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Eglise - Page 860

  • Quand l'archevêque de Boston critique ouvertement des propos du pape

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    De Jean-Marie Guénois sur le site du quotidien Le Figaro :

    Pédophilie : le cardinal de Boston critique publiquement des propos du pape François

    Une déclaration du pape François sur les victimes de prêtres pédophiles au Chili a fait scandale dans ce pays. Le cardinal O'Malley tente d'éteindre l'incendie.

    De notre envoyé spécial à Trujillo (Pérou)

    Une déclaration officielle du cardinal O'Malley, archevêque de Boston (États-Unis), sème une confusion sur la fin du voyage du pape François au Pérou. Ce prélat -très proche du pape puisqu'il appartient au C9, le conseil le plus rapproché du pape François- vient de prendre publiquement le parti des victimes de prêtres pédophiles au Chili contre… le pape François. Ces victimes ont été scandalisées en effet par les propos du pape François à leur égard quand il a visité ce pays en début de semainecar il a clairement laissé entendre que ces victimes mentaient car elles ne pouvaient présenter aucunes «preuves».

    » LIRE AUSSI - Au Chili, le Pape brise le tabou de la pédophilie

    «Il est compréhensible, a écrit le cardinal O'Malley, que les propos du pape François à Santiago du Chili ont été une source de grande peine pour les victimes d'abus sexuels par le clergé. Les mots utilisés dans sa phrase ‘Si vous ne pouvez pas prouver vos plaintes, alors vous ne serez pas crus' reviennent à abandonner ceux qui ont souffert de crimes répréhensibles, de violations de leur dignité personnelle. Ces mots ont relégué ces victimes à l'exil du discrédit.»

    Ce haut prélat américain qui est considéré comme La référence dans le domaine de la lutte contre la pédophilie -Jean-Paul II le nomma à ce poste pour succéder au tristement fameux cardinal Bernard Law- ajoute: «N'ayant pas été personnellement impliqué dans les situations qui ont été l'objet de l'interview du pape, je ne peux expliquer pourquoi le Saint-Père a choisi les mots qu'il a employés dans sa réponse. Mais ce que je sais vraiment c'est que le pape François reconnaît pleinement les énormes échecs de l'Église et de son clergé qui a abusé des enfants, et l'impact dévastateur que ces crimes ont eu sur les victimes qu'il aime particulièrement».

    «Je ne peux m'empêcher de manifester la douleur et la honte que je ressens face au mal irréparable fait à des enfants par des ministres de l'Église»

    Le pape François en voyage au Chili

    Décrivant, enfin, la compassion du pape pour les victimes, le cardinal O'Malley, conclut notamment son communiqué par cette phrase: «Mes prières et mon souci seront toujours avec les victimes et leurs proches. Nous ne pouvons jamais sous-estimer la souffrance de ce qu'ils ont subi ou pour guérir complètement leur peine».

    Cette déclaration officielle du cardinal de Boston calmera-t-elle la crise qu'a ouverte le pape François lors de son voyage du Chili, un pays où la pratique religieuse a chuté drastiquement depuis dix ans en raison de ces scandales? C'est une affaire à suivre, mais si le cardinal O'Malley a pris le risque de publier ce communiqué qui critique ouvertement le pape, c'est qu'il a cherché à éteindre un incendie dont il a perçu la gravité et son risque d'extension au détriment du pape.

    À Santiago du Chili, le pape avait toutefois rencontré à titre privé des victimes de prêtres pédophiles, mais il n'avait vu aucunes victimes du Père Fernando Karadima, membres d'une association qu'ils ont constitués. Interrogé à la volée par une télévision chilienne à ce propos, François avait lancé: «Si vous ne pouvez pas prouver vos plaintes, alors vous ne serez pas crus». Laissant clairement entendre que ces victimes exagéraient leurs plaintes contre ce prêtre. Et contre Mgr Juan Barros, un évêque chilien toujours en fonction, que ces victimes accusent d'avoir tout su sur le comportement de ce prêtre mais de n'avoir jamais rien dit, et dont ils demandent la démission.

    Cette déclaration du pape au Chili a semé une grande confusion, car dès son arrivée, mardi, dans ce pays, François avait dit sa «honte» et sa «douleur» devant les plus hautes autorités politiques du pays à propos des prêtres pédophiles: «Je ne peux m'empêcher de manifester la douleur et la honte que je ressens face au mal irréparable fait à des enfants par des ministres de l'Église. Je voudrais m'unir à mes frères dans l'épiscopat, car s'il est juste de demander pardon et de soutenir avec force les victimes, il nous faut, en même temps, nous engager pour que cela ne se reproduise pas.»

    Un peu plus tard, le même jour, devant le clergé, le pape avait ajouté: «Je connais la douleur qu'ont signifiée les cas d'abus commis sur des mineurs et je suis de près ce que l'on fait pour surmonter ce grave et douloureux mal. Douleur pour le mal et la souffrance des victimes et de leurs familles, qui ont vu trahie la confiance qu'elles avaient placée dans les ministres de l'Église».

  • Un "geek" au service de l'évangélisation

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    D'Olivia de Fournas sur le site de l'hebdomadaire Famille Chrétienne :

    Jean-Baptiste Maillard, le « geek » de l’évangélisation

    MAGAZINE - Le cofondateur de Lights in the dark lance, en février, un Mooc et des formations pour envoyer dans le monde virtuel des missionnaires réels.

    Il débarque gare Montparnasse en costume, cravate rose et trottinette. D’habitude, il profite du trajet Tours-Paris pour évangéliser les voyageurs. Mais, ce matin, ils étaient trop endormis. « Ce sera sans doute au retour », plaisante-t-il.

    La chapelle de la gare fermée, il entre dans le premier bar du coin. D’aussi loin qu’il se souvienne, ce Toulonnais a toujours été volubile et « passionné de Jésus ». Enfant déjà, bien formé par sa mère, il ne manquait pas une occasion de parler du Christ en classe. À 12 ans, son père est muté à Moscou. Pendant trois ans, il est frappé par cette Russie qui renaît de ses cendres et dont les églises se remplissent. Les Moscovites décident de reconstruire la cathédrale du Sauveur détruite soixante-dix ans plus tôt par Staline ? Il en tire une devise : « (Re)mettre Jésus au centre de sa vie. » C’est de ce moment qu’il date son « obsession pour l’évangélisation ».

    Passionné du Web dès 1998, il rejoint une école d’informatique en 2002. Il y apprend à construire des sites Internet. Premier d’une longue série, piexii.com est créé alors que sévissent les affiches du film Amen, barrées d’une croix détournée en croix gammée. Choqué du contre-sens qui fait du pape un complice des nazis, il décide de « favoriser un débat d’historiens plutôt que de chercher une confrontation stérile ». Cela le conduit à Mgr Dominique Rey, rencontre décisive. L’évêque de Toulon lui parle de l’appel de Jean-Paul II à se lancer dans une « nouvelle évangélisation, nouvelle dans son ardeur, dans ses méthodes et dans son expression ». Le jeune homme se sent dès lors envoyé en mission.

    À sa sortie d’école, en 2005, le « geek » est approché par des entrepreneurs roulant en voiture de sport, mais, en visite chez sa sœur religieuse, se brise sérieusement la cheville. Immobilisé pendant un an, le projet tombe à l’eau : adieu, bolides ! « Le Seigneur m’a probablement envoyé une alerte », traduira Jean-Baptiste. Il lance alors « Nous voulons KTO sur la TNT » (150 000 signatures).

    Jean-Baptiste récidive en 2012 avec la série Ainsi soient-ils. La chaîne Arte a oublié de réserver le «.com »... Cette fois, son contre-site présente des vidéos de vrais séminaristes : « Est-il humain de ne pas avoir de relation sexuelle quand on est prêtre ? », expliquent-ils avec humour. S’ensuivent linquisitionpourlesnuls.com (dont la vraie fausse bande-annonce sera vue 80 000 fois), ainsi que missionconclave.com... Mais l’e-missionnaire ne se satisfait pas totalement d’Internet. Il est marqué par un discours de son pape chouchou, Jean-Paul II (il a d’ailleurs appelé son fils Karol) : « Le monde virtuel ne remplacera jamais le monde réel. » Il évangélise aussi dans la rue... ou en boîte de nuit, avec un prêtre ! « Le but de tous ces projets n’est pas de faire de la com’, mais d’évangéliser les non-croyants pour les amener à une vraie rencontre. »

    En 2015, il monte avec sa bande Lights in the dark, une association qui évangélise directement sur Internet, et vit uniquement de dons – il cherche encore de nombreux parrainages. Depuis, on ne l’arrête plus. En février, il lancera un Mooc sur dix semaines pour apprendre à devenir « missionnaire de l’Internet ». D’autres formations sont prévues : Tours (13-14 janvier), Montpellier, Valence, Cergy, Cholet, Lille. L’idée est d’orienter les personnes évangélisées via le Web vers des relais locaux, qui maillent le terrain. Toujours cette idée de rencontrer quelqu’un de visu, après hameçonnage via l’écran : « La foi, c’est comme un site de rencontres, ça se termine souvent dans un bar ! » .

  • Bénir les unions homosexuelles ?

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    Du site "Présence - Information religieuse" (Canada) :

    Église catholique d'Allemagne

    Un évêque allemand propose d'envisager la bénédiction d'unions homosexuelles

    Agence Catholic News Service

    Le vice-président de la conférence des évêques allemands a demandé que le clergé catholique réfléchisse à la possibilité de bénir les unions homosexuelles.

    «Je m'intéresse aux questions fondamentales sur la façon dont nous traitons les uns avec les autres, bien que le mariage pour tous diffère clairement du concept de mariage de l'Église, c'est maintenant une réalité politique», a déclaré Mgr Franz-Josef Bode d'Osnabruck.

    «Nous devons nous demander comment nous rencontrons ceux qui forment de telles relations et qui sont aussi impliqués dans l'Église, comment nous les accompagnons pastoralement et liturgiquement.»

    Cet automne, les premiers mariages gais ont eu lieu en Allemagne. Le 30 juin, le parlement avait approuvé le mariage homosexuel.

    «Les relations entre personnes de même sexe sont généralement classées comme un péché grave dans l'Église, mais nous devons réfléchir à la façon dont nous pouvons nous différencier», a déclaré Mgr Bode dans un entretien accordé le 10 janvier au quotidien Neue Osnabrucker Zeitung.

    «Ne devrions-nous pas être plus justes, étant donné qu'il y a beaucoup de choses positives, bonnes et justes, ne devrions-nous pas, par exemple, considérer une bénédiction – quelque chose à ne pas confondre avec une cérémonie de mariage?»

    Il a dit que l'église devrait discuter plus en détail des unions homosexuelles et reconnaître «le silence et le tabou» qui perdure sur cette question.

    Les canons 1055-1057 du Code de droit canonique de l'église définissent le mariage comme une union indissoluble entre un homme et une femme.

    Le vote de juin pour permettre le mariage homosexuel a été condamné par les dirigeants de l'Église allemande, dont Mgr Heiner Koch de Berlin, président de la Commission du mariage et de la famille, qui a déclaré que la cohabitation homosexuelle pouvait être «valorisée par d'autres arrangements institutionnels».

    Cependant, le vote a été approuvé par l'Église protestante du pays. Certains groupes catholiques laïcs, y compris l'organisation We Are Church, ont demandé que les couples homosexuels reçoivent des bénédictions de l'Église.

    En mai 2015, l'Église allemande a modifié ses règles d’embauche pour permettre aux non-professionnels de conserver leur emploi après leur divorce et leur remariage sans nullité ou s'ils forment un couple avec une personne du même sexe.

    Dans son interview, Mgr Bode a également dit qu'il pensait qu'il faudrait faire un plus grand usage des «coordonnateurs pastoraux» laïcs pour compenser la pénurie de prêtres ordonnés.

    Il a ajouté que les femmes devraient assumer des «rôles de leadership dans les Églises», et a appelé à une commission du Vatican envisageant actuellement des femmes diacres pour étendre son travail.

    «Cette commission explore beaucoup la tradition, mais je pense que nous ne devrions pas commencer par-là», a déclaré le vice-président de la conférence épiscopale.

    «Nous devons faire face au fait que les femmes font beaucoup de travail responsable dans l'Église aujourd'hui. Je voudrais voir une conversation entre les experts et les évêques compétents – et autant de contacts que possible avec le groupe traitant de ces questions à Rome. Cette question devra ultimement être décidée par un concile ou un synode.»

    Vingt-six pays ont légalisé le mariage homosexuel dans le monde jusqu’ici.

  • La culture, un défi pour l’évangélisation

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    De "Paris Notre-Dame", site de l'Eglise catholique à Paris :

    « L’évangélisation au secours de la culture »

    Le philosophe et écrivain catholique Fabrice Hadjadj, dirigera cette année les conférences de Carême à Notre-Dame de Paris (4e). Un cycle intitulé La culture, un défi pour l’évangélisation, qui clôturera trois années de réflexion sur ce sujet. Explications.

    Paris Notre-Dame – La culture est à la fois une notion philosophique et un mot « fourre-tout ». Comment définissez-vous ce terme ?

    Fabrice Hadjadj – À l’origine, quand Cicéron invente ce mot, il veut désigner la philosophie. Mais, ce faisant, il se réfère à un modèle agricole. C’est cette inspiration venue de la terre que nous avons perdue, et nous n’en prenons pas conscience : quand nous ne sommes plus dans un environnement technique dominé par l’agriculture, mais par les nouvelles technologies, nous changeons de paradigme. Comme le pape l’écrit dans son encyclique Laudato Si’ : du paradigme culturel, nous sommes passés au paradigme technocratique. Car la culture n’est pas simplement une somme de savoirs et de patrimoines, c’est une modalité de relation au monde, une modalité qui a presque complètement disparu.

    P. N.-D. – Quelle est cette modalité ?

    F. H. – Quand on cultive quelque chose, on accompagne un processus donné par la nature : cultiver le blé, c’est reconnaître qu’il y a une plante qui a son dynamisme propre, dont nous prenons soin pour qu’elle donne du fruit en abondance. Dans un modèle technocratique, il ne s’agit plus d’accompagner un mouvement naturel donné, mais d’utiliser la nature comme un stock d’énergie et de matériaux dont nous disposons pour les reconfigurer à notre guise. La culture suppose qu’il y ait une nature humaine à déployer telle qu’elle nous est donnée. En technocratie, l’humain n’est qu’un matériau de base à partir duquel nous pourrions fabriquer une humanité 2.0. C’est le projet du transhumanisme. À l’ère de la cybernétique et de l’édition du génome, je considère que l’époque de la culture est révolue.

    P. N.-D. – Peut-on annoncer l’Évangile dans une « époque où la culture est révolue » ?

    F. H. – Certains ont pu croire que la nouvelle évangélisation devait passer par là : adapter l’Incarnation à l’encodage et l’Annonciation au téléchargement. Mais justement, comme il ne s’agit pas de culture (comme accompagnement de la nature humaine), l’Évangile n’y est plus lisible. Il est donc essentiel de recréer, à partir de la Bonne nouvelle – celle du Père, décrit dans la Bible comme « vigneron » –, les conditions d’une culture propre au Salut de l’humain. De retrouver la culture comme mode principal de notre activité humaine, avec tout ce que cela suppose : patience, travail manuel, contemplation et gratitude… Sinon l’évangélisation devient un spiritualisme pensé en termes d’hyperefficacité désincarnante, où Dieu nous sauve en un seul clic.

    P. N.-D. – Quatre des six conférences parleront d’ailleurs de « chair » à travers le temps, le pain et le vin, les mains, le sexe.

    F. H. – Dans les Évangiles, la vie spirituelle est énoncée à partir de la vigne, des troupeaux de brebis, des semailles ; non à partir de l’instantanéité du bouton d’un système d’exploitation qui obtient un résultat. La culture implique une patience, car elle accueille un processus qui nous échappe. Le rapport au temps n’est pas le même que pour un processus technologique, contrôlé de part en part. Si la spiritualité chrétienne se déployait ainsi, elle tomberait dans le culte du contrôle et la fuite hors de la chair. Elle perdrait aussi la dimension dramatique de l’Alliance, dont la mort et la résurrection du Messie sont l’expression par excellence. Attention toutefois, la modalité culturelle dont nous parlons suppose un rapport écologique au monde, et non écologiste : nous sommes les gardiens de la terre, pas ses adorateurs. La Bible inscrit cependant cette mission dans le nom même de l’homme : Adam est là pour cultiver l’adamah (de l’hébreu, terre, NDLR). J’aborderai enfin le sexe comme le lieu par excellence où la nature et la culture s’articulent. La famille n’est pas que pure construction culturelle, elle s’appuie sur un dynamisme naturel.

    P. N.-D. – Pouvez-vous nous présenter, en quelques mots, Valère Novarina et Jacques Cazeaux, qui donneront chacun une conférence à la cathédrale Notre-Dame ?

    F. H. – Je les ai sollicités parce que ce sont deux maîtres, qui m’ont profondément marqué. Valère Novarina est un des plus grands dramaturges vivants qui n’a cessé de parler du mystère de la Parole. Et Jacques Cazeaux, qui à 90 ans est le plus vénérable d’entre nous, est un des plus grands lecteurs de la Bible. Il a bien plus que moi sa place dans la chaire de Notre-Dame de Paris.

    Propos recueillis par Laurence Faure

  • Aux yeux de l'Eglise, le recours à des moyens contraceptifs artificiels serait-il devenu légitime ?

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    Du site de la Fraternité Saint-Pie X (district de France) "La Porte Latine" :

    ...lors d’une conférence publique organisée à l’Université pontificale grégorienne de Rome, le 14 décembre dernier, le Père Maurizio Chiodi, théologien moral récemment nommé à l’Académie pontificale pour la vie par le pape François a présenté sa théorie selon laquelle la « paternité responsable » peut obliger un couple marié à avoir recours à des moyens contraceptifs artificiels. Et vu les circonstances, vu son invocation d’Amoris laetitia pour étayer son point de vue, il ne s’est pas agi d’une simple contestation d’Humanae vitae comme on en a tant vu depuis la parution de cette encyclique il y a exactement 50 ans. Volens nolens, c’est la logique de l’exhortation post-synodale qui est en cause, et donc l’enseignement du pape François.

    Il est vrai que la séance était présidée par l’un des principaux organisateurs de la série de conférences données à la Grégorienne où s’inscrivait cette présentation évidemment hétérodoxe, le père jésuite Humberto Miguel Yanez. Celui-ci n’est pas seulement le directeur du département de théologie morale de cette université, c’est aussi un proche du pape François, qui fut son supérieur en Argentine en tant que Jorge Bergoglio.

    Les deux hommes, Chiodi et Yanez, avaient d’ailleurs participé plusieurs mois auparavant, dans la même université, à la présentation d’un nouveau livre sur Amoris laetitia dans lequel Stephan Goertz et Caroline Witting affirment clairement que l’exhortation apostolique constitue un « changement de paradigme » pour l’ensemble de la théologie morale, et spécialement pour ce qui est de l’interdiction pure et dure de la contraception formulée dans Humanae vitae.

    Dans sa conférence, intitulée : « Relire Humanae vitae (1968) à la lumière d’Amoris laetitia », le Père Chiodi a déclaré que lorsque les « méthodes naturelles sont impossibles ou irréalisables, il faut trouver d’autres moyens de responsabilité ». Alors, « Une méthode artificielle de régulation des naissances pourrait être reconnue comme un acte de responsabilité qui serait mise en œuvre non pas pour rejeter radicalement le don de l’enfant, mais parce que dans ces situations c’est la responsabilité qui appelle le couple et la famille à d’autres formes d’accueil et d’hospitalité ». Lesquels ? Le prêtre n’en a pas parlé. Restons-en aux conjectures…

    Mais ceci est certain : s’exprimant ainsi, le prêtre dit bien qu’un acte intrinsèquement mauvais peut devenir humainement nécessaire et donc bon moralement. Et d’expliquer qu’il s’agit de réfléchir à la question centrale de la théologie morale aujourd’hui : « la relation entre l’objectif et le subjectif ». « Normalement, l’objectif s’identifie à la norme morale connue de la raison et le subjectif s’identifie à la conscience éclairée par la loi », a-t-il posé. Pour le contester aussitôt : « La relation entre l’objectif et le subjectif n’est pas une relation entre la norme connue par la raison et la conscience » mais « entre l’acte… et la conscience ».

    Autrement dit, dans cette nouvelle logique, l’acte reçoit sa valeur de la conscience de celui qui le pose.

    Selon Chiodi, il appartient aujourd’hui aux philosophes et aux théologiens de « repenser une théorie de la conscience » qui retrouve « le lien originel entre la conscience et l’acte moral ». Ce n’est pas dit de manière explicite, mais l’idée est bien de relativiser de manière générale la notion de l’acte intrinsèquement mauvais qu’aucune intention ne peut racheter (parce que la fin ne justifie pas les moyens). Ce qui, soit dit en passant, n’a rien à voir avec les circonstances atténuantes qui relèvent de la responsabilité personnelle sans rien changer à la nature d’un acte.

    Le P. Chiodi s’est d’ailleurs attaché à mettre en cause l’importance d’Humanae vitae, qui a selon lui toute sa place dans le développement historique du magistère de l’Eglise à propos du mariage, mais dont on comprend que c’est maintenant une affaire du passé. Il a expliqué que cette encyclique est devenue davantage une « affaire symbolique, critiquée ou rejetée par ceux qui ont été déçus par ses conclusions, ou bien considéré comme un vrai pilier de la doctrine morale catholique de la sexualité par d’autres ».

    Cette dernière position s’explique selon lui par la référence qui y est faite dans les paragraphes 29 à 34 de Familiaris consortio et plus encore par le classement de la contraception dans Veritatis splendor parmi les actes intrinsèquement mauvais. Manière de dire que Paul VI ne voulait pas aller aussi loin.

    Le cours de Chiodi était le troisième d’une série de conférences organisée pour l’année académique par les facultés de théologie morale et de sciences sociales de l’Université Grégorienne. Le but de ces conférences est d’avoir un nouveau et ample regard sur l’encyclique ‘dans le contexte d’un temps de changement’ et de situations ‘plus complexes’.

    Ces nouvelles "avancées" surviennent après les révélations confirmant que le Vatican a créé discrètement une commission de quatre membres avec l’approbation du pape, dans le but de ‘promouvoir une étude compréhensive et autorisée’ d’Humanae Vitae qui coïncidera avec son anniversaire. Cette initiative est intervenue après que le pape François a purgé l’Académie pontificale pour la Vie, la nantissant de nouveaux membres (dont le père Chiodi), dont certains ont des positions dissidentes sur Humanae Vitae. Et cela a coïncidé avec l’action pontificale du 8 septembre qui par décret papal a remplacé l’Institut Jean-Paul II avec un nouvel institut destiné à faire avancer l’enseignement d’Amoris Laetitia. » (...)

    Sources : Life Site News / RITV / abbatah.com / La Porte Latine du 18 janvier 2018

    Lire aussi : http://www.diakonos.be/settimo-cielo/adieu-humanae-vitae-francois-liberalise-la-pilule/

  • COMECE (Bruxelles), 31 janvier : Promouvoir l’Héritage Chrétien de l'Europe

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    Conférence de la COMECE

    "Promouvoir l’Héritage Chrétien de l'Europe"

    dans la cadre de l’Année Européenne de l’héritage culturel

    COMECE, 31 Janvier 2018

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    Suite à la désignation par l’UE de 2018 comme Année Européenne de l’Héritage Culturel, la COMECE organise la conférence «Promouvoir l’héritage chrétien de l’Europe». L'événement aura lieu au Secrétariat de la COMECE, le mercredi 31 janvier 2018.

    L’Année européenne de l’héritage culture est une initiative très positive pour l’Europe qui pourrait représenter une belle opportunité pour l’Eglise de mettre en valeur son patrimoine et d’assurer une meilleure visibilité et une plus grande accessibilité du patrimoine religieux au public.

    Dans un contexte de division et de questionnement au sein de l’Union européenne, l’année du patrimoine culturel pourrait également renforcer le sentiment de communauté entre peuples et nations européennes.

    Parmi les intervenants, le Commissaire européen pour l’éducation, la culture, la jeunesse et le sport, M. Tibor Navracsics, mais aussi le Secrétaire du Conseil Pontifical pour la Culture, S.E. Mgr Paul Tighe.

    Informations pratiques

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  • Les chrétiens de plus en plus persécutés sur le globe

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    De Marie Malzac sur le site du quotidien La Croix :

    De plus en plus de chrétiens persécutés dans le monde

    Selon l’ONG évangélique « Portes ouvertes », plus de 3 000 chrétiens ont été tués en 2017 pour des raisons liées à leur croyance, et 215 millions de chrétiens seraient gravement persécutés dans le monde.

    Sur les 2,48 milliards de chrétiens – toutes confessions confondues – dans le monde, environ 215 millions souffriraient de graves persécutions, soit un chrétien sur douze. C’est ce que révèle l’index mondial 2018 de l’ONG évangélique « Portes ouvertes », publié mercredi 10 janvier.

    Fondée en 1955 par le Néerlandais André Van Der Bijl, l’ONG Portes Ouvertes appartient à la mouvance évangélique et se positionne de façon vigoureuse, avec une rhétorique combative, en faveur de la liberté religieuse pour les chrétiens. Son index, volontairement militant, est de plus en plus repris par les médias non confessionnels et par les institutions.

    À LIRE : La galaxie des associations qui viennent en aide aux chrétiens d’Orient

    En tête de classement, on trouve la Corée du Nord, pour la 17e année consécutive, suivie par l’Afghanistan et la Somalie.

    Selon les résultats diffusés par l’organisation, qui dit s’appuyer sur un important réseau sur le terrain, dont les relais sont chargés de remplir un questionnaire précis, plus de 3 000 chrétiens ont été tués entre novembre 2016 et octobre 2017 pour des motivations liées à leur foi, soit 154 % de plus que l’année précédente.

    À LIRE : Le Nigeria, le pays où les chrétiens meurent le plus pour leur foi

    Toutefois, si l’on compare avec l’index de 2016, on enregistre une baisse de plus de 55 %. Cette variation s’explique par la baisse des activités de Boko Haram au Nigeria en 2016, explique « Portes ouvertes » en accompagnement de l’index. Cependant, les assassinats ont repris dans le pays, notamment du fait des Peuls, dits aussi bergers fulani, majoritairement musulmans.

    « Chiffres sous-estimés »

    C’est au Nigeria, en Centrafrique et en République démocratique du Congo que le nombre de chrétiens tués est le plus important. L’Afrique reste donc le continent le plus violent.

    « Ces chiffres sont toutefois sous-estimés, car nous n’avons pris en compte que les morts dont nous sommes certains », a tenu à préciser à la presse Michel Varton, directeur de « Portes ouvertes France ».

    Par ailleurs, dans le monde, 793 églises ont été ciblées, contre 1329 pour l’index 2017.

    Les régions où les chrétiens sont le plus persécutés, indique encore « Portes ouvertes », sont d’abord l’Asie, y compris le Moyen-Orient (53 %), l’Afrique (38 %), l’Amérique Latine (9 %). Le reste du monde – Europe, Amérique du Nord, Océanie – n’est concerné que pour 0,01 %.

    Cette persécution se décline en deux formes principales, selon l’ONG : la persécution « marteau » (violente) et la persécution « étau » (l’oppression et les restrictions dans le quotidien).

    Pour la 5e année consécutive, on constate une augmentation des points de persécution. Ainsi, l’index 2018 fait état d’une progression d’1,13 %.

    À LIRE : Les persécutions chrétiennes progressent dans le monde, selon une ONG

    Parmi les principaux mécanismes de persécution, on trouve notamment l’islamisme, mais aussi le nationalisme religieux, qui se durcit, en particulier en Asie du Sud-Est.

    L’Inde, où les extrémistes hindous agissent en toute impunité, fait ainsi partie des pays qui connaissent la plus forte hausse de persécution. En 2016, ce pays se trouvait à la 17e place de l’index, à la 15e en 2017. En 2018, il rejoint la 11e place.

    Le Népal fait son entrée dans l’index, directement à la 25e place. Là encore, les hindouistes radicaux n’hésitent pas à s’en prendre aux chrétiens.

    Au Pakistan, une situation qui se détériore d’année en année

    Le Pakistan, 5e de l’index, reste le premier selon le critère de la violence, sachant que l’index 2018 ne prend pas en compte l’attaque d’une église peu avant Noël dans ce pays.

    Ces violences comprennent les attaques régulières d’églises, les enlèvements, les mariages forcés, les viols mais aussi les émeutes à la suite des rumeurs de blasphème.

    Lors de la présentation à la presse de l’index à la presse, Michael Nazir-Ali, ancien évêque de Raiwind, au Pakistan, et actuel évêque de Rochester, en Angleterre, a témoigné de la situation dans son pays d’origine, depuis l’islamisation advenue à la fin des années 1970 et au début des années 1980, avec l’influence croissante des théocrates musulmans.

    Les pressions sont allées en augmentant au cours des dernières années, l’obligeant à quitter le Pakistan en 1986. Cette même année, la loi interdisant le blasphème fut promulguée dans le pays, renforçant encore les difficultés des minorités.

    À LIRE : Une minorité chrétienne au Pakistan discriminée et violentée

    « Cette loi a favorisé une atmosphère de haine, a-t-il indiqué devant les journalistes, renforcée par le contenu de certains manuels scolaires, par exemple. »

    Interrogé sur le sort d’Asia Bibi, cette mère de famille condamnée à mort et emprisonnée depuis plus de huit ans pour blasphème, l’évêque pakistanais a indiqué qu’elle « allait bien » mais que rien de nouveau ne se profilait à son sujet, le pays étant en attente des élections générales au printemps.

    À LIRE : Au Pakistan, le procès en appel d’Asia Bibi renvoyé

     

  • Banneux, Communauté des frères de Saint-Jean, 2-4 février : week-end des familles sur l'éducation des jeunes

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    Week-end des familles Banneux Notre-Dame

    du 02 février, 19H15, au 04 février 2018, 14H30 

    Thème : Dresser et éduquer : est-ce du pareil au même ?

    La vie familiale comme lieu d’éducation à la patience.

    « Il ne s’agit pas d’interdire aux jeunes de jouer mais de trouver la manière de créer en eux la capacité de retarder la satisfaction du désir » (Pape François, Amoris Laetitia, Chapitre 7 § 5).

    Intervenant : Fr. Cyrille-Marie

    Temps de ressourcement spirituel, ponctué par des enseignements et des partages, des moments de prières et de détente en famille. Les enfants sont pris en charge par tranche d’âge.

    Contact :

    Frère Gilles-Christ

    Communauté des frères de Saint Jean

    Prieuré Regina Pacis
    Rue de la sapinière, 50
    B - 4141 Banneux Notre Dame
    Tél : 0032 (0)43 60 01 20
    Email : hotellerie@stjean-banneux.com

  • Un SDF belge inhumé au Vatican

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    De Louise Almeras sur aleteia.org :

    Le « vagabond de Dieu », un SDF belge inhumé au Vatican

    Mgr Dirk Smet, recteur du Collège Papal Belge à Rome, a présidé le 11 janvier dernier les funérailles d’un sans-abri belge, César Willy De Vroe. L’occasion de livrer une remarquable catéchèse en hommage à cet homme courageux que Satan n’a jamais réussi à briser.

    César Willy De Vroe, décédé le 4 janvier dernier à 65 ans, repose désormais au « Campo Santo dei Teutonici cum dei Fiamminghi », le cimetière teutonique, un cimetière historique destiné aux pèlerins flamands, allemands et néerlandais situé à quelques dizaines de mètres de la basilique Saint-Pierre de Rome, juste derrière les colonnades du Bernin. Il est ainsi le deuxième sans-abri de ce pays à être enterré au Vatican, puisqu’il rejoint le Flamand Willy Herteleer, décédé en 2015 après avoir vécu dans la rue pendant 30 ans à Rome.

    Un honneur pour César Willy De Vroe qui s’est fait appelé pendant une vingtaine d’années le « vagabond de Dieu » après avoir perdu tout ce qu’il possédait : sa famille, sa propriété entière et sa santé. Il a vécu des années dans la rue dans des conditions très difficiles. C’est grâce à la prise en charge du prêtre italien Daniele Bisato, pasteur de la paroisse Sant’Agostino à Vintimille, qu’il reprend courage en 1999. Il était avec les missionnaires de la Charité à Rome depuis septembre dernier, rapporte le média flamand Kerknet.

    Comparé à Job

    Vivant dans le dénuement le plus total, il avait perdu contact avec ses quatre frères et soeurs, il était pourtant connu pour sa générosité. C’est à l’âge de 47 ans qu’il retrouve le chemin de l’Église. « César était une âme sensible qui s’est converti à la foi à un âge avancé, après que la vie l’ait éprouvé et durci de toutes les manières possibles », a déclaré lors de son homélie Mgr Dirk Smet, recteur du Collège papal belge à Rome.

    Le prélat l’a comparé à la figure biblique de Job, dont il était très proche dans ce qu’il vivait. « Dans les circonstances les plus difficiles, dans la pauvreté totale et sous les grandes épreuves, il a toujours réussi à conserver une certaine intelligence, son âme, sa dignité humaine » a ajouté Mgr Dirk Smet. Il a également souligné que « Satan n’avait jamais réussi à briser le vagabond de Dieu. Le mal n’a jamais saisi son esprit, sa capacité de penser, sa dignité humaine intérieure, son âme ou même sa foi. Il est resté confiant en Dieu ».

    « Il aurait pu être le quatrième roi mage »

    Le recteur a vu dans sa manière de résister aux épreuves de la vie le fait qu’il a toujours continué à se concentrer sur l’étoile qui conduisait à l’Enfant de Bethléem, comme les rois mages. « De telles étoiles donnent assez de lumière durant le voyage de nos vies pour ne pas perdre courage et continuer sur le droit chemin vers Bethléem ». Mgr Dirk Smet a achevé son homélie pour le sans-abri du Vatican par un hommage aux bons samaritains qui avaient pris soin de lui au cours de sa vie, comme un couple marié. « Même aujourd’hui, nous pouvons rencontrer Jésus, a-t-il rappelé. Dans l’Eucharistie, mais aussi dans nos frères et sœurs qui sont petits et pauvres. Aussi dans les vagabonds à deux pas d’ici, près du Vatican ».

    Ces funérailles du « vagabond de Dieu » ont été l’occasion d’une catéchèse sur le sens de la pauvreté et d’évoquer de manière incarnée la figure du Christ. Cela n’est pas sans rappeler la statue du « Jésus sans-abri » du sculpteur canadien Timothy Schmalz, exposée au mois de novembre dernier dans une église du Michigan. Cela avait « littéralement changé l’attitude de beaucoup de personnes envers les marginalisés », avait constaté le père Tom Murphy, le prêtre de la paroisse.

     
  • Saint Antoine, père des moines (17 janvier)

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    De Marie Malzac sur croire.la-croix.com :

    Saint Antoine le Grand, aux sources du monachisme

    Comment connaît-on la vie d'Antoine le Grand né en Égypte au IIIe siècle, connu également sous le nom d'Antoine d'Égypte, ou Antoine l'Ermite, ou encore Antoine du désert, fondateur du monachisme? 

    Saint Antoine le Grand, icône à l'huile sur toile marouflée sur panneau, de style copte, fin XIXe/début XXe © Wikimedia Commons

    Dans quel contexte saint Antoine a-t-il vécu ?

    En 250 après Jésus-Christ, l’empereur romain Trajan Dèce, désireux d’unifier l’empire par un programme de restauration politique et religieuse, décide de combattre tout ce qui s’oppose à la religiosité romaine traditionnelle. C’est le début d’une persécution brève et violente, menée en particulier contre les chrétiens. «En Égypte, cette persécution va entraîner un mouvement des chrétiens des villes vers le désert, et c’est dans ce contexte que naît Antoine, en 251», souligne le F. Elie Ayroulet, moine de la famille de Saint-Joseph et professeur de patrologie à l’Université catholique de Lyon.

    L’accalmie revient relativement vite, mais «la perception du martyr comme modèle du chrétien» est présente dans le peuple, relève-t-il, dans «sa dimension de radicalité dans la suite du Christ». C’est sur ce terreau favorable que «le moine va prendre le relais du martyr», précise le patrologue, incarnant «une forme de vie consacrée totalement à Dieu». Le héros de la foi ne sera plus uniquement celui qui répand son sang mais celui qui accomplit sur la durée des sacrifices quotidiens en une offrande perpétuelle de sa vie.

    Comment naît sa vocation ?

    À 18 ans, Antoine devient orphelin de ses deux parents, agriculteurs aisés. Deux ans plus tard, en entrant dans une église, il est profondément bouleversé par une parole proclamée, celle de Jésus au jeune homme riche dans l’Évangile selon saint Matthieu : «Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel. Puis viens, et suis-moi» (Mt 19, 21). Il décide de prendre cette parole à la lettre, distribue ses biens aux pauvres et part vivre isolé à proximité de l’un de ses champs. Là, il mène un quotidien ascétique, fait de travail et de prière, avant de décider de renforcer sa retraite du monde en s’en allant au désert. Il se réfugie dans des grottes, puis, plus tard, dans un fort romain abandonné où il subira pendant des années les attaques les plus incroyables du démon.

    «Il faut se situer dans la ligne biblique de la compréhension du désert», indique le F. Elie Ayroulet. Il y a tout d’abord le désert comme «lieu du démon : c’est là où le moine va mener son combat spirituel», comme lorsque Jésus est tenté par le diable pendant quarante jours (Lc 4, 1-13). «L’idée était aussi que le moine allait au désert pour occuper le démon, pour le détourner des autres chrétiens», ajoute-t-il. Ce combat, très présent dans la vie d’Antoine, est avant tout intérieur. En effet, toute la vie du moine, explique le F. Elie Ayroulet, est tendue vers le bon gouvernement de ses «passions».

    Mais le désert est aussi le lieu de la rencontre intime avec Dieu. Dans le livre du prophète Osée, c’est là où Dieu «parle au cœur» (Os 2, 21). Ce modèle de vie suscite l’arrivée de nombreux disciples, désireux de se mettre à l’école d’Antoine. Tandis que l’ermite cherche des lieux de plus en plus reculés, ils se réunissent pour l’entendre prêcher et prier à ses côtés, le choisissant comme père spirituel, «abba». C’est ainsi qu’il est aussi appelé saint Antoine abbé. Il devient ainsi le guide de nombreux anachorètes (vivant en solitude) puis de cénobites (vivant en communauté), alors que dans le désert fleurissaient les monastères.

    Comment connaît-on sa vie ?

    C’est principalement grâce à saint Athanase (296-373) que saint Antoine nous est connu.La Vie de saint Antoine le Grand (1) rédigée l’année qui suit la mort de l’ascète par le patriarche d’Alexandrie, docteur et Père de l’Église, est un classique de la littérature spirituelle. Dans cette œuvre, saint Athanase, qui fut le disciple d’Antoine, se fait le défenseur du monachisme et développe les raisons pour lesquelles saint Antoine peut être considéré comme le père de tous les moines. Saint Athanase, à l’instar de ses contemporains, concevait le monachisme non seulement comme une voie vers le salut et la sanctification personnelle, mais aussi et avant tout comme une lutte contre les puissances démoniaques.

    En 311, lors d’une nouvelle persécution, Antoine se rendit à Alexandrie pour soutenir les chrétiens, avant de retourner au désert pour y passer ses dernières années jusqu’à sa mort, à 105 ans. Il n’en resta pas moins en contact avec Athanase, le soutenant notamment dans sa lutte contre l’arianisme, une doctrine chrétienne développée au début du IVe siècle et rejetée par le concile de Nicée en 325, selon laquelle la nature divine du Fils était en substance inférieure à celle du Père.

    Outre cet ouvrage de référence, il existe des lettres attribuées à Antoine, dont l’exploitation est compliquée. Ses lettres ont donc probablement été rédigées dans sa langue, le copte. Seule l’une de ces missives, ainsi que quelques fragments, sont parvenus jusqu’à nous. Sa correspondance a toutefois été traduite dès le IVe siècle en grec, ainsi que l’indique le jésuite Ugo Zanetti, spécialiste des Pères du désert, mais elle a également disparu, sauf un de ses apophtegmes. Ces paroles sous forme de maximes, imprégnées d’Écritures saintes, illustrent la vie spirituelle des Pères du désert qui peuplèrent l’Égypte dans l’Antiquité tardive, à la suite d’Antoine (2).

    Qu’a-t-il apporté à la spiritualité chrétienne ?

    Saint Antoine le Grand a largement marqué la postérité, bien au-delà de la sphère chrétienne, inspirant notamment les peintres et les écrivains, à l’image de Flaubert (3). «Aujourd’hui, les intuitions spirituelles de saint Antoine et des autres Pères du désert restent bien vivantes, relève le F. Elie Ayroulet, même s’il ne s’est pas imposé comme fondateur au sens strict.»

    En tant que père spirituel, «Antoine a engendré des centaines de disciples», les menant sur la voie de la recherche de l’Esprit Saint, inspirant la tradition monastique dans la recherche du «feu de l’amour de Dieu»,poursuit le professeur. Par ailleurs, La Vie de saint Antoine le Grand peut être considérée comme un modèle caractéristique de la pensée orthodoxe sur le rôle joué par les puissances des ténèbres dans la lutte spirituelle de l’homme. Mais son influence dépasse largement la spiritualité orientale. Cette œuvre et l’expérience d’Antoine furent des références pour Jean Cassien, moine du Ve siècle à l’origine du monachisme occidental.

    --------------------------------------------------

    (1) Antoine le Grand, père des moines, d’Athanase d’Alexandrie, Cerf, 136 p., 7 €.
    (2) Les Apophtegmes des Pères, Collection « Sources chrétiennes », Cerf
    (3) La Tentation de saint Antoine, Folio « Classique ».

  • Benoît XV et son engagement pour la paix lors de la Grande Guerre

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    De Philippe Maxence sur le site de l'Homme Nouveau :

    Benoît XV et la Grande Guerre 
    un pape pour la paix !

    Benoît XV et la Grande Guerre <br> un pape pour la paix !

    En cette nouvelle année 2018, nous allons commémorer le centenaire de la dernière année de combat de la Première Guerre mondiale. Le 11 novembre 1918, à 11h00, l’armistice entrait officiellement en vigueur. Dans le calendrier liturgique, c’était la fête de saint Martin, cet officier romain devenu apôtre du Christ et qui allait devenir l’une des grandes figures de la sainteté française. 

    Dès avant le déclenchement du conflit, la papauté avait appelé à la paix, en espérant jusqu’au bout que le dialogue remplacerait la voix des armes. Le pape saint Pie X d’abord, puis après sa mort, le 20 août 1914, son successeur, Giacomo della Chiesa, qui prit le nom de Benoît XV, lors de son élection, le 3 septembre 1914. Depuis fin juillet-début août de la même année, l’Europe s’était embrasée pour quatre longues et meurtrières années de guerre. 

    La papauté pour la paix

    Avant de mourir le 28 septembre 2016, l’historien de l’Église Paul Christophe, prêtre du diocèse de Cambrais, avait achevé un livre consacré au pape Benoît XV et à son rôle pendant la Grande Guerre. Publié peu après aux éditions du Cerf, cet ouvrage d’un peu plus de 250 pages entend offrir une synthèse de la manière dont l’activité déployée par le Pape en faveur de la paix a été perçue en France et comment Benoît XV a maintenu le cap pendant toute la durée du conflit. 

    L’auteur, dont trois précédents ouvrages étaient consacrés à la Première Guerre mondiale, notamment à travers la publication de lettres de catholiques engagés dans le conflit, est aussi celui qui avait mené à bien, entre 1994 et 2003, la publication des neuf volumes contenant les carnets du cardinal Alfred Baudrillart, lesquels s’étalaient entre 1914 et 1942, année de la mort de celui qui fut recteur de l’Institut catholique de Paris et membre de l’Académie française. C’est principalement à partir de la matière de ces carnets Baudrillart et de lettres de catholiques envoyés au front que Paul Christophe aborde le rôle de Benoît XV en faveur de la paix et, surtout, comment son action fut perçue en France. 

    Une guerre de civilisation ?

    Alors que l’Allemagne a envahi la Belgique, violant la neutralité de ce pays, une pression se fait jour qui demande au pape de condamner l’agression et de prendre partie. Pour les Alliés, la guerre menée contre l’Allemagne est une guerre de civilisation. Selon eux, ils luttent contre la barbarie germanique. Cette thèse est largement reprise et défendue, non seulement par la presse (soumise à la censure, ce que ne rappelle pas l’auteur), mais aussi la très grande majorité des élites. Les personnalités catholiques, membres du clergé ou laïcs influents, ne sont pas en reste. De là va naître l’incompréhension de la position de Benoit XV, incompréhension qui va se muer au fil du temps en refus de sa politique. Celui-ci trouve certainement son point d’acmé quand le lundi 10 décembre 1917, en l’église de la Madeleine, à Paris, le Père Sertillange prononce un discours sur la « Paix française », en, présence notamment du cardinal Amette, archevêque de Paris. Or, que déclare, ce jour-là, le célèbre dominicain ?

    « Très Saint Père, nous ne pouvons pas, pour l’instant, retenir vos appels de paix ». 

    Non seulement le cardinal Amette est présent ; non seulement, il ne proteste pas, mais plus encore, il a laissé donné l’imprimatur à la publication du discours du prédicateur. C’est évidemment trop pour Rome. Et, naturellement, le cardinal Gasparri, secrétaire d’État, exige des sanctions. 

    L’action du Saint-Siège

    Quelle aura été la position du Saint-Siège pendant toute cette guerre ? On a parlé de neutralité ? Ce n’est pas exact ! Benoît XV a pris constamment parti pour la paix. Il s’est opposé à la guerre, a milité pour la concorde entre les nations et « a condamné, écrit Paul Christophe, toutes les violations du droit et toutes les atrocités commises par qui que ce soit, en se voulant impartial. » De fait, le Souverain Pontife n’a pas voulu que la papauté fût entraînée d’un côté ou de l’autre, voulant rester le Père commun. 

    Pendant le conflit, Benoît XV a été décrié, en France, comme le « pape boche » ou comme « Pilate XV » pour reprendre les termes de Léon Bloy. Il subissait un sort à peu près similaire de l’autre côté du Rhin, ce que Paul Christophe ne rappelle pas assez. C’est d’ailleurs un manque de son livre : on aimerait voir comment était traité le pape dans la presse allemande ou parmi les politiques comme on aimerait savoir comment le pape était perçu par les pays alliés.

    La différence est que l’Allemagne n’avait pas coupé toutes relations officielles avec le Saint-Siège. Le 20 avril 1917, Mgr Eugenio Pacelli a été nommé nonce apostolique en Bavière, Munich étant alors l’unique représentation du Saint-Siège dans l’Empire allemand. Malgré ce fait, le nonce peut agir ou tenter d’agir. Ainsi, il rencontre le chancelier allemand Bethmann-Hollweg, le 26 juin de la même année, puis le Kaiser Guillaume II en personne, le 29 juin. Le lendemain, il s’entretient également avec un allié de l’Allemagne, l’empereur d’Autriche-Hongrie Charles Ier. 

    Toute la différence avec la France réside là : pour faire avancer les idées de paix, le cardinal Gasparri est obligé, par exemple, de s’en remettre, en 1915, à l’entremise de Mgr Baudrillart pour sonder le gouvernement français… Il ne peut agir directement ! Sans oublier que la France compte alors comme allié l’Italie, avec laquelle le Saint-Siège n’a pas encore réglé la Question romaine de 1870 et qui refuse obstinément, y compris pour la Conférence de la paix en 1919, de voir la papauté jouait un rôle ou simplement d’être reconnu comme partenaire international. 

    Un pape réhabilité

    Depuis quelques années, la figure de Benoit XV, et singulièrement son action pendant la Première Guerre mondiale, est réétudiée et réhabilitée. Parmi les ouvrages sur la questions, citons surtout celui de Nathalie Renoton-Beine, La colombe et les tranchées : Benoît XV et les tentatives de paix durant la Grande Guerre (Cerf), et les biographies de Marc Launay et d’Yves Chiron. Le livre de Paul Christophe s’inscrit dans cette veine, mais à travers un essai historique dont la thèse est de montrer que Benoît XV a œuvré en faveur de la paix sans céder aux pressions des gouvernants, des élites et de la « presse nationaliste », tout en rencontrant un accueil favorable parmi une grande partie des combattants. 

    Ce dernier aspect est, malgré tout, l’un des points faibles de l’ouvrage. Bien sûr, l’auteur cite plusieurs lettres de poilus montrant leur dégout de la guerre, de la barbarie des combats et, parfois, leur accord avec le pape. Mais il aurait fallu pouvoir établir dans quelle mesure ce sentiment était partagé parmi l’ensemble des combattants, avec, il est vrai, cette difficulté que les propos jugés défaitistes devaient passer au crible de la censure. 

    Par ailleurs, Paul Christophe s’en prend à la « presse nationaliste », opposée à l’action de Benoît XV. Malheureusement, le terme est équivoque. Et il n’est clairement défini par l’auteur. S’agit-il de la presse politiquement nationaliste, à l’instar de L’Action française, ou une fièvre nationaliste dans la presse en temps de guerre ? L’auteur ne cite qu’une fois L’Action française et, pour le reste, des titres et de noms de personnalités qui n’appartenaient pas politiquement au camp nationaliste. Par exemple, il évoque Fernand Laudet, le même Laudet qui avant guerre avait subi les foudres du nationaliste Péguy à propos de Jeanne d’Arc. 

    Une religion séculière

    Il est vrai pourtant qu’il y a eu chez les catholiques français – et ailleurs ! – une fièvre nationaliste pendant cette guerre, laquelle dépassait largement les mouvements et les partis nationalistes. Il y a eu, comme le montre Paul Christophe, une assimilation de la religion au patriotisme, laquelle a entraîné une confusion. Mais sur ce point, il est beaucoup moins clair que Jean de Viguerie dans son essai Les deux patries où l’historien n’oppose pas foi et patriotisme, mais la vertu de patriotisme, ordonnée elle-même à un ordre plus grand, au patriotisme révolutionnaire, idéologique et expansionniste par nature. 

    Au fond, la thèse de Paul Christophe, à travers cette étude intéressante sur Benoît XV, est que les réflexes nationalistes en temps de guerre ont sacralisé la patrie, en l’élevant au rang de religion de substitution, assimilant même la religion à son dessein. De ce point de vue, Les deux patries de Jean de Viguerie reste plus percutant. 

    De même, un certain nombre d’éléments de compréhension historique manquent ici, comme par exemple le fait que les catholiques ont répondu positivement à l’Union sacrée en espérant y retirer un bénéfice en faveur de leur retour dans la vie sociale (cf. à ce sujet 1914, l’Église face à la guerre, hors série n°16 de L’Homme Nouveau). À la place, il y eut certes le retour des relations diplomatiques avec le Saint-Siège, mais dans le cadre d’une religion séculière qu’avait très bien vue l’abbé Mugnier, cité par Paul Christophe : 

    « 13 novembre 1923. On a allumé, dimanche, une flamme perpétuelle devant la tombe du soldat inconnu. Voilà un culte nouveau établi. On nous a pris la lampe du sanctuaire, la voilà laïcisée. »

     Il y eut également une autre conséquence, qu’avait parfaitement perçu dès 1914, Mgr Baudrillart, cité aussi par Paul Christophe : 

    « À force de ménager tout le monde, le Saint-Siège finira, par laisser, à la fin de la guerre, le rôle d’arbitre moral au président des États-Unis. » La raison n’est peut-être pas celle invoquée par le recteur de l’Institut catholique de Paris. Mais le résultat est bien là. 

    Nous y sommes encore !

    Paul Christophe, Benoît XV et la Grande Guerre, Cerf, 258 pages, 22 €

  • Le pape François et l'accueil des migrants

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    Du site du journal La Croix :

    Le pape François est-il pour un accueil inconditionnel des migrants  ?

    Samuel Lieven et Nicolas Senèze (à Rome) , le 10/01/2018 à 15h45

    EXPLICATION Dimanche 14 janvier, le pape François célébre la messe avec des réfugiés pour la Journée mondiale des migrants. Le pape a placé la question des migrants au cœur de son pontificat, au risque de ne pas toujours être compris des catholiques eux-mêmes.

    A l’instar de ses prédécesseurs, le pape François défend un accueil large, mais non inconditionnel, des migrants, reconnaissant qu’« un gouvernement doit gérer ce problème avec la vertu propre au gouvernant, c’est-à-dire la prudence ». Face à « la pire catastrophe humanitaire depuis la Seconde Guerre mondiale », il demande donc non seulement d’« accueillir » les réfugiés mais aussi de les « protéger », de les « intégrer » et de « promouvoir » le développement.

    Mais de quels migrants parle-t-il ? Dans la tradition de l’Église, François en a une acception plus large que la communauté internationale, définissant le réfugié comme « l’étranger en quête de sécurité et des ressources vitales qu’il ne peut trouver dans son pays d’origine » (1).

    À lire aussi L’Église catholique et les migrants

    D’autre part, s’il parle beaucoup des droits des réfugiés, le pape n’oublie pas non plus leurs devoirs. Celui qui arrive est tenu de s’adapter au pays d’accueil « en respectant avant tout ses lois ». Il rappelle, dans la lignée de Jean-Paul II, ce que doit être une intégration : ni une assimilation qui conduirait à « supprimer ou à oublier sa propre identité culturelle » ni « un isolement réciproque, avec le risque de “ghettoïsations” » que cela comporte. Pour François, l’intégration consiste avant tout en un enrichissement mutuel de deux cultures.

    Samuel Lieven et Nicolas Senèze (à Rome)

    L'homélie intégrale du Pape pour la Journée mondiale du migrant et du réfugié