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Spiritualité - Page 9

  • Le pape n'est pas pour rien dans le malaise des prêtres

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    De Jean-Marie Guénois sur le site du Figaro :

    Comment les jeunes prêtres veulent sortir l’Église de la crise

    Avec la baisse des vocations, leur charge de travail s’alourdit toujours plus et ils souffrent parfois d’un manque de soutien. Malgré tout, leur zèle reste intact.

    Il s’est passé à Paris un événement de faible impact médiatique mais de haute intensité spirituelle: le décès d’un jeune prêtre. Le 14 mars dernier, l’abbé Cyril Gordien mourait d’un cancer fulgurant. Il avait 48 ans. Il était curé de l’église Saint-Dominique, dans le 14e arrondissement. À ses obsèques, dans l’église Saint-Pierre de Montrouge, dont le haut clocher de pierres blanches marque l’entrée de Paris après la porte d’Orléans, étaient présents 6 évêques, 250 prêtres et près de 2000 fidèles. Sans parler des témoignages venus de toute la France puisque ce prêtre avait été aumônier national du mouvement des Scouts d’Europe.

    Cette messe d’adieu a, selon les témoins, marqué par sa densité ceux qui étaient présents. Plus large encore, son «testament spirituel», texte d’une quarantaine de pages écrit par cette âme de feu et intitulé «Prêtre au cœur de la souffrance», continue de rayonner sur internet et ne laisse personne indifférent. Il dénonce sans ambages «des prêtres et même parfois des évêques qui ne cherchent pas le bien et le salut des âmes, mais qui désirent d’abord la réalisation de leurs propres intérêts, comme la réussite d’une “pseudo- carrière”». Et énumère: «Ils sont prêts à tout: céder à la pensée dominante, pactiser avec certains lobbies, comme les LGBT, renoncer à la doctrine de la vraie foi pour s’adapter à l’air du temps, mentir pour parvenir à leurs fins. Le père Gordien confesse alors: «J’ai souffert par l’Église. Dans les différentes crises que j’ai traversées, je me suis rendu compte que les autorités ne prenaient pas soin des prêtres et les défendaient rarement.» Amer, il constate: «Comme prêtre, pasteur et guide de brebis qui vous sont confiées, si vous décidez de soigner la liturgie pour honorer notre Seigneur et lui rendre un culte véritable, il est peu probable que vous soyez soutenu en haut lieu face aux laïcs qui se plaignent».

    «Entièrement livré à son ministère»

    La charge est lourde. Ses propos ont ravi les uns et mis en colère les autres. Il n’est pas étonnant que ce «testament spirituel», dans lequel il dit également, à longueur de pages, sa joie d’être prêtre, mais sans éluder ses détresses, ait été très vite retiré du site de la Conférence des évêques, où il avait été publié par erreur… Cyril Gordien n’était pourtant pas un prêtre traditionaliste. Il célébrait la messe selon le rituel adopté par le concile Vatican II. Il avait, par exemple, institué une «adoration permanente de l’eucharistie» dans sa paroisse, ce qui avait provoqué l’ire d’un groupe de paroissiens qui ne cessèrent de le dénoncer, dans son dos, à l’archevêché.

    Un des amis proches du père Gordien, le père Luc de Bellescize, curé à Paris, a rédigé une lettre ouverte dans laquelle il écrit que son confrère était «excessif», qu’il ne prenait «jamais de repos» parce qu’il était «entièrement livré à son ministère». Il confirme aussi l’existence de «lettres de délation anonymes» reçues contre les prêtres à l’évêché où il a travaillé. «Un désaccord liturgique ou doctrinal, un souci de gouvernement ne constituent pas un crime», souligne le père Luc de Bellescize, avant de conclure: «Ces mots d’un prêtre au cœur de la souffrance doivent être pris au sérieux et invitent l’Église à examiner la manière dont elle prend soin de ses prêtres», car «la manière dont il a été traité parfois serait inadmissible dans une entreprise.»

    Un malaise chez les prêtres?

    Il y a quelque chose de ce genre dans l’Église de France. Beaucoup de ces hommes, qui ont donné toute leur vie à Dieu, sont troublés. Et ils n’ont pas toujours un évêque à l’oreille attentive. Un prêtre résume: «Il peut y avoir un gros malaise avec l’évêque: est-il un père? un patron? un délateur?» Les prêtres vivent en effet une surcharge structurelle avec la diminution des vocations. Les mêmes prêtres catholiques viennent d’essuyer, injustement, depuis le rapport Sauvé, l’opprobre de l’accusation d’être des pédocriminels en puissance alors qu’elle concernait, au plus fort de cette crise il y a quarante ans, 3 % à 4 % des prêtres et moins de 1 % d’entre eux aujourd’hui. Les évêques, tétanisés, n’ont pas su défendre leur honneur.

    Des chiffres calamiteux

    Depuis une dizaine d’années, ces hommes de terrain constatent une baisse des entrées dans les séminaires. Certains de ces établissements, comme à Lille ou à Bordeaux, ont dû fermer. La Conférence des évêques préfère ne pas donner les chiffres de la rentrée de septembre 2022 tant ils sont calamiteux. Le diocèse de Paris enregistrait seulement trois jeunes entrés en première année. L’Église connaît aussi des tensions liturgiques: un quart, au moins, des jeunes ordonnés au sacerdoce sont plutôt de sensibilité classique, voire traditionaliste. Les fidèles de la génération 1968, plutôt progressistes, ne le comprennent pas.

    Des diocèses connaissent également des difficultés avec leur évêque. Depuis vendredi dernier, une pétition circule dans le diocèse de Strasbourg pour demander le départ de l’archevêque, Mgr Luc Ravel. Il y a, enfin, l’abandon du sacerdoce. Effectué dans la discrétion il y a encore trois décennies, chaque départ de prêtre est aujourd’hui médiatisé. «C’est dur de voir un frère prêtre partir», reconnaît l’un d’eux. Même si, en réalité, le nombre de ceux qui quittent le sacerdoce en France est relativement stable: 15 en moyenne par an depuis le début des années 2000, selon les chiffres officiels du Vatican, soit un pour mille. En France, le nombre de prêtres s’est réduit de moitié en vingt ans. Ils étaient 10.188 prêtres diocésains en 2020, pour 10.326 paroisses qui regroupent 45.000 églises. L’âge médian du prêtre est de 75 ans.

    Pour y voir clair, Le Figaro a sollicité douze prêtres. Douze apôtres. Douze pasteurs de moins de 50 ans, de tous lieux, ruraux et urbains. Ils disent être «très heureux» du choix de cette voie. Ils ne regrettent rien. Mais ils sont lucides. Au prix, pour certains, de parler sous anonymat strict.

    L’un d’eux nous raconte une anecdote terrible pour un homme de Dieu. Il exerce dans le sud de la France et totalise une dizaine d’années de sacerdoce. Prêtre diocésain, il n’a rien d’un ultra qui voudrait imposer sa foi. Lors du jeudi saint, fête du sacerdoce, il a reçu une «douche glacée». Alors qu’il évoquait «la mort et de la résurrection du Christ», thème pascal s’il en est, dans un lycée catholique, il s’est vu reproché de ne pas avoir parlé des «valeurs du christianisme, de la solidarité». Ce qu’il ne manque pourtant pas de faire à d’autres occasions. Il en déduit: «C’est à l’image de ce que vivent beaucoup de prêtres aujourd’hui. S’ils souffrent dans leur cœur de pasteur et dans leur vie, ce n’est pas pour leur ego, mais parce que la mission confiée par l’Église, celle d’annoncer clairement le Christ, n’est pas toujours partagée par l’Église elle- même!» «La mission, l’annonce du Christ, nous avons donné notre vie pour elle. Nous savons que notre choix de vie est incompris. Mais le malaise des prêtres vient de ce que l’on ne sait plus comment annoncer l’Évangile, constate-t-il. Nos communautés paroissiales vieillissent. Lors des funérailles, les gens n’attendent qu’une prestation de “service”. La majorité des couples que nous préparons au mariage n’ont pas la foi. En fait, les gens n’attendent pas ce que l’on souhaiterait leur donner…» D’où un risque de découragement: «Des prêtres ne voient plus le fruit de leur travail. Certains n’en peuvent plus. D’autant que les évêques nous laissent souvent seuls sur le terrain. Et, si nous sommes un peu incisifs, ils s’inquiètent. Ils préfèrent le consensus.»

    Un prêtre ose, lui, sortir de l’anonymat. Paul Benezit a 37 ans et totalisera bientôt une dizaine d’années d’ordination. Il confesse son tempérament «positif» qui cherche «toujours à voir le bon côté des choses». Prêtre en zone rurale, il a 28 clochers sous sa responsabilité et affirme: «Je suis tellement heureux dans mon ministère!» Il évoque, pêle-mêle, le contexte récent de son diocèse: l’épreuve du suicide d’un prêtre de 38 ans, il y a cinq ans, qu’il remplace, le procès d’un prêtre qui va bientôt avoir lieu et, en janvier dernier, l’annonce tonitruante du départ du curé de la cathédrale, parti avec une femme. «Nous avons une grosse charge de travail, tout est dans la façon de la vivre. Le malaise vient du manque d’effectifs, estime-t-il. On place des prêtres sans expérience à des postes trop difficiles. Si l’on répond que l’on ne peut pas assumer le travail de deux prêtres, voire de trois prêtres, on nous regarde avec bienveillance, mais il faut y aller quand même. Si on ne fixe pas une limite pour se reposer, lire, faire du sport, s’intéresser à autre chose, on tombe vite dans un surinvestissement lié à la spiritualité du sacerdoce, qui est un don total de soi. On accepte une mission toujours plus lourde, impossible à réussir entièrement, et c’est le début des problèmes. On tire sur la corde et on peut dégringoler: fuite, abandon du ministère, suicide.»

    Ce nageur de bon niveau, passionné de forêts, interroge: «On connaît la courbe des âges des prêtres, le nombre de postes à pourvoir, le peu d’entrées au séminaire. Au lieu de naviguer à vue, de gérer le quotidien, il serait bon de se poser sur une table et de conduire nos ressources humaines sur dix ans. Mais cela, je ne l’ai pas encore vu. Quand allons-nous penser une autre organisation que ce maillage intenable du territoire?» «Perte de confiance dans le pape François»

    Confronté à la même problématique dans le Lot, en zone encore plus rurale, le père Florent Millet, recteur du sanctuaire de Rocamadour, a longtemps été vicaire général du diocèse, numéro deux de l’évêque: «Quand j’étais vicaire général, j’ai vu des prêtres actifs, toujours prêts à aller partout, d’autres plus casaniers, d’autres toujours disponibles, d’autres toujours submergés. Les tempéraments et les caractères jouent, mais j’ai observé qu’un curé qui aime ses paroissiens est un prêtre heureux. Cela paraît simple, mais cela se vérifie. En revanche, si je ressentais un malaise aujourd’hui, il viendrait de la question liturgique. Nous étions arrivés à une situation paisible avec les prêtres traditionalistes et tout se passait bien. On peut comprendre que Rome veille à ne pas voir des chapelles particulières, mais les nouvelles restrictions nous compliquent les choses.»

    Il y a peu encore, les prêtres ne critiquaient jamais le pape. Il apparaît dans ce tour d’horizon que plusieurs d’entre eux – requérant l’anonymat – ne tiennent plus cette réserve. À l’évocation d’un possible «malaise», les prêtres parlaient uniquement de «regards noirs»,de «changements de trottoir» et d’«invectives désobligeantes» dans la rue. C’était il y a deux ans, au paroxysme de la crise de la pédophilie. Aujourd’hui, certains d’entre eux, qui ne sont pas des extrémistes, mettent en lumière «une immense perte de confiance dans le pape François». «Beaucoup de prêtres de moins de 50 ans sont décontenancés parce qu’ils ont l’impression que François sème le trouble, la division et qu’il est toujours dans la dénonciation du cléricalisme, confie l’un d’entre eux. J’ai tout abandonné pour suivre le Christ, pas pour exercer un pouvoir! Or, enseigner clairement l’Évangile serait devenu du cléricalisme? Certains fidèles nous reprochent d’être vieux jeu quand nous enseignons ce que l’Église professe. Le pape, objectivement, ne représente plus un signe de communion. Il y a un trouble chez les prêtres parce que nous vivons une crise de confiance.»

    Un autre, dans le même registre, ajoute: «Quand nous regardons vers Rome, qui a toujours été un cap, un phare, une terre ferme, on nous dit: “On ne veut plus de prêtre comme vous.” Il faut se justifier de porter un col romain. Le pape nous donne l’impression qu’il ne nous comprend pas et qu’il ne nous aime pas. Nous restons fidèles, comblés par les joies de notre ministère, mais nous sommes désemparés et beaucoup de catholiques le sont avec nous. Si nous tenons c’est grâce aux jeunes, très motivés, qui montrent l’arrivée d’une nouvelle génération bien dans son temps et qui n’a pas honte de se dire catholique. Pas identitaires, ils attendent qu’on leur parle de la foi chrétienne. Ce sont eux l’avenir.»

  • Le problème de notre temps ? L'absence de foi (testament spirituel de l'abbé Cyril Gordien)

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    Du site "Silere non possum" :

    LE PROBLEME DE NOTRE TEMPS ? L'ABSENCE DE FOI

    Le testament spirituel d'un prêtre parisien nous invite à réfléchir à quelques questions importantes.

    Les fêtes de Pâques, comme celles de Noël, sont une occasion propice pour les prêtres de "compter" les fidèles qui "pointent le bout de leur nez". Nombreux sont ceux qui se disent catholiques mais qui, tout au long de l'année, ne se rendent pas à l'église et ne font leur apparition qu'à l'occasion des fêtes de Noël et de Pâques ou pour le baptême de leurs petits-enfants.

    Dans le sud de l'Italie, en particulier, nombreux sont ceux qui assistent à des "représentations". S'il est une chose que nous avons encouragée ces dernières années, c'est une foi faite de talismans. Les gens y assistent s'il y a quelque chose de spécial, il ne leur suffit pas que le Christ s'immole, chaque jour, sur l'autel pour leur salut. Si vous distribuez des cendres sur la tête, l'église est pleine. Si vous croisez deux bougies et que vous les placez autour du cou des gens, l'église est pleine. Si vous célébrez une simple messe, c'est le désert. Nous avons formé des fidèles qui ont besoin d'émotions et qui vivent leur foi sur la vague de celles-ci.

    Bien qu'aujourd'hui nous soyons de plus en plus repliés sur nous-mêmes et que nous pleurions sur le manque de vocations, les abus dans le clergé, le manque d'intérêt pour les jeunes, la dénatalité et ainsi de suite, le vrai problème se résume à un seul : le manque de foi. Aujourd'hui, on ne croit plus en Jésus-Christ et en sa bonne nouvelle. Il suffit d'assister à un Angélus du Saint-Père pour se rendre compte que très peu répondent aux invocations ou s'agenouillent pour la bénédiction.

    Nous avons transformé l'Église en un centre social où les gens viennent pour se sentir moins seuls, pour manger ou pour occuper des postes de direction. Il est clair qu'aujourd'hui, nous nous retrouvons avec des laïcs autoritaires qui veulent nous enseigner ce qu'il faut faire. Après tout, si notre mission était de faire le bien, ils pourraient à juste titre le faire bien mieux que nous. Le problème, c'est que ce n'est pas la mission que le Christ a confiée à son Église.

    Retour aux sources

    En ces heures, notamment en France, circule un beau testament spirituel d'un prêtre décédé d'une grave maladie. Dans ce texte émergent des préoccupations qui animent de nombreux prêtres aujourd'hui.

    Le pontificat de François n'a malheureusement fait qu'exacerber un problème de plus en plus évident. Nous en avons parlé lors des funérailles du Saint Père Benoît XVI. La génération qui a vécu la révolution de 68′ est de plus en plus désillusionnée parce qu'elle a vu ses aspirations échouer. Au contraire, les jeunes hommes qui ont été ordonnés ces dernières années et ceux qui sont actuellement au séminaire sont orientés par un idéal plus conscient du prêtre, fort de sa propre identité. Les nouvelles générations de fidèles peuplent également les églises où il y a de jeunes prêtres qui célèbrent bien la Sainte Messe et s'occupent de la liturgie, de la prédication, etc. Cela crée plusieurs problèmes, en particulier avec les prêtres (et les évêques) plus âgés qui n'admettent pas qu'ils ont échoué et déversent leurs frustrations sur les jeunes. Il s'agit d'un véritable fossé générationnel qui cache de nombreux problèmes profonds.

    Dans le testament spirituel du Père Cyril Gordien, cet aspect de la vie sacerdotale apparaît également, à savoir un certain regret pour le comportement de certains évêques qui choisissent souvent la voie facile du consensus plutôt que de défendre leurs prêtres et, surtout, la mission de l'Eglise.

    Le texte révèle aussi la foi profonde qui animait ce prêtre et qui anime de nombreux prêtres dans le monde. Les aspects édifiants sont nombreux : dévotion à la Vierge Marie, amour pour Jésus dans le Saint-Sacrement, conscience de la gravité du ministère du prêtre et amour profond pour l'Église.

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  • Le Christ est vraiment ressuscité ! Alleluia !

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    XB_iconsexplained.com.jpgC'est le jour de la Résurrection, Peuples, rayonnons de joie !
    C'est la Pâque du Seigneur.
    De la mort à la vie et de la terre aux cieux,
    Christ Dieu nous a menés
    Chantons l'hymne de la victoire.

    Le Christ est ressuscité des morts, purifions nos sens
    et nous verrons le Christ resplendissant,
    dans l'inaccessible lumière de la Résurrection.
    Et nous l'entendrons nous crier :
    "Réjouissez-vous" en chantant l'hymne de la victoire.

    Le Christ est ressuscité des morts.
    Que le ciel se réjouisse, que la terre soit dans l'allégresse.
    Que le monde soit en fête, le monde visible et invisible,
    car le Christ est ressuscité, Lui l'éternelle allégresse.

    Christ est ressuscité des morts.
    Par la mort, il vaincu la mort.
    A ceux qui sont dans le tombeau, il a donné la vie.

    (1ère ode des matines byzantines de Pâques)

    L'équipe de belgicatho souhaite aux amis et aux visiteurs de ce blog une lumineuse fête de Pâques, au grand soleil du Ressuscité.

  • O Filii et Filiae... Alleluia, Alleluia, Alleluia !

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    C’est l'hymne liturgique à chanter pendant le Temps Pascal.
    Elle a été écrite par Jean Tisserand (o.f.m.) en 1494.
     
    R. Alleluia ! Alleluia ! Alleluia !
    R. Alléluia ! Alléluia ! Alléluia !
     
    1. O filii et filiæ,
    1. O fils et filles,
    Rex coelestis, Rex gloriae
    Le Roi des cieux, le Roi de gloire
    morte surrexit hodie. Alleluia !
    A surgi de la mort aujourd'hui, alléluia !
     
    2. Et mane prima sabbati
    Et le matin du premier jour après le Sabbat,
    Ad ostium monumenti
    Jusqu’à la porte du monuement,
    Accessérunt discipuli. Alleluia !
    S’approchèrent les disciples, alléluia !
     
    3. Et Maria Magdalene,
    3. Et Marie-Madeleine
    et Iacobi, et Salome
    Et Marie mère de Jacques
    Venerunt corpus ungere. Alleluia !
    Sont venues embaumer le Corps, alléluia !
     
    4. In albis sedens angelus
    4. Un ange, assis, vêtu de blanc,
    praedixit mulieribus:
    Dit aux femmes :
    Quia surrexit Dominus. Alleluia !
    "Le Seigneur est ressuscité." alléluia !
     
    5. Et Ioannes apostolus
    5. Et Jean l'Apôtre,
    cucurrit Petro citius,
    Court plus vite que Pierre,
    Ad sepulcrum venit prius. Alleluia !
    Et arrive le premier au tombeau. Alléluia !
     
    6. Discipulis astantibus,
    6. Les disciples étant présents,
    in medio stetit Christus,
    Jésus parut au milieu d'eux et leur dit :
    dicens: Pax vobis omnibus. Alleluia !
    "Que la paix soit au milieu de vous tous." Alléluia !
     
    7. In intelléxit Didymus
    7. Dès que Didyme apprit
    Quia surrexerat Iesus,
    Que Jésus était réssuscité,
    Remansit fere dubius, Alleluia !
    Il demeura presque dans le doute. Alléluia !
     
    8. Vide Thoma, vide latus,
    8. Thomas, vois mon côté, lui dit Jésus,
    vide pedes, vide manus,
    Vois mes pieds, vois mes mains,
    Noli esse incredulus. Alleluia.
    Et ne reste pas incrédule. Alléluia !
     
    9. Quando Thomas vidit Christum,
    9. Quand Thomas eut vu le côté du Christ,
    Pedes, manus, latus suum,
    Les pieds et ses mains,
    Dixit, Tu es Deus meus. Alleluia.
    Il s’écria : Vous êtes mon Dieu. Alléluia.
     
    10. Beati qui non viderunt,
    10. Heureux ceux qui sans avoir vu,
    Et firmiter credidefunt,
    Ont cru d’une ferme foi,
    Vitam aeternam habebunt. Alleluia.
    Ils posséderont la vie éternelle. Alléluia.
     
    11. In hoc festo sanctissimo
    11. Célébrons cette très sainte solennité
    Sit laus et jubilatio!
    Par des cantiques de louanges et d’allégresses !
    Benedicamus Domino. Alleluia.
    Bénissons le Seigneur. Alléluia !
     
    12. De quibus nos humillimas
    12. Rendons à Dieu avec le dévouement et la reconnaissance,
    Devotas aeque debitas
    Qui lui sont dus, de très humbles actions de grâces,
    Deo dicamus gratias. Alleluia.
    Pour tous ses bienfaits. Alléluia !
  • Victimae Paschali Laudes

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    VÍCTIMÆ pascháli laudes ímmolent Christiáni.
    Agnus redémit oves: Christus ínnocens Patri reconciliávit peccatóres.
    Mors et vita duéllo conflixére mirándo: dux vitæ mórtuus, regnat vivus.
    Dic nobis, María, quid vidísti in via ?
    Sepúlcrum Christi vivéntis: et glóriam vidi resurgéntis.
    Angélicos testes, sudárium et vestes.
    Surréxit Christus spes mea: præcédet vos in Galilǽam.
    Scimus Christum surrexísse a mórtuis vere: tu nobis, victor Rex, miserére.
    Amen. Allelúia.
    A la victime pascale, que les Chrétiens immolent des louanges.
    L’Agneau a racheté les brebis : le Christ innocent a réconcilié les pécheurs avec Son Père.
    La vie et la mort se sont affrontées en un duel prodigieux : l’Auteur de la vie était mort, Il règne vivant. Dites-nous, Marie, qu’avez-vous vu en chemin ?
    J’ai vu le tombeau du Christ vivant, et la gloire du ressuscité.
    J’ai vu les témoins angéliques, le suaire et les linceuls.
    Il est ressuscité, le Christ, mon espérance : Il vous précédera en Galilée.
    Nous le savons : le Christ est ressuscité des morts : ô Toi, Roi vainqueur, aie pitié de nous.
    Amen. Alléluia.
  • Exultet ! Qu'exulte de joie dans le ciel la multitude des anges !

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    (Source) L'Exultet est un chant liturgique par lequel l'Eglise, durant la veillée pascale du Samedi saint, proclame l'irruption de la lumière dans les ténèbres (symbolisée par celle du cierge pascal qui vient d'être allumé) et annonce la Résurrection du Christ.

    Ce chant très ancien, dont le texte a été fixé par le pape Innocent III, comprend deux parties : un prologue, toujours identique, et une préface, qui a parfois varié (version romaine, milanaise ou bénéventaine).

    Ce chant en latin est appelé "Exultet" d'après son premier mot (Exultet iam angelica turba caelorum ! "Qu'exulte maintenant la troupe des anges célestes !") ; aujourd'hui, il est chanté soit en latin, soit dans une traduction ou adaptation dans les langues vernaculaires.

    Un passage du chant est particulièrement célèbre, le "Felix culpa" : "O heureuse faute qui nous a mérité un tel et un si grand Rédempteur !" (O felix culpa, quae talem ac tantum meruit habere redemptorem !)

    Ce chant évoque la traversée de la mer Rouge lors de l'Exode et célèbre la Pâque du Christ. Ce chant célèbre et explique la signification du cierge pascal. Il évoque le travail de l'abeille, productrice de la cire, et va jusqu'à la comparer à la Vierge Marie.

    Le chant de l'Exultet était traditionnellement écrit non dans un livre mais sur un rouleau, qui était lu dans sa longueur (à la différence de la manière antique). Le diacre laissait pendre devant l'ambon le texte déjà lu, et des illustrations, faites "à l'envers", permettaient aux fidèles des premiers rangs de suivre par l'image ce qui était chanté ! (cependant, il faisait sombre, l'église n'étant alors éclairée que par le cierge pascal : il s'agissait donc en partie d'un élément symbolique...). Plusieurs collections de manuscrits et musées possèdent des "rouleaux d'Exultet", qui sont un des fleurons de l'art de l'enluminure et de la calligraphie dans le domaine occidental.

    Exultet iam angélica turba cælórum:
    exultent divína mystéria:
    et pro tanti Regis victória tuba ínsonet salutáris.

    Gáudeat et tellus, tantis irradiáta fulgóribus:
    et ætérni Regis splendóre illustráta,
    tótius orbis se séntiat amisísse calíginem.

    Lætétur et mater Ecclésia,
    tanti lúminis adornáta fulgóribus:
    et magnis populórum vócibus hæc aula resúltet.

    Vere dignum et iustum est,
    invisíbilem Deum Patrem omnipoténtem
    Filiúmque eius unigénitum,
    Dóminum nostrum Iesum Christum,
    toto cordis ac mentis afféctu et vocis ministério personáre.

    Qui pro nobis ætérno Patri Adæ débitum solvit,
    et véteris piáculi cautiónem pio cruóre detérsit.

    Hæc sunt enim festa paschália,
    in quibus verus ille Agnus occíditur,
    cuius sánguine postes fidélium consecrántur.

    Hæc nox est,
    in qua primum patres nostros, fílios Israel
    edúctos de Ægypto,
    Mare Rubrum sicco vestígio transíre fecísti.

    Hæc ígitur nox est,
    quæ peccatórum ténebras colúmnæ illuminatióne purgávit.

    Hæc nox est,
    quæ hódie per univérsum mundum in Christo credéntes,
    a vítiis sæculi et calígine peccatórum segregátos,
    reddit grátiæ, sóciat sanctitáti.

    Hæc nox est,
    in qua, destrúctis vínculis mortis,
    Christus ab ínferis victor ascéndit.

    Nihil enim nobis nasci prófuit,
    nisi rédimi profuísset.
    O mira circa nos tuæ pietátis dignátio!
    O inæstimábilis diléctio caritátis:
    ut servum redímeres, Fílium tradidísti!

    O certe necessárium Adæ peccátum,
    quod Christi morte delétum est!
    O felix culpa,
    quæ talem ac tantum méruit habére Redemptórem!

    O vere beáta nox,
    quæ sola méruit scire tempus et horam,
    in qua Christus ab ínferis resurréxit!

    Hæc nox est, de qua scriptum est:
    Et nox sicut dies illuminábitur:
    et nox illuminátio mea in delíciis meis.

    Huius ígitur sanctificátio noctis fugat scélera, culpas lavat:
    et reddit innocéntiam lapsis
    et mæstis lætítiam.
    Fugat ódia, concórdiam parat
    et curvat impéria.

    In huius ígitur noctis grátia, súscipe, sancte Pater,
    laudis huius sacrifícium vespertínum,
    quod tibi in hac cérei oblatióne solémni,
    per ministrórum manus
    de opéribus apum, sacrosáncta reddit Ecclésia.

    Sed iam colúmnæ huius præcónia nóvimus,
    quam in honórem Dei rútilans ignis accéndit.
    Qui, lícet sit divísus in partes,
    mutuáti tamen lúminis detrimenta non novit.

    Alitur enim liquántibus ceris,
    quas in substántiam pretiósæ huius lámpadis
    apis mater edúxit.²

    O vere beáta nox,
    in qua terrénis cæléstia, humánis divína iungúntur!¹

    Orámus ergo te, Dómine,
    ut céreus iste in honórem tui nóminis consecrátus,
    ad noctis huius calíginem destruéndam,
    indefíciens persevéret.
    Et in odórem suavitátis accéptus,
    supérnis lumináribus misceátur.

    Flammas eius lúcifer matutínus invéniat:
    ille, inquam, lúcifer, qui nescit occásum.
    Christus Fílius tuus,
    qui, regréssus ab ínferis, humáno géneri serénus illúxit,
    et vivit et regnat in sæcula sæculórum.

    Qu'exulte de joie dans le ciel la multitude des anges ! Chantez, serviteurs de Dieu, et que retentisse la trompette triomphale pour la victoire du grand Roi ! Réjouis-toi, ô notre terre, resplendissante d'une lumière éclatante, car il t'a prise en sa clarté et son règne a dissipé ta nuit ! Réjouis-toi, Eglise notre mère, toute remplie de sa splendeur, et que résonne l'acclamation du peuple des fils de Dieu !…

          Vraiment il est juste et bon de proclamer à pleine voix ta louange, Dieu invisible, Père tout puissant, et de chanter ton Fils bien-aimé, Jésus Christ notre Seigneur. C'est lui qui a payé pour nous la dette encourue par Adam notre père, et qui a détruit en son sang la condamnation de l'ancien péché. Car voici la fête de la Pâque où l'Agneau véritable est immolé pour nous. Voici la nuit où tu as tiré de l'Egypte nos pères, les enfants d’Israël, et leur as fait passer la mer Rouge à pied sec ; nuit où le feu de la nuée lumineuse a repoussé les ténèbres du péché…

          Ô nuit qui nous rend à la grâce et nous ouvre la communion des saints ; nuit où le Christ, brisant les liens de la mort, s'est relevé victorieux des enfers. Heureuse faute d'Adam qui nous a valu un tel Rédempteur ! Ô nuit qui seule a pu connaître le temps et l'heure où le Christ est sorti vivant du séjour des morts ; ô nuit dont il est écrit : « La nuit comme le jour illumine, la ténèbre autour de moi devient lumière pour ma joie » (Ps 138,12)… Ô nuit bienheureuse, où se rejoignent le ciel et la terre, où s’unissent l’homme et Dieu.

          Dans la grâce de cette nuit, accueille, Père très Saint, le sacrifice du soir de cette flamme que l'Eglise t'offre par nos mains ; permets que ce cierge pascal, consacré à ton nom, brûle sans déclin en cette nuit et qu'il joigne sa clarté à celle des étoiles. Qu'il brûle encore quand ce lèvera l'astre du matin, celui qui ne connaît pas de couchant, le Christ ressuscité revenu des enfers, qui répand sur les hommes sa lumière et sa paix. Garde ton peuple, nous t'en prions, ô notre Père, dans la joie de ces fêtes pascales. Par Jésus Christ, ton Fils notre Seigneur, qui par la puissance de l'Esprit s'est relevé d'entre les morts et qui règne près de toi pour les siècles des siècles. Amen!

  • La Résurrection est nôtre

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    Introït de la Messe du saint Jour de Pâques 

    Resurrexi et adhuc tecum sum, alleluia : posuisti super me manum tuam, alleluia : mirabilia facta est scientia tua, alleluia, alleluia.

    Je suis ressuscité et me voici encore avec vous, alleluia : tu as pour jamais posé ta main sur moi, alleluia : merveilleuse est apparue ta sagesse, alleluia, alleluia.

    Ps. Domine, probasti me et cognovisti me. Tu cognovisti sessionem meam et resurrectionem meam

    Tu m’as éprouvé, Seigneur et tu m’as connu. Tu as connu mon coucher et ma résurrection (Ps. 138)

    LA RESURRECTION EST NÔTRE 

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    Le chrétien fidèle à son incorporation au Christ par le baptême ressuscitera pour le rejoindre au lumineux bonheur du Ciel.

    La perception de notre mortalité, qui s’impose à chacun de nous au quotidien, et parfois bien lourdement, peut certes venir se dresser comme un écran bien sombre faisant obstacle à notre foi en cette vérité : ainsi s’en trouve-t-il, malheureusement en trop grand nombre, de ces disciples rachetés par le Christ, qui vivent dans l’affliction, comme ceux qui n’ont pas d’espérance (cf. 1 Th 4, 12). Et quant à ceux qui professent au moins en théorie une vraie espérance, ils ne l’ont pas toujours bien chevillée au cœur, de sorte qu’elle ne produit plus chez eux les heureux fruits de souriante paix dont elle regorge en fait.

    Or, pour peu que l’on examine le fondement de ce point qui sert en quelque sorte de charpente à notre vie d’ici-bas, il se révèle on ne peut plus assuré. Osons cette image, dont nous pensons que l’argumentation proposée un peu plus bas montrera la pertinence : il ne s’agit pas d’un simple vernis laqué, mais de ce que les gens de métier appellent une coloration dans la masse, une couleur indissociable du matériau auquel elle donne éclat. Expliquons-nous.

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  • La résurrection de Jésus : un témoignage massif et universel (Mgr Léonard)

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    De Mgr André-Joseph Léonard (via Aleteia.org) :

    Jésus, le seul Dieu ressuscité dans l’histoire des religions

     
    Le dessin de la figure de Jésus s’achève avec un trait absolument unique, lui aussi, à savoir le témoignage rendu à sa résurrection d’entre les morts. Il n’est aucun autre homme, dans l’histoire, duquel on ait affirmé sérieusement une chose pareille. Et la nature et le contexte de ce témoignage sont tels que la seule explication plausible du surgissement et du succès d’une telle affirmation est la réalité de son objet, à savoir l’événement réel — et, en ce sens, pleinement historique — de la résurrection.

    Un témoignage massif et universel

    Le témoignage du Nouveau Testament concernant la résurrection de Jésus est massif et universel. Les quatre Évangiles ont été rédigés à la lumière de la foi pascale et ne peuvent se comprendre qu’à cette lumière. On ne les saisit adéquatement qu’en les lisant en fonction de leurs derniers chapitres. Même le récit de Noël, dans l’Évangile de Luc, est écrit à la lumière de Pâques. Or, non seulement les Évangiles parlent chacun de la résurrection de Jésus dans leur conclusion, mais leur concept même, qui est d’être un eu-angelion (en grec), une « Bonne Nouvelle », serait impensable et contradictoire si le porteur et l’objet de cette « joyeuse annonce » n’avait abouti qu’à l’échec de la mort en croix, si Dieu avait définitivement abandonné celui qui se présentait comme son Fils, si le Royaume de Dieu annoncé par Jésus s’était éventé avec sa mort infamante. Quant au livre des Actes des Apôtres, il est tout entier consacré à l’annonce de la mort et de la Résurrection de Jésus depuis Jérusalem jusqu’à Rome en passant par toute la Palestine, l’Asie Mineure et la Grèce.

    Il en va de même pour saint Paul, dont les lettres sont toutes portées par la foi en la Résurrection, comme en témoigne éminemment le passage, célèbre entre tous, où il s’en prend à des hérétiques (déjà !) qui niaient la résurrection des morts (1Cor 15, 12-20). L’épître aux Hébreux, elle aussi, est tout entière suspendue à la foi pascale puisqu’elle célèbre le sacerdoce éternel du Christ qui, par sa résurrection, est devenu « un grand prêtre souverain qui a traversé les cieux » (Hé 4, 14). Le rôle de la résurrection est également central dans les épîtres catholiques (de Jacques, Pierre, Jean et Jude) et surtout dans l’Apocalypse, qui culmine dans la contemplation de l’Agneau pascal, immolé et ressuscité (Ap 5). Par sa résurrection, Jésus a été réhabilité, il a été glorifié et il a atteint sa pleine stature humaine.

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  • Le grand silence du Samedi Saint

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    Profanations : le Saint-Sacrement retiré des tabernacles -  Riposte-catholique

    De Vatican News :

    Samedi Saint: le mystère du silence de Dieu

    Pas de messe en ce samedi, pas d’ornements ni de fleurs sur les autels; le tabernacle, vidé de la présence réelle, est ouvert. L’Église est entrée dans le «grand silence» qui précède l’exultation de Pâques. Ce «terrible mystère» d’un Dieu qui se tait interpelle plus que jamais les croyants.

    Entretien réalisé par Manuella Affejee - Cité du Vatican

    «Un grand silence règne aujourd’hui sur la terre, un grand silence et une grande solitude; un grand silence parce que le Roi dort. La terre a tremblé puis s’est calmée parce que Dieu s’est endormi dans la chair, et il a réveillé ceux qui dormaient depuis des siècles». Cette homélie du IVe siècle attribuée à Saint Épiphane de Salamine explore admirablement le mystère du Samedi Saint, ce moment où le Christ repose sans vie dans son tombeau, où l’espérance semble avoir déserté la terre, «où la foi semble être définitivement démasquée comme une illusion» (Benoît XVI).

    Durant cette période relativement brève, ce «temps au-delà du temps», le Christ «descend aux Enfers»; c’est-à-dire qu’Il plonge dans la solitude la plus extrême et la plus absolue de l’homme, la mort, pour la partager, l’illuminer et l’en délivrer. «Voici précisément ce qui est arrivé le jour du Samedi Saint, dans le royaume de la mort, la voix de Dieu a retenti», assurait Benoît XVI dans une longue et éclairante méditation partagée lors de l’ostension solennelle du Saint-Suaire de Turin (2010). «L’humanité est devenue particulièrement sensible au mystère du Samedi Saint. Dieu caché fait partie de la spiritualité de l’homme contemporain (…) comme un vide dans le cœur qui s’élargit toujours plus», reconnaissait-il encore, dans une référence tacite au silence de Dieu ressenti avec douleur, et parfois révolte, à certains moments de l’Histoire ou de nos vies personnelles.

  • Samedi Saint : la mort qui a changé notre mort

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    Homélie de saint Cyrille d'Alexandrie (+ 444) (source)

    Commentaire sur l'évangile de Jean, 12, 19, PG 74, 679-682.

    Ils prirent le corps de Jésus, et ils l'enveloppèrent d'un linceul, en employant les aromates, selon la manière juive d'ensevelir les morts. Près du lieu où Jésus avait été crucifié, il y avait un jardin, et dans ce jardin, un tombeau neuf dans lequel on n'avait encore mis personne (Jn 19,40-41).

    On a compté parmi les morts celui qui, à cause de nous, est au nombre des morts selon la chair, mais que l'on connaît comme étant la vie selon sa nature même et grâce à son Père; et il l'est en vérité. Mais, pour accomplir toute justice, celle qui convient à la condition humaine, il ne soumit pas seulement son corps à une mort volontaire, mais aussi à ce qui en est la suite: ensevelissement et mise au tombeau.

    L'évangéliste nous dit que ce tombeau était dans un jardin, et qu'il était neuf; cela symbolise en quelque sorte que, par sa mort, le Christ a préparé et réalisé notre retour au paradis. Car il y es t entré lui-même comme notre avant-coureur et chef de file.

    Que le sépulcre soit désigné comme neuf, cela signifie un retour de la mort à la vie, nouveau et sans précédent, le renouvellement préparé par le Christ pour nous protéger de la corruption. Car notre mort, par la mort du Christ, a reçu un sens nouveau qui l'a transformée en une sorte de sommeil. En effet, nous vivons comme devant vivre pour Dieu, selon les Écritures (Rm 6,10-11). C'est pourquoi saint Paul appelle invariablement ceux qui sont morts dans le Christ: ceux qui se sont endormis.

    Jadis en effet, le pouvoir de la mort a triomphé de notre nature. Depuis Adam jusqu'à Moïse la mort a régné, même sur ceux qui n'avaient pas péché par désobéissance à la manière d'Adam (Rm 5,14). Nous sommes à l'image de celui qui est pétri de terre (1Co 15,49), Adam, et nous subissons la mort qui pèse sur nous par la malédiction divine (cf. Ga 3,13).

    Mais après que le nouvel Adam, l'Adam divin et céleste, eût resplendi pour nous, après qu'il eût combattu pour la vie de tous, il a racheté la vie de tous par sa mort charnelle, et après avoir détruit l'empire de la mort, il est revenu à la vie. Alors nous avons été transformés à son image et soumis à une nouvelle sorte de mort, qui ne nous dissoudra pas dans une corruption sans fin, mais qui nous apportera un sommeil plein d'espérance, à la ressemblance de celui qui a inauguré pour nous cette route, et qui est le Christ.

  • Dans le silence du Samedi Saint

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    Epitaphios, Mandylion et Saint Suaire – Graecia orthodoxa

    Samedi Saint

    « Que se passe-t-il ?
    Un grand silence règne aujourd’hui sur la terre,
    un grand silence et une grande solitude.
    Un grand silence parce que le Roi dort.
    La terre a tremblé et s’est apaisée,
    parce que Dieu s’est endormi dans la chair
    et qu’il est allé réveiller ceux qui dormaient depuis des siècles.
    Il va chercher Adam, notre premier Père, la brebis perdue.
    Il veut aller visiter tous ceux qui sont assis
    dans les ténèbres et à l’ombre de la mort.
    Il va pour délivrer de leurs douleurs Adam dans les liens et Ève, captive avec lui,
    lui qui est en même temps leur Dieu et leur Fils.
    Le Seigneur s’est avancé vers eux, muni de la Croix, l’arme de sa victoire.
    Lorsqu’il le vit, Adam, le premier homme, se frappant la poitrine dans sa stupeur,
    s’écria vers tous les autres : « Mon Seigneur avec nous tous ! »
    Et le Christ répondit à Adam : « Et avec ton esprit ».
    Il le prend par la main et le relève en disant :
    « Éveille-toi, ô toi qui dors, relève-toi d’entre les morts,
    et le Christ t’illuminera ».
    « Je suis ton Dieu, qui pour toi suis devenu ton Fils.
    Je te l’ordonne : “Lève-toi, ô toi qui dors”,
    car je ne t’ai pas créé pour que tu séjournes ici enchaîné dans l’enfer.
    Relève-toi d’entre les morts : moi, je suis la vie des morts.
    Lève-toi, œuvre de mes mains ;
    lève-toi, mon semblable qui as été créé à mon image.
    Éveille-toi et sortons d’ici.
    Car tu es en moi, et moi en toi.
    Lève-toi, partons d’ici.
    L’ennemi t’a fait sortir de la terre du paradis ;
    moi je ne t’installerai plus dans le paradis, mais sur un trône céleste.
    Je t’ai écarté de l’arbre symbolique de la vie ;
    mais voici que moi, qui suis la vie, je ne fais qu’un avec toi ».

    ANCIENNE HOMÉLIE POUR LE SAMEDI SAINT

    Père Joseph-Marie

  • Canon orthodoxe du Samedi Saint

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    Canon Du Samedi Saint