Mandelamania, Francescomania et autres mythomanies : l’idolâtrie, pour l’appeler par son nom, est la maladie infantile de la politique comme de la religion et des autres formes de la vie en société. Celui qui souhaiterait que l’on baisse la voilure de ce "star system" sera décrété aigri ou provocateur, comme l’observe justement Xavier Zeegers dans « La Libre » de ce jour. JPSC
« Tout s’accélère. Il n’a fallu que six ans à Jean-Paul II pour devenir bienheureux et au prochain printemps il sera saint. Mandela bat tous les records car c’est entre son décès et son enterrement qu’il fut décrété génie planétaire et Dieu immortel via une tornade d’acclamations aussi excessives qu’inconsidérées, comme dans les concerts d’André Rieu où tout le monde hurle sa joie et applaudit en cadence quand même Mozart n’en demandait pas tant.
On a dit que Barack Obama fut le meilleur orateur du stade. Le plus emphatique, sûrement : "Héros, enseignant de l’Histoire, guide, sage, messie, fierté d’un continent…" oubliant Guantanamo, l’actuelle Robben Island américaine.
Nous voici prévenus : celui qui souhaiterait que l’on baisse la voilure sera décrété snipeur, aigri, ou provocateur.
Alors d’emblée, soyons précis. Oui, Mandela fut un homme admirable et un résistant exemplaire. Un grand lucide surtout, qui avait compris que la violence est une impasse, "un fardeau trop lourd à porter" selon Martin Luther King, et qu’avec une patience surhumaine doublée d’un mental d’airain on peut changer le mal en bien.
A l’instar de Gandhi, il fit de son enfermement un allié, transformant au fil des lustres ses geôliers en otages de sa détermination car c’est lui-même qui décida de sortir enfin, et à ses conditions.
Qu’il soit dès lors récupéré par les religieux ne surprend pas. Cependant il n’était pas croyant. Richard Stengel, qui l’aida à rédiger son autobiographie, est formel : "En 93 nous regardions ensemble le paysage tranquille où il rejoindrait ses ancêtres, mais il ne croyait pas à l’au-delà. Je ne l’ai pas entendu parler de Dieu ni du paradis. Il m’a dit que nous venons et partons tous, et que simplement un jour ce sera son tour. Sa mort ne l’intéressait pas."
Il n’était pas non plus un pacifiste inconditionnel. Il organisa des attentats surtout matériels (près de deux cents) donc du sabotage. C’est bien moins grave qu’un autre prix Nobel de la Paix, Menahem Begin, qui coordonna l’explosion de l’hotel King David en 1946, faisant 91 morts et 46 blessés.
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