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Spiritualité - Page 8

  • Pour ou contre le Pape François ? Léon XIV sait comment agir, il a été à l’école des Pères de l’Église

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    De Settimo Cielo (en français sur diakonos.be) :

    Pour ou contre le Pape François ? Léon XIV sait comment agir, il a été à l’école des Pères de l’Église

    Le professeur Lugaresi, qui est l’auteur de l’article publié sur cette page, est un grand spécialiste des Pères de l’Église.

    Tout comme le Pape Léon XIV, qui par ses citations fréquentes des Pères de l’Église, à commencer par « son » Augustin, montre qu’il en comprend la pensée avec une rare profondeur.

    C’est justement cette familiarité du nouveau pape avec la grande « tradition » chrétienne qui est une clé décisive – selon le professeur Lugaresi – pour comprendre comment il entend remplir son rôle de successeur de Pierre, dans le sillage non seulement de ses derniers prédécesseurs mais de toute l’histoire de l’Église, reconduisant ainsi « toute chose à la vérité originelle ».

    L’article qui va suivre est extrait d’un texte plus long, que l’on pourra lire dans son intégralité sur le blog « Vanitas ludus omnis » du professeur Lugaresi.

    L’illustration représente la chaire de Saint Pierre flanquée des Pères de l’Église Ambroise, Augustin, Athanase et Jean Chrysostome, dans l’abside de la basilique Saint-Pierre, réalisée par le Bernin.

    *

    Du bon usage de la tradition. Une note sur le « style » de Léon XIV

    de Leonardo Lugaresi

    Dans la plupart des analyses de nombreux observateurs sur les premiers pas du pontificat de Léon XIV, l’usage des catégories de continuité et de discontinuité me semble prévaloir jusqu’ici, appliqué en comparaison avec le pontificat précédent.

    Cependant, ce critère me semble largement inadéquat pour comprendre le sens de ce qui est en train de se passer dans l’Église, et il n’aide pas particulièrement à comprendre l’un des aspects du style de pensée et de gouvernement du Pape Léon XIV, qui semble pourtant déjà se dessiner avec netteté, surtout sur le plan de la méthode.

    Dans toutes les premières interventions du nouveau pape, on est frappé par le naturel avec lequel il se fait constamment référence à la tradition de l’Église à travers de grands auteurs qui en sont témoins : d’Ignace d’Antioche à Éphrem le Syrien, Isaac de Ninive, Syméon le Nouveau Théologien, Benoît de Nursie, Léon le Grand, en passant à plusieurs reprises par « son » Augustin. Des références brèves, mais qui ne sont pas de pure forme, au contraire, elles sont toutes pertinentes pour les thèmes abordés par le pape. Ces références patristiques s’accompagnent constamment de renvois au magistère des papes modernes, en particulier de Léon XIII et de François.

    Et c’est justement sur ce dernier élément que je voudrais attirer l’attention. On pourrait facilement l’interpréter soit comme une preuve de continuité substantielle du nouveau pape avec son prédécesseur, duquel il ne se distinguerait qu’en surface par des différences de tempérament évidentes et manifestes ; soit, au contraire, comme une posture purement tactique et instrumentale visant à prévenir ou à désamorcer des réactions potentiellement hostiles envers une papauté qui ferait mine d’amorcer une rupture substantielle avec cette soi-disant « Église de François ».

    Je crois que ces deux approches sont erronées l’une comme l’autre. Ce que le Pape Léon a exprimé, dans chacun de ses actes et dans chacune de ses déclarations pendant ses premières semaines de pontificat n’est rien d’autre que la conception authentiquement catholique de tradition.

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  • Le Pape encourage discrètement les Français amoureux de la Tradition

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    De Nico Spuntoni sur la NBQ :

    Le Pape « caresse » les Français amoureux de la Tradition

    Avec sa lettre aux évêques français pour le centenaire des canonisations, Léon XIV place saint Jean Eudes, saint Jean-Marie Vianney et sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus comme le fondement de l'éveil missionnaire et de la renaissance des vocations, thèmes tabous dans le pontificat précédent.

    2 juin 2025

    Le catholicisme français connaît actuellement une vitalité inattendue, parfaitement captée par les données sur les baptêmes d'adultes à Pâques : en 2023, on en comptait 5 463, un an plus tard pas moins de 7 135 avec une augmentation de 30 %. Récemment, le cardinal néerlandais Willem Jacobus Eijk n'a pas hésité non plus à parler d'une « renaissance » de la foi en cours. Elle est principalement portée par les fidèles et les communautés de sensibilité traditionnelle, ceux que l’on qualifie de manière simpliste de « traditionalistes ».

    Durant les années de François, cette situation fut vue avec suspicion et conduisit à placer des institutions religieuses sous administration spéciale ou à mettre à la retraite des évêques jugés trop favorables à ces réalités. Léon XIV, en revanche, semble vouloir adopter une approche différente à l’égard du noyau dur du catholicisme transalpin.

    C'est ce que l'on peut comprendre à la lecture du ton et du contenu de la lettre envoyée hier aux évêques français à l'occasion du 100e anniversaire des canonisations de saint Jean Eudes, de saint Jean-Marie Vianney et de sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus. Cette dernière, d'ailleurs, est une sainte très chère aux fidèles d'orientation traditionnelle qui n'oublient pas comment c'est le pape du serment antimoderniste saint Pie X qui l'a définie comme « la plus grande sainte des temps modernes ».

    Léon XIV écrivit aux évêques pour exprimer son souhait  que « ces célébrations ne se limitent pas à évoquer avec nostalgie un passé qui pourrait sembler révolu, mais qu'elles ravivent l'espérance et inspirent un nouvel élan missionnaire. Dieu peut, avec l'aide des saints qu'il vous a donnés et que vous célébrez, renouveler les merveilles qu'il a accomplies dans le passé. »
    Des mots qui dénotent l'équilibre de pensée et d'action du nouveau pape, non idéologiquement hostile à ceux que son prédécesseur qualifiait de « penseurs rétrogrades ».

    Prévost écrit également que les trois saints pourront « parler à la conscience de nombreux jeunes de la beauté, de la grandeur et de la fécondité du sacerdoce, susciter un désir enthousiaste pour celui-ci et leur donner le courage de répondre généreusement à l'appel, alors que le manque de vocations se fait cruellement sentir dans vos diocèses et que les prêtres sont de plus en plus mis à l'épreuve ».

    Des paroles qui ont été accueillies avec beaucoup d’enthousiasme par les communautés traditionnelles qui se remettaient des durs traitements du dernier pontificat. Ces dernières années, les instituts et les diocèses qui accueillent un nombre de vocations allant à contre-courant de la tendance du reste du pays ont souvent connu des visites apostoliques qui recommandaient même « un meilleur discernement et une certaine prudence dans l'entrée en formation ».
    Traduit : portes fermées aux séminaristes qui montraient une sensibilité liturgique et ecclésiale liée à la Tradition et qui étaient souvent les seuls dans plusieurs diocèses.

    En vantant les mérites et non les défauts du sacerdoce, Léon XIV a caressé les soi-disant « traditionalistes » qui sont de plus en plus nombreux en France. Et c'est la deuxième fois, après la nomination de "leur" cardinal de référence, le Guinéen francophone Robert Sarah, comme son envoyé spécial pour les célébrations liturgiques au sanctuaire de Sainte-Anne-d'Auray à l'occasion du 400e anniversaire des apparitions de sainte Anne au paysan breton Yvon Nicolazic.

  • Le monde d’aujourd’hui a besoin de l’alliance conjugale pour surmonter les forces qui désagrègent les relations et les sociétés (Léon XIV)

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    JUBILÉ DES FAMILLES, DES ENFANTS, DES GRANDS-PARENTS ET DES PERSONNES ÂGÉES

    HOMÉLIE DU PAPE LÉON XIV

    Place Saint-Pierre
    VIIe dimanche de Pâques - Dimanche 1er juin 2025

    L’Évangile qui vient d’être proclamé nous montre Jésus qui, lors de la dernière Cène, prie pour nous (cf. Jn 17, 20) : le Verbe de Dieu fait homme, désormais proche de la fin de sa vie terrestre, pense à nous, ses frères, se faisant bénédiction, supplication et louange au Père, avec la force de l’Esprit Saint. Et nous aussi, alors que nous entrons, remplis d’émerveillement et de confiance, dans la prière de Jésus, nous sommes impliqués par son amour dans un grand projet qui concerne toute l’humanité.

    Le Christ demande en effet que nous soyons tous « un » (v. 21). Il s’agit là du plus grand bien que l’on puisse désirer, car cette union universelle réalise entre les créatures la communion éternelle d’amour dans laquelle s’identifie Dieu lui-même, comme le Père qui donne la vie, le Fils qui la reçoit et l’Esprit qui la partage.

    Le Seigneur ne veut pas que nous nous unissions pour former une masse indistincte, comme un bloc anonyme, mais il souhaite que nous soyons un : « Comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi » (v. 21). L’unité pour laquelle Jésus prie est donc une communion fondée sur l’amour même dont Dieu aime, d’où viennent la vie et le salut. En tant que telle, elle est avant tout un don que Jésus vient apporter. C’est en effet, du fond de son cœur d’homme que le Fils de Dieu s’adresse au Père en disant : « moi en eux, et toi en moi. Qu’ils deviennent ainsi parfaitement un, afin que le monde sache que tu m’as envoyé, et que tu les as aimés comme tu m’as aimé » (v. 23).

    Écoutons avec admiration ces paroles : Jésus nous révèle que Dieu nous aime comme Il s’aime Lui-même. Le Père ne nous aime pas moins qu’Il n’aime son Fils unique, c’est-à-dire infiniment. Dieu n’aime pas moins, parce qu’Il aime d’abord, Il aime le premier ! Le Christ Lui-même en témoigne lorsqu’Il dit au Père : « Tu m’as aimé avant la fondation du monde » (v. 24). Et il en est ainsi : dans sa miséricorde, Dieu veut depuis toujours rassembler tous les hommes auprès de lui, et c’est sa vie, donnée pour nous dans le Christ, qui nous rend un, qui nous unit entre nous.

    Écouter aujourd’hui cet Évangile, pendant le Jubilé des familles et des enfants, des grands-parents et des personnes âgées, nous comble de joie.

    Très chers amis, nous avons reçu la vie avant même de la vouloir. Comme l’enseignait le pape François, « tous les hommes sont des enfants, mais aucun de nous n’a choisi de naître » (Angelus, 1er janvier 2025). Mais ce n’est pas tout. Dès notre naissance, nous avons eu besoin des autres pour vivre, seuls nous n’y serions pas y arriver : c’est quelqu’un d’autre qui nous a sauvés, en prenant soin de nous, de notre corps comme de notre esprit. Nous vivons donc tous grâce à une relation, c’est-à-dire à un lien libre et libérateur d’humanité et de soin mutuel.

    Il est vrai que parfois cette humanité est trahie. Par exemple, chaque fois que l’on invoque la liberté non pour donner la vie, mais pour la retirer, non pour secourir, mais pour offenser. Cependant, même face au mal qui s’oppose et tue, Jésus continue de prier le Père pour nous, et sa prière agit comme un baume sur nos blessures, devenant pour tous une annonce de pardon et de réconciliation. Cette prière du Seigneur donne pleinement un sens aux moments lumineux de notre amour les uns pour les autres, en tant que parents, grands-parents, fils et filles. Et c’est cela que nous voulons annoncer au monde : nous sommes ici pour être “un” comme le Seigneur veut que nous soyons “un”, dans nos familles et là où nous vivons, travaillons et étudions : différents, mais un, nombreux, mais un, toujours, en toutes circonstances et à tous les âges de la vie.

    Mes très chers amis, si nous nous aimons ainsi, sur le fondement du Christ, qui est « l’alpha et l’oméga », « le commencement et la fin » (cf. Ap 22, 13), nous serons un signe de paix pour tous, dans la société et dans le monde. Et n’oublions pas : c’est dans les familles que se construit l’avenir des peuples.

    Au cours des dernières décennies, nous avons reçu un signe qui nous remplit de joie et qui nous fait réfléchir : je veux parler du fait que des couples mariés ont été proclamés bienheureux et saints, non pas séparément, mais ensemble, en tant que couples mariés. Je pense à Louis et Zélie Martin, les parents de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus ; et j’aime rappeler les bienheureux Luigi et Maria Beltrame Quattrocchi, dont la vie familiale s’est déroulée à Rome au siècle dernier. Et n’oublions pas la famille polonaise Ulma : parents et enfants unis dans l’amour et dans le martyre. Je disais que c’est un signe qui fait réfléchir. Oui : en désignant comme témoins exemplaires des époux, l’Église nous dit que le monde d’aujourd’hui a besoin de l’alliance conjugale pour connaître et accueillir l’amour de Dieu et surmonter, par sa force qui unifie et réconcilie, les forces qui désagrègent les relations et les sociétés.

    C’est pourquoi, le cœur plein de reconnaissance et d’espérance, je vous dis, à vous les époux : le mariage n’est pas un idéal, mais la norme du véritable amour entre l’homme et la femme : un amour total, fidèle, fécond (cf. Saint Paul VI, Lettre encyclique Humanae vitae, 9). Tout en vous transformant en une seule chair, cet amour vous rend capables, à l’image de Dieu, de donner la vie.

    C’est pourquoi je vous encourage à être, pour vos enfants, des exemples de cohérence, en vous comportant comme vous voulez qu’ils se comportent, en les éduquant à la liberté par l’obéissance, en recherchant toujours en eux le bien et les moyens de le faire grandir. Et vous, enfants, soyez reconnaissants envers vos parents : dire “merci” pour le don de la vie et pour tout ce qui nous est donné chaque jour avec elle, c’est la première manière d’honorer son père et sa mère (cf. Ex 20, 12). Enfin, à vous, chers grands-parents et personnes âgées, je recommande de veiller sur ceux que vous aimez, avec sagesse et compassion, avec l’humilité et la patience que les années enseignent.

    Dans la famille, la foi se transmet avec la vie, de génération en génération : elle est partagée comme la nourriture sur la table et les affections du cœur. Cela en fait un lieu privilégié pour rencontrer Jésus, qui nous aime et veut notre bien, toujours.

    Et j’aimerais ajouter une dernière chose. La prière du Fils de Dieu, qui nous donne l’espérance tout au long du chemin, nous rappelle aussi qu’un jour nous serons tous unum (cf. saint Augustin, Sermo super Ps. 127) : une seule chose dans l’unique Sauveur, étreints par l’amour éternel de Dieu. Non seulement nous, mais aussi nos pères et nos mères, nos grands-mères et nos grands-pères, nos frères, nos sœurs et nos enfants qui nous ont déjà précédés dans la lumière de sa Pâque éternelle, et que nous sentons présents ici, avec nous, en ce moment de fête.

  • Les pièces grégoriennes du dimanche après l'Ascension

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    Du site d'Una Voce :

    Dimanche après l’Ascension – Argentan (1975)

  • En Pologne, 15 religieuses tuées lors de l'invasion soviétique en 1945 béatifiées

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    D'Isabella Piro sur Vatican News :

    Messe avec le rite de béatification de Christophora Klomfass et de 14 religieuses. Messe avec le rite de béatification de Christophora Klomfass et de 14 religieuses.  
    En Pologne, 15 religieuses «témoins de la paix» tuées en 1945 béatifiées
    Le préfet des Causes des saints a présidé la messe à Braniewo, dans l'archidiocèse de Warmie, pour l'élévation aux autels de sœur Christophora Klomfass et de ses quatorze compagnes, religieuses de la congrégation de Sainte-Catherine Vierge et Martyre. Elle sont été martyrisées en 1945 lors de l'invasion soviétique du pays. «Elles ont opposé à l'oppression la force de la faiblesse», a estimé le cardinal Marcello Semeraro, tournant ses yeux vers l’Ukraine voisine.

    Sœur Christophora Klomfass et ses quatorze compagnes «réaffirment aujourd'hui par leur témoignage la valeur éternelle de Dieu et de la bonté, tandis que leurs meurtriers ne sont commémorés que pour l'horreur du mal qu'ils ont commis». Ainsi le cardinal Marcello Semeraro, préfet du dicastère des Causes des saints et représentant du Pape Léon XIV a résumé la vie et le martyre des quinze religieuses de la congrégation de Sainte-Catherine Vierge et Martyre qui ont été béatifiées ce samedi 31 mai, à Braniewo, dans l'archidiocèse de Warmie, dans l’ouest de la Pologne.

    Le cardinal Stanisław Dziwisz, archevêque émérite de Cracovie, et l'archevêque métropolitain de Warmie, Mgr Józef Górzyński ont participé à la messe célébrée sur le parvis de la basilique Sainte-Catherine, entourés de nombreux fidèles. Il s'agit de la deuxième béatification dans le pays en quelques jours: le 24 mai, en effet, à Poznań, le père Stanisław Streich a été proclamé bienheureux.

    Pardon et conversion

    Présidant la célébration, le cardinal Marcello Semeraro a décrit les religieuses, martyres de l'invasion soviétique en 1945, comme des «voix de la conscience qui ne peuvent être réduites au silence» et des prophétesses «toujours actuelles de la paix sur la terre et d'une humanité réconciliée et unie». L'enseignement qu'elles ont délivré, a ajouté le cardinal italien, se résume en deux mots: «pardon et conversionElles nous invitent à pardonner, c'est-à-dire à éloigner de nous la tristesse du ressentiment et de la haine. Elles nous exhortent à nous convertir et à convertir: dans nos milieux de vie, en choisissant chaque jour la paix, la fraternité, le respect de la liberté d'autrui, la sérénité dans les relations humaines», a -t-il déclaré.

    Victimes de violence et d'abus à cause de leur foi

    Sœur Klomfass et ses compagnes ont souffert le martyre en raison de leur foi. La première à mourir fut Christophora elle-même, tuée le 21 janvier 1945, alors qu'elle n'avait pas encore 42 ans. Une semaine plus tard, le 27 janvier, les sœurs Sekundina Rautenberg et Adelgard Bönigk sont capturées par l'armée russe. Les chapelets qu'elles portent à la taille sont attachés à une voiture et elles sont traînées dans les rues de Rastenburg (aujourd'hui Kętrzyn), jusqu'à ce qu'elles meurent.

    La violence, les mauvais traitements, les marches forcées et les blessures mortelles ont écourté la vie des autres religieuses: Mauritia Margenfeld a été capturée par l'Armée Rouge à Allestein, a été maltraitée à plusieurs reprises par les soldats, puis emmenée à marche forcée à Praschnitz (aujourd'hui Przasnysz), pour être forcée le lendemain à marcher jusqu'à Zichenau (aujourd'hui Ciechanów), à 27 km de là. De là, elle a été déportée à Toula où elle a soigné des patients atteints du typhus. Elle meurt des suites des mauvais traitements subis le 7 avril. La dernière à mourir dans l'ordre chronologique est Saveria Rohwedder, le 25 novembre, des suites des coups qui lui ont été infligés par un soldat russe qui s'est acharné sur elle simplement parce qu'elle portait un habit religieux. Alors qu'elle était impitoyablement battue, elle a dit à son bourreau: «Je te pardonne».

    Une image des 15 nouvelles religieuses bienheureuses
    Une image des 15 nouvelles religieuses bienheureuses   (Montage: Norbert Block/Fotos: Katharinenschwestern)

    La persécution «subtile» des chrétiens aujourd'hui

    80 ans plus tard, la persécution des chrétiens existe toujours et elle est réelle, bien que «plus subtile, parfois, effectuée avec les armes de la culture et des moyens de communication», a noté le préfet. Elle se manifeste comme «une action contradictoire, fausse et moqueuse qui inonde continuellement les foyers et les familles, les esprits et les consciences». Le véritable martyre quotidien, a souligné le cardinal Semeraro, est donc de «s'opposer aujourd'hui à cette culture, un engagement qui n'est pas sans conséquences pour tous ceux qui accomplissent un travail éducatif en pleine cohérence avec le message du Christ et pour la promotion d'une humanité authentique».

    La force de la faiblesse surmonte les atrocités

    Dans l'histoire des 15 nouvelles bienheureuses, le préfet du dicastère des Causes des saints identifie deux éléments significatifs: le premier est «l'atrocité» avec laquelle les soldats de l'Armée Rouge ont infligé des violences aux religieuses, les contraignant à une mort violente et féroce. «Une atrocité qui semblait dépasser toutes les limites, a souligné le cardinal, qui n'avait aucun scrupule à piétiner la dignité de l'être humain et ne respectait pas la dignité de ces femmes, ni leur statut de femmes consacrées». Le cardinal a également relevé «la force d'esprit et la persévérance de ces religieuses, qui ont su s'opposer à l'oppression avec la force de leur faiblesse», mettant en œuvre une véritable «pédagogie du martyre».

    La charité comme accomplissement de la foi

    Les nouvelles bienheureuses auraient pu fuir et se mettre à l’abri, mais elles ne l'ont pas fait, choisissant de rester proches des personnes qu'elles soignaient au quotidien, démontrant ainsi que «la charité, l'amour gratuit et la désintérêt de soi pour le Christ et les frères sont des valeurs fondamentales de la foi»a encore fait remarquer le cardinal Semeraro. «C'est un élan vers l'avenir, qui donne un sens au temps et l'oriente vers une rencontre; c'est vivre chaque circonstance avec la certitude de ne pas être seul, de pouvoir compter sur une présence qui est plus grande que tout et que tous».

    Ainsi, «face à ceux qui semblaient alors les plus forts et qui, ivres de matérialisme, remplaçaient l'unique vrai Dieu par des idoles humaines fragiles et éphémères», les quinze religieuses ont démontré que «le bien triomphe toujours du mal» et que le message évangélique d'amour l'emporte sur «l'idéologie de la haine et de la violence».

    L'invocation de la paix

    Enfin, quelques jours après le 80e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, célébré le 8 mai, le préfet du dicastère des Causes des saints a souhaité que la béatification des religieuses puisse représenter «une invocation à la paix pour le monde entier, avec une pensée particulière pour la guerre qui se déroule» en Ukraine, non loin de la Pologne. «Plus jamais la guerre! -a conclu le cardinal, rappelant l'appel de Léon XIV dans son premier Regina Cæli du 11 mai- surtout lorsqu'elle frappe cruellement des innocents, souvent des enfants».

  • Dieu existe-t-il ? Quand le cardinal Sarah répond à nos sociétés déchristianisées

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    D' sur Boulevard Voltaire :

    [LIVRE] Dieu existe-t-il ? Le cardinal Sarah répond à nos sociétés déchristianisées

    Une réflexion pour tout lecteur à la recherche de sens dans un monde qui semble avoir perdu sa boussole.

    Le cardinal Sarah ne sera pas sorti pape du dernier conclave, mais il y a fort à parier que ses pensées et ses paroles toujours fortes y auront marqué les esprits. Avant la fumée blanche, les bookmakers vaticanistes avaient commencé à scruter les signes du Ciel : à la recherche de synthèse et d’apaisement, les cardinaux n’allaient-ils pas élire le premier pape noir en portant leurs suffrages sur ce cardinal guinéen incarnant à la fois la Tradition et le vent catholique nouveau venu du Sud ? Un cardinal qui, miraculeusement, était encore éligible et ne le serait plus quelques jours après, lorsqu'il aurait atteint ses 75 ans ? Llorsqu’après le célèbre « Habemus Papam », le prénom de Robert fut prononcé, on retint son souffle un instant… avant de découvrir que c’est un autre Robert qui venait d’être élu pape !

    La vocation du cardinal Sarah n’est donc pas de porter la soutane blanche, mais il n’en est pas moins l’une des voix qui compte, urbi et orbi, au conclave comme dans nos sociétés déchristianisées. A l'instar de saint Thomas d’Aquin, il pourrait faire de cette vérité sa devise : « Il est plus beau d'éclairer que de briller seulement ». Après les bestsellers Dieu ou Rien (Fayard/Pluriel), La Force du silence (Fayard/Pluriel) ou Des profondeurs de nos cœurs (Fayard), livre coécrit avec le pape Benoît XVI, c’est toujours à cette défense de la vérité qui rend libre, que s’attèle le cardinal dans son dernier ouvrage paru à nouveau chez Fayard, Dieu existe-t il ?

    Plus qu’un catéchisme, mieux qu’un voyage dans la pensée chrétienne des apôtres jusqu’aux papes, ce livre d’entretiens propose un témoignage personnel de foi, enrichi d’une vie intérieure et d’une réflexion intellectuelle profondes, tout en restant accessible et attractif pour tout lecteur à la recherche de sens dans un monde qui semble avoir perdu sa boussole.

    À ce sujet — Cardinal Sarah : « L’Occident est en grand péril »

    De l'absence de Dieu à notre absence à Dieu

    Une lecture stimulante au moins à double titre : de manière personnelle, pour ne pas rester au seuil des habituelles accusations faites à Dieu ou à l’Église : si Dieu existe, pourquoi le mal ? Pourquoi la souffrance ? Pourquoi la pédophilie de la part de prêtres ? Pourquoi ne pas chercher sans entrave le bonheur que nous ne trouvons pas sur terre ?... A ces questionnements, le cardinal propose une réponse apparemment paradoxale : et si, justement, c’est d’avoir chassé Dieu de nos vies qui était à l’origine du mal ? Et si la question n’était pas l’absence de Dieu, mais notre absence à Dieu ?

    D’où découle un second niveau de lecture, de méditation et d’action, sur le terrain civique, social, sociétal et politique cette fois. Nos sociétés occidentales fatiguées de Dieu et d’elles-mêmes, et érigeant le bonheur individuel en nouveau dieu, n’ont-elles pas abouti à l’inverse de ce qu’elles recherchent ? Une société contre ou sans Dieu devenant avant tout, une société contre ou sans l’Homme. Avec son lot de faux progrès qui nous détruisent, de fausses conquêtes qui nous font reculer, de fausses fraternités qui nous éloignent ? Des pages sur le pronostic vital engagé d’une société qui promeut le suicide assisté, le consumérisme étouffant, l’hédonisme forcené, le relativisme indifférent, prennent une actualité particulière dans notre France manifestement tournée vers sa fin de vie…

    Le livre a été écrit avant le conclave. Avant l’élection du nouveau pape. Avant que ce dernier ne prenne le nom de Léon XIV en référence à ses prédécesseurs, promoteurs de l’enseignement social de l’Église, feuille de route des catholiques qui s’engagent dans la vie publique. En nous exhortant à nous engager « pour le bien commun, non comme une valeur d’avant-garde, mais comme (...) la suprématie du Christ sur le monde », le cardinal nous invite à sauver notre Humanité en perte totale de repères.

  • La prière sacerdotale de Jésus (7e dimanche de Pâques)

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    Lors de l'audience générale ddu mercredi 25 janvier 2012, le pape Benoît XVI a consacré sa catéchèse à cette prière "sacerdotale" de Jésus dont l'évangile de ce 7e dimanche de Pâques reprend un passage clé :  

    Chers frères et sœurs,

    Dans la catéchèse d’aujourd’hui, nous concentrons notre attention sur la prière que Jésus adresse au Père à l’« Heure » de son élévation et de sa glorification (cf. Jn 17, 1-26). Comme l’affirme le Catéchisme de l’Eglise catholique : « La tradition chrétienne l’appelle à juste titre la prière “sacerdotale” de Jésus. Elle est celle de notre Grand Prêtre, elle est inséparable de son Sacrifice, de son “passage” [pâque] vers le Père où il est “consacré” tout entier au Père » (n. 2747).

    Cette prière de Jésus est compréhensible dans son extrême richesse surtout si nous l’inscrivons dans le cadre de la fête juive de l’expiation, le Yom kippour. Ce jour-là, le Grand Prêtre accomplit l’expiation d’abord pour lui-même, puis pour la classe sacerdotale et enfin pour toute la communauté du peuple. Le but est de redonner au peuple d’Israël, après les transgressions d’une année, la conscience de la réconciliation avec Dieu, la conscience d’être un peuple élu, un « peuple saint » au milieu des autres peuples. La prière de Jésus, présentée dans le chapitre 17 de l’Evangile selon saint Jean, reprend la structure de cette fête. Jésus, cette nuit-là, s’adresse au Père au moment où il s’offre lui-même. Lui, prêtre et victime, prie pour lui-même, pour les apôtres et pour tous ceux qui croient en Lui, pour l’Eglise de tous les temps (cf. Jn 17, 20).

    La prière que Jésus fait pour lui-même est la demande de sa propre glorification, de son « élévation » à son « Heure ». En réalité c’est davantage qu’une demande et qu’une déclaration de pleine disponibilité à entrer, librement et généreusement, dans le dessein de Dieu le Père qui s’accomplit dans le fait de se remettre et dans la mort et la résurrection. Cette « Heure » a commencé avec la trahison de Judas (cf. Jn 13, 31) et culminera dans la montée de Jésus ressuscité vers le Père (Jn 20, 17). La sortie de Judas du cénacle est commentée par Jésus avec ces mots : « Maintenant le Fils de l’homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui » (Jn 13, 31). Ce n’est pas par hasard qu’il commence la prière sacerdotale en disant : « Père, l’heure est venue. Glorifie ton Fils, afin que le Fils te glorifie » (Jn 17, 1). La glorification que Jésus demande pour lui-même, en tant que Grand Prêtre, c’est l’entrée dans une pleine obéissance au Père, une obéissance qui le conduit à la pleine condition filiale : « Toi, Père, glorifie-moi maintenant auprès de toi : donne-moi la gloire que j’avais auprès de toi avant le commencement du monde » (Jn 17, 5). Cette disponibilité et cette requête sont le premier acte du sacerdoce nouveau de Jésus qui est un don de soi total sur la croix, et c’est sur la croix — l’acte d’amour suprême — qu’Il est glorifié, parce que l’amour est la gloire véritable, la gloire divine.

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  • Le culte du Sacré Coeur

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    Source

    Historique sur le culte du Sacré Cœur

    Il n’est plus étrange aujourd’hui que d’affligeants démagogues entretiennent chez les fidèles l’illusion que la dévotion au Sacré Cœur n’est pas plus ancienne que le XVII° siècle. Il faut être bien ignorant de la réalité pour le croire ou essayer de le faire croire, puisque les origines de cette dévotion qui a pris de nos jours un si vaste et si heureux développement, remontent haut dans l'histoire de la piété chrétienne. « Le culte du Cœur de Jésus, écrivait au siècle dernier le cardinal Pie, c'est la quintessence du christianisme, c'est l'abrégé et le sommaire substantiel de toute la religion.[1]  » Néanmoins, il ne faudrait pas non plus exagérer démesurément l’histoire de cette dévotion, en lui assignant une origine trop ancienne. Certes, si dès sa naissance, l'Eglise offrit à Dieu un culte d'amour, multipliant les hommages envers l'immense charité du Christ pour nous, cela ne suffit point pour dire que les premiers chrétiens ont honoré le Sacré Cœur, ni même qu'ils ont rendu un culte spécial à l’amour de Jésus. Ce n’est que l'un après l’autre, et même assez lentement, que les éléments de cette dévotion furent mis en lumière.

    Dans l'Ancien Testament, le cœur désigne la source même de la personnalité de l'homme, qui lui permet de choisir librement et intelligemment. C'est dans le cœur que l'homme rencontre Dieu.

    Quand l'Ancien Testament parle du cœur de Dieu (une dizaine de fois) il semble désigner son attachement et le don profond de lui-même qu’il fait à l'homme. Lorsque le Seigneur vit «  que la malice de l'homme était grande sur la terre et que son cœur ne formait que pensées mauvaises à longueur de journée…il s'affligea dans son cœur [2] » ; mais, après le déluge, lorsqu'il agréa les sacrifices de Noé comme « le parfum apaisant »c'est « en son cœur » qu'il fait serment de ne plus frapper la terre et de sauver définitivement la création[3].

    David reçut comme un don de l'amour du Seigneur sa connaissance des choses divines : « A cause de ta Parole et selon ton cœur, tu as fait toute cette grande chose que d'instruire ton serviteur[4] . » Après que Salomon en eut achevé la construction, Yahvé consacra le Temple, promettant sa protection au peuple qui observera ses commandements ; Dieu y accueillera les prières et les sacrifices, ses « yeux et son cœur y seront tous les jours[5]. »

    Job dit que le Seigneur est « sage de cœur et robuste de force.[6]  » Au prophète Jérémie, Dieu révèle son cœur comme l'expression de ce qu'il est, don d'amour : « J'ai livré ce que mon cœur a de plus cher [7] » ; « Même si Moïse et Samuel se tenaient devant moi, mon cœur ne reviendrait pas vers ce peuple.[8]  » « Mais lorsque Dieu entend les désolations d'Ephraïm : voilà pourquoi mon cœur frémit pour lui.[9]  » Enfin, lors de l'annonce de l'Alliance, Dieu dit : « Je mettrai ma joie à leur faire du bien, je les planterai solidement dans ce pays, de tout mon Cœur et de toute mon âme.[10]  » On entend le même cri de Yahvé chez le prophète Osée : « Mon cœur bouleversé en moi, toutes mes compassions s'émeuvent.[11] »

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  • Acte d’offrande de soi-même au Sacré-Coeur de Jésus, composé par Saint Claude de La Colombière

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    Acte d’offrande de soi-même au Sacré-Coeur de Jésus, composé par Saint Claude de La Colombière.

    Profitons de ce mois du Sacré-Coeur, pour lire, relire et pour apprendre à redire fréquemment cette très belle prière, tirée des oeuvres de Saint Claude de La Colombière * :

           Sacré Coeur de Jésus, apprenez-moi le parfait oubli de moi-même, puisque c’est la seule voie par où l’on peut entrer en Vous. Enseignez-moi ce que je dois faire pour parvenir à la pureté de votre amour, duquel Vous m’avez inspiré le désir. Je sens en moi une grande volonté de Vous plaire, et une grande impuissance d’en venir à bout sans une lumière et un secours très particuliers que je ne puis attendre que de Vous…

       Faites en moi votre volonté, Seigneur! Je m’y oppose, je le sens bien, mais je voudrais bien, ce me semble, ne pas m’y opposer. C’est à Vous à tout faire, divin Coeur de Jésus-Christ ; Vous seul aurez toute la gloire de ma sanctification, si je me fais saint : cela me paraît plus clair que le jour ; mais ce sera pour Vous une grande gloire et c’est pour cela seulement que je veux désirer la perfection. 

    Ainsi soit-il.

    * Jésuite, que Notre-Seigneur Lui-même qualifia de « fidèle serviteur et parfait ami » et qu’Il envoya à Paray-le-Monial afin qu’il y devint le confesseur de Sainte Marguerite-Marie (cf. > ici) et que, par là, soit reconnue la vérité des voies mystiques de la religieuse, jusque là soupçonnée d’être le jouet d’illusions diaboliques (voir sa biographie et son acte de confiance en Dieu > ici).

  • La Visitation

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    Evangile de Jésus-Christ selon saint Luc (Lc. 1, 39-56)

    En ces jours-là, Marie se mit en route et se rendit avec empressement vers la région montagneuse, dans une ville de Judée. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Elisabeth. Or, quand Elisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle.

    Alors, Elisabeth fut remplie d’Esprit Saint, et s’écria d’une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? Car, lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en moi. Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. »

    Marie dit alors :

    « Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur ! Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse. Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom ! Sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent. Déployant la force de son bras, il disperse les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides. Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour, de la promesse faite à nos pères, en faveur d’Abraham et sa descendance à jamais. »

    Marie resta avec Elisabeth environ trois mois, puis elle s’en retourna chez elle.


    Le voyage de Marie

    Dès le départ de l’ange, la Vierge se rend en hâte auprès de sa cousine, une femme déjà âgée qui porte son enfant depuis six mois. La serviabilité et l’empressement à l’égard du prochain caractérisent les « pauvres du Seigneur ». Le passage du Cantique des cantiques, lu pour la Visitation, évoque l’allégresse de Marie qui, à travers les montagnes de Juda, médite déjà son Magnificat :

    « Voici mon bien-aimé qui vient ! Il escalade les montagnes, il franchit les collines, il accourt comme la gazelle, comme le petit d’une biche. Le voici qui se tient derrière notre mur ; il regarde par la fenêtre, il guette à travers le treillage. Mon bien-aimé a parlé ; il m’a dit : Lève-toi, mon amie, viens, ma toute belle. Car voici que l’hiver est passé, la saison des pluies est finie, elle s’en est allée. Dans la campagne, les fleurs apparaissent. Le temps des chansons arrive. Le roucoulement de la tourterelle se fait entendre dans nos campagnes. Le figuier forme ses premiers fruits, la vigne en fleur exhale son parfum. Lève-toi, mon amie, viens, ma toute belle ! Ma colombe, blottie dans le rocher, cachée dans la falaise, montremoi ton visage, fais-moi entendre ta voix ; car ta voix est douce, et ton visage est beau. » (Ct. 2, 8-14).

    La salutation de Marie et les bondissements de joie de Jean-Baptiste

    Dès qu’Elisabeth entend la parole de Marie, qui porte la Parole de Dieu, l’enfant « bondit dans son sein » (Lc. 1, 44) et révèle avec l’Esprit la présence du Messie Sauveur.

    Les bondissements de joie accompagnent les manifestations messianiques du Seigneur (1 Ch. 16, 31-32 ; Ps. 96, 11 ; 98, 8 ; 114, 4).

    L’allégresse messianique vient du salut (Ps. 16, 9 et 45, 8 ; Lc. 10, 21 ; Jn. 8, 56 ; Ac. 2, 26 et 16, 34 ; 1 P. 1, 8 et 4, 13 ; 5 Hb. 1, 9 ; Jude 24).

    David « danse en tournoyant » devant l’Arche de Dieu (2 S. 6, 14 ; 1 Ch. 15, 27).

    Par la présence du Messie Sauveur que porte Marie, l’Esprit de Dieu remplit Elisabeth et, dans son sein, le petit Jean-Baptiste (cf. Lc. 1,15). Ostensoir vivant, Marie se fait l’instrument docile de Dieu et le canal limpide de l’action salvifique du Messie.

    Un maître castillan du XVe siècle montre Jean-Baptiste, sous l’inspiration du Saint-Esprit, tressaillir d’allégresse dans le sein de sa mère, reconnaître la visite du Messie conçu en Marie et l’adorer en s’agenouillant.

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  • 31 mai : fête de la Visitation

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    Visitation (détail) par Ghirlandaio (Florence, XVe s.)

    L'Esprit Saint dans le récit de la visitation (source)

    Allocution de S.S. Jean-Paul II,
    au cours de l'audience générale hebdomadaire du 13 juin 1990

    1. Les textes évangéliques révèlent clairement la vérité sur l'Esprit Saint dans la description de certains moments de la vie et de la mission du Christ. Nous avons déjà réfléchi sur la conception virginale et sur la naissance de Jésus de Marie par l'œuvre de l'Esprit Saint. D'autres pages de l'Évangile de l'enfance méritent toute notre attention car elles mettent particulièrement en relief l'action de l'Esprit Saint.

    L'une de ces pages est certainement celle où l'évangéliste Luc raconte la visite de Marie à Elisabeth. Nous lisons qu'en ces jours-là, Marie partit et se rendit en hâte vers la région montagneuse, dans une ville de Juda (I 39). On considère généralement qu'il s'agit de la localité de Aïn-Karim, à six kilomètres à l'ouest de Jérusalem. Marie s'y rend pour être aux côtés de sa parente Elisabeth, plus âgée qu'elle. Elle s'y rend à la suite de l'Annonciation, dont la Visitation devient presque un complément. En effet, l'Ange avait dit à Marie : Et voici qu'Elisabeth, ta parente, vient, elle aussi, de concevoir un fils dans sa vieillesse, et elle en est à son sixième mois, elle qu'on appelait la stérile ; car rien n'est impossible à Dieu. (Luc I 36-37).

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  • Les chrétiens européens ont perdu le dynamisme de la mission chrétienne, du témoignage, de la Foi (cardinal Sako)

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    De France Catholique (extraits) :

    « Les chrétiens européens sont timides » estime le cardinal Sako

    Le patriarche de l’Église catholique chaldéenne, le cardinal Louis Raphaël Sako est venu célébrer la messe annuelle de l’œuvre d’Orient, à Notre-Dame de Paris, le 25 mai. Il a salué la restauration de cette « perle française », tout en regrettant la déchristianisation de l’Europe.

    28 mai 2025

    Messe annuelle de l’Œuvre d’Orient, le 25 mai à Notre-Dame de Paris. À droite, le cardinal Sako. © Marie-Christine Bertin - Diocèse de Paris

    Éminence, quel est pour vous le sens de cette journée et de la consécration d’une chapelle dédiée aux chrétiens d’Orient, à Notre-Dame ?

    Cardinal Louis Raphaël Sako : Pour moi, cette cérémonie a été comme une Pâque : devant ces fidèles qui priaient de tout cœur, et qui s’unissaient à cette liturgie orientale, j’ai senti que l’Église était unie et ressuscitée. Nous avons célébré cette liturgie avec beaucoup de joie et beaucoup d’espoir.

    Quelle est la particularité de l’Église chaldéenne, et quelle est sa situation aujourd’hui ?

    Nous sommes l’une des plus anciennes Églises du monde. Notre Église a donné beaucoup de martyrs et en donne encore aujourd’hui. Nous avons une liturgie particulière et un patrimoine très riche. Aujourd’hui, en Irak, nous sommes en proie au sectarisme, à la violence et à la persécution. Nous avons eu beaucoup de difficultés avec Daesh. Un million de chrétiens ont quitté le pays, mais il y en a qui restent, entre 400 000 et 500 000 chrétiens sont encore là. Mais le mal n’a pas d’avenir. Le Salut semble loin, mais il viendra.

    Quel rôle les chrétiens vivant en Irak ont-ils à jouer dans ce pays ?

    Les chrétiens d’Irak sont des citoyens irakiens ! Avant l’arrivée des musulmans, au VIIe siècle, ils étaient majoritaires, et ils ont beaucoup donné à leur pays. Et, malgré toutes les épreuves que nous traversons, nous avons là-bas une vocation, nous sommes des missionnaires. Les musulmans attendent de nous un témoignage différent du leur. Les jeunes chrétiens irakiens sont d’ailleurs très engagés dans les paroisses et se mettent au service des autres.

    Vous avez participé à l’élection du pape Léon XIV, qu’espérez-vous de ce nouveau pontificat ?

    J’ai participé au conclave. J’étais à côté du cardinal Prevost lors des votes. Je lui ai parlé des Églises orientales, de leurs défis et de leurs difficultés. Je lui ai dit : « Il faut prendre cette cause à cœur, et manifester votre soutien et votre proximité. » Il a acquiescé et il a fait un bon discours quand il nous a accueillis à Rome, pour le Jubilé des Églises orientales.

    Vous avez donc l’espoir qu’il prendra soin des chrétiens d’Orient ?

    Bien sûr ! Il est père de tous. Il n’est pas le Pape seulement des catholiques romains, il est aussi le pape des Églises orientales.

    Qu’attendez-vous des chrétiens français et européens, et de tous ceux qui se recueilleront dans cette chapelle dédiée aux chrétiens d’Orient ?

    J’ai étudié ici en Europe [à Rome, N.D.L.R.] et j’y reviens régulièrement. Je trouve que les chrétiens en Europe sont timides : ils ont perdu le dynamisme de la mission chrétienne, du témoignage, de la Foi. Ce sont les chrétiens de l’Occident qui ont prêché l’Évangile en Afrique, en Asie… Où sont-ils aujourd’hui ? Autrefois, l’Orient était la racine du christianisme et l’Occident, avec ses missionnaires, en était le cœur. Aujourd’hui, tout est changé ! Il y a une grande indifférence et cela nous choque en Orient. Mais cela choque aussi les musulmans. Ils ont une religion différente, certes, mais ils ont une grande foi et ils y tiennent. Alors qu’ici, non…

    Paradoxalement, ce sont peut-être les difficultés et les persécutions qui renforcent votre foi, en Orient ?

    Ce qui nous donne la Foi, surtout, c’est Jésus-Christ. Tout est fondé sur le Christ. C’est cette relation d’amour qui nous donne la force de résister dans les épreuves. C’est le Christ, c’est tout.

    Les chrétiens d’Orient parviennent donc à garder l’espérance ?

    Oui, bien sûr. Puisqu’ils ont la Foi, ils ont l’espérance qui est ancrée dans la Foi. C’est ce rapport personnel à l’Église et au Christ qui change tout.