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Politique - Page 153

  • Ukraine : quand le piège se referme sur Poutine

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    Nous reproduisons ici un article de François Martin paru sur Smart Reading Press qui offre une lecture intéressante des évènements en cours :

    UKRAINE : LE PIÈGE S’EST REFERMÉ… SUR POUTINE

    Le 21 novembre 2013, la décision du gouvernement ukrainien de ne pas signer un accord d’association avec l’Union européenne au profit d’un accord avec la Russie déclenche la révolution ukrainienne. Cette décision entraîne en effet des troubles importants à Kiev, d’abord entre le 30 novembre et le 8 décembre 2013, puis à nouveau du 18 au 21 février 2014. Ces affrontements, qui impliquent entre 250 000 et 500 000 personnes, font plus de 80 morts. Depuis le début, on sait que les forces politiques américaines, et aussi les forces spéciales, ont été très impliquées dans cette révolution, comme l’a reconnu Barack Obama lui-même dans une interview à CNN en février 2015. On sait par ailleurs le rôle joué par la diplomate américaine Victoria Nuland dans cette affaire1.

    Sous l’égide en particulier de la France, ces affrontements aboutiront, le 21 février 2014, à un accord entre le gouvernement et les chefs du mouvement. Ces accords dits «accords du Maïdan» seront dénoncés dès le lendemain, le 22 février, par les mêmes émeutiers, avec l’appui des partis ultranationalistes néonazis Secteur Droit et Svoboda, ce qui leur permettra de participer ensuite au gouvernement. L’intimidation du Parlement par la rue aboutira alors au vote de destitution du Président Ianoukovytch.

    Les forces spéciales américaines ne s’arrêteront pas là, puisqu’elles s’impliqueront dans la répression des populations russophones outrées, entre autres choses, par la suppression du russe comme deuxième langue officielle, une décision qui mettra le feu aux poudres et précipitera les régions du Donbass et de la Crimée dans la sécession.

    Il n’est donc pas vrai de dire que le début du «problème» entre les pays occidentaux et la Russie est le fait que «Poutine annexe la Crimée», comme on le répète inlassablement. Avant cela, il y a eu une période très litigieuse, où l’intervention de l’Occident est manifeste et tout sauf pacifique2. De plus, la Crimée rejoint la Russie à la suite d’un processus que l’on peut considérer comme légitime, puisque ce pays est déjà, depuis 1991, la «République autonome de Crimée», une république qui proclame son indépendance le 5 mai 1992, mais accepte ensuite d’être rattachée à l’Ukraine après un accord entre les Parlements et en échange d’une large autonomie. On comprend que les liens entre la Crimée et l’Ukraine proprement dite sont ténus. Suite aux événements du Maïdan, la Crimée proclamera à nouveau son indépendance le 14 mars, puis entérinera son rattachement à la Russie le 16 mars, par un référendum approuvé à 96,7 %. On a connu en politique des manières de faire moins défendables… Pourtant, les Occidentaux ne cesseront de considérer cet événement comme fondateur du litige qui les oppose aux Russes et de justifier par ce biais leurs sanctions3.

    Carte de l'Europe

    Les accords de Minsk, signés le 5 septembre 2014 entre l’Ukraine, la Russie et les deux républiques sécessionnistes de Donetsk (DNR) et de Lougansk (LNR), confirmés le 11 février 2015 par ceux de Minsk II4 feront naître un espoir, celui d’une désescalade et d’une possible reconstruction.

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  • Le pape s’est rendu à l’ambassade de Russie près le Saint-Siège

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    D'I.Media via Aleteia.org :

    Le pape François s’est rendu à l’ambassade de Russie près le Saint-Siège

    Un peu plus de 24 heures après le début de l’offensive russe en Ukraine, le pape François s’est déplacé à quelques centaines de mètres du Vatican, via della Conciliazione – la grande avenue qui mène à la place Saint-Pierre -, pour s’entretenir avec l’ambassadeur russe près le Saint-Siège Alexander Avdeev.

    L’entretien avec le diplomate, ancien vice-ministre des Affaires étrangères russe, aurait duré un peu plus d’une demi-heure. On ignore à ce stade si le pape François a prévu de se rendre également à l’ambassade d’Ukraine près le Saint-Siège.

    Un geste non-protocolaire

    La veille de ce déplacement insolite, le cardinal secrétaire d’État Pietro Parolin a déclaré qu’il était « encore temps de négocier » malgré les « opérations militaires russes sur le territoire ukrainien ».

    Le geste non-protocolaire du pape François témoigne de l’acharnement du pontife argentin à restaurer la paix à l’Est de l’Europe. Habituellement, ce sont les ambassadeurs accrédités près le Saint-Siège qui se rendent au Palais apostolique du Vatican.

    Ce déplacement est d’autant plus symbolique que le Bureau de presse du Saint-Siège a annoncé le même jour que le pape François ne pourrait se rendre à Florence dimanche prochain en raison de ses douleurs au genou.

    Comme il est triste que des peuples fiers d’être chrétiens voient les autres comme des ennemis et pensent à se faire la guerre.

    Depuis le début de l’année, le chef de l’Église catholique a multiplié les appels pour une solution pacifique aux tensions dans cette région du monde. « Comme il est triste que des peuples fiers d’être chrétiens voient les autres comme des ennemis et pensent à se faire la guerre », déplorait-il lors du dernier Angélus dominical.

    À l’occasion de la dernière audience générale, mercredi 23 février, la veille de l’offensive russe, le pape François a exprimé sa « grande douleur » pour la « détérioration de la situation en Ukraine ». Il a décrété une Journée de jeûne pour la paix le 2 mars, jour du Mercredi des cendres, afin de répondre à « l’absurdité diabolique de la violence ».

  • Message de la Conférence des évêques de l'Église catholique romaine d'Ukraine aux fidèles

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    Message de la Conférence des évêques de l'Église catholique romaine d'Ukraine aux fidèles (source) (24 février 2022)

    (traduction automatique avec deepl.com)

    Chers frères et sœurs ! 

    Il est très regrettable que l'événement d'aujourd'hui ait ouvert un nouveau chapitre de notre histoire. Dans cette situation, alors que la Russie a lancé une guerre totale contre l'Ukraine, la responsabilité de chacun d'entre nous est importante. 

    Tout d'abord, il ne faut pas laisser la peur nous effrayer. Les chrétiens sont des gens de foi et d'espérance parce que notre Sauveur Jésus-Christ, par sa résurrection, a prouvé que le dernier mot n'est pas pour la mort, mais pour la Vie ! A un autre endroit de la Sainte Ecriture, nous lisons : "Quand le Seigneur ne préserve pas la ville, le gardien est une scie libre." (Ps 127, 1b). C'est notre espoir en Dieu.

    Le moment présent est celui où nous devons nous unir dans la prière : dans nos pays d'origine, avec nos voisins, dans les communautés de prière et dans chaque paroisse. Nous demandons aux prêtres de prier l'Acte de Consécration de l'Ukraine au Cœur Immaculé de Notre Dame dès aujourd'hui, après chaque Sainte Messe, en dehors du chant de consécration.

    Que cette heure de veille soit aussi une occasion de réconciliation avec nos parents, nos connaissances, nos voisins et nos collègues, avec Dieu lui-même. Conscients de nos propres péchés et de nos limites, nous demandons pardon au Seigneur et accueillons le sacrement de la réconciliation selon les cinq conditions de la Bonne Nouvelle. Essayons de participer plus souvent à l'Eucharistie et de recevoir la Sainte Communion, et prions pour la pureté de nos cœurs, afin que la grâce de Dieu puisse nous combler.

    Nous prions ensemble le chapelet ou d'autres prières au nom de la paix pour les dirigeants de notre État, pour notre armée et tous ceux qui défendent notre Patrie, pour les blessés et les morts, et pour le désarmement de ceux qui ont déclenché une guerre et sont piégés par l'agression. Gardons nos cœurs contre la haine et la haine envers nos ennemis. Le Christ donne une instruction claire selon laquelle nous devons prier pour eux et les bénir.

    L'Eglise est une communauté. Que les paroisses et les groupes de prière soient un lieu de fraternité et un centre où l'on peut trouver la bonne nouvelle de la paix et de la protection de Dieu. Nous ne savons pas ce que l'avenir nous réserve, mais que la communauté des croyants n'abandonne pas les plus insécurisés et les indigents, quelle que soit leur appartenance confessionnelle. Une attention particulière est requise pour les jeunes et les malades.  

    Le prince de ce monde gagne des batailles particulières, en nous incitant à nous soumettre à la manipulation, à croire les mensonges et à les répandre. Que Dieu la Parole soit notre aide dans notre recherche de la vérité, ainsi que de la vérité ultime, qui est le Christ. En outre, ne tombez pas dans la panique que peut semer l'agresseur.

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  • Ukraine : le message du Président de la COMECE

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    Déclaration du Cardinal Hollerich sur la situation en Ukraine et en Europe

    Je suis profondément préoccupé par les dernières informations faisant état d'une escalade des actions militaires de la Fédération de Russie en Ukraine, ouvrant le scénario alarmant d'un conflit armé causant d'horribles souffrances humaines, la mort et la destruction. Aujourd'hui, la paix sur l'ensemble du continent européen et au-delà est gravement menacée.

    Au nom des évêques de la COMECE (Commission des Conférences Episcopales de l'Union Européenne), je souhaite réitérer notre proximité fraternelle et notre solidarité avec le peuple et les institutions d'Ukraine.

    Partageant les sentiments d'angoisse et de préoccupation du Pape François, nous appelons les autorités russes à s'abstenir de nouvelles actions hostiles qui infligeraient encore plus de souffrances et mépriseraient les principes du droit international. La guerre est un grave affront à la dignité humaine et elle n'a pas sa place sur notre continent.

    Par conséquent, nous demandons instamment à la communauté internationale, y compris à l'Union européenne, de ne pas cesser de rechercher une solution pacifique à cette crise par le biais du dialogue diplomatique. Nous appelons les dirigeants européens réunis aujourd'hui pour une réunion spéciale du Conseil européen à faire preuve d'unité et à approuver des mesures favorisant la désescalade et l'instauration de la confiance, tout en évitant toute mesure susceptible de renforcer le conflit violent.

    À la lumière de la situation humanitaire émergente provoquée par les hostilités en cours, nous appelons les sociétés et les gouvernements européens à accueillir les réfugiés qui fuient la guerre et la violence dans leur pays, l'Ukraine, et qui cherchent une protection internationale. C'est notre vocation, notre responsabilité et notre devoir de les accueillir et de les protéger en tant que frères et sœurs.

    Avec le Pape François, nous prions Notre Dame, la Reine de la Paix, pour que le Seigneur éclaire ceux qui ont des responsabilités politiques afin qu'ils fassent "un sérieux examen de conscience devant Dieu, qui est le Dieu de la paix et non de la guerre, qui est le Père de tous et non de quelques-uns, qui veut que nous soyons frères et non ennemis".

  • "Il est encore temps..."

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    De zenit.org :

    Ukraine: « Il est encore temps….! », l’appel du cardinal Secrétaire d’Etat du Saint-Siège

    Que les « horreurs de la guerre » soient épargnées au monde

    « Mais il est encore temps, scande le cardinal Parolin, de faire preuve de bonne volonté, il est encore possible de négocier, il est encore possible d’exercer une sagesse qui empêche les intérêts partisans de prévaloir, qui protège les aspirations légitimes de chacun et épargne au monde la folie et les horreurs de la guerre. Nous, les croyants, ne perdons pas l’espérance d’une lueur de conscience de la part de ceux qui tiennent les destinées du monde entre leurs mains. Et nous continuons à prier et à jeûner – nous le ferons le prochain mercredi des Cendres – pour la paix en Ukraine et dans le monde entier. »

  • Église ukrainienne gréco-catholique : Poutine "détruit les principes fondamentaux de la paix"

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    De Massimo Introvigne sur Bitter Winter :

    Église ukrainienne gréco-catholique : Poutine "détruit les principes fondamentaux de la paix".

    Le patriarche Sviatoslav Shevchuk qualifie les actions russes de "nouvelle vague d'agression armée".

    24/02/2022

    Patriarch Sviatoslav Shevchuk from the Ukrainian Greek Catholic Church. Credits.

    Le patriarche Sviatoslav Shevchuk de l'Église ukrainienne gréco-catholique.

    Oui, il y a des catholiques romains en Ukraine. Ils sont assez nombreux. L'Église ukrainienne gréco-catholique compte environ 5 millions de membres dans un pays de 44 millions d'habitants, et pourrait avoir plus de huit millions de paroissiens si l'on ajoute la diaspora ukrainienne à travers le monde. Elle est en pleine communion avec le pape mais suit un rite différent (byzantin). En fait, après l'Église latine, l'Église ukrainienne est la deuxième plus importante au sein de la communion catholique mondiale. Bien qu'il y ait un petit pourcentage de catholiques latins (environ 400 000) en Ukraine, l'Église ukrainienne gréco-catholique est traditionnellement la voix du catholicisme dans le pays.

    Le message du patriarche Sviatoslav Shevchuk, chef de l'Église gréco-catholique ukrainienne, publié le 22 février 2022, constitue donc le commentaire le plus autorisé et le plus officiel des autorités catholiques romaines ukrainiennes sur les événements actuels. Bien que publiée avant l'invasion, la déclaration la prédit déjà et expose la réponse catholique à l'agression.

    Le patriarche écrit que "la reconnaissance des "républiques populaires" autoproclamées de Louhansk et de Donetsk comme "indépendantes et souveraines" par le président de la Fédération de Russie défie et menace sérieusement la communauté internationale et le droit international. Elle inflige des dommages irréparables à la logique même des relations interétatiques, qui sont conçues pour garantir la paix et une société juste, l'état de droit, la responsabilité, la protection des êtres humains, de leur vie et de leurs droits naturels." Le problème, selon M. Shevchuk, ne concerne pas seulement l'Ukraine. "Aujourd'hui, l'humanité entière est en danger de voir le droit du plus fort s'imposer à tous, en ignorant l'État de droit."

    L'Église gréco-catholique ukrainienne ne croit pas que les deux parties soient à blâmer pour ce qui s'est passé. Il y a une partie qui a agressé et une partie qui a été agressée. "Par leur décision, écrit le patriarche, les autorités de la Fédération de Russie se sont retirées unilatéralement du long processus de paix." Au lieu de cela, une "agression armée russe" s'est poursuivie.  En effet, la guerre a commencé avec l'occupation de la Crimée en 2014. "La guerre contre notre peuple, note M. Shevchuk, en 2014 a laissé des blessures profondes sur la vie de beaucoup de nos compatriotes : des milliers ont été tués, ou laissés blessés et seuls."

    Mais maintenant, selon le patriarche, quelque chose d'encore plus grave s'est produit. "La mesure prise hier par le président de la Fédération de Russie a détruit les principes fondamentaux du long processus de rétablissement de la paix en Ukraine, a créé des opportunités pour une nouvelle vague d'agression armée contre notre État, et a ouvert la porte à une opération militaire de grande envergure contre le peuple ukrainien."

    Le christianisme est une religion de paix, explique le patriarche, et l'Église essaie toujours de "prévenir la guerre", mais d'un autre côté la théologie morale catholique permet la résistance contre une agression injuste. "Aujourd'hui, écrit-il, nous considérons que la protection de notre terre natale, de notre mémoire et de notre espoir, de notre droit d'exister donné par Dieu, est une responsabilité personnelle et un devoir sacré des citoyens d'Ukraine. 

    Défendre la patrie est notre droit naturel et notre devoir civique. Nous sommes forts lorsque nous sommes ensemble. Le moment est venu d'unir nos efforts pour défendre l'indépendance, l'intégrité territoriale et la souveraineté de l'État ukrainien." "Nous sommes un peuple qui aime la paix. Et c'est pourquoi nous sommes prêts à la défendre et à lutter énergiquement pour elle."

    La crise, estime le patriarche, est internationale. "Nous sommes convaincus, écrit-il, que le monde ne peut évoluer et trouver des réponses aux défis de notre temps en recourant à la force et à la violence, en négligeant les valeurs universelles et la vérité évangélique. Nous appelons toutes les personnes de bonne volonté à ne pas rester à l'écart de la souffrance du peuple ukrainien causée par l'agression militaire russe."

    L'Église veut la paix, écrit Mgr Shevchuk, mais ce doit être une "paix juste". Lorsque l'injustice s'abat sur le pays, l'Église catholique est avec les "défenseurs de l'Ukraine, qui ces jours-ci sont un exemple d'amour sacrificiel et de service dévoué à notre peuple. Que le Seigneur miséricordieux les protège de tous les dangers et dote leurs efforts de la victoire ultime de la vérité et du bien", prie le patriarche.

  • "Méditerranée, frontière de la paix" : les Évêques et les maires réunis à Florence, sous le signe de Giorgio La Pira

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    Une dépêche de l'Agence Fides :

    EUROPE/ITALIE - "Méditerranée, frontière de la paix". Les Évêques et les maires réunis à Florence, sous le signe de Giorgio La Pira

    23 février 2022

    Florence (Agence Fides) - Aujourd'hui, mercredi 23 février, la rencontre unique des Évêques et des maires catholiques des pays méditerranéens s'est réunie à Florence pour attester et reproposer le rôle de la mer Méditerranée comme " frontière de la paix ", dans le sillage des intuitions prophétiques cultivées pendant les années de la guerre froide par le grand maire florentin Giorgio La Pira. La rencontre débute cet après-midi par une introduction du cCardinal Gualtiero Bassetti, et se terminera le dimanche 27 par la Sainte Messe célébrée par le Pape François dans la Basilique de Santa Croce. Pendant les jours de la conférence, les Patriarches et les Évêques catholiques des Églises présentes dans les pays riverains de Mare Nostrum seront également présents.

    Ils participeront également à des rencontres sur les Témoins de la foi liés à l'histoire du catholicisme florentin du XXe siècle, tels que Giorgio La Pira, le Cardinal Elia Dalla Costa, Don Lorenzo Milani et Don Divo Barsotti. Dans la soirée du vendredi 25 février, dans la basilique abbatiale de San Miniato al Monte, il y aura également un moment de prière en mémoire des martyrs et des témoins de la foi et de la justice.

    Des Patriarches et des Évêques de Syrie, de Turquie, d'Irak, du Liban, d'Égypte, de Tunisie, d'Algérie, du Maroc et de Terre Sainte participeront à ces journées de rencontre et de prière. Dans la Basilique de Santa Maria Novella, où les évêques se réuniront, il y aura une adoration eucharistique continue pendant toute la durée de la conférence. Soixante-cinq villes de 15 pays sur trois continents (Europe, Asie, Afrique) seront représentées aux réunions des maires.

    "La conférence", a souligné le maire de Florence, Dario Nardella, "tombe à un moment dramatique, je fais référence aux tensions à la frontière entre l'Ukraine et la Russie, j'espère que Florence lancera un appel sincère à la paix", à adresser avant tout à une Europe "souvent distraite, qui doit prêter plus d'attention à ce qui se passe en Méditerranée, elle ne peut pas s'en détourner".

    Dans une phase historique où les axes économiques et géopolitiques du monde semblent s'être déplacés vers d'autres zones du globe, l'espace méditerranéen reste celui auquel fait face la Palestine, la terre où le Christ est né, est mort et est ressuscité. Sur une plage de la Méditerranée, en Libye, l'une des plus impressionnantes histoires de martyrs de ces dernières années s'est déroulée; il s'agit des vingt chrétiens coptes égyptiens et de leur compagnon de travail ghanéen massacrés par des bourreaux djihadistes en février 2015. La Méditerranée reste le lieu où s'entrecroisent les destins des communautés de foi - juifs, chrétiens et musulmans - qui reconnaissent leur descendance commune du Patriarche Abraham, père de tous les croyants. Les intuitions prophétiques de Giorgio La Pira et les "Conférences internationales pour la paix et la civilisation chrétienne" qu'il a promues entre 1952 et 1956 se sont tournées vers cette racine abrahamique commune. Des intuitions qui aujourd'hui, dans le contexte marqué par de nouvelles crises et de nouveaux conflits, ont refait surface par exemple dans le Document sur la fraternité humaine pour la paix mondiale et la coexistence commune, signé le 4 février 2019 à Abu Dhabi par le Pape François et le cheikh sunnite Ahmed al Tayyeb, grand imam d'Al Azhar.

    Entre-temps, la Méditerranée est devenue un lieu d'inégalité et de discrimination, une zone en proie à des guerres fratricides et à la violence qui produisent - avec d'autres facteurs tels que la pauvreté, la corruption et le sectarisme - le phénomène de la migration massive qui, depuis la rive sud de la Méditerranée, cherche à atteindre les pays européens.

    Le Pape François, dans son magistère, a toujours gardé à l'esprit que les problèmes des communautés ne peuvent être résolus que par des approches qui tiennent compte des interconnexions mondiales. Déjà dans son discours devant le Parlement européen le 24 novembre 2014, le Pape avait défini comme intolérable le fait que "la mer Méditerranée devienne un grand cimetière", reconnaissant que l'absence de soutien mutuel au sein de l'Union européenne pour faire face à l'urgence d'époque des flux migratoires risquait "d'encourager des solutions particularistes au problème, qui ne tiennent pas compte de la dignité humaine des immigrants, favorisant le travail d'esclave et les tensions sociales continues". En ce qui concerne les conflits qui bouleversent le Moyen-Orient, le point de vue à partir duquel l'Église regarde tous les passages sanglants des événements du Moyen-Orient ne peut être que celui des communautés chrétiennes dispersées dans les pays arabes. Mais le Souverain Pontife et le Saint-Siège n'ont jamais offert un point d'appui aux milieux qui exploitent de manière récurrente les malheurs et les persécutions des chrétiens d'Orient pour fomenter des sentiments islamophobes indistincts. Tous les signaux adressés par le Pape aux communautés islamiques considèrent la multitude des croyants en l'Islam comme un compagnon de destin indispensable pour rechercher des solutions stabilisatrices de paix et pour désoxygéner les manifestations les plus virulentes de la pathologie djihadiste. (GV) (Agence Fides 23/2/2022)

  • "Un acte immoral et une pratique violente contraire à la vie"

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    Une dépêche de l'Agence Fides :

    AMÉRIQUE/COLOMBIE - Les Évêques : "L'avortement direct est un acte immoral et une pratique violente contraire à la vie"

    23 février 2022

    Bogota (Agence Fides) - " Perplexité et profonde tristesse " ont été exprimées par la Conférence épiscopale de Colombie après la publication de la note de la Cour constitutionnelle selon laquelle " la conduite de l'avortement ne sera punissable que lorsqu'elle sera effectuée après la vingt-quatrième (24) semaine de gestation et, de toute façon, ce terme ne sera pas applicable aux trois cas visés par l'arrêt C-355 de 2006 ".

    Les Évêques reconnaissent que "dans de nombreuses occasions, la réalité de l'avortement répond à des drames qui causent de multiples difficultés et angoisses à la mère et à son entourage", et que "lorsque la femme est une victime, il est raisonnable que la société civile et le système juridique cherchent à la défendre et à la protéger". Cependant, ils estiment que "l'affirmation d'un droit cesse d'être légitime si elle implique la négation ou le piétinement des droits d'autrui. On ne peut pas cacher ou minimiser le fait que toute grossesse implique l'existence d'un autre être humain, différent de la mère, sans défense et vulnérable, qui à son tour a le droit de faire partie de la famille humaine". Ils réitèrent donc : "Considérer que le droit à la vie et à recevoir la protection de l'État, protégé par la Constitution, ne le couvre pas dès la conception, est une atteinte à la dignité humaine".

    Protéger le prétendu droit de supprimer une vie humaine innocente, poursuit la déclaration des Évêques, "met en péril le fondement même de notre ordre social et de l'État de droit. L'avortement direct est un acte immoral et une pratique violente contraire à la vie".

    Face à la voie ouverte par la Cour constitutionnelle, les Évêques se demandent s'il n'en existe pas d'autres qui permettraient de sauvegarder la vie des mères et celle de leurs enfants à naître, et ils réaffirment que "le problème de l'avortement ne peut se limiter aux seules femmes enceintes, mais exige la solidarité de toute la société". Selon la Constitution, chaque Colombien a le devoir d'agir selon le principe de la solidarité sociale, en répondant par des actions humanitaires aux situations qui mettent en danger la vie ou la santé des personnes. "Puisque cette vertu nous permet de créer des alternatives de bien, là où le mal est considéré comme la seule option, nous voulons être les premiers à aider à trouver la bonne option lorsque l'avortement semble être la solution".

    Le communiqué, signé par la Présidence de la Conférence épiscopale, conclut en rappelant " Celui qui est venu apporter la vie en abondance ", espérant que l'État et tous les compatriotes de bonne volonté " ne ménageront aucun effort pour protéger et promouvoir la vie humaine, même dans les circonstances les plus complexes ".

    (SL) (Agence Fides 23/02/2022)

  • Ceux qui espèrent la paix en se préparant à la guerre se bercent d'illusions

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    De Riccardo Cascioli sur le Daily Compass :

    Ceux qui espèrent la paix en se préparant à la guerre se bercent d'illusions

    24-02-2022

    En période de tension, on dit toujours que "si vous voulez la paix, préparez la guerre". Mais ce n'est pas le cas ; l'expérience montre que ceux qui préparent la guerre n'obtiennent jamais la paix, tout au plus une trêve. Nous devons changer d'attitude et préparer plutôt la paix. Et pour les chrétiens, le modèle est celui expliqué par le Métropolite Antonij de Suroz.

    Nous ne savons pas comment se terminera la crise ukrainienne : si l'Occident finira par tolérer et accepter le fait accompli d'une Ukraine démembrée, en laissant les sanctions en place en guise de façade ; si le président russe Poutine cherchera vraiment à atteindre Kiev comme on le craint à Londres et à Washington ; si la guerre s'étendra à l'Europe et au-delà ; si la Russie retournera plutôt à ses frontières après avoir obtenu les assurances souhaitées. Nous ne le savons pas, et pour l'instant, il est également difficile de le prévoir. Mais nous aurions dû comprendre combien est équivoque et dangereuse la formule "diplomatique" qui est répétée comme un mantra chaque fois qu'il y a des tensions : si vis pacem para bellum, si tu veux la paix prépare la guerre.

    Préparer la guerre, c'est exactement ce à quoi nous avons assisté ces derniers mois, pour nous en tenir aux nouvelles les plus récentes ; mais la crise ukrainienne dure depuis des années, avec des hauts et des bas, et c'est depuis des années que l'on prépare la guerre. D'un côté comme de l'autre, dans un crescendo de provocations, de flexions de muscles, de menaces et d'alarmes. Toutes ces choses, nous les enregistrons, les commentons et les analysons aussi, mais nous ne pouvons pas nous arrêter là. Il est évident que chacun a ses propres raisons, qui sont ancrées dans l'histoire, dans les intérêts stratégiques, dans les besoins économiques. Des raisons qui sont amplifiées par la propagande, qui nous parvient sous forme d'acclamations : il y a ceux qui voient Poutine comme le diable, et ceux qui le voient comme le sauveur, il en va de même pour les États-Unis et l'Union européenne (et souvent les véritables intérêts restent cachés).

    Mais le fait est qu'à force de se préparer à la guerre, il est inévitable que la guerre finisse par arriver : de faible ou de forte intensité, mais elle arrivera. Car se préparer à la guerre, ce n'est pas seulement s'équiper d'une force de dissuasion pour décourager les éventuelles attaques des malveillants. C'est identifier et considérer l'autre comme un ennemi, et s'il ne l'est pas, en faire un ennemi ; c'est interpréter les paroles et les gestes de l'autre toujours dans le sens des mauvaises intentions ; c'est amplifier les torts subis pour que tout le monde sache que l'autre est vraiment mauvais ; et en même temps déprécier ou remettre en question tout geste ou parole pacificatrice. Cela signifie être dans un état de guerre permanent, le faire croître jusqu'à ce qu'il puisse conduire à une guerre ouverte. Cela se produit aussi bien dans les relations entre États que dans les relations personnelles.

    Se préparer à la guerre ne mène jamais à la paix, tout au plus à un équilibre précaire, à une trêve armée temporaire d'une durée imprévisible. À l'époque de la guerre froide, on parlait d'un "équilibre de la terreur", c'est-à-dire d'une paix entre les superpuissances atomiques - les États-Unis et la Russie - garantie par les armes nucléaires, ce qui décourageait évidemment de faire la guerre. On dira : la guerre froide a de toute façon garanti une longue période de paix et de prospérité et empêché une nouvelle guerre mondiale. Mais ce n'est pas exact : il n'y a pas eu de guerre sur le sol européen, c'est vrai, mais dans le monde, dans la seconde moitié du XXe siècle, il y a eu de nombreuses guerres sanglantes "par procuration", surtout en Afrique et en Asie, où l'Union soviétique et les États-Unis (et aussi la République de Chine) se sont affrontés en finançant et en armant les factions opposées (en laissant de côté l'intervention directe des États-Unis au Vietnam).

    Si vous voulez vraiment la paix, vous devez vous préparer à la paix, si vis pacem para pacem. Cela ne signifie pas un désarmement unilatéral ; cela ne signifie pas renoncer à la dissuasion, ni à la défense de ses propres frontières et intérêts, bien au contraire. Mais nous devons agir en étant réellement convaincus - comme le disait le Pape Pie XII dans son célèbre message radiophonique du 24 août 1939 - que "rien n'est perdu avec la paix, tout peut être perdu avec la guerre". Au cours des dernières décennies, nous avons eu des preuves répétées de la véracité de ces paroles.

    Au cours des siècles, les histoires qui constituent l'identité des peuples se sont enracinées, les frontières ont changé plusieurs fois, donnant lieu à des situations difficiles et à une coexistence compliquée (il suffit de penser aux frontières nord et est de l'Italie pour s'en faire une idée), et les torts et les droits mutuels se sont accumulés, gravés dans l'ADN des nations. Chaque fois qu'il y a des tensions, ceux qui veulent la guerre s'amusent à remuer un détail de leur propre histoire et à susciter le ressentiment des leurs. Ceux qui veulent vraiment la paix doivent d'abord comprendre les raisons, les besoins et les intérêts de l'autre. Si l'on veut la paix, on doit essayer de concilier les différents intérêts. D'une certaine manière, c'est ce qui s'est passé après la Seconde Guerre mondiale en Europe occidentale, lorsque les graines de l'Union européenne ont été semées précisément en créant une zone d'intérêt économique commun. Ce n'est pas une tâche facile, mais c'est la voie à suivre.

    Si cela est possible, ne serait-ce qu'en utilisant la raison, il y a pour nous, chrétiens, une compréhension plus profonde de ce mystère, un aperçu de la vérité de tous les hommes et de tous les peuples que nous devons apprendre et dont nous devons témoigner. Et c'est pourquoi la prière est importante. C'est un regard et une attitude très bien exprimés par les paroles adressées par le métropolite Antonij de Suroz à ses fidèles après que les chars soviétiques eurent réprimé dans le sang le "Printemps de Prague" en 1968. Ces paroles ont été rapportées par la revue La Nuova Europa, et nous en citons quelques passages (voici le texte intégral) :

    "Notre conscience chrétienne perçoit la parole de Dieu, ou plus précisément la figure du Christ lui-même, qui s'est fait homme, est entré dans notre monde, n'a cherché ni la gloire ni la vertu, mais s'est fait frère des opprimés et des pécheurs, se levant à nouveau formidablement, exigeant. (...) Et nous nous trouvons ici devant une image que nous trouvons très difficile à comprendre et encore plus difficile à mettre en pratique : l'image de Celui qui a voulu s'unir aussi bien à ceux qui sont justes qu'à ceux qui sont coupables, qui a embrassé tout le monde d'un seul amour, l'amour des souffrances de la croix envers les uns, et l'amour joyeux, bien que toujours crucifié, envers les autres.

    Maintenant, l'image de la colère se détache dans la conscience de beaucoup, et dans cette image, certains sont choisis et d'autres exclus ; dans l'expérience de la justice, de la compréhension et de la compassion, le cœur humain choisit les uns et maudit les autres. Mais ce n'est pas la voie du Christ, et ce n'est pas non plus notre voie : notre voie est de nous tenir les uns les autres dans un même amour, dans la connaissance et l'expérience de l'horreur ; c'est de les embrasser non pas avec compréhension mais avec compassion ; non pas avec condescendance mais avec la conscience de l'horreur face à l'injustice, et de la croix face à la justice.

    Les gens se demandent souvent : que pouvons-nous faire ? (...) Nous pouvons nous tenir devant le Seigneur dans la prière, la prière dont parlait le starets Siluan lorsqu'il disait que prier pour le monde, c'est comme verser du sang.

    Ce n'est pas la prière facile que nous élevons dans notre imperturbable quiétude, mais la prière qui monte à l'assaut du ciel pendant les nuits blanches, la prière qui ne donne aucun répit, la prière qui naît de l'angoisse de la compassion ; la prière qui ne nous permet plus de vivre sur le néant et la futilité ; la prière qui exige de nous que nous comprenions enfin la profondeur de la vie au lieu de la traîner de manière indigne. (...)"

  • Pourquoi Poutine veut conquérir l'Ukraine. Et la religion n'est qu'un prétexte

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    De Stefano Magni sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    Pourquoi Poutine veut conquérir l'Ukraine. Et la religion n'est qu'un prétexte

    24-02-2022

    Le président russe Vladimir Poutine a reconnu l'indépendance des républiques séparatistes de Lougansk et de Donetsk dans un discours prononcé le 21 février. Mais ce n'est pas tout. Il a également remis en question l'existence même de l'Ukraine en tant qu'État indépendant et souverain. Que vise-t-il alors ? Étant donné la récente reconnaissance du patriarcat de Kiev par le patriarche œcuménique Bartholomée Ier, Poutine veut-il également agir pour une cause religieuse, au nom du patriarcat de Moscou ? Nous avons posé la question à Marta Carletti Dell'Asta, chercheuse à la Fondation Russia Cristiana et rédactrice en chef de la revue La Nuova Europa.

    Dans un discours prononcé le 21 février, le président russe Vladimir Poutine a reconnu l'indépendance des républiques séparatistes de Lougansk et de Donetsk. Mais pas seulement. Il a également remis en question l'existence même de l'Ukraine en tant qu'État indépendant et souverain. 

    "Je tiens à souligner une fois de plus que l'Ukraine n'est pas seulement un pays voisin pour nous. Elle est une partie inaliénable de notre histoire, de notre culture et de notre espace spirituel. Depuis des temps immémoriaux, les personnes vivant dans le sud-ouest de ce qui était historiquement une terre russe se sont appelées elles-mêmes Russes et Chrétiens orthodoxes. C'était le cas avant le XVIIe siècle, lorsqu'une partie de ce territoire a rejoint l'État russe, et après", a déclaré le président russe. Que vise-t-il, alors ? Le Donbass ou Kiev directement ? Étant donné la récente reconnaissance du patriarcat de Kiev par le patriarche œcuménique Bartholomée Ier, Poutine veut-il également agir pour une cause religieuse, au nom du patriarcat de Moscou ? Nous avons posé la question à Marta Carletti Dell'Asta, chercheuse à la Fondation Russia Cristiana, spécialisée dans les thèmes de la dissidence et de la politique religieuse de l'État soviétique et rédactrice en chef de la revue La Nuova Europa.

    Dottoressa Dell'Asta, Poutine estime que l'Ukraine n'est pas seulement un voisin, mais une "partie inaliénable de notre histoire, de notre culture et de notre espace spirituel". Par cette dernière définition, il entend le christianisme orthodoxe. Y a-t-il donc une cause religieuse au conflit en Ukraine ?

    Je ne dirais pas cela. Poutine a toujours beaucoup parlé de la religion comme d'un élément fondamental de sa conception, mais dernièrement, la manière dont le président russe comprend la religion apparaît de plus en plus : une manière instrumentale et même un peu paganisante. Ce n'est qu'un des éléments qu'il utilise pour renforcer son pouvoir.

    Qu'entendez-vous par une conception "paganisante" de la religion ?

    Prenons un exemple récent : le 4 février, un décret présidentiel sur les "valeurs traditionnelles sur lesquelles se fonde l'État russe" a été conclu et attend toujours la signature finale. Ce document est très indicatif. Il énumère un certain nombre de valeurs sur lesquelles la Russie serait fondée, telles que le "patriotisme", le "travail constructif", donnant l'image d'un État éthique, où il est prescrit par la loi que le citoyen doit être honnête, généreux et patriote. Cette liste inclut les "hautes valeurs spirituelles" mais ne mentionne jamais Dieu ou une quelconque dénomination religieuse. Il s'agit donc d'une utilisation instrumentale de ces valeurs, qui sont définies comme "traditionnelles" mais qui n'ont plus de lien spécifique avec le christianisme. De cette manière, la religion est utilisée lorsque cela est nécessaire, comme un simple bras spirituel du pouvoir politique.

    Poutine accuse le gouvernement ukrainien d'utiliser l'Église orthodoxe autocéphale du Patriarcat de Kiev (reconnue seulement en 2018 par le patriarche œcuménique Bartholomée Ier) pour inciter à la haine contre les Russes et dénonce un plan, également du gouvernement de Kiev, pour détruire les églises du Patriarcat de Moscou. Dans quelle mesure ces accusations sont-elles fondées ?

    Ces propos excessifs sont typiques d'un État d'avant-guerre, d'une volonté délibérée de créer une forte opposition. Pour l'Église orthodoxe, il est en fait assez courant d'avoir tendance à s'identifier à sa propre communauté ethnique. Nous avons donc une Église orthodoxe russe, une Église orthodoxe roumaine, et ainsi de suite. Lorsque l'Ukraine s'est engagée sur la voie de l'indépendance, le désir de faire reconnaître sa propre Église nationale a également grandi. À tort ou à raison, cela correspond à la logique interne de l'orthodoxie. En ce qui concerne les persécutions, il n'y en a pas eu jusqu'à présent. Il y a eu des cas sporadiques de conflits d'églises entre les deux communautés. Il ne s'agit pas d'un phénomène massif et il n'y a pas eu d'incidents graves. Ces Églises vivent ensemble pacifiquement. Le 22 février, un jour après l'entrée des troupes russes dans le Donbass, Epifanij, le primat de l'Église orthodoxe d'Ukraine, a appelé les fidèles à respecter absolument les Églises appartenant au Patriarcat de Moscou.

    Poutine dirige-t-il donc son accusation contre l'identité ukrainienne, plutôt que contre son Église ?

    Oui, aussi parce que le président russe n'a même pas la compétence d'entrer dans un débat ecclésial intra-orthodoxe. Il l'utilise, même de manière quelque peu inappropriée, pour des raisons nationalistes. Ensuite, si nous voulons remonter dans le temps, l'origine même de l'Église en Ukraine est antérieure à celle de la Russie : l'Église est née à Kiev, ce n'est qu'après l'invasion mongole qu'elle s'est déplacée vers le Nord et vers Moscou. Elle s'est d'abord appelée la Métropolie de Kiev, puis a changé de nom pour devenir le Patriarcat de Moscou. L'histoire n'est pas aussi simple que le président le souhaiterait.

    Poutine accuse le régime communiste soviétique, à commencer par Lénine, d'avoir "créé" l'Ukraine. Mais c'est toujours la Russie qui réagit vivement contre toute forme de "révisionnisme" du passé soviétique, protégeant une historiographie qui exalte les succès de l'URSS. Comment expliquez-vous cette contradiction ?

    L'accusation contre Lénine dans le discours de Poutine est purement formelle. De plus, l'autonomie des entités nationales en Union soviétique n'était que sur le papier, elle n'a jamais été appliquée. Le droit de sécession n'a jamais été appliqué. Il n'était qu'une fiction. Donc, la substance du discours de Poutine ne concerne pas le communisme, c'est juste la négation du droit ukrainien à être une entité étatique séparée de la Russie. Et cette hypothèse repose sur une fausseté historique, car l'Ukraine était une nation bien avant que Lénine et au moment de la révolution russe et de la guerre civile qui a suivi (1917-1921) ne déclarent leur indépendance. Si Lénine a pu penser à la création d'une République socialiste soviétique d'Ukraine, c'est uniquement parce que l'Ukraine existait déjà. Le véritable problème de Poutine est ce qu'il a lui-même déclaré en 2005 : "La plus grande tragédie géopolitique du XXe siècle a été la dissolution de l'Union soviétique". Et cela explique tout. C'est l'idée que l'empire ne doit pas être défait et doit être reconstitué, en commençant par la Russie, le Belarus et l'Ukraine.

    Il y a deux mois, le pouvoir judiciaire russe a également dissous deux des principales branches de l'association Memorial, la principale source d'étude des crimes du communisme. Le gouvernement russe actuel est-il donc un descendant direct de l'URSS ?

    Oui et non. Je pense que la ligne d'interprétation doit toujours être celle de la reconstruction de l'empire, au nom de laquelle il faut éliminer tout ce qui constitue un obstacle. La préférence va non seulement au passé soviétique, mais aussi à tout ce qui exalte la grandeur de la Russie, comme la victoire dans la Seconde Guerre mondiale. Les figures idéologiquement non homogènes sont revalorisées et célébrées, d'Ivan le Terrible à Staline, en passant par la famille Romanov. Il existe un nouveau critère idéologique : l'histoire est réécrite pour glorifier le pays. Si Memorial écrit l'histoire réelle, non mythifiée, de l'Union soviétique, il doit être réduit au silence, tout comme la fermeture des archives et des journaux indépendants a été ordonnée.

  • France : Alliance VITA dénonce une loi qui fait violence aux femmes

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    COMMUNIQUE DE PRESSE –  23 février 2022
    Avortement : Alliance VITA dénonce une loi qui fait violence aux femmes

    La question délicate de l’avortement méritait mieux qu’un faux débat abordé sans précaution, sous l’angle réducteur et contestable d’un « droit ». Cette loi passe sous silence le drame de nombreuses femmes enceintes, confrontées à une grossesse inattendue, qui se tournent vers l’IVG à contrecœur et sous pression, faute d’alternative.

    Pour Alliance VITA, allonger encore les délais de l’avortement constitue une violence faite aux femmes, alors qu’aucune alternative ou soutien spécifique ne sont proposés dans cette loi pour aider celles qui souhaiteraient poursuivre leur grossesse, parce qu’elles savent que c’est une vie qui est en jeu. Le gouvernement a laissé voter, sans réflexion ni débat à la hauteur de l’enjeu, une loi inappropriée et injuste, déconnectée de la réalité.

    Il est grands temps que les pouvoirs publics reconnaissent que c’est une illusion de faire comme si toutes les femmes avortaient librement. Celles qui ont les revenus les plus faibles ont davantage recours à l’IVG (cf. étude de la DREES 2020) : l’avortement est ainsi un marqueur de précarité et d’inégalités sociales. La priorité devrait être à la protection des femmes enceintes contre forme de violence et de pressions – spécialement masculines, mais aussi financières et sociales – qui pèsent sur elles, à un moment de grande vulnérabilité.

    Dans le contexte de la campagne présidentielle, Alliance VITA alerte les candidats sur l’urgence de mettre en place une véritable politique de prévention de l’avortement. Cela contribuerait à résoudre un grand nombre de drames personnels, en présentant aux femmes des perspectives autres que l’avortement.

    Cela passe en priorité par :

    • Une information sur l’efficacité réelle de la contraception et ses échecs potentiels : 72% des femmes qui avortent utilisaient un moyen de contraception lorsqu’elles ont découvert leur grossesse;
    • Le soutien et l’accompagnement personnalisé des femmes enceintes en difficulté;
    • La protection des femmes face aux pressions et aux violences qu’elles peuvent subir pour les conduire à avorter;
    • La formation des personnels de santé et des acteurs sociaux aux pressions qui peuvent s’exercer sur les femmes enceintes;
    • La délivrance d’une information complète lors des consultations d’IVG sur les aides aux femmes enceintes et leurs droits spécifiques;
    • La revalorisation de la politique familiale, incluant des mesures adaptées pour de concilier vie familiale, études et entrée dans la vie professionnelle.
    • Un soutien particulier pour les jeunes femmes étudiantes alors que 85% des grossesses imprévues survenant pendant les études se terminent par une IVG et que les 20-29 ans concentrent les plus forts taux d’IVG :
    • un soutien financier pour continuer leurs études, des solutions de logement, des solutions de garde d’enfant et des aménagements concrets des leurs études adaptés à leur situation de femmes enceintes et de jeunes parents ;
    • l’élargissement du RSA au couples étudiants qui attendent un enfant et/ou qui sont jeunes parents ;
    • le déploiement d’un service d’accompagnement et de soutien adapté comme le Samely[1] pour les lycéennes.

    [1] Le SAMELY, dispositif créé par les PEP75 avec le soutien de la Région Ile-de-France et de l’Académie de Paris, permet de proposer un accompagnement global et adapté des lycéennes enceintes et jeunes mères dans leur suivi scolaire et autour du temps de la maternité

  • Donetsk et Luhansk : des pseudo-États qui refusent la liberté religieuse

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    De Massimo Introvigne sur Bitter Winter :

    Donetsk et Luhansk : des pseudo-États qui refusent la liberté religieuse

    23/02/2022

    La protection étatique du monopole de l'Église orthodoxe russe et la répression des minorités sont parmi les plus brutales au monde.
    par Massimo Introvigne

    Le principal problème de la " République populaire de Donetsk " (" DPR ") et de la " République populaire de Louhansk " (" LPR ") est qu'elles n'existent pas. Ce sont des régions de l'Ukraine dont l'organisation en tant qu'États sécessionnistes autoproclamés n'est reconnue que par la Russie et ses sous-fifres pour leurs propres besoins. Ces pseudo-États se distinguent également par leur refus brutal de la liberté religieuse, qui rend parfois explicite et consacre dans les "lois" et même dans les "constitutions" ce qui est implicite en Russie.

    La "constitution" de la "RPD" est le seul document de ce type au monde qui fait de la lutte contre les "sectes" un principe constitutionnel. L'article 21 de la "constitution" appelle à "la mise en œuvre de politiques visant à protéger le public des activités des sectes religieuses" (j'ai longuement expliqué dans Bitter Winter pourquoi "секта" en russe et des mots similaires dans d'autres langues devraient être traduits par "culte" et non par "secte").

    Ceci est basé sur une protection tout aussi "constitutionnelle" du monopole religieux de l'Église orthodoxe russe (EOR) à Donetsk. La "constitution" a été rédigée "en professant la foi orthodoxe (la foi de la confession chrétienne orthodoxe catholique orientale) de l'Église orthodoxe russe (patriarcat de Moscou) et en la reconnaissant comme la base des fondations du monde russe" (préambule). Le rôle de l'EOR en tant que religion "dominante" est explicitement garanti par l'article 9, qui ajoute que cette reconnaissance est un "pilier de formation du système du monde russe."

    Les conséquences sont précisées à l'article 22 de la "constitution de la RPD", selon lequel "la propagande de l'excellence religieuse est interdite." Ce que cela signifie est clair d'après l'expérience de la Russie, où les lois sur l'extrémisme permettent de liquider comme "extrémistes" les groupes religieux enseignant leur "excellence" ou leur "supériorité", c'est-à-dire qu'ils offrent une voie de salut supérieure à celle des autres religions.

    Bien sûr, toutes les religions enseignent cela, y compris le ROC, qui ne dérange personne. Je suis un spécialiste des religions, et je n'ai jamais rencontré un religieux me saluant par "Bonjour, je suis ici pour vous présenter ma religion et vous dire qu'elle n'est pas meilleure qu'une autre foi." En clair, ce qui est interdit, en "RPD" comme en Russie, c'est de proclamer que toute religion est meilleure que le ROC.

    La même disposition de l'article 22 de la " constitution " de la " RPD " apparaît dans un article portant le même numéro, 22, de la " constitution " de la " République populaire de Louhansk " : " La propagande de supériorité religieuse est interdite. "

    Ce ne sont pas de simples mots. Comme cela se passe en Russie, la "DPR" et la "LPR" ont toutes deux interdit les Témoins de Jéhovah comme "extrémistes". Au moins 14 salles du Royaume des Témoins de Jéhovah ont été confisquées. Plus généralement, la "DPR" et la "LPR" ont promulgué des "lois" selon lesquelles les groupes religieux enregistrés en Ukraine doivent se réenregistrer dans les territoires qu'ils contrôlent. S'ils ne demandent pas de réenregistrement, ou si celui-ci n'est pas accordé, leurs activités deviennent immédiatement illégales.

    À la fin de 2019, 195 organisations religieuses avaient été réenregistrées dans la "LPR". 188 appartenaient à l'EOR, quatre étaient musulmanes, et il y avait une organisation de vieux-croyants, de juifs et de catholiques romains. Outre les Témoins de Jéhovah, les congrégations baptistes, pentecôtistes et adventistes du septième jour, ainsi que plusieurs communautés musulmanes, se sont systématiquement vu refuser l'enregistrement, tout comme les groupes orthodoxes qui ne sont pas en communion avec le Patriarcat de Moscou. Dans la "RPD", presque toutes les communautés non orthodoxes se sont vu refuser l'enregistrement.

    Les communautés non enregistrées ont été la cible de raids, de violences et d'arrestations ; des églises et des mosquées ont été fermées ou transformées en bureaux "gouvernementaux" ou en installations militaires. Toutes les mosquées, sauf une, ont été fermées dans la "RPD". Les baptistes ont été particulièrement visés en tant qu'"agents américains", alors qu'ils ont une tradition centenaire dans la région.

    Ce qui se passe dans la pseudo-"République populaire de Donetsk" et la "République populaire de Louhansk" est une représentation parfaite de la théocratie orthodoxe dystopique que les idéologues de Poutine ont en tête pour un "monde russe" dont ils ne cessent d'étendre les frontières.