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Eglise - Page 25

  • La première bénédiction « Urbi et Orbi » du Saint Père Léon XIV

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    Première bénédiction « Urbi et Orbi » du Saint Père Léon XIV,

    08.05.2025

    Ce soir, le Saint-Père Léon XIV, précédé de la Croix, est apparu à la Loggia de la Bénédiction extérieure de la Basilique vaticane pour saluer le peuple et lui donner la Bénédiction apostolique « Urbi et Orbi ».

    Avant la bénédiction, le nouveau pape a adressé les paroles suivantes aux fidèles :

    Paroles du Saint-Père

    Que la paix soit avec vous tous !

    Chers frères et sœurs, c'est la première salutation du Christ ressuscité, le Bon Pasteur qui a donné sa vie pour le troupeau de Dieu. Je voudrais moi aussi que cette salutation de paix entre dans vos cœurs, qu'elle parvienne à vos familles, à tous les hommes, où qu'ils soient, à tous les peuples, à la terre entière. Que la paix soit avec vous !

    C'est la paix du Christ ressuscité, une paix désarmante et une paix désarmante, humble et persévérante. Elle vient de Dieu, de Dieu qui nous aime tous inconditionnellement. Nous gardons encore dans nos oreilles cette voix faible mais toujours courageuse du pape François bénissant Rome !

    Le pape bénissant Rome a donné sa bénédiction au monde, au monde entier, ce matin de Pâques. Permettez-moi de poursuivre cette même bénédiction : Dieu nous aime, Dieu vous aime tous, et le mal ne prévaudra pas ! Nous sommes tous entre les mains de Dieu. C'est pourquoi, sans crainte, unis main dans la main avec Dieu et les uns avec les autres, allons de l'avant. Nous sommes les disciples du Christ. Le Christ nous précède. Le monde a besoin de sa lumière. L'humanité a besoin de lui comme pont vers Dieu et son amour. Aidez-nous aussi, les uns les autres, à construire des ponts, par le dialogue, par la rencontre, en nous unissant tous pour être un seul peuple toujours en paix. Merci au pape François !

    Je tiens également à remercier tous mes frères cardinaux qui m'ont choisi pour être le successeur de Pierre et pour marcher avec vous, en tant qu'Église unie, toujours à la recherche de la paix, de la justice, toujours à la recherche d'un travail d'hommes et de femmes fidèles à Jésus-Christ, sans peur, pour annoncer l'Évangile, pour être des missionnaires.

    Je suis un augustinien, un fils de saint Augustin, qui a dit : « Avec vous, je suis chrétien et pour vous, évêque ». En ce sens, nous pouvons tous marcher ensemble vers cette patrie que Dieu a préparée pour nous.

    À l'Église de Rome, une salutation spéciale ! [Nous devons chercher ensemble comment être une Église missionnaire, une Église qui construit des ponts, qui dialogue, toujours ouverte à recevoir, comme cette place, à bras ouverts. Tous, tous ceux qui ont besoin de notre charité, de notre présence, de notre dialogue et de notre amour.

    Y si me permiten también, una palabra, un saludo a todos aquellos y en modo particular a mi querida diócesis de Chiclayo, en el Perú, donde un pueblo fiel ha acompañado a su obispo, ha compartido su fe y ha dado tanto, tanto para seguir siendo Iglesia fiel de Jesucristo.

    Et si vous me permettez un mot, un salut à tous et de manière spéciale à mon cher diocèse de Chiclayo, au Pérou, où un peuple fidèle a accompagné son évêque, a partagé sa foi et a donné tant, tant pour continuer à être une Église fidèle de Jésus-Christ.

    À vous tous, frères et sœurs de Rome, d'Italie, du monde entier, nous voulons être une Église synodale, une Église qui marche, une Église qui cherche toujours la paix, qui cherche toujours la charité, qui cherche toujours à être proche surtout de ceux qui souffrent.

    Aujourd'hui est le jour de la Supplication à Notre-Dame de Pompéi. Notre Mère Marie veut toujours marcher avec nous, être proche, nous aider par son intercession et son amour.

    Je voudrais donc prier avec vous. Prions ensemble pour cette nouvelle mission, pour toute l'Église, pour la paix dans le monde, et demandons à Marie, notre Mère, cette grâce spéciale.

    Je vous salue Marie...

  • La « synodalité », un enjeu majeur – et inquiétant – du futur pontificat

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    De Jeanne Smits sur Réinformation.TV :

    Conclave : la « synodalité », enjeu majeur – et inquiétant – du futur pontificat

    Un enjeu du futur pontificat semble être passé un peu sous les radars dans les multiples conjectures sur les papabile et les priorités des cardinaux électeurs : celui de la « synodalité ». Pourtant, un mois avant de mourir, le pape François avait annoncé un nouveau « chemin d’accompagnement » vers la mise en œuvre des décisions prises au terme des deux synodes sur la synodalité en octobre dernier : une Assemblée ecclésiale doit clore trois ans de « processus de réception » en octobre 2028. Le conclave n’interrompt pas le processus…

    Le cardinal Mario Grech, secrétaire général du Synode, a envoyé une lettre en ce sens aux évêques latins et orientaux à la mi-mars, en insistant bien sur ce point : le Document final du synode « fait partie du Magistère ordinaire du Successeur de Pierre », comme cela été précisé par le pape François aussitôt après son adoption. Autrement dit, il engage l’obéissance et les « Eglises locales et les groupements d’Eglises » doivent le mettre en œuvre à travers des processus de « discernement et de décision ».

    On peut dire que ces trois nouvelles années de focalisation sur une « synodalité » qui reste à définir avec précision, mais dont le Document dessine en quelque sorte la praxis, sont comme le testament, la feuille de route laissée par le pape François à son successeur, non sans la précaution d’avoir mis en place un collège cardinalice à 80 % nommé par lui et dont bien des membres ont affirmé leur sensibilité au thème. A l’heure d’écrire, on peut penser qu’une part non négligeable des cardinaux soutient, peut-être sans en percevoir tous les ressorts, cette tentative de révolutionner l’Eglise à travers un glissement vers un fonctionnement démocratique discret dans la forme mais possible dans les faits sous forme de « coresponsabilité différenciée », plus à l’écoute de « la base » investie à ce titre de nouveaux pouvoirs, même si c’est selon des modalités diverses d’une Eglise locale à l’autre.

    Le moindre paradoxe n’est pas que cette réforme aura été préparée par un pape particulièrement autoritaire et anti-« synodal » !

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  • L'homélie du cardinal Re lors de la messe pour l'élection du pontife romain

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    MISSA PRO ELIGENDO ROMANO PONTIFICE

    HOMÉLIE DU CARDINAL GIOVANNI BATTISTA RE
    DOYEN DU COLLÈGE CARDINALICE

    Basilique Saint-Pierre
    Mercredi 7 mai 2025

    ________________________

    On lit dans les Actes des Apôtres qu’après l’Ascension du Christ au ciel, et dans l’attente de la Pentecôte, tous étaient assidus à la prière avec Marie, la Mère de Jésus (cf. Ac 1, 14).

    C’est exactement ce que nous faisons nous aussi, peu avant le début du Conclave, sous le regard de la Vierge Marie placée à côté de l’autel, en cette Basilique qui s’élève sur la tombe de l’Apôtre Pierre.

    Nous sentons que tout le peuple de Dieu est uni à nous, avec sa foi, son amour pour le Pape et son attente confiante.

    Nous sommes ici pour invoquer l’aide de l’Esprit Saint, pour implorer sa lumière et sa force afin que soit élu le Pape dont l’Église et l’humanité ont besoin en ce tournant si difficile et si complexe de l’histoire.

    Prier, en invoquant l’Esprit Saint, est la seule attitude juste qui convienne, alors que les Cardinaux électeurs se préparent à un acte de la plus haute responsabilité humaine et ecclésiale, et à un choix d’une importance exceptionnelle ; un acte humain pour lequel toute considération personnelle doit être abandonnée, en n’ayant que le Dieu de Jésus-Christ et le bien de l’Église et de l’humanité dans l’esprit et dans le cœur.

    Dans l’Évangile qui a été proclamé, résonnent des paroles qui nous conduisent au cœur du message suprême, le testament de Jésus, remis à ses apôtres le soir de la Cèn au Cénacle : « Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jn 15, 12). Afin de préciser ce « comme je vous ai aimés » et indiquer jusqu’où doit aller notre amour, Jésus ajoute : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » (Jn 15, 13).

    C’est le message d’amour que Jésus définit comme un “nouveau” commandement. Nouveau parce qu’il transforme en positif et élargit considérablement l’avertissement de l’Ancien Testament qui disait : « Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse ».

    L’amour que Jésus révèle ne connaît pas de limites et doit caractériser les pensées et l’action de tous ses disciples qui doivent toujours, dans leur comportement, manifester un amour authentique et s’engager à construire une nouvelle civilisation, celle que Paul VI a appelée “civilisation de l’amour”. L’amour est la seule force capable de changer le monde.

    Jésus nous a donné l’exemple de cet amour au début de la dernière Cène par un geste surprenant : Il s’est abaissé au service des autres, lavant les pieds des apôtres, sans discrimination, n’excluant pas Judas qui allait le trahir.

    Ce message de Jésus fait écho à ce que nous avons entendu dans la première lecture de la messe, où le Prophète Isaïe nous a rappelé que la qualité fondamentale des pasteurs est l’amour jusqu’au don total de soi.

    Les textes liturgiques de cette célébration eucharistique nous invitent donc à l’amour fraternel, à l’aide mutuelle et à l’engagement en faveur de la communion ecclésiale et de la fraternité humaine universelle. Parmi les tâches de chaque successeur de Pierre, il y a celle de faire grandir la communion : communion de tous les chrétiens avec le Christ ; communion des évêques avec le Pape ; communion des évêques entre eux. Il ne s’agit pas d’une communion autoréférentielle mais tendue vers la communion entre les personnes, les peuples et les cultures, soucieuse que l’Église soit toujours “maison et école de communion”.

    L’appel est fort à maintenir l’unité de l’Église dans la voie tracée par le Christ aux Apôtres. L’unité de l’Église est voulue par le Christ ; une unité qui ne signifie pas uniformité, mais une communion solide et profonde dans la diversité, à condition de rester dans la pleine fidélité à l’Évangile.

    Chaque Pape continue d’incarner Pierre et sa mission et représente ainsi le Christ sur terre ; il est le roc sur lequel l’Église est édifiée (cf. Mt 16, 18).

    L’élection du nouveau Pape n’est pas une simple succession de personnes, mais c’est toujours l’Apôtre Pierre qui revient.

    Les Cardinaux électeurs exprimeront leur vote dans la Chapelle Sixtine où, comme le dit la Constitution apostolique Universi dominici gregis, « tout concourt à nourrir la conscience de la présence de Dieu, devant lequel chacun devra un jour se présenter pour être jugé ».

    Dans le Triptyque romain, le Pape Jean-Paul II souhaitait que, au moment de la grande décision à travers le vote, l’image imposante de Jésus Juge rappelle à chacun la grandeur de la responsabilité de remettre les “clés suprêmes” (Dante) entre de bonnes mains.

    Prions pour que l’Esprit Saint, qui nous a donné au cours des cent dernières années une série de Pontifes vraiment saints et grands, nous donne un nouveau Pape selon le cœur de Dieu, pour le bien de l’Église et de l’humanité.

    Prions pour que Dieu accorde à l’Église le Pape qui saura le mieux réveiller les consciences de tous ainsi que les énergies morales et spirituelles dans la société actuelle, caractérisée par de grands progrès technologiques mais qui tend à oublier Dieu.

    Le monde d’aujourd’hui attend beaucoup de l’Église pour la sauvegarde de ces valeurs fondamentales, humaines et spirituelles, sans lesquelles la coexistence humaine ne pourra s’améliorer ni porter du bien aux générations futures.

    Que la Bienheureuse Vierge Marie, Mère de l’Église, intervienne par sa maternelle intercession, afin que l’Esprit Saint éclaire l’esprit des Cardinaux électeurs et les rende unanimes dans l’élection du Pape dont notre temps a besoin.


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  • 8 mai : Supplique à la Reine du Rosaire de Pompéi

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    Supplique à la Reine du Rosaire de Pompéi

    La Supplique à Notre-Dame du Saint-Rosaire de Pompéi, peut être récitée à tout moment de l'année, mais avec elle est récitée avec beaucoup de solennité à Pompéi et dans de nombreux lieux en Italie et du Monde entier à Midi, le 8 Mai, Fête de la Reine du Rosaire de Pompéi et le premier Dimanche d'octobre, Fête de jour Notre-Dame du Saint-Rosaire à Pompéi, à midi, car cette heure est "l'heure du Monde", avait dit le Bienheureux Bartolo Longo.

    Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. Amen.

    Ô Auguste Reine des Victoires, ô Souveraine du Ciel et de la Terre, à ton nom se réjouissent les cieux et tremblent les abysses, ô Reine glorieuse du Rosaire, nous, tes fils dévoués, réunis dans ton Temple de Pompéi en ce jour solennel, nous épanchons les affections de notre cœur et avec une confiance toute filiale, nous t’exprimons nos misères. Du Trône de clémence, où tu es assise en Reine, tourne, ô Marie, ton regard compatissant sur nous, sur nos familles, sur l’Italie, sur l’Europe, sur le monde. Aie compassion des angoisses et des tourments qui assombrissent notre vie. Vois, ô Mère, combien de dangers dans l’âme et dans le corps, combien de calamités et d’afflictions nous oppressent. Ô Mère, implore pour nous la miséricorde de ton divin Fils et vaincs, par la clémence, le cœur des pécheurs. Ce sont nos frères et tes fils qui coûtent tant de sang à ton doux Jésus et qui contristent ton Cœur très sensible. Montre-toi à tous telle que tu es, Reine de paix et de pardon.

    Je vous salue Marie

    Il est vrai que nous, en premiers, bien que nous soyons tes fils, par nos péchés, nous crucifions de nouveau en notre cœur Jésus et nous transperçons encore une fois ton Cœur. Nous le confessons: nous méritons les plus durs châtiments, mais tu, rappelle-toi que sur Golgotha, tu as recueilli, avec le Sang divin, le testament du Rédempteur moribond qui t’a désignée comme notre Mère, Mère des pécheurs. Comme notre Mère, tu es donc notre Avocate, notre espérance. Et nous, en gémissant, nous étendons nos mains suppliantes vers toi, et crions: Miséricorde! Ô Mère de bonté, aie pitié de nous, de nos âmes, de nos familles, de nos parents, de nos amis, de nos défunts, et surtout de nos ennemis et de tous ceux qui se disent chrétiens et qui pourtant offensent le Cœur aimable de ton Fils. Nous implorons aujourd’hui pitié pour les Nations dévoyées, pour toute l’Europe, pour le monde entier, afin que, repenti, il retourne à ton Cœur. Miséricorde pour tous, ô Mère de Miséricorde!

    Je vous salue Marie

    Daigne, bienveillamment, ô Marie, nous exaucer! Jésus a remis dans tes mains tous les trésors de ses grâces et de ses miséricordes. Tu es assise, couronnée Reine, à la droite de ton Fils, resplendissante de gloire immortelle sur tous les Chœurs des Anges. Tu étends ta domination sur toute l’étendue des cieux et la terre et toutes les créatures sont soumises à toi. Tu es la toute-puissante par grâce, tu peux donc nous aider. Et si tu ne voulais pas nous aider, parce que nous sommes des fils ingrats et indignes de ta protection, nous ne saurions à qui nous adresser. Ton cœur de Mère ne permettra pas de voir, nous, tes fils, perdus. L’Enfant que nous voyons sur tes genoux et la Couronne mystique que nous admirons dans ta main, nous inspirent confiance que nous serons exaucés. Et nous, nous avons pleine confiance en toi, nous nous abandonnons comme de faibles fils entre les bras de la plus tendre des mères, et, aujourd’hui même, nous attendons de toi les grâces tant désirées.

    Je vous salue Marie

    Demandons la bénédiction à Marie

    Une dernière grâce, nous te demandons maintenant, ô Reine, et tu ne peux pas nous la refuser en ce jour très solennel. Accorde-nous, à tous, ton amour fidèle et d’une façon spéciale, ta bénédiction maternelle. Nous ne nous détacherons pas de toi, jusqu’à ce que tu nous auras bénis. Bénis, ô Marie, en ce moment, le Souverain Pontife. Aux splendeurs antiques de ta Couronne, aux triomphes de ton Rosaire, pour lesquels tu es appelée Reine des Victoires, ajoute encore ceci, ô Mère: accorde le triomphe à la religion et la paix à la Société humaine. Bénis nos Évêques, nos prêtres et particulièrement tous ceux qui se dévouent pour l’honneur de ton Sanctuaire. Bénis enfin tous les associés à ton Temple de Pompéi et tous ceux qui cultivent et diffusent la dévotion au Saint Rosaire. Ô Rosaire béni de Marie, douce Chaîne qui nous relie à Dieu, lien d’amour qui nous unit aux Anges, tour de salut contre les assauts de l’enfer, port sûr dans le naufrage commun, nous ne te lâcherons jamais plus. Tu seras notre réconfort à l’heure de l’agonie, à toi le dernier baiser de la vie qui s’éteint. Et le dernier accent sur nos lèvres sera ton nom suave, ô Reine du Rosaire de Pompéi, ô notre Mère très chère, ô Refuge des pécheurs, ô Souveraine consolatrice des affligés. Sois partout bénie, aujourd’hui et toujours, sur la terre et dans le ciel. Amen.

    Salut, ô Reine

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  • Et pourquoi pas le cardinal Filoni ?

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    De John L. Allen Jr. sur Crux :

    « Papabile » du jour : Cardinal Fernando Filoni

    6 mai 2025

    « Papabile » du jour : Cardinal Fernando Filoni

    Cardinal Fernando Filoni. (Crédit : Médias du Vatican.)

    D'ici le conclave du 7 mai destiné à élire le successeur du pape François, John Allen dresse chaque jour le portrait d'un papabile différent,  terme italien désignant un homme susceptible de devenir pape. Il n'existe aucun moyen scientifique d'identifier ces prétendants ; il s'agit principalement d'évaluer leur réputation, leurs fonctions et leur influence au fil des ans. Il n'y a également aucune garantie que l'un de ces candidats en sortira vêtu de blanc ; comme le dit un vieux dicton romain : « Qui entre dans un conclave en tant que pape en sort cardinal. » Ce sont pourtant les noms les plus en vue à Rome en ce moment, ce qui garantit au moins qu'ils seront remarqués. Connaître ces hommes permet également de se faire une idée des enjeux et des qualités que d'autres cardinaux jugent souhaitables à l'approche de l'élection.

    ROME – Il peut parfois y avoir une dynamique étrange dans une élection papale, presque comme un retard de diffusion, selon laquelle les candidats obtiennent leur véritable part du gâteau lors du conclave suivant celui où ils ont attiré le plus d’attention.

    Ce fut le cas de Jorge Mario Bergoglio, d'Argentine, qui était un choix très prisé en 2005 et qui était arrivé deuxième lors de ce conclave, mais qui n'a été élu que huit ans plus tard, suite à la démission du pape Benoît XVI.

    La raison du retard de publication est souvent simple : l’âge. Lorsqu’un candidat fait son apparition, il est souvent jugé trop jeune, au sens où son pontificat serait trop long. Quelques années plus tard, il est souvent en pleine possession de ses moyens, avec pour résultat ironique que ses chances augmentent, même si la sagesse populaire estime que son heure est déjà passée.

    Si ses collègues cardinaux décidaient de dépoussiérer le CV de Filoni, ils se souviendraient d’un argument de vente majeur qui a été évoqué il y a douze ans : « Le pape qui n’a pas cillé lorsque les bombes sont tombées sur Bagdad. »

    Il s'agit d'avril 2003, alors que Filoni était ambassadeur du pape en Irak. Alors que d'autres diplomates, ainsi que des responsables de l'ONU et des journalistes, fuyaient pour se mettre à l'abri, Filoni refusa de partir, affirmant qu'il ne pouvait abandonner la communauté catholique locale et les autres Irakiens en difficulté.

    Filoni est resté dans le pays après la guerre, les chrétiens étant devenus des cibles privilégiées dans un contexte de chaos croissant. Il a refusé d'adopter des mesures de sécurité spéciales, souhaitant courir les mêmes risques que les habitants locaux, privés de gardes et de véhicules blindés. Il a déclaré que son objectif était d'être perçu « comme un Irakien, par les Irakiens ». Aujourd'hui encore, la croix pectorale qu'il porte est un cadeau de la communauté musulmane irakienne pour ne pas l'avoir abandonnée dans ses heures les plus sombres.

    Ce choix a failli lui coûter cher en février 2006, lorsqu'une voiture piégée a explosé devant la nonciature, détruisant un mur du jardin et brisant des vitres, mais heureusement sans faire de blessés. Par la suite, un entrepreneur musulman est intervenu avec 30 ouvriers pour réparer les dégâts, en signe de respect pour la solidarité dont Filoni avait fait preuve.

    Né à Tarente, en Italie, en 1946, les études au séminaire de Filoni ont coïncidé avec la période du Concile Vatican II (1962-1965), et sa devise épiscopale est  Lumen gentium Christus , rappelant la constitution dogmatique du concile sur l'Église.

    Dans une interview de 2012, Filoni a expliqué qu'une des façons dont il avait survécu aux bouleversements des années 1970, alors qu'il poursuivait ses études supérieures, avait été de vivre dans une paroisse plutôt que dans une université. Ainsi, a-t-il expliqué, il est resté en contact avec les préoccupations concrètes des gens au lieu de se laisser piéger par des débats idéologiques.

    Filoni est titulaire d'un doctorat en philosophie et en droit canonique de l'Université pontificale du Latran. Il est également diplômé de  la Libera Università Internazionale degli Studi Sociali de Rome , prestigieuse institution laïque, où il a étudié les « techniques de l'opinion publique », avec une spécialisation en journalisme.

    Il a rejoint le service diplomatique du Vatican et a été affecté à une série de missions de plus en plus exigeantes. Il a servi au Sri Lanka de 1982 à 1983 ; en Iran de 1983 à 1985, peu après la révolution de Khomeiny ; au Brésil de 1989 à 1992 ; à Hong Kong de 1992 à 2001, où il a ouvert une « mission d'étude » en Chine continentale ; en Jordanie et en Irak de 2001 à 2006 ; et aux Philippines de 2006 à 2007.

    Il ne s'agissait pas vraiment de croisières de plaisance. Filoni était à Téhéran pendant la période la plus sanglante de la guerre Iran-Irak et en Chine lors des bouleversements provoqués par les réformes de Deng Xiaoping.

    Filoni est particulièrement bien informé sur la Chine, compte tenu de sa décennie à Hong Kong et de sa fascination pour le pays et son peuple, même s'il ne porte aucun des bagages de l'accord controversé avec la Chine concernant la nomination des évêques conclu sous le pape François.

    De juin 2007 à mai 2011, Filoni a occupé le poste crucial de  sostituto , ou « remplaçant », de fait chef de cabinet du pape. Cet aspect de son parcours est mitigé, car il signifie que Filoni a été présent lors de quelques-unes des implosions les plus spectaculaires du pontificat de Benoît XVI, notamment la cause célèbre entourant un évêque traditionaliste négationniste en 2009 et l'affaire surréaliste Boffo début 2010. En revanche, la plupart des gens imputent ces erreurs au secrétaire d'État de Benoît XVI, le cardinal Tarcisio Bertone, et attribuent à Filoni le mérite d'avoir tenté de les atténuer du mieux qu'il pouvait.

    De 2011 à 2019, Filoni a dirigé la Congrégation pour l'Évangélisation des Peuples du Vatican, ce qui lui a permis d'acquérir une connaissance approfondie de la situation de l'Église dans les pays en développement. Depuis 2019, il est Grand Maître de l'Ordre équestre du Saint-Sépulcre de Jérusalem, ce qui lui a permis de reprendre contact avec l'Église au Moyen-Orient. En 2021, Filoni a accompagné le pape François lors de sa visite pastorale en Irak.

    Filoni ?

    De nombreux cardinaux ont déclaré vouloir un pape doté d'une vision mondiale, en particulier quelqu'un capable d'accueillir les deux tiers des 1,2 milliard de catholiques vivant hors d'Occident. Parmi les 133 électeurs, nul ne possède une expérience de vie et une compréhension plus étendues des diverses situations mondiales que Filoni.

    De plus, sa longue expérience au Vatican laisse raisonnablement espérer qu'il sache où sont enterrés les corps et qu'il pourrait en organiser le fonctionnement. À tout le moins, il n'aurait pas besoin de beaucoup de formation pratique sur le fonctionnement de l'établissement.

    À une époque de profonde incertitude géopolitique, Filoni peut apparaître à de nombreux cardinaux comme une personne sûre, quelqu’un avec l’expérience diplomatique et personnelle nécessaire pour pouvoir jouer sur la scène mondiale sans être dépassé.

    En général, Filoni pourrait apparaître aux électeurs comme un choix pour une large continuité avec l’agenda géopolitique et social de la papauté de François, mais avec une plus grande stabilité personnelle et une plus grande réserve – ce qui, franchement, pourrait être une option très attrayante.

    Les arguments contre ?

    Le simple fait d'être diplomate pourrait jouer contre Filoni auprès de certains électeurs, motivés par la devise « moins de diplomatie et plus de doctrine ». Les inquiétudes de ce camp pourraient être renforcées par le fait que sur la plupart des questions controversées de la vie catholique interne, de la bénédiction des personnes vivant en union de même sexe aux femmes diacres et au-delà, Filoni n'a pas vraiment de bilan clair.

    Il est également vrai qu'à part quelques brefs passages en paroisse lorsqu'il était jeune prêtre, il a peu d'expérience pastorale et n'a jamais dirigé de diocèse. Certains cardinaux considèrent cette expérience de terrain comme un prérequis, partant du principe qu'il est difficile de comprendre les réalités pastorales d'aujourd'hui sans avoir jamais exercé la fonction de pasteur.

    Plus fondamentalement, si personne ne remet en question le courage ou l'intégrité de Filoni, son charisme suscite des réserves. Certains le voient comme un personnage relativement inconnu, plus adapté à un rôle en coulisses qu'à celui de porte-parole. Les sceptiques se demandent s'il aurait réellement la capacité d'inspirer et de mobiliser les gens, qualité évidemment recherchée chez un évangéliste en chef.

    Pour toutes ces raisons, Filoni doit probablement être considéré comme un outsider. Mais de temps à autre, des outsiders se présentent… et pour un homme qui a bravé les bombes américaines, rien ne l'ébranlerait vraiment à ce stade.

  • Conclave : que va-t-il se passer et quand ? Guide de l'observateur du conclave

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    De Luke Coppen sur The Pillar :

    Que va-t-il se passer et quand ? Guide de l'observateur du conclave

    Voici un bref guide de ce à quoi vous attendre dans les prochains jours.

    Voici un bref guide de ce à quoi vous attendre dans les prochains jours.

    Mardi 6 mai

    Mardi, 173 cardinaux, dont 130 des 133 électeurs , ont assisté à la 12e et dernière congrégation générale du Collège des cardinaux après le décès du pape François.

    Comme lors des onze réunions précédentes, les cardinaux ont abordé devant l'assemblée les qualités qu'ils souhaitaient voir chez le prochain pape. (Les 26 discours n'étaient pas tous centrés sur le conclave ; l'un d'eux a apparemment abordé la question brûlante de la « proximité de la solennité du Christ-Roi et de la Journée mondiale des pauvres », qui ont toutes deux lieu en novembre.)

    Dès mardi soir, les cardinaux commenceront à accéder à la Maison Sainte-Marthe, l'ancienne résidence du pape François, ouverte en 1996 pour leur offrir un hébergement convenable pendant les conclaves. Compte tenu du nombre historiquement élevé de cardinaux électeurs, certains pourraient être amenés à séjourner dans des bâtiments proches, dans la zone sécurisée du conclave du Vatican.

    Mercredi 7 mai

    Tous les cardinaux devraient avoir pris possession de la zone sécurisée avant 10 heures, heure de Rome (4 heures, heure de l'Est) . C'est à cette heure-là que le cardinal Giovanni Battista Re , doyen du Collège des cardinaux, présidera une messe pro eligendo Pontifice (pour l'élection du Pontife romain) dans la basilique Saint-Pierre. Re était également le célébrant principal aux funérailles du pape François, le 26 avril .

    Le Vatican a publié une brochure , en anglais, italien et latin, pour permettre aux catholiques du monde entier de suivre la messe en direct . L'homélie du cardinal Re sera scrutée de près. Elle devrait évoquer la tâche qui attend les cardinaux et, peut-être, le type d'homme qu'ils devraient élire. Lors de conclaves précédents, ce moment a été déterminant dans le processus électoral.

    Les cardinaux ne se rendront pas immédiatement à la chapelle Sixtine après la messe pour voter. Ils se rassembleront plutôt à la chapelle Pauline du Vatican à 16h30 heure locale (10h30 HE) , puis entreront en conclave au son de la litanie des saints et du « Veni, Creator Spiritus ». Cet événement souvent émouvant pourra également être suivi en direct grâce à un livret (en italien et en latin) et une diffusion en direct .

    Une fois réunis sous le plafond de Michel-Ange, les cardinaux prêteront un à un serment de secret, la main posée sur un livre des Évangiles.

    Ils diront : « Et moi, N. Cardinal N., je le promets, je m'engage et je le jure. Que Dieu me vienne en aide, ainsi que ces saints Évangiles que je touche de ma main. »

    Voici à quoi ressemblait le conclave de 2013 :

    Notez que le sol en mosaïque de marbre de la chapelle Sixtine est recouvert pour éviter l'usure.

    Après que le dernier cardinal ait prêté serment, l'archevêque Diego Ravelli , maître des célébrations liturgiques papales, dira : « Extra omnes ». Tous ceux qui ne sont pas directement impliqués dans le conclave quittent la chapelle.

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  • Le cardinal Czerny suscite l'émoi avec ses commentaires sur un éventuel pape africain

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    D'Edward Pentin sur le NCR :

    Le cardinal Czerny suscite la fureur avec ses commentaires sur un éventuel pape africain

    L'ancien conseiller du pape François sur les questions migratoires a suscité des critiques avec des commentaires dans le contexte de l'opposition profonde du continent africain à l'agenda LGBTQ.

    Le cardinal Michael Czerny, photographié avec Gerald O'Connell du magazine « America » et son épouse Elizabeth Pique, le 5 octobre 2019.
    Le cardinal Michael Czerny, photographié avec Gerald O'Connell, du magazine « America », et son épouse Elizabeth Pique, le 5 octobre 2019. (Photo : Edward Pentin photo)

    CITÉ DU VATICAN — L'ancien conseiller du pape François sur les questions migratoires a suscité des critiques en déclarant dans un article publié dimanche que certains cardinaux africains le font « frissonner » et qu'il pense que les « conservateurs » appellent à un pape africain pour faire avancer leur programme. 

    Le cardinal Michael Czerny, un jésuite qui a servi comme préfet du Dicastère pour la promotion du développement humain intégral au cours des dernières années du pontificat du pape François, a fait ces commentaires interpellants au New York Times dans le contexte où le continent africain est profondément opposé à l'agenda LGBTQ.

    « Je pense à certains cardinaux africains – ils me font frémir », a déclaré le cardinal Czerny dans un article publié le 4 mai. Lorsque le journal lui a demandé si les catholiques conservateurs se ralliaient à un pape africain comme à un « cheval de Troie » pour faire avancer leurs intérêts, le cardinal Czerny a répondu : « Certainement, certainement, certainement, et c'est pourquoi il est tellement stupide de dire que le temps de l'Afrique est venu. »

    On ne sait pas précisément à quels cardinaux africains le cardinal Czerny faisait référence. Plusieurs sont connus comme papabili, comme le cardinal Fridolin Ambongo de Kinshasa, en République démocratique du Congo, le cardinal ghanéen Peter Turkson, ancien chancelier de l'Académie pontificale des sciences, et le cardinal guinéen Robert Sarah, préfet émérite du Dicastère pour le culte divin et la discipline des sacrements. 

    On ignore également si les propos du cardinal ont été sortis de leur contexte. Le cardinal a tenu des propos similaires, quoique plus modérés, dans une interview distincte accordée au magazine America, enregistrée le 30 avril. 

    Il a déclaré qu'il était « agité » lorsqu'on lui disait qu'il était temps d'élire un pape américain, africain ou sud-insulaire. « Je trouve cela tellement stupide », a-t-il déclaré. « Il est temps d'élire le successeur de Pierre pour 2025. » La priorité, a-t-il ajouté, « est l'évangélisation ; apporter l'Évangile à la société, à temps et à contretemps ; apporter l'Évangile à toute la création. »

    Le cardinal canadien d'origine tchèque est actuellement injoignable pour commenter, car il participe au conclave.

    Ses commentaires ont précédé les remarques de l'évêque Robert Barron, fondateur du ministère catholique des médias Word on Fire, qui, au contraire, estime que la géographie est importante en relation avec la papauté, en particulier en ce qui concerne l'Afrique.

    Il a expliqué à Colm Flynn d'EWTN le 5 mai que l'Église est florissante en Afrique, en particulier au Nigeria, où environ 94 % des catholiques vont à la messe, les vocations sont en plein essor et l'Église est confrontée à la persécution. 

    « Pourquoi sommes-nous si préoccupés par l'Église en Allemagne, où elle est en train de dépérir ? » a demandé l'évêque Barron. « Pourquoi n'étudions-nous pas l'Église nigériane, voyons ce qu'elle fait, et imitons-la ? » 

    « Alors, oui, je pense que c'est peut-être le moment africain », a poursuivi l'évêque. « Et je pense que lors des synodes de l'ère François, les Africains ont trouvé leur voix d'une manière nouvelle. » 

    Enhardir les cardinaux africains

    Les commentaires du cardinal Czerny risquent d’enhardir les cardinaux africains qui n’ont jamais accueilli avec enthousiasme une telle animosité envers leurs positions traditionnelles sur les questions morales, notamment en ce qui concerne l’homosexualité. 

    Cela est devenu évident lors de la fureur suscitée par Fiducia Supplicans, la déclaration de 2023 autorisant les bénédictions non liturgiques des couples de même sexe, lorsque les évêques catholiques africains ont rejeté le document du Vatican .

    Cela était également évident en 2014, lorsque, dans le contexte de l’homosexualité taboue en Afrique, le cardinal allemand Walter Kasper a provoqué un tollé et des accusations de racisme lorsqu’il a déclaré (et ensuite nié à tort) que les Africains ne devraient pas dire à l’Église en Occident « trop quoi faire » concernant l’homosexualité et d’autres questions de ce type actuellement acceptables dans la culture occidentale laïque. 

    Le père dominicain Anthony Alaba Akinwale, vice-chancelier adjoint de l’Université Augustine à Ilara-Epe, au Nigéria, a reconnu que « certaines personnes ne se sentiront pas à l’aise avec un pape venu d’Afrique », malgré le fait que l’Église y prospère et y est « une source de joie ». 

    Notant que « certaines personnes soutiennent l’idée hérétique que rien de bon ne peut sortir de l’Afrique », il a déclaré au Register qu’il n’était pas préoccupé par l’idée d’avoir un « pape africain » mais que, compte tenu des préoccupations ecclésiales et mondiales actuelles, il espérait et priait pour que le Collège des cardinaux élise « un successeur sage, saint et très approprié de Pierre ».  

    « Ce successeur peut venir de n'importe quel continent », a déclaré le père Akinwale. « Comme Pierre lors de la première lecture dimanche dernier, il doit avoir le courage de se présenter aujourd'hui devant le Sanhédrin et de proclamer avec audace la vérité de l'Évangile, même lorsque cela n'est ni populaire ni idéologiquement opportun. » 

    Jonathan Liedl, rédacteur en chef du Register, a contribué à cet article.

  • « Le Saint-Esprit vous dira-t-il qu’il s’est trompé depuis vingt siècles ? » : le cri du cardinal Joseph Zen contre la déviation synodale

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    De kath.net/news :

    Cardinal Zen : « Le Saint-Esprit vous dira-t-il qu’il s’est trompé depuis vingt siècles ? »

    6 mai 2025

    Le cri du cardinal Joseph Zen/Hong Kong contre la déviation synodale

    Vatican (kath.net/Silere non possum) Le cardinal Joseph Zen Ze-kiun a parlé avec des mots clairs et directs lors des congrégations générales préparatoires au conclave dans la nouvelle salle du synode. Il a fourni une analyse précise mais claire de la direction que le processus synodal a prise sous le pontificat du pape François. Dans une contribution remarquablement ouverte et profonde, le cardinal a souligné la nécessité de regarder vers le passé afin de trouver la voie à suivre – sans succomber à la tentation de s’adapter à « l’esprit du monde ».

    Sans s'attarder sur les cas (inexplicablement tolérés) du cardinal McCarrick, du père Rupnik ou d'autres clercs condamnés par la justice séculière, nous ne pouvons ignorer une tentative malavisée : s'adapter à l'esprit du monde au lieu de le combattre résolument. Cette accusation est grave, mais la réalité paraît évidente si l'on considère le sort des récents synodes des évêques, notamment dans l'histoire encore inachevée du synode sur la synodalité.

    Zen a commencé son discours en rappelant la valeur authentique et traditionnelle des synodes – ou conciles, comme il l’a précisé – instruments par lesquels l’Esprit Saint a toujours garanti la continuité de la tradition sacrée dans l’Église. Concernant le Motu Proprio Apostolica Sollicitudo du Pape Paul VI. Le cardinal a reconnu l'intention initiale de maintenir une certaine continuité avec le Concile Vatican II en pratiquant la collégialité épiscopale comme un soutien faisant autorité au Pape. Il a rappelé les fruits de cette époque : Evangelii nuntiandi, Catechesi tradendae, Sacramentum caritatis, Verbum Domini. Mais, a-t-il poursuivi, l’approche a fondamentalement changé sous le pape François. Avec la Constitution apostolique Episcopalis communio, « quatre fois plus longue » que le document de Paul VI, le Pape a aboli les normes précédentes et a profondément modifié les membres, les objectifs et les procédures du Synode. « Mais le récent synode est même allé au-delà d’Episcopalis communio », a averti le cardinal.

    Zen s’est concentré particulièrement sur les objectifs changeants du Synode. Il a souligné que l’accent était passé de la préservation de la foi et de la discipline ecclésiastique exclusivement à « l’évangélisation du monde d’aujourd’hui », comme le prévoit la nouvelle constitution. Il a cité can. 342 du Code de Droit Canonique, qui définit le Synode comme le lieu de consultation et d'assistance du Pape dans l'obéissance à l'enseignement et aux coutumes de l'Église. Mais maintenant, se plaignait-il, tout était question de « changement ». Les synodes présidés par le pape François ont été synonymes de changement, de changement et de changement. Nous l'avons vu au Synode sur la famille (communion pour les divorcés remariés), au Synode sur la jeunesse (où la confusion était encouragée), au Synode sur l'Amazonie (viri probati et attaque contre le célibat sacerdotal). Et maintenant, au Synode sur la synodalité : morale sexuelle, LGBTQ, structure du pouvoir, diaconat des femmes, autonomie doctrinale des conférences épiscopales, Église synodale…

    Le cardinal a également critiqué les méthodes utilisées, notamment la soi-disant « conversation spirituelle », qu’il a décrite comme une méthode jésuite canadienne, plus adaptée à apaiser les esprits qu’à un véritable discernement. Attendez-vous à des surprises de la part de l'Esprit ? Le Saint-Esprit vous dira-t-il qu'il s'est trompé pendant vingt siècles et qu'il vous dit seulement maintenant la vérité ? Concernant l’état actuel du Synode sur la synodalité, il a noté que bien qu’il ait commencé en 2021 et semble s’être terminé, il est en fait toujours en cours – sans aucune clarté quant à savoir qui a rédigé le document final et comment les changements proposés ont été évalués. « Néanmoins, cette pratique a été acceptée par le Pape et présentée comme faisant partie de son enseignement. Il est demandé de l'étudier et de la mettre en œuvre expérimentalement. Les résultats seront évalués par le Pape lors des visites ad limina. Cette procédure menace de nous rapprocher de la pratique anglicane. Sera-t-il possible de revenir en arrière après des années d'expérimentation ? Comment préserver l'unité de l'Église catholique ? »

    En conclusion, le cardinal s'est adressé directement aux cardinaux ayant le droit de vote lors du prochain conclave : « Les électeurs du futur pape doivent être conscients qu'il aura la responsabilité de permettre la poursuite du processus synodal ou d'y mettre fin résolument. C'est une question de vie ou de mort pour l'Église fondée par Jésus. » Le cardinal Zen, évêque émérite de Hong Kong, a ainsi exprimé une préoccupation profonde partagée par de nombreux membres du Collège des cardinaux : que la synodalité – si elle s’écarte de la tradition et de la fidélité au dépôt de la foi – pourrait devenir un outil de division plutôt que de communion. Ses paroles, pleines d’amour pour l’Église et de sens des responsabilités, resteront certainement une contribution déterminante au débat avant le prochain conclave.

  • Prochain pape : 10 enjeux cruciaux selon Edward Pentin

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    D'Edward Pentin sur son blog :

    10 questions cruciales pour le prochain pape

    4 mai 2025

    Le pape François, qui s'est fait un nom en prônant le « désordre », a appliqué cette maxime à son pontificat, le rendant très perturbateur, diviseur et tumultueux.

    Ce désordre a suscité un malaise compréhensible, de la consternation et, parfois, du dégoût, d'autant plus qu'une telle approche délibérée de la gouvernance n'a jamais été conforme à la foi catholique, au bien commun, à la Révélation divine et à la loi naturelle.

    Cependant, le revers de la médaille est que, comme on remue une marmite, cela a fait remonter à la surface beaucoup de choses qui étaient restées cachées dans l'obscurité.

    Ce faisant, il est possible que le prochain pape dispose des informations nécessaires pour rectifier, s'il le souhaite, les problèmes que le pontificat de François a mis en lumière.

    Quels pourraient donc être les domaines critiques que le prochain pape devrait aborder ? Voici une liste de dix priorités possibles :

    Retour à une papauté source de saine doctrine et d'unité

    Bien que le pape François ait beaucoup fait pour tenter d'amener l'Église aux périphéries, aux pauvres et aux marginalisés afin de la rendre accessible à ceux qui ne lui auraient peut-être pas accordé un second regard, ce faisant, il a souvent mis de côté les frontières doctrinales et les limites canoniques du pouvoir papal. Il a également été fréquemment critiqué pour s'être écarté de la tradition apostolique, en faisant des déclarations qui semblaient au moins aller à l'encontre de l'enseignement établi de l'Église, en particulier de son enseignement moral, et en promouvant l'indifférentisme, c'est-à-dire l'idée que toutes les religions sont des voies valables pour accéder à Dieu. Conjointement avec la poussée vers la synodalité, dans laquelle les fidèles non catéchisés avaient leur mot à dire dans une large démocratisation de l'Église, cela a conduit à une confusion doctrinale au Vatican et ailleurs, l'Église d'Allemagne en étant un excellent exemple. L'intégrité de la foi a été sapée par l'incapacité à corriger les erreurs et les hérésies, une tendance qui a commencé avant le pontificat de François. Une priorité urgente pour le prochain pape sera donc de restaurer la clarté doctrinale en matière de foi et de morale, la bonne gouvernance et le respect du droit canonique. Dans le même ordre d'idées, le prochain pape devra cesser de persécuter et d'éliminer les institutions, les mouvements, les évêques, le clergé et les laïcs qui portent manifestement de bons et amples fruits en termes de révérence, de vie spirituelle, de fidélité à la doctrine catholique et de vocations.  Il devrait permettre à ces personnes ou entités de se développer et de prospérer plutôt que d'être annulées - contrairement à ce qui s'est souvent passé sous le pape François, où ceux qui ont abusé de la doctrine, de l'enseignement moral et de la liturgie sont restés impunis et ont été autorisés à prospérer.

    Clarification de Vatican II, réforme des Jésuites

    En lien étroit avec la première question critique, il est nécessaire que le prochain pape lève les ambiguïtés concernant le Concile Vatican II, ou du moins qu'il s'attaque à cette préoccupation qui s'est accrue ces dernières années. Le Concile a longtemps été interprété d'une manière qui, de l'avis de beaucoup, diffère de celle voulue par les pères du Concile, ce qui est devenu particulièrement évident sous le pontificat de François. L'ambiguïté a souvent été imputée à un manque de clarté dans l'interprétation des enseignements du Concile, eux-mêmes souvent critiqués pour leur manque de clarté. Ce retour à la clarté de l'enseignement pourrait également impliquer une certaine réforme de l'Ordre des Jésuites. Dans son Demos Memorandum, le cardinal George Pell a appelé à une telle réforme compte tenu de l'hétérodoxie qui prévaut dans la Compagnie de Jésus et du déclin catastrophique des vocations dans l'Ordre. « Le charisme et la contribution des Jésuites ont été et sont si importants pour l'Église qu'ils ne devraient pas être autorisés à passer dans l'histoire sans être perturbés », indique le mémorandum.

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  • Sera-t-il le pape du Christ ou celui du monde ? Vous le comprendrez dès son salut

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    De Thomas Scandroglio sur la NBQ :

    Sera-t-il pape du Christ ou du monde ? Vous le comprendrez dès le salut

    Plutôt que par la catégorie conservateur/progressiste, les cardinaux peuvent être distingués selon un critère évangélique : être ou ne pas être du monde. Dans le premier cas, le Pape sera l’expression d’une Église mimétique, dans l’autre de l’Église militante. Un indice pour le reconnaître…

    7_5_2025

    Le pape François regarde depuis la loggia de Saint-Pierre, le 13 mars 2013 (LaPresse)

    Le critère de sélection du futur pape le plus souvent évoqué dans les médias, sur les réseaux sociaux, chez le coiffeur et devant la machine à café entre collègues repose sur la dichotomie progressiste-conservateur, un critère qui découle immédiatement de la politique et loin de la culture. Le binôme devrait être plus correctement traduit par une opposition entre les hétérodoxes, les progressistes, et les orthodoxes, les conservateurs (à l’exclusion de ceux d’entre eux qui ont mal compris le principe de la Tradition).

    Nous voudrions ici oser dire qu'en réalité les amoureux du pape fantasmé et, en particulier, les cardinaux électeurs, dans leur choix du successeur de Pierre, sont guidés par un autre critère de dérivation évangélique qui est lui aussi bipolaire : être dans le monde et être du monde contre être dans le monde, mais ne pas être du monde.

    Du premier côté, nous trouvons ceux qui veulent une Église mimétique , parfaitement cachée dans l'épaisse végétation du courant dominant, alignée sur les distorsions de la pensée et des modes contemporaines, amoureux de la posture horizontale pour regarder l'homme avec les yeux de l'homme et non de Dieu, une posture horizontale également sujette à la sensibilité diffuse si encline à la justification personnelle au nom d'une liberté tout aussi personnelle. Une Église qui enferme la foi dans la sphère privée et dans la sphère publique condamne la conversion et récompense la justice sociale : l’environnement, les migrants, la pauvreté, etc. C’est une Église vouée à l’extinction sociale parce qu’elle est volontairement absente de la conscience collective, une Église sciemment fantasmagorique parce qu’elle a abandonné sa mission et s’est enrôlée parmi les écologistes, les bénévoles des ONG, les employés des agences pour l’emploi, les militants LGBT, les fidèles protestants, répétant, hors du temps, des slogans éculés qui n’intéressent plus personne parce qu’ils paraissent défraîchis en comparaison de l’accélération imprimée par le processus de sécularisation. L’Église prêche la protection de notre maison commune et les défenseurs des droits des animaux revendiquent depuis longtemps des droits subjectifs pour les macaques et les mandrills ; bénit les couples homosexuels et les médias sociaux vous demandent à lequel des 56 genres vous appartenez ; élève l’accueil des migrants au rang de dogme alors que dans de nombreuses régions d’Europe, les Occidentaux sont minoritaires ; enseigne la fraternité universelle alors que la franc-maçonnerie l’enseigne déjà depuis 300 ans ; c'est un ennemi de la liturgie parce qu'il est un ennemi de la forme comme expression adéquate du sacré sans se rendre compte que l'art informel de la fin des années 1940 favorisait déjà la destruction de la forme ; il veut la convertir en démocratie en s'excusant du retard auprès des Jacobins ; fait de la place aux femmes et les premières féministes sont déjà mortes depuis des années.

    Il s’agit d’une Église dont on veut extraire des disciples le nouveau Vicaire du Christ, qui a soulevé des objections de conscience sur la transcendance, sur la métaphysique, sur l’esprit et finalement sur le Christ lui-même. Une Église qui existe depuis des décennies et qui avec le pape François est passée de l'opposition au gouvernement, irénique parce qu'elle prône le désarmement culturel, l'abandon de la défense de toute identité : culturelle, anthropologique, philosophique et surtout religieuse. Une Église méconnaissable parce qu’elle est l’imago mundi.

    Sur le deuxième front, cependant, nous trouvons une Église militante dans le monde et qui porte un uniforme très différent de celui de ses ennemis. Elle corrige ses erreurs car elle est consciente d’être possédée par la Vérité et que la vie commence ici et continue sans fin dans une vie après la mort qui peut être mortelle pour beaucoup. Il préfère le martyre à l'acquiescement car il vaut mieux perdre sa vie, sa profession, son prestige, son pouvoir que sa foi. Elle fait tout reposer sur Dieu et sur ses besoins, car elle est consciente que ces derniers sont « la porte étroite » par laquelle ne passeront certainement pas « tout le monde, tout le monde, tout le monde », mais seulement ceux qui ont suivi une cure d'amaigrissement sévère basée sur la prière, les sacrements et la charité, perdant des kilos et des kilos de péché. Une Église qui sait qu’elle ne sera pas culturellement hors de propos parce que chacun est à la recherche du sens ultime de sa vie et d’une opportunité de rédemption et le Christ est la réponse à tout cela ; et s'il est encore marginalisé, il se sentira encore plus proche de son fondateur qui a été crucifié. Une Église qui veut convertir le monde à Dieu, y compris les migrants musulmans et Emma Bonino, et qui ne veut pas se convertir au pacifisme, à l’environnementalisme et au paupérisme ; même prête à devenir l’Église du silence parce que parfois le dialogue et le diable ont des assonances et des points communs troublants ; universelle parce qu’elle est catholique et non universelle parce qu’elle embrasse l’univers des idées existantes ; complet, mais pas exhaustif ; aimante mais qui ne veut être l'amante de personne parce qu'elle est une épouse fidèle du Christ ; signe de contradiction car des opposés tels que l’amour et l’homosexualité, le Christ et le pluralisme religieux, sont irréconciliables ; dogmatique parce que la pensée de Dieu est vraie et immuable ; prêts à la confrontation et non à la rencontre parce que « le monde vous hait » (Jn 15, 19) ; irréductible aux canons séculiers mais communicable au cœur de tous. En fin de compte, une Église catholique.

    Comment pouvons-nous reconnaître immédiatement si le Pape élu appartiendra à l’Église du Christ ou à l’Église du monde ? Le premier nous accueillera par « Loué soit Jésus-Christ » et nous répondrons : « Loué soit-il toujours ». Le deuxième nous accueillera par un « Bonsoir » et nous répondrons, désolés : « Bonne nuit ».

  • Le cardinal Erdö : le candidat idéal ?

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    De John L. Allen Jr. sur Crux :

    « Papabile » du jour : Cardinal Péter Erdő

    26 avril 2025

    « Papabile » du jour : Cardinal Péter Erdő

    Cardinal Péter Erdő. (Crédit : Médias du Vatican.)

    D'ici le conclave qui élira le successeur du pape François, John Allen dresse chaque jour le portrait d'un  papabile,  terme italien désignant un homme susceptible de devenir pape. Il n'existe aucun moyen scientifique d'identifier ces prétendants ; il s'agit principalement d'évaluer leur réputation, leurs fonctions et leur influence au fil des ans. Il n'y a également aucune garantie que l'un de ces candidats en sortira vêtu de blanc ; comme le dit un vieux dicton romain : « Qui entre dans un conclave en tant que pape en sort cardinal. » Ce sont pourtant les noms les plus en vue à Rome en ce moment, ce qui garantit au moins qu'ils seront examinés. Connaître ces hommes permet également de se faire une idée des enjeux et des qualités que d'autres cardinaux jugent souhaitables à l'approche de l'élection.

    ROME – C'est un fait historique que des années avant le conclave de 2005 qui a élu le cardinal Joseph Ratzinger comme pape Benoît XVI, un groupe de prélats européens de centre-gauche, connu sous le nom de « Groupe de Saint-Gall » du nom de la ville suisse où ils se sont réunis, s'est efforcé consciemment de trouver une alternative moins doctrinaire pour le prochain pape et a estimé qu'ils avaient leur homme en la personne du cardinal Jorge Mario Bergoglio d'Argentine.

    Bergoglio n'a pas réussi à s'imposer en 2005, mais il est devenu pape huit ans plus tard lors du conclave de 2013.

    À notre connaissance, il n'existe pas aujourd'hui de groupe de Saint-Gall analogue au sein du centre-droit catholique qui complote pour assurer l'élection d'une personnalité plus conservatrice. Imaginons cependant qu'une telle cabale existe : qui pourrait bien être leur homme ?

    Depuis un certain temps, la réponse consensuelle à cette question est le cardinal Péter Erdő, 72 ans, de Budapest en Hongrie, ce qui fait de lui le candidat le plus évident, et peut-être le plus prometteur, de la « discontinuité » dans le conclave imminent.

    Né en 1952, aîné de six enfants, Erdő grandit dans une famille catholique engagée où, dira-t-il plus tard, « la foi était ancrée dans nos vies ». Dans ce contexte, il était naturel pour lui de ressentir l'éveil d'une vocation sacerdotale. Il entra au séminaire d'Esztergom et de Budapest et fut ordonné prêtre en 1975. L'esprit vif du jeune Erdő le conduisit à poursuivre ses études à l'Université pontificale du Latran à Rome, où il se découvrit une aptitude pour le droit canonique.

    Pendant un temps, Erdő a semblé destiné à une carrière universitaire, enseignant de théologie et de droit canonique au séminaire d'Esztergom et enseignant invité dans plusieurs universités européennes. Cependant, en novembre 1999, il est devenu évêque auxiliaire à Székesfehérvár, et il est devenu évident pour tous que son ascension dans l'échelle ecclésiastique ne s'arrêterait pas là.

    En décembre 2002, Erdő fut nommé archevêque d'Esztergom-Budapest, faisant de lui le « primat de Hongrie », et lorsque le pape Jean-Paul II le fit cardinal en 2003, à l'âge tendre de 51 ans, Erdő fut largement considéré comme l'une des nouvelles étoiles du firmament catholique.

    Peu de choses se sont produites depuis lors pour détromper quiconque. Erdő a été élu à deux reprises président de la Conférence épiscopale européenne, en 2005 et 2011, ce qui suggère qu'il jouit du respect et de la confiance de ses confrères prélats. Il est également clairement pris au sérieux à Rome ; il s'est notamment vu confier en 2011 la mission extrêmement délicate de médiateur dans un conflit au Pérou entre le cardinal Juan Luis Cipriani Thorne, très conservateur, et l'Université pontificale catholique, plus à gauche.

    En 2014 et 2015, Erdő a présidé, plus ou moins, les deux synodes des évêques sur la famille, très controversés, du pape François. La question brûlante tournait autour de l'accès à la communion pour les catholiques divorcés et remariés civilement. Bien qu'il semblait évident que le pontife souhaitait une réponse affirmative, Erdő n'a pas renoncé à sa propre position plus restrictive, insistant dans son discours d'ouverture de 2015 sur le fait que l'interdiction de la communion dans de telles circonstances n'était pas une « interdiction arbitraire », mais « intrinsèque » à la nature du mariage en tant qu'union permanente.

    Sur d’autres fronts également, Erdő se présente comme un homme généralement prudent et conservateur.

    Lorsque le pape François a appelé les paroisses et autres institutions catholiques à accueillir des migrants et des réfugiés au plus fort de la crise migratoire européenne en 2015, par exemple, Erdő a semblé jeter un froid sur cette idée, avertissant qu’héberger des réfugiés sans discrimination pourrait rendre l’Église complice de la traite des êtres humains.

    Erdő entretient des relations généralement chaleureuses avec le gouvernement hongrois du Fidesz, dirigé par le Premier ministre Viktor Orbán. En septembre 2023, il a accepté une invitation à un pique-nique annuel exclusif pour les initiés et les personnalités du Fidesz, créant ainsi dans certains milieux l'impression d'une étroite collaboration entre l'Église et l'État. Certains pensent même que les médias d'État hongrois cherchent délibérément à promouvoir la candidature de leur fils natif au trône de Pierre.

    On peut dire que les relations d’Erdő avec Orbán pourraient lui donner une longueur d’avance sur certains des défis de l’art de gouverner auxquels il serait confronté en tant que pape.

    Erdő a récemment été parmi plusieurs cardinaux dénoncés par le Réseau des survivants des victimes d'abus sexuels commis par des prêtres pour avoir prétendument dissimulé des abus sexuels commis par des prêtres dans une affaire impliquant une victime poursuivie par des responsables diocésains, bien que les partisans du prélat hongrois insistent sur le fait que son rôle dans cette affaire était marginal et tout à fait approprié.

    Qu'en est-il d'Erdő ?

    Fondamentalement, il apparaît comme le candidat idéal pour ceux qui souhaitent orienter l'Église vers une direction plus conventionnelle, sans pour autant renier directement l'héritage du pape François. Erdő est prudent, diplomate et peu enclin aux conflits publics ; un journal italien l'a surnommé le « traditionnaliste bienveillant ».

    L'expérience d'Erdő en droit ecclésiastique lui permettrait de démêler le maquis juridique créé par le déferlement de nouvelles lois promulguées sous François, dans le cadre de ses efforts pour promouvoir la réforme du Vatican. Sa vaste expérience des affaires européennes serait également un atout à l'heure où l'alliance atlantique semble se déliter et où l'Europe redéfinit son rôle mondial, de la défense commune à la politique commerciale, ouvrant ainsi la voie à un rôle moral et spirituel essentiel pour la papauté.

    De plus, personne ne conteste qu'Erdő possède le sérieux, c'est-à-dire la profondeur intellectuelle et culturelle, nécessaire pour devenir pape. Sous sa direction, la plupart des observateurs estiment que l'Église serait entre de bonnes mains.

    Les arguments contre ?

    Aussi amical et diplomate que puisse être Erdő, son élection serait néanmoins inévitablement considérée comme un verdict négatif sur la papauté de François, et cela pourrait être une étape que beaucoup des 135 cardinaux électeurs ne sont tout simplement pas prêts à franchir.

    De plus, certains disent que même si Erdő a du sérieux, il manque de charisme, de sorte que son pontificat serait une période où l’Église manquait d’une personnalité convaincante au sommet du système qui puisse forcer le monde à prêter attention à son message.

    Certains milieux craignent également qu'après l'influence mondiale du pape François, et à un moment où près des trois quarts des 1,3 milliard de catholiques du monde vivent hors d'Occident, l'élection d'une telle personnalité occidentale et européenne ne représente un pas en arrière plutôt qu'un pas en avant.

    À deux reprises au cours des années François, Erdő a eu le privilège d'aider à organiser des voyages papaux en Hongrie, en 2021 et 2023. Il reste à voir s'il participera à une autre sortie papale dans son pays d'origine - cette fois, avec Erdő lui-même comme visiteur VIP en blanc.

  • Qui choisit le pape : Dieu ou les cardinaux ?

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    De sur le CWR :

    Qui choisit le pape : Dieu ou les cardinaux ?

    Réflexions sur l’un des grands paradoxes de la foi : la convergence de la providence divine et de la liberté humaine.

    Entre la mort du pape François et le conclave pour élire son successeur, une citation du pape Benoît XVI – alors cardinal Ratzinger – circule sur les réseaux sociaux. Elle est tirée d'une interview accordée en 1997 à la télévision bavaroise, où l'on demandait à Ratzinger si l'Esprit Saint était responsable de l'élection du pape.

    Commençant par un petit rire, il répondit :

    Je ne dirais pas cela, au sens où l'Esprit Saint choisirait le pape… Je dirais plutôt que l'Esprit ne prend pas exactement le contrôle de l'affaire, mais plutôt, tel un bon éducateur, il nous laisse beaucoup d'espace, beaucoup de liberté, sans nous abandonner complètement. Ainsi, le rôle de l'Esprit doit être compris dans un sens beaucoup plus élastique, et non pas comme s'il dictait le candidat pour lequel il fallait voter. La seule assurance qu'il offre probablement est que la situation ne peut être totalement désespérée.

    Ratzinger avait, comme d’habitude, raison, mais nous devons prêter attention à ce qu’il dit et à la manière dont il le dit.

    Le Saint-Esprit n'est pas responsable du pape  dans le sens  où il  le choisit  ,  prend  le contrôle  de l'affaire et  dicte  le candidat pour lequel les cardinaux  doivent  voter. Autrement dit, l'élection du pape n'est pas un coup de foudre surnaturel, où le candidat idéal est présenté aux électeurs, qui n'ont d'autre choix que d'accepter ce qui a été ordonné.

    Ratzinger a parfaitement raison : les choses ne peuvent pas fonctionner ainsi. Si tel était le cas, la liberté de décision des cardinaux serait compromise ; de plus, on ne s'attendrait pas à voir, comme c'est le cas, de mauvais papes comme Alexandre VI apparaître périodiquement dans l'histoire de l'Église. Dante a placé Boniface VIII dans l'enfer de sa Divine Comédie ; qu'il ait eu raison ou non quant au sort éternel de ce pontife, une chose est sûre : on ne voit pas vraiment une chaîne ininterrompue de grands saints exercer cette fonction au cours des deux derniers millénaires.

    Cependant, en évitant avec zèle cette erreur, nous risquons de tomber directement dans l'erreur inverse : croire, ou du moins insinuer, que le Saint-Esprit abandonne le processus, abandonnant l'Église à un pape qui contrecarre ou contrecarre la volonté de Dieu pour son Église. En bref, nous commençons à penser que nous pourrions avoir non seulement un mauvais pape, mais le « mauvais » pape, les cardinaux s'écartant de la voie du Saint-Esprit.

    Dans cet état d'esprit dysfonctionnel et dangereux, les paroles de Ratzinger deviennent non seulement une sorte de police d'assurance contre la dépression si le « pire scénario » sort de la  loggia ; elles sont déformées de manière à immanentiser et politiser cette assemblée solennelle de l'autorité de l'Église, exercée sous les ailes du Saint-Esprit.

    Ratzinger, pour sa part, se garde bien d'aller jusque-là. Il reconnaît que le Saint-Esprit  n'est pas  responsable : les électeurs sont libres de faire leur choix, même s'il est mauvais. Mais en même temps, il reconnaît aussi que le Saint-Esprit  est  responsable : son approche élastique et éducative enveloppe finalement le processus et préserve la barque de Pierre du naufrage. Mettre l'accent sur la première vérité au détriment de la seconde – ou, d'ailleurs, la seconde au détriment de la première – est une erreur.

    Cette apparente contradiction est, bien sûr, l'un des grands paradoxes de la foi : la convergence de la providence divine et de la liberté humaine. Dieu gouverne divinement tout ce que nous faisons, et tout ce qui arrive, bon ou mauvais, est l'expression de sa volonté active ou permissive. En même temps, les êtres humains sont véritablement libres et possèdent leur propre autonomie naturelle au sein de l'ordre de la création.

    Mais, quelle que soit la manière dont nous concilions ces deux vérités, les catholiques doivent les concilier, en les respectant simultanément. Si nous nions la première, nous faisons de Dieu un témoin passif du monde plutôt que son Seigneur ; si nous nions la seconde, nous faisons de l'homme un esclave impuissant du destin plutôt qu'un véritable responsable de ses actes. La même dynamique est à l'œuvre dans l'opposition entre grâce et liberté dans le drame du salut : si nous sapons la première, nous tombons dans le pélagianisme, et si nous négligeons la seconde, nous tombons dans le jansénisme.

    Si la providence divine s'étend à l'humanité tout entière – comme Jésus nous le dit, même tous les cheveux de notre tête sont comptés (Mt 10, 30) –, combien plus encore dans l'élection du Vicaire du Christ à la tête de 1,4 milliard de catholiques ? L'enjeu de l'élection du pape est tel – tant de décisions importantes à prendre et tant d'âmes à gagner – que, loin de disparaître, l'une ou l'autre réalité ne peut qu'être exacerbée, et la tension du paradoxe intensifiée.

    Les cardinaux sont investis d'un choix et d'une responsabilité puissants, certes ; mais leur choix s'accorde en définitive avec les mouvements profonds de l'Esprit de Dieu qui guide son Église. Ce paradoxe explique pourquoi nous voyons non seulement de grandes erreurs, mais aussi de graves horreurs commises par des hommes d'Église au cours de l'histoire, y compris des papes, des cardinaux et des évêques – corruptio optimi pessima  (la corruption du meilleur est la pire) – et aussi pourquoi Dieu continue de tirer des bienfaits toujours plus grands de ces mêmes chutes. Dieu non seulement protège l'Église du désastre ; il peut aussi écrire droit avec les lignes tortueuses des cardinaux – tout cela dans le cadre de sa volonté pour l'Église.

    Lorsque le nouveau pape apparaîtra sur la  loggia , quelles que soient ses convictions théologiques, certains de ses partisans pourraient penser que le Saint-Esprit est intervenu de manière spectaculaire et a trouvé l'homme idéal pour ce poste. Certains de ses sceptiques, en revanche, pourraient penser que le Saint-Esprit a simplement abandonné les lieux et laissé les cardinaux choisir la mauvaise personne.

    Ni l'un ni l'autre n'aurait raison, et tous deux penseraient non pas comme Dieu, mais comme les êtres humains. Au contraire, la décision des cardinaux électeurs résonnera avec la même force unifiée mais distinctive que la déclaration des premiers apôtres : « Car il a paru bon au Saint-Esprit et à nous… » (Actes 15, 28).