Du Catholic Herald :

Le prince de Monaco bloque un projet de loi visant à légaliser l'avortement.
Un monarque catholique européen refuse de signer une loi qui aurait légalisé l'avortement dans son pays catholique.
Le prince Albert II de Monaco a refusé de signer une loi votée par le Conseil national qui aurait légalisé l'avortement dans la Principauté.
La décision du Prince suspend la réforme proposée et laisse la loi actuelle inchangée. Dans un entretien accordé au quotidien Monaco-Matin , il a expliqué que le projet de loi ne sera pas examiné et a exposé les motifs de sa décision.
Il a souligné : « Je crois que le système actuel reflète qui nous sommes, compte tenu du rôle de la religion catholique dans notre pays, tout en assurant un soutien sûr et humain. »
Selon la législation en vigueur, l'avortement reste formellement illégal à Monaco, bien qu'il soit dépénalisé depuis 2019. L'interruption de grossesse n'est autorisée que dans trois cas : viol, risque grave pour la vie de la mère ou malformation fœtale importante.
Le projet de loi, présenté au Conseil national en mars 2025 et adopté par 19 voix contre 2 en mai, visait à autoriser l'interruption volontaire de grossesse jusqu'à 12 semaines (16 semaines en cas de viol) et à abaisser l'âge du consentement parental de 18 à 15 ans.
Il y a deux semaines, Christophe Mirmand, ministre d'État, a toutefois informé le président du Conseil, Thomas Brezzo, que le gouvernement renonçait à cette mesure. Le prince a demandé au gouvernement d'en informer formellement le Conseil.
Il a reconnu la sensibilité du sujet, déclarant : « Je comprends à quel point ce sujet est sensible, les émotions qu'il peut susciter. »
Il a également évoqué les mises à jour législatives de 2009 et 2019, observant que Monaco avait déjà atteint « un cadre équilibré, respectueux des principes constitutionnels, de l’identité culturelle et des femmes concernées ».
Pour Sa Majesté, cette décision doit en définitive être interprétée à la lumière de la Constitution monégasque, qui reconnaît le catholicisme comme religion d’État. Comme il l’a souligné, elle confirme « la place qu’occupe le catholicisme dans notre pays ».
La loi monégasque sur l'avortement était parmi les plus restrictives d'Europe. La loi de 2009 limitait l'interruption de grossesse aux trois cas exceptionnels mentionnés précédemment, et la réforme de 2019 a supprimé les sanctions pénales pour les femmes ayant recours à l'avortement à l'étranger, notamment en France voisine.
La décision du prince Albert trouve des échos dans l'histoire des monarchies européennes. En 1990, le roi Baudouin de Belgique refusa de promulguer une loi légalisant l'avortement jusqu'à douze semaines de grossesse. Le gouvernement le déclara « temporairement inapte à régner » pour une journée, et durant ces 36 heures, le Conseil des ministres signa collectivement la loi, la rendant valide sans son approbation. Le lendemain, le Parlement le rétablit sur le trône.
De même, en 2008, le grand-duc Henri de Luxembourg a refusé de signer une loi légalisant l'euthanasie. Contrairement à la Belgique, le Luxembourg a modifié sa constitution afin que le monarque ne « sanctionne » plus les lois, mais se contente de les « promulguer ».
Hans-Adam II, prince de Liechtenstein, a également clairement indiqué qu'il opposerait son veto au résultat de tout référendum proposant de légaliser l'avortement dans le pays.
Cependant, le souverain de Monaco semble être un rare exemple où l'intervention d'un monarque a directement stoppé une tentative d'introduire des lois anti-vie.



