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Politique - Page 159

  • Crise ukrainienne, quelques repères :

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    De Riccardo Cascioli sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    Crise ukrainienne, quelques repères :

    25-02-2022

    Avec le début de l'invasion russe de l'Ukraine, l'affrontement entre "supporters" a commencé ponctuellement : pro- ou anti-Poutine, pro-russe ou pro-ukrainien. Il s'agit là d'une manière réductrice et déformée d'appréhender la réalité. Nous proposons donc un certain nombre de lignes directrices pour juger ce qui se passe, en partant de l'inquiétude pour les personnes impliquées malgré elles et qui paient cher la guerre par la mort et la souffrance.

    Avec le début de l'invasion russe en Ukraine, l'affrontement entre les "supporters" a ponctuellement commencé : pour ou contre Poutine, pro-russe ou pro-ukrainien, il n'y a pas de place pour des positions plus articulées, pour des raisonnements qui vont au-delà de "Poutine est le nouvel Hitler" ou "Poutine, envahit l'Europe". Et évidemment, la Nuova Bussola Quotidiana est aussi mesurée par beaucoup à cette aune, anti-Poutine ou pro-Poutine selon les articles. Mais, comme dans le cas de la pandémie, nous ne sommes pas intéressés à nous rallier à une faction quelconque ; nous essayons plutôt d'aller au fond des événements en utilisant les critères que l'Église nous enseigne, combinés à la connaissance de ce qui se passe sur le terrain.

    Essayons donc d'expliquer une fois de plus quelques points clés qui nous guident dans notre jugement et qui, dans une large mesure, dépassent également la crise ukrainienne.

    1. La guerre est un mal. Il peut parfois être nécessaire de se défendre, mais le recours à la guerre pour résoudre des différends les aggrave toujours. Il suffit de regarder ce qui s'est passé dans le monde au cours des dernières décennies pour s'en faire une idée. Il y a deux jours, nous avons rappelé l'affirmation du Pape Pie XII "rien n'est perdu avec la paix, tout peut être perdu avec la guerre", ainsi que la belle lettre du Métropolite Antonij qui décrit bien la profondeur avec laquelle un chrétien est appelé à juger la guerre, ou l'injustice, et comment donc l'arme que nous sommes tous appelés à utiliser est cette "prière qui ne nous permet plus de vivre sur le néant et la futilité". C'est dire que la paix dépend avant tout de notre conversion. Il est bon de relire la lettre du métropolite Antonij dans son intégralité ; elle nous aide certainement à comprendre ce que signifie regarder la réalité avec les yeux de Dieu.

    Parfois, en lisant de nombreux commentaires, on a l'impression que nous regardons la crise ukrainienne, l'affrontement entre la Russie et l'Occident, comme si nous jouions à un jeu de Risk, et que cela ne concerne pas les personnes de chair et de sang, qui meurent et souffrent dans la guerre, comme dans toute guerre. Nous devrions écouter davantage les cris de ces personnes avant de faire des déclarations irréfléchies. Et les chefs des nations portent toute la responsabilité de déclencher les guerres, de les provoquer par des choix politiques hasardeux, de ne pas déployer toutes les armes diplomatiques pour les éviter.

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  • La croisade idéologique de Poutine : ce qu'en disait Mathieu Slama en 2016

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    De Pascal Boniface (Directeur de l'Institut de relations internationales et stratégiques) sur Le Club de Mediapart :

    Reflexions sur la croisade idéologique de Poutine

    J'interroge Mathieu Slama a propos de son livre"La Guerre des Mondes" Editions de Fallois

    1er août 2016

    La guerre des mondes – 3 questions à Mathieu Slama

    Mathieu Slama intervient de façon régulière dans les médias sur les questions de politique internationale. Il a publié plusieurs articles sur la stratégie de Poutine vis-à-vis de l'Europe et de l'Occident. Il répond à mes questions à l’occasion de son dernier ouvrage : « La guerre des mondes : réflexions sur la croisade idéologique de Poutine contre l'Occident », paru aux Éditions de Fallois.

    1.Vous évoquez une incompréhension entre l’Europe et la Russie sur le terrain des valeurs et de la religion qui expliquerait en partie nos différends géopolitiques. Pouvez-vous développer ?

    Mon intuition est la suivante : ce qui se joue entre la Russie de Poutine et les pays occidentaux est beaucoup plus fondamental qu’un simple conflit d’intérêts autour des questions syrienne et ukrainienne. Selon moi, il y a en arrière-plan de ce conflit une opposition entre deux grandes visions du monde concurrentes.

    La vision occidentale, pour résumer, est libérale au sens où elle définit avant tout la communauté politique comme une organisation permettant de garantir les libertés individuelles. La patrie, la communauté, les traditions particulières sont dans cette vision des vestiges appartenant au passé. La vision de Poutine est traditionnaliste : la communauté politique est pour lui le produit d’une histoire et d’une culture particulières qui priment sur les libertés individuelles. Il y a là, donc, deux langages très différents qui se font face.  

    La question religieuse, que vous évoquez, me semble assez bien illustrer cette opposition idéologique. Quand le groupe ultra-féministe Pussy Riots fait irruption dans la cathédrale de Moscou en proférant des injures, elles sont condamnées aussi bien du point de vue pénal que du point de vue de l’opinion publique. Pour expliquer cette condamnation, Hélène Carrère d’Encausse avait assez bien résumé les choses : pour les Russes et pour Poutine, il y a des choses qui ne se font pas, tout simplement. En France, l’action des Femen dans la cathédrale Notre-Dame n’avait guère choqué ni l’opinion publique ni les autorités. Nous avons perdu tout sens du sacré : au nom de la liberté, tout peut être profané, en particulier les symboles religieux (cf. les caricatures de Mahomet…). Evoquer nos racines chrétiennes ? vous n’y pensez pas ! De son côté, Poutine n’a de cesse d’exalter la tradition orthodoxe de son pays. Il s’est récemment rendu à une cérémonie célébrant le millième anniversaire de la présence russe au Mont Athos en Grèce, la « Sainte Montagne » orthodoxe où des moines vivent et prient depuis le Xème siècle. Le symbole est immense.

    Il me semble que Poutine a compris une chose essentielle (quoi qu’on pense de l’homme) : la politique, ce n’est pas seulement une affaire de règles de droits garantissant les libertés individuelles. La politique, c’est autre chose : l’habitation d’un espace particulier, l’héritage de mythes fondateurs, de traditions et de symboles qui inscrivent un pays dans une trajectoire historique qui lui est propre. Si tout n’est que droits, alors il n’y a plus de communautés particulières. Et donc plus de politique. La force de Poutine est de nous confronter à ce terrible renoncement.

    2.Poutine reproche-t-il aux Occidentaux de confondre « communauté occidentale » et « communauté internationale » ?

    C’est la deuxième grande critique qu’adresse Poutine aux pays occidentaux, et qui me paraît essentielle : le monde occidental a cette fâcheuse tendance à vouloir construire un monde à son image. Il est devenu incapable de penser la différence culturelle, d’imaginer qu’il n’y a pas un monde mais des mondes, avec leurs traditions et leur histoire distinctes. Prenons un exemple d’actualité : l’Iran. On ne compte plus les unes et les reportages sur les évolutions de ce pays. Et que célèbre-t-on ? Son occidentalisation  Mais dès qu’il s’agit de ses composantes traditionnelles, on crie à l’obscurantisme, à la barbarie ! Il y a là un mélange d’incompréhension et de mépris, ainsi qu’un immense paradoxe : l’Occident libéral sacralise l’Autre, mais c’est en réalité pour lui nier son altérité fondamentale. Il faut relire Claude Lévi-Strauss à ce sujet, lui qui fut un des premiers à s’inquiéter de l’uniformisation du monde sous l’influence occidentale.

    Le cœur du problème est l’universalisme : cette idée qu’il existe un modèle libéral qui est le devenir inéluctable de l’humanité toute entière. Les néo-conservateurs américains, influencés par une mauvaise lecture de Leo Strauss et de sa réflexion sur le relativisme, ont fait de cet universalisme le centre de leur idéologie (mais au service, évidemment, des intérêts politiques et économiques de leurs pays). L’immense mérite de Poutine est de mettre à nu cet universalisme et ses dérives. Les conséquences sont très concrètes : nul besoin de s’épancher sur les situations catastrophiques de l’Afghanistan, de l’Irak ou encore de la Libye… A ce sujet, Poutine a posé cette question aux Occidentaux devant l’ONU l’année dernière : « Est-ce que vous comprenez ce que vous avez fait ? »

    3. Vous écrivez que, pour le président russe, l’enjeu est de préserver la diversité du monde face aux velléités universalistes occidentales. Il est pourtant plutôt vu chez nous comme celui qui veut soumettre les autres à ses volontés…

    Dans une tribune fameuse écrite en 2013 dans le New York Times en pleine crise syrienne, Poutine a mis en garde l’Amérique contre la tentation de se croire exceptionnelle, car cette tentation contredit l’égalité entre les nations et « la diversité du monde donnée par Dieu ». Et en effet, « diversité du monde » est un des termes les plus utilisés par Poutine dans ses discours. Ce n’est pas un hasard. Il se présente comme le champion du multilatéralisme et de la souveraineté nationale car il vise avant tout la prétention hégémonique américaine (et la soumission des Européens à cette hégémonie). Car ne soyons pas naïfs : Poutine est avant tout un dirigeant réaliste qui défend les intérêts de son pays et de son peuple. Son discours correspond à des intérêts très précis.

    Là où on peut en effet voir des contradictions entre son discours et ses actes, c’est que sa décision vis-à-vis de la Crimée a pu faire penser à un retour d’une volonté impériale de sa part. Cette inquiétude était légitime mais il me semble qu’il montre aujourd’hui qu’il n’a pas l’intention, malgré les exhortations agressives d’intellectuels comme Alexandre Douguine, d’aller plus loin vis-à-vis de l’Ukraine. Le grand écrivain russe Alexandre Soljenitsyne, dont j’ai fait le fil rouge de mon ouvrage, avait cette réflexion très actuelle à propos de la Russie : « Il faut choisir clair et net : entre l’Empire, qui est avant tout notre propre perte, et le salut spirituel et corporel de notre peuple. Nous ne devons pas chercher à nous étendre large, mais à conserver clair notre esprit national dans le territoire qui nous restera ». Cet avertissement, me semble-t-il, vaut tout aussi bien pour Poutine que pour l’Occident. 

  • Ukraine : relire Soljénitsyne

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    La question de l’Ukraine vue par Soljénitsyne en 1990

    Immédiatement après la chute du mur de Berlin en 1989 Soljénitsyne publia un livre intitulé : Comment réaménager notre Russie, réflexions dans la mesure de mes forces. Nous reproduisons ici deux passages de ce livre paru en français chez Fayard en 1990.

    Dans le premier passage intitulé Adresse aux Grands-Russiens, Soljenitsyne prend énergiquement position contre ce retour à l’empire qui semble bien être la politique de Vladimir Poutine en ce moment.

    Dans le second passage, intitulé Adresse aux Ukrainiens et aux Biélorusses, il soutient que les liens de la Russie avec ces deux régions sont si profondément enracinés dans l’histoire, qu’il serait regrettable qu’ils se brisent. Tout en reconnaissant que la Russie a beaucoup de choses à se faire pardonner par l’Ukraine, en particulier la catastrophe nucléaire de Tchernobyl et tout en admettant que la Russie devrait respecter la volonté populaire des Ukrainiens, Soljénitsyne fait une mise en garde qui jette une lumière singulière sur les événements actuels : «Bien entendu, si le peuple ukrainien désirait effectivement se détacher de nous, nul n'aurait le droit de le retenir de force. Mais divers sont ces vastes espaces et seule la population locale peut déterminer le destin de son petit pays, le sort de sa région, — et chaque minorité nationale qui se constituerait, à cette occasion, à l'intérieur d'une unité territoriale donnée, devrait à son tour être traitée sans aucune violence.»

    Adresse aux Grands-Russiens

    Au début de ce siècle, notre grand esprit politique S. Kryjanovski voyait déjà que « la Russie de souche ne dispose pas d'une réserve de forces culturelles et morales suffisante pour assimiler toutes ses marches. Cela épuise le noyau national russe ».

    Or cette affirmation était lancée dans un pays riche, florissant, avant que des millions de Russes soient fauchés par des massacres qui, loin de frapper aveuglément, visaient à anéantir le meilleur de notre peuple.

    Elle résonne aujourd'hui encore mille fois plus juste: nous n'avons pas de forces à consacrer aux marches, ni forces économiques ni forces spirituelles. Nous n'avons pas de forces à consacrer à l'Empire ! Et nous n'avons pas besoin de lui : que ce fardeau glisse donc de nos épaules ! Il use notre moelle, il nous suce et précipite notre perte.

    Je vois avec angoisse que la conscience nationale russe en train de s'éveiller est, pour une large part, tout à fait incapable de se libérer du mode de pensée d'une puissance de grande étendue, d'échapper aux fumées enivrantes qui montent d'un empire : empruntant aux communistes la baudruche d'un « patriotisme soviétique » qui n'a jamais existé, ils sont fiers de la« grande puissance soviétique » — cette puissance qui, sous le porcin Ilitch* Deux (Brejnev), n'a su qu'engloutir les restes de notre productivité dans des armements sans fin et totalement inutiles (que nous sommes en train de détruire purement et simplement), et nous déconsidérer en nous présentant à la planète entière comme de féroces prédateurs à l'appétit sans limites, alors que nos genoux tremblent et que nous sommes prêts à tomber de faiblesse. C'est là un gauchissement extrêmement pernicieux de notre conscience nationale. « Malgré tout, nous sommes un grand pays, partout on tient compte de nous » : alors que nous sommes à l'agonie, c'est avec cet argument-là qu'on soutient encore, envers et contre tout, le communisme. Le Japon a su, lui, se faire une raison, renoncer à toute mission internationale et aux aventures politiques alléchantes : aussitôt, il a repris son essor.

    Il faut choisir clair et net: entre l'Empire, qui est avant tout notre propre perte, et le salut spirituel et corporel de notre peuple. Tout le monde sait que notre mortalité augmente et excède les naissances : à ce train-là, nous allons disparaître de la surface de la Terre ! Conserver un grand empire signifie conduire notre propre peuple à la mort. A quoi sert cet alliage hétéroclite ? A faire perdre aux Russes leur identité irremplaçable ? Nous ne devons pas chercher à nous étendre large, mais à conserver clair notre esprit national dans le territoire qui nous restera.

    Adresse aux Ukrainiens et aux Biélorusses

    Je suis moi-même presque à moitié ukrainien et c'est entouré des sons de la langue ukrainienne que j'ai commencé à grandir. Quant à la douloureuse Russie Blanche, j'y ai passé une grande partie de mes années de front et j'ai conçu un amour poignant pour la pauvreté mélancolique de sa terre et la douceur de son peuple.

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  • En quoi la religion contribue-t-elle au conflit entre la Russie et l’Ukraine ?

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    D'Anne-Sylvie Sprenger sur le Journal Chrétien :

    Depuis 2019, l’Église orthodoxe ukrainienne et l’Église orthodoxe russe se livrent une véritable guerre d’influence aux enjeux résolument politiques. Kiev étant le berceau du christianisme orthodoxe, Moscou ne peut se permettre de perdre pied dans ce pays.

    Explications avec Nicolas Kazarian, historien et spécialiste du monde orthodoxe.

    Alors que les blindés russes continuent de s’amasser aux frontières de l’Ukraine, les Églises de la région n’ont lancé aucun véritable message de paix. Le métropolite Épiphane, primat de l’Église orthodoxe d’Ukraine, a certes appelé à l’unité, mais dans un souci de conservation de l’identité nationale. Quant au patriarche de Moscou, il s’illustre par son silence. C’est que les tensions actuelles ont une forte composante religieuse comme l’explique Nicolas Kazarian, historien et spécialiste du monde orthodoxe.

    En quoi la religion contribue-t-elle au conflit entre la Russie et l’Ukraine?

    La création en 2019 de l’Église orthodoxe ukrainienne, qui réunit des entités dissidentes du patriarcat de Moscou, a suscité une opposition frontale de la part de l’Église orthodoxe russe. Elle ne lui reconnaît pas de légitimité canonique et voit les Ukrainiens se détourner de son autorité au profit de cette nouvelle Église autocéphale.

    Que craint l’Église orthodoxe russe?

    D’abord la fin de son hégémonie sur les symboles identitaires et spirituels de l’orthodoxie slave. Kiev est le berceau du christianisme orthodoxe, sa Jérusalem en quelque sorte. Cet ancrage symbolique et historique est déterminant dans la capacité de la Russie à se projeter dans son histoire et sa maîtrise des outils symboliques définissant la narration de son identité nationale. Il est inconcevable pour Moscou d’être séparé du territoire sur lequel le christianisme a donné naissance au monde orthodoxe.

    Le deuxième enjeu est d’ordre matériel: c’est celui de la gestion des lieux de culte. Le patriarcat russe redoute d’être dépossédé de ses biens immobiliers et de ses propriétés, notamment des plus grands monastères dont il est en charge aujourd’hui encore, soit la Laure des grottes de Kiev et Saint-Job de Potchaïev, les deux grands centres spirituels de l’Ukraine.

    Comment l’Église orthodoxe évolue-t-elle en Ukraine?

    Elle pèse toujours plus lourd. La part de ses fidèles est passée de 13 à 24% de la population totale du pays entre 2019 et 2021, selon le rapport 2021 du think tank Razumkov. Or il faut voir l’image dans son ensemble: l’Ukraine représente un tiers des fidèles du patriarcat de Moscou. Sa capacité à peser sur la scène internationale dépend de ces fidèles, car c’est en avançant son poids démographique qu’elle peut prétendre être la première des Églises orthodoxes dans le monde. L’amputation de l’Ukraine lui ferait perdre sa position de leadership au sein de l’orthodoxie, leadership sur lequel elle se base volontiers lorsqu’elle se projette sur la scène mondiale.

    Que signifierait cette perte d’influence sur le plan politique?

    Les liens entre le patriarcat de Moscou et le Kremlin sont très étroits. Disons que le patriarcat de Moscou fait de la diplomatie parallèle… Si la capacité d’influence du patriarcat de Moscou diminue, cela réduit par voie de conséquence celle du Kremlin. Les effets de cette rivalité ukrainienne dépasse d’ailleurs largement les frontières, et ce jusque sur le continent africain.

    Comment cela?

    Le patriarcat de Moscou a jugé comme acté la rupture de communion avec les quatre Églises orthodoxes qui ont reconnu l’Église ukrainienne (le patriarcat œcuménique de Constantinople, le patriarcat d’Alexandrie, l’Église de Chypre et l’Église de Grèce). Il se donne donc désormais le droit de pouvoir agir directement sur leurs territoires canoniques. Moscou a ainsi envoyé des prêtres de Russie pour convaincre des prêtres orthodoxes africains de se rallier à l’Église orthodoxe russe. Ils ont fait la Une des journaux, il y a quelques semaines, en annonçant que le patriarcat de Moscou avait été capable de débaucher une centaine de prêtres orthodoxes africains sur le continent. On assiste là à une guerre de chapelles, un véritable conflit de substitution qui a déplacé la question ukrainienne sur le territoire et le continent africain.

    Une action de représailles en somme.

    C’est surtout une manière de faire pression sur les Églises orthodoxes pour ne pas que l’Église ukrainienne soit reconnue comme légitime. Si elle n’est pas reconnue comme légitime, le patriarcat de Moscou peut continuer d’exister comme la seule entité ecclésiale canonique du territoire ukrainien.

    Mais pourquoi précisément en Afrique?

    Cette action de représailles est en même temps liée à un agenda diplomatique où la Russie est aujourd’hui en train de monter en puissance sa présence et son action sur le continent africain. On parle souvent aussi de l’action des paramilitaires russes au Mali. Tout cela fait partie d’une seule et même stratégie. Une stratégie où l’action militaire et l’action économique participent à un faisceau d’actions, où la dimension spirituelle n’est pas totalement absente.

    Concernant l’Ukraine, comment comprenez-vous l’absence d’appel à la paix claire de la part des représentants des Églises orthodoxes russe et ukrainienne?

    Le fait qu’il n’y ait eu aucun véritable appel à la paix tant des autorités ecclésiales russes qu’ukrainienne m’a en effet interpellé. Le métropolite Épiphane, primat de l’Église orthodoxe d’Ukraine, a certes appelé à l’unité, mais dans un souci de conservation de l’identité nationale. Quant au patriarche de Moscou, il se fait remarquer par son silence.

    Faut-il y voir une connivence entre le religieux et le politique?

    Je ne voudrais pas trop m’avancer… Mais je pense que, souvent, le silence en dit beaucoup plus que des mots.

  • Vietnam : une offense à la foi et un grave abus de pouvoir

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    D'Anna Poce sur Vatican News :

    Vietnam: l’Église dénonce un grave abus de pouvoir

    L'archevêché de Hanoi dénonce une offense à la foi et appelle le gouvernement à respecter la liberté religieuse. Des fonctionnaires du gouvernement ont interrompu une messe célébrée par Mgr Joseph Vu Van Thien.

    25 février 2022

    Le père Alfonse Pham Hung, responsable du bureau de l'archevêché à Hanoi, a rapporté à Uca News que deux fonctionnaires de la ville de Vu Ban, dans la province de Hoa Binh, ont fait irruption dans le sanctuaire de Vu Ban le 20 février, en prenant le micro sur le lutrin et en demandant aux personnes assistant à la messe dominicale présidée par l'archevêque de Hanoi, de se disperser. Les responsables de cette interruption, identifiés comme étant le chef du parti et l’adjoint du comité populaire de Vu Ban, ont ignoré les protestations des laïcs et des prêtres.

    Grave violation de la liberté de religion

    «C'est un acte irréfléchi et inhumain, un abus de pouvoir, une violation grave de la liberté religieuse et du droit à la pratique religieuse de l'archevêque, des prêtres et des laïcs», a déclaré le père Hung dans une déclaration publiée jeudi 24 février. Le prêtre, qui a appelé tous les catholiques de l'archidiocèse à prier pour que les difficultés dans la pratique de la foi soient bientôt surmontées, a considéré l'action des autorités comme une insulte aux rites et à la foi catholiques. «Cette action est inacceptable dans un pays où l'État de droit s'applique, car elle a causé une profonde inquiétude et une grande douleur aux catholiques locaux et à ceux qui voient les images de l'incident circuler sur internet», a-t-il déclaré.

    L'archevêché a déposé une plainte officielle contre cet incident malheureux, demandant au Comité populaire de la province de Hoa Binh de respecter la liberté et les activités religieuses des communautés catholiques de la région.

    L'incident n'est pas nouveau. Les autorités locales créent souvent des difficultés pour les activités religieuses et l'archevêché a présenté à plusieurs reprises des pétitions pour mettre fin à leur intrusion.

    Année de l'évangélisation

    La messe a été célébrée au cours d'une visite pastorale de deux jours de Mgr Joseph Vu Van Thien dans des paroisses isolées de la province montagneuse. En cette année 2022, déclarée par l'archidiocèse Année de l'évangélisation, le prélat visitera les paroisses et sous-paroisses les plus reculées du territoire tous les troisièmes dimanches du mois, encourageant les fidèles à témoigner de la Parole de Dieu et à traiter toutes les personnes avec amour et bonté.

    L'archidiocèse de Hanoi fournit des soins pastoraux à onze paroisses de la province de Hoa Binh dont la paroisse de Vu Ban, à 120 kilomètres de Hanoi, qui compte 450 membres.

  • Ukraine : quand le piège se referme sur Poutine

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    Nous reproduisons ici un article de François Martin paru sur Smart Reading Press qui offre une lecture intéressante des évènements en cours :

    UKRAINE : LE PIÈGE S’EST REFERMÉ… SUR POUTINE

    Le 21 novembre 2013, la décision du gouvernement ukrainien de ne pas signer un accord d’association avec l’Union européenne au profit d’un accord avec la Russie déclenche la révolution ukrainienne. Cette décision entraîne en effet des troubles importants à Kiev, d’abord entre le 30 novembre et le 8 décembre 2013, puis à nouveau du 18 au 21 février 2014. Ces affrontements, qui impliquent entre 250 000 et 500 000 personnes, font plus de 80 morts. Depuis le début, on sait que les forces politiques américaines, et aussi les forces spéciales, ont été très impliquées dans cette révolution, comme l’a reconnu Barack Obama lui-même dans une interview à CNN en février 2015. On sait par ailleurs le rôle joué par la diplomate américaine Victoria Nuland dans cette affaire1.

    Sous l’égide en particulier de la France, ces affrontements aboutiront, le 21 février 2014, à un accord entre le gouvernement et les chefs du mouvement. Ces accords dits «accords du Maïdan» seront dénoncés dès le lendemain, le 22 février, par les mêmes émeutiers, avec l’appui des partis ultranationalistes néonazis Secteur Droit et Svoboda, ce qui leur permettra de participer ensuite au gouvernement. L’intimidation du Parlement par la rue aboutira alors au vote de destitution du Président Ianoukovytch.

    Les forces spéciales américaines ne s’arrêteront pas là, puisqu’elles s’impliqueront dans la répression des populations russophones outrées, entre autres choses, par la suppression du russe comme deuxième langue officielle, une décision qui mettra le feu aux poudres et précipitera les régions du Donbass et de la Crimée dans la sécession.

    Il n’est donc pas vrai de dire que le début du «problème» entre les pays occidentaux et la Russie est le fait que «Poutine annexe la Crimée», comme on le répète inlassablement. Avant cela, il y a eu une période très litigieuse, où l’intervention de l’Occident est manifeste et tout sauf pacifique2. De plus, la Crimée rejoint la Russie à la suite d’un processus que l’on peut considérer comme légitime, puisque ce pays est déjà, depuis 1991, la «République autonome de Crimée», une république qui proclame son indépendance le 5 mai 1992, mais accepte ensuite d’être rattachée à l’Ukraine après un accord entre les Parlements et en échange d’une large autonomie. On comprend que les liens entre la Crimée et l’Ukraine proprement dite sont ténus. Suite aux événements du Maïdan, la Crimée proclamera à nouveau son indépendance le 14 mars, puis entérinera son rattachement à la Russie le 16 mars, par un référendum approuvé à 96,7 %. On a connu en politique des manières de faire moins défendables… Pourtant, les Occidentaux ne cesseront de considérer cet événement comme fondateur du litige qui les oppose aux Russes et de justifier par ce biais leurs sanctions3.

    Carte de l'Europe

    Les accords de Minsk, signés le 5 septembre 2014 entre l’Ukraine, la Russie et les deux républiques sécessionnistes de Donetsk (DNR) et de Lougansk (LNR), confirmés le 11 février 2015 par ceux de Minsk II4 feront naître un espoir, celui d’une désescalade et d’une possible reconstruction.

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  • Le pape s’est rendu à l’ambassade de Russie près le Saint-Siège

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    D'I.Media via Aleteia.org :

    Le pape François s’est rendu à l’ambassade de Russie près le Saint-Siège

    Un peu plus de 24 heures après le début de l’offensive russe en Ukraine, le pape François s’est déplacé à quelques centaines de mètres du Vatican, via della Conciliazione – la grande avenue qui mène à la place Saint-Pierre -, pour s’entretenir avec l’ambassadeur russe près le Saint-Siège Alexander Avdeev.

    L’entretien avec le diplomate, ancien vice-ministre des Affaires étrangères russe, aurait duré un peu plus d’une demi-heure. On ignore à ce stade si le pape François a prévu de se rendre également à l’ambassade d’Ukraine près le Saint-Siège.

    Un geste non-protocolaire

    La veille de ce déplacement insolite, le cardinal secrétaire d’État Pietro Parolin a déclaré qu’il était « encore temps de négocier » malgré les « opérations militaires russes sur le territoire ukrainien ».

    Le geste non-protocolaire du pape François témoigne de l’acharnement du pontife argentin à restaurer la paix à l’Est de l’Europe. Habituellement, ce sont les ambassadeurs accrédités près le Saint-Siège qui se rendent au Palais apostolique du Vatican.

    Ce déplacement est d’autant plus symbolique que le Bureau de presse du Saint-Siège a annoncé le même jour que le pape François ne pourrait se rendre à Florence dimanche prochain en raison de ses douleurs au genou.

    Comme il est triste que des peuples fiers d’être chrétiens voient les autres comme des ennemis et pensent à se faire la guerre.

    Depuis le début de l’année, le chef de l’Église catholique a multiplié les appels pour une solution pacifique aux tensions dans cette région du monde. « Comme il est triste que des peuples fiers d’être chrétiens voient les autres comme des ennemis et pensent à se faire la guerre », déplorait-il lors du dernier Angélus dominical.

    À l’occasion de la dernière audience générale, mercredi 23 février, la veille de l’offensive russe, le pape François a exprimé sa « grande douleur » pour la « détérioration de la situation en Ukraine ». Il a décrété une Journée de jeûne pour la paix le 2 mars, jour du Mercredi des cendres, afin de répondre à « l’absurdité diabolique de la violence ».

  • Message de la Conférence des évêques de l'Église catholique romaine d'Ukraine aux fidèles

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    Message de la Conférence des évêques de l'Église catholique romaine d'Ukraine aux fidèles (source) (24 février 2022)

    (traduction automatique avec deepl.com)

    Chers frères et sœurs ! 

    Il est très regrettable que l'événement d'aujourd'hui ait ouvert un nouveau chapitre de notre histoire. Dans cette situation, alors que la Russie a lancé une guerre totale contre l'Ukraine, la responsabilité de chacun d'entre nous est importante. 

    Tout d'abord, il ne faut pas laisser la peur nous effrayer. Les chrétiens sont des gens de foi et d'espérance parce que notre Sauveur Jésus-Christ, par sa résurrection, a prouvé que le dernier mot n'est pas pour la mort, mais pour la Vie ! A un autre endroit de la Sainte Ecriture, nous lisons : "Quand le Seigneur ne préserve pas la ville, le gardien est une scie libre." (Ps 127, 1b). C'est notre espoir en Dieu.

    Le moment présent est celui où nous devons nous unir dans la prière : dans nos pays d'origine, avec nos voisins, dans les communautés de prière et dans chaque paroisse. Nous demandons aux prêtres de prier l'Acte de Consécration de l'Ukraine au Cœur Immaculé de Notre Dame dès aujourd'hui, après chaque Sainte Messe, en dehors du chant de consécration.

    Que cette heure de veille soit aussi une occasion de réconciliation avec nos parents, nos connaissances, nos voisins et nos collègues, avec Dieu lui-même. Conscients de nos propres péchés et de nos limites, nous demandons pardon au Seigneur et accueillons le sacrement de la réconciliation selon les cinq conditions de la Bonne Nouvelle. Essayons de participer plus souvent à l'Eucharistie et de recevoir la Sainte Communion, et prions pour la pureté de nos cœurs, afin que la grâce de Dieu puisse nous combler.

    Nous prions ensemble le chapelet ou d'autres prières au nom de la paix pour les dirigeants de notre État, pour notre armée et tous ceux qui défendent notre Patrie, pour les blessés et les morts, et pour le désarmement de ceux qui ont déclenché une guerre et sont piégés par l'agression. Gardons nos cœurs contre la haine et la haine envers nos ennemis. Le Christ donne une instruction claire selon laquelle nous devons prier pour eux et les bénir.

    L'Eglise est une communauté. Que les paroisses et les groupes de prière soient un lieu de fraternité et un centre où l'on peut trouver la bonne nouvelle de la paix et de la protection de Dieu. Nous ne savons pas ce que l'avenir nous réserve, mais que la communauté des croyants n'abandonne pas les plus insécurisés et les indigents, quelle que soit leur appartenance confessionnelle. Une attention particulière est requise pour les jeunes et les malades.  

    Le prince de ce monde gagne des batailles particulières, en nous incitant à nous soumettre à la manipulation, à croire les mensonges et à les répandre. Que Dieu la Parole soit notre aide dans notre recherche de la vérité, ainsi que de la vérité ultime, qui est le Christ. En outre, ne tombez pas dans la panique que peut semer l'agresseur.

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  • Ukraine : le message du Président de la COMECE

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    Déclaration du Cardinal Hollerich sur la situation en Ukraine et en Europe

    Je suis profondément préoccupé par les dernières informations faisant état d'une escalade des actions militaires de la Fédération de Russie en Ukraine, ouvrant le scénario alarmant d'un conflit armé causant d'horribles souffrances humaines, la mort et la destruction. Aujourd'hui, la paix sur l'ensemble du continent européen et au-delà est gravement menacée.

    Au nom des évêques de la COMECE (Commission des Conférences Episcopales de l'Union Européenne), je souhaite réitérer notre proximité fraternelle et notre solidarité avec le peuple et les institutions d'Ukraine.

    Partageant les sentiments d'angoisse et de préoccupation du Pape François, nous appelons les autorités russes à s'abstenir de nouvelles actions hostiles qui infligeraient encore plus de souffrances et mépriseraient les principes du droit international. La guerre est un grave affront à la dignité humaine et elle n'a pas sa place sur notre continent.

    Par conséquent, nous demandons instamment à la communauté internationale, y compris à l'Union européenne, de ne pas cesser de rechercher une solution pacifique à cette crise par le biais du dialogue diplomatique. Nous appelons les dirigeants européens réunis aujourd'hui pour une réunion spéciale du Conseil européen à faire preuve d'unité et à approuver des mesures favorisant la désescalade et l'instauration de la confiance, tout en évitant toute mesure susceptible de renforcer le conflit violent.

    À la lumière de la situation humanitaire émergente provoquée par les hostilités en cours, nous appelons les sociétés et les gouvernements européens à accueillir les réfugiés qui fuient la guerre et la violence dans leur pays, l'Ukraine, et qui cherchent une protection internationale. C'est notre vocation, notre responsabilité et notre devoir de les accueillir et de les protéger en tant que frères et sœurs.

    Avec le Pape François, nous prions Notre Dame, la Reine de la Paix, pour que le Seigneur éclaire ceux qui ont des responsabilités politiques afin qu'ils fassent "un sérieux examen de conscience devant Dieu, qui est le Dieu de la paix et non de la guerre, qui est le Père de tous et non de quelques-uns, qui veut que nous soyons frères et non ennemis".

  • "Il est encore temps..."

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    De zenit.org :

    Ukraine: « Il est encore temps….! », l’appel du cardinal Secrétaire d’Etat du Saint-Siège

    Que les « horreurs de la guerre » soient épargnées au monde

    « Mais il est encore temps, scande le cardinal Parolin, de faire preuve de bonne volonté, il est encore possible de négocier, il est encore possible d’exercer une sagesse qui empêche les intérêts partisans de prévaloir, qui protège les aspirations légitimes de chacun et épargne au monde la folie et les horreurs de la guerre. Nous, les croyants, ne perdons pas l’espérance d’une lueur de conscience de la part de ceux qui tiennent les destinées du monde entre leurs mains. Et nous continuons à prier et à jeûner – nous le ferons le prochain mercredi des Cendres – pour la paix en Ukraine et dans le monde entier. »

  • Église ukrainienne gréco-catholique : Poutine "détruit les principes fondamentaux de la paix"

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    De Massimo Introvigne sur Bitter Winter :

    Église ukrainienne gréco-catholique : Poutine "détruit les principes fondamentaux de la paix".

    Le patriarche Sviatoslav Shevchuk qualifie les actions russes de "nouvelle vague d'agression armée".

    24/02/2022

    Patriarch Sviatoslav Shevchuk from the Ukrainian Greek Catholic Church. Credits.

    Le patriarche Sviatoslav Shevchuk de l'Église ukrainienne gréco-catholique.

    Oui, il y a des catholiques romains en Ukraine. Ils sont assez nombreux. L'Église ukrainienne gréco-catholique compte environ 5 millions de membres dans un pays de 44 millions d'habitants, et pourrait avoir plus de huit millions de paroissiens si l'on ajoute la diaspora ukrainienne à travers le monde. Elle est en pleine communion avec le pape mais suit un rite différent (byzantin). En fait, après l'Église latine, l'Église ukrainienne est la deuxième plus importante au sein de la communion catholique mondiale. Bien qu'il y ait un petit pourcentage de catholiques latins (environ 400 000) en Ukraine, l'Église ukrainienne gréco-catholique est traditionnellement la voix du catholicisme dans le pays.

    Le message du patriarche Sviatoslav Shevchuk, chef de l'Église gréco-catholique ukrainienne, publié le 22 février 2022, constitue donc le commentaire le plus autorisé et le plus officiel des autorités catholiques romaines ukrainiennes sur les événements actuels. Bien que publiée avant l'invasion, la déclaration la prédit déjà et expose la réponse catholique à l'agression.

    Le patriarche écrit que "la reconnaissance des "républiques populaires" autoproclamées de Louhansk et de Donetsk comme "indépendantes et souveraines" par le président de la Fédération de Russie défie et menace sérieusement la communauté internationale et le droit international. Elle inflige des dommages irréparables à la logique même des relations interétatiques, qui sont conçues pour garantir la paix et une société juste, l'état de droit, la responsabilité, la protection des êtres humains, de leur vie et de leurs droits naturels." Le problème, selon M. Shevchuk, ne concerne pas seulement l'Ukraine. "Aujourd'hui, l'humanité entière est en danger de voir le droit du plus fort s'imposer à tous, en ignorant l'État de droit."

    L'Église gréco-catholique ukrainienne ne croit pas que les deux parties soient à blâmer pour ce qui s'est passé. Il y a une partie qui a agressé et une partie qui a été agressée. "Par leur décision, écrit le patriarche, les autorités de la Fédération de Russie se sont retirées unilatéralement du long processus de paix." Au lieu de cela, une "agression armée russe" s'est poursuivie.  En effet, la guerre a commencé avec l'occupation de la Crimée en 2014. "La guerre contre notre peuple, note M. Shevchuk, en 2014 a laissé des blessures profondes sur la vie de beaucoup de nos compatriotes : des milliers ont été tués, ou laissés blessés et seuls."

    Mais maintenant, selon le patriarche, quelque chose d'encore plus grave s'est produit. "La mesure prise hier par le président de la Fédération de Russie a détruit les principes fondamentaux du long processus de rétablissement de la paix en Ukraine, a créé des opportunités pour une nouvelle vague d'agression armée contre notre État, et a ouvert la porte à une opération militaire de grande envergure contre le peuple ukrainien."

    Le christianisme est une religion de paix, explique le patriarche, et l'Église essaie toujours de "prévenir la guerre", mais d'un autre côté la théologie morale catholique permet la résistance contre une agression injuste. "Aujourd'hui, écrit-il, nous considérons que la protection de notre terre natale, de notre mémoire et de notre espoir, de notre droit d'exister donné par Dieu, est une responsabilité personnelle et un devoir sacré des citoyens d'Ukraine. 

    Défendre la patrie est notre droit naturel et notre devoir civique. Nous sommes forts lorsque nous sommes ensemble. Le moment est venu d'unir nos efforts pour défendre l'indépendance, l'intégrité territoriale et la souveraineté de l'État ukrainien." "Nous sommes un peuple qui aime la paix. Et c'est pourquoi nous sommes prêts à la défendre et à lutter énergiquement pour elle."

    La crise, estime le patriarche, est internationale. "Nous sommes convaincus, écrit-il, que le monde ne peut évoluer et trouver des réponses aux défis de notre temps en recourant à la force et à la violence, en négligeant les valeurs universelles et la vérité évangélique. Nous appelons toutes les personnes de bonne volonté à ne pas rester à l'écart de la souffrance du peuple ukrainien causée par l'agression militaire russe."

    L'Église veut la paix, écrit Mgr Shevchuk, mais ce doit être une "paix juste". Lorsque l'injustice s'abat sur le pays, l'Église catholique est avec les "défenseurs de l'Ukraine, qui ces jours-ci sont un exemple d'amour sacrificiel et de service dévoué à notre peuple. Que le Seigneur miséricordieux les protège de tous les dangers et dote leurs efforts de la victoire ultime de la vérité et du bien", prie le patriarche.

  • "Méditerranée, frontière de la paix" : les Évêques et les maires réunis à Florence, sous le signe de Giorgio La Pira

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    Une dépêche de l'Agence Fides :

    EUROPE/ITALIE - "Méditerranée, frontière de la paix". Les Évêques et les maires réunis à Florence, sous le signe de Giorgio La Pira

    23 février 2022

    Florence (Agence Fides) - Aujourd'hui, mercredi 23 février, la rencontre unique des Évêques et des maires catholiques des pays méditerranéens s'est réunie à Florence pour attester et reproposer le rôle de la mer Méditerranée comme " frontière de la paix ", dans le sillage des intuitions prophétiques cultivées pendant les années de la guerre froide par le grand maire florentin Giorgio La Pira. La rencontre débute cet après-midi par une introduction du cCardinal Gualtiero Bassetti, et se terminera le dimanche 27 par la Sainte Messe célébrée par le Pape François dans la Basilique de Santa Croce. Pendant les jours de la conférence, les Patriarches et les Évêques catholiques des Églises présentes dans les pays riverains de Mare Nostrum seront également présents.

    Ils participeront également à des rencontres sur les Témoins de la foi liés à l'histoire du catholicisme florentin du XXe siècle, tels que Giorgio La Pira, le Cardinal Elia Dalla Costa, Don Lorenzo Milani et Don Divo Barsotti. Dans la soirée du vendredi 25 février, dans la basilique abbatiale de San Miniato al Monte, il y aura également un moment de prière en mémoire des martyrs et des témoins de la foi et de la justice.

    Des Patriarches et des Évêques de Syrie, de Turquie, d'Irak, du Liban, d'Égypte, de Tunisie, d'Algérie, du Maroc et de Terre Sainte participeront à ces journées de rencontre et de prière. Dans la Basilique de Santa Maria Novella, où les évêques se réuniront, il y aura une adoration eucharistique continue pendant toute la durée de la conférence. Soixante-cinq villes de 15 pays sur trois continents (Europe, Asie, Afrique) seront représentées aux réunions des maires.

    "La conférence", a souligné le maire de Florence, Dario Nardella, "tombe à un moment dramatique, je fais référence aux tensions à la frontière entre l'Ukraine et la Russie, j'espère que Florence lancera un appel sincère à la paix", à adresser avant tout à une Europe "souvent distraite, qui doit prêter plus d'attention à ce qui se passe en Méditerranée, elle ne peut pas s'en détourner".

    Dans une phase historique où les axes économiques et géopolitiques du monde semblent s'être déplacés vers d'autres zones du globe, l'espace méditerranéen reste celui auquel fait face la Palestine, la terre où le Christ est né, est mort et est ressuscité. Sur une plage de la Méditerranée, en Libye, l'une des plus impressionnantes histoires de martyrs de ces dernières années s'est déroulée; il s'agit des vingt chrétiens coptes égyptiens et de leur compagnon de travail ghanéen massacrés par des bourreaux djihadistes en février 2015. La Méditerranée reste le lieu où s'entrecroisent les destins des communautés de foi - juifs, chrétiens et musulmans - qui reconnaissent leur descendance commune du Patriarche Abraham, père de tous les croyants. Les intuitions prophétiques de Giorgio La Pira et les "Conférences internationales pour la paix et la civilisation chrétienne" qu'il a promues entre 1952 et 1956 se sont tournées vers cette racine abrahamique commune. Des intuitions qui aujourd'hui, dans le contexte marqué par de nouvelles crises et de nouveaux conflits, ont refait surface par exemple dans le Document sur la fraternité humaine pour la paix mondiale et la coexistence commune, signé le 4 février 2019 à Abu Dhabi par le Pape François et le cheikh sunnite Ahmed al Tayyeb, grand imam d'Al Azhar.

    Entre-temps, la Méditerranée est devenue un lieu d'inégalité et de discrimination, une zone en proie à des guerres fratricides et à la violence qui produisent - avec d'autres facteurs tels que la pauvreté, la corruption et le sectarisme - le phénomène de la migration massive qui, depuis la rive sud de la Méditerranée, cherche à atteindre les pays européens.

    Le Pape François, dans son magistère, a toujours gardé à l'esprit que les problèmes des communautés ne peuvent être résolus que par des approches qui tiennent compte des interconnexions mondiales. Déjà dans son discours devant le Parlement européen le 24 novembre 2014, le Pape avait défini comme intolérable le fait que "la mer Méditerranée devienne un grand cimetière", reconnaissant que l'absence de soutien mutuel au sein de l'Union européenne pour faire face à l'urgence d'époque des flux migratoires risquait "d'encourager des solutions particularistes au problème, qui ne tiennent pas compte de la dignité humaine des immigrants, favorisant le travail d'esclave et les tensions sociales continues". En ce qui concerne les conflits qui bouleversent le Moyen-Orient, le point de vue à partir duquel l'Église regarde tous les passages sanglants des événements du Moyen-Orient ne peut être que celui des communautés chrétiennes dispersées dans les pays arabes. Mais le Souverain Pontife et le Saint-Siège n'ont jamais offert un point d'appui aux milieux qui exploitent de manière récurrente les malheurs et les persécutions des chrétiens d'Orient pour fomenter des sentiments islamophobes indistincts. Tous les signaux adressés par le Pape aux communautés islamiques considèrent la multitude des croyants en l'Islam comme un compagnon de destin indispensable pour rechercher des solutions stabilisatrices de paix et pour désoxygéner les manifestations les plus virulentes de la pathologie djihadiste. (GV) (Agence Fides 23/2/2022)