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  • Bienveillance et excès de rigueur : les deux voies erronées suivies par le Vatican dans le traitement des abus sexuels

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    De Sandro Magister, en traduction française sur le site "Diakonos.be" :

    Vatican et abus sexuels.  Deux solutions opposées, toutes deux erronées

    Dans la gestion des affaires d’abus sexuels impliquant des ministres sacrés, il arrive fréquemment qu’à différents niveaux de l’Église, l’on commette deux erreurs à l’opposé l’une de l’autre.  On pèche soit par excès de bienveillance soit par excès de rigueur.

    Deux cas récents l’illustrent à merveille.  L’un se déroule en Italie et l’autre en Pologne.  Tous deux impliquent le Vatican et la personne même du Pape.

    *

    Le premier cas concerne la parution inopinée dans « L’Osservatore Romano » du 19 juin d’un article rédigé par un prêtre, Giacomo Ruggeri, qui y est présenté comme un expert des « dynamiques des médias sociaux et de la numérisation dans la sphère de l’anthropologie, de la théologie et de la pastorale ».

    Sa contribution, la première de toute une série, se trouve en page 4 du quotidien officiel du Saint-Siège à la rubrique « Hôpital de compagne » qui – en citant le pape François – regroupe des récits visant à « soigner les blessures et à réchauffer le cœur des fidèles ».

    L’une de ces blessures est donc confiée aux bons soins de dom Ruggeri qui la décrit comme ceci :

    « À une époque caractérisée par le soin extrême porté au corps, qu’il faut exhiber à toute occasion, chaque fois que je prends en main mon smartphone, je n’allume pas un objet mais j’entre en relation avec moi-même, par des voies inédites et sans en être pleinement conscient.  C’est ce que je définis la ‘peau digitale’ : et ça se reproduit continuellement pour nourrir ma personne rendue virale dans les médias sociaux, pour lui fournir une nourriture abondante à grand renfort de photos, de vidéos, de posts et surtout de followers ».

    Ce repli sur soi-même – diagnostique le P. Ruggeri – constitue une pathologie à proprement parler, une boulimie digitale que l’on ne peut guérir qu’au prix fort, par le silence.

    Mais qui est donc l’auteur de cet article ?  Giacomo Ruggeri est un prêtre du diocèse de Pordenone qui a, pendant plusieurs années, exercé son ministère dans un autre diocèse, celui de Fano, comme curé et porte-parole de l’évêque, Mgr Armando Trasarti.

    En 2012, il a été arrêté puis l’année suivante jugé pour un attentat à la pudeur perpétrés sur une plage publique sur une fille de 13 ans, des gestes qu’il a lui-même reconnus comme étant « déplacés » même s’il les disait motivés par une « affection sincère ».  Condamné à 2 ans et 6 mois de réclusion, sa peine a été réduite en appel en 2016 à un an, 11 mois et 10 jours, qu’il ne devait plus purger en prison.

    L’évêque de Fano a suspendu dom Ruggeri de toutes ses charges pastorales et, à Rome, la Congrégation pour la doctrine de la foi l’a jugé coupable, sans pour autant le suspendre « a divinis » ni le réduire à l’état laïc.

    Aujourd’hui, dom Ruggeri est retournée à Pordenone, dont l’évêque Giuseppe Pellegrini avait collaboré plusieurs années auparavant au service national pour la pastorale des jeunes.  Et il a recommencé à écrire pour la maison d’édition catholique « Il Pozzo di Giaccobe » où il dirige – comme le rappelle « L’Osservatore Romano » dans sa présentation du nouvel auteur – la collection « Discernere hic et nunc » et « Capire il nuovo », dans laquelle ne figurent à l’heure actuelle que trois de ses livres, tous consacrés au « discernement » spirituel en situation de crise, pathologies digitales incluses, avec une attention toute particulière aux « Exercices » de saint Ignace de Loyola, le fondateur de la Compagnie de Jésus.

    Mais aujourd’hui que dom Ruggeri publie également dans « L’Osservatore Romano », les partisans de la soi-disant « tolérance zéro » auront du grain à moudre.

    A moins qu’il ne faille comprendre son recrutement en tant que bénévole au journal du Saint-Siège comme l’un de ces « itinéraires pénitentiels et de réhabilitation des coupables » recommandés par le pape François dans les « Points de réflexion » qu’il a offerts au sommet du Vatican sur les abus sexuels en février dernier.

    *

    Le second cas emblématique, bien plus grave celui-là, se déroule en Pologne et a connu son moment clé le 20 février de cette année, à la veille du sommet sur les abus quand, au terme de l’audience générale du mercredi, François a reçu deux activistes de la gauche radicale polonaise, Joanna Scheuring-Wielgus et Agata Diduszko-Zyglewska et avec elles le président d’une fondation de soutien aux victimes des prêtres pédophiles, Marek Lisinski, auquel le pape avait ostensiblement baisé la main (voir photo) après avoir reçu de lui un dossier dénonçant la complicités des évêques polonais dans ces exactions.

    Mais ce que François ne savait pas, c’est que deux enquêtes successives indépendantes et « laïques » – l’une du journaliste Sebastian Karczewski et l’autre du journal libéral « Gazeta Wyborca » – s’apprêtaient à dévoiler de manière irréfutable que Lisinsky, qu’on avait présenté au Pape comme la victime d’un prêtre pédophile, cachait en réalité une histoire bien différente.  Il s’était fait prêter de l’argent par un prêtre, Zdzislaw Witkowski, et que pour ne pas devoir rembourser sa dette, il avait accusé le prêtre d’avoir abusé de lui trente ans plus tôt.

    Les détails de cette affaire sont rapportés de façon très précise dans l’ACI Stampa du 19 juin dans une correspondance de Varsovie de Wlodzimierz Redzioch :

    > Polonia: colpire la Chiesa con le false accuse sulla questione degli abusi

    Nous nous bornerons à dire que Lisinski a déposé plaine en 2010 auprès de l’évêque Piotr Libera du diocèse de Plock dans lequel le P. Witkowski était incardiné.  L’enquête initiale a confirmé l’innocence du prêtre mais une campagne de diffamation publique s’est déchaînée contre lui, ce qui a incité l’évêque à le suspendre en 2013 pour trois ans de tout service sacerdotal et à transmettre à Rome, à la Congrégation pour la doctrine de la foi, les pires accusations contre le P. Witkowski.  Avec pour résultat qu’en 2017, la Congrégation a confirmé les sanctions contre le prêtre.

    Toute cette affaire a contribué à faire de Lisinski un champion de la guerre contre la pédophilie dans l’Église alors qu’en réalité il intriguait afin d’en retirer des avantages très matériels.

    « Si tout cela avait été révélé plus tôt, la célèbre rencontre de Lisinski et le pape François n’aurait sans doute jamais eu lieu », écrit Redzioch dans sa correspondance de Varsovie.  Et il ajoute :

    « Malheureusement, les révélations journalistiques ont également jeté l’opprobre sur le travail de la curie de Plock et de Mgr Libera qui, en appliquant sans discernement la règle de la ‘tolérance zéro’, n’ont rien fait pour bien comprendre l’affaire ni pour défendre un prêtre assurément innocent.  C’est clairement dans ce contexte qu’il faut comprendre la décision de Mgr Libera de quitter la tête de son diocèse et de se retirer, depuis juillet dernier, dans un couvent de camaldules pour un temps de ‘pénitence et de prière pour l’Église en Pologne et pour son diocèse’. […]  Se plier au politiquement correct, assouvir les attentes des médias et porter des jugements de culpabilité hâtifs ne peut qu’aggraver la situation et alimenter toujours davantage la spirale du mensonge. »

    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso.

  • "Comment nous avons accueilli une grossesse inattendue" : le témoignage de jeunes parents

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    En "contribution externe" sur le site de La Libre :

    Comment nous avons accueilli une grossesse inattendue

    Une opinion de Ophélie Bouchat et Guillaume Dos Santos, jeunes parents.

    Même dans un contexte compliqué, la naissance d’un enfant devrait toujours être cette occasion de joie inattendue, celle d’un bonheur appelé à se recevoir sans réfléchir.

    Avec le mois de juin, c’est pour les étudiants une année académique qui s’achève, avec sa session d’examens et ses guindailles. C’est aussi l’occasion pour nous de vous partager une autre histoire.

    Le 5 août 2017, nous apprenons l’existence d’un petit être qui va bouleverser nos vies. Un test de grossesse positif, quand on est étudiants, est rarement perçu comme une bonne nouvelle. Nous sommes d’abord tétanisés, envahis de sentiments contradictoires, de joie mais aussi de crainte face à l’avenir. Nous ne sommes pas mariés, nous n’habitons pas encore ensemble, nous n’avons pas ce qu’on appelle communément une situation. Mais nous faisons malgré tout le meilleur choix de notre vie : accueillir cet enfant.

    Les examens à passer pour Ophélie et le mémoire à rendre pour Guillaume, anxiété, fatigue de début de grossesse, nausées… : ces premières semaines sont compliquées. Par la force des choses, par la confiance qui nous unit, nous parvenons à franchir les obstacles. Nous voulons nous prouver que c’est possible.

    Bienveillance

    L’annonce à la famille, aux amis, à l’entourage, est une étape délicate. Dans une société où tout concourt à ce qu’on s’assure d’abord du confort matériel – salaire, logement, carrière – il est inhabituel de faire un enfant quand on est aux études. Mais dès le départ, notre entourage proche nous soutient et nous félicite pour l’arrivée de notre petit bout. Même dans un contexte compliqué, la naissance d’un enfant devrait toujours être cette occasion de joie inattendue, d’un bonheur appelé à se recevoir sans réfléchir.

    À l’Université, Ophélie reçoit un soutien très humain. Au sein de sa faculté, on l’accompagne dans toutes les démarches pour étaler son master, pour passer ses examens dans les meilleures conditions.

    Pour qui choisit de s’écarter de la norme actuelle qui invite plutôt à “profiter de sa jeunesse”, à voyager, à faire la fête ou à penser à sa carrière, il faut avouer que cet environnement de confiance est primordial. Ne pas se sentir jugée, mais accompagnée et soutenue.

    Les doubles journées

    Notre petit Georges est admis à la crèche de l’UCL, “Le P’tit Matelot”, où il est choyé par deux puéricultrices en or. Nous réalisons assez vite, face aux demandes d’admission d’autres parents, que notre situation n’est pas si rare. La grossesse, la naissance, la vie : choses partagées par tout le commun des mortels.

    Ayant étalé son master sur trois ans au lieu de deux, Ophélie a du temps à consacrer à notre fils, un luxe que n’ont pas toutes les mamans. Mais les sessions d’examens et le stress qui va avec constituent une épreuve qu’elles n’ont pas à traverser. Le rôle du papa dans ce contexte n’est pas non plus une sinécure ; rentrer du travail signifie pour Guillaume le début d’une deuxième journée : prendre en charge notre enfant, s’occuper du bain, du souper, du dodo, etc... car il s’agit de laisser du temps à maman pour l’étude. Le temps libre devient une denrée rare pour tous les deux.

    Gérer les stages, le mémoire, le blocus, les cours, et en même temps l’éducation de notre chérubin, ses horaires de sieste et de repas, exige de nous des efforts d’organisation et des sacrifices, mais à aucun moment nous n’avons douté. S’il est bien une chose qui fait encore sens, c’est l’arrivée d’un enfant, le mystère de la vie qui vient sans s’annoncer, fragile et dépendante.

    Ce qui donne sa valeur et son intérêt à la vie, disait Pierre Teilhard de Chardin, ce n’est pas tant d’accomplir des réalisations spectaculaires que d’accomplir des choses ordinaires avec la perception de leur immense valeur.” Nous vivons chaque jour qui vient en cherchant à cueillir l’inattendu avec gratitude, à recevoir le quotidien avec reconnaissance.

    Notre message d’espoir

    Lorsque Georges est arrivé, dès l’instant où ses yeux se sont ouverts pour la première fois dans cette chambre d’hôpital, nous avons réalisé notre chance.

    Notre époque est celle de l’injonction permanente à jouir toujours plus de ses libertés individuelles, à faire carrière pour gagner plus, acheter plus, consommer plus. Mais c’est bien peu de chose en regard de la joie si simple qu’on éprouve avec son enfant, de la force des liens qui se nouent pour la vie, du bonheur de fonder une famille.

    Toute grossesse est une rébellion”, écrit Marianne Durano dans Mon corps ne vous appartient pas 1 . “Par nature, elle contredit les idéaux d’indépendance, de liberté et d’épanouissement professionnel tant vantés par notre société. Non seulement elle fragilise, mais elle est un démenti flagrant à tous les relativismes.”

    Nous nous demandons parfois à quoi ressemblerait notre quotidien si Georges n’était pas là. Nous nous sentons alors étrangers à cette vie parallèle qui aurait pu être nôtre, et qui nous paraît fade en comparaison de notre aventure familiale. Un seul sourire de Georges vaut plus que tout ce que nous avons relégué au second plan pour préparer sa venue et nous occuper de lui. Son arrivée a certes chamboulé notre quotidien mais elle a renforcé nos liens et magnifié chaque jour vécu. Les enfants nous apprennent à aimer, à se sacrifier, à se dépasser. Il y a en eux un trésor d’innocence que nous avons perdu et qu’ils nous rappellent au quotidien. Ils donnent du sens à nos vies.

    On ne saurait ériger notre cas particulier en généralités universelles. Cependant, pour tous les couples et jeunes femmes qui seront un jour peut-être tétanisés à leur tour en découvrant un test de grossesse positif, nous partageons un bout de notre vie dans cette carte blanche. Pour leur dire que c’est possible.

    Nous voudrions que notre histoire soit un message d’espoir à l’égard de tous ceux qui ne savent pas quoi faire de leur parentalité inattendue. Si une surprise arrive à un moment où vous n’êtes pas préparés, il y a des aides qui existent 2. La société, la famille et les amis ne vous laisseront pas tomber. Enfin, prendre la décision à deux constituera toujours une force.

    Envers et contre toutes les injonctions individualistes et matérialistes de notre époque, avoir un enfant reste l’un des plus merveilleux événements que nous ayons à vivre en ce monde… même pendant les études.

    (1) : “Mon corps ne vous appartient pas”, M. DURANO, Albin Michel, 2018.

    (2) : Pour tout savoir des aides et des démarches pour recevoir de l’aide et être accompagnée, un très beau site existe : https ://www.jesuisenceinte.be/

    Titre, chapô et intertitres sont de la rédaction. Titre original : “Grossesse inattendue : une aventure et une rébellion face au monde ambiant”

  • Indonésie : le péril d'une radicalisation islamique menace le plus grand pays musulman du monde

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    Du site "Pour une école libre au Québec" :

    Indonésie: le péril islamique au « pays de l'islam modéré »

    De plus en plus de soldats désapprouvent la philosophie pluraliste des pères fondateurs de l’Indonésie. Pour le ministre de la Défense nationale, « Ce ne sera pas un problème aujourd’hui, mais dans les 20 à 30 prochaines années ». Dans le même temps, 23,4 % des étudiants universitaires soutiennent le djihad pour établir un État islamique.

    Le patriotisme indonésien a été fondé en 1945 sur le « Pancasila » (/panʧaˈsiːla/), les 5 préceptes en sanscrit, ou 5 principes, qui sont : la croyance en un Dieu unique, une humanité juste et civilisée, l’unité de l’Indonésie, une démocratie guidée par la sagesse à travers la délibération et la représentation, la justice sociale pour tout le peuple indonésien. Le Pancasila est inscrit dans la Constitution.

    Dans le discours fondateur de Soekarno, qui n’était pas encore président, le premier point était le cinquième et il était ainsi précisé : « Les chrétiens prient Dieu selon les préceptes de Jésus le Messie, les musulmans selon ceux du prophète de l’islam Mahomet, les bouddhistes selon leurs livres ».

    Le Gedung Pancasila, où Soekarno prononça son discours « Lahirnya Pancasila » le 1er juin 1945

    Les musulmans ont toujours trouvé que cette formulation ne convenait pas et dès le début ils ont voulu, par la « charte de Jakarta », ajouter : « avec obligation de suivre la loi de la charia pour les adhérents ». En 1956 les négociations pour une nouvelle Constitution n’ont pas abouti, et en 1959 le président Sukarno a déclaré que la déclaration de Jakarta était « dans l’âme de la Constitution ».

    Mais, comme on le sait, l’« islam modéré » du « plus grand pays musulman du monde » est de moins en moins modéré et de plus en plus agressif. Une étude du ministère de l’Éducation le montre de façon éloquente : 23,4 % des étudiants universitaires sont d’accord avec l’idée que le djihad serve à établir un État islamique ou un califat, 23,3 % préférant un califat.

    Selon Ryamizard Ryacudu, le ministre de la Défense, « ce n’est pas tellement un problème aujourd’hui, mais dans les 20 à 30 prochaines années… Si nous laissons cela se poursuivre, les dirigeants de demain pourraient être ces étudiants d’aujourd’hui, et s’ils deviennent président, général ou chef de la police, et qu’ils adoptent le califat, ce sera la fin de cette nation… Si le Pancasila échouait, la nation serait entraînée dans la même situation que le Proche Orient. »

    Source
  • Le cardinal Sarah : "Je suis persuadé que la civilisation occidentale vit une crise mortelle"

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    Le cardinal Robert Sarah © La Nef

    Soyons des bâtisseurs de cathédrale

    Le Cardinal Robert Sarah, préfet de la Congrégation pour le Culte divin et la Discipline des Sacrements, a prononcé une conférence à Paris en l’église Saint-François-Xavier le 25 mai 2019. Voici le texte intégral de cette remarquable conférence.

    Chers amis,

    permettez-moi de remercier tout d’abord Monseigneur Michel Aupetit, Archevêque de Paris et le Curé de cette paroisse saint François-Xavier, le Père Lefèvre-Pontalis pour leur accueil si fraternel.

    Je dois vous présenter mon dernier livre : Le soir approche et déjà le jour baisse. J’y analyse la crise profonde que vit l’Occident, crise de la foi, crise de l’Eglise, crise sacerdotale, crise d’identité, crise du sens de l’homme et de la vie humaine, l’effondrement spirituel et ses conséquences.

    Je voudrais ce soir vous redire ces convictions profondes qui m’habitent en les mettant en perspective avec l’émouvante visite que j’ai faite hier. Il y a quelques heures j’étais à la cathédrale Notre-Dame de Paris. En entrant dans cette église éventrée, en contemplant ses voûtes effondrées, je n’ai pu m’empêcher d’y voir un symbole de la situation de la civilisation occidentale et de l’Église en Europe.

    Oui, aujourd’hui de tout côté, l’Église semble être en flamme. Elle semble ravagée par un incendie bien plus destructeur que celui de la cathédrale Notre-Dame. Quel est ce feu ? Il faut avoir le courage de lui donner son nom. Car, « mal nommer les choses, c’est augmenter le malheur du monde. »

    Ce feu, cet incendie qui ravage l’Église tout particulièrement en Europe, c’est la confusion intellectuelle, doctrinale et morale, c’est la couardise de proclamer la vérité sur Dieu et sur l’homme et de défendre et transmettre les valeurs morales et éthiques de la tradition chrétienne, c’est la perte de la foi, de l’esprit de foi, la perte du sens de l’objectivité de la foi et donc la perte du sens de Dieu. Comme l’écrivait Jean-Paul II dans Evangelium Vitae : « Quand on recherche les racines les plus profondes du combat entre la « culture de vie » et la « culture de mort »… il faut arriver au cœur du drame vécu par l’homme contemporain: l’éclipse du sens de Dieu et du sens de l’homme, caractéristique du contexte social et culturel dominé par la sécularisation qui, avec ses prolongements tentaculaires, va jusqu’à mettre parfois à l’épreuve les communautés chrétiennes elles-mêmes… ce qui aboutit à une sorte d’obscurcissement progressif de la capacité de percevoir la présence vivifiante et salvatrice de Dieu »[1].

    Chers amis, la cathédrale Notre-Dame avait une flèche qui était comme un doigt tendu vers le ciel. Cette flèche semblait nous orienter vers Dieu. Au cœur de Paris, elle semblait dire à chacun le sens ultime de toute vie.

    Cette flèche symbolisait bien l’unique raison d’être de l’Église : nous conduire vers Dieu, nous orienter vers Lui. Une Église qui ne serait pas orientée vers Dieu est une Église qui meurt et s’effondre. La flèche de la cathédrale de Paris s’est effondrée : ce n’est pas un hasard ! Notre-Dame de Paris symbolise tout l’Occident. A force de se détourner de Dieu, l’Occident s’effondre.

    Elle symbolise la grande tentation des chrétiens d’Occident : à force de ne plus être tournés vers Dieu, à force de se tourner vers eux-mêmes, ils meurent.

    Je suis persuadé que cette civilisation vit une crise mortelle. Comme à l’époque de la chute de Rome, les élites d’aujourd’hui ne se soucient que d’augmenter le luxe de leur vie quotidienne et les peuples sont anesthésiés par des divertissements de plus en plus vulgaires.

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  • Les tribus Amazoniennes : de « Bons Sauvages » corrompus par l'Occident ?

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    De Jeanne Smits, sur son blog :

    Synode pan-amazonien : non, les tribus de l'Amazonie ne sont pas de « Bons Sauvages » corrompus par l'Occident (Steve Mosher)

    Non, les tribus d'Amazonie ne sont pas les « bons sauvages » que dépeignent le Document préparatoire et l'Instrumentum Laboris pour le synode pan-amazonien qui se déroulera à Rome au mois d'octobre. Ces textes voudraient faire passer la colonisation pour responsable de la perte de l'équilibre et du « bien vivre » que ces peuples autochtones auraient trouvé dans leurs rapports avec la nature. Peu avant la parution de l'Instrumentum Laboris, lundi, LifeSiteNews publiait un commentaire du Document préparatoire paru en 2018 et dont la tonalité est très similaire.

    Ce commentaire, nous le devons au sociologue américain Steve Mosher, qui a tenu à réduire à néant ce mythe des tribus « pacifiques » corrompues par l'Occident. Son texte est roboratif.


    Steve Mosher est le premier sociologue américain à avoir pu se rendre en Chine pour constater l'œuvre de la révolution culturelle : il était alors athée et pro-avortement. L'assistance à un avortement forcé l'avait bouleversé ; il s'est converti à la religion catholique et, toujours spécialiste de la Chine, a également fondé le Population Research Institute qui lutte contre les entreprises malthusiennes de contrôle de la population à travers le monde.


    Je vous propose ici ma traduction rapide de ce texte publié le 13 juin dernier. – J.S.

    à lire sur le blog de Jeanne Smits

  • Sur RCF : Christianisation, déchristianisation : l'Église face à la raison et aux paganismes

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    Christianisation, déchristianisation : l'Église face à la raison et aux paganismes

    Une émission de RCF présentée par Frédéric Mounier

    LES RACINES DU PRÉSENT - LUNDI 17 JUIN À 21H0 - DURÉE ÉMISSION : 55 MIN

    Christianisation, déchristianisation : l'Église face à la raison et aux paganismes

    © M.MIGLIORATO/CPP/CIRIC - 28 mai 2019 : Fidèles sur la place Saint Pierre lors de l'audience générale au Vatican.

    Se pencher sur l'histoire de l'Église c'est observer l'histoire des hommes et de leurs croyances. Dans une société post-chrétienne, verra-t-on le retour de la raison ou des paganismes?

    L'Église opère toujours dans un monde en mutation, ce qui lui permet d'exister encore, disent les historiens invités de Frédéric Mounier. Au fil de ses 2.000 ans d'histoire en effet, l'Église a du se situer face aux pouvoirs et aussi face aux croyances et aux idéologies, face aux paganismes ou à la raison. Marcel Gauchet définissait le christianisme comme la religion de la sortie de la religion : que reste-t-il après ? Éléments de réflexion. 

    CONSTAT DE DÉCHRISTIANISATION

    "L'Église a été peu à peu expulsée de la sphère publique à mesure que s'est autonomisée une conscience individuelle qui a restreint au for privé l'emprise de la religion." Dans son ouvrage, "Une brève histoire de l'Église" (éd. Flammarion) Françoise Hildesheimer décrit un mouvement, qui s'est déroulé sur la longue durée, de sécularisation. Mouvement relativement "précoce" puisqu'on peut grossièrement remonter à l'impulsion donnée par saint Thomas d'Aquin (1225-1274) et ses théories sur la raison humaine. 

    Entre la perte de l'Orient, les divisions au XVIe siècle, la montée de la sécularisation, l'avènement de la raison humaine, la révolution des Lumières, la laïcité à la française et la chute de la pratique contemporaine, Françoise Hildesheimer voit une continuité. "Depuis la Réforme, qu'elle qualifie "de drame absolu" pour l'Église, un spectre hante l'histoire du religieux qui est la perte de son objet."

    LE PROGRÈS A-T-IL REMPLACÉ L'IDÉE DE DIEU ?

    Jusqu'au XVIe siècle environ, on a longtemps cru en Occident que "l'histoire de l'homme est celle que Dieu veut", peut-on résumer avec Didier Le Fur, auteur de "Et ils mirent Dieu à la retraite" (éd. Passés composés). Le concept d'un homme qui "s'autonomise et peut vivre sa vie et son destin, voire pratiquer son salut" a d'abord été "une idée philosophique", rappelle l'historien. Il a fallu du temps pour "nettoyer histoire de ces légendes" et réinterpréter l'histoire.

    Son ouvrage propose une réflexion sur l'histoire en tant que construction, en tant que science qui "accompagne les pouvoirs religieux et politiques". Didier Le Fur écrit : "Personne n'a trouvé les lois de cette histoire parfaite, définitive, jamais non plus il ne réussit à réaliser ce qui habitait l'imaginaire des philosophes de l'histoire : rassurer collectivement sur la raisons de l'existence humaine, et contribuer à apaiser la peur de la mort par une vie sans Dieu."

    APRÈS LE CHRISTIANISME

    20 ans après sa parution, les éditions du Cerf rééditent "Vers une France païenne ?", dont François Taillandier préface la réédition. En 1999, l'ouvrage de Mgr Hippolyte Simon posait une question : en supposant un effacement du christianisme en France, qu'est-ce qui lui succédera ? L'évêque de Clermont avançait pour hypothèse une résurgence du paganisme, ou voire des paganismes.

    Il y a 20 ans, Mgr Simon écrivait : "On peut imaginer dans 20 ans une société française où les banlieues seraient islamisées par des groupes intégristes, où les campagnes seraient peuplées de témoins de Jéhovah, où les milieux médicaux et paramédicaux seraient adeptes du nouvel âge, où les milieux artistiques seraient adeptes du bouddhisme ou de la scientologie et où la petite bourgeoisie demeurerait d'inspiration catholique." Certes, "il ne faut pas caricaturer", comme le dit François Taillandier, mais on peut trouver là un certain nombre de "symptômes" actuels. Comme le dit François Taillandier s'il y a lieu de s'inquiéter de l'émergence des croyances, on peut méditer en quoi celles-ci diffèrent de la foi.

    INVITÉS

    • Françoise Hildesheimer, archiviste paléographe, conservateur général honoraire du Patrimoine, spécialiste de l'histoire politique et religieuse de l'Ancien Régime
    • Didier Le Fur, historien, spécialiste des XVe et XVIe siècles français
    • François Taillandier, romancier, essayiste

    BIBLIOGRAPHIE

    • Une brève histoire de l'Église - Le cas français, IVe-XXIe siècles

    Françoise Hildesheimer - coll. Champs Histoire, éd. Flammarion (2019)

    • Et ils mirent Dieu à la retraite - Une brève histoire de l'histoire

    Didier Le Fur - éd. Passés composés (2019)

    • Vers une France païenne (réédition)

    Hippolyte Simon, François Taillandier - éd. Cerf (2019)

    • Rendez à César - L'Église et le pouvoir, IVe-XVIIIe siècle

    Françoise Hildesheimer - coll. Au fil de l'histoire, éd. Flammarion (2017)

  • In nativitate sancti Joannis Baptistae

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    De ventre matris meae vocavit me Dominus nomine meo :
    et posuit os meum ut gladium acutum :
    sub tegumento manus suae protexit me,
    posuit me quasi sagittam electam.
     
    Dès le ventre de ma mère le Seigneur m’a appelé par mon nom ;
    et il a fait de ma bouche comme une épée tranchante :
    à l’abri de sa main il m’a protégé,
    il a fait de moi comme une flèche de choix.