Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Politique - Page 372

  • La Marche pour la Vie, une initiative et une organisation de jeunes qui réunit toujours plus de jeunes

    IMPRIMER

    D'Antoine Pasquier sur le site de l'hebdomadaire Famille Chrétienne :

    En Belgique, « La Marche pour la vie étonne parce qu’elle est jeune »

    MFL

    Marche pour la vie en Belgique ©DR

    En Belgique, la prochaine Marche pour la vie se déroulera le 22 avril à Bruxelles. L’événement aura pour mot d’ordre « Sont-ils voués à disparaître ? » et alertera sur le développement progressif de l’eugénisme. Entretien avec sa porte-parole, Constance du Bus.

    La prochaine Marche pour la vie se déroule le 22 avril en Belgique. Cette édition 2018 porte-t-elle sur un thème en particulier ? Quel est son mot d’ordre ?

    Cette année, nous tirons la sonnette d’alarme de l’eugénisme qui s’installe progressivement dans notre société. « Sont-ils voués à disparaître ? ». C’est ainsi que s’intitule l’affiche de l’édition 2018, illustrée par les visages de personnes menacées par l’avortement (comme les enfants à naître chez qui est détecté un handicap) et par l’euthanasie (comme les personnes âgées, ou celles en grande souffrance physique ou psychologique). Le message souligne aussi le paradoxe qu’il peut y avoir à vouloir sauver les espèces animales en voie de disparition quand des catégories entières de l’espèce humaine sont éliminées par toutes ces pratiques portant atteinte à la vie humaine. On pense bien sûr aux questions soulevées dans l’actualité de cette année, par rapport à l’utilisation du nouveau dépistage prénatal non invasif (DPNI), promu pour dépister plus systématiquement certains handicaps et ouvrant la porte à encore davantage d’avortements. On pense aussi aux débats sur l’euthanasie pour « fatigue de vie » ou « vie accomplie », soi-disant souhaitée par 7 Belges sur 10 selon certaines enquêtes. La situation est très grave : notre société s’embarque dans un tri sélectif des êtres humains en fonction de leurs caractéristiques génétiques ou de leurs circonstances de vie. Le problème est que cela passe sous le vocable de liberté, de disposition de son corps ou de sa vie… Alors que c’est un signe de détresse profonde. Il faut réagir en tant que citoyen, par solidarité, devant tant de dévalorisation de l’humain.

    Lire la suite

  • Les USA et leurs alliés cherchent-il à plonger le monde dans la guerre ?

    IMPRIMER

    De Patrick Garro sur le site de l'Homme Nouveau :

    Les Etats-Unis et leurs alliés cherchent-ils à plonger le monde dans la guerre ?

    Les Etats-Unis et leurs alliés cherchent-ils à plonger le monde dans la guerre ?

    Dans les prises de paroles concernant les présumées attaques du régime Syrien contre sa population, à l'aide d'armes chimiques, il est difficile de comprendre les véritables objectifs poursuivis par les États-Unis et leurs alliés. Les mots se font chaque jour plus menaçants, la tension s'accroît... Sous le nom de Patrick Garro, l'auteur, avocat au Barreau de Paris, livre son analyse à l'Homme Nouveau.

    M. Vassili Nebenzia, ambassadeur russe à l’ONU, s’y est récemment adressé aux diplomates étasuniens, avec une rare liberté, pour leur dire : « Partout où vous allez, tout ce que vous touchez ; vous ne laissez que le chaos derrière vous ». Partout, en effet, la politique militaire américaine, depuis la 2e guerre mondiale, ne conduit qu'à des ruines. Et il y aurait long à écrire au sujet des ruines morales qu’a partout propagées la sous-culture qui l’accompagne ou la fonde, et qui s’est répandue « pacifiquement » à travers le monde depuis 70 ans. Qui peut raisonnablement le nier ?

    Quel « chaos » prépare-t-on dès lors aujourd'hui en Syrie, après ceux d’Afghanistan, d'Irak [environ 200 000 morts civils depuis 2003, selon l’Irak Body Count], de Libye ? Qui peut encore se laisser convaincre par les « bonnes intentions » déjà invoquées hier par le gouvernement Bush, et invoquées toujours aujourd’hui par l'ambassadeur américain à l’ONU, Mme Nikki Haley, qui nous parle de « protéger le peuple syrien » pour justifier les présents projets de guerre et masquer le fanatisme économico-militaire qui les anime ? Que manque-t-il encore aux gens pour ouvrir les yeux, en particulier sur le fait que toutes ces opérations destructrices ont toujours été justifiées par l’hypocrisie et le mensonge ? L'affaire irakienne et l’affaire libyenne sont-elles déjà effacées des mémoires ? Comment expliquer la démission intellectuelle et morale de tant de journalistes, en particulier, devant des manœuvres et des manipulations qui devraient pourtant susciter leur indignation, à tout le moins leur méfiance ? Même leur sensibilité prétendument de gauche ne leur sert plus d’aiguillon.

    La Russie est coupable dans l'affaire Skripal ; peu importe qu'aucune preuve de son implication n'ait été apportée. Elle doit être coupable, car cela est utile à la politique américaine, et que celle-ci l’exige parce qu’en définitive il lui est insupportable qu’un monde libre puisse subsister hors de son joug économique. Le président Poutine l’a exactement analysé depuis longtemps en faisant état de la volonté des états-Unis de contrôler un monde monopolaire. La Russie est coupable dans l'affaire de l'attaque chimique de la Ghouta ; peu importe que la presse, ce matin encore, fasse état « d'attaque chimique présumée en Syrie » (Europe 1, Paris-Match, France Bleue, etc.), ou que les politiciens assortissent cette attaque d’un conditionnel ou en soulignent les incertitudes, de M. Mélenchon à M. Dupont-Aignan. Peu importent les sources d’information de ceux qu’il est convenu d’appeler, pour radicaliser l’affrontement de deux camps, les « occidentaux » ; peu importe aussi, dit en passant, que Daech utilise des armes chimiques sur le terrain, ainsi qu’en témoignait récemment encore M. Régis Le Sommier, journaliste remarquable de Paris-Match ; peu importe que les russes avancent que des instructeurs américains ont formé, en Syrie, des groupes islamistes à l’usage d’armes chimiques dans la Ghouta orientale pour en attribuer l’utilisation à l’armée syrienne.

    Lire la suite

  • L'Etat islamique est bien vivant en Asie

    IMPRIMER

    D'Infochretienne.com :

    Ce que vous devez savoir sur l’émergence de l’État islamique en Asie

    Lorsque les militants de l’État islamique ont dévoilé leur projet de califat en 2014, il se sont d’abord emparés de territoires en Irak et en Syrie. Mais, ces 2 dernières années, des militants faisant allégeance au groupe ont mené des attaques en Afghanistan, au Bangladesh, en Indonésie, en Malaisie et aux Philippines. Le groupe a également des sympathisants en Inde et au Pakistan.

    Selon World Watch Monitor, les défaites en Irak et en Syrie ont fait perdre du territoire à l’État islamique, et ont poussé les dirigeants du groupe islamiste à encourager les actions de « loups solitaires », notamment en Europe, et à coordonner des actions fortes en Asie, comme à Marawi l’an passé. L’intérêt de l’État islamique pour certains pays asiatiques, serait dû à la présence importante d’une forme d’islam de plus en plus radicalisée, véritable vivier de recrues potentielles.

    Aux Philippines, l’île de Mindanao par exemple a longtemps été le théâtre d’insurrections séparatistes islamistes, attirant des combattants de Malaisie et d’Indonésie. L’instabilité de ces zones, le trafic d’armes endémique dans ces régions, la jungle et les frontières maritimes poreuses de ces pays constituent un terreau fertile pour l’idéologie conquérante de Daech. Des centaines de militants recrutés en Malaisie et Indonésie auraient d’ailleurs rejoint les rangs de Daech en Irak et en Syrie.

    Cette radicalisation de l’islam dans ces pays asiatiques s’accompagne d’une intolérance croissante à l’égard des chrétiens. C’est ainsi que le gouverneur indonésien chrétien Ahok avait été condamné pour blasphème en mai dernier, suscitant l’indignation des défenseurs des libertés à travers le monde. Le sort d’Alvaro et d’autres enfants lors d’un attentat devant une église en novembre 2016, avait ému l’opinion et révélé ces violences. En juin 2017, l’effroyable prise de Marawi désormais libre, et le déchaînement de violence qui y fut associé, avaient provoqué la stupeur. On se souvient de ce célèbre écrivain musulman qui avait alors empêché la décapitation de 64 chrétiens en les cachant dans sa maison.

  • Quelle attitude adopter face aux musulmans en Europe ? Les réponses de l'islamologue égyptien Samir Khalil Samir, jésuite

    IMPRIMER

    De Jeanne Smits sur Réinformation.TV :

    Entretien exclusif avec le père Samir Khalil Samir, islamologue égyptien, sur l’attitude à adopter face aux musulmans en Europe

    L’islam n’est pas une religion de paix et la charia est incompatible avec l’Occident : voilà, en somme, ce que met en évidence un entretien réalisé par Olivier Bault avec le P. Samir Khalil Samir, islamologue égyptien, et il est important que cela soit dit. C’est sa grande connaissance du monde musulman, de ses croyances et de ses lois qui donne tout son intérêt à ce grand entretien qui souligne en outre les défaillances actuelles en Europe par rapport au devoir d’évangélisation des musulmans de plus en plus nombreux sur son sol.

    Comme chez beaucoup de chrétiens d’Orient – et il l’est quoique jésuite – on constate cependant une admiration sans réserves du système des « droits de l’homme » né de la Révolution française, avec son corollaire, la laïcité – fût-elle « apaisée » qui serait la garante d’une coexistence pacifique de l’islam avec les autres religions présentes en Europe. Toutes soumises, en quelque sorte, au « système étatique ».

    L’histoire de la France a pourtant montré que les droits de l’homme et la laïcité se sont construits envers et contre le christianisme ; la fille aînée de l’Eglise s’est dénaturée en les mettant en œuvre de cette manière pour aboutir au consensus mortifère qui a cours aujourd’hui : « Non à une loi morale qui primerait sur la loi civile. » L’expression – en substance – était de Jacques Chirac, mais elle est très largement assumée par l’ensemble de la classe politique française, ouvrant non seulement la voie à toutes les aberrations de la culture de mort mais privant de ses fondements et de ses fondations toute réaction contre l’islam puisqu’elle relativise les notions de bien et de mal.

    Il est tout naturel, si on pousse le raisonnement à bout en sacralisant les « droits de l’homme », de vouloir dès lors « restructurer » l’islam, comme semble le souhaiter le P. Samir, pour le rendre compatible avec la République, et plus encore avec le relativisme mondialisé. L’objectif n’est pas exempt de dangers, surtout pour les droits des chrétiens et ceux de la vérité.

    Mais c’est une discussion bien difficile à mener avec les chrétiens d’Orient, notamment, formés à l’admiration de l’Occident – y compris dans ses dérives idéologiques – et soucieux dans la pratique de conserver ou d’obtenir un maximum de libertés concrètes, quel que soit leur soubassement conceptuel.

    Il est certainement plus efficace, comme le suggère d’ailleurs le P. Samir, de multiplier les initiatives pour faire découvrir la vérité du Christ aux musulmans présents en Europe.

    Jeanne Smits

    Quelles sont les conditions d’une cohabitation pacifique avec les musulmans en Europe ? Quelles sont les erreurs commises aujourd’hui par les nations européennes ? L’attitude de l’Église et du pape François vis-à-vis de l’islam et des musulmans est-elle judicieuse ? Assiste-t-on à un phénomène de conversion au christianisme des musulmans ? Dans un entretien exclusif pour Réinformation.TV, le père jésuite Samir Khalil Samir, Copte catholique égyptien, islamologue, orientaliste et théologien reconnu, auteur de nombreux ouvrages et articles, professeur ayant enseigné dans plusieurs universités dont l’université Saint-Joseph de Beyrouth, l’Institut pontifical oriental de Rome et le Centre Sèvres de Paris, apporte des réponses détaillées à toutes ces questions.

    Lire la suite

  • Catholiques, n'ayez plus peur !

    IMPRIMER

    De Jean-Pierre Denis, directeur de l’hebdomadaire « La Vie » :

    brigitte-et-emmanuel-macron-discussion-au-college-des-bernardins.jpg« Aux hargneux, aux anxieux et aux pointilleux du laïcisme, donnons raison sur un point : le discours qu’Emmanuel Macron a prononcé lundi soir au Collège des ­Bernardins à l’invitation de la Conférence des évêques de France fera date. Il décrispe les relations entre l’Église catholique et l’État et il déplace l’axe de la laïcité. Après les désillusions de la présidence bling-bling et les tensions de la présidence sociétale, les Bernardins ouvrent l’ère de la considération. À bon droit, les responsables catholiques affichaient, en fin de soirée, une mine réjouie. Ils ont réussi leur opération de communication, peut-être mieux qu’ils ne l’auraient cru. On passe de la fausse ignorance à la reconnaissance distante.

    Le discours d'Emmanuel Macron au Collège des Bernardins

    Fausse ignorance, car la République n’a jamais pu complètement nier le christianisme. La loi de 1905 ne « reconnaît » aucun culte, selon son célèbre article 2, mais elle monte à l’échelle pour régler la sonnerie des cloches. Aumôneries de prison, enseignement sous contrat, jours fériés… les liens sont variés. Et cependant la reconnaissance selon Macron reste distante. Sous les voûtes médiévales, on n’a d’ailleurs noté aucun geste concret. Ni sur les migrants, où le Président se tient droit dans ses bottes. Ni sur la bioéthique, où sa majorité sinue avec une trouble habileté. Ni sur les inégalités, ni… On l’aura compris : la causerie n’engage que ceux qui sont sensibles à la flatterie. Et après tout, c’est bien normal, car dans un État laïque, le Président reste légitimement libre. Au moins peut-on se parler, ce qui est un progrès ou bien un retour à la raison.

    Le Président invite les catholiques à redevenir eux-mêmes, assumant une histoire exemplaire et un présent contributif. Rarement, on leur a si clairement signifié que la France a besoin d’eux, y compris en politique. Cela fait un bien fou. Vous me direz qu’ils n’ont pas attendu la permission de Jupiter pour s’épanouir. Parfois pourtant, s’excusant de s’excuser, ils semblent raser les murs et porter fardeau. Ou alors ils tombent par réaction dans l’excès inverse, entre vice identitaire et délire de persécution. Si la rencontre des Bernardins marque rupture, c’est bien pour cela, comme une sortie de ce faux dilemme. Le cœur du discours tient dans une expression que Macron s’est retenu de prononcer, et que l’on entend pourtant : « N’ayez pas peur ! » Il fait écho au « France, qu’as-tu fait des promesses de ton baptême ? » lancé en 1980 par Jean Paul II, et qui fut d’ailleurs diversement apprécié.

    La contradiction ou la contrainte de Macron est de dénoncer le relativisme, mais de s’y inscrire au nom des « évolutions de la société », ce concept mou. 

    Macron convoque le syndicalisme chrétien, les Justes, le père Hamel… Son discours fourmille d’évocations exaltantes et de références pertinentes à la réalité du terrain. En parole et presque sans omission, il adresse le salut de la Nation aux curés et aux religieuses, aux contemplatifs et aux caritatifs, aux penseurs d’hier, aux écrivains d’aujourd’hui, à Benoît et à François… Tout l’enjeu sera de réduire l’écart entre mots et action. Le Président des Bernardins n’est-il point ce chef d’État qui dînait la veille encore au Louvre avec le prince saoudien pour lui vendre des armes dont il fera si bon usage ? Qui aura entendu des allocutions comparables, par exemple à l’occasion des 500 ans de la Réforme, ne pourra qu’en saluer cette fois encore l’ambition spirituelle, littéraire, intellectuelle. Tout le monde critique l’aplatissement du discours politique.

    Reconnaissons ici la hauteur de vue. Mais ensuite ? Peut-on convoquer le personnalisme sans en tirer les conséquences quant aux maux de l’individualisme ? La contradiction ou la contrainte de Macron est de dénoncer le relativisme, mais de s’y inscrire au nom des « évolutions de la société », ce concept mou. Le Président a compris que la France avait besoin de retrouver un corps et une âme, mais sa politique ne s’accorde pas toujours. Jusqu’où ce grand écart est-il tenable ? C’est aussi cette question qui reste, à tête reposée, après le moment inspiré des Bernardins. »

    Ref. Catholiques, n'ayez plus peur ! 

    Une chose est d’inviter, par un discours bienveillant,  l’Eglise catholique à apporter, sans complexe, sa contribution à la vie en société, une autre de la reconnaître sur le plan légal comme un acteur à part entière de la vie publique, auquel l’Etat accorde son aide et sa coopération.

    L’article 1er de la constitution française de 1958 proclame que la France est un Etat laïc, sans définir ce qu’il entend par là.

    Rien n’est simple. Ainsi, le concept de laïcité n’est pas forcément synonyme de séparation des Eglises et de l’Etat. De ce point de vue même, la célèbre loi de 1905 expulsant l’Eglise de la sphère publique française n’a pas empêché la République d’entretenir des liens avec elle : loi sur les édifices publics mis à la disposition du culte (1907), rétablissement des relations diplomatiques avec le Saint-Siège (1921), applicabilité du concordat de 1801 en Alsace-Moselle (1925), loi Debré sur les rapports entre l’Etat et les établissements scolaires privés (1959), accord avec le Saint-Siège sur la reconnaissance des diplômes délivrés par l’enseignement supérieur catholique (2008) etc.

    Ajoutant à la perplexité de l’observateur étranger, le Président Nicolas Sarkozy, lors de sa réception paradoxale (pour le Chef d’un Etat séparé de l’Eglise) comme chanoine honoraire de l’archi-basilique du Latran à Rome (2007), a appelé de ses vœux l’avènement d’une laïcité positive reconnaissant que les religions constituent un atout sociétal et aujourd’hui (2018) le Président Macron lui emboîte allégrement le pas dans son discours au Collège des Bernardins.

    Faut-il aller plus loin ?

    En Belgique, l’Etat n’est pas laïc en ce sens qu’il serait porteur de valeurs publiques transcendant les religions privées, ni obligatoirement agnostique devant le phénomène religieux. Parler de séparation des cultes et de l’Etat serait inapproprié, si l’on entend par là que ceux-ci n’ont rien à voir ensemble. Les dispositions constitutionnelles et légales organisent plutôt une certaine indépendance dans le respect mutuel, et même un peu plus.

    On comprend aussi pourquoi la neutralité des pouvoirs publics n’est pas mentionnée, comme telle, dans la constitution même si certains la déduisent de l’interdiction des discriminations et du principe d’égalité qui y sont inscrits : face à la pluralité des religions, cette neutralité est en effet toute relative puisque l’Etat (et à sa suite les autres pouvoirs publics) soutient le libre développement des activités religieuses et apporte son aide et sa protection légale à sept cultes (laïcité comprise) qu’il subsidie et dont il rémunère les ministres : il faut donc, à tout le moins, parler d’une neutralité « positive ». 

    En Europe, comme ailleurs, le statut des cultes varie et l’article 17 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne précise que :

    - « L’Union respecte et ne préjuge pas du statut dont bénéficient, en vertu du droit national, les Eglises et les associations ou communautés religieuses dans les Etats membres » ;

    -« L’Union respecte également le statut dont bénéficient, en vertu du droit national, les organisations philosophiques et non confessionnelles » ;

    -« Reconnaissant leur identité et leur contribution spécifique, l’Union maintient un dialogue ouvert, transparent et régulier avec ces Eglises et organisations ».

    Il en résulte que :

    - de la laïcité de l’Etat (France) aux religions d’Etat (Danemark, Grèce, Norvège, Royaume-Uni), en passant par les régimes concordataires (du type espagnol, italien, polonais, portugais, allemand, alsacien-mosellan) ou sui generis (comme en Belgique ou en Irlande), l’Union européenne respecte et s’accommode des divers statuts conférés aux cultes par les droits nationaux de ses Etats membres ;

    - dans sa propre relation avec les cultes, l’Union est plus proche du modèle belge que de la laïcité républicaine à la française : celle-ci demeure une exception historiquement datée et sans doute appelée à évoluer. 

    Il est intéressant de noter que, dans son allocution au Collège des Bernardins, Emmanuel Macron a clairement rejeté le concept archaïque selon lequel la laïcité française serait une sorte de religion d'Etat civique transcendant, à l'image de celle de la Rome antique, toutes les religions privées tolérées par l'empire. Ce concept ne s'appuie d’ailleurs sur aucun texte légal. "Comme chef de l’État, a déclaré le Président de la France, je suis garant de la liberté de croire et de ne pas croire, mais je ne suis ni l’inventeur ni le promoteur d’une religion d’État substituant à la transcendance divine un credo républicain".

    Plus outre, la question pourrait être posée d’une révision de la loi de 1905 sur la séparation des églises et de l’ Etat stipulant que la République « ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte » (art. 2). Mais ceci est une autre histoire : déclencher une nouvelle guerre de religion avec l'idéologie laïque pour obtenir une forme de reconnaissance légale ouvrant un droit à l'aide du pouvoir séculier suppose d'évaluer au préalable si un tel statut constitue bien une garantie supérieure à l’existence d’une Eglise libre dans l’Etat libre. 

    JPSC

  • Homélie présidentielle au Collège des Bernardins

    IMPRIMER

    Le-president-Republique-Emmanuel-Macron ron-devant-eveques-France-college-Bernardins-Paris-9-avril-2018_0_1399_933.jpgA l'occasion de la Conférence des évêques de France, lundi 9 avril au soir, Emmanuel Macron a prononcé un discours au ton hasardeux et aux thématiques multiples, dans lequel on retrouve davantage de questions que de réponses. Sur le site web « Atlantico », le point de vue de Bertrand Vergely, philosophe et théologien :

    « Quand on l’écoute attentivement, le discours que le chef de l’État a prononcé hier soir aux Bernardins à l’invitation des évêques de France suscite plus de questions qu’il n’apporte de réponses.

    En premier lieu, le ton général du discours pose question. Celui-ci n’a pas tant été un discours qu’une homélie, le chef de l’État invitant les catholiques sur le ton de l’exhortation à « faire un don de leur sagesse, de leur engagement et de leur liberté ».

    Exhortation pour le moins singulière, comme si les catholiques n’avaient pas déjà l’habitude du don d’eux-mêmes.

    Dans le projet par ailleurs, annoncé d’emblée, là encore on s’interroge. « Réparer le lien entre l’Église et l’État ». Le chef de l’État, sur ce point, est demeuré sibyllin en n’expliquant pas ce qui a été gâté entre l’Église et l’État,  pourquoi cela l’a été et comment il entendait réparer ce qui a été gâté. Avec cette formule, il avait pourtant un boulevard qui s’ouvrait afin de redéfinir ce que doit être l’attitude de la laïcité à l’égard des religions en général et de l’Église catholique en particulier et ce que doit être en retour l’attitude des religions en général et de l’Église catholique en particulier à l’égard de la laïcité.  Ce qui n’a pas été fait.  À un moment du discours, il a été question de donner un cap. Celui-ci a été donné : sous la forme d’un appel à la dignité de l’homme et au sens. Ce qui ne répond guère à la question de savoir ce qu’est la laïcité et ce que doivent être les relations de la République laïque à l’égard des religions et l’attitude des religions à l’égard de la République laïque. Est-ce d’ailleurs la question des relations entre l’Église et l’État dont il convient de parler ? Cette référence à la loi de 1905 est-elle pertinente ? Le lien entre l’Église et l’État a été rompu et nul ne songe à vouloir le rétablir.  C’est bien plutôt celle des relations entre la République et le religieux en général ainsi que l’Église catholique en particulier qui pose problème. Ainsi, quand il est expliqué  que les valeurs de la République résident dans la liberté et que la liberté réside dans le droit au blasphème, n’y a-t-il pas urgence à redéfinir ce que sont les principes de la République, le sens de la liberté ainsi que ses limites ? Le chef de l’État est demeuré étrangement silencieux sur ce problème pourtant crucial. En lieu et place d’une réflexion sur le sens de la liberté aujourd’hui, de façon kierkegaardienne,  il a été surtout question d’un appel à vivre de façon déchirée, dans l’inconfort et l’incertitude. En un mot, il a été question, pour les catholiques, d’aller sur la croix et d’y rester en souffrant.

    Lire la suite

  • Bioéthique : au Collège des Bernardins, Emmanuel Macron écoute sans vraiment répondre à la question posée par l’Eglise :

    IMPRIMER

    Mais pouvait-il être plus explicite alors que le débat est en cours entre les différentes parties à cette cause (sans doute déjà largement entendue) ?  Lu sur le blog « Salon Beige » :

    « Dans son discours prononcé ce soir aux Bernardins, devant Emmanuel Macron, Mgr Pontier est revenu sur les sujets d'actualité, interrogeant directement le chef de l'Etat sur les conséquences des projets en cours :

    Vous le savez, l’Église catholique avec bien d’autres considère la famille comme un des piliers de la vie en société. En elle, s’expérimentent l’accueil inconditionnel de chacun, la fidélité, l’intergénérationnel, les transmissions de valeurs et le soutien en toutes circonstances. Les français plébiscitent la famille parmi les réalités qui leur paraissent essentielles. Leur désir est de former une famille unie, porteuse d’amour et d’affection. Faut-il aujourd’hui permettre que la loi prive des enfants de père ? Cette reconnaissance produirait une inégalité entre les enfants, ouvrirait un grand risque de marchandisation du corps et remettrait en cause le critère thérapeutique actuel, garant que ne se forme pas un grand marché de la procréation. Accueillir une situation quand elle existe n’est pas l’organiser. C’est pourquoi nous soutenons activement les politiques en faveur de la famille. Elles sont un investissement sûr pour le bien de tous et celui de notre pays.

    Nous avons déjà des lois récentes sur d’autres sujets essentiels pour la société qui n’ont pas eu le temps de porter leurs fruits et voilà que certains souhaiteraient qu’on légifère encore. Est-ce bien raisonnable ?

    Nous nous sommes exprimés déjà sur tous ces sujets et le ferons encore, conscients de notre responsabilité dans la vigilance pour la sauvegarde des droits de l’enfant, pour la défense des plus faibles, de l’embryon au nouveau-né, de la personne ayant un handicap au paralysé, du vieillard à celui qui est dépendant en toutes choses. On ne peut laisser personne seul. Ce sont nos relations, nos affections qui nous permettent de vivre. Il y va, sans nul doute, du caractère humain de nos sociétés et de nos vies, de celui de savoir puiser en soi les forces de la fraternité vécue. Nous ne pouvons pas nous satisfaire de la solitude ou de l’abandon de celui qui verrait comme une issue enviable, celle de se donner la mort. La société se doit d’offrir des perspectives de vie, d’amitié, de tendresse, de compassion, de solidarité. Les pensées de mort peuvent-elles subsister lorsque s’expriment l’affection des proches, les soins assidus et l’accompagnement qui lutte contre toute douleur ? Peut-on qualifier de « dernier soin » l’acte de donner la mort ? Il y a des limites et des confusions qu’on ne saurait franchir."

    Lire la suite

  • Macron : « Le lien entre l’Église et l'État s'est abîmé, il nous incombe de le réparer. »

    IMPRIMER

    De Denis Sureau sur son blog "Chrétiens dans la Cité" :

    Macron veut réparer le lien entre l'Eglise et l'Etat

    Le discours du président de la République aux 400 personnalités du monde catholique réunies aux Bernardins était très attendu. Emmanuel Macron, avec un art oratoire ne refusant pas un certain lyrisme, s'est livré à un exercice de charme de nature à énerver les militants du laïcisme.

    De fait, les réactions n'ont pas manqué : Jean-Luc Mélenchon a dénoncé un « délire métaphysique. Insupportable. On attend un président, on entend un sous-curé ». Les dirigeants socialistes d'hier et d'aujourd'hui – Benoît Hamon, Manuel Valls, Olivier Faure – ont emboîté le pas. Condamnant une « violation de nos principes républicains », le Grand Orient a déclaré : « Garant du caractère indivisible, laïque, démocratique et social de notre République, le président Macron vient par ses déclarations devant les évêques de porter une grave atteinte à la la laïcité. »

    C'est surtout le premier élément du discours d'Emmanuel Macron qui a suscité cette ire : « Le lien entre l’Église et l'État s'est abîmé, il nous incombe de le réparer. » Défendant un « dialogue en vérité », il a ajouté : « si je devais résumer mon point de vue, je dirais qu’une Église prétendant se désintéresser des questions temporelles n’irait pas au bout de sa vocation ; et qu’un président de la République prétendant se désintéresser de l’Église et des catholiques manquerait à son devoir. »

    Citant l'exemple du colonel Beltrame, le président a expliqué : « les liens les plus indestructibles entre la nation française et le catholicisme se sont forgés dans ces moments où est vérifiée la valeur réelle des hommes et des femmes...Oui, la France a été fortifiée par l’engagement des catholiques. ». L'appel à cet engagement politique des chrétiens dans la cité fut l'un des thèmes dominants de ce discours. Sans contradiction avec une  laïcité qui « n’a certainement pas pour fonction de nier le spirituel au nom du temporel, ni de déraciner de nos sociétés la part sacrée qui nourrit tant de nos concitoyens. Je suis, comme chef de l’État, garant de la liberté de croire et de ne pas croire, mais je ne suis ni l’inventeur ni le promoteur d’une religion d’État substituant à la transcendance divine un credo républicain.»

    Revenant sur le débat concernant les racines chrétiennes de l’Europe, il a déclaré : « cette dénomination a été écartée par les parlementaires européens. Mais après tout, l’évidence historique se passe parfois de symboles. Et surtout, ce ne sont pas les racines qui nous importent, car elles peuvent aussi bien être mortes. Ce qui importe, c’est la sève. Et je suis convaincu que la sève catholique doit contribuer encore et toujours à faire vivre notre nation. » 

    Répondant aux deux interrogations précédemment citées par Mgr Georges Pontier, président de la Conférence des évêques de France, – la bioéthique et les migrants –, Macron a tenté de faire comprendre que les décisions politiques, procédant d'un « humanisme réaliste », ne coïncideront pas avec les attentes de l’Église. Il affirme écouter sa voix avec «  intérêt, avec respect et même nous pouvons faire nôtres nombre de ses points. Mais cette voix de l’Église, nous savons au fond vous et moi qu’elle ne peut être injonctive. Parce qu’elle est faite de l’humilité de ceux qui pétrissent le temporel. Elle ne peut dès lors être que questionnante. »Et de conclure : « il nous faudra vivre cahin-caha avec votre côté intempestif et la nécessité que j’aurais d’être dans le temps du pays. Et c’est ce déséquilibre constant qui nous fera ensemble cheminer. »   

  • Paris : Emmanuel Macron a rencontré l’Église catholique au Collège des Bernardins (lundi soir, 9 avril)

    IMPRIMER

    Après une rénovation complète achevée en septembre 2008, le collège des Bernardins (XIIIe siècle) est aujourd’hui un lieu de rencontres, de dialogues, de formation et de culture proposant une programmation riche de conférences et colloques, d’expositions, de concerts, d’activités pour le jeune public ainsi qu’un centre de formation théologique et biblique. Depuis 2009, il abrite l'Académie catholique de France.

    Organisée par la Conférence des évêques de France (CEF), une grande soirée inédite s’y est tenue ce lundi 9 avril au soir, en présence du président de la République et de 400 invités. Après trois témoignages émouvants illustrant en binôme la plus grande des trois vertus théologales et le discours Mgr Pontier, Président de la CEF, on a pu entendre, en retour, celui du Président de la République consacré à la place du catholicisme dans la vie politique et sociale de la France. Nous y reviendrons. Voici l’enregistrement video de cette soirée (JPSC) :

  • Une Europe qui renie ses racines et qui a honte d’être ce qu’elle est

    IMPRIMER

    Lu sur Atlantico.fr :

    Chantal Delsol : “Cette Europe qui renie ses racines pour ne pas déplaire à ses nouveaux hôtes déplairait certainement à ses pères fondateurs”

    Dans son manifeste intitulé "La déclaration de Paris", signée par une douzaine d'intellectuels européens, la philosophe Chantal Delsol nous livre sa vision de l'Europe, aujourd'hui en proie à un choc des civilisations et à la mondialisation.

    "L'Europe nous appartient et nous appartenons à l'Europe". Ainsi commence votre manifeste, "La déclaration de Paris", signée par douze intellectuels européens, manifeste pour une Europe dans laquelle vous pourriez "croire", une Europe charnelle, incarnée, enracinée qui s'oppose à l'Europe telle que nous la connaissons aujourd'hui. L'Europe, au-delà de réalités géographiques, économiques ou géopolitiques est-elle donc avant tout un projet ? Quel rapport entretient votre projet pour l'Europe par rapport à celui prévu par ses pères fondateurs ?

    Je ne pense pas que les pères fondateurs avaient prévu cela : une Europe qui renie ses racines pour ne pas déplaire à ses hôtes, et qui a honte d’être ce qu’elle est. Les pères fondateurs, ceux du début, étaient d’opinions diverses, mais leur Europe était ancrée dans sa culture et son histoire, ce n’était pas une machinerie administrative activée par une méritocratie.

    En septembre dernier, Emmanuel Macron avait donné un discours sur l'Europe à la Sorbonne dans lequel il déclarait qu'il fallait "retrouver l'ambition" du projet européen, assumer un "sursaut des consciences [...] au moment où cet obscurantisme" se libère en Europe". Que dit pour vous ce retour d'une vraie défense du projet européen sur notre scène politique au même moment où sa contestation est de plus en plus visible partout en Europe (en Italie dernièrement, par exemple) ? Emmanuel Macron dit ce qu’il faut dire. C’est du théâtre ! Les mots sont parfaits. Il n’y a rien derrière.

    L'Europe ne saurait être guidée par un dogme "multiculturaliste", responsable selon vous de son délitement actuel. Aujourd'hui, elle doit faire avec l'Islam. Quelle place y a-t-il pour l'Islam dans cette Europe en laquelle vous croyez ?

    Il y a la place d’un hôte qu’on accueille quand il arrive en situation de détresse, par hospitalité, et auquel on demande de respecter nos lois et coutumes, comme c’est normal. C’est parce que nous n’exigeons rien à cet égard que nous laissons croitre dangereusement la xénophobie. La question de l’accueil des immigrés est une question tragique, parce qu’elle met en jeu deux valeurs essentielles qui se contredisent : l’hospitalité, et la sauvegarde de la culture d’accueil. Quand une question tragique se pose, seule la conscience personnelle fait face et doit répondre – ici, chaque pays européen donne en conscience sa propre réponse. J’estime qu’on n’a pas le droit de décréter des quotas d’immigrés que chacun doit recevoir, et ensuite de jeter le discrédit moral sur ceux qui n’auraient pas fait assez bien. Les Allemands ont le droit de nier la valeur de la sauvegarde de la culture d’accueil, et de ne tenir compte que de la valeur d’hospitalité. C’est leur pays, c’est leur décision. Mais personne n’a le droit de décerner des notes de morale ici ou là, ni de prétendre, ce qui est tout à fait faux, que seule la valeur essentielle de l’hospitalité est en cause dans cette affaire. 

    Vous affirmez dans votre essai que le multiculturalisme est l'apanage des empires, alors que vous défendez l'Etat-nation comme forme la "marque de fabrique de l'Europe". Mais comment brise-t-on l'emprise d'un "imperium" américain, techniciste, "ultra-libéral" ? La seule solution pour lutter contre un empire n'est-elle pas sa dissolution, comme l'a bien souvent montrée l'Histoire ?

    On ne peut pas comparer l’empire américain aux grands empires historiques ! C’est un empire au sens dérivé. Le multiculturalisme appartient surtout à la culture anglo-saxonne. La France a une autre vision des choses. Si nous acceptons le multiculturalisme en France (ce que nous sommes en train de faire non par conviction mais par simple lâcheté), alors il faudra revoir tout ce qui fait la France, par exemple l’école républicaine.

    Vous insistez beaucoup sur les racines spirituelles chrétiennes et les racines intellectuelles classiques de l'Europe. Comment redonner du sens à ces racines dans une Europe de plus en plus déchristianisée et où l'athéisme progresse fortement (64% des 19-24 ans en France se déclare athée) et où la culture gréco-latine est culturellement supplantée par la culture de masse américaine ?

    Ce n’est pas parce que l’Europe est déchristianisée que sa culture a fondamentalement changé. Les racines chrétiennes ont été reprises par les Lumières et se déploient d’une autre manière. La réaction de violente culpabilité des Européens après la Schoah montre bien que nous n’avons perdu ni le sens de la dignité humaine, ni l’idée de la faute. Quant à la culture de masse, elle est moins américaine que l’héritière d’une démocratie mal comprise ou dévoyée. Si vous estimez que la démocratie exige d’envoyer tout le monde à l’université, même ceux qui n’ont jamais lu un livre et n’en liront jamais, donc de donner des diplômes au rabais, alors vous fabriquez de la culture de masse. C’est de la démocratie devenue démagogie.

  • Revisiter la Révolution française avec Augustin Cochin

    IMPRIMER

    Du blog de la lettre d'information de Denis Sureau "Chrétiens dans la Cité" :

    Découvrir un penseur essentiel : Augustin Cochin est réédité

    L’édition des œuvres d’Augustin Cochin (1876-1916) permet de redécouvrir un penseur indispensable de la Révolution et du totalitarisme.

    « Tocqueville et Cochin sont les seuls historiens à proposer une conceptualisation rigoureuse de la Révolution française » : c’est par cette affirmation vigoureuse que l'historien François Furet ouvrait son essai remarqué Penser la Révolution française, qui éreintait le « catéchisme révolutionnaire ». C’était en 1978. Augustin Cochin fut exhumé après un demi-siècle d’oubli. Ses deux principaux livres furent réédités. Puis il retomba dans le silence – sauf en Italie où ses livres ont été traduits. La publication par un grand éditeur, Tallandier, de ses œuvres presque complètes, offre l’occasion de retrouver non seulement un historien, mais aussi un philosophe soucieux d’élaborer, selon ses propres dires, « une sociologie du phénomène démocratique ».

    Si les ouvrages majeurs de Cochin (Les Sociétés de pensée et la démocratie moderne, La Révolution et la libre-pensée) sont de temps à autre réédités, ce n'est le cas ni d'Abstraction révolutionnaire et réalisme catholique (réflexions philosophiques), ni des études sur le protestantisme dans le Midi au XVIIe siècle (publiées il y a un siècle dans des revues savantes), ni de sa correspondance, très vivante, permettant de découvrir sa riche personnalité. C'est l'honneur de Tallandier d'oser faire redécouvrir ces oeuvres oubliées. Dans sa préface, l'historien Patrice Gueniffey souligne leur actualité. A l'origine de ce projet éditorial, Denis Sureau retrace dans son introduction la vie et la postérité de Cochin. 

    Augustin Cochin La Machine révolutionnaire Oeuvres Préface de Patrice Gueniffey Introduction de Denis Sureau Tallandier, 688 pages 

    Augustin Cochin
    La Machine révolutionnaire
    Oeuvres

    Préface de Patrice Gueniffey
    Introduction et notes de Denis Sureau
    Tallandier, 688 pages

    29,90 €

  • Liège, la religion s’enseigne avec les « valeurs démocratiques »

    IMPRIMER

    Professeur de religion dans un collège-lycée catholique de Liège, en Belgique, Sébastien Belleflamme multiplie les initiatives depuis deux ans pour faire réfléchir ses élèves sur le phénomène djihadiste. En croisant les disciplines, il veut les aider à sortir d’une « lecture fondamentaliste » des textes sacrés et à forger leur « esprit critique ». Interview publiée par Anne-Bénédicte Hoffner dans le journal « La Croix » :

    La Croix : Vous enseignez la religion dans un établissement catholique à Liège, en Belgique. Pourquoi et comment avez-vous décidé de traiter l’actualité, et notamment cette question de la violence commise au nom de Dieu ?

    Sébastien Belleflamme : Mon cours de religion s’adresse à tous les élèves de l’établissement, qu’ils soient catholiques, protestants – évangéliques surtout –, musulmans ou indifférents. Nous nous appuyons surtout sur les ressources de la foi chrétienne mais pas seulement : c’est un cours ouvert sur la pluralité des convictions.

    Le déclic s’est fait il y a deux ans, en pleine vague d’attentats en France et en Belgique, quand certains de mes élèves musulmans m’ont dit qu’ils n’osaient plus parler de leur foi et gardaient les yeux baissés en marchant dans la rue. Je me suis dit qu’il fallait agir. En terminale, j’ai proposé à certains de travailler sur les motivations des jeunes djihadistes : j’ai assisté avec eux à des colloques, des pièces de théâtre (comme Djihad d’Ismaël Saïdi). Devant leur enthousiasme, nous avons fait intervenir au lycée Laura Passoni, une « revenante » de Syrie, ainsi qu’Hicham Abdel Gawad, un doctorant en sciences des religions à Louvain (1). Cette rencontre a nourri beaucoup d’échanges entre les élèves, certains se montrant très durs vis-à-vis d’elle.

    Comment parvenez-vous à faire s’exprimer et s’écouter des jeunes avec des sensibilités très différentes au sujet de la radicalisation islamiste ?

    S.B. : Avec mes élèves de troisième cette fois, nous avons lu la pièce Nour, pourquoi n’ai-je rien vu venir ? de l’islamologue Rachid Benzine, qui met en scène le dialogue entre un père universitaire et sa fille partie rejoindre un djihadiste à Falloujah en Irak dont elle aura une fille. Je leur ai proposé d’écrire chacun leur propre lettre à l’un des protagonistes de la pièce.

    À lire aussi : Enquête inédite sur la « tentation radicale » des lycéens

    Je suis seulement en train de les lire, mais j’observe déjà qu’elles témoignent de sentiments extrêmement variés : certaines filles disent leur colère à Nour et l’interpellent sur la question de la dignité des femmes. D’autres élèves lui demandent comment elle a pu faire autant de peine à son père. D’autres encore expriment plutôt de la compassion, notamment pour son geste final. Il y a vraiment de tout : de la condamnation au respect en passant par l’incompréhension…

    Les élèves d’origine syrienne ou maghrébine livrent parfois leur souffrance devant une stigmatisation qu’ils ne comprennent pas, leurs questions aussi devant cette violence commise au nom de Dieu.

    Comment ce travail est-il perçu par la direction de votre établissement, par les parents ? Quels résultats percevez-vous chez vos élèves ?

    S.B. Au départ, notre travail a suscité quelques questionnements, légitimes, sur sa visée pédagogique mais aujourd’hui, les retours sont globalement très positifs. Nous croisons les disciplines – philosophie, histoire notamment – pour mieux analyser le discours djihadiste : moi j’apporte l’éclairage théologique, d’autres collègues complètent sous d’autres angles. Nous aidons ainsi les élèves à comprendre que « Dieu » est un mot-valise qui, s’il est mal exploité, peut conduire des hommes à commettre les pires horreurs. Je les initie aussi à l’exégèse pour sortir d’une lecture fondamentaliste des textes.

    Finalement, toutes ces initiatives servent le même objectif : enseigner la religion en défendant les valeurs démocratiques de notre pays. L’éducation est le seul moyen d’aider nos élèves à se forger un esprit critique. La religion vise bien sûr le rapport à Dieu, mais il faut un minimum de culture pour cela.

    Ref. Liège, la religion s’enseigne avec « les valeurs démocratiques »

    Pour mémoire, le réseau de l’enseignement catholique accueille, bon an mal an,  la moitié de la population scolaire en Belgique. L’enseignement de la religion ou de la morale laïque est obligatoire dans tous les réseaux mais dans les écoles créées par les pouvoirs publics les élèves peuvent opter entre l’un des six cultes reconnus et  la morale laïque. Dans les écoles catholiques seule la religion du même nom est enseignée, ce qui n'empêche pas ces écoles d’accueillir bon nombre de musulmans. D’où l’intérêt de l’initiative prise à Liège par un professeur de ce réseau.

    JPSC