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Santé - Page 24

  • Qui sont les catholiques anti-vaccin ?

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    D'Héloïse de Neuville sur le site du journal La Croix :

    Qui sont les chrétiens opposés à la vaccination obligatoire ?

    Une petite partie des chrétiens sont opposés, à l’instar d’autres Français, à la vaccination obligatoire et au passe sanitaire. Leur contestation peut quelquefois trouver racine dans leur foi, mais s’explique surtout par des motifs culturels et sociologiques.

    29/07/2021 

    Les modérateurs du groupe ont fini par clôturer la section des commentaires. C’était peut-être la plus sage décision à prendre, tant le débat devenait passionnel et clivant. Et menaçait d’acter, au sein d’une communauté rassemblée par une foi fédératrice, des différends irréconciliables.

    → À LIRE. Covid-19 : entre pro et anti-vaccins, un dialogue électrique

    Sur le groupe Facebook « Little Catho » qui réunit en ligne 7 400 catholiques français, comme dans de nombreuses familles et paroisses ces dernières semaines, les avis autour de la pression vaccinale ont enflammé les discussions. Rien n’indique que les catholiques sont plus sensibles aux théories du complot ou qu’ils sont plus hostiles à la vaccination que la population générale. Pour autant, il existe chez certains de ces croyants des marqueurs et des prédispositions particulières sur ces questions.

    « Que pensez-vous de la vaccination obligatoire des soignants ? Je la refuse, on dit qu’elle est faite – au moins pour certains vaccins de cellules de bébés avortésEst-ce que certains soignants catholiques l’ont fait ? », interroge par exemple Marie (1) lançant ainsi la conversation virtuelle qui a vu s’opposer sur « Little Catho » des fidèles aux positions tranchées.

    « Ces catholiques ont perdu confiance en l’État pour réguler la science »

    Las, la discussion n’a pas donné lieu à des retournements d’opinion, tant les arguments avancés sont devenus des convictions indéboulonnables. Qu’ils s’expriment sur les réseaux sociaux ou qu’ils soient physiquement présents dans les manifestations contre le passe sanitaire, les catholiques venus grossir les rangs des Français opposés aux nouvelles mesures gouvernementales sont dans leur grande majorité, soit des fidèles traditionalistes, soit des catholiques observants ayant l’habitude de se mobiliser sur les enjeux de bioéthiques.

    « Depuis l’adoption des lois de bioéthique comme le mariage pour tous et la PMA pour toutes, ces catholiques-là ont perdu confiance en la capacité de l’État à réguler les poussées scientifiques. Ils considèrent que les gouvernements successifs repoussent opportunément les barrières éthiques qu’ils sont censés fixer, à chaque fois qu’une expérimentation supplémentaire sur le plan médical semble nécessaire. Il est probable que cette mémoire conflictuelle et cette perte de crédit de l’État à leurs yeux sur ces questions jouent un rôle dans le scepticisme vis-à-vis des vaccins contre le Covid-19 », observe le sociologue historien du catholicisme Yann Raison du Cleuziou.

    Une question morale ?

    Si les oppositions à la stratégie sanitaire du gouvernement ont toutes leur légitimité à s’exprimer dans le débat démocratiqueun certain type de défiance – plus partisan – est alimenté par des circuits d’informations fabriqués souvent hors des médias traditionnels. Là encore les mobilisations sur les lois de bioéthiques ont constitué un point de rupture pour des catholiques, selon Yann Raison du Cleuziou: « Pendant la Manif pour Tous, beaucoup de fidèles observants se sont sentis caricaturés de manière outrancière par les médias dominants. Ils sont donc allés chercher les informations correspondant mieux à la représentation qu’ils ont d’eux-mêmes sur d’autres canaux, sur des sites comme le Salon Beige et les réseaux sociaux. Cette mise à l’épreuve médiatique leur a fait prendre confiance dans de nouveaux médias, où l’information n’est pas toujours vérifiée. »

    → À LIRE. Covid-19 : la nébuleuse des militants anti-vaccins

    De fait, des références dans les milieux catholiques à des figures jugées complotistes ou non fiables par les médias traditionnels sont souvent brandies. « Personnellement, j’écoute la généticienne Alexandra Henrion-Caude, le professeur Montagnier, prix Nobel de médecine, et le docteur Raoult, qui est l’un des infectiologues les plus réputés au monde. Ils sont contre un vaccin en essai en phase deux ; je ne suis pas un cobaye de laboratoire et mon médecin sait très bien soigner le coronavirus comme beaucoup d’autres médecins. Bon courage ! », commente l’un des internautes du groupe « Little Catho », citant là trois figures médicales controversées, dont les propos sont le plus souvent rapportés sans recul par des sites d’informations alternatifs.

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  • Vaccin et fraternité : un appel de la conscience morale

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    Du site du journal La Croix :

    Mgr d’Ornellas : « Vaccin et fraternité, un appel de la conscience morale »

    Mgr Pierre d’Ornellas, archevêque de Rennes, et responsable du Groupe bioéthique de la Conférence des Évêques de France, donne des éléments de discernement éthique face à la vaccination

    27/07/2021

    Mgr d’Ornellas : « Vaccin et fraternité, un appel de la conscience morale »
    « Pour ceux qui doutent de la valeur éthique des vaccins, la Congrégation pour la doctrine de la foi à Rome a discerné le 21 décembre que l’usage des vaccins disponibles ne comporte aucune complicité avec le mal. » CORINNE SIMON/CIRIC 

    Si on parlait fraternité ? La petite musique qui circule au sujet de la vaccination serait tout autre, débarrassée des tonalités outrancières que, troublés ou scandalisés, nous avons entendues.

    → À LIRE. Covid-19 : les cultes appellent à la vaccination

    Face au paroxysme de cette outrance, relisons Mgr de Moulins-Beaufort : « Si des réfractaires à la vaccination ont fait usage de l’étoile jaune, c’est une grave confusion de pensée. La Shoah représente une horreur absolue », elle ne peut jamais « devenir un jouet au bénéfice de n’importe quelle cause » ! Sans aller jusqu’à l’outrance, des oppositions à la vaccination s’expriment. Elles sont dues aux divergences entre experts, mais aussi aux tergiversations du gouvernement et à ses dernières décisions. Celles-ci ont pu apparaître comme un chantage à l’exercice de nos libertés individuelles sur lesquelles se fixe, de façon un peu courte, le regard. Du coup, certains se ruent vers le vaccin ; d’autres, irrités, le refusent car cela leur semble une obligation qui ne dit pas son nom et qui discrimine.

    Prendre soin les uns des autres

    La fraternité, elle, élargit le regard. Elle est la valeur cardinale qui nous presse de prendre soin les uns des autres entre adultes et entre générations. En ce temps de pandémie, comment entendre son injonction ? Celle-ci n’est pas d’abord républicaine ; elle est un appel de la conscience morale qui reconnaît les liens unissant les humains entre eux. Tous dotés d’une égale dignité et des mêmes droits de vivre et d’être soignés, ils « doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité ». Ce propos de la Déclaration universelle des droits humains mérite d’être médité !

    → ÉDITO. Vaccination et fraternité

    La fraternité est aussi un appel du cœur. Comment ne pas se laisser toucher par les souffrances sociales dues au virus, et par la douleur de ceux qui ont perdu un être cher sans l’avoir visité ou qui ont subi l’angoisse d’une détresse respiratoire aiguë ! Comment par ailleurs ne pas être attentifs à la santé des plus petits, notamment ceux qui sont destinés à naître !

    Les croyants reconnaissent à quelle fraternité l’unique Père des Cieux les invite. Le chrétien se sait appelé à « aimer en actes et en vérité » : « S’il voit son frère dans le besoin sans faire preuve de compassion, comment l’amour de Dieu pourrait-il demeurer en lui ? » (1 Jn 3,17) La fraternité est une haute valeur éthique, celle de l’amour concret et de l’engagement délibéré en faveur d’autrui. Elle donne sens à la liberté et l’oriente, jusqu’à préférer le bien d’autrui à son propre bien.

    En cette pandémie, la fraternité pousse chacun à considérer les autres comme ses frères et sœurs, et à agir de telle sorte qu’aucun d’entre eux ne soit contaminé par la Covid 19. Comment discerner le juste agir ?

    La confiance est fondamentale face au virus

    Face à ce virus, la confiance est fondamentale. En effet, entre soignants et soignés, la relation est un « pacte de confiance », selon l’admirable formule de Paul Ricœur. Ce 9 juillet, l’Académie de médecine (qui s’est opposée au gouvernement sur la loi de bioéthique) a déclaré : « La vaccination est à ce jour l’approche la plus efficace pour contrôler l’épidémie. »

    Cependant des inquiétudes et des interrogations demeurent, notamment sur l’innocuité de techniques génétiques utilisées pour certains vaccins. Le corps médical doit les entendre et expliquer en toute transparence afin d’éclairer les consciences.

    → À LIRE. Le Vatican approuve les vaccins contre le Covid

    Pour s’éclairer sereinement, chacun peut écouter en confiance l’avis de son médecin. Il évaluera si dans la situation concrète et l’état de santé de la personne, il est bon ou non pour elle d’être vaccinée.

    Pour ceux qui doutent de la valeur éthique des vaccins, la Congrégation pour la doctrine de la foi à Rome a discerné le 21 décembre que l’usage des vaccins disponibles ne comporte aucune complicité avec le mal.

    Le bien commun

    La fraternité nous convie aussi à la solidarité en vue du bien commun auquel appartient la santé de tous. Éviter qu’elle se dégrade chez d’autres à cause de la Covid-19, c’est choisir de participer à l’effort collectif en respectant tous les gestes barrières et en entendant les scientifiques qui estiment qu’atteindre 90 % de personnes vaccinées contribuera à vaincre le virus.

    Personnellement, la fraternité m’a invité à choisir de recevoir le vaccin, comme d’autres. Certains hésitent, ont peur, cherchent à comprendre. C’est légitime. Pour les croyants, prier l’Esprit Saint apaise et clarifie le discernement. Ainsi, devant le choix de se faire vacciner, la fraternité et la confiance ouvrent un chemin de sérénité et de pondération pour que chacun mûrisse sa décision en toute liberté et responsabilité.

  • Fin des restrictions sanitaires dans les lieux de culte outre-manche : les Britanniques peuvent à nouveau communier dans la bouche

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    De Thimothée Dhellemens sur le site web « Aleteia :

    Communion WEB3-PRIEST-HAND-COMMUNION-MASS-Shutterstock_1775961929.jpg« Grâce à la levée de la quasi-totalité des restrictions en Angleterre ce lundi 19 juillet, les fidèles britanniques peuvent de nouveau assister à la messe, sans limitation sur le nombre de personnes ou sur la manière de recevoir la communion.

    Après plusieurs mois d’attente, les Anglais goûtent enfin au « jour de la liberté ». Ce lundi 19 juillet, le gouvernement a levé presque toutes les restrictions liées à la pandémie de coronavirus, comme il s’y était engagé au mois de juin. Cela signifie que les lieux de culte ont pu rouvrir à pleine capacité, à l’instar des salles de spectacles, stades, restaurants ou encore discothèques.

    Si le maintien d’une certaine distanciation sociale reste recommandé en cas de forte affluence, le port du masque n’est plus obligatoire, ni dans la rue, ni dans les églises. Jusqu’à présent, les fidèles devaient maintenir une distance d’au moins deux mètres pendant les offices. Pour les paroisses, la levée de ces restrictions est synonyme de retour à la vie normale, après un an et demi de contraintes sanitaires. Plusieurs d’entre elles ont déjà retiré les marquages au sol, rempli les bénitiers et repris la pratique de la quête. Concernant la communion, les fidèles peuvent de nouveau recevoir l’Eucharistie directement dans la bouche s’ils le souhaitent.

    S’il vous plaît, soyez prudents.

    Pour autant, la levée des restrictions ne signifie pas que le virus a complètement disparu Outre-Manche. « S’il vous plaît, soyez prudents », a imploré le Premier ministre Boris Johnson ce dimanche 18 juillet, expliquant s’en remettre à la « responsabilité individuelle » de chacun. Il s’appuie également sur une campagne de vaccination menée tambour battant : à ce jour, plus de deux tiers des adultes sont entièrement vaccinés. Pour autant, les contaminations sont reparties à la hausse dans le pays, où près de 50.000 nouvelles contaminations viennent d’être recensées deux jours de suite.

    S’ils se réjouissent de la levée des restrictions dans les lieux de culte, les évêques restent prudents et appellent les fidèles à maintenir une attitude responsable. « Certaines pratiques préventives sont encore souhaitables », affirment-ils, tout en invitant tous les catholiques qui le peuvent à renouer avec la pratique de la messe dominicale.

    Ref. Fin des restrictions sanitaires dans les lieux de culte outre-manche : les Britanniques peuvent à nouveau communier dans la bouche

    JPSC

  • Agression de religieuses et fermeture des urgences d'un hôpital catholique en Inde

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    Une dépêche de l'Agence Fides :

    ASIE/INDE - Agression de religieuses, fermeture des urgences d'un hôpital catholique

    19 juillet 2021

    Mokama (Agence Fides) - La salle d'urgence de l'hôpital catholique de Nazareth à Mokama, au sud-est de Patna, dans l'État indien du Bihar, a été fermée après l'agression subie par les religieux qui y travaillent le 16 juillet. Comme l'a rapporté à l'Agence Fides Sœur Anjana Kunnath, Administratrice de l'hôpital de Nazareth à Mokama, un groupe d'environ 30 personnes a attaqué les Sœurs de la Charité de Nazareth, qui gèrent l'hôpital, en dévastant le service des urgences. Selon la reconstitution des événements, le groupe avait amené un homme avec une grave blessure par balle, mais lorsqu'il a été examiné et traité par le médecin de garde, sa mort n'a été que confirmée. "La foule a insisté sur le fait que l'homme avait encore un battement de cœur. Ils ont menacé et terrorisé le personnel médical, le gardien et les autres patients", raconte Sr Kunnath. La foule a violemment frappé la sœur Aruna Kerketta, qui travaillait aux urgences, tandis que "certains policiers de Mokama sont restés à l'écart pendant que la foule se comportait violemment".

    Le patient, un homme de 40 ans, Pankaj Kumar Singh, a été abattu alors qu'il rentrait du travail en moto. "Il est tragique de perdre soudainement un jeune homme comme cela. Mais il est tout aussi tragique de terroriser les infirmières de garde et le médecin", a déclaré Sr Kunnath en s'adressant à la police, qui avait été alertée par l'administration.

    Actuellement, l'hôpital ne dispose que de services médicaux ambulatoires et hospitaliers pour l'obstétrique et la gynécologie. Il dispose également de services tels que le laboratoire, la radiographie, l'échographie et la pharmacie, ainsi que d'un service de physiothérapie. "Notre établissement est au service de la région et de la population locale, sans aucune discrimination, il est dans l'intérêt de tous de le préserver et de le faire fonctionner", note Sœur Kunnath.

    L'hôpital Nazareth a commencé à fonctionner en 1948 avec 25 lits et s'est progressivement développé pour devenir un établissement de 150 lits en 1965. La congrégation, basée dans le Kentucky aux États-Unis, a lancé ce projet à l'invitation de l’Évêque de Patna et des jésuites locaux. En 1984, l'hôpital a été agrandi pour devenir un établissement de 280 lits avec l'aide d'un organisme de financement allemand.

    Les Sœurs de la Charité de Nazareth ont également lancé plusieurs projets de santé tels que "Mahila Mandals", un programme d'immunisation, un programme de lutte contre la tuberculose et la lèpre. En 2004, l'hôpital a ouvert un centre de soins communautaires pour le traitement des patients atteints du SIDA.

    En plus de 70 ans, l'hôpital a soigné des centaines de milliers de personnes, pour la plupart pauvres, provenant de nombreux districts du Bihar, du Bengale occidental et même des frontières du Népal. Il a également organisé des cours de formation pour les infirmières et le personnel de santé. (SD-PA) (Agence Fides 19/7/2021)

  • France : le Pass sanitaire, "une remise en cause profonde et inédite de notre modèle de société"

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    De François-Xavier Bellamy sur son blog :

    Pass sanitaire : une remise en cause profonde et inédite de notre modèle de société

    François-Xavier Bellamy - pass sanitaire

    Tribune publiée dans Le Figaro du 15 juillet 2021 avec Loïc Hervé, sénateur de la Haute-Savoie et vice-président du parti Les Centristes. Photo : François BOUCHON/Le Figaro

    Les libertés fondamentales, l’égalité des droits, l’amitié civique, ne sont pas des privilèges pour temps calmes : c’est un héritage qui nous oblige.

    Depuis l’apparition du coronavirus, nous sommes passés par bien des expériences inédites, et nous avons vu vaciller, de confinements en couvre-feu, la rassurante et illusoire évidence de nos libertés publiques. Mais il ne faut pas se méprendre : la vraie rupture historique pour notre modèle de société date de lundi dernier, avec les mesures annoncées par le président de la République. Si nous nous sommes opposés, il y a plusieurs mois déjà, à la création du « pass sanitaire » par le Parlement européen et le Parlement français, c’est parce que nous refusons absolument le monde qui se dessine sous nos yeux.

    S’opposer au pass sanitaire n’est pas être « anti-vaccin ».

    Une précision d’abord, dans la confusion et les caricatures du moment : s’opposer au pass sanitaire n’est pas être « anti-vaccin ». La vaccination est un progrès scientifique prodigieux, et l’une des plus belles pages de l’histoire de notre pays est sans doute d’y avoir largement contribué à travers l’œuvre de Pasteur. Mais comment comprendre que cette tradition scientifique aboutisse à la déraison que nous constatons aujourd’hui ? Avec dix-huit mois de recul, nous connaissons désormais le coronavirus : nous savons chez quels sujets il provoque des formes graves, et lesquels il laisse indemne. 93% des victimes du coronavirus en France avaient plus de 65 ans ; 65% avaient un facteur de comorbidité. En-dessous de 40 ans, sans facteur de comorbidité, le risque de mourir du coronavirus est quasi inexistant. Pourquoi alors ne pas adopter la même stratégie de vaccination que celle qui a lieu chaque année face à la grippe saisonnière ? Rappelons que, sans susciter aucune opposition, plus de 10 millions de vaccins ont été administrés l’an dernier contre cette épidémie, majoritairement pour les personnes vulnérables, âgées ou présentant une fragilité particulière. Le nombre de morts est ainsi contenu chaque année, sans qu’il soit jamais question de vacciner toute la population tous les ans au motif qu’il faudrait éviter la circulation du virus. On ne traite pas les plus jeunes d’irresponsables égoïstes parce qu’ils ne se font pas vacciner contre la grippe ! Ce débat doit être mené sans simplisme et sans leçons de morale : oui, on peut être favorable aux vaccins, y compris à une campagne très large pour vacciner les personnes vulnérables face à cette épidémie, et affirmer que la stratégie de masse actuellement choisie semble hors de toute mesure : pourquoi faudrait-il vacciner un adolescent, qui ne risque absolument rien du coronavirus, au motif qu’il faut protéger les personnes âgées, si celles-ci sont vaccinées ? C’est faire complètement l’impasse sur le nécessaire arbitrage entre bénéfice et risque, y compris du point de vue collectif.

    Mais là n’est même pas le problème essentiel, en un sens. Ce que nous n’accepterons jamais, c’est la transformation de nos vies quotidiennes, de nos relations humaines, de notre modèle de société, qui s’accomplira de manière certaine et probablement irréversible par la mise en œuvre du « pass sanitaire ». Pour la première fois dans notre histoire, il faudra présenter un document de santé pour effectuer les actes les plus simples du quotidien – prendre un train, entrer dans un magasin, aller au théâtre… L’accès à un espace public sera différencié selon vos données de santé. Comment une telle révolution peut-elle s’opérer avec une justification si faible , sans débats approfondis, en caricaturant tous ceux qui osent s’en inquiéter ? Rappelons pourtant combien ces contraintes inédites paraissaient inimaginables il y a encore quelques mois : lorsque certains s’inquiétaient que le vaccin puisse devenir le critère d’une existence à deux vitesses, on les traitait de complotistes. Lorsque le pass sanitaire a été créé, le gouvernement jurait que jamais, jamais il ne conditionnerait l’accès à des actes quotidiens – seulement à des événements exceptionnels réunissant des milliers de personnes. C’est d’ailleurs à cette condition explicite qu’un tel dispositif avait été accepté par les autorités administratives compétentes pour la protection des libertés ou des données privées. Le fait que l’État méprise à ce point la parole donnée, sur des sujets aussi graves et en un temps aussi court, a de quoi inquiéter n’importe quel Français sur l’avenir de la liberté.

    Le fait que l’État méprise à ce point la parole donnée, sur des sujets aussi graves et en un temps aussi court, a de quoi inquiéter n’importe quel Français sur l’avenir de la liberté.

    Car c’est bien tout notre modèle de société qui est aujourd’hui menacé. Si le gouvernement a la certitude que la vaccination générale est absolument indispensable, alors il devrait en tirer toutes les conséquences, et la rendre obligatoire. Nous ne pensons pas cela ; mais ce serait au moins, du point de vue démocratique, une décision plus loyale que l’hypocrisie de cette contrainte déguisée. Ce serait surtout éviter de basculer dans ce nouveau monde où l’État contraindra chaque citoyen à contrôler son prochain pour savoir s’il faut l’exclure. Le serveur d’un bistrot sera sommé de vérifier la vaccination et la pièce d’identité d’un client pour pouvoir servir un café ; les mariés devront demander un QR code à leurs invités avant de les laisser entrer ; le patron licenciera un employé s’il n’a pas de pass sanitaire. Et la police viendra sanctionner ceux qui n’auront pas participé efficacement à ce contrôle permanent. Qui peut prétendre qu’un tel dispositif permet de « retrouver la liberté » ? Ne pensez pas que, parce que vous êtes vacciné, vous aurez « une vie normale » : quand on doit présenter dix fois par jour son carnet de santé et sa carte d’identité, pour acheter une baguette ou faire du sport, on n’a pas retrouvé la liberté. Quand chacun doit devenir le surveillant de tous les autres, on n’a pas « une vie normale ».

    Quand chacun doit devenir le surveillant de tous les autres, on n’a pas « une vie normale »

    On nous dira qu’il faut choisir entre le pass sanitaire et le confinement généralisé : ce chantage est absurde. Dès lors que les plus vulnérables sont vaccinés, il n’y a aucune raison de revenir au confinement, aucune raison en particulier de fermer les amphis et d’enfermer les adolescents. Nous n’avons pas à choisir entre deux manières inutiles d’abandonner la liberté. Ce combat n’est pas individualiste, au contraire : c’est se sentir vraiment responsables d’un bien commun essentiel que de défendre cette liberté aujourd’hui gravement menacée. Il y a là un défi de civilisation : face aux modèles autoritaires qui triomphent ailleurs dans le monde, l’Europe et la France doivent montrer qu’une action publique efficace, même en temps de crise, n’impliquera jamais d’abandonner nos principes. Les libertés fondamentales, l’égalité des droits, l’amitié civique, ne sont pas des privilèges pour temps calmes : c’est un héritage qui nous oblige.


  • Pro et anti-vaccins : un dialogue électrique

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    De Jeanne Ferney sur le site du journal La Croix :

    Covid-19 : entre pro et anti-vaccins, un dialogue électrique

    Alors que le variant Delta fait planer la menace d’une nouvelle vague dès cet été, la pression sur les non-vaccinés monte d’un cran. Au bureau, à la maison ou sur les réseaux sociaux, les échanges entre ceux qui ont sauté le pas et ceux qui s’y refusent se tendent rapidement.

    « Et vous, comptez-vous vous faire vacciner ? » Ludivine (1), psychologue en Bourgogne, pose souvent la question à ses patients. Et, quelle que soit la réponse, tâche d’écouter sans juger. Cette vaccinée de la première heure est en revanche nettement moins compréhensive quand la réticence provient de professionnels en contact avec des personnes vulnérables.

    « L’autre jour, pendant une session avec des éducatrices, j’ai suggéré que le vaccin allait nous permettre de nous passer du masque en septembre, raconte-t-elle. L’une d’elles a répliqué : “Ça ne passera pas par moi !” Non seulement, on va devoir continuer à porter le masque, mais en plus, elle met en danger les personnes handicapées auprès desquelles elle travaille. » Sur le coup, elle n’a fait aucune remarque. « À quoi bon ? Les positions sur ce sujet sont trop tranchées, cela va forcément déboucher sur un conflit. »

    Combien de scènes de tension similaires se sont-elles déroulées ces dernières semaines, alors que la dégradation de la situation épidémique accroît la pression sur les réfractaires à la vaccination, en particulier chez les soignants ? Infirmière dans un Ehpad en Moselle, Mélodie, elle aussi, a renoncé au dialogue. « Dans mon établissement, les rares infirmières ou aides-soignantes qui ne veulent pas se faire vacciner flottent dans le complotisme et bien souvent, votent aux extrêmes, explique la jeune femme. Je n’ai pas envie de discuter avec elles. »

    La liberté de dire non

    Si la rupture entre vaccinés et non-vaccinés se calque parfois sur des oppositions politiques, elle est avant tout sociologique, selon l’épidémiologiste Yves Buisson. « Chez les soignants, le refus vient souvent des gens moins instruits ou moins haut dans la hiérarchie », rappelle ce membre de l’Académie nationale de médecine. Une résistance qui peut en partie se comprendre : « Ces personnes ont fait tout ce qu’on leur demandait depuis un an et demi. Pour la première fois depuis longtemps, elles ont la liberté de dire non. »

    Une liberté que revendique Camillepour qui la vaccination est « une folie expérimentale alors que 99,5 % des gens guérissent de la maladie et qu’il existe des traitements ». Cette professionnelle du tourisme, qui refuse d’être taxée d’« irresponsabilité » et d’« égoïsme », clame : « On ne veut pas nous entendre mais nous sommes des citoyens à part entière ».

    Si leur manque d’altruisme leur est souvent reproché, les réfractaires, eux, dénoncent l’intolérance de leurs « adversaires ». Pour Sandrine, retraitée en Camargue, « il est particulièrement difficile de discuter avec les pro vaccins, tellement formatés par les médias” mainstream” qu’ils sont devenus sourds à toute autre information ».

    Pas le même langage

    Pour le sociologue Gérard Mermet, si ces deux « camps » ont tant de mal à communiquer, c’est parce qu’ils ne parlent pas le même langage. « Les personnes qui défendent la vaccination se basent sur des arguments scientifiques, les opposants sur des impressions, des craintes, jusqu’au complotisme le plus irrationnel », résume-t-il, parlant de « fracture morale ».

    « Finalement, chacun considère qu’il est dans le camp du bien et que ce sont les autres qui dysfonctionnent », confirme l’historien Laurent-Henri Vignaud, maître de conférences en histoire moderne à l’Université de BourgogneAu risque que cette condamnation morale n’aboutisse à une forme de chasse aux sorcières.

    « Les non-vaccinés deviennent des boucs émissaires qui seraient seuls coupables de l’épidémie et qu’on va traquer », avertit l’historien. « Au Moyen Âge, on a jeté des gens dans des puits parce qu’on les considérait comme responsables de la peste », met aussi en garde Annick Opinel. Pour cette historienne et philosophe des sciences, la radicalisation des discours de part et d’autre est alimentée par un sentiment d’urgence inédit : « D’habitude, les enjeux de la vaccination sont plus abstraits, cette fois-ci, on peut les voir de nos propres yeux : ce sont les terrasses et les cinémas qui ont rouvert, la vie qui a repris… Un tel effet de réel ne s’était pas vu auparavant, et nourrit le dépit des vaccinés. »

    Un dépit qui, sur les réseaux sociaux, se transforme souvent en colère. « Franchement les antivax… Vous n’en avez jamais marre d’être cons ? », s’emporte un internaute sur Twitter, répondant au message d’un utilisateur assurant que la mort du généticien Axel Kahn, atteint d’un cancer, a été « accélérée par la vaccination ».

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  • Les anti-vaccins ou l'esprit critique devenu fou

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    De Mathieu Bock-Côté sur le site du Figaro via le blog artofuss.blog :

    «Les antivax ou l’esprit critique devenu fou»

    CHRONIQUE – Le refus du vaccin contre le Covid-19 s’appuie généralement sur une méfiance envers l’industrie pharmaceutique et s’accompagne souvent d’une relativisation des dangers du virus.

    9 juillet 2021

    La pandémie dont nous sortons peu à peu a remué et ranimé les peurs enfouies dans les entrailles du corps social et de l’inconscient collectif, où se logent hantises archaïques et craintes irrationnelles. Alors qu’elles étaient refoulées et ne survivaient plus que dans le domaine de la science-fiction, de la littérature d’épouvante, du militantisme survivaliste ou dans les marges ésotériques plus déconsidérées, l’effondrement des digues symboliques qui les contenaient leur permet de s’investir dans la vie publique. Elles y surgissent tout en s’accouplant avec des inquiétudes légitimes quant au dérèglement du système politique et de l’organisation sociale des sociétés occidentales, ce qui les rend particulièrement explosives.

    La résistance au vaccin en témoigne. Que le commun des mortels soit réservé devant l’arrivée d’un nouveau traitement médical va de soi, même si, dans les circonstances, il n’était pas interdit d’être enthousiaste, dans la mesure où le vaccin représente la seule sortie de crise à court terme de la pandémie. Le refus du vaccin s’appuie généralement sur une méfiance revendiquée à l’endroit de l’industrie pharmaceutique s’accompagnant souvent d’une relativisation des dangers du Covid. Le principe de précaution vient vernir artificiellement ce refus d’une légitimité philosophique. La recherche des scientifiques ayant rendu possible le vaccin se transforme en discours parmi d’autres, souffrant du discrédit généralement porté aux élites. Mais ce scepticisme peut aussi s’accoupler à une défiance antisystème pouvant aller jusqu’à la déraison et basculer dans un monde parallèle, où se déploie ce qu’on appelle plus ou moins exactement la mouvance complotiste, qui en vient à politiser son opposition au vaccin.

    Cette dernière a très rapidement voulu voir dans la pandémie une immense manipulation servant de prétexte au déploiement d’un nouvel ordre sanitaire mondial. Dès lors, le refus du vaccin est réinterprété comme un acte de dissidence pour défier le système qui s’installe. Car, si la pandémie n’est qu’une fiction, ou si le virus n’est finalement qu’une petite grippe, pourquoi se faire vacciner? Dans sa forme extrême, ce conspirationnisme vire à la bêtise pure et simple, surtout lorsqu’il s’imagine que la vaccination relève d’une mascarade visant à empoisonner et à contrôler la population. Se retrouve au fond de cette théorie cette croyance primitive et hypnotique voulant que derrière l’histoire visible et complexe des sociétés humaines se déploierait une histoire secrète, animée par des forces maléfiques auxquelles résisteraient des hommes ayant vu la lumière et voulant désormais dissiper les mensonges du système.

    La pandémie est alors intégralement idéologisée: elle n’a plus de réalité propre. La confusion s’empare des esprits. Si la critique des excès de la politique sanitaire était et demeure nécessaire, et s’il faut rappeler que tous les pouvoirs, même ceux associés à la santé publique et à l’industrie pharmaceutique, ont tendance à abuser des privilèges qu’on leur accorde, et s’il faut dénoncer le discours de certains médias cédant aux délices de la fabrique de la peur, il ne faut pas non plus renier la raison, non plus que les formidables avancées de la science, qui ont permis d’authentiques progrès dans l’histoire humaine en général, dans l’histoire occidentale en particulier. Le scepticisme peut conduire à la folie, et à la contemplation du néant. Si la classe politique, généralement, a piloté la crise de manière approximative, en se perdant souvent dans des propos relevant au mieux de l’élucubration et au pire du mensonge, on ne fera pas l’erreur de confondre avec elle les chercheurs et scientifiques qui ont su trouver en un temps record la voie de sortie permettant un retour à une société de libertés.

    Car il faut y revenir: au fil des semaines, on prend conscience des ravages causés par le confinement. S’il s’agissait probablement d’un mal nécessaire dans un premier temps, il s’agissait néanmoins d’un mal, qui a réservé aux sociétés s’y soumettant une existence carcérale dans laquelle elles se sont juré avec raison de ne plus replonger. Cela ne sera possible toutefois qu’en sortant d’une mentalité anxiogène héritée des premiers temps de la pandémie, et qui domine encore la classe médiatique, comme si elle ne parvenait pas à s’en arracher et guettait toujours le prochain variant, la prochaine vague, le prochain signe d’un retour au confinement, la promesse effrayante de la fin des temps. La vaccination massive est l’étape permettant de sortir de cette folie. Je confesse un sincère émerveillement devant cet accomplissement scientifique qui a permis de trouver en moins d’un an un vaccin capable, selon toutes les indications disponibles, de dominer le virus, de vivre avec lui, en limitant sa circulation et en le rendant globalement inoffensif.

  • Nous sommes entrés dans l'ère de "l'hygiénisme sécuritaire"

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    D'Agnès Pinard Legry sur Aleteia.org :

    Pierre Dulau : « Nous entrons dans une société de l’hygiénisme sécuritaire »

    9/7/21

    Port du masque, entrée en vigueur du pass sanitaire, politique de vaccination… Alors que les mesures visant à lutter contre la pandémie de Covid-19 font de plus en plus débat, le philosophe Pierre Dulau, auteur de "Faire face, le visage de la crise sanitaire" avec Martin Steffens, revient pour Aleteia sur ces mesures et leurs conséquences pour la société.

    Alors que le déconfinement amorcé depuis plusieurs mois se trouve confronté à une recrudescence de cas liés au variant Delta, les Français se retrouvent, une nouvelle fois, dans l’incertitude. Le président de la République, Emmanuel Macron, a annoncé ce vendredi 9 juillet qu’il s’exprimerait lundi à 20h. Le même jour, Malte a annoncé la fermeture de ses frontières aux voyageurs non vaccinés. La veille, la Cnil autorisait la diffusion de la liste des patients non vaccinés auprès des médecins traitants. Depuis plusieurs jours, différentes mesures dont l’extension du champ d’application du pass sanitaire et la vaccination obligatoire pour les soignants sont à l’étude. Autant de mesures qui déroutent et interpellent nombre de personnes. « La virtualisation de l’expérience a largement préparé le terrain à ce qui nous arrive », analyse auprès d’Aleteia le philosophe Pierre Dulau, auteur avec Martin Steffen de Faire face, le visage et la crise sanitaire. « La dématérialisation des rapports humains a rendu possible l’institution d’un nouveau régime : l’hygiénisme sécuritaire. » Entretien.

    A lire sur Aleteia.org

  • L'adoption de la Résolution Matic : un dévoiement du droit à la santé

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    De l'European Center for Law & Justice :

    Adoption de la Résolution Matic
     

    Madame, Monsieur,
     
    Vous le savez probablement : le Parlement européen a finalement adopté la Résolution Matić sur l’avortement, par 378 voix pour, 255 voix contre et 42 abstentions. C’est une défaite, marquée toutefois par une forte mobilisation de tous les partis de droite, y compris du principal, le Parti populaire européen (PPE), dont l’engagement en faveur des enfants à naître n’était pas assuré d’avance.
     
    Toutefois, cette mobilisation n’a pas suffi pour contrer l’alliance des libéraux, des écologistes et des socialistes qui disposent actuellement au Parlement européen d’une large majorité.
     
    Cette défaite est donc en premier lieu le résultat de la perte de la majorité de la droite au Parlement européen depuis les dernières élections européennes. Même si les trois groupes de droite -Identité et démocratie (I&D), Conservateurs et réformistes européens (CRE) et le PPE- avaient voté comme un seul homme contre ce projet pro-avortement, ils n’auraient pu l’emporter. C’est presque ce qui s’est passé ; les groupes I&D et CRE ont voté contre la Résolution Matić quasi-unanimement et le PPE au deux tiers contre.
     
    Face à eux, le centre et la gauche forment un bloc presque sans faille sur ce sujet de l’avortement. Seule une tout petite minorité qui se compte sur les doigts de la main s’est abstenue de voter pour la résolution Matić.
     
    En considérant ces votes et en voyant les propositions alternatives portées par les groupes de droite, force est de constater la libéralisation de ces partis sur le sujet de l’avortement. Seule une minorité de députés du Parlement européen est activement opposée à « un droit à l’avortement ». Les résolutions alternatives des groupes CRE et PPE ne proposaient pas d’interdire l’avortement eugénique ou l’avortement à la demande.
     
    La proposition du groupe CRE était courte et consensuelle de par son rappel objectif du droit : incompétence de l’Union européenne sur le sujet de la santé, l’avortement n’est pas un droit fondamental mais l’objection de conscience l’est.
     
    La proposition du groupe PPE était un peu plus longue. Tout en faisant des concessions, notamment sur la promotion « d’une éducation sexuelle complète », cette résolution alternative faisait davantage de propositions allant dans le bon sens. Elle promouvait d’abord une distinction claire entre « avortement » et « santé sexuelle et génésique », car les « pro-avortement » cherchent à intégrer et assimiler l’avortement à un droit relevant de la santé sexuelle et génésique. Le groupe PPE voulait aussi rappeler que l’avortement n’est pas une méthode de contraception et qu’il faut « tout faire pour réduire le nombre d’avortements », en soutenant les familles et en les aidant également lorsqu’elles ont des problèmes d’infertilité.
     
    Cependant, malgré quelques concessions et une rédaction consensuelle, la proposition PPE n’a eu qu’une seule voix de la gauche, celle d’un député Verts/ALE (voir les résultats des votes).
     
    La gauche est en effet toujours plus unie et déterminée pour promouvoir un droit à l’avortement, tant et si bien qu’elle n’est objectivement plus « pro-choix », mais uniquement « pro-avortement ». En effet, toute tentative d’amender la résolution Matić en rappelant le devoir et l’intérêt des États de prévenir l’avortement et d’aider les femmes à garder leur enfant furent rejetées en commission parlementaire. Le combat de la gauche contre les délais de réflexion des femmes avant un avortement illustre également cette détermination à véritablement pousser les femmes à avorter, comme si l’alternative à l’avortement ne devait pas exister. L’objection de conscience est devenue pour la gauche une scorie légale, un vestige d’un ordre moral qu’il faut achever. La résolution lui consacre trois paragraphes (36 à 38) pour pousser les États à la vider de sa substance et de son efficacité. En matière d’avortement, les femmes ne doivent pas trop réfléchir et le personnel médical non plus.
     
    Cet aveuglement idéologique est aussi parfaitement illustré par le député français Raphaël Glucksmann, qui fut un fervent défenseur de cette résolution Matić tout au long des débats. Quelques jours avant le vote, des associations pro-vie ont envoyé à tous les députés européens une petite boîte dont le contenu a été partagé par certains, dont M. Glucksman :

    Foetus
    Face à cela M. Gluksmann s’exclame sur son compte Linkedin contre les associations ayant envoyé le fœtus en plastique : « vous ne nous impressionnez pas. Vous nous encouragez au contraire à défendre la liberté de choix et d’autodétermination ! »
     
    Comment ne pas voir que ces associations veulent lui faire comprendre de la manière la plus concrète possible à quoi un avortement pratiqué à 12 semaines met fin ? Quel aveuglement !
     
    D’ailleurs l’unique mention du mot « bébé » qui existait dans la proposition de résolution Matić a été supprimée lors du vote final du paragraphe 38, qui concerne l’objection de conscience. La proposition disposait que « cette clause de conscience entrave également l’accès au dépistage prénatal, […] empêche également le bébé de recevoir un traitement efficace pendant la grossesse ou juste après la naissance; ». La version finale accuse toujours l’objection de conscience d’empêcher « un traitement efficace pendant la grossesse ou juste après la naissance; », mais l’on ne parle plus de « bébé ». C’est la seule et unique modification du document entre la proposition et la résolution finale.
     
    L’adoption de la Résolution Matić est donc une nouvelle étape. Ce n’est pas une victoire finale pour la gauche, car les États ne sont pas obligés de transposer dans leur droit national son contenu, mais c’est un texte supplémentaire qu’elle va utiliser pour faire pression sur les gouvernements conservateurs européens.
     
    Le combat contre cette dérive doit continuer car ce n’est, encore une fois, qu’une étape pour faire de l’avortement partout en Europe non seulement « une liberté », mais « un droit » au titre de la santé et peut-être bientôt « un devoir » au nom de l’écologie. En effet, légalement, dès lors que le législateur consacre en droit une pratique, celle-ci devient un bien. Logiquement, le législateur peut aussi inciter et parfois même, sous certaines conditions, forcer les tenants de ce droit à l’exercer. C’est ce qu’ont commencé à promouvoir certaines personnalités politiques écologistes, qui assument pleinement d’être néo-malthusiennes, comme Yves Cochet, ancien ministre de l’environnement. Il faudrait selon lui réduire les allocations familiales : « Plus vous avez d’enfants, plus vos allocations diminuent jusqu’à disparaître à partir de la troisième naissance » ; et il faudrait le faire au nom de l’écologie : « Ne pas faire d’enfant supplémentaire, c’est le premier geste écologique. »
     
    Des articles de presse se font de plus en plus l’écho de l’impact environnemental d’un enfant supplémentaire en évaluant sa production de CO2. Des groupes de citoyens, ainsi que des personnalités médiatiques, affirment souhaiter avoir moins d’enfants ou aucun, par respect pour la planète.
     
    Une sorte de politique de l’enfant unique matinée d’écologisme guette l’Europe. Bien que cette perspective semble lointaine ou irréaliste, la gauche européenne va continuer sa lutte contre l’objection de conscience et promouvoir l’avortement dans le cadre du droit à la santé.
     
    Ces résultats de vote et ces perspectives nous confirment la nécessité d’adopter, à l’égard de l’avortement, une approche à la fois sociale et intellectuelle.
     
    Intellectuelle : car il faut défendre les véritables droits de l’homme et combattre la culture de mort jusqu’à sa racine.
    Sociale : car il faut aider les couples et les femmes à ne pas recourir à l’avortement, en promouvant une politique sociale de prévention de l’avortement.
     
    Il n’est pas possible de combattre la culture de mort sans effort pour la comprendre, et sans proposer une politique d’accueil et de respect de la vie.
    À l’ECLJ, nous sommes résolus à poursuivre cet effort, convaincus de la valeur de toute vie humaine.
     
    Pour tous ceux qui sont désireux de poursuivre cet effort, nous mettons à disposition des documents et analyses de la meilleure qualité possible. Sachant que l’été est un temps favorable aux lectures, nous vous proposons deux textes de synthèse :
     
     
     
    Vous pouvez trouver d’autres textes de fond sur cette page.
     
    Merci à tous ceux qui ont soutenu nos actions contre cette Résolution Matić.

     

     

     

     

    © 2021 ECLJ
  • "Il n’est pas dans la mission du médecin de donner la mort"

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    De Gènéthique magazine :

    (France) « Il n’est pas dans la mission du médecin de donner la mort » : l’Académie nationale de médecine prend position sur la fin de vie

    8 Juil, 2021

    « L’Académie Nationale de Médecine (ANM), de longue date très impliquée dans la réflexion sur la fin de vie, a toujours affirmé qu’il n’est pas dans la mission du médecin de donner la mort. » Alors que le Comité consultatif national d’éthique a annoncé il y a 15 jours la création d’un groupe de travail sur la fin de vie (cf. Le CCNE annonce la création d’un groupe de travail sur la fin de vie), l’ANM prend position dans un communiqué.

    Le retour du serment d’Hippocrate ?

    « On ne peut occulter la réelle souffrance des soignants de passer du soin à l’aide active à mourir », souligne l’Académie qui rappelle que deux propositions de loi relatives à « l’aide active à mourir » ont été récemment discutées par les parlementaires (cf. La PPL Falorni tombe en désuétude – le spectacle exagéré des promoteurs de l’euthanasie ; Le Sénat rejette l’euthanasie, le gouvernement fait des annonces). Des propositions qui prétextaient un soutien populaire. Pourtant l’institution estime que les citoyens méconnaissent les mesures en place, « ce qui, selon l’orientation des questions posées, biaise les sondages sur un sujet aussi sensible que le suicide assisté ou l’euthanasie ». Par ailleurs, il existe « une grande inégalité dans l’accès aux soins palliatifs de fin de vie », estime la société savante.

    En conséquence, avant d’envisager l’adoption de nouvelles dispositions législatives, l’Académie nationale de médecine recommande « une application enfin effective du dispositif existant » qui passe, selon elle, par « une formation approfondie sur la fin de vie » pour les professionnels de santé, « une information objective et détaillée du public sur la législation en vigueur », et « une évaluation rigoureuse de l’application des dispositions en place ». Un travail auquel l’ANM se dit prête à contribuer.

    Appliquer le « dispositif existant ». Avec quelles conséquences ?

    Mais que signifie l’application du « dispositif existant » ? Selon la loi Claeys-Leonetti rappelle l’ANM, « toute personne a le droit d’avoir une fin de vie digne et accompagnée du meilleur apaisement possible de la souffrance ». Une « fin de vie digne et apaisée » qui « est assurée par la qualité de la prise en charge, par des soins palliatifs adaptés, et si besoin par une sédation proportionnée, voire dans certains cas profonde et continue “provoquant une altération de la conscience maintenue jusqu’au décès, associée à une analgésie et à l’arrêt de l’ensemble des traitements de maintien en vie », explicite l’Académie.

    « Cette sédation est possible pour le patient atteint d’une affection grave et incurable, dont le pronostic vital est engagé à court terme », précise l’institution. Mais l’application « effective » du « dispositif existant » a pourtant rendu possible qu’un homme, Vincent Lambert, soit « condamné, légalement, à mort, bien que non malade, ni en fin de vie, et alors que sa nutrition, certes artificielle, mais peu contraignante, ne posait aucun problème », rappelait le professeur Xavier Ducrocq, chef du Service de Neurologie du CHR de Metz-Thionville à l’occasion de son audition dans le cadre de l’examen de la proposition de loi d’Olivier Falorni le 24 mars (cf. Fin de vie : Olivier Falorni auditionne des experts avant l’examen de son texte [2/3]). Un homme qui « était sévèrement handicapé, d’un handicap stable », et qui, « bien que professionnel de santé », « n’avait pas exprimé de directives anticipées ».

    Alors que les patients atteints « de maladies neurovégétatives à évolution lente » sont clairement visés par le CCNE, les membres de l’Académie nationale de médecine ont aujourd’hui gardé le silence à leur sujet.

  • Le pape se remet d'une opération du colon

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    Lu sur le site du Parisien :

    Opéré d’une inflammation du colon, le pape François va «bien», assure le Vatican

    Le pape « a bien réagi à l’opération menée sous anesthésie générale », a indiqué le Vatican, peu avant minuit. Le souverain pontife subissait dans l’après-midi une intervention chirurgicale pour une inflammation du colon.

    4 juillet 2021

    Le pape François, 84 ans, a subi dimanche à Rome une intervention chirurgicale pour une inflammation du colon. Il est arrivé vers 15 heures à la polyclinique A. Gemelli de la capitale italienne où il a subi « une intervention chirurgicale programmée pour une sténose diverticulaire symptomatique du colon », selon un communiqué du Vatican.

    « L’intervention est terminée. Le Saint-Père a bien réagi à l’opération menée sous anesthésie générale et réalisée par le professeur Sergio Alfieri », a indiqué juste avant minuit, le directeur du Bureau de presse du Vatican, Matteo Bruni, rapporte La Repubblica.

    L’opération concernait une inflammation potentiellement douloureuse des diverticules, hernies ou poches qui se forment sur les parois de l’appareil digestif et dont la fréquence augmente avec l’âge. Une des complications possibles de cette affection est la sténose, c’est-à-dire un rétrécissement de l’intestin. Le pape, qui devrait passer la nuit dans une chambre du 10e étage de l’hôpital, était au bloc opératoire en début de soirée.

    Covid-19 : peu inquiet pour lui-même

    Né le 17 décembre 1936 en Argentine, François s’est fait enlever le lobe supérieur du poumon droit à l’âge de 21 ans. Il souffre de problèmes à une hanche et d’une «douloureuse sciatique». Ces dernières années, il a dû annuler quelques apparitions et marche parfois avec difficulté.

    Depuis le début de la pandémie, qui a durement frappé l’Italie en février 2020, il était paru peu inquiet pour sa propre santé, se déplaçant souvent sans masque, même s’il a dû renoncer à ses habituels bains de foule pendant l’audience du mercredi. A part un rhume qui l’avait obligé à annuler des rendez-vous au tout début de l’épidémie, sa santé n’a pas suscité de préoccupation particulière.

    Le pape François a annoncé ce dimanche qu’il se rendrait en Slovaquie du 12 au 15 septembre, après un passage rapide dans la Hongrie de Viktor Orban où il devrait se contenter de célébrer une messe.

  • La Hongrie : un modèle pour régénérer l’Europe ?

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    Katalin Novác.jpgLu sur le site web Kath.net aujourd’hui : Le nombre de mariages et de naissances augmente, les divorces et les avortements se font plus rares. Le gouvernement hongrois offre un vaste système d'aide aux familles.

    « Budapest (kath.net/LifeSiteNews/jg)

    La politique familiale hongroise des dix dernières années est l'une des plus réussies d'Europe. La clé du succès est que le mariage, fonder une famille et avoir des enfants n'ont pas de désavantages financiers ou sociaux, a déclaré Balázs Molnár, vice-président de l'Institut Maria Kopp pour la démographie et la famille lors du « Dialogue transatlantique », un événement du Réseau politique pour la Valeurs Valeurs).

    Le nombre de mariages a augmenté, il y a moins de divorces, plus de naissances, moins d'avortements, plus de familles vivant dans leur propre maison. Le rôle des mères et des grands-parents est mieux reconnu par la société.

    Les chiffres parlent d'eux-mêmes. La fécondité est passée de 1,25 enfant par femme à 1,55 entre 2010 et 2020. Le nombre de naissances vivantes a augmenté de 2,1%, le nombre d'avortements a presque diminué de moitié. Le nombre de mariages est supérieur de 89,5% et le nombre de divorces a diminué de 57%. 90 pour cent des jeunes veulent des enfants, 43 pour cent veulent au moins deux, 18 pour cent trois enfants ou plus. Dans le même temps, la proportion de femmes qui ont un emploi est passée de 54,6 à 67 %. Tous les chiffres se réfèrent à la période de 2010 à 2020.

    Molnár a souligné dans sa présentation que la politique familiale hongroise n'est pas seulement axée sur les enfants, mais fournit également un vaste système de soutien familial. La Hongrie fournit un soutien financier aux couples de jeunes mariés et aide les familles à obtenir des prêts hypothécaires. L'impôt sur le revenu diminue avec le nombre d'enfants, de sorte que de nombreuses familles avec trois enfants ou plus ne paient plus d'impôt sur le revenu.

    Il existe également une aide gouvernementale pour l'achat de voitures plus grandes pour les familles nombreuses et un soutien financier pour les mères qui s'occupent de leurs jeunes enfants. Il existe des garderies, mais aussi un système dans lequel les grands-parents s'occupent des petits-enfants lorsque la mère travaille à l'extérieur du foyer.

    Le Réseau Politique pour les Valeurs est un réseau international d'hommes politiques et de décideurs qui s'engagent à protéger la vie, la famille classique et les libertés fondamentales. Les dialogues transatlantiques ont lieu mensuellement. Le dernier événement en juin a réuni des représentants de 22 pays d'Europe, d'Amérique du Nord et du Sud. »

    Ref.La politique familiale de la Hongrie au cours des dix dernières années a été couronnée de succès

    Trop beau pour être vrai ?

    JPSC