Du site d'Una Voce :
Dimanche de la Pentecôte – Schola « Liquescentes » de Pologne (2007) et Abbaye de Montserrat (1959)
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Dimanche de la Pentecôte – Schola « Liquescentes » de Pologne (2007) et Abbaye de Montserrat (1959)
Quels sont les sept dons de l’Esprit Saint ? (source)
Mais recevoir l’Esprit Saint, qu’est-ce que cela change ? Que recevons-nous en recevant l’Esprit ? Déjà l’hymne très ancienne Veni Creator Spiritus demandait à l’Esprit de donner « les sept dons de son amour ». Mais c’est surtout Thomas d’Aquin qui, par sa réflexion théologique, a formalisé une liste de sept dons de l’Esprit :
« Ma grâce te suffit, dit le Seigneur, car ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse. » (2 Co 12, 9)
Veni, creator Spiritus, Qui diceris Paraclitus, Tu septiformis munere, Accende lumen sensibus, Hostem repellas longius Per te sciamus da Patrem, Deo Patri sit gloria, |
1) Viens, Esprit Créateur, 2) Toi que l'on nomme le Conseiller, 3) Tu es l'Esprit aux sept dons, 4) Allume en nous ta lumière, 5) Repousse l'ennemi loin de nous, 6) Fais-nous connaître le Père, 7) Gloire soit à Dieu le Père, |
Qui est l’Esprit-Saint ? (source)
L’Esprit Saint un grand inconnu ? Un fantôme ? Le Saint-Esprit quelque chose de nébuleux sans grande importance ou inaccessible ? Découverte de quelqu’un qui nous est très proche !
« Nous tous, qui le visage dévoilé, reflétons comme un miroir la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur, l’Esprit. » (2 Cor. 3:18). Mais qui est-il cet Esprit ?
Nombreux sont ceux qui se sentent mal à l’aise lorsqu’on parle de l’Esprit Saint (ou du Saint-Esprit) :
- Pour certains, l’Esprit Saint est une force, une force divine, englobant tout et déterminant le cours des événements humains.
- D’autres conçoivent l’Esprit Saint non comme une force impersonnelle mais comme une personne, un agent envoyé par Dieu pour accomplir sa volonté, en quelque sorte un des anges principaux.
- Pour d’autres encore, l’Esprit est simplement un autre nom du seul vrai Dieu, un nom qui souligne sa nature invisible.
En réalité, ces différentes façons de parler de l’Esprit Saint sont inexactes et enferme l’Esprit Saint dans nos propres pensées alors que le Saint-Esprit souffle où il veut.
Un peu d’exégèse
Le mot hébreu qui désigne l’Esprit Saint dans la Bible est rouâch, en grec πνεῦμα / pneũma, qui signifie très concrètement le souffle, ce qui est insufflé dans les poumons. Il ne s’agit donc pas, comme la traduction française (Saint-Esprit) ou anglaise (Holy Ghost) pourraient le laisser entendre, d’un fantôme ou d’un esprit immatériel.
Dans le livre de la Genèse, c’est l’esprit de Dieu qui plane comme un vent sur les eaux au commencement de la création (1:2), Dieu donne la vie à Adam en lui insufflant son haleine (2:7). L’esprit de Dieu inspire aux hommes la sagesse (p. ex. Genèse 41:38 ; Exode 31:3), la prophétie (p. ex. Nombres 11:25s ; Isaïe 61:1), des prouesses (p. ex. Juges 14:6), etc. L’expression ‘Esprit Saint’, rare dans l’Ancien Testament, fréquente dans le Nouveau, est utilisée dans le même sens. C’est par la puissance créatrice de l’Esprit Saint que Marie se trouve enceinte (Matthieu 1:18), que Jésus libère les hommes des démons (Matthieu 12:22 - 32) ; c’est l’Esprit qui donne aux chrétiens de dire ‘Jésus est Seigneur’ (1 Corinthiens 12:3).
En réalité, c’est surtout là où Dieu touche le monde, et en particulier la vie humaine, que la Bible et l’Église parlent de l’esprit de Dieu ou de l’Esprit Saint. C’est pourquoi l’Esprit Saint est parfois appelé ‘le doigt de Dieu’. L’Esprit Saint transforme la vie humaine. La Bible en parle souvent. St Paul dit par exemple : ‘le fruit de l’Esprit est charité, joie, paix, longanimité, serviabilité, bonté, confiance dans les autres, douceur, maîtrise de soi’ (Galates 5:22 - 23). Quand nous voyons la charité, la paix, la bonté, etc. dans la vie de quelqu’un, nous voyons Dieu, l’Esprit Saint, qui le touche.
Jésus promet l’Esprit Saint
Avant sa mort, Jésus a promis que lui et le Père enverraient à ses disciples « une autre aide » (Jean 14:16 ;15 : 26). Le mot grec traduit par « aide » est PARAKLETOS. Ce mot peut vouloir dire un avocat ou un assistant pour des questions légales. Dans un contexte plus large, il signifie une personne qui donne encouragement, conseil et force. L’oeuvre d’un aide est celle d’une personne.
L’Esprit Saint est Dieu
L’Esprit Saint n’est pas une simple aide, il est Dieu. L’Esprit Saint est Dieu de la même manière et au même niveau que le Père et le Fils. Différentes références à l’Esprit Saint sont interchangeables avec celles faites à Dieu (Actes 5:3-4). L’Esprit Saint est associé au Père et au Fils sur la base d’une égalité (Matthieu 28:19). Il partage la même divinité et possède les mêmes attributs que les autres membres de la Trinité tout en gardant des aspects spécifiques de sa propre personne. Il est le garant de l’unité au sein de la trinité, le lien d’amour et de communion étroite entre le Père et le Fils. Il est le Dieu qui agit, la personne qui atteste que la Parole vient du Père par le Fils.
L’Esprit Saint est une personne
Comme vous pouvez le constater, l’Esprit Saint est une personne. Il est Dieu. Cependant, il est distinct du Père et du Fils. Une division de responsabilité existe entre le Père, le Fils et l’Esprit. En quelque sorte, le rôle de l’Esprit Saint est celui d’un exécutif, de quelqu’un désigné pour exécuter les desseins de Dieu.
L’Esprit Saint le grand oublié ?
Il existe une certaine tension concernant le Saint-Esprit. Puisque Jésus-Christ est le centre de notre foi, nous pouvons facilement ignorer l’Esprit et le traiter comme s’il n’existait pas. Nous pouvons aussi aller à l’autre extrême et centraliser notre attention tellement sur lui que nous oublions que l’Esprit a été donné pour glorifier le Fils. Il est même possible d’essayer d’utiliser l’Esprit en attendant de lui ce qu’il n’a jamais dit qu’il ferait.
En réalité tout est question d’équilibre. En effet, L’Esprit Saint ne va pas sans le Christ et le Père et vis versa.
L’oeuvre du Saint-Esprit
Lorsque Dieu veut agir dans notre vie, il le fait par le Saint-Esprit. Son oeuvre principale consiste à transformer les croyants en l’image de Christ. Il enseigne, instruit et conduit dans la vérité (Jn 16:13-15). Il produit le fruit de l’Esprit dans notre vie (Gal. 5:22-23) et il accorde les dons et capacités spirituels pour le service du Royaume (1 Cor. 12:4, 7,11). Dans toute l’histoire du salut, l’Esprit Saint guide les hommes :
- A la création, il participe à la création du monde, en donnant la vie à ce que le Père et le Fils ont créé (Gn 1 et 2).
- Dans l’Ancien Testament, il choisit et équipe des hommes et des femmes pour le service de Dieu, en leur accordant différents dons. De plus, il inspire les paroles des prophètes et les Ecritures.
- Dans la vie de Jésus-Christ : l’Esprit Saint conçoit Jésus en Marie. Il l’oint en vue de l’accomplissement de son ministère en harmonie avec la volonté du Père.
- Dans la vie du croyant : c’est par l’oeuvre intérieure de l’Esprit Saint que le croyant est sauvé et régénéré. Il sanctifie le croyant progressivement pour que sa vie devienne de plus en plus un reflet de l’amour de Dieu.
- Dans l’Eglise : à la Pentecôte l’Esprit est donné en abondance et d’une manière permanente à l’Eglise afin d’être fidèle à l’enseignement de Christ.
- Dans le monde : aujourd’hui, l’Esprit Saint suscite des hommes de paix et de bien partout dans le monde sans distinction de religion.
Vivons de l’Esprit
En somme, par son souffle, l’Esprit Saint nous fait entrer, vivre, communier à l’Amour même de Dieu. Toute la puissance d’aimer que les hommes ont pu déployer depuis le commencement des siècles (des parents pour leurs enfants, des mamans pour leur bébé, des fiancés et des gens mariés, ...), tout cela ne donne qu’une petite idée de l’Amour de l’Esprit Saint.
Cet amour est en nous et pour nous. Est-ce que nous lui permettons d’agir ? N’ayons pas peur ! Personne, mieux que l’Esprit Saint ne respecte notre liberté, sinon l’amour ne serait pas vrai, pas total. Dieu ne peut rien contre notre liberté. Il ne peut rien sans nous ... ni nous sans lui. Si je n’accepte pas de me laisser conduire là où il veut, rien ne se passera. Il faut donc lui dire : « Seigneur, viens brûler mon coeur au feu de ton amour ! ». C’est à nous de décider...
Les dons du Saint-Esprit
par Stéphane Seminckx (Didoc)
A la Pentecôte, Jésus nous envoie son Esprit.
Par la grâce et les dons que la troisième Personne de la Sainte Trinité nous accorde, nous pouvons nous identifier pleinement au Christ, le Fils éternel du Père.
Le Seigneur, qui nous a aimés jusqu’au bout (cf. Jn 13, 1), ne s’est pas contenté de nous offrir sa vie, ce qui est déjà la marque suprême de l’amour (cf. Jn 15, 13). Dans l’Eucharistie, Il nous donne littéralement sa vie, en nous offrant son Corps et son Sang (ainsi que Sa Parole, dans la liturgie de la Parole). Sur la croix, Il nous a donné ce qu’il avait de plus cher sur la terre, sa propre Mère. Il a permis que son Cœur soit transpercé, pour livrer tout ce qu’il contient, le sang et l’eau, figure de l’Eucharistie et du Baptême, et, avec eux, de tous les sacrements. A l’Ascension, il a élevé notre condition humaine jusqu’à la droite du Père, où siège maintenant Jésus, vrai Dieu et vrai homme.
Enfin, à la Pentecôte, Jésus nous communique son Esprit : « le Consolateur, l’Esprit-Saint, que mon Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera toutes choses, et vous rappellera tout ce que je vous ai dit » (Jn 14, 26). L’Esprit nous enseigne et nous communique la plénitude de la charité et de la vérité.
Les dons du Saint-Esprit sont comme le vent qui souffle dans les voiles du bateau de notre existence. Ils nous permettent d’aller plus vite et plus loin dans notre identification au Christ. Autrement dit, dans la vie chrétienne, nous n’en sommes pas réduits à ramer, c’est-à-dire à compter sur nos seules forces humaines.
Soudain, il se fit du ciel le bruit de l’arrivée d’un vent impétueux, là où ils étaient assis, alleluia : tous furent remplis du Saint-Esprit et professant les merveilles de Dieu¨ : une composition musicale de l’un des plus jeunes musiciens écossais, James MacMillan. « Jeune », c’est une façon de parler puisqu’il est né en 1959 ! Mais voilà, en musique la jeunesse n’a pas d’âge. MacMillan est un homme de convictions: politiques (très « à gauche ») et religieuses (catholique dans un pays protestant): Son épouse et lui sont tertiaires dominicains, c’est dire s’ils sont engagés. La référence au sacré est de fait omniprésente dans son œuvre. Ici la superbe « transfiguration » et non défiguration du propre de l’antienne de communion de la messe grégorienne traditionnelle de la Pentecôte.
De John Mac Ghlionn sur le Catholic Herald :
Le catholicisme traditionnel, le nouveau « cool » pour les jeunes Américains
L'encens monte à nouveau.
Pas seulement dans les cathédrales gothiques ou les lieux de messe latine, mais dans le cœur des jeunes Américains qui, à contre-courant de toute culture, s'orientent vers le catholicisme. C'est un phénomène qui déconcerte aussi bien les élites laïques que les protestants progressistes. Comment, à l'ère de la déconstruction et du nihilisme numérique, l'Église de la hiérarchie, du rituel et de la confession pourrait-elle être considérée – entre toutes choses – comme « cool » ?
Et pourtant, c'est le cas. Doucement, progressivement, puis soudainement. La messe latine est à la mode. Les catéchismes sont mis en favoris. Les jeunes adultes citent Thomas d'Aquin au même titre que Camus. Ce n'est ni ironique, ni esthétique, ni cosplay. C'est une révolte contre le déracinement.
Car ce qui ressemble à un renouveau religieux est aussi une rébellion culturelle.
On nous a dit que l'avenir serait sans limites, profondément stimulant. On nous a dit que nous serions plus heureux avec moins de règles, moins de rôles, moins de traditions. Juste des vibrations.
Mais l'expérience a échoué. Nous sommes plus seuls. Plus malades. Spirituellement affamés. Au lieu de sens, nous avons des algorithmes. Au lieu de transcendance, nous avons une thérapie TikTok. Et sous le voile mielleux du bien-être personnel, beaucoup de jeunes ressentent la présence lancinante d'un manque.
Le catholicisme offre ce que le monde moderne ne peut pas offrir : structure. Discipline. Mystère. Il ne vous murmure pas que vous êtes parfait tel que vous êtes. Il exige une transformation. Il exige la soumission – à quelque chose de plus ancien, de plus sage et de plus grand que vous.
Être catholique, c'est vivre au cœur d'une histoire. Une histoire vieille de deux mille ans, sanglante, riche en rebondissements, qui a façonné le monde. Elle est ponctuée de martyrs et de miracles. De saints et de scélérats. Une architecture à faire pleurer. Un Dieu incarné. Un charpentier qui a souffert pour vos péchés. Une vierge mère couronnée au ciel. Essayez de faire tenir tout cela dans une vidéo Instagram de 15 secondes.
Pour les jeunes Américains nourris aux films Marvel et aux mèmes déconstructionnistes, l'audace pure du catholicisme est enivrante. Il ne s'écarte pas de ses prétentions et ne dilue pas ses prétentions. Il affirme : Ceci est le Corps. Ceci est le Sang. Ceci est la Vérité.
Et les jeunes, lassés des euphémismes et du relativisme moral, disent : Amen.
L'Église, malgré tous ses défauts, n'a jamais promis d'être parfaite. Elle a promis d'être vraie . Et pour de nombreux convertis, en particulier ceux élevés dans des méga-églises stériles ou des foyers athées, le catholicisme offre la seule chose qui manque à tout rassemblement « spirituel mais non religieux » : la gravité .
On n'entre pas dans une messe catholique traditionnelle avec l'impression d'être tombé sur un séminaire de développement personnel avec des chants. On sent le poids de deux millénaires peser sur ses épaules. Pas de moodboards, pas de machines à brouillard, pas de pasteurs en jeans moulants proposant des astuces de vie. Il n'y a que le prêtre, l'autel, le sacrifice et le silence. Un silence qui, pour beaucoup, est plus sincère que n'importe quel sermon.
Et puis il y a Internet. Ironiquement, la même technologie qui a permis à la laïcité de coloniser la culture aide aujourd'hui le catholicisme à riposter. Les mêmes plateformes qui autrefois réduisaient la vérité à une simple tendance accueillent aujourd'hui de longs débats sur le Concile de Nicée et le dogme marial. Débats sur YouTube, essais Substack et comptes de réseaux sociaux « TradCath » transforment l'apologétique à l'ancienne en contenu viral. Les mèmes sont incisifs. Les arguments sont irréfutables. Ce qui a commencé par une simple curiosité – « Qu'est-ce que la messe latine ? » – est devenu conviction, conversion et catéchèse. Ce ne sont pas de simples créateurs de contenu. Ce sont des apôtres équipés du Wi-Fi, armés non pas de lampes annulaires, mais des Pères de l'Église et de notes de bas de page. Et ils gagnent des âmes en 4K.
Leur message est clair : l’Église n’est pas anti-intellectuelle. Elle a inventé la tradition intellectuelle. Elle a canonisé la raison bien avant que la modernité ne tente de la stériliser. Et pour une génération élevée dans la foi scientifique mais aspirant à la métaphysique, le catholicisme apparaît comme le chaînon manquant : l’harmonie de l’esprit et de l’âme.
Mais ne prenez pas cela pour un simple exercice philosophique. Quelque chose de plus profond se dessine.
Dans une culture obsédée par l'identité, le catholicisme propose une identité par l'abandon . Non pas celui organisé et performatif, mais celui cruciforme : mourir à soi pour vivre en Christ. C'est tout ce qui révulse le moi moderne, et c'est précisément ce qui en fait sa puissance.
Dans un monde aux contours flous et à la morale flasque, l'Église ose encore dire non. Non à l'avortement. Non au relativisme. Non aux rituels creux du progrès. Et chaque « non » est lié à un « oui » retentissant : à la vie, à la vérité, à la beauté, à la dignité sacrée de l'âme humaine.
Ce n'est pas oppressant. C'est libérateur.
Ce n’est pas « basé ». C’est béatifique.
Ce n'est pas une mode spirituelle. C'est un mouvement contre-culturel, précisément parce qu'il refuse de flatter la culture. Il exige quelque chose. Il prend des risques. Il coûte quelque chose. Et c'est précisément pour cela qu'il fonctionne.
L'Église catholique n'est pas « cool » au sens où l'entendent les spécialistes du marketing. Elle l'est parce qu'elle s'en fiche. À une époque obsédée par l'image de marque, le catholicisme offre un sentiment d'appartenance . Dans une culture en déclin, il offre une cathédrale. Et pour beaucoup de jeunes Américains, c'est le seul avenir qui vaille la peine d'être construit. Car quand tout le reste s'écroule, la tradition n'est pas un poids mort.
C'est un échafaudage.
Norbert, archevêque, fondateur de l’Ordre des Prémontrés (1080-1134) (source)
Norbert, né en 1080, près de Cologne, fut engagé dès son jeune âge dans la cléricature ; mais il fréquentait plus la cour que l’Église et reculait devant les Ordres sacrés, afin de suivre la voie des plaisirs.
Il avait déjà trente-trois ans, quand, traversant à cheval une belle prairie, accompagné d’un seul serviteur, il fut assailli par une soudaine et horrible tempête. La scène de saint Paul sur le chemin de Damas se renouvela ; car Norbert entendit une voix céleste lui dire : "Pourquoi Me fuis-tu ? Je te destinais à édifier Mon Église, et tu scandalises Mon peuple." En même temps, la foudre éclate et le renverse par terre, où il demeure évanoui pendant une heure entière. Quand il eut recouvré ses sens, il dit à Dieu : "Seigneur, que demandez-Vous de moi ?" Et la réponse à sa question lui fit comprendre qu’il devait quitter le monde et vivre dans la pénitence.
La conversion fut immédiate et complète, et bientôt l’on put voir, non sans étonnement, le brillant gentilhomme échanger ses riches vêtements contre la bure du moine. Il se prépara pendant quarante jours, dans un monastère, à offrir pour la première fois le Saint Sacrifice de la Messe.
Norbert obtint du Pape les pouvoirs de missionnaire apostolique et commença à prêcher la pénitence. Ses oeuvres étaient plus éloquentes encore que sa prédication : il marchait nu-pieds, même en plein hiver, au milieu de la neige, n’avait pour vêtement qu’un rude cilice en forme de tunique et un manteau de pénitent ; il observait perpétuellement le carême selon la rigueur des premiers siècles, et y ajoutait de ne manger presque point de poisson et de ne boire du vin que très rarement : on eût dit un nouveau Jean-Baptiste, par son zèle et ses austérités.
Cependant Dieu réservait à Norbert la gloire de fonder l’Ordre des Prémontrés, ainsi nommé parce que le Saint avait eu révélation du lieu où il devait l’établir. Saint Augustin lui ayant apparu, une Règle d’or à la main, il comprit qu’il devait adopter pour son Ordre la règle de ce grand docteur. Il fut lui-même la règle vivante de ses frères.
En 1126, se réalisa une vision que sa mère avait eue avant sa naissance : Norbert fut obligé d’accepter l’archevêché de Magdebourg, et il eut désormais outre le souci de son Ordre, le soin de son diocèse, où son apostolat fut traversé par de grandes persécutions et couronné d’abondants fruits de salut. Rien du reste, n’avait changé dans sa vie, et jusqu’à sa mort il mena dans son palais la vie d’un moine dans sa cellule.
Pour aller plus loin, nous vous conseillons de visiter le site web de l'Abbaye Notre-Dame de Leffe.
D'Almudena Martínez-Bordiú sur ACI Prensa via CNA :
8 bienheureux prévus pour être élevés aux autels
4 juin 2025
Le pape Léon XIV réunira les cardinaux au Vatican le 13 juin pour donner l'approbation finale aux canonisations de huit bienheureux dont les causes ont été promues par le pape François.
Cet événement, connu sous le nom de consistoire public ordinaire, sera le premier du pontificat du pape Léon XIV. Il convient de noter que le pape François l'a convoqué fin février, alors qu'il était hospitalisé à l'hôpital Gemelli de Rome, mais aucune date n'a été fixée.
Cette cérémonie détermine l'étape finale du processus de canonisation par un vote pour fixer la date à laquelle le bienheureux sera proclamé saint.
Mercredi, l'Office des célébrations liturgiques a confirmé la liste des bienheureux.
Parmi eux se trouve le bienheureux Bartolo Longo , laïc et avocat italien, fondateur du sanctuaire de Notre-Dame du Rosaire à Pompéi, en Italie.
Après avoir abandonné le spiritisme et les sectes satanistes, il embrassa le catholicisme, devint un fervent catéchiste et un homme dévoué à l'aide aux plus démunis. Il est également reconnu comme l'un des plus grands propagateurs de la dévotion au rosaire du XXe siècle.
Le consistoire du 13 juin devrait également voter sur la date de canonisation du « docteur des pauvres », le Vénézuélien José Gregorio Hernández .
Sur la liste figure également Peter To Rot , le premier bienheureux de Papouasie-Nouvelle-Guinée, tué pendant la Seconde Guerre mondiale pour avoir défendu le mariage.
Les cardinaux décideront également de la date de canonisation de Vincenza Maria Poloni , fondatrice des Sœurs de la Miséricorde de Vérone, à qui l'on attribue la guérison inexplicable d'Audelia Parra, une Chilienne.
Ignazio Choukrallah Maloyan , évêque martyrisé lors du génocide arménien de 1915, sera également canonisé prochainement.
María del Monte Carmelo Rendiles Martínez , fondatrice de la Congrégation des Servantes de Jésus, est appelée à devenir la première sainte du Venezuela. « Mère Carmen », comme beaucoup la connaissaient, restera dans les mémoires pour son immense bonté et sa sagesse.
Maria Troncatti , religieuse professe de la Congrégation des Filles de Marie Auxiliatrice. Cette future sainte était une missionnaire italienne qui passa une grande partie de sa vie en Équateur.
Enfin, il y a Pier Giorgio Frassati, laïc du Tiers-Ordre de Saint Dominique, dont la canonisation est prévue le 3 août. Cet aventurier et alpiniste a développé dès son plus jeune âge un amour profond pour le Christ dans l'Eucharistie et la Vierge Marie.
Dans sa jeunesse, il se consacra entièrement au service des pauvres et chercha à évangéliser par la politique, rapprochant ses amis de la foi.
Cet article a été initialement publié par ACI Prensa, le partenaire d'information en espagnol de CNA. Il a été traduit et adapté par CNA.
Lors de l'audience générale du 11 mars 2009, le pape Benoît XVI a consacré sa catéchèse hebdomadaire à saint Boniface. En voici le texte intégral (ZENIT.org)
Chers frères et sœurs,
Nous nous arrêtons aujourd'hui sur un grand missionnaire du VIIIe siècle, qui a diffusé le catéchisme en Europe centrale, et dans ma patrie également : saint Boniface, passé à l'histoire comme l'« apôtre des Germains ». Nous possédons beaucoup d'informations sur sa vie grâce la diligence de ses biographes : il naquit dans une famille anglo-saxonne dans le Wessex autour de 675 et fut baptisé avec le nom de Winfrid. Il entra très jeune au monastère, attiré par l'idéal monastique. Possédant de remarquables capacités intellectuelles, il semblait destiné à une carrière tranquille et brillante d'érudit : il devint enseignant de grammaire latine, écrivit plusieurs traités, composa plusieurs poésies en latin. Ordonné prêtre à l'âge de trente ans environ, il se sentit appelé par l'apostolat auprès des païens du continent. La Grande Bretagne, sa terre, évangélisée à peine cent ans plus tôt par les Bénédictins guidés par saint Augustin, faisait preuve d'une foi si solide et d'une charité si ardente qu'elle envoya des missionnaires en Europe centrale pour y annoncer l'Evangile. En 716, Winfrid, avec quelques compagnons, se rendit en Frise (aujourd'hui la Hollande), mais il buta sur l'opposition du chef local et la tentative d'évangélisation échoua. Rentré dans sa patrie, il ne perdit pas courage, et deux ans plus tard il se rendit à Rome pour s'entretenir avec le pape Grégoire II et en recevoir des directives. Le pape, selon le récit d'un biographe, l'accueillit « avec le visage souriant et le regard empli de douceur », et dans les jours qui suivirent il tint avec lui « des conversations importantes » (Willibald, Vita S. Bonifatii, ed. Levison, pp. 13-14) et enfin, après lui avoir imposé le nouveau nom de Boniface, il lui confia avec des lettres officielles la mission de prêcher l'Evangile parmi les peuples de Germanie.
illustration : une miniature illustre le double baptême de Boniface
De Leonardo Lugaresi sur son blog :
Tradition et « bon usage ». Note sur le style du pape Léon XIV.
1er juin 2025
Dans les analyses que font de nombreux observateurs des premiers pas du pontificat de Léon XIV, il me semble que l'utilisation de la catégorie continuité/discontinuité a prévalu jusqu'à présent , appliquée à la comparaison avec le pontificat précédent. Si l'on pouvait employer une métaphore ludique, je dirais que, depuis les tribunes des supporters adverses, les premiers pas du nouveau pape sont jugés en comparant son « style de jeu » à celui de son prédécesseur et en évaluant ainsi dans quelle mesure il se révèle « bergoglien » ou « non-bergoglien », voire « anti-bergoglien ». C'est une tendance compréhensible, à la fois parce qu'elle constitue la comparaison la plus facile et la plus immédiate – et souvent aussi la seule possible pour une culture sociale désormais totalement dépourvue de mémoire historique et habituée au souffle court d'une actualité écrasée par les délais serrés de l'information – et parce que la « discontinuité » a en réalité été la marque distinctive, méticuleusement recherchée dès le début et affichée avec une efficacité communicative incontestable jusqu'à la fin, du pontificat de François ; ou du moins de sa représentation médiatique, qu'il a lui-même voulue et promue et qui, de toute façon, est celle qui a touché la grande majorité, à l'intérieur comme à l'extérieur de l'Église. Le message perçu par pratiquement tous est que François était un pape différent. Différent de tous ceux qui l'ont précédé, différent du reste de la hiérarchie catholique, différent des institutions de l'Église (y compris la papauté), et pour cette raison « extraordinairement » aimé ou détesté précisément parce qu'il était une « exception ».
Le « style » du pape Léon.
Ce critère me paraît cependant largement insuffisant pour comprendre le sens de ce qui se passe dans l’Église, et en particulier il n’aide pas à saisir un aspect du style de pensée et de gouvernement du pape Léon XIV, qui me semble se dégager clairement dans ses premiers discours ; un trait qui mérite au contraire la plus grande attention pour sa valeur paradigmatique, non seulement en termes de contenu mais aussi, et je dirais surtout, en termes de méthode. Il ne fait aucun doute en effet que, par rapport à l' exception bergoglienne, le pontificat de Léon XIV se présente clairement, au moins par son style - et, je dirais, non pas tant par un choix programmatique, que par sa manière naturelle d'être - comme un retour à l'ordre, à la « normalité » et à la tradition catholique (si l'on entend cette expression dans son sens authentique, sur lequel nous reviendrons sous peu), mais il serait tout à fait erroné d'interpréter ce mouvement comme une réaction, c'est-à-dire comme une action de signe opposé mais de nature égale par rapport aux nombreuses « nouveautés » du pontificat précédent, visant à rétablir la continuité en éliminant ce qui, dans un passé récent, l'avait remis en question.
Ce qui frappe dans tous les premiers discours du nouveau pape, c'est l'heureux naturel avec lequel il fait continuellement appel à la tradition de l'Église à travers de grands auteurs qui en sont témoins : dans l'homélie de la messe célébrée avec les cardinaux le lendemain de son élection, il cite Ignace d'Antioche ; dans le discours aux travailleurs des communications du 12 mai, Augustin ; Le 14 mai, dans son discours aux participants au Jubilé des Églises orientales, ce fut le tour d'Éphrem le Syrien, d'Isaac de Ninive, de Syméon le Nouveau Théologien, puis de « son » Augustin, qui revint dans l'homélie de la messe d'inauguration de son pontificat le 18 mai, puis dans son discours du 19 mai aux représentants d'autres Églises et communautés ecclésiales, dans son homélie à Saint-Paul-hors-les-Murs le 20 mai – au cours de laquelle le pape évoqua également Benoît de Nursie –, puis dans son discours à l'assemblée des Œuvres pontificales missionnaires le 22 mai et dans son homélie à Saint-Jean-de-Latran le 25 mai, où il cita également Léon le Grand. Brèves allusions (tout aussi brèves, d'ailleurs, sont ses discours, et c'est là aussi un trait significatif), mais sans maniérisme, mais toutes pertinentes par leur pertinence par rapport aux thèmes abordés par le pape. Ces références patristiques s'accompagnent de la référence constante au magistère des papes modernes, en particulier Léon XIII, qui a été rappelé au moins cinq ou six fois dans ses premiers discours, et surtout François, qui est pour ainsi dire omniprésent : je crois que le nouveau pape n'a jamais manqué de le citer, chaque fois qu'il a pris la parole.
Un pape traditionnel, pas un traditionaliste.
C'est précisément sur ce dernier fait que je voudrais attirer l'attention. Dans la perspective herméneutique de la comparaison entre Léon et François évoquée plus haut, on pourrait facilement l'interpréter soit comme une preuve de la « continuité » substantielle du nouveau pape avec son prédécesseur, dont il ne se distinguerait qu'en surface, en raison de différences de tempérament évidentes et prévisibles ; soit, au contraire, comme un simple expédient tactique et instrumental, visant à prévenir et à apaiser d'éventuelles réactions hostiles envers une papauté qui opèrerait discrètement une rupture substantielle (et salutaire, du point de vue de ceux qui soutiennent cette thèse) avec la soi-disant « Église de François ». Je crois que les deux approches sont erronées. Ce que le pape Léon a exprimé, dans chacun de ses actes et de ses paroles durant ces deux premières semaines de son pontificat, n'est rien d'autre que la conception authentiquement catholique de la tradition.
Quant à la manière d'appréhender ce concept, il me semble qu'un malentendu est très répandu parmi les catholiques d'aujourd'hui, qui, paradoxalement, unit largement les fronts opposés des « traditionalistes » et des « progressistes » (j'utilise ces étiquettes désormais usées par souci de concision, confiant dans la compréhension du lecteur) : lier la tradition au passé, peu importe que ce soit dans le but de préserver et de proposer à nouveau ce passé, ou au contraire de le rejeter et de le surmonter définitivement. Dans les deux cas, en effet, nous nous appuyons sur une conception de la tradition comme un depositum, une sorte d'héritage, d'entrepôt ou de coffret où repose tout ce que nos ancêtres ont pensé et vécu, cristallisé dans la doctrine et les coutumes. On peut l'apprécier ou le mépriser, mais dans tous les cas, elle reste un objet, un héritage qui appartient au passé et qu'il appartient aux héritiers, c'est-à-dire à nous, sujets vivants d'aujourd'hui, de décider s'ils veulent l'utiliser et comment. Les traditionalistes et les novateurs, bien qu'ils se combattent, y pensent, malgré eux, de manière très similaire : à bien y réfléchir, tous deux pourraient être accusés de « passéisme » ou d'« arriération » (comme l'aurait dit le pape Bergoglio). Si l'on prend, par exemple, la délicate et douloureuse question du conflit sur la liturgie, on constate que, paradoxalement, tant les partisans du vetus ordo que les défenseurs exclusifs du novus ordo peuvent être considérés comme traditionis custodes (pour reprendre ironiquement le titre du malheureux Motu proprio de juillet 2021) au sens réducteur et inadéquat dont je parle. Les premiers, en effet, refusent de reconnaître que ce qui s'est passé après 1962 fait également partie de la tradition, mais ils ne réalisent pas que, ce faisant, ils la déclarent terminée, c'est-à-dire morte ; Les autres n'admettent pas que même ce qu'ils appellent novus relève en réalité de la tradition d'une époque de l'Église déjà lointaine à certains égards (notamment parce que, dans sa prétention à l'innovation, elle a vieilli très vite). Les premiers la rendent antique, les seconds la modernisent ; tous deux, cependant, passent à côté de l'essentiel, à savoir la vie actuelle de l'Église en tant que tradition vivante.