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Spiritualité - Page 6

  • Pourquoi avoir peur ? Comment se fait-il que vous n’ayez pas la foi ? (12e dimanche du T.O.)

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    P2420374.JPGHomélie du Père Joseph-Marie Verlinde (homelies.fr - archives)

    Rien ne distingue physiquement Notre-Seigneur d’un autre homme. A en juger au programme de ses journées et aux nuits passées en prière, il est certes particulièrement résistant ; mais il a néanmoins besoin de repos comme tout le monde. La journée de prédication l’a épuisé ; aussi s’endort-il sans tarder sur le coussin - à vrai dire très dur - dont se servaient les rameurs dans les barques de pécheurs de l’époque. Il dort même si profondément, que ni le hurlement du vent soufflant en tempête, ni le fracas des vagues malmenant le frêle embarquement, ne troublent son mystérieux sommeil.

    A bout de ressources, craignant d’être à chaque instant engloutis par cette mer déchaînée, « ses compagnons le réveillent » tout angoissés, et lui crient leur détresse : « Maître nous sommes perdus : cela ne te fait rien ? ». Etonnement et reproches se mélangent dans ce cri qui semble l’ultime recours de ces hommes, pourtant habitués à affronter les tempêtes subites et redoutables de ce lac au microclimat capricieux. Répondant aussitôt à leur appel de détresse, Jésus se lève, et avec une autorité souveraine, « il interpelle le vent avec vivacité ». Saint Marc vient d’utiliser le même verbe que celui par lequel il décrivait la prise de pouvoir de Jésus sur les démons. Poursuivant son action, Jésus s’adresse également à la mer comme à une altérité personnelle, pour lui imposer le silence. Et les éléments obéissent instantanément, comme s’ils reconnaissaient la voix de leur Maître. On imagine sans peine la stupeur de ces pécheurs ! Non seulement les démons, mais même « le vent et la mer lui obéissent ! ».

    En évoquant cet épisode, la liturgie de ce jour nous encourage à découvrir nous aussi par la foi, celui qui est présent à l’ordinaire de nos journées si souvent bousculées. Certes sa présence est à ce point discrète qu’il semble dormir ; pourtant lui seul a autorité sur les forces du mal qui nous accablent. Comme le rappelait le pape Benoît XVI lors de sa récente visite pastorale en Pologne : « Jésus se tait, mais il agit ». Comment en effet celui qui « retient la mer quand elle jaillit du sein de l’abîme », qui la « lange de nuage » comme une mère le ferait pour son enfant, qui « fait de la nuée son vêtement et lui impose des limites » (1ère lect.), comment pourrait-il être menacé par une bourrasque, aussi impressionnante fût-elle à nos yeux ? « C’est au cœur des tempêtes qu’il nous cherche le plus » écrivait Saint Thérèse d’Avila en guise d’encouragement, à des carmélites soumises à de rudes épreuves. Mais comme il nous est difficile de discerner la présence rassurante de Notre-Seigneur, dans nos barques ballotées sur les flots en furie de nos vies en proie à tant de difficultés !

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  • Thomas More, champion de la Contre-Réforme

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    Saint Thomas More

    Saint Thomas More (source)

    Le 15 juin 1520, Léon X signe la bulle Exsurge Domine contre Luther. Dès le 24, celui-ci rédige son Appel à la Noblesse chrétienne de la Nation Allemande pour l’amélioration de la Chrétienté. C’est une déclaration de guerre à la Papauté. Puis, il lance un violent réquisitoire contre l’Église et ses Sacrements, suivi de la revendication d’une totale liberté du chrétien par rapport à toute autorité ecclésiastique, et d’un appel à la libération des moines par rapport à leurs vœux. Le 10 décembre, à Wittemberg, il brûle la Bulle de l’Antéchrist  !

    Le Roi d’Angleterre a jugé de son devoir d’intervenir. Le 12 juillet 1521 paraît son Assertion des Sept Sacrements, en réponse au réquisitoire de Luther, et se voit décerner le titre de “Defensor fidei” par le pape Léon X.

    Luther répond en lançant avec insolence et mainte grossièreté un défi au roi (…). Celui-ci ne peut décemment relever le défi sans déchoir  : il en laisse le soin à son ami et conseiller l’honorable Sir Thomas More, qui, sans négliger aucune de ses charges publiques répond par un énorme pamphlet  : l’Adversus Lutherum, sous le pseudonyme de Guilelmus Rosseus, le donneur de rossées. L’ouvrage parut en 1523. (…)

    L’ADVERSUS LUTHERUM

    Les sept premiers chapitres du Livre Premier nous apprennent beaucoup sur la personne de Luther. Pour y être vivement rossé, il n’en est pas moins fort exactement observé et critiqué. (…) More fustige l’incommensurable orgueil de ce Docteur. (…)

    Mille détails le dépeignent dans sa pleine vérité, n’en déplaise à ses admirateurs. Thomas More lui reproche sa conduite vulgaire, nous le montrant écrivant ses livres dans la compagnie des buveurs de bière. Puis, plus sérieusement, il lui reproche, à lui qui n’est pas un saint et loin de là, de ne pas distinguer les vices répréhensibles des gens d’église de leurs fonctions toujours saintes et du dépôt de la doctrine et des sacrements qui sont choses divines.

    More manie la langue verte, pour répondre à Luther en son propre langage, parce qu’il jugeait que l’autre le méritait.

    Sur le fond doctrinal, More démontre l’absurdité d’un système selon lequel il ne faudrait rien tenir pour certain qui ne soit prouvé par un texte évident de l’Écriture. Et d’autant plus que Luther falsifie et truque les textes, les oublie ou leur fait dire le contraire de ce qu’ils signifient  ! Avec force, More déclare qu’un tel principe autorise et provoque une destruction totale de l’Église, comme Magistère de vérité, Autorité législative, Dispensatrice des sacrements…

    More défend la primauté et l’antériorité de la Tradition sur l’Écriture. (…) Là, il atteint la vérité la plus profonde  : ce libre-examen fondé sur l’Écriture est une nouvelle forme de rationalisme  !

    Luther fait encore appel à «  l’Église  », mais «  l’Église du Christ  », qui n’est pas l’Église Catholique, devenue à ses yeux Babylone, la Synagogue de Satan. Son Église, c’est l’Église invisible, parce qu’elle doit être sans péché  ? Mais, rétorque Thomas More, Luther veut une Église sans péché  ? Mais pour lui toute œuvre bonne est péché et orgueil et damnation  ; toute œuvre mauvaise au contraire est principe d’humiliation et de salut par la foi. La foi seule sauve, même sans confession  ! Alors, l’Église romaine qui est saturée de péchés devrait être la vraie, dans la foi  ! L’Église des Purs, selon Luther, n’en est que la diabolique caricature, pleine d’orgueil, qui n’a pas besoin de prier et ne peut avoir la foi  ! L’Église romaine se sait pauvre et faible, elle croit, et elle prie…

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  • Thomas More : patron des responsables de gouvernement et des hommes politiques

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    saint-thomas-more-00.jpg

    22 juin : fête de saint Thomas More

    LETTRE APOSTOLIQUE EN FORME DE MOTU PROPRIO
    POUR LA PROCLAMATION DE SAINT THOMAS MORE
    COMME PATRON DES RESPONSABLES DE GOUVERNEMENT
    ET DES HOMMES POLITIQUES

    JEAN-PAUL II
    EN PERPÉTUELLE MÉMOIRE

    http://www.vatican.va/ 

    1. De la vie et du martyre de saint Thomas More se dégage un message qui traverse les siècles et qui parle aux hommes de tous temps de la dignité inaliénable de la conscience, dans laquelle, comme le rappelle le Concile Vatican II, réside «le centre le plus secret de l’homme et le sanctuaire où il est seul avec Dieu dont la voix se fait entendre dans ce lieu le plus intime» (Gaudium et spes, n. 16). Quand l’homme et la femme écoutent le rappel de la vérité, la conscience oriente avec sûreté leurs actes vers le bien. C’est précisément pour son témoignage de la primauté de la vérité sur le pouvoir, rendu jusqu’à l’effusion du sang, que saint Thomas More est vénéré comme exemple permanent de cohérence morale. Même en dehors de l’Église, particulièrement parmi ceux qui sont appelés à guider les destinées des peuples, sa figure est reconnue comme source d’inspiration pour une politique qui se donne comme fin suprême le service de la personne humaine.

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  • "Tout est un cadeau" : Les leçons de Chiara Corbella sur la souffrance

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    De Joseph Pronechen sur le NCR :

    "Tout est un cadeau" : Les leçons de Chiara Corbella sur la souffrance

    Humainement, nous ne pouvons rien faire d'autre que de prier et de demander à Dieu la force de vivre cette épreuve en toute sainteté".

    Pope Benedict XVI greets Chiara Corbella with her family in Vatican Square after the General Audience.
    Le pape Benoît XVI salue Chiara Corbella et sa famille sur la place du Vatican après l'audience générale. (photo : Vatican Media / chiaracorbellapetrillo.org)
     
    20 juin 2024

    Une autre cause de sainteté pour une jeune personne progresse rapidement. Le 21 juin, la phase diocésaine de la cause de la Servante de Dieu Chiara Corbella, Petrillo, décédée en 2012, sera officiellement clôturée dans le diocèse de Rome.

    Après avoir donné naissance à un fils puis à une fille, qui n'ont vécu que 30 minutes et ont été baptisés pendant cette période, Chiara et son mari, Enrico, sont devenus les parents de Francesco. Pendant cette période, Chiara a terriblement souffert d'une tumeur cancéreuse qui s'est propagée et qui lui a causé de grandes douleurs et d'intenses souffrances. 

    Pourtant, elle a été un modèle d'amour pour tous au cours de ses épreuves. 

    Elle est décédée le 13 juin 2012, à l'âge de 28 ans. Le cardinal Agostino Vallini a célébré sa messe de funérailles et l'a appelée "la deuxième Gianna Beretta", en référence à sainte Gianna Molla.

    Voici quelques-uns de ses écrits sincères sur la souffrance, glanés sur ChiaraCorbellaPetrillo.org et surtout sur Chiara Corbella Petrillo : A Witness to Joy de Charlotte Fasi, de Sophia Institute Press.

    Dans ses notes, elle écrit

    Aimer une personne signifie
    accepter de ne pas comprendre
    tout d'elle,
    être prêt à être changé et à souffrir,
    renoncer à quelque chose pour elle

    Dans l'écoute de Dieu, il faut
    accepter de ne pas comprendre,
    être disposé à souffrir, à renoncer au mal, c'est-à-dire à choisir [le bien].
    le mal, c'est-à-dire choisir [le bien]

    Aimer une personne signifie :
    accepter de ne pas comprendre
    tout ce qui la concerne,
    être prêt à être changé et à souffrir,
    renoncer à quelque chose pour elle

    Communicante quotidienne, Chiara a affronté sa souffrance sans craindre sa tumeur, notant : "Humainement, nous ne pouvons rien faire d'autre que de prier et de demander à Dieu la force de vivre cette épreuve en toute sainteté."

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  • Saint Louis Gonzague, le patron des jeunes expliqué par Don Bosco

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    D'Antonio Tarallo sur la NBQ :

    Saint Louis Gonzague, le patron des jeunes expliqué par Don Bosco

    Dans l'un de ses écrits les plus connus, Le jeune homme providentiel, Don Bosco indique aux jeunes un programme de vie pour devenir des saints, en proposant Saint Louis de Gonzague comme modèle. Qui, au Paradis, jouit d'une gloire si grande qu'elle étonne une mystique comme sainte Madeleine de Pazzi.

    21_06_2024

    Saints et jeunes, vous le pouvez. C'est ce que confirme le témoignage de la vie de saint Louis de Gonzague (1568-1591), dont la commémoration liturgique a lieu aujourd'hui. Le saint, religieux de la Compagnie de Jésus, connu par tous comme le saint patron de la jeunesse catholique, nous offre l'occasion de réfléchir sur la sainteté juvénile. La séquence des jeunes saints est longue et pleine de biographies vraiment extraordinaires : depuis l'aube du christianisme, en passant par les religieux jésuites, jusqu'au futur Saint Charles Acutis (1991-2006), dont la date de canonisation sera annoncée lors du consistoire du 1er juillet prochain.

    Et si nous nous intéressons à la sainteté chez les jeunes, nous ne pouvons pas ne pas mentionner l'un des saints "âgés" qui a été un promoteur extrême de la sainteté, précisément chez les garçons : saint Jean Bosco (1815-1888). Du saint salésien, parmi les nombreux écrits qu'il a publiés, il nous reste un précieux volume, Le jeune homme providentiel (1847), que nous pourrions définir comme le point culminant de ses expériences pastorales parmi les jeunes du premier Oratoire et qui constitue la base du développement de son programme de sainteté parmi les jeunes. Dans ce volume, nous trouvons ce qu'il appelle lui-même les "horizons de la spiritualité juvénile", une synthèse des pratiques religieuses qu'un jeune devrait suivre.

    Dès les premières lignes, l'objectif de l'œuvre est clair : "Un mode de vie chrétien, joyeux et satisfait" ; un modèle de vie qui peut conduire les jeunes à devenir "la consolation des parents, l'honneur de la patrie, de bons citoyens sur la terre pour être un jour d'heureux habitants du ciel". Un beau programme, un programme saint, que saint Jean Bosco a toujours essayé de transmettre à ses garçons. Divisé en trois parties (plus un appendice contenant les laudes sacrées), le volume est un véritable vade-mecum de la sainteté juvénile. Et c'est justement en écrivant cela que le saint piémontais se réfère à saint Louis de Gonzague, qu'il considère comme un modèle à suivre pour tous les jeunes. La première partie du livre contient des instructions et des réflexions importantes sur le Seigneur, les devoirs du chrétien et une liste de vérités éternelles. La deuxième partie, en revanche, propose une séquence d'exercices particuliers de piété chrétienne en usage au XIXe siècle. La troisième et dernière partie contient l'Office de Notre-Dame et les formulaires pour la célébration des vêpres tout au long de l'année liturgique.

    Le style est direct et, si l'on y prête attention, on a presque l'impression que c'est la voix même de Don Bosco qui sort des lignes : "Il y a deux tromperies principales avec lesquelles le démon tend à éloigner les jeunes de la vertu. La première consiste à leur faire croire que servir le Seigneur consiste en une vie mélancolique, loin de tout plaisir et de toute joie. Il n'en est rien, chers jeunes gens. Je veux vous enseigner un mode de vie chrétien qui soit à la fois joyeux et satisfait, en vous indiquant quels sont les vrais amusements et les vrais plaisirs, afin que vous puissiez dire avec le saint prophète David : servons le Seigneur dans une sainte joie : serve Domino in laetitia".

    Et qu'est-ce que saint Jean Bosco écrit sur les jeunes ? Ou plutôt, qu'écrit-il en particulier aux jeunes pour leur montrer le chemin de la sainteté ? Voici la réponse : " Persuadés, chers enfants, que nous sommes tous créés pour le ciel, nous devons orienter toutes nos actions dans ce sens. Le grand amour que Dieu vous porte doit vous y pousser tout particulièrement. Car s'il aime tous les hommes comme l'ouvrage de ses mains, il a une affection particulière pour les jeunes, faisant d'eux ses délices : Deliciae meae esse cum filiis hominum. Tu es donc la joie et l'amour de ce Dieu qui t'a créé. Il vous aime parce que vous avez encore le temps de faire beaucoup de bonnes œuvres ; il vous aime parce que vous êtes à un âge simple, humble, innocent, et qu'en général vous n'êtes pas encore devenus la proie malheureuse de l'ennemi infernal". Des lignes efficaces pour indiquer aux jeunes leur mission : "Faites beaucoup de bonnes œuvres".

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  • Saint Louis de Gonzague : un modèle pour les jeunes (21 juin)

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    Du site des jésuites d'Europe occidentale francophone :

    Saint Louis de Gonzague

    Ce jeune jésuite italien est né en 1568 à Castiglione, dans l’actuelle province de Lombardie. Fêté le jour du solstice d’été, le 21 juin, saint Louis de Gonzague est proposé comme modèle à la jeunesse, et spécialement aux étudiants. 

    En 1991, le pape Jean Paul II l’a également déclaré saint patron des personnes atteintes du SIDA.

    Un modèle pour les jeunes

    Saint Louis de Gonzague 2

    Échapper aux richesses, à la gloire humaine et au pouvoir : la vie de Louis de Gonzague est à mille lieux des modèles courants dans l’esprit des jeunes… et de ce que leurs parents peuvent souhaiter pour eux. Né dans une famille noble, fils aîné du marquis de Castiglione, Louis semble jouir d’une voie toute tracée : dès l’âge de 13 ans, il vit à la cour de Philippe II d’Espagne. Toutefois, l’expérience de cette vie l’aide à découvrir qu’il a soif d’autre chose : le luxe et le laxisme moral dont il est témoin le laissent insatisfait. Il devra lutter avec son père pour le convaincre de son désir de devenir religieux en entrant dans la Compagnie de Jésus. À 17 ans, il renonce  solennellement à ses droits héréditaires en faveur de son frère cadet et part pour Rome où, avec la bénédiction du pape Sixte Quint, il entre au noviciat jésuite. L’aimant était suffisamment puissant pour que le jeune homme se laisse attirer, en dépit des difficultés et contre l’avis paternel, et pour qu’il renonce aux honneurs et à la vie facile. Habité d’un désir plus grand que tout ce qui brille dans l’imaginaire, Louis interroge nos conceptions habituelles : faut-il rêver de richesse, de célébrité, de pouvoir ?

    Un appel à vivre le présent

    Fresques de la chapelle Saint-Louis de Gonzague-Franklin à Paris.

    « Que ferais-tu si tu apprenais que tu allais mourir dans l’heure ? », telle est la question-piège qui fut posée à Louis de Gonzague, pendant un temps de récréation. La question rejoint un conseil d’Ignace : quand il s’agit d’opérer une décision importante, « me projeter au jour de ma mort et considérer ce que j’aimerais avoir choisi aujourd’hui ». On peut deviner les réponses d’un jeune homme édifiant : « aller saluer ma mère » ou « m’agenouiller à la chapelle devant le Saint Sacrement », etc. Les hagiographes ont mis une tout autre réponse dans la bouche du jeune Louis : « Je continuerais à jouer, comme je le fais maintenant ». Une manière toute personnelle de rejoindre le carpe diem (cueille le jour) si cher à beaucoup de jeunes ! Plutôt que de me projeter dans le futur ou de regretter le passé, j’aimerais vivre chaque instant pleinement, avec la conviction que c’est ce que j’ai à vivre.

    L’héroïsme de l’agere contra

    Vitrail de la chapelle Saint-Louis de Gonzague-Franklin à Paris.

    Après le noviciat, Louis de Gonzague reste dans la ville éternelle, au Collège Romain, pour des études de philosophie et de théologie. Alors qu’il n’a que 23 ans, la peste fait des ravages dans la ville. Avec les autres étudiants jésuites, il est invité à prendre soin des malades. On se souvient l’avoir vu, surmontant un dégoût personnel, porter un pestiféré pour le conduire à l’hôpital. Agere contra : aller à l’encontre de ses envies personnelles, réagir contre ses dégoûts. C’est un exercice par lequel on a souvent mis les jeunes religieux à l’épreuve. Mais, trop souvent, cet agere contra est associé à des exercices aussi artificiels qu’inutiles. Dans la situation de Louis, il n’y avait rien d’artificiel : un malade – peut-être un mourant – qu’on ne pouvait laisser mourir comme un chien ! Cet acte reste d’actualité : il y a beaucoup de personnes dont nous détournons le regard, que nous préférons ignorer et oublier… Je me convaincs que je ne puis m’arrêter, je n’ose pas risquer la rencontre… et, pourtant, c’est mon frère qui est malade, réfugié, sans-abri. Tant pis pour les risques de contagion : c’est aujourd’hui que je vis ce que j’ai à vivre !

    Louis continue d’étudier intensément et multiplie les austérités au point d’avoir un mal de tête lancinant. Sa vie spirituelle est alors douloureuse et tourmentée. À 22 ans, il reçoit la révélation que sa vie sera brève. Cette révélation transforme sa vie spirituelle qui sera désormais plus dépouillée, plus sereine, plus abandonnée à Dieu. Louis meurt en 1591, pestiféré à son tour, à 23 ans. Il est canonisé par Benoît XIII en 1726 et proclamé, en 1729, patron de la jeunesse, spécialement des étudiants.

    Pourquoi fêter ensemble saint Louis de Gonzague et la musique le 21 juin ? Article de la revue Christus

    La vie de saint Louis de Gonzague en vidéo

    Lettre de saint Louis de Gonzague à sa mère (10 juin 1591) : « Je chanterai sans fin les miséricordes de Dieu ! »

    Que la grâce et la consolation de l’Esprit-Saint, très vénérée mère, soient toujours avec vous.

    Votre lettre m’a trouvé encore vivant dans cette région des morts, mais prêt à partir pour aller à jamais louer Dieu dans la terre des vivants. Je pensais qu’à cette heure j’aurais déjà fait le pas décisif. Si « la charité, comme dit saint Paul, pousse à pleurer avec ceux qui pleurent et à se réjouir avec ceux qui sont dans la joie », la joie de votre Seigneurie devra être bien grande, pour la grâce que Dieu nous accorde dans ma personne, Dieu Notre-Seigneur me conduisant au vrai bonheur et m’assurant que je ne le perdrai pas.

    Je vous avoue que je m’abîme et que je me perds dans la considération de cette bonté divine, cette mer immense, sans rivage et sans fond, qui m’appelle à un repos éternel après de bien courtes et bien légères fatigues. Elle m’invite du haut du ciel à ce souverain bonheur que j’ai cherché avec trop de négligence et elle me promet la récompense du peu de larmes que j’ai versées. Que votre Seigneurie veille donc à ne pas offenser cette infinie Bonté, ce qui arriverait sûrement si vous veniez à pleurer comme mort celui qui va vivre en la présence de Dieu et qui vous servira plus par ses prières qu’il ne le fit ici-bas.

    Notre séparation ne sera pas longue ; nous nous reverrons au ciel et, réunis pour ne plus nous séparer, nous jouirons de notre Rédempteur, nous le louerons de toutes nos forces et nous chanterons éternellement ses miséricordes. Tout ce qu’il fait est bien fait, puisque s’il nous enlève ce qu’il nous avait donné, c’est pour le mettre en lieu sûr et nous rendre ce que tous nous désirons davantage.

    Je vous écris tout cela uniquement à cause du désir que j’ai que vous, Madame ma mère, et toute la famille receviez la nouvelle de ma mort comme une grande faveur. Que votre bénédiction maternelle m’accompagne et me dirige dans la traversée de l’océan de ce monde et me fasse arriver heureusement au port de mes désirs et de mes espérances. Je vous écris avec d’autant plus de plaisir qu’il ne me reste plus d’autre preuve à vous donner de l’amour et du profond respect qu’un fils doit à sa mère.

    (Acta Sanctorum , Juin 5, p. 878 ; trad. fr. in : E. Delpierre et A. Noché,
    Saint Louis de Gonzague et la Renaissance italienne . Le Puy 1945, pp. 313-314).

  • Le Sacré-Cœur, une dévotion qui unit l'affection et la raison

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    De Nico Spuntoni sur la NBQ :

    Le Sacré-Cœur, une dévotion qui unit l'affection et la raison

    Le monde offre "une vision superficielle et illusoire de l'amour", où le sacrifice n'est pas envisagé. "Mais l'amour chrétien est plus profond et signifie imiter le Christ". Dans la spiritualité du Sacré-Cœur, l'affection, l'intelligence et la volonté travaillent ensemble. La Bussola s'entretient avec le cardinal Collins.

    19_06_2024

    Juin est le mois consacré au Sacré-Cœur de Jésus. Un culte qui a apporté de grands fruits de sainteté à l'Église et dont la diffusion est particulièrement due à sainte Marguerite-Marie Alacoque (1647-1690). Benoît XVI a rappelé que "dans le cœur du Rédempteur, nous adorons l'amour de Dieu pour l'humanité, sa volonté de salut universel, son infinie miséricorde". Cette dévotion profondément eucharistique est particulièrement chère au cardinal Thomas Christopher Collins qui, lorsqu'il était archevêque de Toronto, a écrit une belle lettre pastorale sur le Sacré-Cœur de Jésus intitulée "Le cœur parle au cœur". Le cardinal canadien revient sur l'importance de ce culte, surtout aujourd'hui, dans cet entretien accordé à la Nuova Bussola Quotidiana. 

    Cardinal Collins, que peut enseigner la couronne d'épines avec laquelle est représenté le Sacré-Cœur de Jésus à une société comme celle d'aujourd'hui où la souffrance fait peur ?

    L'amour véritable implique le sacrifice, et cet amour généreux et sacrificiel implique souvent la souffrance. Nous lisons l'amour sacrificiel de Jésus dans la lettre aux Philippiens (2,6-11), où saint Paul dit que la deuxième personne de la Trinité ne s'est pas accrochée à son égalité avec Dieu, mais qu'elle s'est vidée d'elle-même et est venue dans notre monde, jusqu'à accepter la mort sur la croix. Une couronne d'épines entoure donc le Sacré-Cœur de Jésus, comme lors de sa crucifixion, car l'amour qu'il offre n'est pas autoréférentiel, mais généreusement sacrificiel, comme devrait l'être le nôtre si nous vivons à l'imitation du Christ. Nous partageons la souffrance des autres, et parce que nous vivons dans un monde qui se détourne de Dieu, aujourd'hui comme dans la vie du Christ sur Terre, ceux qui sont fidèles peuvent faire l'expérience de la souffrance. Il y a plus de martyrs aujourd'hui qu'au premier siècle. Notre monde offre souvent une vision superficielle et illusoire de l'amour qui évite la possibilité d'une couronne d'épines ; mais l'amour chrétien est plus profond et signifie imiter le Christ ; il a offert un amour généreux dans un monde de gens au cœur dur, et cela a conduit à une couronne d'épines. Nous, chrétiens, ne devons pas essayer d'éviter le risque de souffrance que courent ceux qui offrent l'amour du Christ dans ce monde parfois froid.

    Un cœur blessé pour symboliser l'amour véritable, l'amour divin. Pourquoi ne s'agit-il pas d'une contradiction ?

    La blessure dans l'image du Sacré-Cœur nous rappelle le fondement biblique de cette dévotion, qui n'est pas un simple exercice de piété, mais qui, comme la dévotion à l'Eucharistie et la dévotion à Marie, a un solide contenu doctrinal enraciné à la fois dans l'Écriture et dans la tradition. En Jean 19, 34, nous lisons qu'un soldat a transpercé le côté de Jésus avec une lance et qu'il en est sorti du sang et de l'eau. Cette blessure au cœur physique de Jésus sur la croix a été considérée à juste titre comme représentative non seulement de sa souffrance, au même titre que la couronne d'épines, mais aussi de la grâce sacramentelle qui découle de la souffrance, de la mort et de la résurrection du Christ. La grande encyclique du pape Pie XII sur le Sacré-Cœur s'intitule Haurietis aquas, d'après le verset du prophète Isaïe (12, 3) : "Vous puiserez avec joie l'eau aux sources du salut". L'amour du Christ se déverse sur nous et, surtout à travers les sacrements, en particulier le baptême et l'eucharistie, nous offre une source de salut dans notre voyage à travers le désert séculaire, dans ce territoire hostile à notre foi, dans lequel nous sommes en route vers la terre promise. L'amour chrétien s'enracine dans la réalité et non dans l'illusion, et cette réalité implique à la fois la lutte contre le mal et la réalité encore plus grande de l'expérience de la grâce de Dieu.

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  • Exaudi Domine vocem meam (Exauce ma voix Seigneur) (Introït du 11ème dimanche)

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    Introitus Introit
    Ps. 26, 7 et 9  
    EXÁUDI, Dómine, vocem meam, qua clamávi ad te: adiútor meus esto, ne derelínquas me, neque despícias me, Deus salutáris meus. Ps. ibid., 1 Dóminus illuminátio mea, et salus mea, quem timébo ? ℣. Glória Patri. Exauce, Seigneur, ma voix, qui a crié vers Toi ; sois mon secours, ne m'abandonne pas, et ne me méprise pas, Dieu de mon salut. Ps. ibidem, 1. Le Seigneur est ma lumière et mon salut, qui craindrai-je ? ℣. Gloire au Père.
  • La Parole qui nous est annoncée (11ème dimanche du temps ordinaire)

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    Evangile du jour : Marc 4, 26-34

    Parlant à la foule en paraboles, Jésus disait : « Il en est du règne de Dieu comme d'un homme qui jette le grain dans son champ : nuit et jour, qu'il dorme ou qu'il se lève, la semence germe et grandit, il ne sait comment. D'elle-même, la terre produit d'abord l'herbe, puis l'épi, enfin du blé plein l'épi. Et dès que le grain le permet, on y met la faucille, car c'est le temps de la moisson. » 

    Jésus disait encore : « A quoi pouvons-nous comparer le règne de Dieu ? Par quelle parabole allons-nous le représenter ? Il est comme une graine de moutarde : quand on la sème en terre, elle est la plus petite de toutes les semences du monde. Mais quand on l'a semée, elle grandit et dépasse toutes les plantes potagères ; et elle étend de longues branches, si bien que les oiseaux du ciel peuvent faire leur nid à son ombre. »

    Par de nombreuses paraboles semblables, Jésus leur annonçait la Parole, dans la mesure où ils étaient capables de la comprendre. Il ne leur disait rien sans employer de paraboles, mais en particulier, il expliquait tout à ses disciples.

    Homélie du Père Joseph-Marie Verlinde (Archive 2009) (homelies.fr)

    « Jésus leur annonçait la Parole » : l’expression peut surprendre. Lorsque nous annonçons un message, nous communiquons à nos interlocuteurs un discours composé d’un certain nombre de paroles. Ici par contre, l’objet de la communication est constitué d’une seule Parole. Pourtant Notre-Seigneur est obligé de raconter de nombreuses paraboles pour transmettre l’information contenue dans cette unique Parole.

    Nous pressentons le caractère mystérieux de cette Parole qu’il est impossible de prononcer, délivrer, communiquer en tant que telle, mais qui ne peut être que désignée, suggérée, dans un discours parabolique. Or, comme son nom l’indique, la para-bole veut nous élever de ce qui est décrit dans le récit, vers ce qu’il annonce ; ou encore : de ce qui est perceptible et donc susceptible d’être formulé dans le langage, vers ce qui est présent de manière imperceptible et qui demeure dès lors indicible, ineffable. La parabole veut donc nous mettre en route vers une destination inconnue, qui est précisément cette fameuse Parole que Jésus annonce et qu’il désigne également comme étant le « Règne de Dieu ».

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  • Saint Antoine de Padoue (13 juin)

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    280px-Guercino_Antonio_Bambino.jpgLors de l'audience du 10 février 2010, le pape Benoît XVI a consacré sa catéchèse à saint Antoine de Padoue que l'on fête aujourd'hui (représenté ci-contre par le Guerchin) :

    Chers frères et sœurs,

    Il y a deux semaines, j'ai présenté la figure de saint François d'Assise. Ce matin, je voudrais parler d'un autre saint, appartenant à la première génération des Frères mineurs: Antoine de Padoue ou, comme il est également appelé, de Lisbonne, en référence à sa ville natale. Il s'agit de l'un des saints les plus populaires de toute l'Eglise catholique, vénéré non seulement à Padoue, où s'élève une splendide basilique qui conserve sa dépouille mortelle, mais dans le monde entier. Les images et les statues qui le représentent avec le lys, symbole de sa pureté, ou avec l'Enfant Jésus dans les bras, en souvenir d'une apparition miraculeuse mentionnée par certaines sources littéraires, sont chères aux fidèles.

    Antoine a contribué de façon significative au développement de la spiritualité franciscaine, avec ses dons marqués d'intelligence, d'équilibre, de zèle apostolique et principalement de ferveur mystique.

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  • Un grand saint : Antoine de Padoue

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    Sa fête au calendrier liturgique est fixée au 13 juin. Il est Docteur de l’Église depuis 1946. (http://www.ofmqc.ca/fra/franciscains/figures)

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    La vie d’Antoine de Padoue est une histoire de vie adonnée à l’étude de l’Évangile durant plusieurs années, quelque part au Portugal ; une histoire de passage de la communauté des Augustiniens à celle des Franciscains ; une histoire d’accueil à Assise par François lui-même, qui en fit le premier professeur de théologie de l’Ordre ; une histoire de réforme de la prédication par des sermons bien ressourcés à l’Évangile; une histoire fabuleuse de miracles durant sa vie et après sa mort ; et enfin un destin exceptionnel dans l’Église catholique, qui a fait d’Antoine la personnalité la plus célèbre de l’Ordre franciscain et une sorte de figure de proue.

    Antoine entra d’abord chez les Chanoines de Saint-Augustin, à Coïmbra, au Portugal. Mais tout jeune, il avait mis en fuite le démon, d’où l’origine du Bref de saint Antoine, qui fait appel à la croix du Christ. Les futurs martyrs du Maroc, Adjut, Othon et compagnie avaient leur fraternité à Coïmbra, avant la célèbre tournée au Maroc qui leur coûta la vie.

    Antoine eut connaissance du rapatriement de leurs dépouilles à Coïmbra dans des cercueils d’argent. Il décida alors, malgré une forte opposition, de changer de communauté, à la suite d’une apparition nocturne de saint François, encore vivant en Italie. Devenu franciscain en 1220 à la fraternité de Coïmbra, il eut soif de mourir martyr et partit pour le Maroc, où il fut six mois ; une fièvre l’obligea à revenir en Italie. En 1221, il était au chapitre de la Pentecôte à Assise, en illustre inconnu. Il fut nommé à la fraternité de Forli, et c’est là qu’il se fit connaître par sa prédication, lors d’une profession des frères. Il fut ensuite nommé prédicateur et professeur de théologie de ses frères à Bologne, puis à Toulouse, Montpellier, Limoges, Milan et Padoue.

    En 1224, Antoine enseigna à l’Université de Bologne, puis se rendit à Verceil où il ressuscita le fils unique d’une pauvre veuve. Cette même année, il passa en France et fut provincial de Bourges. Vers 1226, date de la mort de saint François, il était provincial dans le nord de l’Italie, - Romagne et Venise - , participant à des controverses avec les Albigeois. On l’appelait le marteau des hérétiques. En 1228, il prêcha devant le pape Grégoire IX, puis se mit à rédiger ses 76 sermons (5 volumes de 300 pages chacun), restés inachevés. Au Chapitre de 1230, il renonça à sa charge de ministre provincial et devint conseiller du Pape Grégoire IX à Rome.

    Il se retira en ermitage chez un comte en 1231, Il mourut cette année-là, près de Padoue, le 13 juin 1231, avec ces derniers mots : Je vois mon Seigneur. Il fit alors 53 miracles éclatants et fut canonisé à la cathédrale de Spolète, moins de deux ans après sa mort. Exactement onze mois. Il devint le patron du Portugal, des prêtres et des fiancés. On donnait souvent aux enfants le nom d’Antoine : il y a, dans l’Église, cinquante saints Antoine, mais Antoine de Padoue est sans doute le plus connu. L’un des faits les plus étonnants, c’est que 32 ans après sa mort, on inhuma Antoine de Padoue et on trouva sa langue intacte, d’une belle couleur rosée. On en devine le sens : en plus de sa sainteté de vie, il avait réformé la prédication, en l’abouchant à l’Évangile, et sa compréhension de l’Évangile s’était formée à partir d’un cheminement long dans la prière.

    Antoine de Padoue a en commun, avec sainte Élisabeth de Hongrie, d’être entré dans la famille franciscaine la même année, en 1220, et de mourir aussi la même année, à cinq mois de distance, soit en 1231. Ils sont morts jeunes, l’un à 32 ans, l’autre à 24 ans. Ils projettent tous deux une image de jeunesse, de dynamisme, de courage et sainteté.

  • Le bienheureux Edouard Poppe (10 juin)

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    De Dom Antoine Marie, abbé de l'abbaye Saint-Joseph de Clairval (Lettre mensuelle du 15 novembre 2000 reproduite ici avec l'aimable autorisation de son auteur) :

    «N'avez-vous pas remarqué quel nimbe de lumière enveloppe les saints prêtres et illumine tout autour d'eux? Quelles transformations ils suscitent par la silencieuse prédication de leur sainte vie! Que d'imitateurs ils attirent à leur suite, les entraînant dans leur idéal sacerdotal! Puisse Jésus nous faire la grâce d'entrer en contact avec un tel prêtre!» L'auteur de ces lignes, l'abbé Édouard Poppe (1890-1924) – que le Pape Jean-Paul II a béatifié le 3 octobre 1999 –, ne se doutait pas que ses paroles allaient s'appliquer à sa propre histoire.

    Édouard Poppe est né le 18 décembre 1890, dans une famille flamande profondément catholique. Son père, Désiré, et sa mère, Josefa, habitent une modeste maison dans la petite ville de Temse, près de Gand (Belgique). Boulanger de son métier, Désiré travaille dur pour faire vivre les siens. Dans les épreuves, il a coutume de dire: «Il faut toujours être content de la volonté de Dieu». Josefa met dans son ménage une chaude affection en même temps qu'une ferme discipline. Elle assiste chaque jour à la Messe, autant qu'elle le peut, car la famille s'agrandit rapidement. Onze enfants viendront réjouir le foyer: trois mourront en bas âge, les deux garçons deviendront prêtres, cinq filles seront religieuses, une seule restera auprès de sa mère.

    Un enfant espiègle et têtu

    Dès ses premières années, Édouard manifeste un naturel aussi heureux que remuant. Mais il n'est pas un enfant facile: il bouscule tout, au risque de casser bien des choses et de se faire mal. Espiègle et têtu, il ne peut laisser ses soeurs en paix. Celles-ci prennent leur revanche lorsqu'elles le surprennent en train de se peigner devant une glace, prenant alors plaisir à le décoiffer. Édouard va volontiers à l'école, mais préfère tout de même rester à la maison où son exubérance peut plus facilement se donner libre cours. Gourmand, comme beaucoup d'enfants, Édouard s'attaque fréquemment aux friandises de la boulangerie. Cependant, on remarque en lui franchise et gaieté. À douze ans, il fait sa première Communion, puis reçoit la Confirmation. Alors, sous l'influence bienfaisante des sacrements, Édouard devient plus sérieux: farces et taquineries se raréfient.

    Au printemps 1904, M. Poppe s'ouvre à Édouard de projets d'agrandissement de son commerce; il souhaite le voir entrer en apprentissage de pâtissier. Édouard reste tout d'abord muet, car il a résolu de devenir prêtre. Il répond finalement à son père qu'il ne veut pas être boulanger. Quelques temps après, un prêtre ami exprime à M. et Mme Poppe un avis favorable sur la vocation d'Édouard. M. Poppe dit à son épouse: «Je préfère ce que Dieu veut. D'ailleurs ne soyons pas égoïstes. Dieu ne nous a pas donné nos enfants pour nous». C'est ainsi qu'à l'automne, le garçon part pour le Petit-Séminaire Saint-Nicolas à Waas.

    Le 10 janvier 1907, M. Poppe meurt d'épuisement. Édouard, qui a 16 ans, envisage de renoncer pour un temps aux études et de prendre en mains la boulangerie, mais sa mère lui dit: «Papa m'a fait promettre avant de mourir de te laisser poursuivre tes études. Je veux tenir ma promesse».

    En septembre 1910, Édouard est appelé au service militaire, dans la Compagnie universitaire, où il pourra commencer ses études de philosophie. À la caserne, on apprend bientôt son désir du sacerdoce, ce qui lui attire moqueries et provocations. La trivialité et la débauche de ses compagnons lui deviennent insupportables, un «enfer», dira-t-il. De plus, il ne peut assister à la Messe et communier en semaine. Cette privation lui coûte beaucoup. En revanche, l'expérience de la vie militaire l'éclaire sur la misère humaine, et lui sera utile lorsqu'en 1922 on lui confiera le soin des séminaristes et des religieux tenus au service militaire. Après quelques mois, il retrouve la sérénité et puise dans l'Eucharistie, qu'il peut recevoir à nouveau, la force pour transformer l'épreuve en occasion d'apostolat. Il comprend mieux maintenant la vie et les difficultés des soldats et se met au service de tous. Il constate combien les fortes têtes ont besoin d'amitié; grâce à sa gentillesse, à sa serviabilité et à sa bonne humeur, il réussit à ouvrir les coeurs et à porter les âmes à la vie spirituelle.

    Un jour, il découvre la vie de sainte Thérèse de Lisieux: «Ce livre, écrira-t-il, m'a donné plus de plaisir et de profit que n'importe quel ouvrage de philosophie; j'y ai appris des choses que des années d'étude ne m'auraient pas fait découvrir». Ce qui le charme chez la jeune Carmélite, c'est sa façon d'entendre la contemplation, qui correspond si bien à ses goûts: une prière toute simple, familière, pratique, épousant les contours de tous les événements et de toutes les occupations, faisant corps avec la vie, devenue elle-même la vie et sanctifiant tout. Ainsi disparaît le conflit entre prière et travail. Saint Louis-Marie Grignion de Montfort lui apporte le sourire maternel de Marie, mais il semble que le saint préféré de l'abbé Poppe soit saint François d'Assise, à cause de son amour pour la Croix de Jésus.

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