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Eglise - Page 29

  • Belgique : de plus en plus de jeunes adultes demandent à être baptisés

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    Du site de la RTBF ( et ) :

    De plus en plus de jeunes adultes demandent le baptême en Belgique

    9 mars 2025

    On les appelle des catéchumènes. Ces adolescents et jeunes adultes se préparent à recevoir le baptême après plusieurs mois de réflexion et d’accompagnement. En Belgique, leur nombre est en nette augmentation. Cette année, 71 d’entre eux ont vécu l’Appel décisif à Liège, une étape clé où l’évêque reconnaît officiellement leur engagement avant les célébrations de Pâques. L’an dernier, ils étaient 49, et cette tendance à la hausse se confirme d’année en année. Pour autant, ces chiffres en hausse ne compensent pas les milliers de débaptisations annuelles.

    Un engouement en hausse

    Ce phénomène ne concerne pas que Liège. Partout en Belgique, l’Église observe une hausse des demandes de baptême chez les jeunes adultes. " Le nombre de jeunes adultes qui demandent le baptême a doublé en dix ans ", confirme Jean-Pierre Deleersnijder, directeur de la communication du diocèse de Liège.

    Les chiffres confirment cette tendance :

    • En 2014, 244 adultes ont été baptisés en Belgique.
    • En 2024, ils seront environ 500.
    • Au total, plus de 600 catéchumènes sont en préparation cette année, dont 461 en Fédération Wallonie-Bruxelles.

    Cette hausse s’explique par plusieurs facteurs, notamment une quête de sens plus marquée chez les jeunes et une approche plus accessible du baptême.

    Un cheminement personnel et spirituel

    Anne-Lise, 21 ans, fait partie de ces jeunes qui ont choisi de se faire baptiser. Dans son église de village, elle suit ce parcours depuis plusieurs mois avec une conviction grandissante. "Je me suis questionnée sur à peu près tout. Sur le visible, mais aussi l’invisible", confie-t-elle. Sa décision s’est nourrie de réflexions personnelles, mais aussi d’échanges avec ses proches et de contenus découverts sur les réseaux sociaux.

    "Comme tous les jeunes de mon âge, j’ai Instagram et Facebook, mais c’est vrai que ça m’a influencée parce que j’ai découvert beaucoup de réconfort dans ce genre de choses.", explique-t-elle.

    Les réseaux sociaux, nouveaux vecteurs de foi

    Pour répondre à cet intérêt grandissant, l’Église adapte ses méthodes de communication. " On remarque que les jeunes sont en quête de sens et ils ne reçoivent plus nécessairement l’éducation chrétienne au sein de la famille ou dans les écoles. Aujourd’hui, les réseaux sociaux ont pris une place importante. D’ailleurs, au sein du diocèse de Liège, on développe beaucoup l’information à travers nos pages Facebook, Instagram et YouTube. "

    Loin d’être anecdotiques, ces initiatives permettent à des jeunes comme Anne-Lise de découvrir des témoignages, de poser des questions et d’explorer la foi chrétienne à leur rythme.

    Entre baptêmes et débaptisations : une polarisation qui s’accentue

    Si de plus en plus de jeunes adultes choisissent le baptême, d’autres prennent le chemin inverse. En 2023, plus de 14.000 personnes en Belgique ont demandé à être débaptisées.

    Ce contraste illustre l’évolution des rapports à la foi : certains redécouvrent la spiritualité, d’autres marquent une rupture avec l’Église. Pourtant, le baptême des enfants reste une tradition bien ancrée, avec 34.826 célébrations recensées toujours pour l’année 2023.

  • Woluwe-Saint-Lambert, 13 mars à 20h : « Le Sacré Coeur de Jésus, plus que jamais pour aujourd’hui »

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    Du site de l'Unité pastorale de Woluwe-Saint-Lambert :

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    Le jeudi 13 mars à 20h : « Le Sacré Coeur de Jésus, plus que jamais pour aujourd’hui ».

    Bienvenue à chacun à l’église St Lambert pour écouter l’abbé Edouard Marot et Mme Alicia Beauvisage nous parler du Sacré Coeur de Jésus. Notre église se trouve place du Sacré Coeur à Woluwé St Lambert et dispose d’une très belle statue du Sacré Coeur à l’intérieur de l’église mais aussi sur la place à l’extérieur.

    L’abbé Edouard Marot, administrateur paroissial de Notre-Dame-de-Stockel, a reçu comme seconde mission de diffuser l’Amour du Sacré-Coeur de Jésus dans le monde entier. Une semaine par mois, il quitte la paroisse pour rendre témoignage des grâces que le Cœur de Jésus répand dans les âmes avec Alicia Beauvisage. Née au Salvador, elle habite en France avec sa famille depuis quarante ans ; ayant trouvé, au lendemain de la mort du pape Jean-Paul II, dans une brocante, un petit reliquaire de sainte Marguerite-Marie, elle est devenue l’apôtre infatigable du Cœur de Jésus.

  • Espagne : menace islamiste sur les cathédrales

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    De zenit.org :

    Espagne : L’État islamique menace de dynamiter les cathédrales

    Les Espagnols demandent au gouvernement socialo-communiste de les protéger

    11 mars 202

    « La sécurité des croyants est en danger. Nous ne pouvons pas ignorer les menaces de Daesh. Nous savons de quoi ils sont capables, et nous le voyons ces jours-ci en Europe », a souligné María García, présidente de l’Observatoire de la liberté religieuse en Espagne.

    Daesh (État islamique) a menacé d’attaquer des cathédrales en Espagne dans une affiche de sa campagne « Détruire la croix ». C’est pourquoi l’Observatoire de la liberté religieuse et de la liberté de conscience a lancé une campagne de signatures pour demander au ministre de l’Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, de renforcer la sécurité dans les cathédrales.

    L’Observatoire est un organe consultatif de la Commission de suivi du plan d’action de lutte contre les crimes de haine, présidée par M. Grande-Marlaska. C’est pourquoi il demande publiquement au ministre « de renforcer la sécurité dans les églises catholiques espagnoles, en particulier les cathédrales » face à la menace djihadiste.  

    « La sécurité des croyants est en danger. Nous ne pouvons pas ignorer les menaces de Daesh. Nous savons de quoi ils sont capables, et nous le voyons ces jours-ci en Europe », a souligné María García, présidente de l’Observatoire de la liberté religieuse en Espagne.

    « En 2024, un nombre record de personnes ont été arrêtées pour djihadisme en Espagne », explique María García. « Et nous savons que leurs cibles sont les chrétiens et les juifs. La veille du Nouvel An, deux mineurs ont voulu attaquer la basilique d’Elche. En janvier, des groupes de messagers ont lancé des alertes à la bombe contre des églises de Palencia. De plus, en septembre, des djihadistes ont été arrêtés à Melilla, dont la cible était la communauté juive », explique M. García. 

    « Après l’assassinat de Diego Valencia, l’Observatoire a demandé à Grande-Marlaska de classer cette attaque comme un crime de haine, ce qu’il a refusé de faire. Et il y a quelques jours, le PSOE d’Elche, en session plénière, a refusé de condamner le terrorisme djihadiste et de renforcer la sécurité à la basilique », explique M. García. « La réponse du PSOE au djihadisme doit être plus énergique et augmenter les ressources et la sécurité », conclut le président de l’Observatoire de la liberté religieuse et de la liberté de conscience.

    Espagne : L’État islamique menace de dynamiter les cathédrales | ZENIT - Français

  • Syméon le Nouveau théologien : se laisser toujours guider par l'amour (12 mars)

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    De BENOÎT XVI, lors de l'AUDIENCE GÉNÉRALE du mercredi 16 septembre 2009, cette catéchèse consacrée à Syméon le Nouveau Théologien

    Chers frères et sœurs,

    Aujourd'hui, nous examinerons la figure d'un moine oriental, Syméon le Nouveau Théologien, dont les écrits ont exercé une remarquable influence sur la théologie et sur la spiritualité de l'Orient, en particulier en ce qui concerne l'expérience de l'union mystique avec Dieu. Syméon le Nouveau Théologien naquit en 949 à Galatai, en Paflagonie (Asie mineure), dans une famille noble de province. Encore jeune, il partit pour Constantinople pour y entreprendre des études et entrer au service de l'empereur. Mais il se sentit peu attiré par la carrière civile qui l'attendait et sous l'influence des illuminations intérieures dont il faisait l'expérience, il se mit à la recherche d'une personne qui l'orientât dans le moment de grands doutes et de perplexité qu'il était en train de vivre, et qui l'aidât à progresser sur le chemin de l'union avec Dieu. Il trouva ce guide spirituel en Syméon le Pieux (Eulabes), un simple moine du monastère de Studios, à Constantinople, qui lui donna à lire le traité La loi spirituelle de Marc le Moine. Dans ce texte, Syméon le Nouveau Théologien trouva un enseignement qui l'impressionna beaucoup:  "Si tu cherches la guérison spirituelle - y lit-il - sois attentif à ta conscience. Tout ce qu'elle te dit, fais-le et tu trouveras ce dont tu as besoin". A partir de ce moment-là - raconte-t-il lui-même - il ne se coucha plus sans se demander si sa conscience n'avait pas quelque chose à lui reprocher.

    Syméon entra dans le monastère des Studites, où, toutefois, ses expériences mystiques et son extraordinaire dévotion envers le Père spirituel lui causèrent des difficultés. Il partit pour le petit couvent de Saint Mamas, toujours à Constantinople, dont, après trois ans, il devint le chef, l'higoumène. Il y conduisit une intense recherche d'union spirituelle avec le Christ, qui lui conféra une grande autorité. Il est intéressant de noter qu'il lui fut donné le qualificatif de "Nouveau Théologien", bien que la tradition ne réserve le titre de "Théologien" qu'à deux personnalités:  à l'évangéliste Jean et à Grégoire de Nazianze. Il endura des incompréhensions et souffrit l'exil, mais fut réhabilité par le patriarche de Constantinople, Serge II.

    Syméon le Nouveau Théologien passa la dernière période de son existence dans le monastère de Sainte Marine, où il écrivit une grande partie de ses œuvres, en devenant de plus en plus célèbre en raison de ses enseignements et de ses miracles. Il mourut le 12 mars 1022.

    Le plus connu de ses disciples, Niceta Stetatos, qui a recueilli et recopié les écrits de Syméon, en fit une édition posthume, en rédigeant à la suite une biographie. L'œuvre de Syméon comprend neuf volumes, qui se divisent en Chapitres théologiques, gnostiques et pratiques, trois volumes de Catéchèses adressées aux moines, deux volumes de Traités théologiques et éthiques et un volume d'Hymnes. Il ne faut pas non plus oublier les nombreuses Lettres. Toutes ces œuvres ont trouvé une place importante dans la tradition monastique orientale jusqu'à nos jours.

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  • L’unité sur la question de la « mort cérébrale » - et donc d'un consensus sur les prélèvements d'organes - peut-elle être réalisée parmi les catholiques ?

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    Du  Dr Joseph M. Eble sur le CWR :

    L’unité sur la question de la « mort cérébrale » peut-elle être réalisée parmi les catholiques ?

    C’est une réalité incontestable qu’il n’existe aucune certitude morale quant à la mort des patients en état de « mort cérébrale ».

    Les 27 et 28 février 2025, un symposium sur la « mort cérébrale » s'est tenu à l'Université catholique d'Amérique intitulé «  Intégrité dans le concept et la détermination de la mort cérébrale : défis récents en médecine, en droit et en éthique  ».

    10 mars 2025

    Les questions abordées lors du symposium comprenaient :

    Comment/ pouvons-  nous garantir, avec une certitude morale, que les patients déclarés morts selon des critères neurologiques le sont selon les normes d’une anthropologie chrétienne solide et de la loi ? [soulignement ajouté]

    Comment/ Peut-on  améliorer les protocoles de dépistage de la mort cérébrale pour identifier avec précision, cohérence et efficacité quels patients sont morts selon des critères neurologiques et lesquels ne le sont pas ? [soulignement ajouté]

    Comme ces questions l’indiquent, il existe un désaccord vigoureux parmi les catholiques sur la question de savoir si 1) la « mort cérébrale » représente vraiment la mort de la personne humaine et 2) si elle représente la mort, si elle peut être déterminée avec précision dans la pratique clinique.

    Cet article n’aborde aucune de ces questions. Il aborde plutôt la question suivante : « Est-il possible de parvenir à une unité sur la question de la « mort cérébrale » parmi les catholiques malgré l’absence de consensus ? »

    La réponse est un  oui retentissant , car il est incontestable que la certitude morale que les patients en état de mort cérébrale sont morts n'existe pas. Pour contester cette affirmation, il faut soit 1) ignorer l'avertissement du pape Jean-Paul II selon lequel la certitude morale doit exister avant de prélever des organes sur des patients en état de mort cérébrale, soit 2) nier la logique elle-même.

    Dans son  discours prononcé en 2000 au 18e  Congrès  international de la Société de transplantation  , Jean-Paul II a déclaré sans ambiguïté la nécessité de la certitude morale :

    La certitude morale est considérée comme la base nécessaire et suffisante pour une conduite éthiquement correcte.  Ce n'est que lorsque cette certitude existe et que le donneur ou ses représentants légitimes ont déjà donné leur consentement éclairé  qu'il est moralement juste d'engager les procédures techniques nécessaires au prélèvement d'organes en vue d'une transplantation. [soulignement ajouté]

    En ce qui concerne la question de savoir quand existe une certitude morale, dans son  discours de 1980 au Tribunal de la Rote romaine,  Jean-Paul II a fait référence au pape Pie XII, affirmant que Pie XII « a déclaré de manière authentique le concept canonique de certitude morale dans l’allocution adressée à votre tribunal le 1er octobre 1942 ». Cette  allocution de 1942  fournit une articulation fondamentale de la certitude morale pour les catholiques (traductions anglaises citées de  The Canon Law Digest , supplément 1948, par T. Lincoln Bouscaren). En bref, il existe trois indicateurs de l’existence de la certitude morale.

    1) La première est une mise en garde qui est particulièrement appropriée à un sujet complexe comme la « mort cérébrale » : l’accumulation d’un grand nombre de preuves est parfois nécessaire avant de pouvoir atteindre une certitude morale.

    Parfois la certitude morale ne dérive que d'un ensemble d'indices et de preuves qui, pris isolément, ne constituent pas le fondement d'une véritable certitude, mais qui, pris ensemble, ne laissent plus place à aucun doute raisonnable de la part d'un homme de bon jugement.

    2) La certitude morale ne peut exister si une personne raisonnable considère que la position contraire est d’une certaine manière crédible, voire probable.

    Cette certitude morale à fondement objectif n'existe pas s'il y a de l'autre côté, c'est-à-dire en faveur de la réalité du contraire, des motifs qu'un jugement sain, sérieux et compétent déclare au moins en quelque manière dignes d'attention, et qui rendent par conséquent nécessaire d'admettre le contraire comme non seulement absolument possible, mais encore dans un certain sens probable.

    3) Si la certitude morale existe réellement, il y aura un consensus d'opinion. En cas de désaccord, une évaluation plus approfondie du sujet est nécessaire, dans le but de résoudre les points controversés.

    Or, de même que la vérité objective est une, de même la certitude morale objectivement déterminée ne peut être qu’une… [Si un juge admet des conclusions contradictoires, cela devrait] l’inciter à entreprendre un examen plus approfondi et plus précis de l’affaire… En tout état de cause, la confiance du peuple… exige que, si c’est possible, de tels conflits entre l’opinion officielle des juges et l’opinion publique raisonnable des personnes instruites soient évités et conciliés.

    Si l’  un  de ces trois critères n’est pas rempli, il n’y a pas de certitude morale. Et si la certitude morale qu’un patient en état de mort cérébrale est effectivement mort n’existe pas, il est contraire à l’éthique de procéder à un prélèvement d’organes.

    À titre d’exemple des positions contraires et du manque de consensus parmi les catholiques sur la « mort cérébrale », après la deuxième session du symposium, les participants ont été interrogés sur la directive actuelle sur la « mort cérébrale » :

    Les lignes directrices 2023 de l’AAN et., telles qu’elles sont rédigées, fournissent un guide valide et fiable pour la détermination de la mort cérébrale.

    Parmi les personnes ayant répondu, 44 % ont choisi « Non, les Lignes directrices ne sont pas valables » ; 37 % ont choisi « En partie, les Lignes directrices doivent être renforcées » ; et 18 % ont choisi « Oui, les Lignes directrices sont valables ». Sur la base de ces résultats, il est évident  que la certitude morale n’existe pas.

    Cette réalité a de lourdes conséquences. Il ne sera pas facile d’accepter ces conséquences, mais la vocation d’un chrétien ne l’est jamais. La principale conséquence est que nous, catholiques, devrions plaider pour la fin du prélèvement d’organes sur des patients en état de mort cérébrale. Voici une liste non exhaustive de mesures concrètes fortement recommandées :

    • Refuser d'être donneur d'organes au Département des véhicules à moteur.
    • Refuser d’être donneur d’organes après son décès dans les directives anticipées.
    • Plaider en faveur de méthodes simples et facilement accessibles pour permettre à ceux qui ont déjà choisi de ne pas être donneurs d’organes de se retirer.
    • Réitérons fermement l’enseignement de l’Église sur la nécessité d’une certitude morale de la mort comme condition à l’obtention d’organes vitaux.
    • Mettre à jour les modèles de directives anticipées et les directives pour protéger les patients contre les prélèvements d’organes qui violent l’enseignement catholique.
    • Mettre à jour les  Directives éthiques et religieuses pour les services de santé catholiques  afin d’aborder le rôle de la certitude morale dans la détermination du décès.

    Pour des mesures concrètes supplémentaires, je renvoie les lecteurs à deux autres documents. 1) Une déclaration publiée en février 2024 intitulée «  Les catholiques unis sur la mort cérébrale et le don d’organes : un appel à l’action  », qui a été approuvée par 151 professionnels de la santé catholiques, théologiens, philosophes, éthiciens, avocats, apologistes, défenseurs du droit à la vie et autres. 2) Un article dans  Ethics & Medics , publié par le National Catholic Bioethics Center, intitulé «  Un consentement éclairé devrait être requis avant un test de mort cérébrale  ».

    En résumé, il n’existe pas d’accord entre les catholiques et la société en général sur la question de la « mort cérébrale » et il n’y en aura pas dans un avenir proche. Cependant, par ce fait même, nous pouvons être  unis  sur le point qu’il n’existe pas de certitude morale que les patients en état de « mort cérébrale » sont morts. Cela est dû au fait que 1) l’ensemble des preuves médicales laisse place au doute raisonnable ; 2) des personnes raisonnables peuvent trouver crédible que la « mort cérébrale » ne soit pas une véritable mort ; et 3) il existe un profond désaccord sur la « mort cérébrale » parmi les experts en médecine, en droit, en philosophie, en théologie et plus généralement dans le grand public, de sorte qu’il n’existe pas de consensus sur la « mort cérébrale » près de 60 ans après sa première introduction.

    Cette unité face à l’absence de certitude morale conduit à une unité dans l’action : nous pouvons tous nous unir pour plaider en faveur de l’arrêt du prélèvement d’organes sur des patients en état de mort cérébrale. Prions pour que cette unité se réalise.


     
    Le Dr Joseph M. Eble est vice-président de Fidelis Radiology et ancien président de la Tulsa Guild of the Catholic Medical Association. Il est passionné par les soins de fin de vie, l'adoption et la création de ponts entre les personnes d'ethnies différentes. Il est l'auteur et le co-auteur de nombreux articles sur la « mort cérébrale », le plus récent étant « Catholics United on Brain Death and Organ Donation: A Call to Action » . Il travaille actuellement sur un livre sur la « mort cérébrale » avec le co-auteur D. Alan Shewmon, MD, en se concentrant particulièrement sur sa réception parmi les catholiques et sa compatibilité avec la foi catholique. Vous pouvez le contacter à l'adresse eblej@yahoo.com.
  • Un évêque nigérian dénonce : le meurtre d'un prêtre n'est pas une « tragédie isolée »

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    Du Père Justine John Dyikuk sur The Pillar :

    Un évêque nigérian : le meurtre d'un prêtre n'est pas une « tragédie isolée »

    11 mars 2025

    Note du Pillar : En conclusion de ce rapport, nous trouvons une photographie du Père Sylvester Okechukwu, prise après son assassinat. Cette photographie est troublante. The Pillar a choisi de la publier, comme un témoignage de la violence perpétrée contre le Père Okechukwu et contre des centaines de chrétiens enlevés et tués dans le nord du Nigeria. Les lecteurs doivent faire preuve de prudence avant de la consulter.

    Alors que les chrétiens recevaient les cendres mercredi dernier pour commencer le Carême, la nouvelle a éclaté au Nigeria qu'un prêtre avait été brutalement assassiné par des ravisseurs, qui avaient pris d'assaut son presbytère la nuit précédente et l'avaient kidnappé.


    Père Sylvester Okechukwu. Photo de courtoisie

    Le diocèse de Kafanchan, dans le centre-nord du Nigeria, a exprimé son indignation suite à l'enlèvement et au meurtre du père Sylvester Okechukwu, 44 ans, par des inconnus. Selon les experts, ce meurtre illustre la situation de violence à laquelle sont confrontés les chrétiens au Nigeria.


    « Avec une profonde tristesse et une juste indignation, je condamne dans les termes les plus forts la vague incessante et tragique d’enlèvements visant des prêtres, des agents pastoraux et des fidèles », a déclaré Mgr Julius Kundi lors d’une conférence de presse le 7 mars, exprimant son indignation « face à l’enlèvement et au meurtre brutal » de son prêtre.

    Selon des sources du diocèse, Okechukwu aurait été ligoté par ses ravisseurs et sa tête aurait été battue avec un objet contondant jusqu'à ce que son crâne se fende.

    Mgr Kundi a décrit l’assassinat comme « l’enlèvement horrible et le meurtre horrible de mon fils », insistant sur le fait qu’il s’agit « d’une attaque cruelle contre notre foi, notre humanité et la paix de notre État ».

    La mort d'Okechukwu n'est pas seulement une attaque contre l'Église, mais un affront direct aux valeurs de justice, de paix et de dignité humaine, a ajouté l'évêque. Le diocèse est en proie à l'angoisse et le pays est lourd de colère.

    Mgr Kundi a appelé à la justice et a exhorté les Nigérians à se rappeler que le meurtre d’Okechukwu « n’est pas une tragédie isolée ».

    L'évêque de Kafanchan a noté d'autres violences contre les chrétiens dans son diocèse : le meurtre du catéchiste Raymond Ya'u le 21 juillet 2021, l'enlèvement et le meurtre du père Johnmark Cheitnum en juillet 2022, le meurtre du séminariste de 25 ans Naaman Stephen Ngofe en septembre 2023 et la disparition du catéchiste Istifanus Katunku, enlevé le 4 juillet 2024 et dont on ignore où il se trouve.

    Outre ces violences, l’évêque a noté « l’enlèvement de nombreux fidèles laïcs » dans la région, « où les criminels continuent de faire des ravages sur des vies innocentes ».

    « Les rançons scandaleuses exigées pour leur libération non seulement dévastent les familles, mais constituent également une grave menace pour la sécurité alimentaire et le bien-être général de la population du diocèse de Kafanchan et du sud de Kaduna dans son ensemble », a déclaré l'évêque.

    Ces violences surviennent dans un contexte de montée de la violence et de l'anarchie au Nigeria, en particulier dans les régions du pays. Certaines attaques peuvent être attribuées à des militants islamistes désireux d'accroître leur influence dans la région, tandis que des bandes criminelles armées ont également profité de la présence réduite de la police dans la région.

    Au cours du mois dernier, six prêtres, un séminariste et plusieurs paroissiens ont été kidnappés dans le nord du Nigeria. Beaucoup d’entre eux sont toujours en captivité, leurs ravisseurs n’ayant pas encore été identifiés.

    En 2024, 13 prêtres ont été enlevés au Nigeria. Selon une analyse récente, près de 200 prêtres et séminaristes ont été enlevés au Nigeria depuis 2015, dont au moins 13 ont été tués au cours de leur enlèvement, en plus d’autres tués lors d’attaques de gangs ou de milices contre des églises et des villages.

    Mgr Kundi a expliqué que les enlèvements – au cours desquels des rançons sont extorquées aux communautés pour libérer les personnes kidnappées – ont des conséquences économiques à long terme.

    « Les enlèvements ont semé la peur au sein des communautés, perturbé les moyens de subsistance et intensifié les difficultés économiques dans une région déjà en difficulté », a déclaré Kundi.

    Notant que six personnes avaient été enlevées ces dernières semaines dans la paroisse Saint-Matthieu du village d'Anchuna, l'évêque a déclaré : « Nous ne pouvons pas rester silencieux alors que notre peuple vit dans la peur, incertain de ce que l'avenir lui réserve. »


    Le mois dernier, aux premières heures du 6 février, le père Cornelius Manzak Damulak, étudiant à l’Université Veritas d’Abuja, a été kidnappé à sa résidence.

    Alors qu'il revenait d'une visite à l'hôpital le 12 février, le père Livinus Maurice de l'église Saint-Patrick d'Isokpo, dans l'État de Rivers, a été kidnappé avec deux paroissiens.

    Le 19 février, un prêtre de l'archidiocèse de Jos, le révérend Moses Gyang, a été enlevé dans sa résidence paroissiale de la paroisse St. Mary Maijuju, en compagnie de sa nièce et de Nyam Ajiji, le président du conseil paroissial. Aijiji aurait été tué. Bien que des rumeurs circulent selon lesquelles Gyang et sa nièce ont été libérés, l'archidiocèse de Jos n'a pas encore confirmé leur libération.

    Le père Abraham Saumam et le père Matthew Dusemi ont été enlevés le 22 février au presbytère de la paroisse de Gwedda Mallam, dans l'État d'Adamawa. Les deux prêtres ont depuis été secourus.

    Le 3 mars, des hommes armés ont attaqué l’église catholique Saint-Pierre à Iviukhua-Agenebode, dans l’État d’Edo, enlevant le père Phillip Ekweli et un séminariste. Ils n’ont pas encore été libérés.


    Pour sa part, Mgr Kundi a déclaré la semaine dernière que les responsables gouvernementaux doivent s’attaquer à la montée de la violence dans le pays.

    « Nous exigeons que le gouvernement et les agences de sécurité prennent des mesures immédiates et décisives pour traduire en justice les auteurs de ces crimes odieux. »

    « Le sang du Père Sylvester Okechukwu et de toutes les autres âmes innocentes réclame justice. »

    Okechukwu est né le 11 décembre 1980 et a été ordonné pour le diocèse de Kafanchan le 11 février 2021. Le prêtre a survécu à des enlèvements précédents en 2022 et 2025, avant d'être tué ce mois-ci.

    Le père Sylvester Okechukwu, 44 ans, tué au Nigéria le 6 mars. Crédit : Diocèse de Kafanchan.

  • 15 mars 2025, de Bruxelles à Leuven : pèlerinage en l’honneur de saint Joseph (pour les hommes)

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    La Paroisse des Saints Jean et Étienne « aux Minimes » vous invite au Pèlerinage en l’honneur de saint Joseph :
    Samedi 15 mars 2025, de Bruxelles à Leuven
    Pèlerinage en l’honneur de saint Joseph pour les hommes (à partir 18 ans).
    Le thème de cet année est : « Notre espérance dans le Dieu vivant (1Tm 4, 10) ».
     
    Au programme :
    - Messe à 8h à l'église des Saints-Jean-et-Etienne aux Minimes (62 rue des Minimes, 1000 Bruxelles).
    - Puis rendez-vous à la gare de Bruxelles-Central pour prendre le train jusque Zaventem. De là, marche jusque Leuven (+- 20km), avec chapelets, chants, enseignements, confessions. Retour en train jusque Bruxelles.
     
    Inscription obligatoire par mail à fsspbru@gmail.com
  • José Aparicio Sanz et ses 232 compagnons, martyrs victimes des "Rouges" espagnols (11 mars)

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    D'Evangile au Quotidien :

    José Aparicio Sanz et ses 232 compagnons
    Martyrs de la Guerre Civile Espagnole (1936-1939)
    Béatification record du 11 mars 2001 par saint Jean-Paul II
    Mémoire commune : 11 mars
    Mémoire individuelle : ‘dies natalis’ de chacun

    Fruit du grand Jubilé de l'An 2000, cette béatification du 11 mars 2001 est la première du nouveau siècle et du nouveau millénaire. Jamais autant de serviteurs de Dieu n'ont été béatifiés à la fois. (Il faut remonter au Bx Pie IX - Giovanni Maria Mastai Ferretti, 1846-1878, en 1867, pour avoir la béatification de 205 martyrs du Japon.) Chaque cause a été étudiée individuellement. Chacun de ces martyrs avait déjà mené une vie sainte digne de béatification avant que le martyr ne vienne couronner leur carrière. L'Église de Valence, suivie par celles de Barcelone et de Lérida, a commencé à instruire les procès de béatification depuis 50 ans déjà. Une masse de documents a été recueillie.
    Avant cette béatification, saint Jean Paul II avait déjà célébré 10 béatifications pour des martyrs de la guerre civile espagnole, soit, avec ceux de ce jour, 471 martyrs. A savoir: 4 évêques, 43 prêtres séculiers, 379 religieux, 45 laïcs.

    La seconde République instaurée en 1931 amène le "Frente popular" (Front populaire) au pouvoir. Composée de communistes, socialistes et anarchistes, elle est essentiellement anticléricale. Pourtant les évêques ont reconnu au début sa légitimité. Si les violences ne se déclenchent pas tout de suite, néanmoins ce gouvernement révolutionnaire entame d'emblée une persécution juridique : dissolution des ordres religieux et nationalisation de tous leurs biens, approbation du divorce, crucifix retirés des classes.

    Après les lois restrictives vient la persécution sanglante avec la "Révolution des Asturies" en 1934 et les martyrs de Turon.
    En l'été 1936, les "Rouges", comme on les appelle, (à juste titre car leur but est de faire de l'Espagne un état satellite de la Russie), déclenchent la plus grande persécution religieuse qu'ait jamais connu l'Espagne. Sur la liste noire des personnes à abattre figurent en premier lieu tous les prêtres. A cause de sa brièveté dans le temps et de son intensité, c'est un ouragan révolutionnaire comparable à celui de la Révolution française qui s'abat sur toutes les régions où domine leur influence : incendie de couvents, d'évêchés, d'églises, destruction du patrimoine artistique sacré, bref, de tout ce qui rappelle la religion catholique. Mais les révolutionnaires ne sont pas suivis par tout le peuple ; au contraire, il se produit un sursaut de la conscience nationale.

    Une partie de l'armée avec le général Francisco Franco se révolte et crée le "Mouvement national". C'est alors la guerre civile entre "Rouges" et "Nationaux" qui dure de 1936 à 1938. Les révolutionnaires ont vraiment l'intention d'éradiquer l'Église et ils procèdent à des exécutions massives, accompagnées d'une férocité inouïe.
    Sont victimes: 13 évêques, 4184 prêtres, 2365 religieux, 283 religieuses, des milliers et des milliers de laïcs. Ils sont vraiment martyrs car ils ont été tués "en haine de la foi", ce ne sont pas des "victimes de guerre", car ils sont pacifiques et ne prennent pas part aux événements, ni des "victimes politiques ", car ils n'ont pas pris partie. (Notons à ce propos que le parti qui soutenait Franco, la "Phalange", influente surtout au début, avait certaines accointances avec les Nazis.). Conscients de mourir pour leur foi, beaucoup criaient « Vive le Christ-Roi! », ce qui n'est pas sans rappeler la guerre des "Cristeros" au Mexique (1926-1929), et tous, avant de mourir, pardonnaient de tout cœur à leurs bourreaux.

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  • Trois semaines sans « voir » le pape François : aucun signe d'unité au sein de l'Église 20 ans après le précédent de la mort de Wojtyla

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    De Francesco Antonio Grana sur Il Fatto Quotidiano :

    Trois semaines sans « voir » le pape François : aucun signe d'unité au sein de l'Église 20 ans après l'exemple donné par la mort de Wojtyla

    Il y a vingt ans, la Curie romaine s'est retrouvée unie sous la direction douce et ferme du cardinal doyen Joseph Ratzinger : une démonstration éloquente d'unité et de solidité.

    6 mars 2025

    Le troupeau est dispersé. Vingt jours se sont écoulés depuis que le pape François a été admis à la Policlinico Gemelli le 14 février pour une pneumonie bilatérale. La Curie romaine est visiblement confuse et mal informée, entre les bulletins médicaux qui rapportent, comme il est naturel en pareil cas, des nouvelles fluctuantes sur l'auguste infirme, bien que le pronostic soit toujours resté réservé, donc avec un clair danger de mort, et les rumeurs alarmantes qui s'intensifient de jour en jour. Depuis le 24 février, tous les soirs à 21 heures, à l'initiative de la Secrétairerie d'État, les cardinaux résidant à Rome se réunissent sur la place Saint-Pierre, avec des milliers de fidèles, pour réciter le chapelet pour la santé du Pape. C'est une occasion très utile pour les cardinaux et les évêques de se voir, une fois par jour, et d'échanger un regard inquiet et confus et un mot sur ce qui se passe à peu de distance du Vatican, au dixième étage de l'hôpital Gemelli.

    Depuis vingt jours, il n'y a ni photo ni audio (si ! voir ici) du pontife le plus médiatique de l'histoire de l'Église de Rome. Il y a même ceux qui l'ont laissé pour mort il y a quelque temps, convaincus que le Vatican attend on ne sait quoi pour l'annoncer officiellement. Comme si le vicaire du Christ sur terre était comparable au roi d'Angleterre ou à une célébrité de Hollywood. Désacralisation d'une papauté qui voulait simplement incarner le quotidien, la plus grande réforme bergoglienne. Difficile à reproduire car intimement lié à l'homme devenu pape en 2013. C'est une question de style.

    Mais la centralisation de François entraîne désormais une longue période de perplexité chez ceux qui, en l'absence du pontife, devraient prendre avec confiance les rênes de la Curie romaine et guider leurs frères dispersés. Un peu comme ce qui s'est passé après l'arrestation et la mort de Jésus, lorsque saint Pierre, le premier pape, a renié trois fois le Maître et que le troupeau des dix autres disciples (Judas Iscariote s'était pendu après avoir trahi Jésus) s'est dispersé. La peur avait soudain détruit l'unité de ce groupe de croyants apparemment compact.

    Il y a vingt ans, le 2 avril 2005, l'Eglise de Rome vivait une page douloureuse : la mort de Saint Jean Paul II, un père plus qu'un Pape. Vingt-sept ans de pontificat, depuis le 16 octobre 1978, dans un monde profondément changé sous son règne. Mais à cette époque, la Curie romaine s'est retrouvée unie sous la direction douce et ferme du cardinal doyen Joseph Ratzinger, devenu, le 19 avril 2005, Benoît XVI, successeur de Wojtyla. L'Église a donné au monde une démonstration éloquente et crédible de son unité et de sa solidité : le plus beau témoignage de l'héritage du pape polonais. Pas de divisions en courants, pas de polémiques sur la gestion économique du Saint-Siège, pas de récriminations sur la répartition des postes de pouvoir, pas de luttes pour prendre la relève dans la salle de contrôle, mais une maturité pour affronter une épreuve très difficile : donner au monde le successeur de saint Jean-Paul II.

    En 2025, cependant, la question se pose : qui prend les décisions pendant que le pape est à Gemelli ? Le gouvernement de l'Église, comme on le sait, reste fermement entre les mains de François, mais il est évident que Bergoglio ne peut pas décider qui doit communiquer son état, ce qui doit être communiqué et qui doit gouverner au moins l'administration ordinaire de la Curie romaine. Le sentiment est que nous avançons par inertie, tant que la poussée propulsive le permettra et que les décisions prises, pour être mises en œuvre, n'auront pas besoin de la confirmation de l'autorité suprême, une expression curiale pour indiquer le plus haut sommet du gouvernement ecclésial.

    Au sein de la Curie romaine, il y a ceux qui continuent à animer le débat sur la démission, ceux qui soutiennent fermement que l'on est évêque de Rome jusqu'à la fin de sa vie, mais aussi ceux qui, désormais découragés, attendent tristement que quelqu'un, dans la sacristie de Saint-Pierre, appuie sur le bouton M12 du panneau qui active la sonnerie des cloches. C'est un code éloquent car chaque touche correspond à un mode de sonnerie différent : un tendu, pour les jours de fête, et un martelé, pour les jours de deuil. Mais peu de gens savent quel son correspond à M12. Il s'agit de l'annonce des funérailles du pape. Une touche que personne, pas même les ennemis de Bergoglio, ne veut voir enfoncée.

  • L'Europe et la trahison de la foi

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    De sur le CWR :

    L'Europe et la trahison de la foi

    Alcide De Gasperi était un enfant fidèle de l’Église qui doit être sauvé de ceux qui cherchent à le revendiquer pour leurs propres agendas théologiques hétérodoxes ou leurs plateformes politiques mondialistes.

    La vérité historique demeure : notre structure européenne, construite sur les nobles fondements de l’Antiquité classique, a été formée par l’Église catholique, existe par elle, est en harmonie avec elle et ne subsistera que dans son modèle.

    L’Europe reviendra à la foi, ou elle périra.

    Ces mots, écrits par Hilaire Belloc en conclusion de son livre L’Europe et la foi paru en 1920 , devraient être gardés à l’esprit lorsque nous examinons les tentatives récentes de détourner la réputation d’un futur saint. Lors de la cérémonie de clôture de l’enquête diocésaine sur la vie et l’héroïcité des vertus d’Alcide de Gasperi (1881-1954), le 28 février, le cardinal Baldassare Reina l’a décrit comme un homme « inclusif et tourné vers l’avenir » et comme l’un des « pères politiques de l’Europe ». Dans le langage euphémique du babillage moderniste, « inclusif et tourné vers l’avenir » signifie non dogmatique et anti-traditionnel en termes d’enseignement de l’Église. Et en le décrivant comme l’un des « pères politiques de l’Europe », le cardinal Reina assimilait la naissance de l’Europe à la naissance de ce qui allait devenir l’Union européenne.

    Ce faisant, il niait implicitement la réalité historique de l’Europe de la foi et approuvait implicitement l’Europe des sans-croyants.

    Moins on parle du cardinal Reina, mieux c’est, mais qu’en est-il du nouveau saint en devenir, Alcide De Gasperi ? En vérité, et comme nous le verrons, il était un enfant loyal de l’Église et un fils dévoué de l’Europe de la foi qui doit être sauvé de ceux qui cherchent à le revendiquer pour leurs propres agendas théologiques hétérodoxes ou leurs plateformes politiques mondialistes.

    Né en 1881, De Gasperi fut un catholique fervent toute sa vie. Fortement inspiré par l'encyclique  Rerum Novarum du pape Léon XIII , publiée en 1891, il s'engagea politiquement dès son adolescence en défendant la doctrine sociale de l'Église. En 1904, il participa aux manifestations étudiantes populistes et localistes réclamant une université de langue italienne dans les provinces italophones de l'Empire austro-hongrois. L'année suivante, il devint rédacteur en chef du journal La Voce Cattolica  (La Voix catholique), qui appelait à l'autonomie culturelle du Trentin et à la défense de la culture italienne en défi à l'impérialisme allemand et à ses efforts pour soumettre la majorité italienne de la région du Tyrol à une germanisation forcée.

    En 1911, il devint député de l'Union politique populaire du Trentin (UPPT) au Reichsrat autrichien, poste qu'il occupa pendant six ans. Au début de la Première Guerre mondiale, il resta politiquement neutre, conformément à l'appel de sa conscience catholique, sympathisant avec les efforts infructueux du pape Benoît XV et du bienheureux Charles d'Autriche pour obtenir une paix honorable qui mettrait fin à la guerre.

    En 1919, il est l'un des fondateurs du Parti populaire italien (PPI), avec Luigi Sturzo, prêtre catholique dont la cause de canonisation est ouverte sous saint Jean-Paul II en 2002. De Gasperi est député au Parlement italien de 1921 à 1924, période marquée par la montée du fascisme. Bien qu'il soutienne la participation du PPI au premier gouvernement de Benito Mussolini en octobre 1922, il s'alarme de plus en plus des méthodes machiavéliques employées par les fascistes pour obtenir un pouvoir totalitaire. Il est arrêté en mars 1927 et condamné à quatre ans de prison. Après avoir purgé dix-huit mois de sa peine, le Vatican négocie sa libération. Par la suite, il travaillera à la bibliothèque du Vatican jusqu'à l'effondrement du fascisme en juillet 1943.

    Durant les années où il travailla au Vatican, De Gasperi écrivit régulièrement pour la revue  L'Illustrazione Vaticana,  dans laquelle il affirmait que la bataille politique décisive du monde moderne se déroulait entre le communisme et le christianisme. En 1934, il se réjouit de la défaite des sociaux-démocrates autrichiens, qu'il condamna pour avoir « déchristianisé » le pays. Son opposition à un relativisme et à une laïcité aussi radicaux fut telle qu'il déclara en 1937 que l'Église d'Allemagne avait raison de préférer le nazisme au bolchevisme. De même qu'il avait fait preuve de naïveté à l'égard des fascistes de Mussolini, il allait bientôt se rendre compte de la folie de choisir une idéologie fondamentaliste laïque plutôt qu'une autre.

    Après la Seconde Guerre mondiale, il devient Premier ministre de l'Italie de 1945 à 1953, ce qui reste un jalon de longévité dans la politique italienne moderne. La campagne électorale de l'après-guerre et de la guerre froide de 1948 se déroule entre deux visions concurrentes. D'un côté, la vision catholique et conservatrice des chrétiens-démocrates au pouvoir dirigés par De Gasperi ; de l'autre, la vision laïque, relativiste et socialiste du Front démocratique populaire. Un slogan populaire des chrétiens-démocrates résume le choix auquel sont confrontés les électeurs : « Dans le secret des bureaux de vote, Dieu vous voit, Staline non. » Les chrétiens-démocrates remportent l'élection avec 48,5 % des voix (leur meilleur résultat à ce jour). En revanche, les communistes n'obtiennent que la moitié des voix qu'ils avaient obtenues lors des élections précédentes deux ans plus tôt.

    En 1951, avec le soutien de De Gasperi, l’Italie devient membre de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA), germe apparemment inoffensif qui deviendra l’organisme toxique et politiquement envahissant qu’est l’Union européenne. C’est pour cette raison qu’Alcide De Gasperi est enchaîné au titre douteux de « père fondateur » de l’Union européenne. Pourtant, la CECA n’a rien de commun avec l’UE. Comme son nom l’indique, il s’agit d’un accord entre plusieurs nations visant à coopérer économiquement et à promouvoir un marché économique commun.

    Le mouvement a été lancé par un autre catholique fervent, Robert Schuman, qui s'est inspiré notamment des écrits et des encycliques du pape Pie XII, qui condamnaient à la fois le fascisme et le communisme. Schuman était en outre un spécialiste de la philosophie médiévale, en particulier des écrits de Thomas d'Aquin. En tant que thomiste lui-même, il admirait les philosophes néo-thomistes contemporains, tels que Jacques Maritain, et croyait que la démocratie avait ses racines dans le christianisme. Le processus de béatification de Schuman a commencé en 1990 et il a été proclamé Serviteur de Dieu en 2004. En 2021, il a été déclaré Vénérable.

    Il est en effet ironique que ces deux catholiques attachés à la tradition, Alcide de Gasperi et Robert Schuman, soient présentés par des cardinaux modernistes comme étant « inclusifs et progressistes ». Il est tout aussi ironique que les mondialistes « éveillés » de l’Union européenne puissent les présenter comme les « pères fondateurs » de la monstrueuse tyrannie anticatholique et antichrétienne qu’est devenue l’UE. Tout cela est bien loin de la simple coopération économique qu’ils défendaient en 1951.

    En effet, le chemin est si long qu'on est tenté de dire que l'abîme qui sépare la vision sociale catholique qu'ils prônaient de la tyrannie laïque de l'Europe moderne est aussi large que le gouffre qui sépare le paradis de l'enfer.

  • Ce que nous dit la voix du pape venant de son lit d'hôpital

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    D'Andrea Gagliarducci sur Monday Vatican :

    Le pape François : Une voix qui vient de son lit de malade

    10 mars 2025

    Le premier « signe de vie » du pape François depuis son entrée à l'hôpital le 14 février est apparu la semaine dernière, sous la forme d'un message audio enregistré, diffusé aux fidèles rassemblés sur la place Saint-Pierre dans la soirée du jeudi 6 mars, avant le chapelet nocturne pour sa santé.

    Aucune photo du pape à l'hôpital n'a été diffusée, et le pape n'a jamais été vu. L'accès à sa chambre est restreint et très peu de personnes sont autorisées à le rencontrer.

    Le message du pape François a été très court, prononcé dans sa langue maternelle, l'espagnol, d'une voix fatiguée et usée par la maladie. Au-delà des mots de remerciement, le message témoigne de deux choses : Le Pape François n'est vraiment pas bien, et le Pape François n'a absolument pas l'intention de se retirer. En fait, tout indique qu'il nourrit le désir de revenir sur scène en tant que protagoniste.

    En ces jours d'hospitalisation, le pape François n'a jamais formellement cessé de travailler. Le pape François n'a jamais vraiment délégué non plus. Il a toujours pris personnellement les décisions qu'il considérait comme les plus importantes, et il n'a jamais vraiment créé d'équipe autour de lui. Les secrétaires particuliers ont souvent changé, de même que ceux qui constituent la « vraie » cour papale, une série de personnages qui gravitent autour du pape François et qui, parfois, orientent ses choix.

    Maintenant que le pape est à l'hôpital, ce vide autour de lui se fait sentir. Le pape François a voulu être un homme seul aux commandes, sans autre intermédiaire entre lui et les décisions.

    Faire entendre sa voix reflète donc plus que tout la volonté précise du pape de rester sur place. Fatiguée et presque sans force, la voix du Pape dit à tous qu'il est vrai que le Pape ne reviendra certainement pas à sa vie d'avant, mais qu'il veut revenir. C'était aussi un message à ceux qui spéculaient sur son éventuelle renonciation à la papauté. Le pape François ne renoncera pas à sa charge. Il veut rester jusqu'à la dernière minute.

    Ensuite, il y a d'autres circonstances à prendre en compte.

    Le pape François n'a jamais donné de cadre juridique à la figure du pape émérite au cours de ces douze années, bien que Benoît XVI ait vécu pendant près de dix ans au Vatican avec ce titre. Le pape n'a même pas donné de cadre juridique à la question d'un éventuel « pape empêché ». En bref, que se passerait-il si le pape, au cours de ses séjours à l'hôpital, se trouvait dans un état physique si invalidant qu'il ne pourrait plus gouverner ?

    Il n'existe pas de règles dans l'Église qui définissent cette éventualité, mais un groupe d'universitaires internationaux, dirigé par le professeur Geraldina Boni, a lancé le « Progetto Canonico Sede Romana », une plateforme pour discuter des propositions législatives possibles à la fois pour définir la figure du pape émérite et pour donner certaines règles dans le cas où le siège du pape est entravé.

    Il est toutefois peu probable que le pape François s'attaque à ce vide juridique. Il ne l'a pas fait en neuf ans de cohabitation avec le pape émérite et il est peu probable qu'il le fasse maintenant. De même, il semble peu probable que le pape François modifie les règles du conclave, ce que beaucoup redoutent. Le pape ne les a pas modifiées depuis douze ans et il sait qu'un changement maintenant reviendrait à montrer à l'opinion publique qu'il veut contrôler son élection. Il pourrait décider de ne pas s'en préoccuper.

    Mais le pape François est très sensible à l'image qu'il donnera à la postérité.

    Malgré les bulletins médicaux encourageants, il semble également que nous manquions de temps pour une véritable réforme structurelle sur des questions aussi importantes. Lorsque Benoît XVI a décidé de modifier les normes du Conclave pour lui permettre de commencer avant même les quinze jours requis à partir du début de la sede vacante, il n'a pas été en mesure de procéder à une réforme structurelle. Il a fait un motu proprio, avec de légères modifications, surtout cérémonielles.

    Le pape François a légiféré au moyen du motu proprio plus que tout autre pape dans l'histoire récente. Il pourrait également suivre cette voie dans le cas présent. Il semble toutefois peu probable qu'il utilise le peu d'énergie dont il dispose actuellement pour entamer une réforme qui n'aura peut-être même pas d'effets concrets.

    Le pape François a déjà élargi la participation au conclave, dépassant le plafond de 120 cardinaux établi par Paul VI et créant des cardinaux de toutes les parties du monde, comme si toutes les parties du monde devaient être représentées dans le collège des cardinaux et ensuite dans le choix du nouveau pape. Le pape François a dérogé aux règles pour élargir la base électorale sans les changer. Il peut faire de même tant qu'il est en vie.

    Si le pape gouverne et veut continuer à gouverner, pourquoi toutes ces rumeurs sur sa démission ?

    Parce que, comme toujours à la fin d'un pontificat, les choses commencent à être redéfinies. Les cardinaux, en parlant de sa démission, ont également fait part de leur vision de l'Église. Certains sujets, avec le prochain pontificat, sont destinés à prendre de l'ampleur, d'autres sont destinés à connaître un regain d'intérêt.

    La synodalité, par exemple, sera bientôt mise de côté. On reviendra probablement à l'idée d'une présence vivante dans la société, une Église qui sait aussi être un « guerrier culturel » pour rétablir les vérités de la foi. Une main sera tendue aux fidèles de la messe traditionnelle, que ce pontificat a pratiquement exilés.

    Il ne s'agira pas d'une révolution ou d'une restauration. Ce sera la recherche d'un équilibre là où les blessures ont été dures et difficiles à guérir. Les rumeurs et les spéculations nous le disent. Le fait que le pape François ait accepté d'envoyer un message audio nous indique que le pape ne veut pas abandonner. Étrange situation que celle dans laquelle se trouve l'Église aujourd'hui.

  • "Depuis une cinquantaine d'années, l'Eglise considère ce qu'elle a fait de mal dans son histoire, sans voir ce qu'elle a fait de bien"

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    Lu sur Atlantico :

    Christophe Dickès : « L’Eglise catholique ose-t-elle être ce qu’elle est ? »

    Christophe Dickès a publié "Pour l'Église" aux Éditions Perrin.

     

    Atlantico : Vous publiez un livre de défense de l'Eglise. Qui sont ses pires ennemis aujourd'hui ? Notre indifférence ou de vrais adversaires ?

    Christophe Dickès : Dans la perspective de mon livre, paradoxalement, le pire ennemi de l'Eglise, ce sont ces hommes d'Eglise eux-mêmes qui ne défendent pas ou trop peu ce qu'elle a été. De fait, vous ne pouvez pas défendre quelque-chose que vous ne connaissez pas. Certes, les hommes d'Eglise connaissent naturellement l'Evangile, la théologie mais ils ne connaissent pas ou peu l'histoire de l'Eglise et ses richesses. Plus précisément, c'est l'antiantellectualisme qui est, selon le mot de l'académicien Michel Zink, le plus grand danger dans l'Eglise. Ce contre quoi le grand historien René Rémond mettait déjà en garde dans son essai stimulant Le Christianisme en accusation paru il y a vingt-cinq ans! Il y expliquait par exemple que, dans la presse catholique, le témoignage et la surface des choses étaient favorisés au détriment de la réflexion et de l'étude. Un constat amer qu'il aurait pu faire aujourd'hui au regard de la quasi-absence de l'histoire dans les médias chrétiens. Après, il existe en dehors de l'Église des courants anticléricaux nombreux qui se sont systématisés, pour faire court, à partir du XVIe siècle, au moment de la Réforme protestante. L'anticléricalisme des XVIIIe, XIXe et du début du XXe siècle a produit de nombreux ouvrages et une critique dont s'est imprégnée, là aussi paradoxalement, l'Eglise. Tant et si bien que, depuis une cinquantaine d'années, l'Eglise considère ce qu'elle a fait de mal dans son histoire, sans voir ce qu'elle a fait de bien. Mon livre vise en quelque sorte à rééquilibrer cette balance. 

    Alors que le gouvernement envisage de lancer un grand débat sur « qu'est-ce qu'être Français ? », que répondriez-vous à la question miroir : « qu'est-ce qu'être catholique » ?

    Une phrase me hante depuis de nombreuses années. Elle est de Boileau qui disait "Rarement un esprit ose être ce qu'il est". L'Eglise souhaite-t-elle être ce qu'elle est, à savoir une force de contradiction dans un monde occidental qui la rejette ? Souhaite-t-elle aussi assumer son passé et rendre compte de la vitalité qui l'a habitée pendant des siècles? Voyez-vous, on ne peut aimer les autres, si on ne s'aime pas soi-même. Or, l'Eglise, empêtrée dans la crise des abus sexuels, semble paralysée et sans perspectives. Si elle connaissait son histoire, elle verrait non seulement que la question des abus n'est pas nouvelle mais elle pourrait par ailleurs trouver des clés afin de mieux répondre aux défis du temps présents et de son avenir. Ce que dit autrement l'historien Andrea Riccardi dans son livre L'Eglise brûle : « La culture ecclésiastique, celle des dirigeants de l’Église, est peu attentive à l’histoire et ne la considère pas utile pour comprendre d’où l’on vient et où l’on vit, ni pour gouverner l’Église alors qu’elle insiste fortement sur la philosophie […]. Le manque de culture historique dans l’évaluation des phénomènes a conduit à un appauvrissement de la compréhension du réel. C’est l’une des faiblesses de la culture et du gouvernement des ecclésiastiques de nos jours». Pour répondre à votre question donc, être catholique, c'est aussi être héritier ce qui suppose un minimum de connaissance de ce que nos ancêtres ont réalisé de bien, de beau et de bon. Ce n'est évidemment pas simplement cela mais c'est aussi cela. 

    Pour en revenir à l’identité française, qu’avons-nous perdu en perdant notre culture chrétienne ?

    Je crois que les années 1960 ont joué un rôle particulièrement critique pour la culture chrétienne. En effet, le progressisme a voulu effacer des siècles d'histoire dans une forme d'orgueil afin de renouveler l'image de l'Eglise. Or, ce progressisme a très vite montré ses limites tant et si bien que les pontificats de Jean-Paul II et Benoît XVI ont souhaité, assez schématiquement, réaffirmer l'identité de l'Eglise. D'où le mot du pape polonais "N'ayez pas peur!" qui était aussi une façon de dire "N'ayez pas peur d'être ce que vous êtes". Certes, en 2000, Jean-Paul II fait repentance pour les fautes des hommes d'Eglise dans l'histoire, mais il encourage par ailleurs la recherche historique afin de ne pas tomber dans des conceptions binaires et simplistes comme le fait aujourd'hui la cancel culture. Or, l'Eglise a uniquement considéré cette repentance en oubliant cette culture chrétienne qui, pendant des siècles, a fait la fierté de l'Eglise et lui a permis simplement de croire en elle et en ce qu'elle était. Le meilleur exemple est son rôle pendant la Deuxième Guerre mondiale. Alors que les études historiques montrent l'existence d'une résistance catholique bien plus importante qu'on ne le dit généralement, les évêques ont souhaité faire repentance pour leur liens avec Vichy. Ce qui était en soi très réducteur, voire complètement simpliste. Cela témoignait d'une méconnaissance réelle de la réalité historique.

    Vous dites que l'Etat, comme la laïcité, sont des concepts totalement chrétiens, pouvez-vous nous l’expliquer ?

    L'Etat n'est pas un concept chrétien en soi puisque le pouvoir politique possède une longue histoire depuis l'antiquité archaïque. En revanche, là aussi les recherches historiques ont montré comment l'Etat moderne tel qu'il apparaît à partir du XIVe siècle, trouve son inspiration dans les structures même de la papauté réformée du XIe siècle. Ce qu'on appelle communément la réforme grégorienne du nom du pape Grégoire VII. Quant à la laïcité, elle est un concept tout à fait chrétien. Il ne faut pas confondre laïcité et laïcisme. De fait, l'Occident de tradition chrétienne fait une distinction entre le pouvoir de l'Etat et le pouvoir de l'Eglise, le temporel et le spirituel. Or, cette distinction remonte au moins au pape Gélase Ier qui a régné à la fin du Ve siècle. Il définit les relations entre les deux entités et, en agissant de la sorte, il les distingue. Cette distinction est au fondement de notre civilisation. Elle permet à terme la séparation des Eglises et de l'Etat du début du XXe siècle en France. Cette distinction puis cette séparation n'existe pas dans d'autres civilisations comme la civilisation islamique où la charia mêle à la fois le politique et le religieux..  

    Alors que la santé du pape François décline et que la question du profil d'un éventuel successeur s'installe dans les esprits, quel avenir voyez-vous, à court et moyen terme pour l'Église, notamment au regard de la composition du collège de cardinaux majoritairement nommés par le pape actuel.

    Il est quasiment impossible de répondre à une telle question. Les Italiens disent Morto un papa, se ne fa un altro. C'est-à-dire "Quand un pape meurt, on en fait un autre". La centralisation pontificale et la médiatisation du pape constituent une caractéristique de notre société contemporaine, mais je suis persuadé que les renaissances de l'Eglise ne peuvent venir seulement de la tête de l'Eglise. Dans l'histoire, elles viennent du silence des monastères mais aussi d'un élan de foi des fidèles qui n'ont pas peur d'affirmer ce qu'ils sont. Je vois dans les sociétés occidentales un mouvement bien éloigné de la frilosité des années 1970 et 1980, surtout dans la jeunesse. Dans le monde individualiste du tout à l'ego, dans lequel nous vivons le christianisme peut constituer une alternative en proposant un récit en commun qui trouve ses racines dans l'Évangile. Est-ce à dire que ce mouvement va être suffisant pour sortir l'Église de la crise ? Seul l'avenir le dira.  

    La cathédrale Notre-Dame de Paris attire une foule de fidèles depuis sa réouverture et Donald Trump a récemment évoqué la qualité des travaux de rénovation et a salué les efforts d’Emmanuel Macron sur ce dossier. Que reste-t-il de spécifiquement chrétien dans l’icône qu’est devenue la cathédrale de Paris ?

    Les Français mais aussi le monde occidental ont considéré l'incendie de Notre-Dame comme un glaive planté dans le cœur même de ce que nous sommes : une civilisation aux fondements chrétiens. Notre-Dame s'inscrit à la fois au cœur de notre Histoire mais elle est aussi plus que cela. Plus qu'un édifice de pierre qui dit le génie du christianisme, elle est aussi l'âme de la France et du christianisme occidental. Je crois que Notre-Dame joue aussi le rôle que jouaient les reliques au Moyen Âge: à savoir qu'elle est une passerelle vers la transcendance. Elle nous permet de nous connecter à l'au-delà. Même si nous ne savons pas quelle est la part de Foi chez les visiteurs qui déambulent sous ses voûtes, je suis persuadé qu'il existe chez eux une part d'émerveillement qui conduit inconsciemment à cette transcendance.  N'est-ce pas Dostoïevski qui disait que c'est "la beauté qui sauvera le monde"? 

    Christophe Dickès a publié "Pour l'Église" aux Éditions Perrin.

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