde de choc provoquée en Flandre par la diffusion de Godvergeten, cette série-documentaire sur les abus sexuels dans l’Eglise. L’élu socialiste s’est d’abord dit « extrêmement touché » et « ému », lui qui a effectué ses premières années secondaires dans une des écoles mentionnées dans le reportage – l’école abbatiale de Termonde, là où se sont produits plusieurs cas avérés de pédophilie. « Ces événements se sont produits juste après mon passage dans cette école, et j’ai eu la chance de ne pas en être victime » a confié Thomas Dermine.

    Assurant son plein soutien aux victimes, il dénonce un « système qui était absolument scandaleux de la part de l’Eglise » :

    Il y a encore des zones d’ombre. Il faut continuer à travailler et il y a des responsabilités qui doivent être établies.

    Thomas Dermine, la 1ère, 29 septembre 2023

    L’intervieweur de Matin Première, Thomas Gadisseux, avance que des « anciens prédateurs sont encore dans l’Eglise et reçoivent encore une pension de Rome » et demande à son invité « comment cela se fait-il qu’on en est encore là ? ». Thomas Dermine rétorque que des mesures ont été prises, comme dans le cas de son école secondaire qui a été fermée au lendemain des condamnations, et que des actions ont été intentées en justice. Néanmoins, il avance que « dans l’Eglise », bien qu’il y ait « un discours qui est plein de bon sens et de bonnes valeurs » – il cite en exemple le discours du pape à Marseille en faveur des migrants – « parfois il faut joindre les actes ! »

    Ainsi sur les enjeux de migration, le secrétaire d’état estime que les communautés religieuses « doivent se racheter vis-à-vis de l’ensemble de la population » notamment en mettant « les infrastructures qui existent au sein de l’Eglise » à disposition des demandeurs d’asile.

    Enfin, l’adjoint au ministre de l’Economie et du Travail s’est également dit ouvert à la mise sur pied d’une commission d’enquête par le Parlement belge, ainsi qu’à une discussion sur le financement des cultes : « Le financement public des cultes doit, le cas échéant, pouvoir être revu en fonction de dérives, comme ici ».

    Un large consensus en faveur d’une commission d’enquête parlementaire

    Le Premier ministre Alexander De Croo (Open VLD) et le ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne (Open VLD) ont reçu jeudi après-midi, rue de la Loi, le prêtre Rik Devillé et l’évêque d’Anvers Johan Bonny. Lors de la conversation, Mgr Bonny a promis de coopérer pleinement avec la justice et la police, a déclaré M. De Croo.

    La veille, l’évêque référendaire pour les questions relatives aux abus sexuels s’était dit partisan de la mise sur pied d’une commission d’enquête parlementaire sur les violences sexuelles commises dans l’Église. « Nous sommes un État de droit et ce problème s’est posé au sein de l’Église. Nous avons tout à gagner de la transparence et de la participation démocratique » a déclaré l’évêque.

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  • Les saints archanges Michel, Gabriel et Raphaël (29 septembre)

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    Extraits de l'homélie de Benoit XVI - 29.9.2007 (source)

    Il y a tout d'abord Michel. Nous le rencontrons dans l'Ecriture Sainte, en particulier dans le Livre de Daniel, dans la Lettre de l'Apôtre saint Jude Thaddée et dans l'Apocalypse. Dans ces textes, on souligne deux fonctions de cet Archange. Il défend la cause de l'unicité de Dieu contre la présomption du dragon, du "serpent antique", comme le dit Jean. C'est la tentative incessante du serpent de faire croire aux hommes que Dieu doit disparaître, afin qu'ils puissent devenir grands; que Dieu fait obstacle à notre liberté et que nous devons donc nous débarrasser de Lui. Mais le dragon n'accuse pas seulement Dieu. L'Apocalypse l'appelle également "l'accusateur de nos frères, lui qui les accusait jour et nuit devant notre Dieu" (12, 10). Celui qui met Dieu de côté, ne rend pas l'homme plus grand, mais lui ôte sa dignité. L'homme devient alors un produit mal réussi de l'évolution. Celui qui accuse Dieu, accuse également l'homme. La foi en Dieu défend l'homme dans toutes ses faiblesses et ses manquements: la splendeur de Dieu resplendit sur chaque individu. La tâche de l'Evêque, en tant qu'homme de Dieu, est de faire place à Dieu dans le monde contre les négations et de défendre ainsi la grandeur de l'homme. Et que pourrait-on dire et penser de plus grand sur l'homme que le fait que Dieu lui-même s'est fait homme? L'autre fonction de Michel, selon l'Ecriture, est celle de protecteur du Peuple de Dieu (cf. Dn 10, 21; 12, 1). Chers amis, vous êtes vraiment les "anges gardiens" des Eglises qui vous seront confiées! Aidez le Peuple de Dieu, que vous devez précéder dans son pèlerinage, à trouver la joie dans la foi et à apprendre le discernement des esprits: à accueillir le bien et à refuser le mal, à rester et à devenir toujours plus, en vertu de l'espérance de la foi, des personnes qui aiment en communion avec le Dieu-Amour. 

    Nous rencontrons l'Archange Gabriel, en particulier dans le précieux récit de l'annonce à Marie de l'incarnation de Dieu, comme nous le rapporte saint Luc (1, 26-39). Gabriel est le messager de l'incarnation de Dieu. Il frappe à la porte de Marie et, par son intermédiaire, Dieu demande à Marie son "oui" à la proposition de devenir la Mère du Rédempteur: de donner sa chair humaine au Verbe éternel de Dieu, au Fils de Dieu. Le Seigneur frappe à plusieurs reprises à la porte du cœur humain. Dans l'Apocalypse, il dit à l'"ange" de l'Eglise de Laodicée et, à travers lui, aux hommes de tous les temps: "Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu'un entend ma voix et ouvre la porte, j'entrerai chez lui; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi" (3, 20). Le Seigneur se trouve à la porte - à la porte du monde et à la porte de chaque cœur en particulier. Il frappe pour qu'on le laisse entrer: l'incarnation de Dieu, son devenir chair doit continuer jusqu'à la fin des temps. Tous doivent être réunis dans le Christ en un seul corps: c'est ce que nous disent les grands hymnes sur le Christ dans la Lettre aux Ephésiens et dans celle aux Colossiens. Le Christ frappe. Aujourd'hui aussi, Il a besoin de personnes qui, pour ainsi dire, mettent à sa disposition leur propre chair, qui lui donnent la matière du monde et de leur vie, servant ainsi à l'unification entre Dieu et le monde, à la réconciliation de l'univers. Chers amis, votre tâche est de frapper au nom du Christ aux cœurs des hommes. En entrant vous-mêmes en union avec le Christ, vous pourrez également assumer la fonction de Gabriel: apporter l'appel du Christ aux hommes.

    Saint Raphaël nous est présenté, en particulier dans le livre de Tobie, comme l'Ange auquel est confiée la tâche de guérir. Lorsque Jésus envoie ses disciples en mission, la tâche de l'annonce de l'Evangile s'accompagne également toujours de celle de guérir. Le Bon Samaritain, en accueillant et en guérissant la personne blessée qui gît au bord de la route, devient sans paroles un témoin de l'amour de Dieu. Cet homme blessé, qui a besoin d'être guéri, c'est chacun de nous. Annoncer l'Evangile signifie déjà en soi guérir, car l'homme a surtout besoin de la vérité et de l'amour. Dans le Livre de Tobie, on rapporte deux tâches emblématiques de guérison de l'Archange Raphaël. Il guérit la communion perturbée entre l'homme et la femme. Il guérit leur amour. Il chasse les démons qui, toujours à nouveau, déchirent et détruisent leur amour. Il purifie l'atmosphère entre les deux et leur donne la capacité de s'accueillir mutuellement pour toujours. Dans le récit de Tobie, cette guérison est rapportée à travers des images légendaires. Dans le Nouveau Testament, l'ordre du mariage, établi dans la création et menacé de multiples manières par le péché, est guéri par le fait que le Christ l'accueille dans son amour rédempteur. Il fait du mariage un sacrement: son amour, qui est monté pour nous sur la croix, est la force qui guérit et qui, au sein de toutes les confusions, donne la capacité de la réconciliation, purifie l'atmosphère et guérit les blessures. La tâche de conduire les hommes toujours à nouveau vers la force réconciliatrice de l'amour du Christ est confiée au prêtre. Il doit être "l'ange" qui guérit et qui les aide à ancrer leur amour au sacrement et à le vivre avec un engagement toujours renouvelé à partir de celui-ci. En deuxième lieu, le Livre de Tobie parle de la guérison des yeux aveugles. Nous savons tous combien nous sommes aujourd'hui menacés par la cécité à l'égard de Dieu. Comme le danger est grand que, face à tout ce que nous savons sur les choses matérielles et que nous sommes en mesure de faire avec celles-ci, nous devenions aveugles à la lumière de Dieu! Guérir cette cécité à travers le message de la foi et le témoignage de l'amour, est le service de Raphaël confié jour après jour au prêtre et, de manière particulière, à l'Evêque. Ainsi, nous sommes spontanément portés à penser également au sacrement de la Réconciliation, au Sacrement de la Pénitence qui, au sens le plus profond du terme, est un sacrement de guérison. En effet, la véritable blessure de l'âme, le motif de toutes nos autres blessures, est le péché. Et ce n'est que s'il existe un pardon en vertu de la puissance de Dieu, en vertu de la puissance de l'amour du Christ, que nous pouvons être guéris, que nous pouvons être rachetés.