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Eglise - Page 245

  • L'influence de saint Jean de la Croix sur Karol Wojtyła

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    D'Antonio Tarallo sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    "J'explique l'influence de saint Jean de la Croix sur Wojtyła".

    "Le travail de jeunesse de Karol Wojtyła sur les œuvres de saint Jean de la Croix a duré environ huit ans" et a abouti à la thèse de doctorat consacrée à la doctrine de la foi du saint espagnol. La Bussola s'entretient avec le père Andrzej Dobrzyński.

    14_12_2023

    À Rome, un espace de mémoire est dédié à Karol Wojtyła : il s'agit du Centre de documentation et d'étude du pontificat de Jean-Paul II, une institution qui appartient à la Fondation Jean-Paul II, créée le 16 octobre 1981. L'objectif du centre d'étude est de collecter et de conserver des documents et des objets ayant appartenu au pape polonais, afin d'en faire un sujet de recherche et d'étude. Parmi les nombreux documents de valeur conservés dans les archives figure la thèse de doctorat du jeune Wojtyła sur saint Jean de la Croix. À l'occasion de la journée de la mémoire liturgique du saint espagnol, La Nuova Bussola Quotidiana a interviewé le père Andrzej Dobrzyński, directeur du centre d'études de Rome, pour comprendre à quel point la théologie de saint Jean de la Croix a influencé la pensée de Wojtyła.

    Père Dobrzyński, pourquoi Wojtyła a-t-il choisi Saint Jean de la Croix comme sujet de sa thèse de doctorat ?

    À Wadowice, il y avait un couvent de carmélites : Karol Wojtyła avait l'habitude de se rendre dans ce lieu pour prier. C'est là qu'il a reçu le scapulaire de Notre-Dame du Mont Carmel, et c'est également dans ce couvent qu'il se confessait tous les mois. C'est probablement à cet endroit qu'il entendit parler pour la première fois de saint Jean de la Croix. Lorsqu'il a déménagé avec son père à Cracovie, il a rencontré le vénérable Jan Tyranowski (1901-1947), économiste de formation et tailleur de profession. Jan menait une vie spirituelle profonde et a présenté à Wojtyła la figure de saint Jean de la Croix. C'est à cette époque que Wojtyła est entré en contact étroit avec les pères carmélites de Cracovie. L'un d'entre eux fut son confesseur. Un autre frère avec lequel il s'est lié d'amitié était le traducteur de l'œuvre de saint Jean de la Croix en polonais. Un autre encore était un père carme espagnol, théologien. La Seconde Guerre mondiale est alors en cours et Wojtyła doit travailler dans une usine et une carrière. Contre l'interdiction des occupants nazis, il entre dans un séminaire clandestin, mais n'exclut pas de passer chez les carmélites à la fin de la guerre.

    À la fin de ses études de théologie, dans le cadre de sa spécialisation en théologie dogmatique, sous la direction d'un professeur, Wojtyła rédige sa thèse Le concept de moyen d'union avec Dieu dans les œuvres de saint Jean de la Croix. Tout en rédigeant cette thèse, il commence à apprendre l'espagnol afin de lire les œuvres du mystique espagnol dans la langue originale. Le sujet de sa thèse de doctorat à l'Angelicum de Rome est donc La doctrine de la foi chez saint Jean de la Croix, rédigée sous la direction d'un théologien de renom, le dominicain Réginald Garrigou-Lagrange.

    Quels sont les points les plus importants de cette thèse ?

    La thèse de doctorat se compose d'une partie analytique et d'une partie synthétique. Wojtyła concentre son attention sur le rôle de la foi comprise comme une vertu théologale, infusée dans l'union avec Dieu. La raison joue un rôle important dans ce processus de rapprochement avec Dieu, tout comme la grâce : la foi est un pont qui relie deux rives, l'homme et Dieu. Cette union ne conduit pas à une confusion entre la nature divine et la nature humaine, mais donne à l'homme la possibilité de participer à la vie de Dieu. Ce processus démontre la capacité de l'homme à se transcender. En même temps, le rôle de la raison, soutenue par la lumière de la foi, et des autres capacités humaines, à savoir la volonté et les affections, est souligné. La foi ordonne l'action de l'homme et lui permet de faire l'expérience de Dieu.

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  • Le catholicisme allemand : au bord du gouffre ou à la pointe du progrès ?

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    De George Weigel sur First Things :

    LE CATHOLICISME ALLEMAND : AU BORD DU GOUFFRE OU A LA POINTE ?

    13 . 12 . 23

    Le 10 novembre, un "Comité synodal" créé par la "Voie synodale" allemande récemment achevée s'est réuni pour la première fois. Le mandat de ce comité est de préparer les bases d'un "Conseil synodal" composé de laïcs, de membres du clergé et d'évêques qui gouverneront l'Église catholique en Allemagne à partir de 2026. L'idée d'un tel "Conseil synodal" a déjà été rejetée par le Saint-Siège. Dans une lettre adressée récemment à quatre laïques allemandes qui avaient démissionné de la "Voie synodale" pour protester contre les déviations par rapport aux vérités et pratiques catholiques établies, le pape François a réaffirmé que le "Conseil synodal" ne peut être concilié "avec la structure sacramentelle de l'Église catholique".

    Le pape a également déclaré ceci à propos de l'état actuel des affaires catholiques en Allemagne :

    Au lieu de chercher le "salut" dans des comités toujours nouveaux et de discuter des mêmes sujets avec un certain repli sur soi, j'ai voulu, dans ma Lettre au peuple de Dieu en Allemagne, rappeler la nécessité de la prière, de la pénitence et de l'adoration, et inviter à s'ouvrir et à aller à la rencontre de "nos frères et sœurs, en particulier ceux qui sont abandonnés sur les marches de nos églises, dans les rues, dans les prisons et les hôpitaux, sur les places et dans les villes". Je suis convaincu que c'est là que le Seigneur nous montrera le chemin.

    A ce sujet, peut-être quelques remarques. 

    Chercher le "salut" dans des comités toujours nouveaux et discuter des mêmes sujets avec un certain égocentrisme" ne décrit-il pas précisément ce que le Synode-2023 a fait pendant quatre longues semaines angoissantes il y a deux mois - et ce que les "phases" préparatoires locales, nationales et continentales du Synode sur la synodalité ont fait, à grands frais de temps et d'argent, au cours des deux dernières années ? 

    Pourquoi le mot "salut" est-il entre guillemets dans la lettre du pape ? Est-ce parce qu'il parle de "sauver" l'institution de l'Église allemande, qui subit une hémorragie de fidèles (et donc une perte de revenus, car moins de fidèles se déclarant catholiques signifie que l'institution reçoit une part moins importante de l'impôt de l'Église allemande) ? Compte tenu du contexte allemand, on peut penser que c'est pour cette raison que le mot "salut" a été mis entre guillemets. Mais on pourrait aussi noter que le thème du salut dans son sens biblique et théologique complet - et la notion corollaire du Seigneur Jésus en tant qu'unique sauveur de l'humanité - n'a pas été exploré en profondeur pendant le Synode 2023, ou pendant le "chemin synodal" allemand.

    Ce qui nous amène à un troisième point : Le pape suggère que le catholicisme institutionnel allemand se sauvera en s'ouvrant aux pauvres, aux déplacés et aux marginaux de la société. L'Église allemande le fait déjà, cependant, en maintenant (avec l'aide de l'impôt ecclésiastique) un réseau considérable d'agences et de programmes de services sociaux. Si la rencontre avec les marginaux était la réponse à l'ennui religieux et à l'anémie évangélique du catholicisme allemand contemporain, l'Église allemande serait devenue un puissant moteur de la nouvelle évangélisation il y a des décennies. 

    Mais ce n'est pas le cas, et ce n'est toujours pas le cas. La raison n'a rien à voir, ou presque, avec l'incapacité à rencontrer les marginaux, mais tout à voir avec la perte de la foi en Jésus comme Seigneur et en l'Église comme son corps sacramentel dans le monde, qui transforme les églises locales en organisations non gouvernementales réalisant de bonnes œuvres. La rencontre avec le Seigneur Jésus dans la Parole et le Sacrement est (pour reprendre la lettre du pape) "ce qui nous montrera le chemin".

    Il est intéressant de constater que, lors du Synode 2023, les questions brûlantes chères à la Voie synodale allemande n'ont pas été abordées par les Allemands, mais par d'autres. Le président de la conférence épiscopale allemande, Mgr Georg Bätzing, a fait preuve de gemütlichkeit tout au long du processus, un sourire constamment sur son visage. Ce profil délibérément bas reflète peut-être le fait que les dirigeants de l'épiscopat allemand reconnaissent qu'il serait déconseillé d'enflammer les choses à Rome, compte tenu de la situation conflictuelle dans laquelle ils se trouvent chez eux. Mais une autre lecture de ces feuilles de thé est possible. 

    Comme nous l'avons déjà suggéré dans cet espace, certains responsables du "Synode sur la synodalité" ont pu considérer la "voie synodale" allemande comme un instrument utile pour ouvrir la voie à une reconfiguration dramatique de la compréhension de soi et de la gouvernance catholiques, déplaçant les poteaux de but si loin vers la gauche que l'ancienne ligne des cinquante yards du Centre vital catholique serait maintenant l'ancienne zone d'en-but à gauche. Ces personnes n'ont peut-être pas voulu que les Allemands prennent une avance telle qu'ils donneraient le change avant que le Synode 2024 ne se réunisse en octobre prochain ; il a donc été conseillé au cheval de bataille allemand de trotter et non de galoper. 

    Ce qui pourrait suggérer que le catholicisme allemand n'est pas considéré dans certains cercles romains comme étant "au bord du gouffre", mais plutôt comme étant "à la pointe du progrès". 

    La chronique de George Weigel "The Catholic Difference" est publiée par le Denver Catholic, la publication officielle de l'archidiocèse de Denver.

    George Weigel est Distinguished Senior Fellow du Ethics and Public Policy Center de Washington, D.C., où il est titulaire de la chaire William E. Simon d'études catholiques.

  • Face à la crise de l'Eglise : une croisade spirituelle inspirée par Notre-Dame de Fatima

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    Du site de l'Homme Nouveau :

    UNE « CROISADE SPIRITUELLE » FACE À LA CRISE DE L’ÉGLISE

    11 décembre 2023
     
    Fatima croisade spirituelle

    © José Luiz Bernardes Ribeiro / CC BY-SA 3.0

    Le 8 décembre dernier, jour de la solennité de l’Immaculée Conception, Christopher P. Wendt, directeur international de la Confrérie Notre-Dame de Fatima, a annoncé le lancement d’une croisade spirituelle pour implorer l’intervention divine face à la crise de l’Église.  

    Mgr Athanasius Schneider, en tant que conseiller spirituel de la Confrérie Notre-Dame de Fatima, mais aussi évêque auxiliaire de l’archidiocèse de Sainte-Marie d’Astana (Kazakhstan), soutient cet appel déjà traduit dans presque quarante langues.  

    Prier pour l’Église

    Cette confrérie propose de suivre cette initiative durant toute l’année 2024, du 6 janvier au 7 décembre. Elle consistera en la récitation quotidienne du Saint Rosaire et la pratique des cinq premiers samedis, afin d’implorer, par l’intercession du Cœur Immaculé de Marie, l’aide et l’intervention de Dieu, en particulier pour le Saint-Siège à Rome.  

    À Fatima, Notre Dame a demandé la prière quotidienne du Rosaire ainsi que la pratique des cinq premiers samedis comme moyen spirituel efficace en vue d’obtenir des faveurs divines spéciales.

    La pratique des cinq premiers samedis est la suivante : le premier samedi de cinq mois consécutifs, recevoir le sacrement de pénitence ainsi que la sainte communion, dire le chapelet et méditer pendant quinze minutes sur au moins l’un des quinze mystères du Rosaire, avec l’intention de faire réparation pour les péchés commis contre le Cœur Immaculé de Marie.  

    La Confrérie Notre-Dame de Fatima

    La Confrérie Notre-Dame de Fatima est une organisation internationale de catholiques se consacrant à réaliser le triomphe du Cœur Immaculé de Marie le plus rapidement possible. Ils s’engagent à vie à suivre l’appel de Notre-Dame de Fatima en faisant réparation à son Cœur Immaculé et pénitence pour les pauvres pécheurs. 

    Elle a été lancée en 2020 par Christopher P. Wendt, directeur international, et le Dr Michael Sirilla, professeur de théologie dogmatique et systématique à l’Université franciscaine, puis approuvé par Mgr Athanasius Schneider le 26 juillet 2020.  

    Une croisade spirituelle universelle

    La « croisade spirituelle » s’adresse à tous les fidèles catholiques pour implorer Dieu que l’Église soit sauvée de ses ennemis intérieurs. La confrérie invite tous les laïcs à partager cette action auprès de leurs familles, amis et paroisses, et à réitérer les cinq premiers samedis du mois pour ceux qui les auraient déjà suivis. Un formulaire d’inscription est mis à disposition sur leur site internet pour permettre de recenser tous les participants. Il est également proposé de devenir « capitaine » d’un groupe de prière. Les organisateurs invitent les participants à réaliser cette dévotion en groupe, en se soutenant mutuellement et en communion les uns avec les autres.  

    Les prêtres peuvent également se manifester auprès de la confrérie pour signaler qu’ils sont disponibles pour assurer la confession et la Messe, nécessaires à cette dévotion. La confrérie est également à la recherche d’organisations catholiques partenaires à travers le monde afin de permettre à tous les catholiques d’y participer.  

    L’expression « croisade spirituelle » a été choisie en écho aux soldats chrétiens partis libérer la Terre Sainte afin que les chrétiens puissent avoir accès aux lieux saints et y prier librement.  

    Elle représente aujourd’hui « l’effort des chrétiens pour libérer spirituellement certains lieux occupés par des ennemis spirituels de notre foi », sans armes si ce n’est l’arme spirituelle du Rosaire et sous le commandement de Notre-Dame élue comme chef de cette campagne spirituelle face à « l’infiltration de l’incrédulité, du libéralisme et du modernisme dans la vie de l’Église catholique depuis les dernières décennies, qui a atteint un certain degré de nos jours ».  

    Pour s’inscrire : https://www.livefatima.io/crusade-pledge/

  • L'Europe délaisse les chrétiens pour protéger l'islam

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    De Luca Volontè sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    L'Europe oublie les chrétiens pour protéger l'islam

    La Commission européenne a présenté des mesures pour lutter contre les crimes de haine fondés sur la religion : l'absence de soutien réel aux catholiques, qui sont les plus touchés selon les données de l'OCDE et de l'OIDACE, est inquiétante. 

    13_12_2023

    Un peu plus tard que les initiatives irrationnelles et insensées de la Maison Blanche, ses vassaux européens de la Commission européenne ont présenté le 6 décembre une série de mesures et de recommandations pour contrer les crimes de haine à travers l'Europe, en particulier contre les communautés juives et musulmanes, mais sans oublier les communautés LGBTI. Si ces mesures apparaissent tardives mais justifiées au regard des menaces et dangers croissants que subissent les communautés juives dans certains pays européens comme l'Allemagne, la France, l'Autriche et la Belgique, elles sont franchement injustifiables à l'égard des communautés musulmanes, tandis que l'absence de soutien réel aux communautés catholiques et aux fidèles chrétiens est inquiétante.

    Encore plus indigeste et à courte vue est la décision de ne pas avoir envisagé explicitement des mesures contre la violence, les crimes de haine et les menaces contre les communautés catholiques et chrétiennes européennes, les bâtiments et les fidèles, qui, selon le rapport annuel de l'OIDACE, ont augmenté de 44% en Europe au cours de l'année écoulée. L'Observatoire de l'intolérance et de la discrimination envers les chrétiens en Europe (OIDAC Europe), basé à Vienne, a dénoncé dans son rapport annuel le fait que "les principaux pays pour les crimes de haine anti-chrétiens sont l'Allemagne, l'Italie, la France, l'Espagne et la Pologne, le Royaume-Uni et l'Autriche", documentant "en 2022, 748 crimes de haine anti-chrétiens dans 30 pays différents, allant des incendies criminels, graffitis, profanations et vols aux agressions physiques, insultes et menaces".

    Des chiffres également confirmés par ceux enregistrés par l'OSCE, l'Organisation intergouvernementale pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), qui "a recensé 792 crimes de haine anti-chrétiens dans 34 pays européens", ce qui "fait des chrétiens le groupe religieux le plus visé après les croyants juifs". Ainsi, tant les plaintes que les incidents de l'année écoulée montrent une prévalence dramatique de la violence et des menaces contre les croyants, les lieux de culte et les personnes appartenant aux religions judéo-chrétiennes, mais pour la Commission, comme pour M. Biden au début du mois de novembre dernier, la protection doit concerner les communautés islamiques et contrer l'islamophobie, et certainement pas protéger les Juifs, les Chrétiens et les Catholiques. Pour la Commission, l'Autriche a enregistré une augmentation de 300% des incidents antisémites par rapport à 2022, tandis que les Pays-Bas ont observé une augmentation de 800% par rapport à la moyenne mensuelle précédente, tandis que dans la seconde moitié d'octobre, le nombre d'incidents antimusulmans en Allemagne a augmenté avec 10 attaques contre des mosquées et un "nombre élevé de cas non détectés".

    La Commission, qui a présenté ses initiatives lors d'un point presse des vice-présidents Vera Jurova et Margaritis Schinas, complétera son fonds pour la protection des lieux publics et des lieux de culte de 30 millions d'euros en 2024, dont 5 millions d'euros seront spécifiquement affectés à la lutte contre l'antisémitisme. L'Association juive européenne (EJA) a salué le "sérieux et la diligence" de la communication de la Commission, en particulier l'augmentation du financement de 5 millions d'euros pour protéger les lieux de culte juifs et l'ouverture anticipée des demandes pour le Fonds de sécurité intérieure à 2023 au lieu de 2024.

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  • Les paroles fortes du cardinal Zen pour le temps de l'Avent et le temps d'aujourd'hui

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    De OnePeterFive :

    Le cardinal Zen parle de Dubia et de la synodalité pendant l'Avent

    12 décembre 2023

    Le temps de l'Avent et de Noël a toujours été l'un des moments les plus intenses de l'année liturgique, car nous nous souvenons de l'Incarnation du Fils de Dieu qui vient nous sauver. L'évêque émérite de Hong Kong, le cardinal Joseph Zen, nous offre un beau témoignage en proposant dans un nouveau livre ses méditations sur ce temps liturgique.

    Nous avons récemment interrogé Son Éminence sur son nouveau livre et sur bien d'autres sujets.

    Aurelio Porfiri : Votre Éminence, comment allez-vous ?

    Cardinal Zen : Je dirais que je vais plutôt bien, ma santé n'est pas trop mauvaise pour mon âge, j'approche les 92 ans et je suis donc très reconnaissant à Dieu qui m'a permis d'arriver jusqu'à aujourd'hui en assez bonne forme. En toute chose, nous devons être reconnaissants à Dieu pour ce qu'il nous offre. Après des moments difficiles, je sens que je reprends des forces et j'espère que je pourrai bientôt reprendre mes activités antérieures, comme la visite des prisonniers, un apostolat qui me tient à cœur et que j'exerce maintenant depuis plus de 20 ans.

    Vous tenez-vous informé de l'actualité ?

    Il est certain que je me tiens très au courant des nouvelles, surtout celles qui concernent l'Église et qui, naturellement, m'intéressent et me concernent d'une manière toute particulière. Aujourd'hui, avec les moyens de communication modernes, il est très facile de se tenir au courant de tout ce qui se passe. Il faut savoir en faire bon usage et naturellement, s'agissant de nouvelles qui nous parviennent de sources multiples et disparates, il faut savoir en faire une lecture critique, en faisant preuve d'une saine prudence. Pensons aux informations contradictoires qui nous parviennent, par exemple, sur les guerres en cours, qui ne sont pas seulement des guerres de territoires, mais surtout des guerres de propagande.

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  • Pour la première fois, le pape François mentionne l'endroit où il aimerait être enterré et annonce un voyage en Belgique en 2024

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    De Vatican News (Jean Charles Putzolu) :

    François visitera la Belgique en 2024

    Belgique, Argentine et Polynésie sont les trois pays que François souhaite visiter en 2024. Il en fait lui-même l’annonce dans une interview accordée à la télévision mexicaine Nmas, à l’occasion de la fête de Notre Dame de Guadalupe. Invité à reparcourir les douze mois de l'année passée, le Pape revient sur sa santé, sur le vide créé par la disparition de Benoit XVI, et annonce qu’il se fera enterrer dans la basilique Sainte-Marie-Majeure de Rome.

    François se confie à la correspondante de Nmas, Valentina Alazraki, dans une conversation souriante enregistrée avant la messe à Saint Pierre célébrée mardi 12 décembre pour la solennité de la bienheureuse Vierge Marie de Guadalupe, apparue au Mexique en 1531 et devenue depuis Patronne de l’Amérique Latine. Dans cet entretien de vingt minutes, François réaffirme que les guerres sont toujours une défaite, sauf pour les fabricants d’armes, et exprime sa désolation quand il voit sur l'âge des victimes sur les tombes des soldats, des jeunes pour la plupart que leurs mères ne reverront plus.

    Sépulture à Sainte-Marie-Majeure

    Mais au-delà de ces propos déjà tenus à plusieurs reprises, François révèle qu’il veut être enterré dans l’une des quatre basiliques papales de Rome, Sainte-Marie-Majeure, en raison de sa dévotion à Marie et de sa promesse faite à la Salus populi romani, aux pieds de laquelle il prend le temps de prier avant et au retour de chacun de ses voyages.

    Il ne sera pas le premier pape dans cette basilique. Sept Souverains pontifes y reposent déjà. François ajoute qu’il a aussi préparé son enterrement, et explique qu’il a simplifié le rite de ses obsèques.

    Cela ne l’empêche pas de continuer à regarder vers l’avenir. Il n’a pas l’intention de renoncer à son Pontificat, même s’il confirme l’existence d’une lettre de renonciation entre les mains du cardinal Tarcisio Bertone. Une lettre qu’il n’a pas encore signée car c’est Dieu qui décidera, selon le Saint-Père, et qui lui dira «assez» le moment venu. À ce propos, il salue le courage de la renonciation de son prédécesseur, Benoit XVI, avec lequel, avoue-t-il, il avait noué une relation très étroite. Un homme «simple, humble» et «qui a pris conscience de ses limites».

    Les voyages de 2024

    Limites que François n’a pas encore atteintes, puisqu’il se projette en 2024 avec un voyage annoncé en Belgique et deux autres à l’étude: la Polynésie et l’Argentine. L’Argentine du président Javier Milei, dont le Pape semble déjà avoir pardonné les propos plutôt durs tenus par ce dernier à son égard. «En campagne électorale», dit François, «on dit des choses provisoires, pour attirer l’attention. […] Ensuite, vient le moment des choses concrètes». Les deux hommes se sont d’ailleurs parlés au téléphone depuis, et Javier Milei a invité François en Argentine.

  • Le document pour le #synode 2024 vient de sortir...

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    Du Père Yves-Marie Couët, prêtre de l'Emmanuel (diocèse de Vannes) (sur twitter) (son site web):

    Le document pour le #synode 2024 vient de sortir et il n'est pas venu à l'idée de ses rédacteurs d'inviter à se mettre à l'écoute de la Parole Dieu !

    Heureusement, nous nous préparons à Noël et nous nous avons soif de Dieu ! Il est la clé du vrai bonheur ! La seule mention dans ce document : Dieu nous enverrait en mission synodale. Comme si Dieu était utilisé pour avaliser nos propres idées.

    Reviennent en force le diaconat des femmes et "les questions controversées" (pourtant ces dernières avaient été mises un peu de côté par le rapport final du synode d'octobre 2023, une question de tactique).

    Voici le document pour l'assemblée #synodale d'octobre 2024 : synod.va/content/dam/sy

  • Quand certains politiciens se perdent dans une quête de laïcité mal comprise...

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    D'Alice Pairo-Vasseur sur le site du Point via didoc.be :

    « Certains politiciens se perdent dans une quête de laïcité mal comprise »

    L’interview, dans « Le Point » d’une journaliste musulmane convertie au catholicisme, qui témoigne de sa perplexité face à la découverte d’une société sécularisée. Une analyse qui porte sur la France mais s’applique aussi à tout l’Occident.

    Dans un essai, la journaliste Claire Koç livre un témoignage personnel sur sa conversion au catholicisme et une réflexion, documentée, sur ce qui demeure, en France, de l’héritage judéo-chrétien.

    « Sans l’âme chrétienne de la France, la République ne serait pas ce qu’elle est », insiste Claire Koç, dans Le jour où je me suis convertie, à paraître ce 9 novembre, chez Plon. Née en Turquie, il y a trente-neuf ans, la journaliste, autrice d’un premier livre, Claire, le prénom de la honte (Albin Michel, 2021), dans lequel elle racontait son désir d’assimilation et ce changement d’identité entrepris contre la volonté de sa famille, revient avec le récit de sa conversion au catholicisme.

    Un processus de trente années, dont elle raconte l’aboutissement et partage les désillusions. « Je vis dans une France où vouloir devenir catholique est regardé comme absurde », déplore-t-elle. Un livre-témoignage intime, doublé d’une réflexion, documentée, sur les racines judéo-chrétiennes de la France, à l’heure où les églises se vident et le sentiment d’appartenance s’effondre.

    Le Point : Votre livre s’ouvre sur le constat suivant : « En me convertissant au catholicisme, j’étais persuadée de m’extraire d’une certaine minorité pour entrer dans la norme. J’avais tort sur toute la ligne. » Expliquez-nous.

    Je viens d’une famille issue d’une minorité, les alévis. Une branche de l’islam originaire de Turquie et plus précisément d’Anatolie. J’ai beau avoir grandi en France, mes parents ne se définissaient pas comme français et, entourés de musulmans sunnites — dont les pratiques étaient différentes des nôtres —, ils m’ont élevée dans un carcan minoritariste. En me convertissant au catholicisme, je pensais m’en extraire et me fondre dans la masse. Mais quand j’ai annoncé ma conversion à mes amis français, ils m’ont dit que ce n’était « pas une bonne idée », quand ils n’ont pas montré un rejet complet vis-à-vis de mon choix, voire une hostilité à mon égard. J’ai compris que la religion catholique n’avait pas le vent en poupe, qu’elle ne faisait pas partie des nouvelles « normes » de croyance. Mais aussi qu’il y avait, en France, que l’on dit pourtant « fille aînée de l’Église », un rejet de la foi et de ceux qui l’épousent.

    Pour quelles raisons, selon vous ?

    Je crois que le « bashing » [dénigrement, NDLR] dont souffre la religion catholique, depuis plusieurs années, lui a été particulièrement délétère. Quasi exclusivement traitée sous l’angle de la pédophilie — ce qui est très grave, entendons-nous — ou de l’intégrisme, elle souffre d’amalgames très dépréciateurs. Quand elle n’est pas moquée, voire ridiculisée. Le cas d’Henri d’Anselme, le « héros au sac à dos » de l’attentat d’Annecy, est, à ce titre, éloquent. Très vite, il a été qualifié, sur les réseaux sociaux, d’« illuminé » et de « facho » pour avoir dit sa foi. Avec ce type de traitement, il n’est pas étonnant que l’athéisme séduise tant de fidèles. Le sentiment d’appartenance à la religion catholique est d’ailleurs passé de 89 % en 1960, à 39 % en 2023 (chiffres de la Conférence catholique des baptisés francophones). Cela interpelle dans un pays aux racines judéo-chrétiennes millénaires…

    Est-ce ce qui vous a motivée à rendre publique votre conversion ?

    La conversion est, en effet, un processus très intime. Et ce livre est avant tout un appel à la tolérance. Il y a un paradoxe à ce que notre société moderne, dans laquelle on parle tant de liberté et d’ouverture, montre une telle intolérance à la liberté de conscience. Laquelle émane d’ailleurs majoritairement de ceux qui en appellent à la tolérance et au « pas d’amalgame » avec les autres religions.

    Plus largement, cette propension à dénigrer le christianisme m’inquiète, car la France lui est intrinsèquement liée. Et s’attaquer à la culture judéo-chrétienne revient à s’attaquer à l’Histoire de notre pays. Lequel a été façonné par elle et lui doit une large part de son héritage politique, artistique, législatif et moral (valeurs, éthique sociale…) Outre qu’il déprécie les Français dont les ancêtres chrétiens ont défendu ces terres, ce rejet pour ce qu’on est relève presque de la psychanalyse ! Il témoigne, du moins, d’un grand malaise identitaire.

    Quel enjeu y a-t-il à réaffirmer cet héritage ?

    Il en va de notre identité collective. Si la culture judéo-chrétienne s’efface, alors quelles seront nos références, quel sera notre modèle ? Sans socle commun, tout pays est en partition. Par ailleurs, les progressistes y trouvent peut-être encore leur compte, mais comment peuvent-ils croire que demain, un enfant — en particulier issu de l’immigration — embrasse ce pays qu’eux-mêmes rejettent ? Les politiciens qui veulent retirer les crèches dans l’entrée des mairies, utiliser la formule « fêtes de fin d’année » au lieu de « Noël » ou déboulonner des statues de saints se perdent — sciemment ou non — dans une quête de laïcité mal comprise et les prive d’un héritage fondamental à la compréhension de notre pays et de ses racines.

    Vous consacrez, justement, une large part de votre livre à la laïcité, rappelant qu’elle est née du christianisme lui-même…

    Absolument. Car si la France est chrétienne, la République est laïque. Et c’est parce que l’histoire de notre pays est profondément ancrée dans le christianisme — qui régissait tout jusqu’à la séparation de l’Église et de l’État — qu’il a accouché de la laïcité, actrice essentielle de l’équation entre spiritualité, liberté de conscience et citoyenneté. Aussi, lorsqu’on s’attaque à la foi chrétienne, ce sont aussi ces digues que l’on risque de détruire. Lesquelles, menacées par des radicaux, sont aujourd’hui plus essentielles que jamais…

    Alice Pairo-Vasseur est journaliste au « Point ». Référence du livre : Claire Koç, Le jour où je me suis convertie, éditions Plon, 192 pages.

  • Que peut-on faire des cendres des personnes incinérées ? La réponse du Dicastère pour la Doctrine de la Foi

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    source

    DICASTERE POUR LA DOCTRINE DE LA FOI

    Feuille d'audience avec le Saint Père
    (9 décembre 2023)

    Réponse à Son Éminence, Card. Matteo Maria Zuppi, Archevêque de Bologne,
    concernant deux questions relatives à la conservation des cendres des personnes décédées
    soumis à la crémation.

    Par lettre du 30 octobre 2023 (Prot. n° 2537), le Card. Matteo Maria Zuppi, archevêque de Bologne, a adressé au Dicastère pour la doctrine de la foi deux questions relatives à la conservation des cendres des défunts soumis à la crémation.

    Il a notamment indiqué qu'il avait mis en place une Commission dans le diocèse de Bologne afin d'apporter une réponse chrétienne aux divers problèmes découlant de la prolifération du choix d'incinérer les défunts et de disperser leurs cendres dans la nature. L'objectif est également de veiller à ce que les raisons économiques, suggérées par le coût inférieur de la dispersion, ne prévalent pas, et de fournir des conseils sur la destination des cendres une fois que le délai de conservation a expiré.

    Afin d'être certain de répondre non seulement à la demande des proches, mais surtout à l'annonce chrétienne de la résurrection des corps et du respect qui leur est dû, l'auteur s'est penché sur les questions suivantes :

    1. Compte tenu de l'interdiction canonique de disperser les cendres d'un défunt - à l'instar de ce qui se passe dans les ossuaires, où les restes minéralisés du défunt sont déposés et conservés de manière cumulative - est-il possible de créer un lieu sacré défini et permanent pour l'accumulation mixte et la conservation des cendres des défunts baptisés, en indiquant pour chacun d'eux les données personnelles afin de ne pas disperser la mémoire nominale ?

    2. Peut-on permettre à une famille de conserver une partie des cendres d'un membre de la famille dans un lieu significatif de l'histoire du défunt ?

    Après un examen approfondi du contenu de ces questions, il a été décidé d'y répondre comme suit :

    1) Le n° 5 de l'Instruction Ad resurgendum cum Christo sur la sépulture des défunts et la conservation des cendres en cas de crémation, publiée par la Congrégation pour la doctrine de la foi le 15 août 2016, en ce qui concerne la conservation des cendres dans des urnes spéciales précise que les cendres doivent être conservées dans un lieu sacré (cimetière), ainsi que dans un espace spécifiquement dédié à cet effet, à condition qu'il ait été désigné à cet effet par l'autorité ecclésiastique.

    Les raisons pastorales de cette réglementation sont également données : "Garder les cendres dans un lieu sacré peut aider à réduire le risque de soustraire le défunt à la prière et au souvenir des proches et de la communauté chrétienne. Cela évite également le risque d'oubli et de manque de respect, qui peut se produire surtout lorsque la première génération est passée, ainsi que des pratiques inconvenantes ou superstitieuses" (n. 5). Cette disposition de l'Instruction précitée conserve toute sa validité.

    2) Notre foi nous dit que nous ressusciterons avec la même identité corporelle matérielle, comme toute créature sur cette terre, mais que cette matière sera transfigurée, libérée des limitations de ce monde. En ce sens, la résurrection se fera "dans cette chair dans laquelle nous vivons maintenant" (Formula Fides Damasi nuncupata). On évite ainsi un dualisme néfaste entre le matériel et l'immatériel.

    Mais cette transformation n'implique pas la récupération des mêmes particules de matière qui formaient le corps de l'être humain. Le corps ressuscité ne sera donc pas nécessairement constitué des mêmes éléments qu'avant sa mort. N'étant pas une simple reviviscence du cadavre, la résurrection peut se produire même si le corps a été totalement détruit ou dispersé. Cela permet de comprendre pourquoi, dans de nombreux cinéraires, les cendres des défunts sont conservées ensemble, sans être séparées.

    3) Les cendres du défunt, en outre, proviennent de restes matériels qui ont fait partie du parcours historique vécu par la personne, au point que l'Église a une attention et une dévotion particulières pour les reliques des saints. Ce soin et ce souvenir nous conduisent également à une attitude de respect sacré envers les cendres des défunts, que nous conservons dans un lieu sacré propice à la prière et parfois à proximité des églises où se rendent leurs familles et leurs voisins.

    4) Par conséquent :

    A) Pour les raisons susmentionnées, il est possible de créer un lieu sacré défini et permanent pour l'accumulation et la conservation communautaires des cendres des défunts baptisés, en indiquant pour chacun d'eux les données personnelles afin de ne pas disperser la mémoire nominale.

    B) En outre, à condition d'exclure tout type de malentendu panthéiste, naturaliste ou nihiliste et de conserver les cendres du défunt dans un lieu sacré, l'autorité ecclésiastique, dans le respect des normes civiles en vigueur, peut examiner et évaluer la demande d'une famille de conserver dûment une partie minimale des cendres de leur parent dans un lieu significatif de l'histoire du défunt.

    Víctor Manuel Card. Fernández
    Préfet

    Ex Audientia Die 9.12.2023

    Franciscus

  • Prêtres : pourquoi des éléments de visibilité extérieurs sont-ils nécessaires ? 

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    D'Yves Thibaut de Maisières sur RCF :

    LISONS, MÉDITONS ET ACCUEILLONS CE QUE L'EGLISE NOUS ENSEIGNE !

    5 décembre 2023

    Prêtre dans le diocèse de Namur, formateur au séminaire francophone et théologien, l’abbé Ionel Ababi nous propose une réflexion et un témoignage sur la mission du prêtre et de l’Eglise aujourd’hui. 

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    Lisons, relisons, méditons et accueillons surtout ce que l'Église nous dit, parce qu'on peut lire ici ou là - y compris sous la plume d'experts ou de personnes qui s'affichent "docteurs en théologie" ou ayant certaines responsabilités - des affirmations fausses et des erreurs qui ne font pas grandir l'Église et qui ne rendent pas compte de son trésor, de son enseignement, de sa doctrine, nous exhorte le père Ionel. 

    Une rencontre avec ce prêtre qui fait écho à l'opinion du théologien Stijn Van den Bossche intitulée "La soutane, Satan du Synode" publiée dans le journal Dimanche et sur le site de Cathobel en date du 7 novembre 2023 : https://www.cathobel.be/2023/11/la-soutane-satan-du-synode/

    Le prêtre et l'expression "in personna christi"

    C'est-à-dire que là où le prêtre exerce, agit au nom du Christ-Tête, c'est principalement à travers son ministère, et en particulier à travers les célébrations, les sacrements, et éminemment à travers le sacrifice eucharistique.

    A partir du moment où le prêtre incarne le "Christ Tête de l'Eglise", des éléments de visibilité extérieurs sont-ils nécessaires ? 

    En dehors du cadre strictement ministériel ou sacramentel, où il agit in persona Christi capitis, il est témoin d'une vie totalement donnée, totalement consacrée à Dieu, comme le signifie donc son ordination, et comme il peut l'exprimer notamment par l'habit ecclésiastique, par un signe extérieur. Il en va de la logique au fond de l'incarnation, qui prend toutes les dimensions.

    Malaise sur la visibilité des ministres du culte

    Il faut savoir que le concile de Trente en 1542 avait réaffirmé l'obligation pour les prêtres de porter un habit digne et distinct des laïcs. Habit qui s'est concrétiser par la soutane, notamment. "Lorsque cette dernière a été supprimée par Vatican II, le col est resté comme une relique.", peut-on lire dans la tribune du théologien Stijn Van den Bossche. Il n'en est rien puisque la conférence épiscopale de Belgique, dans une décision du mois d'octobre 1986, avaient stipulé : « la soutane ou le costume foncé muni d'un col romain ou d'une croix demeure obligatoire pour les prêtres et les diacres par application du canon 284 du Code de droit canonique ».

    Alors, d'où vient ce conflit d'opinion sur l'habit des hommes d'Eglise ?

    Ne donnons pas plus d'importance qu'il ne faut, ici, à l'habit ecclésiastique, qui reste un signe ou un témoignage. Mais le témoignage par excellence est celui évidemment de la vie, d'un style de vie, d'une conduite de vie, rappelle Ionel Ababi. 

    La disposition intérieure est fondamentale. Dans quel esprit le faisons-nous? De quelle manière ? Qu'est-ce qui nous habite ? Le fait que j'affiche une croix, que je porte une croix, le fait que je porte un habit ecclésiastique, qu'est-ce qui me pousse à cela ? Qu'est-ce qui m'anime ? Quelle est la disposition intérieure ?

    Et vous savez, la disposition intérieure, elle peut être bonne ou mauvaise. Elle peut être tournée vers la sainteté ou tout à fait le contraire. L'épitre aux Philippiens, au chapitre 2 nous donne une illustration de cette disposition : « Ayez les mêmes dispositions, le même amour, les mêmes sentiments. Recherchez l'unité. »

    Dénoncer et fuir le cléricalisme 

    Cette problématique est précisément une perversion de cette disposition intérieure qui devait être toute tournée vers le Seigneur. Le cléricalisme guette aussi bien les clercs que les laïcs, qui tous deux ont reçu une vocation qui est celle d'être des saints et des témoins de la sainteté de Dieu dans le monde. Mais on peut pervertir cette mission ou cette vocation.

    Je remarque que lorsque Jésus envoie les disciples en mission, les apôtres en particulier, il leur donne pouvoir. Voilà pourquoi le Concile, le Vatican II et la doctrine de l'Église parlent d'un pouvoir sacré, ou d'une charge sacrée. Ce pouvoir peut être perverti, peut être complètement désorienté. Le cléricalisme peut trouver mille et une manière de s'exprimer, mais quelle que soit la manière dont s'exprime le cléricalisme, c'est toujours un abus

    Y a-t-il un malaise dans l'identité des vocations aujourd'hui ? 

    Ce malaise est lié notamment à l'identité du prêtre, de l'Église, des baptisés. Je crois qu' il est fondamentalement lié à une problématique spirituelle. Ce qui est le moteur d'une vie de foi c'est la relation avec le Seigneur. Et donc, si nous ne sommes pas ancrés, enracinés, comment cette relation fondamentale avec le Seigneur peut se déployer dans quelque ministère, service, que ce soit dans l'Église ou dans le monde ? Dans la logique de l'incarnation, il faudra trouver les moyens les plus adéquats pour pouvoir incarner sa vocation et y rester fidèle.

    Et j'ajouterai alors aussi la question de la formation. Qu' est-ce que nous enseigne l'Église à travers sa doctrine, en particulier sur sa nature et sur la place de chacun en son sein. Lisons, relisons, méditons et accueillons surtout ce qu'elle nous dit ! 

  • Aupetit, Woelki, Becciu... : les déficiences de la justice dans le pontificat du pape François

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    D'Andrea Gagliarducci sur le Monday Vatican :

    Le pape François, un processus à décrypter

    11 décembre 2023

    A la veille de la semaine où devrait s'achever ce que l'on appelle le " procès du siècle " au Vatican, le pape François reçoit Mgr Michel Aupetit, archevêque émérite de Paris, contraint à la démission il y a deux ans. Le pape François avait accepté sa démission "sur l'autel de l'hypocrisie", a-t-il expliqué aux journalistes dans le vol papal quelque temps plus tard.

    Bien que les deux affaires n'aient pas grand-chose à voir l'une avec l'autre, la coïncidence de ces deux faits a le pouvoir de donner une image générale de la situation de la justice dans le pontificat du pape François.

    Voici les faits.

    L'archevêque de Paris a été cloué au pilori dans la presse pour une relation inappropriée qu'il aurait eue avec l'une de ses secrétaires il y a plusieurs années. L'archevêque avait décidé de présenter sa démission, que le pape avait acceptée "sur l'autel de l'hypocrisie", sans même attendre le jugement final. Le résultat de l'enquête de la police française est arrivé il y a quelque temps, et il s'agit d'un non-lieu pour manque de preuves.

    Plus techniquement, les enquêteurs ont déterminé que "le fait n'existe pas" - un constat continental qui signifie que les enquêteurs n'ont pas découvert de preuves suffisantes pour suggérer qu'un crime a même été commis.

    Mgr Aupetit avait admis avoir commis des "erreurs" dans une relation avec une secrétaire quelques années avant de devenir évêque, mais il a toujours nié qu'il s'agissait d'une relation romantique et a toujours insisté sur le fait qu'il n'y avait jamais eu de relations sexuelles. La femme impliquée a elle-même déclaré à la police que les actes d'Aupetit ne constituaient pas un délit. La femme n'a jamais porté plainte.

    Ces derniers mois, cependant, l'archevêque émérite de Paris a vu sa réputation ruinée. Il était l'une des personnalités les plus influentes de l'Église de France, l'une des rares à avoir exprimé des critiques à l'égard du rapport du CIASE sur les abus - un rapport au sujet duquel des chercheurs et des experts indépendants ont émis de sérieux doutes méthodologiques. Sans Aupetit, une forme d'opposition à la pensée laïque et séculière qui avait un impact particulier a été perdue en France. Non pas que les évêques soient silencieux - les déclarations contre l'inclusion de l'avortement dans la Constitution le démontrent - mais leur force de perturbation a été réduite de moitié avec l'absence de l'archevêque.

    On peut se demander pourquoi le pape a accepté si rapidement la démission d'Aupetit.

    Dans d'autres cas, le pape n'a pas agi. C'est le cas du cardinal Woelki, archevêque de Cologne, qui a été suspendu pendant six mois pour mauvaise communication. Il avait lui aussi critiqué un rapport sur les abus dans son diocèse. Le pape n'a cependant pas voulu accepter sa démission après les six mois de suspension. Mais avec quelle autorité le cardinal Woelki peut-il continuer à administrer l'archidiocèse après la suspension qui a suivi les attaques médiatiques ?

    Qu'est-ce que tout cela a à voir avec le processus du Vatican ? Même dans cette affaire, le pape François a rendu des jugements sommaires, prenant des décisions qui semblaient répondre davantage à "l'autel de l'hypocrisie" qu'il avait évoqué dans l'affaire Aupetit.

    Il a d'abord été demandé au cardinal Angelo Becciu de démissionner et de renoncer à toutes ses prérogatives cardinalices, puis il s'est retrouvé dans un procès après que le pape a modifié la règle selon laquelle un cardinal ne peut être jugé que par un tribunal de cardinaux. Becciu n'avait aucune possibilité d'appel ; l'enquête à son sujet n'était même pas terminée, pas plus que le procès. Le pape a pris une décision claire, sans même donner d'échappatoire pour sauver la face. Le pape ne fait plus confiance à un collaborateur. Le pape a moins de raisons de jeter son collaborateur en pâture aux médias.

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  • La mauvaise gouvernance du Pape François sous la loupe d'un historien et d'une canoniste

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    De Sandro Magister sur Diakonos.be :

    Pire qu’un pape-roi. Un historien et une canoniste analysent la mauvaise gouvernance du Pape François

    Dans quelques jours, le tribunal de l’État de la Cité du Vatican prononcera la sentence finale dans ce qu’on a surnommé le « procès du siècle » qui compte au rang de ses accusés notamment un cardinal, Giovanni Angelo Becciu, qui figurait jusqu’en 2018 parmi les plus proches collaborateurs du Pape François au poste-clé de substitut du Secrétaire d’État, avant de tomber en disgrâce.

    Jusqu’à un passé encore récent, un cardinal ne pouvait être jugé que par le pape. François a supprimé ce droit et ce devoir, mais à sa manière il a également soumis le cardinal Becciu à subir son propre jugement personnel et sa propre condamnation : le tout en une seule audience de vingt minutes à tu et à toi à huis clos, l’après-midi du 24 septembre 2020, audience au terme de laquelle le présumé coupable, tout en conservant la pourpre, s’est vu dépouillé de toutes ses fonctions et privé de « tous les droits liés au cardinalat », y compris celui de participer à un conclave.

    Jusqu’à aujourd’hui, François n’a jamais fourni les raisons de cette condamnation, qu’il a infligée sans autre forme de procès, et surtout sans la moindre possibilité pour l’accusé de se défendre. Et ce n’est pas tout. Il a fait ouvrir par des voies détournées un procès judiciaire en bonne et due forme par le tribunal de l’État de la Cité du Vatican, toujours avec Becciu dans le box des accusés. C’est ce procès qui s’est ouvert le 27 juillet 2021 et qui est sur le point de s’achever, non sans que François ne se soit privé d’interférer à plusieurs reprises, en changeant arbitrairement les règles en cours de procédure avec, dans le rôle du promoteur de justice, le fidèle Alessandro Didi, tout dévoué à son service.

    Il n’est pas donc surprenant que ces violations continues des règles élémentaires d’un État de droit de la part de François aient finir par faire ressembler sa forme de gouvernement à celle d’une monarchie absolue poussée à l’extrême, sans compter tous les autres actes d’autorité « extra legem » posés pendant son pontificat, avec tout dernièrement la privation rageuse de salaire et de logement infligée à un autre cardinal, l’américain Raymond L. Burke.

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