Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Politique - Page 371

  • RDC : Nouveau dimanche ensanglanté

    IMPRIMER

    kisan-690x450.jpgAprès le 31 décembre, le 21 janvier, le Comité laïc de coordination (CLC), un collectif catholique, avait appelé la population à marcher une fois de plus, pacifiquement, ce dimanche 25 février. Une marche où les manifestants étaient invités à se munir de leur bible, de leur croix ou de rameaux. Compte rendu d’Hubert Leclercq sur le site de « La Libre Afrique » :

    " Une fois de plus, les forces de l’ordre se sont déployées en nombre pour empêcher le bon déroulement de ces marches pacifiques.

    manif-1-690x450.jpgUne fois de plus, policiers, soldats, membres de la garde républicaine n’ont pas hésité à utiliser des gaz lacrymogènes et à tirer à balles réelles sur les manifestants.

    Une fois de plus, un dimanche de marche pacifique se termine par un bilan beaucoup trop sombre. Au moins deux morts (un à Kinshasa, à la paroisse de la commune de Lemba, un à Mbandaka), des dizaines de blessés par balles à travers tout le pays, de nombreuses arrestations (32 membres de la Lucha ont été arrêtés à Beni, dans l’est du pays, tandis qu’une dizaine de prêtres ont été arrêtés, certains demeuraient introuvables Congo hh-768x432.jpgdimanche soir).

    Une fois de plus, face à cette violence, les manifestants sont demeurés pacifiques et ont promis qu’ils ne feraient pas marche arrière.

    Une fois de plus, les autorités du pays n’ont pas hésité à faire couper le signal internet et le service des sms.

    Une fois de plus, pourtant, la communauté internationale, des Nations unies à l’Union européenne en passant par les ambassades qui comptent à Kinshasa, avaient mis en garde le pouvoir contre toute utilisation excessive de la force et contre toute atteinte au droit de manifester pacifiquement.

    Une fois de plus, le régime illégal du président hors mandat Joseph Kabila s’est moqué de ces mises en garde et a fait tirer sur le parvis même des églises.

    Milice privée kabiliste

    Samedi en fin de journée, le PPRD, le parti de Joseph Kabila avait envoyé un message clair sur sa détermination à provoquer les manifestants pacifiques. En milieu d’après-midi, une horde de jeunes a été déversée par des bus réquisitionnés aux abords de la cathédrale Notre-Dame du Congo. Les meneurs de ce mouvement arboraient fièrement le béret rouge, signe distinctif des “jeunes leaders” du PPRD, qui avaient annoncé plus tôt dans la semaine leur intention de s’inviter dans les églises. Les jeunes – la plupart des désœuvrés ramassés dans les quartiers de la capitale – entendaient passer la nuit dans la cathédrale “pour accueillir les fidèles dimanche matin”, selon un témoignage recueilli samedi en journée par LaLibreafrique. Quelques dizaines de minutes après la véritable prise d’assaut par ces jeunes, une vidéo créait le buzz sur internet.

    Lire aussi:
    RDC : vidéo des bérets rouges et débandade

    On y voyait un des leaders de cette milice haranguer ses troupes, leur promettant de l’argent pour leur présence dans les églises dimanche matin et, bien pire encore, les enjoignant d’“attraper les prêtres par la soutane pour les livrer à la police”. Face à cette situation, la tension montait encore d’un cran dans la capitale où certains groupes de jeunes de l’opposition se préparaient à en découdre avec cette milice. Finalement, suite à la diffusion massive de cette vidéo ou suite au non paiement des sommes promises aux membres de la milice, la plupart des “assaillants” de la cathédrale Notre-Dame ont déguerpi sans demander leurs restes. Ce dimanche, certains membres de cette milice étaient quand même présents dans l’église st-Raphaël de Kinshasa.

    Silence assourdissant

    Dimanche matin, de Kinshasa à Lubumbashi, de Goma à Mbandaka en passant par Matadi ou Kisangani, malgré les menaces, malgré les morts, malgré la présence de la police, des centaines de milliers de Congolais se sont rendus dans les églises pour prier et pour manifester. Des marches pacifiques pour défendre leurs droits à la démocratie, pour exiger du président hors mandat qu’il dise qu’il ne briguera pas un troisième mandat inconstitutionnel (le second s’est terminé en décembre 2016), pour que, notamment, les opposants emprisonnés soient libérés.

    Comme seule réponse, une fois encore, Joseph Kabila a fait donner la troupe et couper les réseaux internet. La communauté internationale devrait condamner ces agissements dans les prochaines heures mais sans autres menaces précises face à un régime de plus en plus radicalisé. La Cour pénale internationale, si prompte à sévir dans certains cas, va-t-elle encore rester sourde longtemps, sous peine de perdre le peu de crédit qu’il lui reste ? "

     

    Réf. RDC : Nouveau dimanche ensanglanté

    Dans un pays aussi mal organisé que le Congo, où la conscience « démocratique » est tout de même aussi assez limitée, l’Eglise a malgré tout réussi à mobiliser, semble-t-il, trois millions de manifestants ce dimanche. C’est beaucoup et peu à la fois pour une population estimée (il n’y a plus de statistiques fiables depuis plus d’un demi-siècle) à 80 millions d’habitants. La solution pour sortir du « poto-poto » ne peut venir que des acteurs les plus motivés de la nébuleuse internationale. Mais qui s’y intéresse encore vraiment à la question congolaise ?

    JPSC

  • La répression contre les chrétiens s'intensifie en Chine

    IMPRIMER

    Alors qu'au Vatican on semble s'obstiner à vouloir obtenir à tout prix un accord avec le gouvernement chinois, la répression contre les chrétiens s'intensifie en Chine, particulièrement dans la province de Henan : du site EDA des Missions Etrangères de Paris :

    La liberté religieuse à nouveau menacée dans la province de Henan

    Les chrétiens de la province de Henan, dans le centre-est de la Chine, craignent l’arrivée d’une nouvelle répression après avoir été interdits d’afficher les traditionnels distiques ou couplets (poèmes composés de deux vers), du nouvel an chinois, affichés devant les maisons chaque année.

    Les chrétiens de la province de Henan ont été interdits, cette année, d’afficher les traditionnels distiques (poésies formées de deux vers) à l’occasion du nouvel an chinois. Les autorités ont visité les villages et les villes de la province pour ordonner aux gens de ne pas continuer, cette année, cette pratique devenue traditionnelle durant le festival. Les catholiques locaux s’inquiètent d’une nouvelle répression de la liberté religieuse dans la province.

    Ces distiques, ou couplets, formés de caractères noirs et or sur papier rouge, sont affichés verticalement sur les portes des maisons, avec un parchemin composé de quatre caractères fixés au-dessus. Ces poèmes expriment la joie populaire durant le festival et l’espoir d’une vie meilleure durant l’année à venir.

    Le père Peter confie qu’il a vu des chefs de villages interdire les catholiques d’afficher ces couplets dans la ville de Xuliang, dans le comté de Bo’ai de la province de Henan. « Ils criaient dans la rue en diffusant des tracts à toutes les familles catholiques. J’ai demandé à l’un d’entre eux : ‘Quand l’article 36 de la constitution chinoise a-t-il été réécrit pour restreindre la liberté religieuse ?’ Il s’est contenté de continuer sans me répondre. » Le prêtre, qui officie dans la région, ajoute : « La situation est plus tendue cette année, ainsi que la situation des libertés religieuses. »

    « La situation est plus tendue cette année »

    Ses proches, qui travaillent pour les autorités municipales, lui ont dit que ces tracts ont été distribués dans plusieurs villes. Selon le père Peter, les quelques catholiques de la région sont éparpillés dans plusieurs communautés. Leur influence est donc assez faible et ils n’ont aucun moyen de s’opposer à cette interdiction : « Les croyants s’inquiètent aussi de devoir faire face à des représailles s’ils ignorent l’interdiction. » Le père John, du diocèse de Puyang, affirme que les catholiques de sa région n’ont reçu que des ordres de vive voix, et non des interdictions écrites.

    Thomas, un catholique de la province, précise qu’il s’agit d’une violation de la constitution qui protège la liberté religieuse. Il s’inquiète que la province de Henan doive à son tour, cette année, faire face à une répression religieuse, d’autres problèmes du même type ayant déjà eu lieu. Une source du diocèse de Luoyang explique que les petites assemblées, dans le cadre des rassemblements non enregistrés, sont interdites – en particulier concernant les Églises protestantes.

    Un prêtre, qui a demandé à rester anonyme, confie qu’une petite église du village de Gao Mao « a été sanctionnée par les autorités qui ont noté, en visitant le village, beaucoup de problèmes de sécurité ».Pour lui, il s’agit d’une excuse pour pouvoir agir, car l’église n’avait pas été enregistrée auprès du gouvernement pour des activités religieuses. Le prêtre explique que les autorités ont visité beaucoup de lieux avant le nouvel an chinois « en demandant aux prêtres de présenter leurs cartes d’immatriculation, faute de quoi ils ne pourront organiser aucune célébration à l’avenir ». Il pense que la province de Henan est la nouvelle cible du gouvernement, parce qu’elle abrite des protestants, des bouddhistes, des catholiques, des musulmans et des taoïstes.

    Le père John, du diocèse d’Anyang, dans la province de Henan, confirme qu’il a été demandé à son diocèse « qu'aucun catholique n’était autorisé », spécifiant que « les classes de mineurs, en particulier, étaient absolument interdites ». De plus, le Parti Communiste a interdit l’entrée dans les églises à tous les fonctionnaires, les enseignants et les étudiants. Le père John ajoute que les temples protestants de la province semblent être la cible principale, parce que le gouvernement craint un nombre croissant de baptêmes : « Indirectement, l’Église catholique est victime de cette répression. »

    (Ucanews, Hong-Kong)

  • Syrie : ces bombardements sur Damas dont les médias ne nous parlent pas

    IMPRIMER

    Du site de l'Aide à l'Eglise en Détresse (Belgique) :

    Syrie : L’enfer de Damas

    23/02/2018 Louvain – Selon un rapport que la Fondation Aide à l’Église en Détresse a reçu de l’organisation « Caritas Internationalis », la situation dans la capitale syrienne est dramatique. Les gens osent à peine quitter leur maison.

    Au cours des trois derniers jours, Damas et ses environs – y compris la Ghouta orientale, la partie contrôlée par les rebelles – ont subi une augmentation soudaine de la violence. Il est fait état de plus de 250 personnes tuées.

    Dans son rapport, Caritas déplore que l’opinion publique « néglige une partie de l’histoire syrienne », et souligne le fait « que la plupart des nouvelles se concentrent sur les frappes aériennes russes et syriennes contre la Ghouta orientale, la situation humanitaire sur place, les victimes et les besoins, mais relatent à peine la situation à l’intérieur de la ville de Damas, qui a été attaquée par des obus de mortier depuis le début de 2018 ».

    « Du 5 février jusqu’à aujourd’hui, plus de 200 obus de mortier ont frappé les quartiers de l’est de Damas, causant plus de 28 morts et 90 blessés », explique le rapport. « Ce sont surtout les quartiers de Bab Touma, Abbassyin, Kassaa, Koussour et Jaramana qui ont été touchés par ces obus de mortier depuis le 22 janvier ». C’est dans ces quartiers que se trouvent la zone chrétienne, la plupart des bureaux de Caritas et les couvents de la ville.

    Selon une autre source consultée par l’Aide à l’Église en Détresse, les attaques ont continué tout au long de la journée d’hier (mercredi) et ont été particulièrement violentes pendant la nuit, tandis que selon des sources non confirmées, an total 51 obus sont tombés sur le quartier de Bab Touma et d’autres parties de la ville antique de Damas. Le bilan est de plus de 42 personnes gravement blessées et douze morts. Toutefois, le nombre de morts semble être beaucoup plus élevé.

    Plusieurs obus sont tombés très près du couvent de Sœur Annie Demerjian, laquelle, dans une conversation téléphonique avec l’Aide à l’Église en Détresse, a confirmé qu’elle-même ainsi que les autres résidents du couvent avaient échappé de peu à la mort, parce que « grâce à Dieu, les obus n’avaient pas explosé », sinon elle-même et quelques étudiants « auraient été blessés ou tués ». Ce fut l’un des jours les plus meurtriers du conflit dans la capitale syrienne. La religieuse de la Congrégation de Jésus et de Marie donne cette description : « Hier, c’était l’enfer. Il y a eu tant de blessés… Les fenêtres tremblaient et les bombes pleuvaient dans le ciel ».

    Sœur Annie

    Sœur Annie, avec qui la Fondation Aide à l’Église en Détresse développe de nombreux projets de pastorale et d’aide d’urgence en Syrie, a décrit comment une autre sœur de sa congrégation, Sœur Manal, a dû courir dans les rues pour esquiver les bombes : « J’avais la sœur au téléphone pendant qu’elle courait. J’ai dit : « Ne raccroche pas, reste au téléphone ! Sœur Manal disait : On ne voit plus le ciel. Il est devenu noir ».  Finalement, Sœur Manal est revenue indemne au couvent. « Le Seigneur a été bon avec nous. Jusqu’à présent, aucune de nous n’a été blessée, mais beaucoup d’autres personnes ont souffert ».

    Dans son rapport, Caritas signale une autre attaque, le 8 février, dans laquelle « environ 70 obus de mortier ont frappé de nombreux quartiers de Damas, faisant plus de 30 blessés, cinq morts et d’énormes dommages matériels sur des appartements, des magasins et des voitures ».

    Le même bureau national de Caritas Syrie a été touché le 11 février lorsque « sept obus de mortier ont frappé le quartier de Janayen Al-Wared, à quelques mètres du bureau. Heureusement, notre bureau était fermé car c’était le week-end ». Cependant, les obus ont fait « beaucoup de blessés parmi les civils ».

    « Les gens de Damas sont très déprimés. Ils se sentaient optimistes au cours des derniers mois, et pensaient que la fin de la guerre était venue. Maintenant, c’est comme si tout avait recommencé à zéro. La plupart des familles qui vivent dans la partie orientale de la ville ne peuvent plus envoyer leurs enfants à l’école depuis les attaques du 22 janvier. Les rues principales et les places qui sont habituellement très encombrées pendant la journée sont maintenant presque vides. Chacun est très prudent dans ses mouvements ».

    La montée de la violence est liée à une vaste offensive lancée le 1er janvier 2018 par des groupes liés à Al-Qaida pour s’emparer d’une base militaire clé dans la partie orientale de la capitale Damas. Cette base, connue sous le nom de « The Vehicle Base », contient un grand nombre de soldats, ainsi que d’importants dépôts d’armes. Depuis lors, les forces gouvernementales tentent de reprendre le contrôle des zones contrôlées par les groupes rebelles. En conséquence, la population civile des deux camps souffre des combats continus entre les groupes rebelles armés et l’armée syrienne.

    Les autorités de médecine légale du gouvernement syrien ont rapporté au moins 35.000 victimes depuis 2011 par obus et tirs de tireurs embusqués.

    « S’il vous plaît, priez pour nous en Syrie, et aidez-nous à parler à voix haute de cette partie de l’histoire, qui est négligée, et qui affecte gravement nos vies et celles de nos proches » conclut le rapport.

    Sœur Annie demande aussi des prières pour son pays : « Nous devons continuer. La vie est plus forte que la mort. Nous ne savons pas combien de temps cette violence se poursuivra, mais elle ne peut pas durer éternellement. S’il vous plaît, priez pour nous. Pour nous, le chemin est la prière ».

    Le Père Andrzej Halemba, chef de projet pour la Syrie de la Fondation internationale « Aide à l’Église en Détresse » se joint avec force à cette pétition « en faveur des chrétiens syriens qui vivent en ce moment des moments extrêmement difficiles ». « Nous appelons également à la cessation des hostilités et des bombardements dans la ville de Damas, où vivent de nombreux chrétiens, ainsi que dans la Ghouta, où il y a aussi des centaines de civils. Dans ces deux endroits, les gens sont terrifiés jours et nuits par les attaques incessantes ».

    La Syrie est un pays prioritaire pour l’Aide à l’Église en Détresse, et l’année dernière, l’organisation caritative a réalisé plus de 140 projets là-bas, la plupart d’entre eux étant des projets d’aide d’urgence, notamment en matière de nourriture, de logement et de médicaments, mais elle soutient aussi les congrégations religieuses, le travail pastoral, fournit des honoraires de messe, et finance les réparations d’églises et de couvents détruits par la guerre.

    Par Maria Lozano

    Ensemble, avec vous, nous aidons ceux qui sont dans le besoin. Grâce à vous, l’Aide à l’Église en Détresse apporte un soutien aux fidèles partout où ils sont persécutés, opprimés ou en détresse, à travers des informations, des prières et des actions.

    Vous pouvez nous soutenir par :

    • un don pour un projet pastoral au numéro de compte :
      • Belgique : IBAN : BE25 1960 0933 4182 et BIC : CREGBEBB (Aide à l’Église en Détresse a.s.b.l. – sans attestation fiscale). En vertu de la loi Belge, les projets pastoraux ne sont pas admissibles à l’octroi d’une attestation fiscale.
      • Luxembourg : IBAN : LU66 1111 0261 9404 0000 et BIC : CCPLLULL

    Lire également : Caritas Syrie: les médias ne disent pas toute la vérité sur la réalité syrienne

  • Qu'est-ce qui nous fait progresser en humanité ? Les réponses d'un médecin devenu archevêque.

    IMPRIMER

    MGR AUPETIT : « QU’EST CE QUI NOUS FAIT PROGRESSER EN HUMANITÉ ? »

      

    Monseigneur Michel Aupetit, nouvel archevêque de Paris, a répondu aux questions du magazine La Vie à propos de bioéthique. Les états généraux de la bioéthique sont une occasion toute particulière pour l’Eglise : « même si c’était joué d’avance, cela ne nous empêcherait pas de parler » déclare-t-il, assurant plus loin : « Je ne suis jamais inquiet, parce que l’espérance est plus forte que le désespoir ». Faire entendre la voix de l’Eglise, « c’est un devoir de conscience, quitte à être à contretemps ». Le travail de mobilisation est également important : « C’est éclairer les consciences. La plupart des gens se disent ‘pourquoi pas, qu’est-ce que ça change ?’ Nous voulons qu’ils se disent : ‘oui, il y a un problème’ ». Il y a ici « un enjeu de civilisation, la nécessité d’ouvrir les cœurs à l’attention aux plus faibles. Or on revient peu à peu à la loi de la jungle, à cet homme en bonne santé, riche, bien portant, qui pourra se payer tout ce qu’il veut, faire du transhumanisme pour lui-même, mettre une puce dans sa tête, mais aux dépense de qui ? De la majorité des gens qui crèveront de faim ».

    Interrogé sur le « progressisme », Mgr Aupetit questionne : « Comment définir le progrès ? Est-il technique, humain ? (…) La technique doit toujours être évaluée par l’éthique ». « ‘Progressiste’ veut dire que l’on suit un progrès. Qu’est ce qui nous fait progresser en humanité ? C’est le regard que l’on pose sur les plus faibles. J’ai appris cela quand j’étais médecin et que des handicapés sont venus s’installer à côté de mon cabinet. Je les soignais. Ils m’ont appris bien plus sur l’humanité de l’homme que n’importe quel manuel ».

    Sur la fin de vie, il se dit « vigilant », alors que l’euthanasie est de nouveau débattue sans que la loi Claeys Leonetti n’ait été évaluée, ni les soins palliatifs généralisés. « Une personne très âgée, une personne handicapée, ce n’est pas rentable ! Mais ils nous apprennent l’humanité », rappelle-il. Face à des situations dramatiques présentées dans les médias, il répond : « On ne peut pas partir d’un cas pour écrire une loi générale. Qu’est-ce qui peut protéger l’ensemble des patients, leur assurer le meilleur des soins dans l’état actuel des connaissances scientifiques ou médicales ? Il faut raisonner à partir de cela ». Confronté lors de son exercice de la médecine à des situations de fin vie, il ne s’étonne pas que des proches puissent demander l’euthanasie pour la personne qu’ils accompagnent : « C’est insupportable de voir les gens que l’on aime souffrir en étant dans l’impuissance ». Mais si le proche « peut faire un geste qui soulage et qui exprime son affection », il n’y a « presque plus » de demandes d’euthanasie. « Etre dans l’impuissance, c’est insupportable. Donner la mort est une mauvaise réponse ».

    Lucide sur « les puissances financières qui mettent la main sur nous », mais aussi sur l’eugénisme en place qui « ne laisse pas naitre les enfants trisomiques », il invite à l’écologie, qui comprend aussi la « manière dont l’homme respecte sa propre nature » : « Son désir illimité épuise la planète. Son désir illimité par rapport à lui-même va détruire son humanité. Va-t-il accepter une limite à ses désirs ? La loi va-t-elle s’ordonner au désir individuel de chacun ? ».

    Sources: La Vie, Olivia Elkaim et Aymeric Christensen (20/02/2018)

  • Et si on laissait la vie nous surprendre ?

    IMPRIMER

    MARIANNE DURANO : « ET SI ON LAISSAIT LA VIE NOUS SURPRENDRE ? »

    Le coin des experts de genethique.org

    Dans le livre qu’elle vient de publier « Mon corps ne vous appartient pas »[1], Marianne Durano raconte « l’histoire d’une dépossession et le témoignage d’une reconquête », celle de la femme et de son corps. Elle revient pour Gènéthique sur l’expérience « à corps perdu » de ce livre.

    Gènéthique : Qu’est-ce qui vous a conduit à écrire ce livre ?

    Marianne Durano : Au départ, je voulais faire une thèse sur les biotechnologies, particulièrement les dernières innovations en matière de procréatique. Pendant mon master 2, je suis « tombée » enceinte de mon premier enfant, vivant, pour ainsi dire à vif, l'engendrement dont j'étudiais en même temps les manipulations techniques. Ma grossesse a été une double révélation. D'une part, je découvrais soudainement que j'avais un corps de femme, merveilleux, complexe... et parfois encombrant. D'autre part, simultanément, je vivais l'emprise médicale comme une dépossession : mon corps devenait l'objet d'une surveillance, comme s'il ne m'appartenait plus.

    Mon corps de mère était pesé, ausculté, réifié : les gynécologues à qui j'avais affaire n'y voyaient que des pathologies potentielles, quand ils ne se permettaient pas des remarques paternalistes. Au même moment, à l'université, parmi mes amis, j'avais l'impression d'être devenue un ovni (objet vivant non-identifié) : quelle idée d'avoir un enfant à 23 ans, alors qu'on n'a pas fini ses études ? Quelle indécence d'étaler ainsi son corps de femme enceinte dans les allées de la bibliothèque ? Mon corps, dont je réalisais le mystère, était considéré comme un phénomène gênant dans l'espace public, comme un mécanisme dangereux dans les cabinets médicaux. Comment en étions-nous arrivés là ? Pourquoi me sentais-je moi-même mal-à-l'aise dans ce corps sexué ? Pourquoi acceptais-je sans broncher les regards et les mains froides des médecins ? A partir de cette expérience de la grossesse, j'ai relu tout mon parcours de jeune femme moderne : la puberté, les premières relations sexuelles, la première contraception, les règles, les discours de prévention, les modèles de féminité qu'on nous propose. Partout la même logique technicienne, qui trouve son aboutissement dans la procréation artificielle, et son origine dans un corpus philosophique qui dévalue systématiquement la noblesse du corps féminin.

    G : Vous dénoncez une aliénation du corps de la femme à la technique qui fonctionne comme un miroir aux alouettes et, loin de la libérer, elle maintient la femme sous domination masculine. Comment cette domination, que vous déclinez de la contraception à l’avortement, de la PMA à la GPA, se joue-t-elle ?

    MD : Il y a bien des manières de répondre à cette question. Pour commencer, on propose aux femmes une émancipation qui passe par la mise sous contrôle de leur corps et de leur fécondité. On leur demande de s'adapter à des rythmes – sexuels, affectifs, professionnels – qui sont pensés par et pour les hommes. Ainsi la pilule permet-elle aux jeunes filles d'être disponibles sans restriction au désir masculin, sans que ces derniers aient à assumer aucune responsabilité dans la prise en charge de la contraception. Toutes les techniques de contrôle de la fécondité féminine permettent aux hommes, et à la société toute entière, de se désengager totalement sur cette question, laissant les femmes seules devant leur gynéco, leur plaquette de pilule, leur contraception d'urgence, leur test de grossesse. De même, la carrière-type – des études longues, une productivité maximale autour de la trentaine, le placard passé 45 ans – est absolument contradictoire avec l'horloge biologique des femmes : une grande fécondité avant 25 ans, de jeunes enfants entre 25 et 40 ans, la vie devant soi pour mener d'autres projets après la ménopause. Conséquence : les femmes s'infligent une contraception hormonale lorsqu'elles sont fécondes, au risque d'avoir plus tard des difficultés à concevoir un enfant naturellement. Or, plutôt que d'adapter notre société au corps féminin, on préfère plier ce dernier à coup de techniques toujours plus innovantes : congélations d'ovocytes, stimulations ovariennes, PMA, voire GPA. Selon le rapport d'activité du CNSE (Centre National des Soins à l’Étranger) pour l'année 2015, 50,2% des femmes ayant eu recours à une PMA à l'étranger avaient plus de quarante ans. Le nombre de femmes ayant leur premier enfant passé la quarantaine a ainsi triplé en 20 ans. Pas étonnant, dans ces conditions, qu'on réclame à grands cris la PMA pour toutes !

    Lire la suite

  • Le parlement israélien refuse de reconnaître le génocide arménien

    IMPRIMER

    Une dépêche de l'agence Fides :

    ASIE/ISRAEL - Rejet de la part du Parlement israélien de la proposition de loi reconnaissant le Génocide arménien

    Jérusalem (Agence Fides) – La Knesset a rejeté une proposition de loi présentée par Yair Lapid, député du parti centriste laïc Yesh Atid, qui aurait rendu officielle la reconnaissance de la part de l’Etat d’Israël du génocide arménien. Le vote préliminaire qui a interrompu la procédure parlementaire relative à la proposition en question a eu lieu le 14 février. Le Vice-ministre des Affaires étrangères israélien, Tzipi Hotovely, a affirmé qu’Israël ne prendre pas officiellement position sur la question du génocide arménien, « vu sa complexité et ses implications diplomatiques ».

    Le 26 avril 2015, le Président israélien, Reuven Rivlin, avait accueilli dans sa résidence présidentielle de Jérusalem, une commémoration visant à faire mémoire du centenaire de l’extermination planifiée des arméniens en Anatolie. Au cours de la cérémonie, le Président Rivlin avait indiqué que le peuple arménien avait été « la première victime des exterminations de masse modernes » tout en évitant de prononcer le mot génocide pour indiquer les massacres dans le cadre desquels moururent plus de 1,5 millions de personnes.

    Le Président américain, Donald J. Trump, avait, lui aussi, dédié, le 24 avril dernier, une déclaration officielle aux massacres planifiés subis dans la péninsule anatolienne par les arméniens en 1915, tout en évitant d’appliquer à ces massacres systématiques la qualification de génocide arménien, poursuivant la ligne de conduite de ces quatre derniers prédécesseurs notamment pour ne pas susciter de réactions négatives de la part de la Turquie. (GV) (Agence Fides 20/02/2018)

  • Les évêques du Congo dénoncent une campagne diffamatoire contre l'Eglise

    IMPRIMER

    Une dépêche de l'Agence Fides :

    AFRIQUE/RD CONGO - Déclaration de la Conférence épiscopale à propos de la campagne diffamatoire en cours contre l’Eglise durant la préparation du vote

    Kinshasa (Agence Fides) – « Nous dénonçons la campagne visant à discréditer et à diffamer l’Eglise catholique et sa hiérarchie » affirme la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) dans la déclaration publiée au terme de son Assemblée plénière extraordinaire tenue à Kinshasa du 15 au 17 février. Les Evêques de République démocratique du Congo se déclarent « profondément préoccupés par les faits très graves et les attitudes hostiles » alors que le pays se prépare aux élections présidentielles et législatives du 23 décembre prochain.

    Le document, parvenu à l’Agence Fides, dénonce « la répression sanglante » des manifestations pacifiques du 31 décembre 2017 et du 21 janvier 2018, promues par le Comité laïc de Coordination (CLC), organisation du laïcat catholique. « Pourquoi tant de morts, de blessés, d’arrestations, d’enlèvements, d’attaques contre des Paroisses et des communautés ecclésiastiques, d’humiliations, de tortures, d’intimidations, de profanations d’églises, d’interdictions de prier ? » se demandent les Evêques, qui rappellent que les manifestants demandaient pacifiquement l’application intégrale de l’Accord du 31 décembre 2016, obtenu grâce à la médiation de la CENCO et visant à porter le plus tôt possible le pays aux élections.

    « La communauté nationale et internationale est témoin d’une série de campagnes d’intoxication, de discrédit et de diffamation ayant pour but d’affaiblir la force morale de l’Eglise, et en particulier de S.Em. le Cardinal Laurent Monsengwo, Archevêque de Kinshasa, et de détourner l’attention de la population des véritables problèmes » affirme la déclaration.

    Les Evêques sont en outre préoccupés par l’extension des zones d’insécurité au sein de différentes provinces, « au Grand Kasaï, au Nord et au Sud Kivu, en Ituri, la présence d’assaillants qui sèment la mort et la désolation fait penser à la mise en œuvre d’un plan d’occupation et de balkanisation constamment dénoncé » écrivent les Evêques. « A ce stade du processus électoral, on est en droit de se demander à qui profite la déstabilisation du pays ».

    Les tensions se sont accrues suite à la non application complète des Accords du 31 décembre 2016, surtout en ce qui concerne la liberté de la presse, la libération des prisonniers politiques et le retour en RDC des opposants exilés à l’étranger, mais aussi à cause des polémiques concernant les machines permettant le vote électronique prévues par la Commission électorale indépendante (CENI). L’opposition, la société civile et certains partenaires internationaux de la RDC affirment que ces instruments, destinés à accélérer les opérations électorales, y compris le dépouillement, représentent plus un problème qu’une solution à cause de la crainte qu’elles puissent être utilisées pour truquer les résultats électoraux.

    La CENCO réaffirme l’urgence de voter en 2018 et demande l’application intégrale de l’Accord de la Saint Sylvestre, permettant la liberté d’expression et de manifestation, ainsi que la libération de ceux qui ont été arrêtés au cours des manifestations précédentes.

    « A dix mois du scrutin, nous faisons encore appel à la responsabilité des personnes et des institutions chargées de la préparation et de l’organisation des élections dans l’intérêt suprême de la Nation. Par l’intercession de la Très Sainte Vierge Marie, Notre-Dame du Congo et Reine de la Paix, que Dieu bénisse la République démocratique du Congo et son peuple » concluent les Evêques. (L.M.) (Agence Fides 20/02/2018)

  • L’avortement en recul dans plus de la moitié des pays d’Europe

    IMPRIMER

    L’AVORTEMENT EN NET RECUL DANS PLUSIEURS PAYS D’EUROPE

     

    L’avortement recule dans « plus de la moitié des pays d’Europe », selon Eurostat.

    En Slovaquie et en Estonie, il y a moitié moins d’avortements qu’il y a dix ans. Après un pic dans les années 2000, la baisse est observable aussi en Espagne et au Portugal où l’avortement a été dépénalisé en 2007. La France et le Royaume-Uni restent stables.

    En Suède et en Belgique, au contraire, on enregistre une légère hausse, tandis que la Pologne avec 1044 avortements en 2015 et le Luxembourg, 651 avortements en 2015, font face à une explosion de demandes ces dernières années[1].

    Le Luxembourg est le pays où le taux d’avortement par femme (12-55 ans) est le plus fort en Europe avec 0,37% d’avortement par femme en 2015, contre 0,12% en France et 0,001% en Pologne. 

  • La persécution des chrétiens dans le monde : commander le DVD

    IMPRIMER

    Commander le DVD "La persécution des Chrétiens dans le monde"

    Commander le DVD "La persécution des Chrétiens dans le monde"

     

    • Auteur : Raphaël Delpard
    • Editeur :
    • Année : 2018
    • Nombre de pages :
    • Prix : 10,00 €

    215 millions de femmes, d'hommes et d'enfants, dans 50 pays, sont persécutés en raison de leur foi.

    Imaginez si, sur les 508 millions d'habitants d'Europe, les Français, les Italiens, les Allemands et les Belges étaient chaque jour en bute aux pires maltraitances : bastonnade, lapidation, torture en tous genres, viols, emprisonnement, discrimination, assassinat. Sur simple dénonciation, pouvant à tout moment être accusés de blasphème. Et cela, dans le silence assourdissant des Etats, des Commissions des droits de l'homme de l'ONU, et de l'Union européenne.

    Prenez 90 minutes de votre temps, et venez découvrir l'ethnocide qui se déroule à un jet de pierre de notre conscience. Car, si rien n'est fait pour arrêter le flot destructeur, plus tard, que restera-t-il des chrétiens en dehors des lieux sanctuarisés ? Si un tel malheur arrivait, vous ne pourrez pas dire que vous en saviez pas.

    Raphaël Delpard

    1h30 - Couleurs

    Produit par : Tapis Franc productions - Portes ouvertes - Sas T&l et Metaction

    Le prix s'entend frais de port inclus

  • L'accès aux églises interdit aux mineurs chinois

    IMPRIMER

    D'Anne Dolhein sur Réinformation.TV :

    Les églises catholiques interdites aux mineurs en Chine depuis le 1er février

    églises catholiques interdites mineurs Chine février

    « Laissez venir à moi les petits enfants », dit le Christ. « Interdit aux mineurs », répond le pouvoir communiste en Chine où, depuis le 1er février, les parents ont été sommés de ne plus amener leurs enfants à l’église, sous peine de provoquer la fermeture des édifices religieux où l’on contreviendrait à cette règle. Dans certaines provinces, les autorités locales ont déjà demandé aux prêtres d’afficher des avis en ce sens sur les portes des églises. Telle est la « liberté religieuse » en Chine aujourd’hui, à l’heure où le Vatican compose avec le gouvernement pour passer l’Eglise clandestine, fidèle à Rome, sous le contrôle de l’Eglise nationaliste. 

    C’est en application des nouvelles réglementations des affaires religieuses décidées par le gouvernement de Xi Jinping, partisan du renforcement idéologique du marxisme-léninisme dans le Parti et dans l’éducation, que cette approche est adoptée dans de nombreux endroits en Chine. Un prêtre de la province de Hebei – qui a choisi de rester anonyme, et on comprend pourquoi – a ainsi expliqué à ucanews.com qu’en diverses localités de la région, les prêtres ont été invités à afficher l’interdiction aux mineurs sur l’ensemble des églises, lieux de prière et autres édifices religieux.

    La nouvelle réglementation met les églises sur le même pied que les clubs et les bars Internet ou l’entrée des mineurs est interdite.

    Depuis le 1er février, la surveillance des catholiques s’accroît en Chine

    Un catholique de Chine centrale, Peter, confirme avoir vu les écriteaux et se plaint de ce qu’ils instaurent des interdictions pour lesquelles il n’y a « aucune base légale » en Chine : la constitution ne stipule-t-elle pas que les citoyens ont droit à la liberté religieuse, tandis que les lois ont mis en place la protection des mineurs faces aux discriminations en raison de leurs croyances religieuses ? L’histoire montre pourtant que les garanties constitutionnelles affichées par les pouvoirs communistes à travers le monde n’ont guère de réalité concrète.

    Le même croyant, indigné de ce que la police détourne les yeux lorsque des mineurs entrent dans des bars internet mais semble vouloir appliquer très rigoureusement la surveillance des églises, invoque la Déclaration universelle des droits de l’homme et le droit qui y est reconnu aux parents d’élever leurs enfants conformément à leurs croyances religieuses. Encore une garantie très jolie sur le papier mais qui n’est guère prise au sérieux en dictature communiste…

    En fait, les catholiques de Chine aujourd’hui sont exposés à une sorte de loterie, attendant de savoir de quelle manière seront mises en œuvre les nouvelles règles en matière religieuse, beaucoup étant laissé à l’appréciation des fonctionnaires communistes de tout rang. Ainsi un prêtre désigné par son seul prénom, Thomas, a-t-il indiqué que tout dépendra des relations entre les églises et les gouvernements locaux. Pour sa part, il est en discussion avec l’administration étatique pour les affaires religieuses afin d’obtenir des garanties de liberté pour assurer la « survie » de l’Eglise, de telle sorte qu’elle puisse être, avec son « personnel », préservée des attaques, pour que « la foi de l’Eglise soit préservée ».

    Les églises catholiques interdites aux mineurs : c’est bien la transmission de la foi qui est visée

    Ces réglementations touchent l’Eglise patriotique de plus en plus soumise au contrôle du parti communiste central. « Tous les sites religieux doivent être enregistrés ; il est interdit de se livrer à des activités religieuses en dehors de ces lieux enregistrés ; les clercs non enregistrés sont interdits de célébration d’office religieux ; les membres du parti et des mineurs ont également interdiction d’entrer dans une église. L’espace de vie de l’Eglise ne cesse de se rétrécir », a commenté le prêtre.

    Un prêtre de l’église clandestine du nord est-de la Chine, le P. John, dont la communauté refuse quant à elle de s’enregistrer auprès du gouvernement, a été interpellé par les autorités à propos des nouvelles règles applicables : on lui a clairement signifié que le pouvoir ne veut plus voir les catholiques demeurer dans la clandestinité. « Ils perdraient notre trace et ne sauraient plus où nous sommes. Si notre foi ne se met pas en travers, tout ira bien. Si le bureau des affaires religieuses et celui de la sécurité publique nous entendent, ils ne s’inquiéteront pas. Si réellement nous nous livrons à des activités clandestines, nous constituerons un vrai problème pour eux. » La pression monte.

    Le pouvoir communiste en Chine veut marginaliser la pratique religieuse

    Et c’est ce que dénonce un prêtre dont il n’est pas précisé s’il est « patriotique » ou clandestin : « D’aucuns peuvent dire que si les relations entre l’Eglise et les fonctionnaires chargés de faire respecter la loi sont bonnes, l’Eglise peut être traitée de manière indulgente. Mais en disant cela ils ne font rien d’autre que de nous tromper. Alors que le gouvernement central exige une application stricte, les fonctionnaires locaux vont faire respecter les règles de manière encore plus stricte. »

  • Eclipse de Dieu, éclipse de l'homme

    IMPRIMER

    Dans le cadre des conférences qu’ils organisent à l’Université de Liège, l’Union des étudiants catholiques liégeois et le groupe de réflexion sur l’éthique sociale avaient invité, voici quelque temps, le philosophe Rémi Brague, professeur ordinaire à l’Université de Paris I Panthéon-Sorbonne et à la Ludwig-Maximilian Universität de Munich. Membre de l’Institut, celui-ci a reçu le Prix 2012 de la Fondation Ratzinger-Benoît XVI. Voici une synthèse de son exposé, dont la transcription intégrale est disponible sur simple demande en s’adressant à notre rédaction.

    Mantegna.jpeg

    Mort de Dieu, mort de l’homme

    Le titre de cette conférence est une métaphore empruntée à l’œuvre du philosophe juif Martin Buber (Vienne 1878-Jérusalem 1965) illustrant  le thème de la « mort » de Dieu que l’on rencontre aussi chez Max Weber (Le désenchantement du monde, 1917) et, bien sûr, Friedrich Nietzche (le Gai Savoir, 1882) : plus que de triomphe, c’est un cri d’inquiétude auquel répond celui de la mort de l’homme que l’on trouve chez Léon Bloy, Nicolas Berdiaev ou André Malraux: avec la disparition du prototype, la copie doit aussi s'effacer. L'argument a été repris et rendu célèbre par Michel Foucauld (Les mots et les choses, 1966) ramenant toutefois cette idée à une simple "mort de papier", une incohérence rationnelle plutôt  que la mort de l'homme concret. La thèse de Rémi Brague est moins innocente: selon lui, la disparition de Dieu à l’horizon de l’humanité pourrait entraîner celle de l’humanité elle-même, sinon physique en tout cas ontologique: la disparition de ce qui fait l’humanité de l’homme.

    Echec de l’athéisme ?

    Pour Rémi Brague, l’athéisme est un échec. Sa faveur croissante dans l’opinion publique n’est pas une objection relevante. Pour un philosophe, la quantité de gens qui défendent une opinion déterminée n’est pas un argument en soi : ni pour, ni contre. Mais d'autres succès spectaculaires sont à mettre à son crédit:

    Au niveau théorique d’abord, la science moderne de la nature n’a plus besoin d’une religion « bouche-trou » lorsqu’on cherche une explication du monde. Mais, on peut ici se demander si une religion a vraiment jamais prétendu expliquer comment le monde fonctionne. Quoi qu’il en soit, le Dieu horloger de Voltaire a vécu. Cette victoire théorique se complète d’une victoire dans la pratique politique, laquelle montre que les sociétés d’aujourd’hui peuvent s’organiser sans avoir besoin d’un principe supra humain de légitimité. Reste que toutes les religions ne cherchent pas à réglementer la société : on oublie trop à cet égard que le christianisme n’édicte pas de règles de conduite fondamentalement distinctes de celles que la raison naturelle a ou pourrait trouver par ses propres forces.  De fait, le Décalogue qui est ce qu’il a retenu de la Torah des juifs n’est jamais que le « kit » de survie de l’humanité : un minimum.

    Quoi qu’il en soit, les deux « victoires » de l’athéisme sont énormes dans l’histoire de l’humanité. Mais elles appellent tout de même deux observations :

    D’une part, l’athéisme n’est pas nécessairement l’affirmation militante de convictions agressives. Ce peut être d’abord un principe de méthode : une mise entre parenthèses du divin. C’est pourquoi on a inventé des termes comme « agnosticisme », « sécularisme » ou « humanisme » (un parti politique belge d’origine chrétienne a même adopté ce qualificatif). D’autre part, cet agnosticisme lui-même ne concerne pas que les questions religieuses : le positivisme philosophique se contente de connaissances « positives » sur le monde, sans chercher les causes dernières des phénomènes qu’il appréhende.

    Est-il légitime que l’homme existe ?

    Malgré tout cela, l’athéisme contient un défaut mortel, même sous sa forme atténuée de l’ agnosticisme. Il y a, en effet, une question sur laquelle l’athéisme n’a rien à dire dès lors que la racine de l’homme serait l’homme lui-même : s’il n’existe aucune instance supérieure à l’homme, comment celui-ci pourrait-il affirmer sa propre valeur?  Si c’est l’homme lui-même qui se juge, comme dirait Chesterton, c’est le signe du fou, dont l’histoire politique nous montre maints exemples.

    Au tournant des XVIIIe-XIXe siècles, Fichte, radicalisant la philosophie de Kant, croit avoir trouvé la solution : le divin est donné dans la loi morale qui est présente en nous et dont nous aurions tous conscience. Donc, il n’y a pas besoin de foi en Dieu mais, en revanche, il y a quelqu’un en qui nous avons besoin de croire : c’est l’homme.

    Croire en l’homme, malgré ce théâtre de grand guignol que représente l’histoire ? Nous avons eu, au XXe siècle, deux régimes explicitement athées : l’un anti-chrétien parce qu’anti-juif, l’autre anti-juif parce qu’anti-chrétien. « J’ai honte d’être un être humain » disait alors la philosophe allemande d’origine juive Hanna Arendt. Et aujourd’hui la question de la légitimité de l’être humain se fait encore plus concrète parce que nous avons, à grande échelle, les possibilités techniques d’en finir avec l’humanité. Or, comme disait Leibniz, les possibles ont une tendance à exister.  

    Mais, à supposer même que l’athéisme ne tue personne, est-il capable de donner des raisons de vivre ? L’homme n’est peut-être pas le gentil du film hollywoodien, c’est peut-être le méchant ou, comme disait le philosophe angliciste allemand Hartsman, la « sale bête » universellement prédatrice, universellement envahissante ne se contentant pas de sa niche écologique mais faisant irruption partout : si l’homme disparaissait, alors tout de même la nature serait libre.

    Que faire avec ce genre d’argument ?  Une réponse serait de dire qu’il y a un instinct de survie et que l’homme peut bien continuer à exister sans s’occuper de sa propre légitimité. Mais alors, le seul animal qui se pose la question des raisons de ce qu’il fait renoncerait à la raison à propos d’un problème qui met en jeu son existence.

    Cette impasse rationnelle n’appelle qu’une issue raisonnable : c’est de trouver un point de référence extérieur qui puisse dire qu’il est bon qu’il existe des hommes, un levier d’Archimède qui soit en droit de dire, justement parce qu’il n’est pas homme, que celui-ci, malgré tout, doit être sauvegardé et, conclut Rémi Brague, pour nommer ce point de référence extérieur, si vous trouvez un meilleur terme que Dieu, vous me faites signe.

    Dans son célèbre « Drame de l’humanisme athée » publié à la fin de la seconde guerre mondiale, le Père Henri de Lubac estimait que si l’on peut construire une société sans Dieu, elle serait inhumaine. Moins optimiste, Rémi Brague ajoute qu’une telle société serait séculaire au sens propre du terme, c’est-à-dire que raisonnablement, elle ne pourrait donner que la vie d’un individu humain en sa longévité maximale.

    JPSC

  • France : pourquoi un « concordat » avec l'islam est impossible

    IMPRIMER

    Pour réformer l’islam de France, Emmanuel Macron veut s’inspirer du régime napoléonien qui prévaut en Alsace-Moselle. Baroque. Un article de Henrik Lindel et Pascale Tournier sur le site de « La Vie » :

    concordat Pie VII.jpg

    « Chirac, Sarkozy, Hollande… Tous les présidents ont voulu réorganiser l’islam de France. Et tous ont échoué. Créé en 2003 par Nicolas Sarkozy, le Conseil français du culte musulman (CFCM), dont les membres du bureau doivent être réélus en 2019, est un échec cuisant. Miné par les divisions internes, affaibli par son absence de représentativité, placé sous l'influence politique et économique des pays étrangers, le CFCM fait figure de repoussoir… Emmanuel Macron peut-il déjouer la malédiction ? 

    Dans le Journal du Dimanche du 11 février, le chef de l'État a une nouvelle fois assuré qu'il réfléchissait à ce dossier brûlant. Voulant « poser les jalons de toute l'organisation de l'islam de France » durant ce premier semestre 2018, il considère qu'il faut « s'inspirer fortement de notre histoire, de l'histoire des catholiques et de celle des protestants ». Le but étant d'améliorer la relation entre l’État et l’islam pour mieux combattre l’islam radical. Encore faut-il inventer une structure représentative qui tienne la route.

    Un « nouveau concordat »...

    Pour sortir de l’impasse, Emmanuel Macron envisage un « nouveau concordat ». Une idée qui a largement de quoi surprendre. D'abord parce qu'au sens strict, le terme renvoie à un régime spécifique, uniquement en vigueur en Alsace et en Moselle. Il y reconnaît et y organise actuellement les cultes catholique, luthérien, réforme et israélite. Les évêques de Metz et Strasbourg sont nommés par décret du président de la République après accord du Saint-Siège, les grands rabbins et les pasteurs sont nommés par le Premier ministre et ils ont un statut de fonctionnaires. Ce régime permet de salarier les ministres des cultes. L’État a ainsi une possibilité d'exiger une sorte de contrepartie des cultes ainsi reconnus. L'islam, lui, a seulement un statut d'association de droit local alsacien-mosellan, qui lui permet quand même de bénéficier de fonds publics, par exemple pour construire des mosquées, ce qui est impossible dans le reste de la France.

    On pourrait sans doute étendre ce statut privilégié à l'islam en Alsace et Moselle (si on trouve une organisation musulmane représentative), mais on voit mal comment imposer un concordat à nouveau à l'échelle de la France. Et le faire seulement pour l'islam. Il semble en effet difficile d'imaginer que les imams de France soient salariés par une république qui, selon la loi de 1905… ne reconnaît aucun culte.

    Lire la suite