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Spiritualité - Page 17

  • La messe de la Tradition : "Une cathédrale de textes et de gestes"

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    De sur The Catholic Thing :

    Une cathédrale de textes et de gestes

    L'un des axiomes de la publicité contemporaine, religieuse comme laïque, est que l'homme moderne en général, et les intellectuels en particulier, sont devenus intolérants à l'égard de toutes les formes de tradition et sont soucieux de les supprimer et de les remplacer par autre chose . Mais, comme beaucoup d'autres affirmations de nos machines publicitaires, cet axiome est faux .

    – extrait de la lettre d’Agatha Christie envoyée au pape Paul VI en 1971

    Cette lettre, à laquelle ont été ajoutés 57 noms anglais célèbres (le nom de l'auteur de romans policiers n'étant qu'un d'entre eux), porte le nom de Christie car il a été rapporté (de manière fiable) que lorsque le pape a vu son nom sur la liste, il s'est exclamé : « Ah, Agatha Christie !

    La lettre était un appel au Saint-Père pour qu’il ne « supprime » pas la messe latine, comme la rumeur le disait. Certains des signataires étaient catholiques, la plupart ne l’étaient pas. Mais tous admiraient la messe tridentine parce que « dans son magnifique texte latin, [elle] a […] inspiré une foule de réalisations inestimables dans le domaine des arts – non seulement des œuvres mystiques, mais aussi des œuvres de poètes, de philosophes, de musiciens, d’architectes, de peintres et de sculpteurs de tous les pays et de toutes les époques. Elle appartient donc à la culture universelle ainsi qu’aux ecclésiastiques et aux chrétiens formels. »

    Parmi les catholiques de renom qui ont signé la lettre, on trouve Graham Greene et Malcolm Muggeridge, et parmi les non-catholiques, on trouve Christie, les musiciens Vladimir Ashkenazy, Yehudi Menuhin et Joan Sutherland, l’historien de l’art Kenneth Clark, les écrivains Robert Graves et Iris Murdoch, le poète Cecil Day-Lewis, ainsi que deux évêques anglicans. La liste était prestigieuse. On ne mâchait pas les mots : « [Nous] souhaitons attirer l’attention du Saint-Siège sur la terrible responsabilité qu’il encourrait dans l’histoire de l’esprit humain s’il refusait de permettre à la messe traditionnelle de survivre, même si cette survie a eu lieu parallèlement à d’autres formes liturgiques. »

    Et c'est bien là le point le plus révélateur, n'est-ce pas ? Il n'y a aucune raison de ne pas permettre au nouveau de coexister avec l'ancien. Le pape saint Paul VI a répondu à la lettre de Christie par un indult autorisant la messe traditionnelle en Grande-Bretagne.

    Comme vous le savez peut-être, une lettre similaire a été publiée ce mois-ci dans le Times de Londres, au nom de quarante-huit « personnalités éminentes de la culture, du monde universitaire et de la politique, catholiques et non-catholiques ». Elle a été intitulée Lettre d'Agatha Christie 2.0, mais il s'agit plus précisément de la Lettre MacMillan , du nom du compositeur catholique Sir James MacMillan, l'organisateur. Et, encore une fois, il y a des signataires catholiques et non-catholiques. Des croyants et des non-croyants.

    Tout comme en 1971, ce sont des rumeurs en provenance de Rome concernant de nouvelles restrictions sur la MTL qui ont motivé Sir James à lancer la requête :

    C’est une perspective douloureuse et déroutante, surtout pour le nombre croissant de jeunes catholiques dont la foi a été nourrie par cette perspective. La liturgie traditionnelle est une « cathédrale » de textes et de gestes, qui s’est développée au fil des siècles comme ces vénérables édifices. Tout le monde n’apprécie pas sa valeur et c’est normal ; mais la détruire semble un acte inutile et insensible dans un monde où l’histoire peut trop facilement tomber dans l’oubli.

    Je dois admettre que j’ai appris une chose de cette nouvelle pétition auprès du Saint-Siège : aujourd’hui, j’en sais beaucoup moins sur les Britanniques distingués qu’en 1971. Il y a des noms que je connais – le compositeur Andrew Lloyd Webber, l’auteur Antonia Fraser, l’historien Tom Holland, le biographe AN Wilson, la soprano  Kiri Te Kanawa et la princesse Michael de Kent. Cette fois, l’accent est davantage mis sur la pairie. Mais le point reste le même : pourquoi se débarrasser de l’ancien simplement parce que le nouveau doit être plus largement préféré ?

    (Notez également qu’une lettre similaire des Amériques a été envoyée au pape plus tôt ce mois-ci.)

    Je suis conservateur, mais je ne m’attends pas à ce que le monde soit configuré selon mes préférences personnelles, même si je me souviens avec tendresse de la façon dont Richard Weaver (1910-1963) définissait le conservatisme : « Un paradigme d’essences vers lequel la phénoménologie du monde est en constante approximation. »

    L'Église catholique romaine abonde de paradigmes et d'essences, et ses traditions sont indissociables de son caractère essentiel. Le latin a défini son intimité avec la foi très tôt, à la fin du deuxième siècle, lorsque le pape Victor Ier a commencé à dire la messe en latin plutôt qu'en grec. Il est vrai que la messe a toujours subi des changements et que les versions familières étaient considérées comme essentielles dans les régions missionnaires où le latin n'était pas répandu.

    Mais en 1570, la messe tridentine était devenue la norme mondiale, et son abandon total après quatre siècles et demi est une décision très grave. Il en va de même pour sa limitation aux seules sociétés ecclésiastiques basées en latin (FSSP, FSSPX, etc.).

    En janvier, ma femme et moi sommes allés au Metropolitan Opera pour voir une production des Dialogues des Carmélites de Francis Poulenc. Aucun de nous ne parle couramment le français. Parmi ma collection d'enregistrements figurent des opéras en italien, en espagnol, en allemand et en russe. Je ne comprends aucune de ces langues non plus, mais mon manque de connaissance des paroles ne diminue en rien la beauté de la musique ou des dialogues.

    À chaque messe à laquelle j'assiste, je récite l' Angus Dei en latin :

    Agnus Dei, qui tollis peccata mundi, miserere nobis.
    Agnus Dei, qui tollis peccata mundi, miserere nobis.
     Agnus Dei, qui tollis peccata mundi, dona nobis pacem .

                Je le fais à mi-voix , pour ne pas perturber le rythme des autres dans les bancs de l'église. Et je ne pense pas que ce soit seulement mon imagination débordante qui me relie au passé catholique – aux années 1950 et 1550 et à toutes les époques depuis que Pierre et Paul sont venus à Rome, y sont morts et ont donné naissance à l'Église catholique romaine, mettant en marche l'Église universelle dans laquelle le monde catholique a célébré son culte dans une langue commune, rendue encore plus précieuse aujourd'hui par son caractère inhabituel.

                Je maintiens ce que j'ai écrit ici en 2022 ( Deux messes ) à propos des messes auxquelles j'ai assisté en une semaine à la Nouvelle-Orléans et à New York : l'une tridentine, l'autre Novus Ordo, et toutes deux respectueuses. J'ai terminé cette chronique par un appel au pape François :

    Restaurons la foi et ne la rénovons pas pour en faire quelque chose qu'elle n'a jamais été censée être. Saint-Père, je soupçonne que vous avez pris votre nom de pape en partie en pensant à l'appel du Christ à saint François pour reconstruire son Église. Si c'est le cas - et, en vérité, je le dis avec respect - vous vous y prenez mal.

    __________

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  • Saint Charbel : le miracle de la lampe à huile (24 juillet)

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    Sur le site du Père Patrice Sabater Pardo; avec une pensée pour les chrétiens d'Orient, particulièrement éprouvés en ces temps troublés.

    Fête de Saint Charbel... Le miracle de la lampe à huile

    (Nous sommes au Monastère d’Annaya – région de Jbeil – Byblos; c’est dans ce monastère que repose Saint Charbel.)

      "Le Père Elisah, l’ermite, est rappelé, à Dieu le 13 février 1875. L’ermitage est vacant. Charbel renouvelle humblement la demande de s’y retirer. Le Supérieur hésite. Il prend sur son bureau un dossier important, le remet au Père Charbel en disant : « Voudriez-vous me faire un rapport sur ce travail. C’est assez urgent. Je vous autorise à veiller, si cela vous est nécessaire ». Charbel s’incline, prend les documents et se retire. Le Supérieur reste songeur en regardant  partir le Père.

    A la dépense, deux domestiques, dont Saba Bou Moussa, sont en train de faire la vaisselle. Le Père Charbel apporte sa  lampe et dit : «  Elle est vide.  Voudriez-vous me la garnir d’huile, s’il vous plaît ? » - Volontiers, répond le domestique. Posez-la sur cette planche. Je vous l’apporterai tout à l’heure ».

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  • Charbel Makhlouf, une vie émaillée de miracles

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    D'Antonio Tarallo sur le site de la Nuova Bussola Quotidiana :

    Charbel Makhlouf, une vie de miracles

    23-07-2022

    Ce 24 juillet, c'est la commémoration de Saint Charbel Makhlouf, dont la biographie est émaillée de nombreux miracles attribués à son intercession, en plus des trois reconnus officiellement par l'Eglise pour sa béatification et sa canonisation. Plusieurs de ces faits prodigieux sont consignés dans le registre du monastère d'Annaya (au Liban), où repose son corps.

    Il est dit que sa tombe a été immédiatement entourée d'une "extraordinaire luminosité" qui a duré 45 jours. C'était une lumière forte, claire et aveuglante. C'était la lumière de l'Amour qui répandait ses rayons sur les serviteurs bien-aimés du Seigneur. Saint Charbel - dont la commémoration aura lieu demain - était l'un de ces "serviteurs du Seigneur", appelé à être un témoin de l'Évangile. Un serviteur qui aimait le Seigneur d'une manière qui est difficile à décrire. Saint Charbel et sa puissante intercession, Saint Charbel et ses miracles, Saint Charbel et le visage qui apparaît sur une photo, Saint Charbel et l'huile miraculeuse. On pourrait continuer ad libitum avec ces associations. Sa biographie elle-même reste si infinie qu'elle ne voit jamais le mot "fin". Ce mot, en effet, est habituellement inséré à la dernière page du livre d'une vie, mais pour lui, il semble que cela ne puisse être le cas. Le mot "fin" ne s'associe pas bien avec le mot "sainteté". Et la métaphore - ou plutôt le symbole - du passage entre le monde terrestre (fini) et l'au-delà (infini, justement) est la tombe.

    Dès ses origines, le christianisme nous parle de cette "transition" : c'est ainsi que la mémoire court vers le tombeau vide du troisième jour, signe de la résurrection du Christ, de la victoire de la vie sur la mort. Pour le tombeau de Saint Charbel, d'une autre manière, nous pouvons également trouver un symbole fort et tangible de cette vision d'un autre monde. Comme certains pèlerins voulaient même tenter de voler une partie de sa dépouille, les autorités ont décidé de rouvrir la tombe, et c'est ainsi qu'elles ont trouvé le corps flottant dans la boue, mais complètement dépourvu de marque, comme s'il avait été enterré le jour même. On a alors remarqué qu'un liquide semblable à du sang suintait de son corps. Le linge utilisé pour sécher son corps est encore conservé ; ce linge a d'ailleurs été la cause de guérisons dans de nombreux cas au cours des années ; de plus, au cours du siècle dernier, sa tombe a été ouverte quatre fois (la dernière fois en 1955), et à chaque occasion, on a constaté que son corps, saignant, possédait encore de la souplesse, comme s'il était encore vivant.

    Des événements prodigieux ponctuent donc la biographie du saint libanais. Voir l'huile de Saint Charbel. L'huile rappelle deux événements de la vie du saint. La première : Saint Charbel, la nuit, pour pouvoir continuer à lire les Saintes Écritures, demanda un jour au cuisinier du monastère de l'huile pour alimenter sa lampe. Comme c'était une période de famine, le cuisinier a reçu l'ordre de ne pas fournir cette huile, mais simplement de remplir la lampe avec de l'eau. Saint Charbel n'était pas au courant du nouvel ordre de ne pas utiliser d'huile car il vivait à l'écart des autres moines. Et c'est là que se produisit l'événement prodigieux : le soir, la lampe, bien que remplie d'eau, resta allumée toute la nuit. Le deuxième épisode fait référence à l'étrange liquide - décrit ci-dessus - du corps du saint.

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  • Saint Charbel Makhlouf (24 juillet)

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    HOMÉLIE DU PAPE PAUL VI lors de la CANONISATION DE CHARBEL MAKHLOUF, le dimanche, 9 octobre 1977 :

    Vénérables Frères et chers Fils,

    L’Eglise entière, de l’Orient à l’Occident, est invitée aujourd’hui à une grande joie. Notre cœur se tourne vers le Ciel, où nous savons désormais avec certitude que saint Charbel Makhlouf est associé au bonheur incommensurable des Saints, dans la lumière du Christ, louant et intercédant pour nous. Nos regards se tournent aussi là où il a vécu, vers le cher pays du Liban, dont Nous sommes heureux de saluer les représentants: Sa Béatitude le Patriarche Antoine Pierre Khoraiche, avec nombre de ses Frères et de ses Fils maronites, les représentants des autres rites catholiques, des orthodoxes, et, au plan civil, la Délégation du Gouvernement et du Parlement libanais que Nous remercions chaleureusement.

    Votre pays, chers Amis, avait déjà été salué avec admiration par les poètes bibliques, impressionnés par la vigueur des cèdres devenus symboles de la vie des justes. Jésus lui-même y est venu récompenser la foi d’une femme syro-phénicienne: prémices du salut destiné à toutes les nations. Et ce Liban, lieu de rencontre entre l’orient et l’Occident est devenu de fait la patrie de diverses populations, qui se sont accrochées avec courage à leur terre et à leurs fécondes traditions religieuses. La tourmente des récents événements a creusé des rides profondes sur son visage, et jeté une ombre sérieuse sur les chemins de la paix. Mais vous savez notre sympathie et notre affection constantes: avec vous, Nous gardons la ferme espérance d’une coopération renouvelée, entre tous les fils du Liban.

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  • Quand sainte Brigitte défendait le célibat des prêtres

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    Du Père Simon Noël sur son blog :

    Sainte Brigitte et le célibat des prêtres

    Les controverses sur le célibat des prêtres ne datent pas d'aujourd'hui. Elles avaient déjà cours au Moyen-Âge. Devant la triste réalité de la dépravation de certains clercs, concubinaires ou sodomites, certaines personnes de bonne volonté émettaient l'idée qu'il eût été préférable que les prêtres puissent être mariés. J'ai donc trouvé intéressant de vous offrir ce qu'écrit sur le sujet sainte Brigitte de Suède, co-patronne de l'Europe, dans le livre des Révélations, livre qui rapporte les extases et les locutions de cette grande mystique, livre approuvé par le concile de Bâle et par trois papes. Il s'agit du chapitre 10, du livre 7, dans la traduction de la comtesse de Flavigny :

    Défense que les prêtres soient mariés.

    Réjouissez-vous éternellement, ô précieux corps de Dieu, en un honneur perpétuel, en continuelle victoire, en éternelle puissance, avec votre Père et le Saint-Esprit, avec la Vierge Marie, votre très-digne Mère, et avec toute la cour céleste! Louange vous soit, ô Dieu éternel, et actions de grâces infinies, parce qu’il vous a plu de vous faire homme, et avez voulu que le pain fût transubstantié en votre corps, par vos saintes paroles, et l’avez donné en viande comme par un excès d’amour pour le salut de nos âmes!

    Il arriva une fois à une personne qui était profondément plongée en l’oraison, qu’elle ouït une voix qui lui disait : O vous à qui sont faites les faveurs d’ouïr et de voir les choses spirituelles, écoutez maintenant ce que je vous veux manifester de cet archevêque qui a dit que, s’il était pape, il donnerait licence à tous les prêtres de se marier, croyant et pensant que cela serait plus agréable à Dieu que de voir les prêtres vivre avec tant de dissolution; il disait encore que, par ce mariage, s’éviteraient tant de péchés charnels; et bien qu’en cela il n’entendît pas la volonté de Dieu, néanmoins il était ami de Dieu. Or, maintenant, je vous déclarerai la volonté de Dieu sur cela, car j’ai engendré le Dieu même, et vous signifierez cela à cet archevêque, lui parlant en ces termes : A Abraham fut donnée la circoncision longtemps avant que la loi fût donnée à Moïse, et au temps d’Abraham, les hommes étaient gouvernés selon qu’ils entendaient et selon qu’ils voulaient, et néanmoins plusieurs étaient lors amis de Dieu.

    Mais après que la loi fut donnée à Moïse, lors il plut plus à Dieu que les hommes vécussent selon la loi que selon leur volonté. Il en fut de même du précieux corps de mon Fils, car quand il eut institué le saint Sacrement de l’autel, qu’il fut monté au ciel, lors cette loi ancienne était encore gardée, savoir, les prêtres de Jésus-Christ vivaient en un mariage charnel, et néanmoins plusieurs d’iceux étaient amis de Dieu, d'autant qu’ils croyaient en simplicité que cela était agréable à Dieu, comme il lui fut agréable au temps des Juifs, et cela fut observé plusieurs années par les apôtres chrétiens. Mais cette coutume et observance était abominable et odieuse à toute la cour céleste, et à moi, qui ai engendré le corps de mon Fils, de voir que des mariés touchassent de leurs mains le corps précieux de mon Fils au saint Sacrement, car les Juifs, en leur ancienne loi, n’avaient que l’ombre et la figure de ce sacrement; mais les chrétiens ont maintenant la vérité même, savoir, Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme en ce sacrement sacro-saint.

    Mais après quelque temps que les prêtres anciens observaient cela, Dieu, par l’infusion de son Esprit, le versa au cœur du pape, pour qu’il ordonnât que désormais les prêtres qui consacreraient le corps précieux de Jésus-Christ ne seraient point mariés ni ne jouiraient des délices infâmes de la chair. Et partant, par l’ordonnance divine et par son juste jugement, il a été justement ordonné que les prêtres vivraient en la chasteté et continence de la chair, autrement qu’ils seraient maudits et excommuniés devant Dieu, et dignes d’être privés de l’office de prêtres, néanmoins que ceux qui s’amenderaient véritablement avec résolution de ne plus pécher, obtiendraient miséricorde de Dieu.

    Sachez aussi que si quelque pape donne aux prêtres licence de se marier charnellement, lui-même sera damné de Dieu par la même sentence, comme celui qui aurait grandement péché, à qui on devrait, selon le droit, arracher les yeux couper les lèvres, le nez et les oreilles, les pieds et les mains, et le corps duquel devrait être tout ensanglanté et congelé de froid; et d’ailleurs qu’on devrait donner ce corps mort aux oiseaux et aux bêtes sauvages : il en arriverait de même à ce pape qui voudrait donner licence aux prêtres de se marier, contre la susdite ordonnance divine, car ce pape serait soudain privé de la vue et ouïe spirituelle, de la parole, des œuvres spirituelles, et toute sa sapience spirituelle défaudrait spirituellement; et d’ailleurs, son âme descendrait en enfer pour y être éternellement tourmentée et être la proie des démons. Voire si saint Grégoire le pape eût établi cette loi, il n’eût jamais obtenu miséricorde de Dieu, s’il n’eût révoqué une telle sentence.

    Les papes ont toujours défendu le célibat sacerdotal. Le pape François a lui aussi récemment manifesté sa haute estime pour ce trésor de l’Église latine, en citant Paul VI : « Je voudrais donner ma vie pour le célibat des prêtres ! ». S'il y a des exceptions, il s'agit toujours d'hommes déjà mariés au moment de leur ordination, comme les prêtres catholiques-orientaux ou les prêtres anglicans devenus catholiques. Tout au plus, le pape envisagerait d'autres exceptions de ce type pour des régions manquant cruellement de prêtres, par exemple en appelant au sacerdoce des diacres mariés. Mais rien n'est encore décidé. Prions pour le Saint-Père afin que Dieu l'éclaire et qu'il discerne ce que Dieu veut, dans la ligne de la Tradition multiséculaire de l’Église romaine. Gageons cependant que l’Église, si elle adopte ces exceptions, prendra aussi toutes les mesures pour que le niveau spirituel du clergé ne soit pas menacé. Enfin, j'aimerais citer le cas d'un grand saint russe orthodoxe, Jean de Kronstadt, un prêtre marié, qui dans son évolution spirituelle vers la sainteté, en vint à la fois à célébrer quotidiennement la divine liturgie et à choisir une stricte continence dans sa vie conjugale. Cet exemple est à méditer dans le contexte actuel.

  • Sainte Brigitte de Suède, co-patronne de l'Europe (23 juillet)

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    ste_br10.jpgLors de l'audience générale du mercredi 27 octobre 2010, place Saint-Pierre, Benoît XVI a consacré sa catéchèse à sainte Brigitte de Suède :

    Chers frères et sœurs,

    En la veille fervente du grand Jubilé de l’An 2000, le vénérable serviteur de Dieu Jean-Paul II proclama sainte Brigitte de Suède co-patronne de toute l’Europe. Ce matin, je voudrais présenter sa figure, son message, et les raisons pour lesquelles cette sainte femme a beaucoup à enseigner — aujourd’hui encore — à l’Eglise et au monde.

    Nous connaissons bien les événements de la vie de sainte Brigitte, car ses pères spirituels rédigèrent sa biographie pour promouvoir son procès de canonisation immédiatement après sa mort, en 1373. Brigitte était née 70 ans auparavant, en 1303, à Finster, en Suède, une nation du nord de l’Europe qui, depuis trois siècles, avait accueilli la foi chrétienne avec le même enthousiasme que celui avec lequel la sainte l’avait reçue de ses parents, des personnes très pieuses, appartenant à de nobles familles proches de la maison régnante.

    Nous pouvons distinguer deux périodes dans la vie de cette sainte.

    La première est caractérisée par son mariage heureux. Son mari s’appelait Ulf et était gouverneur d’un important territoire du royaume de Suède. Le mariage dura vingt-huit ans, jusqu’à la mort d’Ulf. Huit enfants furent issus de ce mariage, dont la deuxième, Karin (Catherine) est vénérée comme sainte. Cela est un signe éloquent de l’engagement éducatif de Brigitte à l’égard de ses enfants. D’ailleurs, sa sagesse pédagogique fut appréciée au point que le roi de Suède, Magnus, l’appela à la cour pour une certaine période, dans le but d’introduire sa jeune épouse, Blanche de Namur, à la culture suédoise.

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  • Fêtée aujourd'hui : sainte Marie-Madeleine

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    van_der_weyden_marie_madeleine_lisant.jpgMais qui était cette sainte au sujet de laquelle on a écrit tout et n'importe quoi ?

    (ci-contre : détail de Roger van der Weyden (XVe s.) représentant Marie-Madeleine lisant)

    "... Ce que dit la Bible : Marie Madeleine est une des femmes qui accompagnent Jésus, et dont certains noms sont donnés dans l’évangile (Marthe et Marie : Lc 10, 38-42 ; Jeanne, Marie de Magdala, Suzanne : Lc 8, 1-3). Marie Madeleine se montre profondément attachée au Christ, auquel elle donne le titre solennel de « Rabbouni », lorsqu’elle le rencontre après la résurrection (cf. Jn 20, 16). Jamais les évangiles ne laissent supposer qu’il existe une relation amoureuse entre Jésus et Marie Madeleine. Dans le Nouveau Testament, il est dit clairement, en revanche, que le Christ est l’époux de l’Église, exactement dans le même sens que, dans l’Ancien Testament, Yahvé se présentait comme l’époux de son peuple Israël.

    Quant à Marie Madeleine, les évangiles disent d’elle que Jésus en avait chassé « sept démons » (cf. Mc 16, 9 ; Lc 8, 1-3). Une longue tradition l’a associée à la pécheresse qui oignit de parfum les pieds de Jésus (cf. Lc 7, 36-50), et à Marie, sœur de Marthe et Lazare (cf. Lc 10, 39 ; Jn 11, 1-45 et 12, 1-8). De nos jours, l’identité entre ces trois personnes (Marie de Magdala, Marie, sœur de Marte et Lazare, et la pécheresse pardonnée et aimante) n’est plus considérée comme probable par de nombreux spécialistes.

    Ce que dit l’Église : l’Église n’a d’autre raison d’être que de transmettre fidèlement la foi des Apôtres et la gràce de Jésus-Christ. Elle ne veut rien ajouter ou retrancher du témoignage des Apôtres sur le Christ. C’est sur cette base qu’elle affirme que Jésus n’a jamais pris femme. À partir de ce fait, et de ce qu’en dit l’Ecriture, l’Église approfondit sa compréhension du mystère de Dieu et de son dessein de salut. Dans cette perspective, le fait que le Christ n’ait pas été marié permet à l’Église, Peuple de Dieu, de se reconnaître comme l’épouse du Christ.

    En Marie Madeleine, la tradition chrétienne a toujours reconnu une figure insigne du repentir, un modèle de l’amour confiant du pécheur pardonné par le Christ, un exemple de vie contemplative. Loin de dévaluer Marie Madeleine, l’Église l’honore comme sainte Marie Madeleine, et de nombreux sanctuaires lui sont dédiés (comme la basilique de Vézelay). Il n’existe aucune trace de la prétendue lignée royale de Marie Madeleine. Pour les chrétiens, la noblesse des origines n’est rien : c’est l’accueil de la grâce et du pardon de Dieu qui fait la grandeur du chrétien. Le Royaume des Cieux, a dit Jésus, est pour les pauvres, les enfants, et ceux qui leurs ressemblent. «  Les derniers seront premiers, et les premiers seront derniers » (Mt 20, 16)." (source)

  • Mais qui était vraiment Marie-Madeleine ? (22 juillet)

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    De KTO :

    Marie-Madeleine

    15/04/2018

    Cette semaine, la Foi prise au mot, en partenariat avec le Monde de la Bible, vous propose de revenir sur l’un des personnages les plus attachants et les plus populaires des évangiles : Marie-Madeleine. Qui est-elle cette femme dont on parle tant ? Marie de Béthanie, assise aux pieds du Seigneur pendant que sa soeur Marthe vaque aux tâches de la maison ? Marie de Magdala qui reconnaît son maître ressuscité au matin de Pâques ? Est-elle aussi la pécheresse qui essuie les pieds de Jésus avec ses cheveux ? Universellement célébrée, très à la mode depuis quelque temps, Marie Madeleine fascine et interroge. Pour essayer de percer le mystère nous retrouvons trois invités : Sylvaine Landrivon, théologienne, maître de conférences à l’université catholique de Lyon, Raphaëlle Ziadé, responsable de département des arts byzantins au Petit Palais, et le père Jean Pierre Brice Olivier, prêcheur dominicain.

  • Marie-Madeleine (22 juillet)

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    mariamagdalena01.jpgHomélie du Père Joseph-Marie Verlinde (Famille de Saint-Joseph) (Homelies.frArchive 2008)

    Comme la Bien-aimée du Cantique, Marie-Madeleine cherche « celui que son cœur aime » (1ère lect.) « alors qu’il fait encore sombre ». Mais comment pourrait-elle le chercher si elle ne l’avait pas déjà trouvé ? Son désir témoigne de la présence et de l’action en elle de l’Esprit Saint qui l’attire irrésistiblement vers Jésus. Avec l’intuition sûre de l’amour, elle se rend au rendez-vous de son Seigneur, mais il lui faut du temps pour reconnaître les signes de sa présence. La mise en scène et les dialogues rapportés par Saint Jean sont d’une esquise délicatesse. Marie ne semble même pas s’étonner de voir deux personnages - identifiés à « des Anges vêtus de blanc » - dans l’espace réduit du tombeau. A moins que le caractère saugrenu de cette situation soit une invitation explicite de l’évangéliste à nous élever à une lecture symbolique. Le propitiatoire posé sur l’Arche de l’Alliance n’était-il pas flanqué lui aussi de deux Anges, « l’un à la tête, l’autre aux pieds » ? Ce tombeau vide apparaît tout à coup comme le Temple de Dieu, le lieu où repose sa gloire, où demeure sa présence.

    Ce n’est pas un divin impersonnel qui remplit le tombeau de sa nuée : les « Anges » s’adressent à Marie-Madeleine avec les paroles mêmes que le Ressuscité reprendra quelques instants plus tard. Comme l’étymologie du terme Ange l’indique, ces Etres de lumière sont les messagers, les porte-paroles de Dieu ; ils sont évoqués pour éviter de prononcer le Nom du Seigneur lui-même. Le fait qu’ils prononcent les paroles que reprendra Jésus, sous-entend que celui-ci partage désormais la gloire du « Nom qui surpasse tous les noms » (Ph 2, 9). Il est « le Seigneur », celui devant qui toute créature au ciel et sur la terre fléchit les genoux, et dont toute langue proclame la Seigneurie universelle (cf. Ph 2, 10-11).

    Marie n’en est pas encore là dans son cheminement ; pour le moment, elle cherche encore un cadavre. Aveuglée par la tristesse, elle ne reconnaît pas la présence du Vivant au cœur du tombeau vide dont elle se détourne. Mais le Ressuscité n’est plus lié à un lieu précis ; il n’est plus conditionné ni par l’espace ni par le temps : il est bien réellement présent partout où un cœur le désire ardemment. Marie-Madeleine est littéralement enveloppée de toute part par sa présence qui se fait plus pressante : « Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? » Marie ne se trompe pas vraiment en prenant Jésus pour le jardinier : n’est-il pas le nouvel Adam que le Père a établi gardien de cette terre où est planté l’Arbre de la connaissance du bien et du mal, que sa Résurrection a transformé en Arbre de Vie ? Il faut cependant un appel particulier, personnel de Notre-Seigneur pour la réveiller de sa torpeur et la faire entrer dans le monde nouveau inauguré par la Pâque de celui qu’elle cherche éperdument.

    « Marie » : interpellation empreinte de douceur, mais aussi sans doute supplication de l’amour mêlée d’étonnement : « comment se fait-il que tu ne me reconnaisses pas ? » C’est en prononçant notre nom que Jésus se fait connaître, ce « nom nouveau gravé sur une pierre blanche, que personne ne connaît sauf celui qui la reçoit » (Ap 2, 17). Se retournant une seconde fois, c’est au cœur même du tombeau vide devenu chambre nuptiale, que Marie cherche cette fois à retenir son Seigneur en confessant son amour : « Rabbouni ».

    Pourtant cette rencontre n’est que préfigurative : le temps des noces n’est pas encore venu. Jésus « monte vers son Père et notre Père, vers son Dieu et notre Dieu » pour nous préparer une place dans sa demeure d’éternité. En attendant le face à face, il nous faut comme Marie, et dans la foi, poursuivre notre route et annoncer nous aussi : « J’ai vu le Seigneur ressuscité au fond de mon cœur. Il a pris autorité sur toutes mes morts et transformé mes tombeaux en sanctuaires de sa gloire ; et voilà ce qu’il m’a dit : “Cherchez-moi de tout votre cœur ; je me laisse trouver par les âmes de désir” ».

    « Seigneur arrache de ma poitrine mon cœur de pierre ; cœur lourd, opaque, indifférent, insensible. Et donne-moi un cœur de chair qui “languit de toi comme une terre aride, sans eau” (Ps 62). Accorde-moi de pressentir ta force et ta gloire, afin de réaliser que ton amour éternel vaut mieux que ma pauvre vie mortelle. Je pourrai alors “lever les mains pour te bénir en invoquant ton nom, m’attacher à toi de toute mon âme, et crier de joie à l’ombre de tes ailes” (Ibid.). »

  • Formes liturgiques : savoir discerner avec le cardinal Newman

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    De sur le site de la revue Catholica :

    Autour des « formes liturgiques ». Quelques réflexions du cardinal Newman

    8 juillet 2024

    La vie de l’Église, au cours des dernières décennies, a été traversée par un débat très intense sur le renouvellement des « formes » : dans le langage théologique, dans la liturgie, dans la proclamation de l’Évangile, dans la manière de s’adresser au monde contemporain. C’était d’ailleurs l’objectif principal que le pape Jean XXIII avait assigné au Concile Vatican II, comme le pontife l’avait exprimé dans le discours d’ouverture de l’assemblée conciliaire :

    « Ce qui intéresse le plus le Concile, c’est que le dépôt sacré de la doctrine chrétienne soit conservé et enseigné sous une forme plus efficace. Car une chose est le dépôt de la foi, c’est-à-dire les vérités contenues dans notre vénérable doctrine, et une autre est la manière dont elles sont proclamées, mais toujours dans le même sens et la même signification. […] Il faudra donc adopter la forme d’exposition qui correspond le mieux au Magistère, dont la nature est principalement pastorale[1]. »

    C’est sur la base de cette distinction légitime entre le dépôt ou le contenu de la foi, d’une part, et ses formes historiques et changeantes, d’autre part – également corroborée par le grand développement des études historiques entre le XIXe et le XXe siècle –, que l’on a donc tenté de donner un nouvel élan à la vie et à la mission de l’Église. Au fur et à mesure que l’on avançait dans ce travail, qui est loin d’être simple, on se rendit compte qu’il n’était pas toujours facile de distinguer entre ce qui relève de la simple forme ou d’une option éphémère et ce qui, au contraire, touche dans une certaine mesure au cœur même du catholicisme, même si cela n’est pas directement lié à la révélation divine elle-même.

    C’est précisément autour de cette question difficile que de fortes tensions sont apparues au sein de l’Église. Ce débat, même s’il a connu des phases alternées, ne s’est jamais complètement apaisé, jusqu’à aujourd’hui. Comme on le sait, il concerne surtout le domaine de la liturgie et toutes les formes de prière et de ritualité qui expriment la dévotion ou la foi des fidèles.

    La vie de l’Église n’est pas entièrement nouvelle face à de tels problèmes, même s’ils se présentent aujourd’hui avec une intensité particulière. En témoigne le texte d’un sermon du cardinal John Henry Newman (1801–1890), intitulé Ceremonies of the Church[2] et prononcé à l’occasion de la fête liturgique de la Circoncision de Jésus. Il s’agit d’un des sermons de Newman avant sa conversion au catholicisme, alors qu’il appartenait encore à l’Église anglicane. Dans ces écrits « anglicans » du futur cardinal, proclamé saint il y a quelques années par le pape François (2019), nous sommes déjà confrontés à une pensée qui ne révèle aucun conflit avec la foi catholique, à l’exception peut-être de quelques nuances qui mériteraient d’être précisées.

    Dans ce texte, que nous voulons examiner et relire attentivement, nous trouvons des indications précieuses et très pertinentes concernant les « formes religieuses » en général, surtout liturgiques, et les critères à adopter pour leur conservation ou leur changement. Il s’agissait d’un sujet très sensible dans les milieux anglicans de la première moitié du XIXe siècle, déjà très exposés à l’époque aux tendances sécularisantes et libéralisantes, contre lesquelles le jeune Newman cherchait à mettre en garde l’Église d’Angleterre.

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  • Ecce Deus adiuvat me (Introit du 16ème dimanche du temps ordinaire)

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    Introitus

    Ps 53
    6 Voici que Dieu vient à mon aide,
    le Seigneur est mon appui entre tous.
    7 Que le mal retombe sur ceux qui me guettent ;
    par ta vérité, Seigneur, détruis-les,
    Seigneur, mon protecteur.

    3 Par ton nom, Dieu, sauve-moi,
    par ta puissance rends-moi justice.

  • Ils étaient comme des brebis sans berger...

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    L'évangile du 16e dimanche "ordinaire" (Marc (VI 30-34) trouve un écho saisissant dans ces paroles de l'homélie prononcée par Benoît XVI, le 24 avril 2005, lors de la messe inaugurale de son pontificat :

    "... La sainte inquiétude du Christ doit animer tout pasteur: il n’est pas indifférent pour lui que tant de personnes vivent dans le désert. Et il y a de nombreuses formes de désert. Il y a le désert de la pauvreté, le désert de la faim et de la soif; il y a le désert de l’abandon, de la solitude, de l’amour détruit. Il y a le désert de l’obscurité de Dieu, du vide des âmes sans aucune conscience de leur dignité ni du chemin de l’homme. Les déserts extérieurs se multiplient dans notre monde, parce que les déserts intérieurs sont devenus très grands. C’est pourquoi, les trésors de la terre ne sont plus au service de l’édification du jardin de Dieu, dans lequel tous peuvent vivre, mais sont asservis par les puissances de l’exploitation et de la destruction. L’Église dans son ensemble, et les Pasteurs en son sein, doivent, comme le Christ, se mettre en route, pour conduire les hommes hors du désert, vers le lieu de la vie, vers l’amitié avec le Fils de Dieu, vers Celui qui nous donne la vie, la vie en plénitude. Le symbole de l’agneau a encore un autre aspect. Dans l’Orient ancien, il était d’usage que les rois se désignent eux-mêmes comme les pasteurs de leur peuple. C’était une image de leur pouvoir, une image cynique: les peuples étaient pour eux comme des brebis, dont le pasteur pouvait disposer selon son bon vouloir. Tandis que le pasteur de tous les hommes, le Dieu vivant, est devenu lui-même un agneau, il s’est mis du côté des agneaux, de ceux qui sont méprisés et tués. C’est précisément ainsi qu’il se révèle comme le vrai pasteur: «Je suis le bon pasteur... et je donne ma vie pour mes brebis» (Jn 10, 14 ss.). Ce n’est pas le pouvoir qui rachète, mais l’amour ! C’est là le signe de Dieu: Il est lui-même amour. Combien de fois désirerions-nous que Dieu se montre plus fort! Qu’il frappe durement, qu’il terrasse le mal et qu’il crée un monde meilleur! Toutes les idéologies du pouvoir se justifient ainsi, justifient la destruction de ce qui s’oppose au progrès et à la libération de l’humanité. Nous souffrons pour la patience de Dieu. Et nous avons néanmoins tous besoin de sa patience. Le Dieu qui est devenu agneau nous dit que le monde est sauvé par le Crucifié et non par ceux qui ont crucifié. Le monde est racheté par la patience de Dieu et détruit par l’impatience des hommes." ...

    source : www.vatican.va