Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Politique - Page 315

  • Le principe de la mondialisation, c’est la négation du politique au bénéfice de l’économique

    IMPRIMER

    De Raphaëlle Lespinas sur le site de l'Homme Nouveau :

    La mondialisation comme négation du politique

    Rédigé par Raphaëlle Lespinas suite à un entretien avec Guilhem Golfin le  dans Culture

    La mondialisation comme négation du politique

    Philosophe, collaborateur de L'Homme Nouveau, Guilhem Golfin publie Babylone et l'effacement de César, un essai roboratif, qui, hors des sentiers de la pensée de consommation, passe la question de la mondialisation au prisme de la politique. 

    Analysez-vous la mondialisation comme un phénomène inéluctable ou bien comme quelque chose que nous pouvons encore choisir d’accepter ou de refuser ?

    La mondialisation est présentée le plus souvent comme un voyage sans retour, un aller simple. De nombreux arguments vont dans ce sens. Le plus fréquent est le développement des moyens de transport et de communication qui ont considérablement rapproché les hommes, au moins physiquement, et auxquels, sauf effondrement de la civilisation technique, on voit mal les hommes renoncer. En soi, ce rapprochement n’est pas une mauvaise chose : l’homme est fait pour connaître, et se connaître, et les rencontres entre cultures diverses ne peuvent que contribuer à cette connaissance.

    Maintenant, il y a quelque sophisme dans la présentation commune des choses. La mondialisation, ce n’est pas seulement, ce n’est même sans doute pas d’abord, le rapprochement entre les hommes. C’est une organisation des rapports internationaux qui entend soumettre les peuples au diktat de l’économie libérale et capitaliste, et par ce moyen à la domination d’une ploutocratie. Loin de contribuer à enrichir les hommes de leurs différences, elle vise à uniformiser les conditions en généralisant la société de consommation et à faire fi de ces différences, selon le postulat d’un caractère interchangeable d’hommes réduits à leur utilité économique. Cette tyrannie profondément contre nature sera renversée, comme toute tyrannie, car le choix appartient aux peuples. Le problème n’est pas tant là que dans la conception de ce qui doit s’y substituer.

    Lire la suite

  • Cachez ce "C" que je ne saurais voir

    IMPRIMER

    De Jean-Jacques Durré sur cathobel.be :

    Un « C » si gênant ?

    Invitée de l’émission « De zevende dag » sur la VRT, la ministre d’Etat Miet Smet a estimé que, même s’il est encore trop tôt pour en discuter, il faudra que son parti – le CD&V – abandonne le « C » qui signifie « Christelijk », c’est-à-dire « Chrétien ». Motif: « Nous sommes un parti chrétien culturel, mais plus un parti chrétien religieux ».

    La question me taraude: pourquoi le mot « chrétien » est-il si gênant? Nombre d’associations ont d’ores et déjà gommé de leur patronyme ce « C » devenu importun. Pensons à la JOC (devenue en Belgique ‘Jeunes organisés et combatifs’), au défunt PSC, parti frère du CD&V, aux Scouts de Belgique et même à l’Université catholique de Louvain qui par une belle entourloupe a gardé le C, mais sans avoir à le prononcer puisqu’on dit maintenant UCLouvain, tout comme les Facultés universitaires Notre-Dame de la Paix qui sont devenues l’UCNamur. Concernant d’ailleurs cette dernière, on aura remarqué avec tristesse que son recteur s’est directement distancé de notre confrère et ancien rédacteur en chef, le père Charles Delhez sj, après sa remarquable carte blanche publiée dans La Libre Belgique du 30 août, intitulée « Ne banalisez pas le drame de l’avortement! » Il y abordait les projets de loi visant à modifier la loi sur l’IVG (voir ci-contre). « Il parle en son nom et pas au nom de l’université », a courageusement dit le recteur. J’en reste pantois!

    Faut-il rappeler que toute notre civilisation européenne est basée sur la culture judéo-chrétienne? Mais on veut absolument occulter cette vérité. Même la nouvelle présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a parlé de l’Europe en citant ses racines « greco-latines ». Et personne n’a réagi. En politique, la démocratie chrétienne a façonné nos contrées en se revendiquant de la doctrine sociale de l’Eglise. Nos écoles et universités catholiques étaient basées sur les valeurs de l’Evangile, qui sont humanistes, même si ce mot est repris par d’autres. Trouver gênant que le mot « chrétien » apparaisse dans son appellation est un signe de faiblesse. Avons-nous honte de porter les valeurs évangéliques? Conclusion: en occultant ces valeurs évangéliques, nous sommes appelés à nous fondre dans la masse, et donc à disparaître.

  • Céder aux revendications de bricolages procréatifs est une lâcheté

    IMPRIMER

    De GRÉGOR PUPPINCK :

    GRÉGOR PUPPINCK : "CÉDER AUX REVENDICATIONS DE BRICOLAGES PROCRÉATIFS EST UNE LÂCHETÉ"

     17 septembre 2019

    A l’heure où, en France, l’Assemblée nationale discute du projet de loi de bioéthique, la Cour européenne des droits de l’homme se penche sur une série de revendications autour de la procréation médicalement assistée. Docteur en droit et directeur de l'ECLJ (Centre européen pour le droit et la justice), Grégor Puppinck fait le point.

    De façon sans précédent par son ampleur, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a décidé de juger une série d’affaires de bricolage procréatif. En cause : la séparation complète entre le sexe, la procréation et la parentalité ; l’effacement de la famille biologique comme référence des normes sociales.

    Ces affaires nous montrent à quel point le désir d’enfant peut conduire à la folie ; et comment cette folie peut devenir réalité grâce à la technique. Devenue réalité, elle s’attaque à présent aux normes juridiques pour transformer ce désir en droits et reconfigurer, à travers eux, la réalité sociale à son image, dans l’espoir illusoire de se normaliser.

    Voici d’abord un résumé de ces affaires ; nous verrons ensuite les problèmes qu’elles posent.

    Le désir de faire un enfant avec un mort

    Une femme française conteste le refus des autorités françaises de transférer des spermatozoïdes congelés de son défunt compagnon vers une clinique espagnole où elle pourrait procéder à une insémination post mortem. Elle met ainsi en cause la loi française qui impose que l’homme et la femme formant le couple désireux de recourir à une procréation médicalement assistée (PMA) soient « vivants » et qu’il soit mis fin à la conservation des gamètes en cas de décès de la personne (V. D. c. France).

    Le désir de la mère d’être le père de l’enfant

    Dans une autre affaire, la véritable mère d’un enfant conçu avec un don anonyme de sperme se plaint de ne pas figurer comme « père » sur l’acte de naissance, au motif que, transsexuelle, elle avait déjà obtenu d’être identifiée comme « homme » sur son propre état civil. Elle voit dans le fait d’être qualifiée de « mère » une violation de ses propres droits et de ceux de l’enfant en ce que cela « contredirait fondamentalement leur perception de leur relation » et les contraindrait à révéler fréquemment la transsexualité de la mère (O.H. et G.H. c Allemagne).

    La demande d’une présomption de maternité pour la « femme de la mère »

    Deux lesbiennes allemandes se plaignent, en leur nom et en celui de l’enfant, que la compagne de celle qui a accouché ne bénéficie pas d’une « présomption de maternité », à la différence des hommes dans les couples hétérosexuels qui bénéficient de la présomption de paternité. Elles dénoncent une discrimination, alors même que la « femme de la mère »  a pu adopter l’enfant. Le cas est compliqué par le fait que l’enfant a été porté par l’une et conçu avec l’ovule de l’autre et le sperme d’un donneur anonyme ; ce qui est interdit en Allemagne (R.F. et autres c. Allemagne).

    Lire la suite

  • Deux événements pour promouvoir le droit d'accès des citoyens à l'information du pouvoir public

    IMPRIMER

    Deux événements pour promouvoir le droit d'accès des citoyens à l'information du pouvoir public

    18 sept. 2019

    En partenariat avec l’UCLouvain et Transparencia, WeCitizens organise le 27 septembre prochain à Louvain un Workshop en anglais à propos du contrôle citoyen sur l’action publique. L’objectif de l’activité est que les citoyens puissent se familiariser avec leur droit d’accès aux informations du pouvoir public.

    WeCitizens est membre du consortium SIA4Y (Strengthening civil society rights by information access for European youth) qui promeut la participation des citoyens en politique et plus particulièrement la transparence concernant l’activité politique.

    Dans le cadre de ce projet, WeCitizens organise deux évènements qui s’adressent aux (jeunes) citoyens, professeurs, académiques et fonctionnaires qui traitent de l’action civique.

    La journée d’étude du 27 septembre se tiendra dans les locaux de la KULeuven. A travers les conférences, le story-telling et les activités pratiques, ce workshop familiarisera les participants avec les modalités de contrôle citoyen sur l’action publique. On y présentera entre autres l’activité de l’ombudsman et de la commission d’accès aux documents administratifs, les plateformes internet Transparencia et PoliticiansOnline.

    Le congrès, qui se tiendra les 6 et 7 novembre à Bruxelles, réunira les partenaires du projet (Pologne, Finlande, Estonie et Lettonie), des représentants d’ONG, des mandataires européens et tout public intéressé. Il présentera un état des lieux international et proposera un code de bonnes pratiques en matière d’accès à l’information publique.

    Contact :

    Pour s’inscrire : carlier@wecitizens.be
    Pour la presse : pinon@wecitizens.be , 0497 527751
    Poster : http://www.wecitizens.be/docs-en/I21-poster.jpg

  • Flandre : menaces sur le cours de religion

    IMPRIMER

    De Jacques Hermans sur le site de la Libre :

    En Flandre, le cours de religion divise laïcs et catholiques

    La N-VA veut remplacer une heure de religion par une heure de néerlandais. L’émoi est vif.

    Le temps où les "petits vicaires" de campagne militaient pour la cause flamande auprès de leurs paroissiens est révolu. La N-VA ne peut plus compter aujourd’hui sur ces bons petits soldats prêchant l’émancipation de la Flandre. Le parti nationaliste n’apprécie pas trop le "virage à gauche" de l’Église flamande devenue minoritaire aujourd’hui, ni celui de sa puissante coupole fédérant l’enseignement catholique sise rue Guimard.

    La N-VA continue vaille que vaille de manier la croix et la bannière pour mettre en exergue sa propre culture, fondée sur des valeurs chrétiennes. Mais un fossé se creuse aujourd’hui parmi les nationalistes entre ceux qui défendent les valeurs chrétiennes et "les indifférents". Divisée, la N-VA commence à se rendre compte qu’à travers tous ces débats idéologiques elle se met à dos une partie - non négligeable - de son électorat.

    Une pétition en cours

    Ce qui oppose catholiques et laïcs jusqu’au sein même du parti, c’est le cours de religion qui pourrait passer de deux heures à une heure par semaine dans le secondaire. La N-VA propose en effet concrètement de remplacer dans les écoles une heure de religion par une heure de… néerlandais. Ce changement de cap symbolique fait des vagues en Flandre. Dans les écoles catholiques, les professeurs de religion ont lancé une pétition sur le site Thomas. (www.godsdienstonderwijs.be).

    Dans le même esprit, Mgr Johan Bonny, l’évêque référendaire en charge de l’Enseignement catholique en Flandre, a mis l’accent sur l’importance du maintien des deux heures de religion ou de philosophie, qui ont toute leur importance "dans un monde où le vivre-ensemble et la recherche du sens sont essentiels aussi bien pour l’élève que pour la société".

    Certains voient dans cette proposition une revanche de la N-VA sur les tjeven, "les cathos" de la rue Guimard. Il y a un an, la fédération Katholiek Onderwijs Vlaanderen avait proposé de remplacer une heure de néerlandais par une heure de "citoyenneté". La N-VA s’était étranglée. Elle n’avait pas davantage digéré le projet "Dialoogschool", initiative de la fédération.

    Cette "école du dialogue" a pour but de promouvoir l’interculturalité et le vivre-ensemble dans un esprit de tolérance. En particulier, le cours de religion, affirment certains, tire sa légitimité de ce qu’il forme les élèves à mieux comprendre les défis de notre société multiculturelle. Les nationalistes ont hurlé car ils veulent au contraire que l’école mette l’accent sur l’apprentissage des fondamentaux du christianisme, ce qui correspond à leur volonté "de mieux connaître les racines de la civilisation occidentale, qui est à la base de l’identité flamande". Alimentent-ils dès lors le débat antireligieux pour recentrer le discours sur l’identité flamande ?

    Le front des laïcs

    La N-VA semble pour l’heure vouloir maintenir son cap. Jusqu’à nouvel ordre ? Surfant sur la même vague laïque et individualiste que celle de l’Open VLD, les nationalistes recherchent toujours cette denrée rare, "ce puissant antidote contre l’islam".

    Un front commun avec les libéraux flamands est-il en train de se former ? En tout cas, l’Open VLD rêve de laïciser l’enseignement et préconise de remplacer l’une des deux heures de religion par une heure d’éducation à la citoyenneté, comme dans l’enseignement officiel francophone. Un choix défendu par l’enseignement officiel (Gemeenschapsonderwijs, GO).

    Les libéraux flamands ne sont pas mécontents d’avoir trouvé un allié de circonstance en la personne de… Bart De Wever, qui, à plusieurs reprises, s’est pourtant montré soucieux de "combattre l’inculture religieuse en Flandre". Au journaliste Luc Alloo, il avait affirmé, le 17 mars dernier, (donc avant les élections), que "les valeurs chrétiennes font partie de notre culture occidentale" et qu’il n’avait "personnellement pas l’intention de renier la religion dans laquelle il avait été élevé". Pourtant, dans son livre Over identiteit (paru en avril dernier), le président de la N-VA écrit que "la religion catholique a perdu son sens dans notre société d’aujourd’hui". Il ajoute que "les vieilles traditions catholiques ne sont plus que… folklore", des propos qui lui ont valu de vives critiques dans les milieux catholiques traditionnels.

    Dans ce débat symbolique, le CD&V, en pleine crise existentielle, se mure dans un silence assourdissant. Il peine à prendre position tant les problèmes à l’intérieur du parti sont nombreux à gérer. Et cela commence à se voir. "Ce qui est sûr, c’est que le CD&V n’a obtenu que 15 % des suffrages et, maintenant, en faisant profil bas sur cette question essentielle, on peut dire qu’ils sont en train de perdre leur âme et leur identité chrétienne", affirme Didier Pollefeyt, professeur de théologie à la KULeuven.

  • Les droits de l'homme : sans limites ?

    IMPRIMER

    De Chantal Delsol sur le Figaro Vox via Magistro

    Les droits de l’homme sont-ils sans limite ?
     
    FIGAROVOX/TRIBUNE - Les droits de l’homme ne sont plus universels et immuables mais catégoriels et sans cesse croissants. Aussi est-il légitime de leur poser des bornes, argumente le professeur de philosophie politique*.
     
    Aux États-Unis, une "commission des droits inaliénables" a été récemment mise en place par le secrétaire d’État, Mike Pompeo. Son objet est de réfléchir sur ce que sont devenus les droits de l’homme depuis leur affirmation solennelle en 1948 dans la déclaration universelle des droits de l’homme. La présidente de la commission, Mary Ann Glendon, professeur de droit à Harvard, a affirmé que la commission travaillerait "au plan des principes, pas de la politique". Les membres de la commission sont inquiets de voir les droits, catégorie sacrée au sens culturel du terme, se développer anarchiquement. Les opposants à la création de cette commission, eux, sont inquiets en pensant, non sans raison, qu’on pourrait conclure à la relativisation de certains droits.

    Alors que la modernité nourrissait des idéologies censées susciter des sociétés parfaites, la post-modernité ne se voue qu’au développement de la liberté individuelle sur tous les plans. Les droits sont inflationnistes, parce que l’envie individuelle a tendance à susciter chaque fois un nouveau droit. Sauf l’impossibilité technique, il n’y a pas de limitation à mes désirs. Même la fameuse liberté qui "s’arrête là où commence celle de l’autre" est entamée : face à l’être faible qu’est l’enfant, c’est ma volonté d’adulte qui seule compte - j’ai le "droit" de produire un enfant sans père parce que j’en ai envie, j’ai "droit" à un enfant si je veux. Et tous ces nouveaux droits réclament aussitôt leur inaliénabilité. On met en avant la souffrance des demandeurs pour justifier la légitimité de leurs souhaits.
    Les choses vont si loin que Muriel Fabre-Magnan, s’appuyant sur des textes européens, se demande si le sadomasochisme doit être considéré comme un droit de l’homme, après avoir vu la Cour européenne des droits de l’homme établir lors d’un procès pour sadomasochisme, le droit de l’autonomie personnelle à "s’adonner à des activités perçues comme étant d’une nature physiquement ou moralement dommageables ou dangereuses pour sa personne". La "commission des droits inaliénables" veut pointer du doigt cet engrenage déraisonnable.

    L’inflation des droits a été patente depuis la Seconde Guerre. On pourrait parler des droits dits de seconde et de troisième génération, dont la signification a changé par rapport aux affirmations premières. Mais surtout, et depuis peu, l’universalité a été mise à mal pour laisser place aux droits des groupes, parfois des groupuscules. Pour la Déclaration originelle de 1948, il n’y a ni des Iroquois ni des Français, il n’y a que des humains, et c’est cela qui fait la grandeur de la Déclaration. C’est cela d’ailleurs qui suscitait la moquerie des contempteurs des droits de l’homme : je ne connais pas l’Homme, je ne connais que des Français et des Anglais, disait Joseph de Maistre. Or, aujourd’hui, les droits universels des humains quels qu’ils soient, c’est-à-dire hors leurs appartenances sociales et autres, s’éclipsent pour laisser place aux droits des groupes comportementaux ou identitaires. Il y a les droits des femmes. Les droits des homosexuels. Les droits des "LGBTQI", etc. Ils renvoient à des possibilités légales d’adopter certains comportements, qui revendiquent à grand bruit d’être aussitôt traduits en droits inaliénables, suscitant un nuage de droits concernant tous les domaines de la vie, et figeant (c’est bien le but) ces comportements dans le marbre comme s’il s’agissait de dogmes théologiques.

    Les droits de l’homme originels, ceux énoncés au départ par les Déclarations, équivalent pour nous à des dogmes théologiques, et ils sont gravés dans le marbre ("tout homme a droit à la liberté de penser"), même s’ils ne sont pas toujours respectés. C’est leur généralité, leur universalité, leur côté lapidaire et parfois laconique, qui garantit leur insigne valeur. Mais tous ces droits dérivés et particuliers qui fleurissent chaque jour doivent être discutés, et non pas imposés par quelques groupuscules : c’est ce que signifie cette commission.
    Lorsqu’on a le sentiment d’avoir laissé des principes enfler indûment, de s’être peut-être fourvoyé avec le temps qui passe, on revient alors aux fondements : aux pères fondateurs dont on a pu s’éloigner sans penser aux conséquences. On refonde ce qui a été altéré en revenant aux sources, comme l’avait bien montré Machiavel à propos des républiques. C’est pourquoi la commission parle d’en venir à distinguer des droits humains inaliénables et des "droits ad hoc". Il est clair qu’il est question d’enlever à certains droits leur inaliénabilité. Et l’on comprend l’inquiétude des opposants.

    Car il s’agit, essentiellement, de répondre à la pression du courant progressiste qui veut imposer le caractère inaliénable de bien des nouvelles revendications, revendiquées sous peine de manquement à la modernité toute-puissante. Certains pays (la France, l’Allemagne) considèrent que le mariage entre deux personnes de même sexe est un droit de l’homme. Mais d’autres pays, comme la Hongrie ou la Pologne, contestent rigoureusement ce droit. Et ils sont injuriés et traités d’analphabètes. Or ces différences devraient entraîner non des insultes, mais la reconnaissance de spécificités légitimes, et c’est pourquoi la commission parle de "droits ad hoc". Autrement dit, on pourrait considérer que ces divergences ne sont pas une question de retard provincial ou d’idiotie congénitale, mais de point de vue et de conviction. On peut avoir des raisons de penser que l’IVG n’est pas un droit, mais une tolérance devant des cas graves, un respect de la décision individuelle en situation tragique. C’était d’ailleurs la pensée et le propos de Simone Veil, qui a été rapidement détournée par l’effet de cette enflure, justement.

    La dénomination de droits ad hoc permettrait aux différents pays ou régions, comme les États américains, de définir leurs visions des droits au-delà des droits fondamentaux définis par les Déclarations. Ce serait un gage de la pluralité des opinions. Le problème étant que le courant dominant n’accepte pas du tout des challengers et ostracise tout ce qui diffère de lui.

    La pensée conservatrice se saisit ici des droits de l’homme en posant une question qu’elle juge essentielle : les droits de l’homme n’ont-ils pas des limites ? Ils en ont bien au regard de notre responsabilité face à l’environnement. Et, certainement, ils sont limités par notre responsabilité à l’égard des humains, qui ont aussi leurs exigences. La position de ces limites est chaque fois discutable, et exige par conséquent des débats entre les différentes visions du monde. Significativement, les opposants de la commission s’indignent qu’on veuille poser des limites, qui vont "discriminer" - c’est-à-dire récuser des souhaits. Ils légitiment l’inflation des droits. Les conservateurs, au contraire, pensent que les droits humains ne dépendent pas de nos désirs, qui sont en effet exponentiels, mais d’exigences humaines plus profondes et plus complexes. Refuser d’en débattre, c’est donner la prime aux émotions, qui dans ce genre d’affaires ne sont jamais bonnes conseillères.

    * De l’Institut. "La Démocratie dans l’adversité et les démocraties illibérales", enquête internationale codirigée par Chantal Delsol et Giulio De Ligio, vient de paraître aux Éditions du Cerf.
    Avec l'autorisation de l'auteur - Paru dans Le Figaro, 13 septembre 2019

  • Allemagne : béatification d'un prêtre martyr du nazisme

    IMPRIMER

    Le père Richard Henkes (1900-1945).

    De Vatican News :

    Béatification en Allemagne d’un prêtre martyr du nazisme

    Le père Richard Henkes, prêtre de la société de l’Apostolat catholique (Congrégation des Pallotins), né à Ruppach (Rhénanie-Palatinat, Allemagne) en 1900 et décédé à Dachau en 1945, a été béatifié ce dimanche lors d’une messe célébrée à Limbourg sous la président du cardinal Kurt Koch.

    Entretien réalisé par Mario Galgano – Cité du Vatican

    Interrogé par Mario Galgano, le cardinal Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour la Promotion de l’Unité des chrétiens et envoyé spécial du Pape François pour cette béatification, nous explique le parcours de ce prêtre qui fut confronté au totalitarisme du régime national-socialiste.

    Avant tout, qui était Richard Henkes ?

    Le père Henkes était un père de la communauté des pallottins. Il était enseignant, et aussi directeur d’exercices spirituels. À cette époque, il a vu que l’idéologie des nazis était une idéologie qui ne portait pas en elle les valeurs humaines et chrétiennes, mais qui était une idéologie anti-chrétienne et néo-païenne. Il a fait aussi des déclarations publiques contre cette idéologie, surtout en faveur des handicapés, contre le programme d’euthanasie. C’est pour cela que les nationaux-socialistes l’ont emprisonné à Ratibor, et l’ont ensuite transporté au camp de concentration de Dachau, près de Munich. Fin 1944, il y a eu une grande épidémie de typhus dans le camp de concentration, mais le père Henkes était prêt à soigner les malades, et c’est ainsi qu’il a contracté la maladie et il est mort le 22 février 1945. C’est pourquoi le Pape François a déclaré que le père Henkes est un «martyr de l’amour pour le prochain».  

    Il est allemand, mais vous l’avez souligné dans sa biographie, il a eu des relations avec la population tchèque. Comment a-t-il contribué à la médiation entre les Allemands et la population tchèque ?

    La réconciliation entre les Allemands et les Tchèques lui tenait beaucoup à cœur. Il s’est occupé du soin pastoral de la population dans les régions tchèques, et ensuite dans le camp de concentration, il a appris la langue tchèque car il était convaincu qu’après la guerre il aurait pu travailler pour la réconciliation entre ces deux peuples. En décidant de soigner les malades, aussi ceux de nationalité tchèque, il a beaucoup contribué à la réconciliation, aussi avec son martyre.

    Vous êtes responsables pour le dialogue œcuménique, ici au Vatican. Pouvons-nous aussi interpréter cette béatification aussi comme un signe œcuménique ?

    Le père Richard Henkes est un martyr de l’amour pour le prochain et, en ce sens, il est un exemple pour tous les chrétiens, et non seulement pour les catholiques. Il a vécu une condition très actuelle dont parle souvent le Pape François : l’œcuménisme du sang, l’œcuménisme des martyrs. Dans ce monde, aujourd’hui, la majorité des chrétiens qui sont persécutés au nom de la foi est constituée des chrétiens, et les chrétiens ne sont pas persécutés parce qu’ils sont catholiques, orientaux, orthodoxes, protestants, mais ils sont persécutés parce qu’ils sont chrétiens. En ce sens, le Pape François a dit une fois une chose très forte : les persécuteurs des chrétiens ont une meilleure vision de l’œcuménisme. Eux, ils savent que les chrétiens sont une seule chose.

  • Synode sur l'Amazonie : le document préparatoire crée l'émoi dans l'Eglise

    IMPRIMER

    De Côme de Prévigny sur Renaissance Catholique :

    Le document préparatoire du Synode sur L’Amazonie crée l’émoi dans l’Église

    Lire la suite

  • Hong-Kong : comment interpréter le silence du Vatican

    IMPRIMER

    De Sandro Magister en traduction française sur le site Diakonos.be :

    Sur Hong-Kong, le Pape se tait pour obéir à Pékin

    Garder le silence sur tout ce qui est susceptible de contrarier les autorités de Pékin, voilà certainement l’un des nombreux prix que le Saint-Siège a accepté de payer pour préserver l’accord fragile sur la nomination des évêques qu’il a signé le 22 septembre 2018 avec la Chine.

    C’est un silence que s’impose en premier lieu le pape François, d’habitude très loquace sur tout et sur tout le monde mais qui, quand il s’agit des manifestations populaires qui embrasent Hong-Kong depuis trois mois, n’a encore véritablement rien dit.

    Et pourtant, depuis le début, les protestations ont vu défiler en première ligne les chrétiens et principalement les catholiques qui, bien qu’ils ne représentent que 8% de la population de la ville, sont très actifs et influents, à commencer par leurs plus hautes autorités :

    > Quanta Chiesa c’è nella piazza di Hong Kong

    En juin dernier, c’était c’était l’évêque auxiliaire de Hong-Kong, Joseph Ha Chi-shing, un frère franciscain, qui présidait les veillées de prière (voir photo) devant le bâtiment du Conseil législatif. Et le premier grand appel au retrait de la loi sur l’extradition en Chine – la mèche qui a mis le feu au poudre – portait en haut de la liste la signature du cardinal Jean Tong Hon, l’ancien évêque de Hong-Kong et actuel administrateur apostolique du diocèse dans l’attente que Rome nomme un successeur.

    Dans le diocèse de Hong-Kong, Rome n’est pas soumise aux mêmes contraintes qu’en Chine continentale où le choix de chaque nouvel évêque revient aux autorités de Pékin. Mais le retard pris par cette nomination est lui aussi une preuve de la crainte du Saint-Siège de contrarier son partenaire chinois.

    Avec pour résultat que, dans ce soulèvement, les catholiques de Hong-Kong – évêques, prêtres, religieux et fidèles – se retrouvent isolés et privés de tout soutien de la part de Rome.

    Et s’ils parlent, ils ne peuvent le faire qu’à titre personnel, comme a d’ailleurs dû le préciser l’évêque auxiliaire, Mgr Ha, au cours d’une interview qu’il a accordée il y a quelques jours à l’agence « Asia News » de l’Institut pontifical pour les missions étrangères :

    > Mons. Ha di Hong Kong: Vicini ai giovani, lavoriamo per la riconciliazione

    Mais le silence sur Hong-Kong n’est pas l’unique élément révélateur des rapports difficiles entre l’Église de Rome et la Chine.

    Pour se faire une idée plus globale de la tutelle écrasante exercée par les autorités chinoises sur les religions et surtout sur l’Église catholique, même après l’accord de l’an dernier, nous recommandons de lire le texte de l’allocution prononcée fin août par le directeur de « Asia News », le P. Bernardo Cervellera, au cours d’une conférence en Allemagne.

    Nous reproduisons cette allocation ci-dessous avec la permission de l’auteur. Cependant, l’appareil documentaire – les liens et les notes – très utiles se trouvent dans le texte original disponible sur « Asia News » en italien, en anglais et en espagnol, ainsi qu’en chinois :

    > La politica religiosa in Cina prima e dopo l’accordo sino-vaticano

    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso.

    *

    Lire la suite

  • Bioéthique : le rêve de Mgr d'Ornellas

    IMPRIMER

    On sait qu'en France l'heure est au débat sur les questions bioéthiques (PMA, GPA). L'évêque de Rennes a fait part de son rêve lors d'une conférence au Collège des Bernardins.

    Du site aleteia.org (Agnès Pinard Legry) :

    Bioéthique : l’intervention inspirée de Mgr d’Ornellas

    web2-ornellas-2-bioethique-kto.jpg
    Capture KTO
    Mgr Pierre d'Ornellas.
     
    16 septembre 2019

    Alors que l’Église de France organisait lundi soir une conférence au collège des Bernardins pour présenter ses positions sur les différentes questions de bioéthique ce lundi 16 septembre, Mgr Pierre d’Ornellas, archevêque de Rennes et responsable du groupe bioéthique au sein de la Conférence des évêques de France (CEF), a livré un message fort en adaptant le célèbre discours de Martin Luther King, « I have a dream ».

    C’est un discours puissant qu’a prononcé ce lundi 16 septembre Mgr Pierre d’Ornellas au collège des Bernardins. S’exprimant dans le cadre de la soirée organisée par la Conférence des évêques de France (CEF) pour présenter ses positions sur le projet de loi bioéthique, l’archevêque de Rennes a convoqué la figure de Martin Luther King, « prophète de la fraternité ». « Moi aussi j’ai un rêve qui se nourrit de la foi en Dieu », a-t-il affirmé en préambule de son intervention. Reprenant le célèbre discours du pasteur américain, Mgr d’Ornellas a confié quel était son rêve en matière de bioéthique pour la société.
    KTOTV @KTOTV


    Le "I have a dream" de Mgr d'Ornellas, archevêque de Rennes pour une "synonyme de gratitude"
    
</section>
<section class=

  • Pologne : nouvelle victoire conservatrice à l'horizon

    IMPRIMER

    De Nelly Didelot sur le site de Libération.fr :

    Une nouvelle victoire conservatrice se profile en Pologne

    Le parti Droit et justice (PiS) fait campagne sur ses mesures sociales et promet de doubler le salaire minimum, tout en stigmatisant la communauté LGBT. Les sondages laissent présager une large victoire, devant les libéraux et la gauche.

    L’écart est déjà considérable. A quatre semaines des élections législatives du 13 octobre, en Pologne, 22 points séparent dans les sondages le parti conservateur Droit et justice (PiS, 48 %) de ses opposants libéraux de la Coalition civique (KO, 26%). Au pouvoir depuis 2015, le PiS n’a jamais connu de chute de popularité. Ni sa réforme très controversée du droit à l’avortement, ni les atteintes portées à l’indépendance de la justice — qui ont amené l’Union européenne à déclencher en décembre 2017 l’article 7 du traité sur l’Union européenne (TUE) contre la Pologne ce qui pourrait priver le pays de son droit de vote au Conseil — ne l’ont affaibli sur la scène intérieure.

    Pour cette campagne, le parti s’appuie à nouveau sur la force qui a été la sienne depuis cinq ans : l’économie. Dans ce domaine, son bilan est excellent, bien qu’il soit en partie dû à des circonstances favorables et aux mesures mises en place par les libéraux avant 2015. Le chômage est au plus bas depuis la fin du communisme, les salaires ont augmenté, et la croissance a progressé en moyenne de 4 % chaque année depuis 2015. Le gouvernement a également déployé un ensemble d’aides sociales, visant le cœur de son électorat. Les retraités ont eu droit à un treizième mois, les familles au programme 500+ qui verse une aide mensuelle à partir de la naissance d’un deuxième enfant. «Ces mesures sont au service d’une vision conservatrice de la société, qui met en valeur la famille, analyse Frédéric Zalewski, maître de conférences à l’université Paris-Nanterre. Mais elles répondent aussi aux tensions sociales qui étaient particulièrement élevées en 2015, nourries par une crise des inégalités. Le PiS a su poser un diagnostic social juste et lui apporter une réponse qui correspond à ses positions idéologiques.»

    Doublement du salaire minimum

    Conscients de leur force, les nationalistes-conservateurs en ont remis une couche à l’approche des élections. Une exemption fiscale a été décrétée pour les moins de 26 ans et le programme 500+ a été étendu à toutes les familles. Dernièrement, le leader du PiS, Jaroslaw Kaczynski, a même promis de doubler le salaire minimum d’ici 2023 si son parti remportait à nouveau les législatives. Cela en ferait proportionnellement l’un des plus élevés parmi les pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), alors que la Pologne avait misé jusque-là sur une main-d’œuvre bon marché pour se développer. En face, les libéraux ont bien du mal à s’aligner, d’autant qu’ils prédisaient au PiS l’effondrement économique en cas d’application de son programme social.

    Lire la suite

  • Le cardinal nigérian Arinze et les migrations

    IMPRIMER

    Cela date du 4 août mais n'a rien perdu de son actualité :

    Un Cardinal nigérian exhorte les pays occidentaux à cesser d’encourager les Africains à quitter leur pays et immigrer en Europe (source)

    ROME – Le Cardinal nigérian Francis Arinze exhorte les Européens à cesser d’encourager les Africains à immigrer en Europe, insistant sur le fait que les gens sont mieux lotis dans leur pays d’origine.

    Dans une interview accordée au Catholic Herald la semaine dernière, le cardinal Arinze, 86 ans, autrefois considéré comme l’un des principaux candidats à la papauté, a déclaré que lorsque des pays africains perdent leurs jeunes à cause des migrations, ils perdent les personnes qui peuvent le mieux construire l’avenir de leur pays.

    « Ainsi, les pays d’Europe et d’Amérique peuvent parfois aider au mieux, non pas en encourageant les jeunes à venir en Europe comme s’ils considéraient l’Europe comme un paradis – un endroit où l’argent pousse sur les arbres – mais en épaulant les pays d’où ils viennent » a-t-il dit.

    « Il est préférable pour une personne de rester dans son propre pays et d’y travailler », dit-il, tout en reconnaissant que cela n’est pas toujours possible. Il a également déclaré que les chefs de gouvernement des pays africains où le taux d’émigration est élevé devraient examiner leur conscience pour déterminer pourquoi tant de personnes quittent ces pays.

    « Chaque gouvernement doit déterminer le nombre de personnes qu’il est capable d’accueillir », a dit le cardinal. « Ce n’est pas de la théorie. C’est du factuel », a dit M. Arinze. « Où est leur avenir : travail, vie familiale, culture, religion ? Pensez à tout ça. »

    « Ce sont donc toutes ces considérations que nous devons prendre en compte lorsque nous mentionnons le mot « migrant », a-t-il dit.